lexpérience

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lexpérience
SEPT 13
L'EST AGRICOLE ET VITICOLE SUPPLEMENT
Mensuel
61 RUE DU XXEME CORPS AMERICAIN
57000 METZ - 03 87 69 18 05
Surface approx. (cm²) : 902
N° de page : 52-53
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lexpérience
Dans le Pays de Hanau, en bordure du Parc naturel régional des Vosges du Nord, Jacqueline et Fredy
Leonhart élèvent un troupeau de 80 vaches allaitantes en système herbager. Leur exploitation est en
cours de conversion à l'agriculture biologique.
EARL du Tilleul à Bischholtz (67)
La famille Leonhart
mise sur l'herbe
D
écouverte lors des portes
ouvertes organisées cet été par
les Jeunes Agriculteurs du canton de Bouxwiller. la ferme de
PEARL du Tilleul, à Bischholtz, vaut
qu'on s'y attarde. Jacqueline Leonhart
et son fils Fredy élèvent 180 bovins de
race charolaise labellisés AB. Le troupeau se compose de 80 vaches allaitantes, 25 génisses, 2 taureaux, des
broutards et des veaux.
Les veaux et les génisses sont soumis au
contrôle dc croissance, indique Jacqueline. « Tou!> nos veaux sont fuies, c'està-dire que nous en connaissons l'ascendance. Mais nous ne sommes pas inscrits
au herd-book. » L'insémination se fait
pour moitié par insémination artificielle
et pour moitié par saillie naturelle. D'où
la présence de deux taureaux... « II y a
deux périodes de vêlage. Les vaches qui
vêlent en automne sont inséminées, celles
qui vêlent au printemps sont saillies par
le taureau. C'est plus simple, en termes
d'organisation du travail, et cela nous
permet de commercialiser les broutards
en deux fois. Les mules sont vendus à
8 mois, les femelles sont conservée s pour
la reproduction ou engraissées comme
génisses bouchères. »
La SAU s'étend sur 138 ha, dont 116 ha
en herbe. « Nous avons 70 ha de prairies
permanentes et 46 ha de prairies temporaires », indique Fredy. Les céréales
occupent le reste de la sole : 0,5 ha de
seigle, I ha d'épeautre, 5 ha de blé. IO ha
de tnticale et 5 ha de méteil. 30 hectares
dc prairies entourent Ic siège de l'exploitalion, le reste étant situé dans la commune voisine de Rothbach. « C'est très
pratique au printemps : on peut rentrer
les bêtes lorsqu 'il pleut, pour ne pas
matraquer les pâtures. »
« Les prairies, c'est mon dada »
L'herbe revêt ici une importance capitale.
« Contrairement à ce que l'on pourrait
croire, c'est une production assez complexe, ll faut y porter toute son attention
MEZY
2894697300509/LSS/ART/3
Dans la famille Leonhart, on a la fibre charolaise.
pour permettre aux animaux défaire du
poids rapidement. Comme nous ne cultivons pas de mais, il faut compenser par
un fourrage le plus complet possible en
sélectionnant les variétés adaptées et en
veillant à un bon équilibre entre légumineuses et graminées - au minimum cinq
de chaque », affirme Fredy en saisissant
une poignée de regain, aussi appétissante
qu'odorante... « En agriculture biologique, l'achat de fourrage est très onéreux. Nous faisons tout pour renforcer
notre autonomie », ajoute Jacqueline.
Les surfaces en céréales sont en cours de
conversion. Dans ce secteur, très sensible
à la chaleur et à l'excès d'eau, les rendements ne sont pas toujours au rendezvous. « En agriculture conventionnelle,
les rendements du blé oscillent entre 40
et 60 q/ha dans le secteur. Nous, nous
tournons autour de JO q/ha. »
Pour amender les cultures, les Leonhart
épandent du fumier traite avec Pactivateur de litière Bactériolit, commercialisé
par la société Sobac. « // décompose plus
rapidement le fumier en humus. En quatre
mois, on obtient l'équivalent d'un compost. Nous travaillons également avec
Eléments de recherche : SOBAC : association d'agriculteurs et de producteur/distributeur de produits pour agriculture/jardinage, toutes citations
SEPT 13
L'EST AGRICOLE ET VITICOLE SUPPLEMENT
Mensuel
61 RUE DU XXEME CORPS AMERICAIN
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ALSACE
Sobac pour la culture de Prairies
10 plantes. » L'ensilage d'herbe et la
récolte des céréales sont sous-traités.
Pour la fenaison, l'EARL du Tilleul a
adhéré à la Cuma du Val de Moder. La
première coupe a eu lieu fin mai. Les
éleveurs, ont récolte 22 ha d'ensilage et
35 ha de foin. « Comme nous n'avons
pas de maïs, nous avons pu faire les f oins
normalement. » La deuxième coupe, du
regain, a eu lieu le 20 juillet.
« Nous bichonnons nos génisses »
Avant le vêlage, les vaches sont nourries
à la paille et au foin. La iiiême ration est
distribuée aux vaches fraîchement vêlées,
diminuée en paille ct complétée par de
l'ensilage d'herbe. Ensuite, les vaches
reçoivent deux tiers d'ensilage d'herbe
et un tiers de foin et de paille, ainsi que
500 g de mélange fermier. Les génisses
ont droit à la même quantité de mélange
fermier, du foin enrubanné et du regain.
« Nous bichonnons nos génisses, car
pour faire une bonne vache, il faut une
bonne génisse au départ, souligne Fredy.
Line vache en bonne santé, e 'esta l'auge
que cela se prépare. »
Depuis que les vaches sont nourries
presque exclusivement à l'herbe, « nous
avons moins de problèmes de fertilité
chez, les vaches ou de diarrhée chez les
veaux, souligne Jacqueline. Et grâce à
l'activateur de litière, l'air est moins
chargé en ammoniac et les problèmes
pulmonaires sont moins fréquents ». Les
bâtiments se situent àl'extérieur du village. Le plus ancien, destiné aux
génisses, date de 1988. tout comme les
silos. Il a été agrandi en 1997 et en 2000
avec l'aménagement du stockage des
Les vaches prêtes à vêler sont placées dans des boxes séparés.
fourrages et l'agrandissement du logement des animaux. Un deuxième bâtiment a été construit en 2004 pour le
logement des vaches allaitantes, agrandi
à son tour en 2008.
Les vaches proches du vêlage sont placées dans un bâtiment distinct, par lots
de trois. Au fur et à mesure qu'elles
vêlent, elles sont transférées dans l'autre
bâtiment. Les deux premiers jours, la
vache est seule avec son veau pour former
un bon « couple » : « IM. vache accepte
bien son veau et le veau tête tout de suite
sa mère. C'est pourquoi nous avons peu
Dates clés
~~ 1981 : installation de Jacqueline Leonhart en Gaec avec son père, M. Kuhm, À l'époque, la
ferme compte 20 vaches laitières, 15 taurillons et 45 ha de SALI. Elle élève des génisses laitières
pour le compte d'un voisin.
• 1991 : départ à la retraite de M, Kuhm, remplacé par son épouse.
• 1993 : arrêt des génisses laitières, achat des premières brotitardes charolaises. « C'est le début
de l'élevage charolais », indique Jacqueline. La surface augmente de 18 ha.
• 1995 ; départ à la retraite de M"b Kuhm. Le Gaec est transformé en EARl.
• 1997 : arrêt de l'atelier lait et acquisition des premières PMTVA (31). Vente des premiers
broutards.
• 2001 : signature d'un CIE Gestion extensive des prairies, dans le cadre du Parc naturel régional des Vosges du Nord. On dénombre 47 PMTVA sur l'exploitation.
• 2008 : installation de Fredy, quia travaillé pendant un an comme salarié sur l'exploitation. « Mon
projet d'installation était d'augmenter le nombre d'animaux et cle réduire les surfaces de céréales.
J'ai toujours préféré les animaux aux cultures. » ll a fait son stage six mois chez un éleveur ovin
mosellan - le temps de se convaincre que l'élevage ovin n'était vraiment pas son truc - et chez
Jacques Emviein à Oberhausbergen, « fai énormément appris chez fui », souligne-t-il.
• 2010 : reprise d'une petite ferme voisine de l'exploitation (acquisition de 12 ha et 8 PMTVA).
• 2011 : conversion à l'agriculture biologique du troupeau et des prairies.
de pertes après la naissance », relève
Jacqueline. Les éleveurs assurent une
surveillance constante lors du vêlage.
« Mais nous n'intervenons qu'en cas de
difficulté. Par contre, nous intervenons
systématiquement pour la mise du veau
sous la mère. Nous n 'attendons pas que
le veau vienne téter. Nous prélevons un
litre de colostrum et nous nourrissons le
veau au biberon. » La traite est un peu
sportive - elle prend parfois des allures
de rodéo - mais, précise Fredy, plus de
la moitié des vaches se laissent traire
facilement. Par mesure de prudence, elles
sont enfermées dans le cornadis pendant
que les éleveurs interviennent sur les
veaux, car elles ont parfois des réactions
très « protectrices ».
L'EARL du Tilleul commercialise ses
génisses bouchères et ses vaches de
réforme essentiellement à Copvial, mais
aussi à Socobeval. Les broutards sont
rachetés par lots par un éleveur pour
l'engraissement. « Le fait qu 'ils ne soient
pas mélangés avec d'autres animaux
nous permet de suivre notre travail
jusqu'à l'abattoir, et de savoir dans
quelle direction nous allons. »
Même si son système est entièrement
basé sur l'herbe, l'EARL du Tilleul n'a
rien à envier aux autres éleveurs, sur le
plan des résultats technico-économiques.
« Nous faisons partie d'un groupe de dix
éleveurs charolais, suivis par Bovins
Croissance, et nous ne nous démarquons
pas de nos collègues. »
ANNY HAEFFELE
MEZY
2894697300509/LSS/ART/3
Eléments de recherche : SOBAC : association d'agriculteurs et de producteur/distributeur de produits pour agriculture/jardinage, toutes citations