jeanne leveau - Roger Wallet

Transcription

jeanne leveau - Roger Wallet
JEANNE LEVEAU
Jeanne
Leveau à son
procès
Décès suspect à l’hospice de Beauvais
Gravure publiée dans L’Oise libérée
du 14.05.1960
Germaine Dutuille,
la première victime
Jeanne LEVEAU
née le 01.07.1930 à Oudeuil.
suit une formation d’employée de
collectivité au CET Binche
(1945-1947)
est embauchée à l’hospice St-Lucien
à Beauvais.
1960 : l’affaire éclate.
1962 : le procès de Jeanne. Verdict :
condamnation à mort.
10.10.1965 : elle se suicide en prison.
Ce n’est pas toujours pour de bonnes raisons que l’on accède à la notoriété.
Ainsi en est-il de Jeanne Leveau, que les journaux de l’époque avaient surnommée « la tueuse de l’hospice ».
Son père, Jacques Leveau, était ouvrier d’usine à Beauvais, chez Massey. Sa
mère, Julienne, restait au foyer. La sœur aînée de Jeanne, Josette, fera de
solides études et mènera une carrière de secrétaire dans la région de Lille.
Son frère, Julien, vendra des automobiles sur Creil.
Jeanne suit avec un intérêt certain – ses bulletins de notes l’attestent – la
préparation au CAP d’employée de collectivité, examen qu’elle obtient en juin
1947. Elle est immédiatement embauchée aux hospices de Beauvais, rue de la
Mie-au-Roy, dans le service du professeur Dutrelle. Elle y est bien notée.
C’est en mars 1960 qu’éclate « l’affaire » : un pensionnaire de l’hospice
manque de mourir suite à l’ingestion d’un médicament hors traitement.
L’enquête interne ne permet pas de découvrir d’où vient l’erreur de manipulation. Mais des contrôles stricts sont mis en place et bientôt les soupçons se
portent sur Jeanne Leveau. Mise en cause, elle finit par avouer : c’est elle qui
subtilisait le fameux médicament lorsqu’elle faisait le ménage de « l’infirmerie spéciale ». Elle reconnaît sept morts survenues dans les deux dernières
années.
Son procès, deux ans plus tard, aura un terrible retentissement. Bien que
défendue par l’un des plus grands avocats de l’époque, Maître Floriot, elle n’échappe pas à la peine capitale. Incarcérée à la prison de Tours, elle ne
connaîtra cependant pas la guillotine : elle se donnera la mort en
absorbant une dose massive de ce
JEANNE LEVEAU
fameux médicament qu’elle avait
L’EMPOISONNEUSE
DE L’HOSPICE
elle-même administré à ses victimes. Comment a-t-elle pu
se le procurer ?
Le mystère
reste entier.
loriot
F
é
n
e
R
Maître
Détective, avril 1960
Un des rares
clichés de JeanPaul Roux .
(1971)
JEAN-PAUL ROUX
Si l’itinéraire de Jean-Paul Roux l’a conduit un temps à fréquenter Jacques
Mesrine, c’est que leurs histoires personnelles sont proches par bien des
aspects. Issu, lui aussi, d’un milieu modeste, le CET Binche révèle en lui des
capacités intellectuelles insoupçonnées. Ainsi, après l’obtention d’un CAP de
maçonnerie, il se relance dans les études et, sept ans plus tard, il obtient le
prestigieux diplôme d’architecte !
Hélas, son sursis s’achève et il doit partir effectuer son service national en
Algérie. Il connaîtra la guerre la plus terrible et la plus impitoyable, et il en
reviendra meurtri à jamais. Il a raconté ses souvenirs dans un livre qui fut
La mort de JeanPaul Roux telle
un best-seller à son époque, « Ma guerre d’Algérie » (sous le pseudonyme de
que l’imaginait
Raymond Mercier). La médaille du courage qui lui est remise par le Général
son fils (1972)
de Gaulle en personne n’atténue en rien le profond traumatisme. Il se marie
en 1962 avec Fatima Benretima, une militante du FLN dont il avait facilité l’évasion des prisons françaises à Alger.
Il traverse une terrible dépression. Il erre de chantier en chantier, faisant le
simple manœuvre. Et très vite il fréquente les milieux du crime. Il se fait une
spécialité de l’attaque des banques en solo. Vêtu d’un long manteau et coiffé
d’un Stetson, il opère seul et se révèle sans pitié : il assassine froidement tous
ceux qui n’obéissent pas à ses injonctions. L’attaque de la Banque de France
à Lyon au cours de l’été 1972 va causer sa perte. En effet il disparaît de la circulation et coule des jours paisibles dans une ferme du Gard. Mais sa vigilance s’émousse et les hommes de l’anti-gang, eux, ne désarment pas. C’est
une liasse de bilets imprudemment
écoulés dans la région de Nîmes qui
Jean-Paul ROUX
les mettront sur la piste. Le 13 septemné le 17 février 1933, à Brest.
bre 1974, quand il sort de sa ferme
obtient un CAP de maçonnerie à
avec son chien, il se retrouve cerné
Binche en 1950.
par une vingtaine de véhicules de polidiplôme d’architecte en 1957.
ce et une véritable armada de poliguerre d’Algérie de 1957 à 1960.
ciers en armes. On lui crie de se ren1962 : premier casse (Société Générale dre. Il porte la main à sa veste et ausà Beauvais)
sitôt des dizaines de balles lui trouent
19.08.1972 : attaque de la Banque de la peau. Ironie de l’histoire : il n’était
France à Lyon.
pas armé...
13.09.1974 : décès (St Hippolyte du Fort)
SOFIANE BOUDAOUD
Sofiane et sa mère,
avec la carte
d’identité française
d’Ahmed Boudaoud
La seule photo qu’ait
Sofiane de son père et
de son grand-père.
Sofiane BOUDAOUD
né le 04.11.1949 à Mascara (Algérie)
mai 1962 : arrivée au camp de
Rivesaltes (France).
06.12.1962 : décès de son père.
été 1963 : arrivée à Beauvais.
1963-65 : CET Binche, CAP maçonnerie.
1975 : il crée la S.A. Boudaoud.
1989 : retour en Algérie.
06.12.2002 : inauguration de
l’orphelinat à Mascara.
La vie de Sofiane Boudaoud, comme celle de tous les gens de sa génération, a
fortement été marquée par la guerre d’Algérie. Il naît à Mascara, une petite
bourgade près d’Oran. C’est une région agricole où l’on produit des céréales
et de la vigne, où l’on récolte des olives et des oranges. Son père, Ahmed, est
agriculteur. Lorsque la guerre survient, il devient « supplétif » de l’armée
française, « harki ». Il essaie de se tenir à l’écart des événements dramatiques mais, en 1962, il décide d’envoyer sa famille en France. Lui-même est
arrêté et il mourra en prison le 06.12.
Zahia Boudaoud et ses enfants – Sofiane a une sœur aînée et une plus petite
– atterrissent au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Ils ont un petit
logement en dur (deux pièces) mais ils sont démunis de tout et se sentent
« comme dans un camp de concentration ». Un cousin vit à Beauvais. Il vient
les chercher au cours de l’été 1963. Ils logent dans les P.S.R. À la rentrée de
septembre, Fatma va à l’école du quartier Saint-Jean et Sofiane intègre le CET
Binche, dans la section maçonnerie. Il travaille d’arrache-pied et obtient son
CAP en juillet 65. Sa mère, usée par les événements, décède en août. Ouria,
qui est mariée, recueille son frère et sa sœur.
Sofiane fera très vite l’étalage de ses compétences professionnelles sur les
chantiers du Beauvaisis. Dès 1975, il crée sa propre entreprise, la S.A.
Boudaoud. En 1989, à 40 ans, il décide de retourner en Algérie. Son savoir-faire
fait vite de lui un partenaire incontournable des grands projets d’urbanisme
du pays. Il fait fortune. En 1999, il décide de financer pour le Croissant Rouge
Algérien, la construction d’un orphelinat à Mascara. Cet orphelinat a été
inauguré par le président Bouteflika le 6 décembre 2002, pour le quarantième anniversaire de la mort d’Ahmed Boudaoud, dont son fils porte le prénom
gravé sur la poitrine.
orphelinat : la cour intérieure
orphelinat : les ateliers professionnels
Lassana Traoré – Rudy Vespuce
Trésor Yandia
13
anciens
élèves
Nouria
Souaadia
Marthe Bélinda
Lydie Larroque
Leïla
Yoann Malagueta – Romain L’Huillier
Marc
Magalhaes
Charles
Nuytten
Victor
Paillard
Suzel Lefèvre
Valentine Perez
du CET
Binche
Anaïs
Raoul
& Maëva
Priot
[lycée Corot]
dans le cadre du jumelage
artistique et culturel avec le
Cédric Leblondel
Teddy Lavabre
Élise Royer & Justine Roussel
Alexandre Perquin
Lebrun Onakoy
& Augustin
Makombo
Natasha
Émeline
Vasseur
& Manon
Polleux
Lynda Mahmoudi & Lerbira Loubar
racontés par les élèves de 2ème G Vente
classe de Stéphane Dossche
action soutenue par
DRAC
Picardie