intégration des réfugiés par l`ue
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intégration des réfugiés par l`ue
62 UNHCR RMF 28 Intégration des réfugiés par l’UE Par le bureau européen de l’UNHCR L’article 34 de la Convention de 1951 appelle les Etats à faciliter « l’assimilation et la naturalisation » des réfugiés. Le Haut Commissariat a récemment adressé des recommandations aux membres de l’Union Européenne sur les moyens de mieux répondre à cet appel. Dans le cadre de son mandat, qui consiste notamment à aider les pays à remplir leurs obligations envers les demandeurs d’asile et les réfugiés, l’UNHCR a récemment mené une série d’évaluations dans plusieurs pays de l’Union européenne pour identifier certains obstacles à l’intégration des réfugiés et des autres personnes qui ont besoin d’une protection internationale. Pour les hommes, femmes et enfants réfugiés qui ont répondu à cette enquête, les principaux obstacles sont : n une connaissance insuffisante des langues locales et des différences culturelles, n des attitudes discriminatoires et un manque d'ouverture envers les étrangers, n l’incompréhension des sociétés d'accueil face à la situation spécifique des réfugiés, n l'impact psychologique d'une inactivité prolongée pendant les procédures d'asile, n l’accès limité aux droits pour les personnes qui se voient accorder une protection subsidiaire. La longueur des procédures d’asile peut constituer l’un des obstacles majeurs à une bonne intégration sociale, économique et culturelle. Pendant la procédure visant à déterminer leur statut, les demandeurs d’asile sont souvent contraints à attendre dans l’inaction et la crainte de l’avenir, ce qui peut se répercuter sur leur santé mentale par des dépressions, des syndromes de dépendance, des réactions d’apathie ou de perte de confiance en soi. Ces phénomènes, à leur tour, induisent une démotivation qui se révèle préjudiciable à l’embauche ou à l’acquisition de compétences professionnelles, une fois l’asile reconnu. Cet état de fait est d’autant plus nuisible aux enfants. Les politiques d’accueil devraient donc faire en sorte de minimiser leur isolement et leur mise à l’écart des communautés d’accueil, et leur donner l’opportunité d’acquérir et de développer des compétences linguistiques et professionnelles utiles, et pour les aider dans leur recherche d’emploi. Les cours de langue devraient être proposés dès le début de la procédure, et comprendre également des informations civilisationnelles permettant au nouvel arrivant de décoder la société dans laquelle il compte s’intégrer. De plus, l’UNHCR suggère de limiter à 6 mois la période pendant laquelle les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de chercher du travail dans le pays d’accueil. En effet, en leur ouvrant l’accès au marché du travail et de l’éducation, on pourrait réduire le coût de leur accueil pour les deniers publics, décourager le travail au noir et faciliter leur réintégration dans leur propre pays après leur retour. En effet, on leur permettrait d’acquérir une certaine indépendance financière et un certain niveau de compétence professionnelle. Le logement, qui permet de construire des relations avec la communauté d’accueil, est également important pour la future intégration. La détention, même pour une courte période, peut avoir des effets à long terme sur les personnes et sur leur capacité à s’adapter à la société d’accueil et y prendre pied, particulièrement pour les enfants et les personnes traumatisées. La directive européenne relative au statut des ressortissants de pays tiers résidents de longue durée accorde, sous certaines conditions, le droit de résidence permanente après 5 ans de résidence sur le territoire d’un membre de l’UE. Cette directive ne s’applique pas aux réfugiés : à l’heure actuelle, ces derniers, même quand ils résident légalement dans un pays membre et y ont apporté leur contribution à la vie d’une communauté, n’ont pas les mêmes droits que les autres ressortissants de pays tiers résidant légalement sur le territoire de l’UE. Il en va de même pour les personnes qui se voient accorder une protection subsidiaire. Le Haut Commissariat considère que le droit de résidence permanente devrait être accordé aux réfugiés et aux personnes qui se voient accorder une protection subsidiaire, et ce au plus tard après trois ans de résidence. En outre, les modalités d’accueil peuvent aussi être préjudiciables à l’intégration lorsqu’elles accentuent ou prolongent les effets de traumatismes intervenus avant la fuite. Lorsqu’une personne est séparée en permanence de sa famille, lorsqu’elle ne travaille pas, lorsqu’elle est exclue et marginalisée, lorsqu’elle a peur de l’avenir et se heurte à l’ignorance, à l’hostilité et aux comportements humiliants de ceux qui l’entourent, son état psychologique ne peut qu’en être aggravé. Il est important de supprimer ces obstacles qui tendent à perpétuer le traumatisme. Si les conséquences de ces chocs psychiques ne sont pas traitées convenablement, les réfugiés ne seront pas en mesure de participer pleinement aux programmes d’intégration qui leur sont proposés, et auront beaucoup de mal à jouer un rôle actif dans la société d’accueil. Il est donc nécessaire de leur procurer des soins spécialisés, de les conseillers et de leur donner accès au système de santé – sachant bien que dans ce contexte, il faut faire appel à l’aide d’interprètes et de médiateurs interculturels. La possibilité de retrouver sa famille est un puissant accélérateur d’intégration. Les membres d’une famille peuvent aider à soutenir socialement un nouvel arrivant et, ce faisant, promouvoir son intégration. Mais l’UE opère une limitation très restrictive dans sa définition du rapprochement familial, n’acceptant que les membres de la cellule familiale proche et négligeant le fait que dans d’autres cultures, les liens avec les parents plus éloignés peuvent être très forts. L’UNHCR encourage les Etats membres faire preuve à cet égard de pragmatisme et de flexibilité face à des demandes de rapprochement familial concernant d’autres membres de la famille, qui vivaient sous le même toit que le requérant avant sa fuite. La naturalisation est la conclusion du processus d’intégration sur le plan légal, puisqu’elle met un terme au statut de réfugié. Plusieurs membres de l’UE ont réduit les obstacles qui se dressaient sur cette voie : attente moins longue, moins de frais administratifs imposés aux requérants, suppression de l’obligation de renoncer à sa nationalité d’origine. Le Haut Commissariat encourage les autres Etats membres à suivre cet exemple et à envisager eux aussi des moyens de faciliter l’acquisition de leur nationalité par les réfugiés qu’ils accueillent. Pour plus d’information, veuillez contacter Pirkko Kourula ([email protected]), directeur du bureau européen de l’UNHCR. 1. A l’occasion d’une rencontre informelle des ministres de l’Union européenne en charge des questions d’intégration, l’UNHCR a publié une Note sur l’intégration des réfugiés dans l’Union européenne : http://www.unhcr.fr/cgi-bin/ texis/vtx/news/opendoc.htm?tbl=NEWS&id=46443d965