Journal de l`exposition

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le Rêve de la Maison
Cités-jardins, lotissements et habitat durable dans le Rhône
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LA GENÈSE
DU LOTISSEMENT
Dans la région lyonnaise, le tissage
traditionnel de la soie ne nécessite
pas la construction de vastes usines
et pas même de véritables citésouvrières jusqu'à la fin du XIXe siècle
par le seul fait que l'ouvrier canut est
propriétaire de son outil de travail
Cette spécificité explique
le développement tardif de l'habitat
social lié aux activités industrielles.
Ainsi, les cités-jardins ouvrières ne fontelles leur apparition dans le Rhône qu'au
lendemain de la guerre de 1914-1918,
naissant de la volonté des industriels de
fixer leur main-d'œuvre à proximité des
sites de production et de leur offrir dans
le même temps des conditions
Décines-Charpieu (Rhône), Cités de la Société Lyonnaise de Soie Artificielle,
vue aérienne, [vers 1930], Arch. mun. Décines 2Fi 12.
de vie décentes. La cité-jardin apparaît
comme une réponse à la crise
du logement populaire et doit offrir à ses
habitants les meilleures conditions de vie
par la satisfaction de besoins matériels
comme le confort des habitations
et permettre un épanouissement
individuel et collectif. La géographie
du lotissement et du pavillonnaire se
dessine alors dans les quartiers
périphériques de Lyon et ses proches
communes industrielles. C'est dans
l'entre-deux-guerres que le tissu urbain
des banlieues se morcelle en une
multitude de parcelles construites au gré
des opportunités foncières, créant de
nouveaux quartiers qui se juxtaposent
sans liens entre eux.
Au lendemain de la seconde guerre
mondiale, les banlieues connaissent
une mutation profonde qui façonnera leur
physionomie contemporaine, hérissant
leurs barres et leurs tours au milieu des
champs, des lotissements et des usines.
Vénissieux (Rhône), Cité du Charréard (vers 1950), cliché G.A.
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La géographie du lotissement
et du pavillonnaire se dessine
dans les quartiers
périphériques de Lyon
et ses proches communes
industrielles
Il faudra attendre le milieu des années
1960 pour que l'État soutienne
véritablement le développement de la
maison individuelle notamment à travers
une suite de programmes et de concours :
Villagexpo (1966), concours Chalandon
(1969) ou encore les concours régionaux
d'urbanisme (1975). À l'échelle de la
région lyonnaise, c'est à l'Isle-d'Abeau
(Isère) que les expérimentations les plus
novatrices verront le jour dans les années
1970-1980, d'autant que l'un des effets
les plus immédiats de la fondation
d'une ville nouvelle à une trentaine de
kilomètres de Lyon fut d'accélérer
le développement urbain en direction
de la plaine du Dauphiné, sur l'axe
autoroutier (A43) reliant Grenoble à Lyon.
Caluire-et-Cuire (Rhône), Cité Rhodia (vers 1930), cliché G.A. ; Saint-Priest (Rhône),
Cité Berliet (1919-1924), cliché D.V. ; Vaulx-en-Velin (Rhône) Cité de la Soie (vers 1924),
cliché G.A. ; Villeurbanne (Rhône), quartier de Château Gaillard (vers 1930), cliché G.A.
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Meyzieu (Rhône), Les Grillons (1975), clichés G.A.
LE « TOUT PAVILLONNAIRE »
Le pavillonnaire ne connaîtra de véritable essor dans la région lyonnaise
qu'au début des années 1970 à un moment où la construction de maisons
individuelles dépasse celle de logements collectifs
C'est dans la plaine de l'Est, qui
concentre une importante activité
industrielle ainsi que des populations
aux revenus modestes, que le
développement de la maison individuelle
est le plus spectaculaire. En quelques
années, la morphologie de nombreuses
communes rurales laisse place
à un habitat essentiellement formé
de maisons individuelles isolées ou
regroupées en lotissement. Aux côtés
des grandes infrastructures routières,
autoroutières et ferroviaires qui
structurent et traversent de part en part
le territoire de l'Est Lyonnais, s'étendent
d'innombrables opérations immobilières
sans lien entre elles, juxtaposées entre
des zones d'activités quand elles
ne dévorent pas les champs encore
épargnés par l'urbanisation. La maison
individuelle représente ainsi près de
90 % du nombre total de logements
dans les communes de Jonage
et de Genas, 67 % à Meyzieu, 77 %
à Chassieu et près de 42 % à
Décines-Charpieu. À l'inverse, l'absence
d'activités industrielles ainsi qu'une
géographie privilégiée prédisposaient
les communes de l'Ouest au lotissement
« résidentiel ». Depuis les années 1960,
ces communes connaissent un
développement principalement formé
de collectifs résidentiels construits dans
les parcs de vastes propriétés
progressivement loties et de maisons
individuelles qui s'élèvent sur de grandes
Vaulx-en-Velin (Rhône), Les Jardins de la Rize (1972), cliché G.A. ; Isle-d'Abeau - Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Domaine de la Lieuse (1971-1973), cliché G.A. ;
Saint-Genis-Laval (Rhône), Les Jardins de l'Olympe (vers 1975), cliché CAUE du Rhône.
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Meyzieu (Rhône), vue aérienne © Agence d'urbanisme pour le développement de l'agglomération lyonnaise - François Guy.
parcelles. Ces opérations immobilières
offrent des écrins naturels dont la qualité
contraste vivement avec les terres agricoles des communes de l'Est Lyonnais.
Au cours des années 1970, la région
lyonnaise voit la diffusion à grande
échelle d'un modèle de maison
individuelle, le « mas dauphinois »,
une invention typologique qui possède
pour seule particularité un bardage en
bois sur une ou plusieurs de ses façades
et parfois même des auvents en poutres
apparentes ; un « modèle régional »
censé se rattacher à la physionomie
des fermes traditionnelles du Dauphiné.
La proximité de la vallée du Rhône et du
Sud-Est de la France a également
favorisé la diffusion dans le Rhône
et ses départements limitrophes d'un
pavillon « néo-provençal » qui arbore
invariablement les mêmes attributs :
colonnes, tuiles creuses et enduits
de couleurs vives. Mais à défaut
de réinterpréter l'architecture vernaculaire
ou de revêtir un caractère résolument
contemporain, la maison individuelle
ne cesse de se dépersonnaliser au profit
d'un seul et même type de maison
qui contribue inexorablement à la
banalisation des paysages urbains,
péri-urbains et ruraux.
La maison individuelle ne cesse de se
dépersonnaliser au profit d'un seul et
même type qui contribue inexorablement
à la banalisation des paysages urbains,
péri-urbains et ruraux
Belleville-sur-Saône (Rhône), lotissement
en construction (2006), cliché CAUE du Rhône.
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PRENDRE EN COMPTE
L’ENVIRONNEMENT
À la fin des années 1990, la géographie
du pavillonnaire se dessine dans la
troisième couronne de l'agglomération et
de façon plus diffuse dans les communes
limitrophes
À l'échelle de l'agglomération comme du
département du Rhône, ce ne sont pas les
procédures de lotissement qui conduisent
à l'étalement résidentiel, même si l'impact
des formes urbaines générées peut parfois
être spectaculaire et prégnant dans
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le paysage, ni les permis groupés
qui, en général sont produits sur des
secteurs en cours de densification, mais
la construction parcelle par parcelle qui
échappe le plus souvent à toute intention
d'urbanisme. Alors que le schéma de
la maison isolée perdure dans les esprits,
l'incidence des questions de densité, `
d'insertion paysagère, de qualité
architecturale et de prise en compte
des critères environnementaux est encore
très relative dans les opérations contemporaines.
Face au développement des lotissements
et à la dispersion de l'habitat individuel,
une réflexion nouvelle s'engage dès
les années 1970 afin de densifier le tissu
urbain existant en organisant
harmonieusement son évolution.
Opérations groupées, extensions urbaines
denses et greffes urbaines, habitat
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Tarare (Rhône), Résidence Pierre Barnoud (Arche 5, 1995), clichés G.A.
1. Saint-Priest (Rhône),
Portes des Alpes Habitat /
Atelier de Ville en Ville
(2006-2007), cliché G.A.
2. Saint-Priest (Rhône),
maisons solaires, S.I.E.R.
Constructions / Tekhné
Architectes (2005-2006).
3. Condrieu (Rhône),
Résidence Malarte, Atelier
Bernard Paris (2006),
cliché G.A.
4. Saint-Priest (Rhône),
Nouveaux Constructeurs /
Thierry Roche Architecte
(2006-2007), cliché G.A.
intermédiaire forment autant d'alternatives
à la prolifération pavillonnaire en offrant
une variété de composition plus à même
de se prêter à un dessin urbain
(mitoyenneté, retrait, saillies, constructions
jumelées). Alors que s'engagent depuis
une dizaine d'années de nombreuses
réflexions sur l'étalement urbain et les
effets déstructurants qu'engendre le
développement de la maison, les signes
précurseurs d'une évolution se font jour
au bénéfice d'une tardive prise de
conscience environnementale. C'est
dans le but de promouvoir des formes
alternatives à la banalité pavillonnaire
que le Grand Lyon et la commune de
Saint-Priest ont impulsé un ambitieux
programme dans la Z.A.C. des Hauts de
Feuilly, qui s'affirme comme l'une des
opérations contemporaines les plus
emblématiques en France. S'il est encore
trop tôt pour juger de l'incidence de ces
expériences sur la production,
on observe néanmoins que des
opérations de maisons à l'architecture
moderne se multiplient dans la région
lyonnaise sans que les critères
environnementaux ne soient toutefois
toujours pris en compte. Densité, haute
qualité environnementale (H.Q.E®), qualité
architecturale et évaluation objective des
coûts induits pour les futurs habitants
doivent désormais présider à la définition
de toute opération immobilière.
Albigny (Rhône), maisons en greffe de bourg,
Stéphane Vera (2006), cliché CAUE du Rhône.
Vancia (Rhône), maisons construites en filière sèche,
Thierry Roche & associés (2006), cliché G.A.
Corbas (Rhône), maisons solaires,
S.C.I.C. Habitat (2005), cliché CAUE du Rhône.
Face au développement des
lotissements et à la dispersion
de l'habitat individuel, une
réflexion nouvelle s'engage
dès les années 1970
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Conseil d'architecture, d'urbanisme
et de l'environnement du Rhône
6 bis quai Saint-Vincent
69001 Lyon
04 72 07 44 55
[email protected]
www.archi.fr/caue69
Le rêve de la maison © CAUE du Rhône 2007.
Journal de l'exposition : textes Philippe Dufieux
Crédits photographiques Gilles Aymard (G.A.) Daniel Vallat (D.V.)
Maquette Long.island - imprimerie Chirat.
Les enjeux liés au développement du
lotissement et du pavillonnaire se confondent
depuis une cinquantaine d’années avec la
préférence des Français pour la maison ; un
engouement qui ne se dément pas puisque 75 %
d’entre eux affichent leur préférence pour
l’habitat individuel même si moins de 5 % des
maisons construites en France le sont par des
architectes. Outil de fabrication hybride de la
ville, le lotissement est indissociablement lié à
l’image d’un habitat individuel spécifique, le
pavillonnaire, qui demeure la première cause de
l’étalement urbain en France avec l’activité
économique. Quelle ampleur revêt le développement du pavillonnaire dans le Rhône et quelles
en sont les spécificitées ? Quels caractères
distinguent la maison lyonnaise de ses
consœurs dauphinoises, savoyardes et
provençales ? Comment améliorer la qualité des
maisons individuelles comme celle des
lotissements et dans le même temps veiller au
renouvellement urbain qui vise à limiter
l’étalement et le « mitage » des territoires ?
Autant de questions auxquelles l’exposition
Le Rêve de la maison apporte un éclairage inédit
à l'échelle de la région lyonnaise, conjuguant
histoire urbaine et architecturale.
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