RAP SURV 85-90

Transcription

RAP SURV 85-90
MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES, DE LA
SANTÉ PUBLIQUE ET DE L'ENVIRONNEMENT
SERVICE DES AFFAIRES ENVIRONNEMENTALES
SERVICE DE PROTECTION CONTRE LES RADIATIONS
IONISANTES
Surveillance radiologique de la Belgique
Rapport de synthèse 1985-1990
Ing. Jean-Marie LAMBOTTE, Directeur
Dr Lionel SOMBRE, Expert et Michelle BOUCHONVILLE, Techn. spéc.
- 1998 -
Les auteurs tiennent à remercier Monsieur Jean-Paul Samain, Directeur Général
de l'Administration de la Protection de la Santé et du Service de l'Environnement
pour la relecture et les remarques constructives apportées à la rédaction de ce
travail.
COLLABORATION AVEC LES INSTITUTIONS
EXTÉRIEURES
Les institutions suivantes et leurs collaborateurs respectifs ont fourni au SPRI les
données de base pour l'élaboration du présent rapport :
IHE - Bruxelles
S. Hallez, J. Gillard, H. Declercq-Versele, I. Cauwels, J-M. Flémal, J-L. Avaux, J.
François, G. Van Paesschen, J. Binet, A. Moerman, G. Jossart, L. Speeckaert
IRE – Fleurus
A. Debauche,
V. Adam, D. Tomasevszky,
M. Koziol, C. De Lellis, J. Gustin,
A. Terranova
CEN – Mol
P. Govaerts, R. Kirchmann, E. Vangelder
Laboratoire : E. Tessens
Mesures :
G. Collard, H. Vanmarcke et coll.
G. Koch, Ch. Hurtgen et coll.
en collaboration avec :
R.Z.O. : R. De Clerq
Météo Force Aérienne de Coxyde (Koksijde)
Administration du port d'Anvers (Antwerpen)
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION ________________________________________________________ 1
2. DESCRIPTION DU RESEAU AUTOUR DES SITES NUCLEAIRES_____________ 5
Site de Chooz_____________________________________________________________ 5
Site de Tihange ___________________________________________________________ 6
Site de Doel ______________________________________________________________ 7
Sites de Mol (CEN) et de Fleurus (IRE) _______________________________________ 8
Site côtier________________________________________________________________ 9
3. RADIOACTIVITE DE L’AIR ET DES PRECIPITATIONS ____________________ 10
Conclusions ______________________________________________________________________ 11
4. RADIOACTIVITE EN MILIEU LIQUIDE __________________________________ 12
4.1. RADIOACTIVITE DES EAUX __________________________________________ 12
4.1.1.
4.1.2.
4.1.3.
4.1.4.
4.1.5.
Meuse___________________________________________________________________
Escaut ___________________________________________________________________
Boisson __________________________________________________________________
Mer du Nord ______________________________________________________________
Conclusions ______________________________________________________________
12
15
17
17
18
4.2. RADIOACTIVITE DES SEDIMENTS ____________________________________ 19
4.2.1.
Meuse et Sambre ___________________________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
4.2.2.
Escaut et bassin de la Nete (Laak) ______________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
4.2.3.
Mer du Nord ______________________________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
19
21
21
22
23
23
4.3. RADIOACTIVITE DE LA FAUNE ET DE LA FLORE AQUATIQUES _________ 24
4.3.1.
Meuse___________________________________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
4.3.2.
Escaut ___________________________________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
4.3.3.
Mer du Nord ______________________________________________________________
Conclusions ____________________________________________________________________
25
27
28
31
32
33
5. RADIOACTIVITE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE _________________________ 34
5.1. LAIT _______________________________________________________________ 34
Conclusions ____________________________________________________________________ 39
5.2. FARINE DE FROMENT _______________________________________________ 39
Conclusions ____________________________________________________________________ 40
5.3. VIANDES ___________________________________________________________ 40
Conclusions ____________________________________________________________________ 41
5.4. POISSONS __________________________________________________________ 41
Conclusions ____________________________________________________________________ 42
5.5. LEGUMES ET FRUITS ________________________________________________ 42
Conclusions ____________________________________________________________________ 44
5.6. REMARQUES SUR LA CHAINE ALIMENTAIRE _________________________ 44
6. REJETS ATMOSPHERIQUES ET LIQUIDES DES SITES NUCLEAIRES_______ 46
REJETS ATMOSPHERIQUES _____________________________________________ 46
REJETS LIQUIDES ______________________________________________________ 46
Conclusions ____________________________________________________________________ 49
7. CONCLUSIONS GENERALES ___________________________________________ 51
1. INTRODUCTION
La surveillance radiologique du territoire, y compris celle des sites
nucléaires ainsi que le suivi de leur impact sur l’environnement sont gérés par le
Ministère des Affaires Sociales, de la Santé Publique et de l’Environnement
(S.P.R.I.), en collaboration avec d’autres institutions telles que l’Institut de Santé
Publique Louis Pasteur (I.S.P.L.P. – ex I.H.E.), le Centre d’Etudes de l'Energie
Nucléaire (C.E.N.) de Mol et l’Institut National des Radioéléments (I.R.E.) de
Fleurus.
Cette surveillance s’exerce conformément aux articles 70 et 71 de l’Arrêté
royal portant Règlement Général de Protection de la Population et des
Travailleurs contre le Danger des Radiations Ionisantes.
Autour des installations nucléaires, les buts de cette surveillance sont de :
1.
Garantir le respect des prescriptions légales et réglementaires en
matière de contamination de l’environnement ;
2.
Vérifier i) les conditions de rejets et l’efficacité des dispositions
techniques ; ii) le bon fonctionnement des dispositifs de rejet de
manière à permettre une détection rapide de fuites éventuelles et à
permettre de prendre des mesures correctives opportunes;
3.
Le cas échéant, évaluer les doses potentielles reçues par certains
groupes de la population ;
4.
Informer le public de manière objective.
Le réseau de surveillance radiologique est mis en place, non seulement
autour des centrales nucléaires de Tihange et de Doel, mais également sur les
zones de notre territoire entourant les centrales françaises de Chooz et de
Gravelines, proches de nos frontières. Le centre nucléaire de Mol ainsi que
l’Institut national des Radioéléments de Fleurus font également l’objet d’une
surveillance attentive.
La surveillance du territoire s’effectue principalement de manière continue
au moyen de réseaux automatiques : le réseau mis en place par l’IRE autour des
sites wallons de Tihange et Fleurus ainsi qu’autour du site de Chooz - côté belge
- et, dans un proche avenir, le réseau national TELERAD.
Néanmoins, certaines situations particulières impliqueront toujours la
nécessité de compléter cette approche par des prélèvements in situ et des
mesures fines en laboratoire. C'est le rôle du programme de surveillance du
territoire qui repose sur des campagnes d'échantillonnages et de mesures de la
-1-
radioactivité présente dans les différents vecteurs de transfert dans
l'environnement (air; eaux de pluie, - de rivières, - de mer, - de boisson;
sédiments de rivières et marins, faune et flore fluviales et maritimes; chaîne
alimentaire, etc.) et plus tard, sur des laboratoires mobiles.
La surveillance du territoire est nécessaire en vue de détecter les incidents
et/ou les accidents qui peuvent survenir à la suite de rejets non contrôlés de
quantités excessives de substances radioactives dans l'eau ou dans l'air.
Le programme est en outre complété par la réalisation d’études
radioécologiques en vue de permettre une meilleure connaissance du
comportement des radionucléides dans le milieu ambiant afin de garantir une
interprétation correcte des données de surveillance et des suivis annuels.
La surveillance s’exerce de manière à tenir compte des voies d’exposition
de l'homme représentées dans les schémas suivants :
Ce premier schéma représente les voies de transfert à l’homme des matériaux
radioactifs libérés dans l’atmosphère.
Irradiation directe
Dépôt
Récoltes
et
Plantes
Dépôt
Air
Ingestion
Irradiation directe
Sol
Animaux
Matériaux
radioactifs
Inhalation
Homme
Ingestion
Inhalation
Le schéma suivant illustre les voies de transfert des matériaux radioactifs déposés
dans les différents compartiments des écosystèmes aquatiques et terrestres ainsi
que les voies de contamination et d'exposition de l'homme.
-2-
Irradiation directe
Matériaux
radioactifs
Plantes
aquatiques
Instruments de
pêche et de sport
Dépôt
Sol
Eaux de surface
ou souterraines
Sables et
sédiments
Irradiation directe
Animaux
aquatiques
Eaux
d'irrigation
Homme
Plantes
terrestres
Sol
Animaux
terrestres
Ingestion
Les emplacements choisis pour la collecte des échantillons à mesurer ont
été déterminés soit, en fonction des conditions de dispersion atmosphérique soit,
suite à une reconnaissance du terrain ou encore, pour tenir compte de situations
particulières.
La fréquence des prélèvements et de mesures des échantillons a été définie
afin de disposer d’informations aussi représentatives que possible d’une situation
radiologique donnée tout en tenant compte des possibilités techniques et
matérielles mises à notre disposition.
Les données récoltées portent essentiellement sur la mesure de la
radioactivité dans les poussières de l’air, les précipitations, le lait et les pâtures
pour ce qui concerne l’influence éventuelle des rejets gazeux et sur la mesure de
la radioactivité dans l’eau, les sédiments, les poissons et les végétaux aquatiques
pour ce qui concerne l’influence des rejets liquides.
Ce rapport présente les résultats du programme de surveillance obtenus
pour la période 1985 à 1990 inclus. Cette période a été choisie en vue de mettre
en évidence les situations prévalant avant et après l’accident de Tchernobyl.
Les résultats obtenus dans le cadre de la surveillance radiologique sont
décrits de manière synthétique pour les différents vecteurs de transfert de la
radioactivité étudiés (atmosphériques, aquatiques et la chaîne alimentaire).
-3-
Pour ce faire, des graphiques présentent l'évolution de la radioactivité au fil
des années en fonction des radioéléments considérés, des stations de
prélèvement choisies ou des compartiments de l'écosystème envisagé (eaux,
sédiments, nourriture, etc.).
Toutes les données "brutes" figurent en détail dans les annexes au présent
document. Ces annexes sont regroupées en rappelant la numérotation des
chapitres et sous-chapitres développés dans ce texte.
De plus, ce rapport sera complété par un autre document qui portera sur les
années 1991 à 1995.
Enfin, les auteurs de ce document attirent l'attention du lecteur sur le fait que
les données concernant la chaîne alimentaire portent surtout sur la radioactivité
du lait. Figurent dans le document quelques données préliminaires sur les autres
produits alimentaires (farines, viandes, poissons, légumes etc.).
La présentation de l'ensemble des résultats "chaîne alimentaire" fera l'objet
d'un document séparé qui regroupera l'ensemble des 10 années – 1985 à 1995.
Ce rapport est en cours de réalisation au moment où le présent rapport est édité.
-4-
2. DESCRIPTION DU RESEAU AUTOUR DES
SITES NUCLEAIRES
MESURES
CHOOZ (SENA)
Radioactivité de l’air
Fréquence
Lieu de prélèvement
poussières de l’air
précipitations
lait (laiterie)
Débit de dose gamma
Quotidien
Mensuel
Mensuel
Permanent
Hastière, Dion, Felenne, Treignes
lait (ferme)
dosimétrie ambiante
Hebdo
Bimensuel
rayon 20 km autour de Chooz
Environs de Chooz (12 points)
Ferme BEL AIR à DION
Radioactivité de l’eau
activité gamma
spectro gamma
activité alpha-béta totale
mesure H-3
automatique permanent
Hebdo (Hast.) – Mensuel (Tailf.)
Hebdo (Hast.) – Mensuel (Tailf.)
Hebdo (Hast.) – Mensuel (Tailf.)
Compagnie intercommunale
Bruxelloise des eaux de Tailfer
(boisson)
Hastière (Meuse)
Hastière – Tailfer (boisson)
Hastière – Tailfer (boisson)
Hastière – Tailfer (boisson)
Radioactivité des sédiments
spectro gamma
Mensuel
chômage de la Meuse
(tous les 3 ans)
En différents endroits de la Haute
Meuse
(Tailfer 1 et 2)
Radioactivité des végétaux et animaux aquatiques
spectro gamma
Trimestriel
Hastière
mesure H-3
Trimestriel
Hastière
-5-
MESURES
TIHANGE
Radioactivité de l’air
poussières de l’air
précipitations
Débit de dose gamma
lait (ferme)
dosimétrie ambiante
Fréquence
Lieu de prélèvement
Hebdo
Mensuel
Permanent
Ferme limite TIHANGE /
VIERSET-BARSE
Ampsin ferme, Ampsin Socolie,
Huy, Ampsin Carrière
2 fermes : Neuville/Huy et Limite
Vierset-Tihange
Clôtures et environs du site de
Tihange (12 points)
Hebdo
Bimensuel
Radioactivité de l’eau
activité gamma
spectro gamma
activité alpha-béta totale
mesure H-3
automatique permanent
Mensuel
Mensuel
Hebdo
Ampsin
Huy, Ampsin, Monsin
Huy, Ampsin, Monsin
Huy, Ampsin, Monsin
Radioactivité des sédiments
spectro gamma
Mensuel
Barrage de Monsin
Radioactivité des végétaux et animaux aquatiques
spectro gamma
mesure H-3
Trimestriel (Ivoz)
Mensuel (Monsin)
Trimestriel (Ivoz)
Mensuel (Monsin)
-6-
Ecluse d’Ivoz-Ramet, Barrage de
Monsin
Ecluse d’Ivoz-Ramet, Barrage de
Monsin
MESURES
DOEL
Radioactivité de l’air
poussières de l’air
précipitations
lait (laiterie)
Lait (ferme)
dosimétrie ambiante
Fréquence
Lieu de prélèvement
Mensuel
Mensuel
Mensuel
Mensuel
Trimestriel
Ferme : Oude Doel
Kallo
Olifanthoeve (Doel)
Site de Doel
Radioactivité de l’eau
activité gamma
spectro gamma
activité alpha-béta totale
mesure H-3
Mensuel
Mensuel
Mensuel
Hebdo
Zuid-Ballast, Loodswezen
Zuid-Ballast, Loodswezen
Zuid-Ballast, Loodswezen
Zuid-Ballast, Loodswezen
Radioactivité des sédiments
spectro gamma
Mensuel
Kloosterzande, Hoofdplaat
Radioactivité des végétaux et animaux aquatiques
activité gamma
spectro gamma
mesure H-3
Trimestriel (végét.)
Mensuel (Poissons, crustacés)
Trimestriel (végét.)
Mensuel (Poissons, crustacés)
Trimestriel (végét.)
Mensuel (Poissons, crustacés)
-7-
Yerseke (végét.), Hoofdplaat,
Kloosterzande
Yerseke (végét.), Hoofdplaat,
Kloosterzande
Yerseke (végét.), Hoofdplaat,
Kloosterzande
MESURES
MOL
Radioactivité de l’air
poussières de l’air
précipitations
Fréquence
Lieu de prélèvement
Quotidien
Mensuel
Site du C.E.N.
Site du C.E.N.
MESURES
FLEURUS - S.P.R.I.
Radioactivité de l’air
Fréquence
poussières de l’air
précipitations
Débit de dose gamma
Quotidien
Mensuel
Permanent
lait (ferme)
dosimétrie ambiante
Hebdo
Bimensuel
Lieu de prélèvement
Site de l’IRE
5 balises (Clôtures du site de
l’IRE)
rayon 20 km autour de Fleurus
Clôtures et environs du site de
Fleurus (12 points)
Radioactivité de la Chaîne Alimentaire
Lait national
Farine de froment
légumes
Fruits viandes
Poissons de rivière
Mensuel
-8-
Dans le Commerce
MESURES
SITE COTIER
Radioactivité de l’air
poussières de l’air
précipitations
lait (laiterie)
dosimétrie ambiante
Fréquence
Lieu de prélèvement
Quotidien
Mensuel
Mensuel
Trimestriel
Koksijde
Koksijde (IRM)
Veurne, Nieuwekerke, Watou
Depuis Dourbes jusqu'à
Koksijde
Radioactivité de l’eau
spectro gamma
Trimestriel
activité alpha-béta totale
Trimestriel
Zones 1, 2 et3
Dumping 1 et2
Zones 1, 2 et3
Dumping 1 et2
Radioactivité des sédiments
spectro gamma
1 à 2 X /an
Contribution de la RZO, Belgica
Radioactivité des végétaux et animaux aquatiques
activité gamma
spectro gamma
Trimestriel
Trimestriel
Contribution de la RZO, Belgica
Contribution de la RZO, Belgica
mesure H-3
Trimestriel
Contribution de la RZO, Belgica
-9-
3. RADIOACTIVITE DE L’AIR ET DES
PRECIPITATIONS
L'analyse des poussières de l’air est une méthode efficace de détection d’un
rejet de matières radioactives dans l’atmosphère. En effet, les aérosols (particules
> 0,5µm) sont une des formes des rejets atmosphériques des installations
nucléaires; ils renferment essentiellement des produits de fission recondensés
(émetteurs β-γ).
En fonctionnement normal, ils sont limités aux rejets autorisés. Mais en cas
d’accident, ils peuvent être rejetés en quantité extrêmement importante. On note
parfois la présence d'émetteurs α.
Cette méthode de détection a été particulièrement utilisée pour le suivi des
essais nucléaires atmosphériques lorsqu’ils étaient pratiqués ("fallout") ainsi que
pour le suivi du passage des nuages radioactifs consécutifs à l’accident de
Tchernobyl.
Ces poussières peuvent se déposer directement sur le sol (dépôt sec) ou être
lessivées par la pluie (dépôt humide).
C’est pourquoi, la mesure de la radioactivité des poussières de l’air et celle
des précipitations constituent des éléments importants et complémentaires d’un
réseau de surveillance radiologique. Les graphiques suivants illustrent très
clairement l'importance de ce type de contrôle.
Poussières de l'air : béta-totaux
100
mBq/m3
80
60
40
20
0
1985
1986
1987
1988
1989
1990
Bruxelles
Dion
Doel
Tihange
Mol
Koksijde
En effet, tant pour l'analyse des données poussières que pour celle des
résultats pluie, le passage du nuage de Tchernobyl a été très nettement détecté. Les
pics 1986 sont dus en fait à une augmentation de la radioactivité dans le courant du
- 10 -
mois de mai (consécutive à l'accident survenu dans le réacteur n°4 de Tchernobyl le
26 avril 1986).
Précipitations : béta-totaux
10000
Bq/m3
8000
6000
4000
2000
0
1985
Bruxelles
1986
Dion
1987
Doel
1988
Tihange
1989
Mol
1990
Koksijde
Le réseau de détection de la radioactivité atmosphérique, par le biais de
mesures de la radioactivité de l'air et de la pluie (qui lessive un éventuel nuage
radioactif) a montré son efficacité pour détecter le passage d'une contamination
atmosphérique (nuages de Tchernobyl). D'autre part, les seuils de détection
auxquels arrivent les appareils de mesure garantissent que même un très faible
niveau de contamination pourra être mis en évidence.
En effet, des teneurs de l'ordre de 0,3-0,4 mBq/m3 pour les poussières de l'air
et de quelques dizaines de Bq/m3 de pluie sont détectées en routine.
CONCLUSIONS :
-
le passage d'un nuage radioactif et le dépôt subséquent de radioactivité sont
détectables grâce aux suivis réguliers de l'environnement et de ses produits,
l'exemple de Tchernobyl en est une illustration claire,
-
la radioactivité naturelle entraîne un niveau de contamination radioactive plus
élevée que celui dû à la radioactivité artificielle,
-
en dehors de tout scénario d'accident, l'impact atmosphérique des installations
nucléaires dans l'atmosphère et indirectement dans l'environnement est
négligeable.
- 11 -
4. RADIOACTIVITE EN MILIEU LIQUIDE
4.1. RADIOACTIVITE DES EAUX
4.1.1. La MEUSE est un fleuve important qui reçoit les rejets radioactifs du site
nucléaire français de Chooz, de celui de Tihange et de l’IRE (via la Sambre).
Ces rivières reçoivent également les rejets des hôpitaux et des laboratoires qui
utilisent des radioisotopes.
La Meuse fournit, après traitement, une source d’eau potable pour une partie
importante des populations belge et hollandaise. A ce titre, on y mesure
essentiellement la radioactivité α et β totale; des spectrométries γ et des dosages de
tritium sont également effectuées.
Afin d'évaluer le potentiel fixateur de radioactivité des matières en suspension
et des fines particules de sédiments, des analyses sont effectuées sur l’eau filtrée et
non filtrée.
Les sédiments (déposés dans le lit des rivières et près des berges) constituent
un compartiment important pour la fixation des radioéléments. A cette fin, ils sont
mesurés séparément.
L'analyse des eaux révèle la présence (en faible quantité) de tritium, les autres
radioéléments restant à peine détectables. A noter que le second radioélément
"visible" est le 40K qui est un isotope radioactif naturel.
Les points de prélèvement et de contrôle de la radioactivité des eaux ont été
choisis de manière à pouvoir vérifier l'impact des installations nucléaires le long du
cours de la Meuse :
-
le site de Hastière intègre les rejets de la centrale nucléaire française de Chooz,
-
le site de Huy intègre l'apport de la Sambre et celui de l'Institut des
Radioéléments de Fleurus (IRE) ainsi que les rejets des hôpitaux de
l'agglomération de Namur,
-
le site d'Ampsin, situé en aval de la centrale nucléaire de Tihange, permet par
comparaison avec les données Huy de contrôler l'impact des rejets liquides de
Tihange sur la Meuse,
-
le site de Monsin, en aval de Liège, intègre quant à lui l'apport des hôpitaux
liégeois.
- 12 -
Site de prélèvement : Hastière
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
1986
béta-tot
1987
I-131
1988
H-3
1989
K-40
1990
gamma
L'analyse des eaux mosanes à Hastière révèle, comme déjà mentionné
précédemment, que seuls le tritium et dans une moindre mesure le potassium 40
sont détectables. Les teneurs mesurées restent dans l'absolu très faibles et, bien que
cela concerne des eaux brutes non potables, largement inférieures aux dernières
recommandations de l'O.M.S. qui fixent les activités volumiques de différents
radioéléments dans l'eau de boisson.
Les niveaux retenus induiraient une dose à la population de 0,1 mSv, soit
1/50 de la dose d'exposition maximale en vigueur actuellement ou 1/10ème de la
future dose à la population (qui sera bientôt ramenée à 1 mSv/an), et ce, pour une
année d'ingestion journalière de 2 litres d'eau. Ces recommandations fixent les
niveaux d'activité volumiques suivants :
ème
7800 Bq/litre en 3H, 5 Bq/litre en
10 Bq/litre en 137Cs, 1 Bq/litre en
234,238
U, 0,3 Bq/litre en 239Pu, etc.
90
Sr, 20 Bq/litre en 60Co, 6 Bq/litre en 131I,
226,228
Ra, 0,1 Bq/litre en 232Th, 4 Bq/litre en
L'influence de Chooz est visible mais son impact est négligeable d'un point de
vue radioprotection de la population.
Les données obtenues pour le site de Huy confirment l'analyse faite pour le
site de Hastière. En effet, seul sont détectables le tritium et le 40K. Les teneurs sont
faibles (globalement légèrement inférieures à celles détectées à Hastière de par un
phénomène de diffusion). L'impact de l'IRE est négligeable.
- 13 -
Site de prélèvement : Huy
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
béta-tot
1986
1987
I-131
1988
H-3
1989
K-40
1990
gamma
Site de prélèvement : Ampsin
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
1986
1987
béta-tot
I-131
1988
H-3
1989
K-40
1990
gamma
Par comparaison avec les mesures précédentes, la contribution du site
nucléaire de Tihange (apport de tritium) est détectable juste en aval de la centrale à
Ampsin. Le potassium 40 reste toujours visible au même niveau d'activité.
A remarquer que l'augmentation des teneurs en tritium est très peu marquée, ce
qui indique un impact faible de la centrale. L'activité des eaux, même prélevées juste
en aval de la centrale avant toute dilution importante, reste du même ordre de
grandeur qu'en amont.
- 14 -
Site de prélèvement : Monsin
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
1986
béta-tot
1987
I-131
1988
H-3
1989
K-40
1990
gamma
Les mêmes commentaires peuvent être faits pour Monsin : l'impact de
l'agglomération liégeoise se surajoute à celui de Tihange. Les tritium et potassium 40
sont toujours détectables, l'ordre de grandeur des activités volumiques restant
respectivement le même que pour les autres sites. Pas de problèmes radiologiques à
signaler.
4.1.2. L’ESCAUT reçoit non seulement les rejets radioactifs de la centrale
nucléaire de Doel et ceux du CEN de Mol (via la Molse Nete, affluent de la Grote
Nete), mais aussi le 226Ra associé aux rejets industriels du bassin de la Nete (Usines
de Kwaad-Mechelen et Tessenderlo sur la Grote Laak).
Les analyses effectuées concernent la radioactivité α totale (dont celle due aux
Po, U, Pu, 241Am, 226Ra); β totale, celle due au 90Sr, un dosage du 3H, une
spectrométrie γ; un dosage du potassium 40 (radioactivité naturelle).
210
Les points de prélèvement et les analyses effectuées tiennent compte non
seulement de la répartition géographique et des types de rejets mais également de
l’influence des marées :
-
le site de Loodswezen intègre les apports de la région d'Anvers, du bassin de
la Nete (CEN/SCK de Mol),
-
le site de Zuid-Ballast, situé à la frontière belgo-hollandaise, tient compte des
rejets de l'installation nucléaire de Doel.
- 15 -
Site de prélèvement : Loodswezen
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
1986
Ra-226
1987
1988
béta-tot
Sr-90
1989
H-3
1990
K-40
Comme pour l'écosystème "Meuse", seuls le tritium et le potassium 40 sont
détectables. Les émetteurs alpha provenant du bassin de la Nete sont discernables.
Néanmoins, il convient de pondérer ce commentaire en tenant compte des très
faibles niveaux de radioactivités engendrés par toutes ces installations nucléaires. En
effet, les teneurs les plus élevées sont dues au tritium et ne dépassent pas
10 Bq/litre.
Site de prélèvement : Zuid-Ballast
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
1986
Ra-226
1987
1988
1989
béta-tot
Sr-90
H-3
1990
K-40
En aval de Doel, "l'effet centrale" est mis en évidence (on détecte des
émetteurs béta, du tritium toujours), mais ici encore, son impact est à peine marqué
et reste négligeable dans l'absolu. Le potassium 40 (radioisotope naturel) est encore
visible, son niveau d'activité restant du même ordre de grandeur, voire supérieur à
celui des radioisotopes artificiels.
- 16 -
4.1.3. L’EAU de BOISSON fait l’objet d’une surveillance attentive en raison du
rôle important qu’elle peut jouer dans le transfert de la radioactivité vers l’homme.
Une usine de traitement des eaux, pour la distribution d’eau potable, de la
Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux (CIBE) est située à Tailfer sur la
Meuse; elle alimente une partie importante de la population belge avec, entre autres,
les agglomérations de Bruxelles et d’Anvers.
On y mesure la radioactivité béta-totale, alpha-totale, le Radium 226, le Tritium
et le Potassium 40 (radioactivité naturelle).
Ici encore, seul le tritium peut être détecté. En général, les mesures sont non
significatives et quand elles le sont, elles restent à peine supérieures aux seuils de
détection des appareils de mesure.
L'impact radiologique de l'industrie nucléaire est, également pour ce vecteur
potentiel de radiocontamination de l'homme, négligeable et très largement inférieur
aux recommandations de l'O.M.S. pour les eaux de boisson.
Site de prélèvement : Tailfer
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
alpha-tot
4.1.4.
1986
1987
Ra-226
1988
béta-tot
1989
H-3
1990
K-40
L’EAU de la MER du NORD
Plusieurs points de prélèvement ont été choisis le long de la côte belge. Les
mesures réalisées portent sur un suivi des teneurs en radioéléments émetteurs béta,
alpha, en Ra-226 et en K-40 en ce qui concerne la radioactivité naturelle.
Les résultats obtenus montrent que les niveaux d'activité de l'eau de mer (dus
principalement à des traces d'émetteurs béta) sont très faibles et restent du même
ordre de grandeur que le bruit de fond naturel (40K).
- 17 -
Site de prélèvement : mer du Nord
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1987
alpha-tot
4.1.5.
1988
1989
Ra-226
béta-tot
1990
K-40
Conclusions :
Il ressort des résultats précédents que l'impact des installations nucléaires sur
les eaux de rivières, de boisson ou de mer est négligeable et sans conséquences
sanitaires pour la santé humaine.
En effet, seul le tritium est régulièrement détecté (quelques dizaines de Bq/litre
au plus) et, le plus souvent, les teneurs rapportées sont à peine supérieures aux
seuils de détection des appareils de mesure. Les niveaux atteints restent par ailleurs
très en deçà des recommandations de l'O.M.S. applicables aux eaux de boisson.
Enfin, le radioélément qui est ensuite le plus souvent mis en évidence est le
potassium 40, radioélément naturel. Quand des émetteurs béta ou gamma sont
mesurés, leur niveau de radioactivité est inférieur ou, au plus, du même ordre de
grandeur que celui du potassium 40.
- 18 -
4.2. RADIOACTIVITE DES SEDIMENTS
Les sédiments de rivières concentrent d’une manière très importante les radioisotopes présents dans l’eau.
Ces sédiments s’accumulent au cours du temps et peuvent constituer de la
sorte une photographie très intéressante de l’évolution de la contamination de la
rivière.
Les éléments radioactifs qui sont fixés dans les sédiments le restent en général
en absence de toute influence extérieure (remise en suspension, "bioturbation",
modification du potentiel redox, etc…).
Toutefois, des études semblent démontrer que de tels facteurs (température,
pH, activité des micro-organismes) peuvent influencer la remise en disponibilité des
radioéléments fixés. De plus, les boues de dragage sont parfois utilisées comme
agent fertilisant; dans certaines conditions elles pourraient donc constituer un
problème sanitaire pour des groupes critiques de la population.
4.2.1.
Sédiments de la Meuse et de la Sambre
Des sédiments sont prélevés mensuellement à Tailfer et Monsin sur la Meuse.
Une spectrométrie γ est réalisée sur les échantillons.
Le site de Tailfer intègre les rejets de la centrale de Chooz.
On remarque tout d'abord une nette augmentation des teneurs en radiocésiums
( Cs et 137Cs) dans les sédiments. Ceux-ci se comportent comme un piège à
césium dans la mesure où, de par leur nature minérale, ils offrent une grande
quantité de sites spécifiques de fixation à cet élément. A ce titre, les sédiments sont
donc de très bons indicateurs (intégrateurs) d'un apport de radioactivité liée au
radiocésium.
134
Cette caractéristique est nettement mise en évidence en 1986 où l'on observe
les effets du passage du nuage radioactif en provenance de Tchernobyl.
L'augmentation des teneurs en césium est notée dès le mois de mai 1986. Le
rapport des teneurs dues aux césium 134 et césium 137 est de 0,5 (134Cs/137Cs) ce
qui est la "signature" de l'accident de Tchernobyl.
Au fil du temps, les teneurs décroissent doucement ce qui est dû à une
décroissance plus rapide du 134Cs mais aussi à un enfouissement des couches
contaminées sous de nouvelles couches de sédiments "propres".
Il faut également remarquer en 1989 une augmentation sensible des teneurs en
Co et dans une moindre mesure de celles en 60Co. Ces augmentations sont
observées ponctuellement dans les échantillons prélevés en juin et surtout en juillet
1989.
58
- 19 -
Les rejets de la centrale de Chooz apportent la réponse : des quantités plus
importantes de 58Co ont été rejetées dans la Meuse de mai à septembre. Il en est de
même, mais dans une moindre mesure, pour le 60Co en août 1989. Très rapidement,
la situation revient à un niveau normal et reste stable : les teneurs enregistrées pour
tous les radioéléments mesurés retournent à des valeurs très faibles.
Site de prélèvement : Tailfer
600
Bq/kg
500
400
300
200
100
0
1985
Cs-134
1986
1987
1988
Cs-137
Mn-54
1989
Co-58
1990
Co-60
Le site de Monsin intègre principalement les rejets de la centrale de Tihange.
Site de prélèvement : Monsin
800
Bq/kg
600
400
200
0
1985
Cs-134
1986
1987
1988
Cs-137
Mn-54
1989
Co-58
1990
Co-60
On remarque ici aussi, bien évidemment, l'effet Tchernobyl en 1986 qui est dû
à une accumulation des radiocésiums de mai à septembre. Comme pour Tailfer, la
situation recouvre la normale dans les années qui suivent.
En 1989 également, on note une augmentation nette des teneurs en 58Co et
dans une moindre mesure de celles en 60Co. Ici aussi l'analyse des rejets liquides
- 20 -
des trois tranches nucléaires de Tihange apporte la solution : les teneurs rejetées en
58
Co (et en 60Co) ont été plus importantes de mai à juillet 1989.
Conclusions :
L'analyse régulière des sédiments de la Meuse permet donc de mettre en
évidence un rejet accidentel de matière radioactive comme celui survenu lors de
l'accident de Tchernobyl – 134Cs et 137Cs (même si la Belgique a été peu touchée
par ces retombées) mais également tout rejet de routine, effectué par une centrale
nucléaire, un tant soit peu plus important que la normale – 58Co et 60Co (rejet qui
reste largement inférieur aux normes imposées aux électriciens).
4.2.2.
Sédiments de l’Escaut et du Bassin de la Nete (Laak)
Pour l’Escaut, les prélèvements s’effectuent mensuellement à Hoofdplaat et à
Kloosterzande sur le territoire hollandais dans la partie estuarienne du fleuve.
L’analyse consiste également en une spectrométrie γ; elle comporte l’analyse
d’autres éléments, celle de 226Ra notamment. La radioactivité massique des
radioéléments marqués d'une "*" est calculée sur base du poids sec.
Site de prélèvement : Kloosterzande
80
Bq/kg
60
40
20
0
1987
Cs-134
Sr-90*
1988
Cs-137
Ru-106
1989
Co-60
Ra-226*
1990
H-3*
Th-232
L'analyse des données obtenues montre que les sédiments accumulent les
émetteurs alpha (226Ra et 232Th) rejetés via le bassin de la Nete en provenance des
sites industriels de Kwaad-Mechelen et Tessenderlo. Les données concernant le
226
Ra sont exprimées sur base de la matière sèche ce qui augmente l'activité
massique et donc le niveau apparent de contamination.
- 21 -
Site de prélèvement : Hoofdplaat
80
Bq/kg
60
40
20
0
1985
Cs-134
Sr-90*
1986
Cs-137
Ru-106
1987
1988
1989
Mn-54
Co-60
Ra-226*
Th-232
1990
H-3*
Pour le site de Hoofdplaat, la situation est identique, les radium et thorium
étant encore visibles. Les prélèvements ayant eu lieu dès 1985 dans ce site, l'effet
Tchernobyl est discernable. Néanmoins, il faut aussi noter que les radiocésiums
sont très peu détectés, ce qui confirme bien qu'en 1986 le nuage de Tchernobyl n'a
pratiquement pas touché la zone nord nord-ouest du pays.
Conclusions :
L'analyse des sédiments de l'Escaut permet de mettre en évidence la réalité des
rejets en provenance des installations nucléaires du site de Mol et de celui de
Tessenderlo. En effet, si l'effet "Tchernobyl" est décelable (présence de
radiocésiums), ce sont surtout les éléments lourds (radium et thorium) qui sont
visibles.
Il faut remarquer que les niveaux atteints, en activité massique, sont faibles
bien que "gonflés" quand, comme pour le radium, cette activité est rapportée au
poids sec des échantillons.
Il est évident que ce type de contrôle doit être maintenu et même développé
afin de mieux "suivre" ces rejets dans les diverses rivières du bassin de la Nete.
Cette approche plus "fouillée" a été retenue dans le cadre du suivi radiologique les
années suivantes.
- 22 -
4.2.3.
Sédiments de la Mer du Nord
Près de la côte belge, les sédiments marins permettent de mettre en évidence
des traces de radium et de thorium.
Site de prélèvement : mer du Nord
30
Bq/kg
25
20
15
10
5
0
1985
Cs-134
Cs-137
1986
Co-60
1987
Ru-106
Ra-226
1988
Th-232
Conclusions :
Les radioéléments mis en évidence sont le radiocésium 137, dont les teneurs
augmentent un peu à partir de 1987 (intégration des apports Tchernobyl) et surtout
les radium et thorium.
Néanmoins, ici aussi les teneurs sont très faibles mais suffisantes pour
permettre un contrôle efficient des rejets des installations nucléaires belges et
étrangères.
- 23 -
4.3. RADIOACTIVITE DE LA FAUNE ET DE LA FLORE
AQUATIQUES
Des indicateurs particulièrement sensibles, à court-moyen terme, aux rejets
liquides sont les mousses et les végétaux aquatiques. Les poissons sont quant à eux
de meilleurs intégrateurs de la radioactivité à plus long terme.
En rivières :
Les indicateurs (bioindicateurs : animal ou végétal ayant un potentiel élevé de
concentration des éléments chimiques stables ou radioactifs) de contamination
éventuelle de la flore sont prélevés en plusieurs points sur la Meuse : Hastière en ce
qui concerne la haute Meuse (site de Chooz) et Ivoz-Ramet, en aval de Tihange.
On y mesure essentiellement les produits de fission ainsi que le 226Ra et le 232Th.
Tous les trois ans, la mise en chômage technique de la Haute Meuse est mise à
profit pour effectuer des prélèvements systématiques de végétaux et d’animaux
aquatiques ainsi que de sédiments. Ces échantillonnages sont, en effet, impossibles
à réaliser dans des conditions normales.
Sur l’Escaut, dans sa partie estuarienne, des plantes aquatiques sont prélevées
à Yerseke, Kloosterzande et Hoofdplaat.
On y mesure également les principaux produits de fission ainsi que le
et le 90Sr.
226
Ra, le 232Th
En raison de leur capacité d’accumulation et de concentration, les poissons et
d'autres animaux aquatiques (crustacés) peuvent jouer un rôle important dans le
transfert à l’homme de la radioactivité. A ce titre, ces bioindicateurs sont également
contrôlés. En effet, si la consommation des poissons et d'autres animaux
aquatiques provenant de la Meuse ou de l’Escaut est réduite, par contre, celle de
ceux qui ont été pêchés en Mer du Nord peut être extrêmement importante.
En Mer du Nord :
Cette dernière reçoit directement, non seulement les effluents liquides des
installations nucléaires françaises et anglaises (par exemple pour la France : les
centrales nucléaires de Gravelines, via la Manche celles de Paluel, de Flamanville et
de la Hague (usine de retraitement), pour la Grande Bretagne : les centrales de
Dungeness, de Bradwell et de Sizewell) mais constitue également l’aboutissement
de plusieurs rivières recevant elles-mêmes des effluents radioactifs, entre autres la
Meuse et l’Escaut pour la Belgique.
C’est pourquoi, elle est étroitement surveillée par tous les pays riverains, signataires
des conventions d’Oslo et de Paris.
- 24 -
On y prélève essentiellement des poissons, des mollusques et des crustacés
pour y mesurer les principaux produits de fission ainsi que le 232Th, 226Ra, 90Sr et
le 3H.
4.3.1.
Faune et flore de la Meuse
Le site de Hastière intègre, rappelons-le, les rejets de la centrale nucléaire
française de Chooz. La végétation qui a été choisie comme bioindicateur est une
mousse commune en écosystème dulcicole : Cinclidotus danubicus. Les mousses
sont en effet connues pour être de bons intégrateurs de la radioactivité rejetée en
eau douce.
Les niveaux d'activité restent très faibles. En 1986, les mousses présentent un
niveau de concentration en radium 226 un peu plus important. Cette légère
augmentation d'activité ne peut être expliquée dans la mesure où il n'y a pas eu de
rejet significatif de radium par le centrale nucléaire de Chooz en 1986 (confirmé par
les données d'activité de l'eau de la Meuse à Hastière).
Un rejet de radium ne pouvant être imputé à l'accident de Tchernobyl, les
données à notre disposition ne nous permettent pas d'apporter une explication à ce
phénomène.
Végétaux aquatiques : site de Hastière
150
Bq/kg
100
50
0
1985
Cs-134
1986
1987
1988
1989
1990
Cs-137
Mn-54
Co-60
Ra-226
Th-232
Be-7
Le site d'Ivoz-Ramet intègre les rejets de la centrale nucléaire de Tihange ainsi
que les apports du bassin de la Sambre et des hôpitaux de la région namuroise et du
bassin de Charleroi.
Le niveau de contamination des mousses reste faible, tout au plus peut-on
mettre en évidence des teneurs plus élevées en 58Co de 1985 à 1987 qui
correspondent pour la tranche n°2 à un rejet un peu plus important de ce
radioélément durant cette période.
- 25 -
Végétaux aquatiques : site d'Ivoz-Ramet
150
Bq/kg
100
50
0
1985
Cs-134
1986
Cs-137
Mn-54
1987
Co-58
1988
Co-60
1989
Th-228
1990
Th-232
Be-7
Le site de Monsin intègre les apports du bassin liégeois (universités, hôpitaux).
On note, comme pour Ivoz-Ramet, que les mousses ont intégré des quantités un
peu plus importantes de 58Co, phénomène à mettre en relation avec un rejet un peu
plus marqué de ce radioélément par la tranche n°2 de la centrale nucléaire de
Tihange. Néanmoins, les niveaux d'activité restent très faibles.
Végétaux aquatiques : site de Monsin
150
Bq/kg
100
50
0
1985
1986
Cs-134 Cs-137 Mn-54
1987
Co-58
1988
1989
1990
Co-60 Th-228 Th-232 Be-7
Des poissons de la Meuse (gardons et brèmes) ont été également analysés (un
à trois échantillons annuels). Les poissons, rappelons-le, sont des intégrateurs à
plus long terme de la radioactivité rejetée dans l'eau.
- 26 -
Poissons (gardons) : site d'Ampsin
30
Bq/kg
25
20
15
10
5
0
1985
Cs-134
1986
Cs-137
1987
Mn-54
1988
Co-58
1989
Co-60
Poissons (brêmes) : site d'Ampsin
30
Bq/kg
25
20
15
10
5
0
1985
Cs-134
1986
1987
1988
Cs-137
Mn-54
1989
Co-58
1990
Co-60
Les activités mesurées sont en général inférieures aux seuils de détection, seul
un échantillon de gardons présente une quantité détectable de 58Co en 1988. Cette
présence de cobalt peut être due, cette année là, à un rejet un peu plus important de
ce radioisotope par la tranche n°1 de la centrale nucléaire de Tihange.
On note également, pour les deux espèces, l'apparition des radiocésiums en
1986 et 1987 (effet Tchernobyl). Néanmoins, les niveaux atteints sont à peine
mesurables, ce qui démontre que les apports de radiocésiums dus au lessivage du
nuage de Tchernobyl ont été quantitativement faibles.
Conclusions :
Les bioindicateurs de contamination radioactive des eaux douces choisis
(mousses aquatiques et poissons comme indicateurs à plus long terme) permettent
- 27 -
de mettre en évidence de faibles niveaux de contamination des eaux. En effet,
l'accident de Tchernobyl est "visible" (présence de 137Cs) bien que les teneurs
soient très faibles.
D'autre part, tout rejet un peu plus important de la part des centrales nucléaires
est immédiatement détecté : c'est le cas des rejets de cobalt 58 (et 60) effectués par
Tihange de 1985 à 1987 (tranche n°2).
Il est clair que ce type de contrôle doit être maintenu tout en devant être
complété par les données "en temps réel" que le réseau de surveillance TELERAD
pourra fournir (mesures en continu de l'eau avec échantillonnages en cas de
dépassement des niveaux d'alarme pour des analyses de spectrométrie gamma-béta
effectuées en laboratoire).
4.3.2.
Faune et flore de l'Escaut
Les algues marines (Fucus vesiculosus) prélevées à Yerseke (zone nord-est de
la presqu'île de Beveland en Hollande) ne concentrent pratiquement pas de
radioactivité.
Végétaux aquatiques : site de Yerseke
50
Bq/kg
40
30
20
10
0
1985
Cs-134
Cs-137
1987
Co-60
H-3
1988
Ru-106
1989
Ra-226
Th-232
Tout au plus détecte-t-on des traces de radium 226 issu du bassin industriel de
la Nete et en 1988, du tritium.
La présence de tritium est certainement due à un rejet plus important de ce
radioélément effectué par la centrale de Doel : 7,28 E+4 GBq pour 4 à 5 E+4 GBq
les autres années.
En ce qui concerne les sites de Kloosterzande et de Hoofplaat, situés sur la
partie estuarienne de l'Escaut au nord de la frontière belgo-hollandaise, les algues
prélevées concentrent plus de radium 226.
- 28 -
Végétaux aquatiques : site de Kloosterzande
200
Bq/kg
150
100
50
0
1985
Cs-134
Cs-137
1988
Co-60
H-3
1989
Ru-106
1990
Ra-226
Th-232
Ces zones de prélèvement sont en effet plus exposées aux apports de ce
radioélément par les eaux de l'Escaut qui ont reçu celles provenant du bassin de la
Nete.
Végétaux aquatiques : site de Hoofdplaat
200
Bq/kg
150
100
50
0
1985
Cs-134
1986
1987
Cs-137
Co-60
H-3
1988
Ru-106
1989
Ra-226
1990
Th-232
Comme à Yerseke, les teneurs détectées plus élevées en tritium, notamment en
1988, sont dues à une augmentation du rejet de ce radioélément par la centrale de
Doel.
Des poissons ont été pêchés mensuellement et analysés. Les activités sont le
plus souvent inférieures aux seuils de détection. Parfois, un lot mensuel de poissons
présente des teneurs plus élevées en tritium, ce qui se traduit sur les graphiques
présentés par des "pics" de valeurs annuelles associées à des barres d'erreurs
importantes.
- 29 -
Poissons : site de Kloosterzande
250
Bq/kg
200
150
100
50
0
1985
1986
1987
Cs-134 Cs-137 Co-60 Sr-90
1988
1989
1990
H-3 Ru-106 Ra-226 Th-232
Poissons : site de Hoofdplaat
250
Bq/kg
200
150
100
50
0
1985
1986
1987
Cs-134 Cs-137 Co-60 Sr-90
1988
1989
1990
H-3 Ru-106 Ra-226 Th-232
En général, ces valeurs mensuelles plus élevées correspondent à un rejet plus
important de tritium le mois correspondant et / ou le mois précédent la pêche de
l'échantillon.
Des crustacés ont été également prélevés et contrôlés. Comme pour les
poissons, un échantillon mensuel de crustacés présente des teneurs en tritium plus
élevées en 1987 pour le site de Kloosterzande. Seul le radium 226 est détectable
toutes les années. A Hoofdplaat, le radium est lui aussi mis en évidence au fil du
temps.
- 30 -
Crustacés : site de Kloosterzande
250
Bq/kg
200
150
100
50
0
1985
1986
1987
Cs-134 Cs-137 Co-60 Sr-90
1988
1989
1990
H-3 Ru-106 Ra-226 Th-232
Crustacés : site de Hoofdplaat
250
Bq/kg
200
150
100
50
0
1985
Cs-134
1986
Cs-137
Co-60
1987
Sr-90
1988
H-3
Ru-106
1989
Ra-226
1990
Th-232
Dans tous les cas les teneurs mesurées restent toujours faibles voire à peine
mesurables selon les radioéléments.
Conclusions :
Tout comme pour l'écosystème Meuse, les bioindicateurs analysés ici
réagissent bien à toute "injection" de radioactivité : des rejets plus importants de
tritium par la centrale de Doel (comme en 1988) sont immédiatement détectés.
Le radium est lui aussi bien concentré ce qui traduit l'impact du bassin de la
Nete sur l'écosystème estuarien de l'Escaut. Ces résultats, qui complètent ceux
obtenus via l'analyse des sédiments montrent que si la situation n'est ni grave ni
dangereuse pour la population, elle mérite d'être particulièrement suivie.
- 31 -
4.3.3.
Faune et flore de la Mer du Nord
Les principaux radioéléments détectés dans les végétaux marins (Fucus
vesiculosus) sont les tritium, cobalt et radium. L'apport de radiocésium dû à
l'accident de Tchernobyl ne peut être mis en évidence.
Néanmoins, les teneurs mesurées restent faibles dans l'absolu.
Végétaux aquatiques : mer du Nord
150
Bq/kg
100
50
0
1985
Cs-134
1986
Cs-137
1987
Co-60
1988
H-3*
Ru-106
1989
1990
Ra-226*
Th-232
En ce qui concerne la faune marine (poissons et crustacés), seul le tritium est
détecté régulièrement. Les teneurs enregistrées restent faibles ici aussi.
Poissons : mer du Nord
100
Bq/kg
75
50
25
0
1985
Cs-134
Cs-137
1986
Mn-54
1987
Co-60
1988
Sr-90*
- 32 -
1989
H-3*
Ru-106
1990
Ra-226*
Crustacés : mer du Nord
100
Bq/kg
75
50
25
0
1985
Cs-137
1986
Sr-90*
1987
1988
H-3*
1989
Ru-106
1990
Ra-226*
Conclusions :
Cette présence de tritium est la conséquence des rejets liquides des différentes
installations nucléaires françaises, anglaises, belges et hollandaises dans les eaux de
la mer du Nord.
Bien que ces installations effectuent des rejets inférieurs aux limites définies par
chaque pays pour chacune d'entre elles, ce radioélément est malgré tout intégré
dans les bioindicateurs qui sont prélevés à des fins de contrôle radiologique.
Leur capacité à concentrer cette radioactivité, même à des niveaux très faibles,
permet de mettre en évidence ces rejets et garantit surtout la mise au jour rapide de
tout rejet futur "hors norme", accidentel ou non.
- 33 -
5. RADIOACTIVITE DE LA CHAINE
ALIMENTAIRE
Depuis le début des années 60, l’I.S.P.L.P. (alors l'I.H.E.) a entrepris une
étude de la radiocontamination de la chaîne alimentaire. Pour ce faire, des
échantillons de lait (mélange national), de farine de froment, de viandes, de poissons
de mer et de rivière ainsi que de légumes, sont collectés mensuellement dans le
commerce. Ces échantillons sont ensuite analysés et leur teneur en radionucléides
est déterminée.
La radiocontamination des denrées alimentaires provient principalement de la
présence de produits de fission à longue durée de vie tels que le 90Sr et le 137Cs qui
résultent essentiellement des essais nucléaires ayant eu lieu dans l’atmosphère dans
les années 1960.
Dans le cas d’un éventuel accident (comme celui de Tchernobyl), une
augmentation de la radiocontamination sera surtout provoquée par la présence de
137
Cs, de 134Cs, de 90Sr, éventuellement de 103,106Ru, etc.
Ce programme de contrôle met en évidence, après plusieurs années
d’observation, le fait que l’influence des installations nucléaires n’est guère
perceptible sur les mesures de la radioactivité des denrées alimentaires.
Un contrôle régulier de la radiocontamination du lait provenant de laiteries est
donc préférable à un échantillonnage, trop aléatoire, des aliments consommés. En
effet, cette mesure reflète assez bien l’ingestion totale moyenne de radionucléides
artificiels par la population.
Donc, en routine, la détection du 137Cs présent dans un mélange de lait
pondéré semble être suffisant pour calculer le débit de dose efficace dû à
l’alimentation.
5.1. LAIT
Le lait est à la fois un aliment de grande consommation et un important
indicateur biologique du transfert des radionucléides, via la chaîne alimentaire, chez
l’homme. C’est pourquoi, il fait l’objet d’une surveillance régulière.
On collecte du lait de ferme et de laiterie. Les laiteries sont situées dans un
rayon proche des centrales nucléaires (20 km) en fonction de l’importance de leur
production. Les fermes sont localisées dans l’axe des vents dominants.
- 34 -
Les laiteries intègrent pratiquement la totalité de la production laitière de la région
tandis que les fermes servent de points types (niveau ponctuel de référence de la
radioactivité du lait).
Les radionucléides recherchés principalement dans les échantillons de lait
sont : le K-40 en ce qui concerne la radioactivité naturelle et les 3H, 131I, 90Sr,
134,137
Cs en ce qui concerne la radioactivité artificielle (émetteurs β et γ). Pour l’ 131I,
les méthodes d’échantillonnage et d’analyse ont du être adaptées étant donné sa
courte période de ½ vie (8 jours).
Les résultats portant sur la radioactivité naturelle du lait (potassium 40)
montrent que la teneur moyenne d'un litre de lait reste constante à environ
50 Bq/litre.
Lait : K-40
80
Bq/litre
60
40
20
0
1985
1986
Chooz
1987
1988
Tihange
1989
1990
Fleurus
Les autres radioéléments, émetteurs béta (tritium, iode 131 et strontium 90) et
gamma (radiocésiums 134 et 137) restent détectables mais les teneurs sont
globalement inférieures à celles du potassium 40.
Une exception concerne les teneurs en iode en 1986 : le radioiode n'est en effet
détectable qu'en mai 1986. Le pic mesuré dans le lait est dû, lui aussi, au dépôt et à
l'incorporation de l'iode dans les végétaux puis à son passage dans la chaîne
alimentaire (lait de vache).
L'effet "Tchernobyl" est très clairement mis en évidence, le pic 1986 étant dû
uniquement à la présence du radioiode durant le mois de mai.
Les données tritium sont en général inférieures aux seuils de détection des
appareils de mesure. Quand les valeurs sont supérieures à ces seuils (d'un facteur 3
au maximum), elles sont à peine significatives.
- 35 -
Lait : I-131
100
Bq/litre
80
60
40
20
0
1985
Doel
1986
Neuville
1987
1988
1989
Chooz
Tihange
1990
Fleurus
Lait : H-3
30
Bq/litre
25
20
15
10
5
0
1985
Doel
Veurne
1986
Neuville
Tihange
1987
Dion
Nieuwkerke
1988
Recogne
Watou
1989
Kallo
Pondéré
Les mesures en radiostrontium montrent que ce radioélément n'a quasiment
pas été transporté par le nuage de Tchernobyl jusqu'en Belgique. Comme l'indique
le graphique suivant, les teneurs du lait en strontium restent quasiment constantes
quels que soient le point de prélèvement et l'année considérés.
Tout au plus peut-on détecter une dispersion des résultats un peu plus
importante pour les années 86 et 87. Il faut par contre noter que la contribution de
ce radioélément est négligeable dans le bilan radioactif du lait : 0,2 Bq/litre au
maximum.
- 36 -
Lait : Sr-90
1,0
Bq/litre
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
1985
Doel
Veurne
1986
Neuville
Tihange
1987
Dion
Nieuwkerke
1988
Recogne
Watou
1989
Kallo
Pondéré
En ce qui concerne les radiocésiums (134 et 137), dont la présence a été mise
en évidence lors du passage du nuage de Tchernobyl, les mesures effectuées dans
le lait montrent qu'ils sont détectables en mai et juin 1986.
Lait : Cs-134
15
Bq/litre
10
5
0
1986
Chooz
1987
1988
Tihange
1989
Fleurus
A noter que les teneurs en 137Cs sont globalement le double de celles mesurées
en 134Cs, ce qui confirme bien l'origine "Tchernobyl" de cette légère contamination
(les radiocésiums ont été émis en un rapport 134/137 voisin de 0,5).
- 37 -
Lait : Cs-137
15
Bq/litre
10
5
0
1985
Doel
Kallo
Pondéré
1986
1987
Neuville
Veurne
Chooz
1988
1989
1990
Dion
Recogne
Nieuwkerke
Watou
Tihange
Fleurus
Enfin, chaque mois, un mélange national est réalisé à partir des principales
laiteries belges. Ce mélange est pondéré en fonction de l’importance relative de
chacune de celles-ci. La production de ces laiteries représente à peu près la moitié
de la production nationale. Ce mélange national est également contrôlé.
Les radiocésiums et le radiostrontium sont toujours détectés en 1986
(Tchernobyl). La teneur du lait en ces radioéléments décroît rapidement les années
suivantes et, même en 1986, celle-ci restait très faible et très largement inférieure aux
limites fixées par l'Union Européenne : 370 Bq/kg.
Lait national
60
Bq/litre
50
40
30
20
10
0
1985
1986
Cs-134
1987
Cs-137
1988
1989
Sr-90
1990
K-40
Il est intéressant de noter que la teneur en potassium-40 (radioactivité naturelle)
est bien supérieure : ≤ 50 Bq/litre.
- 38 -
Conclusions :
Le suivi mensuel de la contamination radioactive du lait appelle les remarques
suivantes :
-
le passage du nuage de Tchernobyl, le dépôt subséquent de radioactivité et
son transfert dans la chaîne alimentaire sont détectés (pics de radioactivité en
iode et en radiocésiums en mai-juin 1986),
-
à remarquer que même en 1986, les teneurs enregistrées (5 Bq/kg) étaient de
loin inférieures à la limite fixée par la réglementation communautaire en
radioprotection (règlement CCE n° 737/90 du 22 mars 1990 prolongé par le
règlement n° 686/95 du 28 mars 1995) qui fixe à 370 Bq/kg le niveau de
radioactivité maximale cumulée de césium 134 et 137,
-
les teneurs dues à la radioactivité artificielle en période de routine (hors rejets
accidentels) restent très faibles quand elles ne se situent pas au niveau des
seuils de détection des appareils de mesure,
-
les teneurs dues à la radioactivité naturelle sont de loin supérieures.
5.2. FARINE DE FROMENT
Celle-ci représente 90 % de la consommation de l’ensemble des céréales.
Les échantillons sont prélevés dans 16 moulins dont la production correspond
à plus de 60 % de la production totale. Trimestriellement, un échantillon pondéré est
préparé en tenant compte de l’importance relative de chaque moulin.
Farine de froment
2,0
Bq/kg
1,5
1,0
0,5
0,0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
Sr-90
Les résultats à notre disposition révèlent ici aussi la présence des césiums et
du strontium apportés par les nuages radioactifs dus à l'accident de Tchernobyl.
- 39 -
Les teneurs mesurées sont ici aussi très faibles quand elles sont détectables (le
plus souvent elles sont inférieures aux seuils de détection des appareils de mesure).
Conclusions :
Très vite après l'accident de Tchernobyl, les teneurs en radiocésium ont
diminué. L'état radiologique de ces farines ne présente dès lors pas de problème
sanitaire.
A remarquer que même en 1987, les teneurs enregistrées (0,5 Bq/kg) étaient de
loin inférieures à la limite fixée par la réglementation communautaire en
radioprotection (règlement CCE n° 737/90 du 22 mars 1990 prolongé par le
règlement n° 686/95 du 28 mars 1995) qui fixe à 600 Bq/kg le niveau de
radioactivité maximale cumulée de césium 134 et 137.
5.3. VIANDES
Dans un même animal, les divers organes ont des concentrations différentes en
radionucléides. Ces différences sont liées aux voies métaboliques empruntées par
les radioéléments pour pénétrer et éventuellement se fixer dans l'organisme - le
césium se fixe principalement dans les muscles et à plus long terme dans les os (il
"suit" le potassium), le strontium se comporte comme le calcium et se fixe quant à
lui dans les structures osseuses. Les facteurs physiologiques de concentration ou
des différences de teneur en graisse et en eau de ces organes interviennent
également.
Cependant, la partie comestible est, en général, constituée des muscles. Aussi,
il suffit de s'intéresser à la teneur des muscles en radiocésium pour avoir une idée
globale de la quantité de radioactivité pouvant être transférée à l'homme.
Cinq catégories de viandes sont normalement prises en compte :
-
viande bovine;
viande de porc;
viande de mouton (faible partie de la consommation en Belgique);
viande de cheval (également peu consommée en Belgique);
volaille (poulet).
Les données à notre disposition (viandes de bœuf et de porc) révèlent le bon
état radiologique des viandes consommées et ce, même après l'accident de
Tchernobyl survenu en avril 1986. En effet, les échantillons 1987 (qui intègrent en
fait une éventuelle contamination 86) ne présentent pratiquement pas d'activité
détectable (la majeure partie des échantillons mesurés avaient des niveaux d'activité
non mesurables car inférieurs ou égaux aux seuils de détection des appareils de
mesure).
- 40 -
Viande de bœuf
20
Bq/kg
15
10
5
0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
Viande de porc
20
Bq/kg
15
10
5
0
1987
1988
Cs-134
Cs-137
Conclusions :
Ici aussi, l'état radiologique des viandes, dont les résultats sont disponibles,
est très bon. Il faut de plus avoir à l'esprit que les viandes dont les niveaux d'activité
étaient les plus "élevés" étaient des viandes d'importation venant des anciens pays
du bloc de l'est (Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Yougoslavie, etc.).
Ces viandes ont été écoulées sans problèmes sur nos marchés dans la mesure
où leurs teneurs en radiocésiums étaient très inférieures à la limite de 600 Bq/kg.
5.4. POISSONS
On considère normalement deux catégories :
-
poissons de rivière (ex. brème, gardon, perche, carpe).
- 41 -
-
poissons de mer (ex. dorade, cabillaud : plus couramment
consommés);
En ce qui concerne les poissons de rivière pour lesquels nous avons des
données, les teneurs mesurées sont très faibles quand elles sont détectables.
Poissons de rivières
20
Bq/kg
15
10
5
0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
Conclusions :
Là encore, aucun problème radiologique à signaler.
5.5. LEGUMES ET FRUITS
Les légumes suivants sont considérés : laitues, épinards; poireaux, céleris,
choux-fleurs, carottes, chicons, tomates et pommes de terre.
Légumes
400
mBq/kg
300
200
100
0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
- 42 -
Sr-90
Les données analysées révèlent le bon état radiologique des légumes
consommés. En effet, seul le radiostrontium est détectable et ce, en des quantités
infimes : de l'ordre de quelques centièmes à dixièmes de Bq/kg.
Les fruits analysés sont des fruits à pépins, des prunes, des fruits rouges, des
figues ainsi que des fruits à coques.
Les radiocésiums sont détectés en 1987. Ils sont globalement présents dans un
rapport ½ (134Cs/137Cs), ce qui atteste de leur origine "Tchernobyl". Dès 1988, les
teneurs décroissent rapidement.
Fruits à pépins et prunes
2,0
Bq/kg
1,5
1,0
0,5
0,0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
Sr-90
Dans le cas des fruits rouges (cerises, fraises, framboises, groseilles et
myrtilles) :
Fruits rouges et figues
50
Bq/kg
40
30
20
10
0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
- 43 -
Sr-90
Les césiums sont présents à des niveaux plus élevés (ils sont concentrés dans
ces fruits). Ils sont toujours détectés en 1988 bien que les niveaux atteints soient
deux fois moindres qu'en 1987.
Il faut noter que les fruits secs "à coques" (noix et noisettes) présentent, bien
évidemment, des teneurs massiques plus élevées. Comme précédemment, les
teneurs mesurées sont deux fois plus faibles en 1988.
Noix et noisettes
150
Bq/kg
125
100
75
50
25
0
1987
Cs-134
1988
Cs-137
Sr-90
Ces teneurs sont inférieures à la limite fixée pour les radiocésiums par l'Union
Européenne pour la consommation de denrées alimentaires : 600 Bq/kg.
Conclusions :
Là encore, aucun problème radiologique à signaler. L'analyse de bioindicateurs
bien choisis (fruits secs et surtout fruits des bois comme les myrtilles) permet
d'évaluer très rapidement les risques afférents à la consommation de ces produits.
5.6. REMARQUES SUR LA CHAINE ALIMENTAIRE
Les mesures effectuées sur des denrées de consommation courante en
Belgique révèlent le bon état radiologique de ces dernières. L'impact de l'accident
de Tchernobyl est quasi inexistant comme les mesures de contrôle de
l'environnement pouvaient déjà le laisser penser.
Ce contrôle s'avère néanmoins nécessaire car il constitue un bon outil de
détection d'un incident ou d'un accident nucléaire, les produits mesurés jouant
souvent le rôle de bioindicateurs d'une pollution radioactive.
C'est pourquoi, les auteurs ont décidé de ne présenter dans le cadre de ce
rapport que les résultats des données préliminaires directement et aisément
"traitables".
Un ensemble de 15000 à 20000 données "denrées alimentaires" est en cours de
traitement; elles feront l'objet d'un document séparé qui regroupera l'ensemble des
- 44 -
10 années – 1985 à 1995. Ce document est en cours de réalisation au moment où le
présent rapport est édité.
- 45 -
6. REJETS ATMOSPHERIQUES ET LIQUIDES
DES SITES NUCLEAIRES
REJETS ATMOSPHERIQUES
Seules les données en provenance des centrales nucléaires sont disponibles.
En ce qui concerne le site de Tihange, tous les rejets sont largement inférieurs
aux limites fixées par la législation en vigueur : les activités rejetées atteignent 0,6 à
2,25% de la limite pour les gaz rares, 0,02 à 0,12% pour les aérosols (béta-gamma),
1 à 4% pour les iodes.
En ce qui concerne le site de Doel, tous les rejets sont ici aussi largement
inférieurs aux limites fixées par la législation en vigueur : les activités rejetées
atteignent 0,0001 à 0,0026% de la limite pour les gaz rares, 0,02 à 0,35% pour les
aérosols (béta-gamma), 0,3 à 4% pour les iodes et 0,6 à 1,8% pour le tritium.
Aucun problème radiologique à signaler compte tenu de ces résultats.
REJETS LIQUIDES
En ce qui concerne le site de Tihange (trois réacteurs) les limites des rejets
liquides sont fixées à 1,48 105 GBq en 3H et à 8,88 105 MBq en émetteurs bétagamma.
Rejets liquides de TIHANGE : Tritium
1,60E+05
1,40E+05
1,20E+05
GBq
1,00E+05
8,00E+04
6,00E+04
4,00E+04
2,00E+04
0,00E+00
1985
1986
1987
rejets
1988
1989
1990
limite
Comme le graphique précédent le montre, les rejets liquides les plus
importants en activité sont constitués par le tritium : ils fluctuent de 31 à 47% de la
limite.
Les rejets en émetteurs béta-gamma sont par contre très largement inférieurs à
la limite : ils atteignent 5 à 9% de celle-ci.
- 46 -
Rejets liquides de TIHANGE : Béta-gamma
1,00E+06
8,00E+05
6,00E+05
MBq
4,00E+05
2,00E+05
0,00E+00
1985
1986
1987
rejets
1988
limite
1989
1990
Pour le site de Doel (quatre réacteurs) les limites de rejet sont fixées à 1,04 105
GBq en 3H et à 1,48 106 MBq en émetteurs béta-gamma.
Les rejets liquides les plus importants sont constitués ici aussi par le tritium :
les rejets en ce radioélément fluctuent de 42 à 60% de la limite avec une valeur "pic"
de 70% en 1988.
Rejets liquides de DOEL : Tritium
1,60E+05
1,40E+05
GBq
1,20E+05
1,00E+05
8,00E+04
6,00E+04
4,00E+04
2,00E+04
0,00E+00
1985
1986
1987
rejets
1988
limite
1989
1990
Les rejets en émetteurs béta-gamma sont là encore très largement inférieurs à la
limite : ils atteignent 0,2 à 1,5% de celle-ci.
- 47 -
Rejets liquides de DOEL : Béta-gamma
1,60E+06
1,40E+06
1,20E+06
MBq
1,00E+06
8,00E+05
6,00E+05
4,00E+05
2,00E+05
0,00E+00
1985
1986
1987
rejets
1988
limite
1989
1990
Les rejets du site nucléaire de Mol sont effectués dans la Molse Nete via les
installations de Belgoprocess 2. Ces rejets doivent respecter une limite mensuelle
fixée à 166 GBq/mois soit 1,99 TBq/an selon la formule de pondération suivante :
βtotaux + 5 αtotaux + 3 I-131 + 7,5 Sr-90 + 300 Ra-226 + 10-3 H-3 ≤ 166 GBq/mois.
Les données dont nous disposons (1989 et 1990) montrent que ces rejets sont
inférieurs à 4% de la limite.
Rejets de MOL : Total Pondéré Annuel
2,50E+00
TBq
2,00E+00
1,50E+00
1,00E+00
5,00E-01
0,00E+00
1989
1990
Total Pondéré
Limite
Les rejets liquides de ces installations restant plus ou moins constants d'une
année à l'autre, un calcul de doses individuelles à la population permet d'évaluer les
conséquences d'une exposition le long de ces rivières (irradiation externe due aux
émetteurs béta et gamma contenus dans l'eau, les sédiments du fond et des berges).
Le logiciel "PC-CREAM" commercialisé en 1997 par le N.R.P.B. (National
Radiological Protection Board) et la Commission Européenne a été utilisé à cette
- 48 -
fin. L'ensemble des radioéléments rejetés et les quantités réelles (terme source) ont
été pris en compte dans le calcul ainsi que des paramètres physiques
caractéristiques des rivières considérées (débit, charge en matière en suspension
etc.). Une durée d'exposition moyenne de 30 heures/an a été retenue pour les
groupes critiques.
Ce calcul a été réalisé pour l'année 1988 pour les centrales nucléaires (année où
les rejets ont été les plus importants) et pour 1989 en ce qui concerne le site de Mol.
Le tableau suivant présente les résultats obtenus :
Dose individuelle annuelle maximale délivrée
Site nucléaire
Tihange (1988)
Doel (1988)
Mol (1989)
µSv/an
0,73
0,31
0,02
On remarque directement que l'impact des sites nucléaires pour la population
via les rejets liquides est négligeable. En effet, les limites de doses sont fixées pour
l'instant à 5 mSv/an pour la population (50 mSv/an pour les travailleurs exposés) et
devraient passer dans un avenir proche à 1 mSv/an (10 mSv/an pour les travailleurs
exposés).
Les centrales induisent donc pour un petit groupe de la population
(promeneurs, pécheurs, travailleurs sur les berges etc.) une dose 1000 à 2000 fois
plus faible que la limite la plus restrictive (1 mSv/an).
Conclusions :
L'analyse des rejets liquides opérés par centrales nucléaires montre clairement
que ces installations respectent les limites qui leur sont imposées et ce, d'autant plus
que ces rejets sont de loin inférieurs aux limites en question. Seuls les rejets de
tritium sont significatifs et représentent environ 50% des valeurs maximales
autorisées.
Un autre point intéressant à mettre en exergue concerne la quantité de déchets
liquides et solides générés par les centrales : si la production électrique totale reste
plus ou moins constante, la quantité de radioactivité rejetée dans les effluents
liquides tend à diminuer et ce constat est encore plus vrai quand on s'intéresse au
volume de déchets solides vitrifiés générés par TWh produit (graphique suivant).
- 49 -
Production des sites nucléaires belges
(centrales de Doel et de Tihange)
50
40
30
20
10
0
1986
1988
1990
1992
Années
Production nette (TWh)
Effluents liquides (GBq/TWh)
1994
1996
Déchets solides (m3/TWh)
Cela démontre les efforts effectués par les électriciens belges pour d'une part,
concilier des objectifs d'optimisation d'exploitation industrielle, notamment en
matière de réduction des volumes de déchets produits et des coûts associés, tout
en "minimisant" autant que possible, d'autre part, les rejets d'effluents (concept de
B.A.T. – "Best Available Technology" ou "meilleure technologie disponible" - en
matière de déchets liquides et solides).
Ce constat, rassurant, ne doit pas occulter la nécessité de continuer à assurer
un contrôle vigilant des installations nucléaires.
Cette surveillance doit être réalisée en continu via les réseaux automatiques de
surveillance (ancien réseau entourant les installations de Tihange et Chooz et
nouveau réseau national TELERAD) ainsi que par le biais de campagnes
d'échantillonnages des sites récepteurs potentiels de la radioactivité rejetée en
routine ou accidentellement.
- 50 -
7. CONCLUSIONS GENERALES
L'analyse des résultats obtenus dans le cadre de la surveillance radiologique du
territoire belge de 1985 à 1990 amène les commentaires suivants :
-
La situation radiologique du territoire belge est tout à fait satisfaisante.
-
Les normes de rejets en vigueur sont très bien respectées par les
exploitants des installations nucléaires.
-
Le programme de surveillance démontre son intérêt et sa capacité à
contrôler "finement" l'impact des radioéléments sur l'environnement et
dès lors sur l'homme : des "traces" de radioactivité artificielle, largement
inférieures à la radioactivité naturelle, sont détectées en routine.
La démonstration de ce potentiel est faite en 1986 où les retombées faibles sur notre territoire - de Tchernobyl ont été très clairement mises en
évidence.
-
La radioactivité naturelle (40K et 7Be) est de loin plus importante et
présente que la plupart des émetteurs béta-gamma artificiels.
-
Les bassins de la Nete et de l'Escaut doivent être suivis avec attention via
le vecteur des sédiments notamment. Une meilleure connaissance de
l'écosystème estuarien de l'Escaut pourrait fournir des paramètres précis
pour évaluer les doses à la population par l'intégration des rejets des
installations du bassin de la Nete et de ceux de la centrale de Doel.
En effet, l'attention doit être attirée sur la nécessité d'un suivi plus attentif
et exhaustif des sources de rejets (dont radium et thorium en particulier).
-
Les niveaux de radiocontamination des échantillons mesurés sont en
général extrêmement bas et de ce fait, la majeure partie des données
obtenues est non significative.
Cette situation est rassurante sur le plan sanitaire.
Par contre, elle est gênante quand il s'agit d'exploiter les résultats : en
effet, des mesures significatives autorisent une représentation plus précise
et réelle de la situation radiologique, des paramètres de transfert de la
radioactivité peuvent alors être dégagés et des calculs de doses à la
population s'en trouvent facilités.
De plus, en vue d'informer le public, il est utile de pouvoir illustrer de
manière plus conviviale et synthétique la situation radiologique du
territoire au moyen d'une représentation cartographique des résultats par
exemple.
- 51 -
Enfin, une banque de données utiles pourrait être constituée et mise à
disposition des équipes scientifiques de la communauté internationale.
Pour ce faire, un effort au niveau des échantillonnages devrait être
envisagé : augmentation du nombre de prélèvements de sédiments de
rivières et de sols parmi lesquels des sols forestiers - les forêts étant de
bons capteurs de la radioactivité atmosphérique – le tout accompagné
d'une standardisation des méthodes de prélèvements.
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Les informations en provenance du réseau TELERAD devront compléter
les données obtenues via le programme de contrôle de la radioactivité
atmosphérique et liquide. Il sera également nécessaire de réorganiser
l'ensemble de l'approche "terrain" par le choix judicieux de l'emplacement
et du nombre des stations d'échantillonnage ainsi que de la fréquence de
ceux-ci en vue de mieux intégrer le réseau TELERAD et le programme de
surveillance du territoire.
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