Boccace Ninfale Fiesolano Les Nymphes de Fiesole

Transcription

Boccace Ninfale Fiesolano Les Nymphes de Fiesole
Boccace
Ninfale Fiesolano
Les Nymphes de Fiesole
Traduit, présenté et annoté par Patrick Mula
Le contexte
Le Ninfale fiesolano est une œuvre de la maturité,
composée par Boccace à Florence, sans doute entre 1344
et 1346, après toutes les œuvres de jeunesse,
d’inspiration napolitaine (Caccia di Diana, Filostrato,
Filocolo, Teseida) ou florentine (Comedia delle ninfe
fiorentine, Amorosa Visione, Elegia di Madonna
Fiammetta).
Le livre
Ce récit, qui entre dans le genre de la poésie pastorale,
est, par rapport aux œuvres précédentes, libéré des
lourdeurs de la mythologie savante, comme de toute
concession à l’allégorie et à la tradition ou à
l’ornementation littéraire. Il échappe ainsi à toute
préoccupation érudite ou encyclopédique de son époque.
Très différent de la plupart des ouvrages précédents de
l’auteur, c’est un récit sans ostentation de culture mais
aussi sans emphase, mettant en œuvre avec une grande
finesse psychologique des sentiments naturels et
touchants, élémentaires et éternels du cœur humain, au
long de scènes, dialogues et monologues servant la quête
de l’amour ou son souvenir. On y trouve l’expression
lyrique du sentiment amoureux le plus naturel et le plus
authentique, avec sa cohorte de désirs, de souffrances et
de plaisirs. C’est toute la complexité de la psychologie
humaine qui vient nourrir et humaniser l’affrontement
entre la passion naturelle et la coercition sociale.
D’autres sentiments naturels encore, présents au long de
diverses scènes intimistes, comme la découverte de la
maternité, l’affection maternelle ou paternelle, voire la
tendresse et l’amour des grands-parents, mettent en
scène avec une grande délicatesse les rapports entre
parents et enfants au sein du cercle familial, et en général
la profonde et pleine humanité des personnages.
Résumé
À une époque préhistorique, sur les hauteurs de Fiesole
près de Florence, un jeune pâtre solitaire, passionné et
fougueux, découvre le sentiment d’amour. L’élue est une
jeune et fraîche nymphe innocente et pure, farouchement
attachée à son indépendance et à éviter tout commerce
avec l’homme. En dépit des interdits et des réticences,
l’idylle finit par se nouer.
À retenir
BOCCACE en 2013
• Célébration : en 2013 sera célébré le 7e centenaire
de la naissance de Boccace, né en 1313.
• PRIX BOCCACE : Un prix littéraire français,
désigné comme « Prix Boccace » a été créé en 2011
pour récompenser chaque année un recueil de
nouvelles écrites en français dans l'année de
l’attribution du prix.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Boccace
http://www.loiret.com/cinq-recueils-en-lice-pour-leprix-boccace-actualite-32555.htm
En librairie le 14 septembre 2012
Bibliothèque italienne
12,5 x 19 cm
250 pages
ISBN 978-2-251-73037-0
45.00 euros
Littérature étrangère
Poésie
Mais au désir du garçon de prolonger et pérenniser le
temps de l’amour s’opposent le sentiment de culpabilité
et le regret de la nymphe d’avoir un temps cédé. Elle se
soustrait aux promesses et se cache tandis qu’il cherche
désespérément à la retrouver. Ils ne se retrouveront pas,
et si le garçon au comble désespoir commettra contre luimême l’irréparable, la nymphe quant à elle sera
métamorphosée en source par le sortilège de la déesse
Diane trahie, à laquelle elle avait voué sa virginité.
L’histoire des deux amants Africo et Mensola donne
prétexte à un affrontement entre passion et chasteté,
entre amour et interdit, en somme entre Diane et Vénus,
lequel deviendra peu après dans le Décaméron un
affrontement entre force de la nature et convention
sociale.
Style
Boccace a choisi de donner à son chant la forme et les
caractéristiques de la poésie narrative, d’adapter son
style au code littéraire des poèmes médiévaux, de sujet
classique ou bien chevaleresque, que l’on désigne en
Italie sous le nom de « cantari » parce qu’ils étaient
destinés à la récitation. Les traits principaux de ce genre
littéraire qu’a utilisés Boccace concernent le caractère de
la récitation publique, à l’adresse d’un vaste public
populaire et bourgeois, d’auditeurs peu soucieux de
haute culture et plutôt désireux de se divertir. La
première caractéristique du « cantare » est le choix de la
forme versifiée en « ottava rima », c’est-à-dire en
huitains d’hendécasyllabes. L’ensemble des procédés de
style, qui nouent un lien étroit avec le public, sont
associés à un langage simple, un style direct et une
narration linéaire, pour conférer au récit une grande
fluidité, en accord avec le milieu pastoral et l’ambiance
rustique du sujet.
Fortune et traductions
Autrefois considéré comme un livre à la moralité
douteuse, sans doute à cause du détournement de la
jeune fille chaste, séduite dans un premier temps contre
son gré, le Ninfale fiesolano n’a connu qu’une diffusion
somme toute limitée en dépit de ses charmes, charme du
sujet et de son traitement, de son écriture et de son style.
S’il fut imprimé neuf fois entre XVe et XVIe siècle,
époque de très grande ferveur éditoriale, il ne l’a été que
trois ou quatre fois par la suite, aux époques les plus
moralisatrices, jusqu’au XIXe siècle inclus.
Le texte a été traduit en espagnol (1997), l’a été
plusieurs fois en anglais (1952 ; 1960 ; 1971 ; 1974) et
également une fois en russe (1934), mais jamais en
français, si ce n’est au XVIe siècle, dans une version en
prose très libre, celle d’Antoine Guercin du Crest, datant
de 1556 (à Lyon, chez Gabriel Cotier), une version
qu’on n’appellerait plus aujourd’hui traduction tant la
pratique de la traduction était alors éloignée de la nôtre.
Notre traduction
Texte d’origine :
• Giovanni BOCCACCIO, Ninfale fiesolano, a cura di
Pier Massimo Forni, Milano, Mursia, 1991. C’est
l’édition du texte présenté, saisi, à partir duquel a été
conduite la traduction française. Cette édition reprend le
texte critique établi par Armando Balduino en 1974 :
• Giovanni BOCCACCIO, Ninfale fiesolano, edizione
critica a cura di Armando Balduino, in Tutte le opere di
Giovanni Boccaccio, a cura di Vittore Branca, vol. III,
Milano, Mondadori, 1974, p. 173-421 et 752-847.
Les 473 huitains d’hendécasyllabes (ABABABCC) de
cette poésie pastorale sont rendus dans la traduction
française en huitains de décasyllabes librement rimés ou
assonancés.
Réalisée d’après l’édition critique moderne (Balduino,
1974), la traduction respecte la forme poétique, le
découpage en huitain et les divisions scandées par des
rubriques elles aussi versifiées. La traduction ne
comporte que quelques très rares notes de bas de page
(13 au total).
Boccace né en 1313, alors que Dante est en train d’écrire
la Divine Comédie, est originaire de Florence, en
Toscane.
Proche de la bourgeoisie guelfe modérée au pouvoir, il
est reconnu dans sa cité, par son activité littéraire et son
engagement civique, en tant que personnage de premier
plan capable de contribuer à donner du lustre au blason
de la ville. Il écrit alors pour un public nouveau, large et
varié, la bourgeoisie, moins sensible au rêve qu’à la
réalité, le public d’une cité qu’il ne cessera de chercher à
éduquer, et dont il entend rechercher les racines
historiques idéales, avec la Comedia delle ninfe
fiorentine (1341-1342) et l’Amorosa Visione (1342),
voire bâtir une suggestive et flatteuse histoire des
origines destinée à en légitimer l’existence
contemporaine, précisément avec le Ninfale fiesolano,
rédigé sans doute entre 1344 et 1346, avant de lui
consacrer son chef-d’œuvre, le Décaméron, quelque cinq
ans plus tard (1349-1351).
Patrick Mula est maître de Conférences à l’Université
Stendhal-Grenoble III. Spécialiste de langue et littérature
italiennes du Moyen âge et de la Renaissance, il a déjà
publié :
• Gabriel CHAPPUYS, L’Art des Secrétaires (1588).
Édition diplomatique complète d’un imprimé du XVIe
siècle, parue, avec critères d’édition et illustrations, dans
un tome à part de la revue Filigrana (VI, 2000-2001), «
La Lettre, le Secrétaire, le Lettré, de Venise à la cour
d’Henri III », tome II, 286 pages.
• Dino COMPAGNI, Chronique des événements
survenant à son époque, édition et traduction par Patrick
Mula,
Université
Stendhal-Grenoble3,
ELLUG
(collection « Paroles d’ailleurs »), 2002, 320 pages.
Comprend un appareil critique complet (présentation
critique, notes, encadrement et commentaire historiques,
index lexical détaillé, bibliographie).
• MACHIAVEL, Écrits littéraires en prose, textes
présentés, traduits et annotés par Patrick Mula,
Université Stendhal-Grenoble3, ELLUG (collection «
Paroles d’ailleurs »), 2011, 174 pages.
www.lesbelleslettres.com
Sommaire :
• Introduction
• Note biographique sur l'auteur Boccace
• Éléments de bibliographie
• Note philologique
• Texte en italien : Ninfale fiesolano
• Texte traduit : Les Nymphes de Fiesole