Les Juifs à Cracovie

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Les Juifs à Cracovie
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LES JUIFS A CRACOVIE
La première mention d’une présence juive à Cracovie dans les sources écrites date de la
seconde moitié du XIIe siècle. On y fait référence dans un document de 1304 qui confirme l’existence du Judengasse (« rue juive » correspondant aujourd’hui à la rue Sainte
-Anne).
Au Moyen-Âge, l’immigration des Juifs vers Cracovie s’amplifie en raison des persécutions en Europe occidentale. Mais la ville est, elle-même, à plusieurs reprises le théâtre
de violences et d’accusations anti-juives au courant des XIVe et XVe siècles. C’est d’ailleurs après le grand incendie de 1494 que les Juifs dont expulsés de Cracovie. Ils s’établissent alors dans la partie juive de la ville voisine de Kazimierz, créée en 1335 par le
roi Casimir le Grand, qui lui donne son nom.
Cette ville bâtie à l’origine pour concurrencer Cracovie atteint son « âge d’or » au cours
du XVIe siècle et jusqu’à la première moitié du XVIIe. A cette époque, cinq synagogues
sont érigées. Outre la « Vieille synagogue », datant sans doute de 1407 et reconstruite
en 1570, sont fondées les synagogues Remuh (1553-1556), Haute (1556-1563), Popper
(1620), Isaac (1638-1944) et Kupa (1635-1647).
L’essor se manifeste également dans les domaines de la science et de la pensée religieuse, avec des personnalités comme le rabbin Moïse Isserles (surnommé Remuh) connu dans le monde juif pour avoir codifié la loi religieuse et les coutumes des Juifs ashkénazes dans un livre intitulé Mappa (« Nappe »).
La situation des Juifs de Kazimierz se dégrade peu à peu lorsque Varsovie devient la capitale du royaume de Pologne (1609). Il faudra ainsi attendre 1862 pour qu’une nouvelle synagogue soit construite. Il s’agit de la synagogue Tempel, pour la communauté
libérale.
A cette époque, les autorités autrichiennes, en place depuis la fin du XVIIIe siècle, ont
déjà décidé de réunir Cracovie et Kazimierz, qui devient ainsi un quartier de la ville principale (1800) et en 1867, les Juifs sont autorisés à s’installer où ils le souhaitent. Les
plus aisés quittent donc le quartier juif pour le centre-ville.
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Pendant l’entre-deux-guerres, la vie culturelle et sociale des Juifs de Cracovie est florissante, notamment grâce à la presse et au théâtre juifs. Des Juifs sont également
membres du conseil municipal ou professeurs à l’Université Jagellonne de Cracovie.
Avant la Seconde Guerre mondiale, environ 68 000 Juifs vivaient à Cracovie (soit 25%
de la population de la ville), 70% d’entre eux se trouvant toujours à Kazimierz.
Les persécutions contre les Juifs débutent dès les premiers jours d’occupation de la
ville par les troupes allemandes (6 septembre 1939). La plupart d’entre eux sont expulsés entre 1939 et 1941 et le 3 mars 1941, un ghetto est créé dans le quartier de
Podgorze. Celui-ci s’étend sur 20 hectares dans lesquels sont entassés environ 18 000
Juifs.
En juin et octobre 1942, près de 12 000 Juifs sont déportés et immédiatement assassinés au centre de mise à mort de Bełżec, au cours de deux grandes actions. La « liquidation » du ghetto a lieu en mars 1943. Près de 3 000 personnes « inaptes » au
travail sont déportées et gazées à Auschwitz-Birkenau, environ 2 000 sont tués au
cours de la « liquidation ». Les autres sont envoyées au camp de concentration de
Płaszow, situé dans un faubourg de Cracovie.
Moins de 10% de la population juive de Cracovie a survécu à l’occupation allemande.
Certains tentent de revenir dans la ville après la guerre, mais sont victimes le 11 août
1945 d’un pogrom qui fait au moins un mort et de nombreux blessés. Ces violences et
la campagne antisémite de mars 1968 incite la plupart des derniers Juifs à quitter Cracovie et la Pologne.
Aujourd’hui, une partie de la population retrouve ou découvre ses origines juives et
essaye de renouer des liens avec la culture de ses ancêtres. Le quartier de Kazimierz
est en plein renaissance, notamment depuis la création en 1988 d’un festival de culture juive et le tournage en 1993 du film La liste de Schindler par Steven Spielberg.