Si je ne faisais pas des vers, ma vie ne serait pas

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Si je ne faisais pas des vers, ma vie ne serait pas
REPERES CHRONOLOGIQUES
« Si je ne faisais pas des vers,
ma vie ne serait pas la mienne, je ne serais pas moi-même.»
1892. Le 26 septembre [8 octobre], naissance de Marina Ivanovna Tsvétaeva, à Moscou.
Son père : historien d’art et professeur d’université, fondateur du musée des Beaux-Arts
de Moscou (actuel musée Pouchkine). Veuf et père de 2 jeunes enfants (Andréï et
Valéria), Ivan Tsvétaev s’est remarié en 1891 avec Maria Meyn : 22 ans, issue de la
noblesse polonaise, musicienne passionnée qui ne put réaliser sa vocation par
interdiction paternelle. « Influence dominante de ma mère (musique, nature, poésie,
Allemagne. Passion pour la judéité. Seul contre tous. Heroica). Influence plus secrète,
mais non moins forte de mon père (passion du travail, absence d’arrivisme, simplicité,
renoncement). Influence conjuguée de mon père et de ma mère : caractère spartiate.
Deux leitmotive dans la maison : Musique et Musée. Atmosphère non bourgeoise, non
intellectuelle – chevaleresque. » 1894. Naissance de sa sœur Anastassia (Assia).
Première enfance à Moscou et Taroussa (Kalouga). « J’écris des vers depuis l’âge de six
ans. » Apprentissage du français dès 7 ans.
1902-1906. Séjours à l’étranger (Italie, Suisse, Allemagne). 1902. Premier voyage près de
Gênes, pour soigner Maria Meyn, atteinte de tuberculose. Puis en pension avec Assia,
dans une école française de Lausanne. 1904. Pension catholique de Fribourg-enBrisgau. 1905. Séjour en Crimée, lycée de Yalta. 1906. Le 5 juillet, mort de Maria Meyn,
à Taroussa.
1906-1908. Études secondaires dans divers lycées de Moscou. Étés à Taroussa. Et
lectures ferventes de Pouchkine, Goethe, Heine, Hölderlin... 1908. Premiers poèmes
publiés dans des revues. Rencontre avec Brioussov.
1909. Part seule à Paris, voir Sarah Bernhardt dans l’Aiglon. Cours à l’Alliance française et
de littérature française ancienne à la Sorbonne.
1910. Publie, sans rien dire à personne, un premier recueil de poésie Album du soir,
remarqué entre autres par Maximilian Volochine qui l’invite chez lui, à Koktebel en
Crimée, l’année suivante.
1911. Elle y rencontre Sergueï Efron, jeune étudiant âgé de 17 ans. « Je décide que jamais
quoi qu’il arrive, je me séparerai de lui et je l’épouse. » Malgré l’opposition familiale.
1912. Le 27 janvier, mariage avec Sergueï Efron. Puis voyage en Italie, Allemagne et Paris.
Publication d’un deuxième recueil La Lanterne magique.
Le 5 septembre, naissance d’Ariadna (Alia).
« De 1912 à 1922, je ne publie rien, bien que j’écrive sans arrêt. »
1913. Publication d’un volume Extraits des deux livres, reprenant les précédents. Mort de
son père, le 30 août.
1914. La guerre. Sergueï part comme infirmier sur le front.
1915. Composition du recueil Poèmes de jeunesse.
Juillet, rencontre Ossip Mandelstam, à Koktebel.
1916. Voyage à Pétersbourg. Composition des cycles Insomnie, Poèmes à Moscou, Pour
Akhmatova, les premiers Poèmes à Blok.
1917. Révolutions. Entre celle de février et celle d’octobre, naissance d’Irina, le 13 avril.
Sergueï rejoint les rangs de l’Armée blanche.
1918-1922. Marina est bloquée à Moscou, seule avec ses filles.
1918. Employée quelques mois au Commissariat du peuple aux nationalités. Poèmes à ma
fille.
1918-1919. Passion pour le théâtre. Liée au milieu des studios du Théâtre d’art, elle écrit
un cycle romantique de 6 pièces en vers dont Une aventure, Le Phénix. Écriture des
carnets des Indices terrestres.
1920. En février, mort d’Irina (malnutrition). Le Tsar-demoiselle.
Derniers poèmes du Le Camp des cygnes célébrant l’Armée blanche.
1921. Premières nouvelles (après 3 ans sans aucune), en juillet, de Sergueï à l’étranger.
Amitié avec le prince Volkonsky.
Sur mon cheval rouge (poème épique dédié à Akhmatova). Derniers Poèmes à Blok
(mort le 7 août).
1922. Publication à Moscou, de Verstes I (poèmes 1916) et Verstes II (1917-1920), dont la
lecture enthousiaste de Boris Pasternak marque le début, en juin, d’une longue
correspondance. L’Averse de lumière, essai sur la poésie de Pasternak.
Le 11 mai, départ pour Berlin avec Alia.
En juillet, elles retrouvent Sergueï qui les emmène à Prague, où il poursuit des études
universitaires. Comme d’autres écrivains réfugiés, Marina Tsvétaeva reçoit des subsides
du gouvernement tchèque, dans le cadre de l’Action russe.
Août 1922 ~ Octobre 1925
LA TCHECOSLOVAQUIE
Le 1er août 1922, arrivée à Prague. Emménage à Mokropsy, un village des environs.
Septembre, Anna Tesková entre en relation avec Tsvétaeva.
Publication à Berlin des recueils Séparation, puis Psyché, Le Métier, l’année suivante.
1923. Septembre, s’installe à Prague (Smíchov). Le Chevalier de Prague.
Vive et brève passion pour Konstantin Rodzévitch.
1924. Écrit après, entre janvier et juin, ses deux grands poèmes : Poème de la montagne,
Poème de la fin.
À l’automne, la famille emménage dans la banlieue, à Vesnory.
Écriture de la 1ère partie d’une trilogie dramatique autour de Thésée (Ariane).
Publication du poème-conte Le Gars.
1925. Le 1er février, naissance de Guéorgui (Mour). Collaboration avec diverses revues et
notamment Liberté de la Russie qui publie le poème Le Charmeur de rats.
Le 31 octobre, part pour Paris, avec ses enfants.
Novembre 1925 ~ Juin 1939
LA FRANCE
Ils logent dans le XIXe arrondissement. Sergueï Efron les rejoint à Noël.
1926. Sergueï participe au mouvement eurasien, et travaille pour la revue Verstes.
Bref séjour à Londres en mars. L’essai Le Poète et la Critique.
En mai, par l’entremise de Boris Pasternak, elle reçoit les Élégies de Duino de Rilke,
avec qui elle noue une relation épistolaire. Été 1926, Saint-Gilles-sur-Vie en Vendée,
l’été de la “Correspondance à trois” avec Rilke et Pasternak. Les poèmes Envoyé de la
mer, Tentative de chambre, Poème de l’escalier.
Automne 1926, emménage à Bellevue.
Le 29 décembre, mort de Rilke.
1927. Lui écrit le poème Lettre de Nouvel An, et le récit Ta mort.
Printemps, installation à Meudon. Le Poème de l’air, Phèdre (2e partie de Thésée).
1928. Amitié passionnée pour Nikolaï Gronsky.
Publication de Après la Russie (poèmes 1922-1925), dernier recueil à paraître de son
vivant. Le Petit Taureau rouge, Pérékop.
7 novembre, rencontre avec Maïakovski.
1929. L’essai sur le peintre Nathalie Gontcharova. Elle traduit en russe Quelques lettres à
R.M. Rilke, et en français son Gars.
Bref voyage à Bruxelles.
Fin de la revue Eurasie, dirigée par Sergueï Efron.
1930. Achève le cycle de poèmes À Maïakovski, sous le coup de son suicide le 14 avril.
Poème sur la famille impériale.
1931. Éclatement du mouvement eurasien.
Histoire d’une dédicace, souvenirs sur Mandelstam, les Poèmes à Pouchkine, l’Ode à la
marche à pied.
Fin des subsides tchèques.
1932. Clamart. Poèmes à mon fils. Les essais Le Poète et le temps, L’Art à la lumière de la
conscience, Épopée et lyrisme dans la Russie contemporaine (Maïakovski et Pasternak).
En français : Lettre à l’Amazone, Neuf lettres avec une dixième retenue et une onzième
reçue.
Fin de la revue Liberté de la Russie.
Souvenir sur Volochine (disparu le 11 août), De vie à vie.
1933. Sa poésie n’est plus publiée : « En général, j’ai été et j’avais la renommée d’être
dans l’émigration un loup blanc (une isolée). » Une écriture-mémoire, dont les premiers
récits autobiographiques, certains en français, Mon père et son musée.
Sergueï Efron dirige une association prosoviétique, encourageant les émigrés au retour
en U.R.S.S., et qu’il fréquente depuis 1931.
1934. Les récits d’enfance : Les Flagellantes, Le Diable, Ma mère et la musique, Le Conte
de ma mère, La Maison du Vieux Pimène. Écrit L’Esprit captif sur Andréï Biély (mort le 8
janvier).
Octobre, Vanves.
Décembre, mort de N. Gronsky.
1935. En juin, Congrès international pour la défense de la culture, et la « non-rencontre »
avec Boris Pasternak..
1936. Un soir ailleurs, sur Kouzmine qui vient de disparaître.
Lectures à Bruxelles (mai). Correspondance avec Anatoly Steiger. Poèmes à l’orphelin.
Guerre d’Espagne. Sergueï recrute clandestinement pour les Brigades internationales. À
Moscou, début des grands procès.
1937. Mon Pouchkine, Pouchkine & Pougatchov. Traduction en français de poèmes de
Pouchkine, pour le centenaire de sa mort.
Le 15 mars, Alia retourne en U.R.S.S. Elle lui apprend la disparition d’une amie,
Tsvétaeva écrit alors Histoire de Sonetchka.
Compromis dans une aVaire politico-criminelle, Sergueï Efron quitte précipitamment la
France pour l’U.R.S.S., le 10 octobre.
1938. Marina Tsvétaeva commence les démarches pour le rejoindre.
Fin septembre, les accords de Munich, puis l’annexion des Sudètes.
Poèmes à la Tchécoslovaquie.
Après l’été, elle et son fils logent à l’Hôtel Innova dans le XVe arrondissement, à Paris.
1939. En mars, les troupes allemandes envahissent la Tchécoslovaquie. Le 12 juin, départ
pour l’U.R.S.S. par Le Havre.
Arrivée à Moscou le 18 juin. La famille réunie passe l’été à Bolchevo, près de Moscou.
Le 27 août, Alia est arrêtée. Le 10 octobre, Sergueï.
1940. Changement fréquent de domiciles dont la Maison de l’Union des écrivains à
Moscou. Traductions “alimentaires” de poésie.
1941. Le 22 juin, les troupes allemandes franchissent la frontière de l’U.R.S.S. Le 21 août,
elle est évacuée avec son fils vers Élabouga, en Tartarie. Elle met fin à ses jours le 31
août.
Le 16 octobre, Sergueï est exécuté.