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édito « Face à la roche, le ruisseau l’emporte toujours, non pas par la force mais par la persévérance. » Jackson Brown La persévérance, c’est la capacité de persister ou de tenir bon malgré les vents contraires et les tempêtes. Elle est la qualité des hommes qui n’abandonnent jamais la vision ou le but ultime de leur vie, et qui luttent contre le découragement. Elle devient compliquée quand il s’agit de déterminer si on doit continuer dans la voie que l’on s’est fixée parce que la persévérance sans réflexion intelligente peut être dangereuse. Il est important de s’arrêter un peu et de prendre le temps de la réflexion dans notre monde où tout va très vite. Nous cherchons tous à nous améliorer malgré les obstacles et les difficultés qui nous font face. Désirer quelque chose prend du temps et cela nous permet d’accumuler l’énergie nécessaire à sa réalisation. Le désir naît du manque et représente l’effort que nous mettons à combler ce sentiment de vide. Cette force et cette volonté permettent concrètement d’avoir en soi la persévérance (Pierre Cocheteux). Cette persévérance fait partie de l’ADN des Cuisiniers de France, elle a permis depuis 1840 de conserver et de transmettre les valeurs de ses fondateurs. Les femmes et les hommes dont les histoires sont relatées dans notre revue sont les témoins vivants que la persévérance est la force de leurs succès. Marie-José Le Guen-Geffroy, Jacques Abramczyk, Inaki Aizpitarte, Yann Couvreur, Bruno de Monte, Jean-Jacques Massé, les candidats du Bocuse d’or et du concours de l’un des Meilleurs Ouvriers de France ou tout simplement Monsieur Paul Bocuse nous livrent une formidable preuve que la persévérance est le chemin le plus court vers la réussite de sa vie. Votre dévoué Pierre MIECAZE La Revue Culinaire N°894 mars/avril 2015 1 © iStock / Thinkstock - © Studio Rougereau L’excellence du goût à la Française www.bridordefrance.com 2 La Revue Culinaire N°894 mars/avril 2015 Sommaire N° 894 mars avril 2015 4 En couverture Jean-Jacques Massé 22 Cuisinière de la république Marie-José Le Guen-Geffroy p.4 p.22 32 Tendance Inaki Aizpitarte 42 Pâtissier Yann Couvreur 54 Avenir de la profession Bruno de Monte 58 p.32 Une passion, une famille p.42 Groupe Mandar 64 VIE DE LA SOCIéTé Sirha 2015 73 Prosper Montagné 78 Livres express p.54 La Revue Culinaire N°894 p.64 En couverture, Jean-Jacques Massé Photo : Sylvain Monjanel © 2015 mars/avril 2015 3 4 La Revue Culinaire N°894 mars/avril 2015 En couverture La Grande Épicerie de Paris Jean-Jacques Massé « Anticiper les goûts de demain » Cuisinier d’abord, cuisinier ensuite ! Entre les deux, un parcours à la découverte des arcanes de la grande restauration de chaîne et des méandres de la grande distribution, pour avoir une vision globale et contemporaine de la profession, à tous ses échelons. Restait une dernière approche pour boucler la boucle : la perception du produit par le client, afin d’anticiper sa demande. Portrait de Jean-Jacques Massé, grand chef (d’orchestre), directeur de la gastronomie de La Grande Épicerie de Paris. « Grande » Épicerie de Paris ! L’adjectif n’a rien de superlatif pour cette filiale du Bon Marché, affichant 3 665 m2 de superficie, tandis que Jean-Jacques Massé est à la tête d’une armée qui compte quatre généraux qu’il aime mettre en avant : Émilien Windels, chef de La Table, restaurant gastronomique de l’enseigne ; Jérémie Valdes (chef du laboratoire-cuisine, en charge de la production froide et chaude) ; Loïc Cabrero (chef pâtissier), Nicolas Queruel (chef boulanger). Au total, un effectif de quatre-vingts personnes pour assurer les pôles différents mais complémentaires que sont la restauration gastronomique (La Table), les restaurants et comptoirs annexes, les rayons du magasin (traiteur, boulangerie, pâtisserie), le service traiteur événementiel, sans oublier, en exergue, les cours de cuisine. À Jean-Jacques Massé, le mérite d’avoir écrit cette nouvelle page d’histoire de La Grande Épicerie de Paris rénovée, non sans y avoir ajouté ce qu’il faut pour être dans l’ère du temps, exigence passant par la quête constante de nouveaux fournisseurs parmi les plus talentueux, comme des produits les plus originaux. Mais aussi par la créa tion de concepts, comme Cook on the spot, espace-animation consacré à la vente à emporter, privilégiant les cuissons au wok, à la plancha, à la vapeur avec la latitude, pour le client, d’y apporter sa touche personnelle. Ce qui aurait séduit sa grand-mère si, à son époque, elle avait été parisienne et si La Grande Épicerie de Paris avait existé ! Jacques Sénéchal Car, lorsqu’il voit le jour le 15 mars 1956 à Quimper, voilà déjà deux ans que l’hôtel Brizeux à Scaer (Finistère) est répertorié dans le guide Michelin pour ses menus, dont le plus coûteux n’excède pas l’équivalent de 10 €. Un ancien relais devenu Logis de France dont la grand-mère Marie, autodidacte des fourneaux, a d’abord tenu les rênes avant de les confier à son fils Henri. Bon sang ne sachant mentir et l’affaire tournant rondement – notamment remarquée par le guide Kléber pour ses bons plats régionaux –, Jean-Jacques, venant d’obtenir son brevet scolaire, entre en apprentissage chez son père. Acquérant les bases en famille, il intègre l’école hôtelière Sainte-Anne de Saint-Nazaire, où il a la chance La Revue Culinaire N°894 mars/avril 2015 Un petit Breton au chapeau rond. d’avoir notamment comme professeur Jean Guérin, finaliste du MOF en 1972 et chef étoilé Michelin en 1980 en son restaurant Lucullus à Batz-sur-Mer, pour sa cuisine très contemporaine (ris de veau homardine, pot-au-feu de la mer). Quand, en mai 1974, avec son CAP de cuisinier en poche, il quitte l’enseigne familiale pour se rendre à Paris et intégrer la brigade étoilée 5