322 P12-17 MARTY WILDE

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322 P12-17 MARTY WILDE
Born to Rock’n’Roll
MARTY WILDE
A l’été 1958, Jacques Barsamian, en vacances à
Londres, découvre à la radio Marty Wilde dans
« Endless Sleep ». En 1959, il obtient trois succès avec des reprises d’airs américains, plaçant 14 titres au hit-parade anglais de 1958
R
eginald Leonard Smith naît le 15 avril 1939
à Blackheath, banlieue sud de Londres.
Fils d’un père conducteur de bus et d’une
mère qui travaille dans une teinturerie, il est
élevé à Greenwich, dans une famille pauvre et
religieuse. Reginald, qui chante dès l’âge de
trois ans, le fait pour la première fois en public
au Royal Albert Hall de Londres avec la chorale
de l’église baptiste de Charlton & Blackheath.
Son père, ayant regretté de n’avoir pas fait partie
d’une chorale, encourage ses aptitudes vocales.
Marty : Ma grand-mère, diseuse de bonne aventure, avait prédit que je deviendrai chanteur
et sillonnerai le monde. Contraint de quitter à
quinze ans la Secondary Modern School de
Charlton, il est employé dans un bureau où son
travail est de servir le thé à ses collègues ! Puis il
devient messager pour une société de courtiers
et travaille comme charpentier. J’ai toujours eu
un côté rebelle. J’ai souvent eu des problèmes.
Mais je n’étais pas un mauvais garçon. Tous les
matins il passe devant une salle d’exposition de
voitures, sachant que, avec son maigre salaire,
il ne pourra jamais s’offrir le modèle de ses
rêves. Il y a pourtant un moyen d’y parvenir :
suivre l’exemple de Tommy Steele et Lonnie
Donegan. Le premier est la réponse britannique
des ravages outre-Manche en 1956/57.
LARRY PARNES
Il s’achète donc une guitare d’occasion (il s’en
payera une neuve un an plus tard pour 200 £).
Après quelques semaines, maîtrisant sa sixcordes, il tente sa chance à Soho et est engagé
dans des coffee bars
les Hound Dogs. J’ai beaucoup aimé le skiffle,
surtout Lonnie Donegan, qui était une star. Je
me suis mis à la guitare, au sein de Reg Smith &
The Hound Dogs. Mais dès que j’ai entendu du
rock’n’roll, j’ai trouvé cela plus sexuel, sensuel
que le skiffle. C’était une musique à laquelle je
pouvais m’indentifier. J’ai flashé sur « Don’t Be
Cruel », d’Elvis, au rythme sensationnel, dont
le son était tout à fait novateur. C’est le premier
disque de rock que j’ai adoré ! Sur l’autre face, il
y avait « Hound Dog », d’où le nom des Hound
Dogs. Puis est arrivé Jerry Lee Lewis qui est
devenu l’un de mes rockers favoris.
12
à 1962. Et, fait rare, Marty classe l’une de ses
créations aux USA. Il est, avec Billy Fury, Cliff
Richard et Terry Dene, l’un des quatre rockers britanniques les plus collectionnés. Retour sur l’épopée du futur papa de Kim Wilde.
Reginald chante en tant que Reg Patterson
(pseudonyme inspiré par le champion du
monde de boxe poids lourds, l’Américain Floyd
Patterson) au Condor Club, à Londres, où il
est remarqué en juillet 1957 par Larry Parnes.
Conquis par son potentiel, l’imprésario parie
qu’il est capable de récidiver ce qu’il vient de
réussir avec Tommy Steele. Mais, après son
pas rater le dernier bus pour Greenwich ! Le
lendemain, ayant trouvé son adresse, Parnes
convainc ses parents qu’il peut faire de lui une
vedette. Il raconte : En le voyant, j’ai considéré
que ce garçon avait un visage honnête et qu’il
possédait un talent exploitable ! J’étais certain
qu’on pouvait aller loin ensemble. Et il était très
différent de Tommy, ce qui ne gâchait rien.
Larry Parnes (1930-1989) ne veut pas lancer un
dénommé Reg Smith ou Reg Patterson : Je
rebaptisais toujours mes artistes. Il était important
de leur attribuer un pseudonyme qui leur colle
à la peau. Car, s’ils conservaient leur nom, cela
aurait été un peu comme s’ils montaient sur
scène sans maquillage. On ne pouvait pas avoir
un chanteur de rock’n’roll s’appelant Smith !
Reginald était un type grand et baraqué. Il lui
fallait un nom amical et sauvage (wild). Il est donc
devenu Marty Wilde. De même que je m’occupais
de Tommy Steele (Tommy Hicks), j’ai ensuite
managé Billy Fury (Ronald Wycherley), Vince
Eager (Roy Taylor), Duffy Power (Ray Howard),
Johnny Gentle (John Askew), Dickie Pride
(Richard Knellar), Lance Fortune (Chris Morris),
Georgie Fame (Clive Powell), etc. « Marty » était
le titre d’un film américain avec Erneste Borgnine
qui a obtenu quatre Oscars en 1955. Tout n’a
pas pour autant été simple avec Marty. Je l’ai
conseillé sur sa façon de s’habiller, de bouger et
de sourire, parce qu’il ne souriait jamais. Larry
Parnes lui trouve un dentiste qui lui redresse
les dents, l’emmène chez le meilleur tailleur de
Londres, à Saville Row, et lui impose son nom
de scène, Marty Wilde : Tu te prénomeras Reg
ou Marty. Quand Larry a évoqué Marty, cela m’a
fait bizarre. J’ai proposé qu’on tire à pile ou face.
C’est tombé sur Marty. Je n’ai pas eu à le regretter
car Marty Wilde sur les affiches, sur les disques,
c’est canon ! Larry Parnes, comme le colonel
Tom Parker avec Elvis Presley, est un despote
qui dirige ses artistes sans leur consentement.
Il voulait nous imposer nos costumes de scène.
Je ne trouvais pas toujours ses choix du meilleur
goût. Une fois, il m’a demandé de chanter avec
un truc qui ressemblait à un pyjama alors qu’il y
avait plein de teddy boys dans la salle ! Parnes
a aussi de bons côtés, dont ses relations. Il
lui procure un contrat au Winston’s Club où
Josephine Douglas, productrice et animatrice à
BBC-TV de 6.5 Special, vient l’écouter.
6.5 SPECIAL & OH ! BOY !
Elle explique : Je rêvais d’avoir Elvis Presley
dans notre émission, et puis je suis allée voir
Marty Wilde dans un club du West End. Au
bout de quelques minutes, j’ai pensé : Pourquoi
faire venir Presley des USA alors qu’on a Marty
à Londres ? En octobre, quand il a interprété
« Honeycomb », l’accueil a été extraordinaire. Les
téléspectateurs n’ont pas arrêté de le réclamer.

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