le centre culturel anatolie : la passion partagee de la langue turque

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le centre culturel anatolie : la passion partagee de la langue turque
PAYS : TURQUIE
JOURNAL : LIAISON
DATE : 07/12/2006
LANGUE : FRANÇAIS
LE CENTRE CULTUREL ANATOLIE :
LA PASSION PARTAGEE DE LA LANGUE TURQUE
La réaction est toujours la même, posée
sur un ton mêlant amusement et étonnement bienveillant : ‘ou avez-vous appris
a parler turc ?’. Et de répondre sur le ton
le plus badin du monde, en observant les
yeux étonnes de l’interlocuteur : ‘A Paris’.
C’est presque du snobisme, il faut bien
l’avouer, mais ça ne devrait pas l’être. Eston surpris d’apprendre que quelqu’un aie
pu apprendre l’allemand ou le serbo-croate
a Paris ? II semble que non. Ce genre de
situation, concernant la langue turque, est
généralement établi sur deux idées très répandues en Turquie. La première est que la
langue turque est si difficile qu’il est presque impossible de (‘utiliser pour un étranger. La seconde est qu’apprendre le turc
est pratiquement inconcevable en dehors
de Turquie. II est vrai que la langue turque
pose effectivement quelques difficultés
pour les esprits francophones et qu’il n’est
pas facile de parler une langue en dehors
des pays ou elle est pratiquée.
Cependant apprendre le turc a Paris, au
moins pour en avoir une maîtrise usuelle
est tout a fait pos­sible et devrait intéresser
les personnes destinées à se déplacer ou
a s’installer en Turquie. II faut cependant
trouver le temps, le lieu et la pédagogie
adaptée, et c’est peut-être cela qui peut poser problème en France car les choix sont
restreints. II y a certes les cursus universitaires comme Langues 0, mais ceux-ci sont
lourds a gérer en termes de temps d’étude
et ne sont pas toujours adaptes dans leur
approche a une clientèle d’affaires. II
faut donc chercher parmi les associations
franco-turques proposant des cours de
langue offrant une pédagogie simple et
des horaires flexibles. Dans ce domaine,
et occupant a Paris le rôle de précurseur,
se trouve le Centre Culturel Anatolie, situé rue Lafayette, qui offre la possibilité
de développer des bases nécessaires a une
pratique courante. Le centre permet aussi
de toucher un public plus large de personnes désireuses de satisfaire leur curiosité
sur la Turquie, sans prendre d’engagement
trop contraignant s’ils le souhaitent. Ceci
le distingue et lui permet de compléter le
travail des organismes officiels turcs char-
ges de développer l’image de la Turquie
en France, comme c’est le rôle du Bureau
d’Information Touristique de Turquie installe sur les Champs-Elysées.
Une aventure associative
courageuse
Le Centre Culturel Anatolie, une association a but non lucratif, a été crée en 1984
âpres 4 ans de discussion sur la nécessité et
la façon de créer a Paris pour la première
fois, un organe capable de faire connaître
la culture turque paradoxalement peu ou
mal connue dans notre pays, et ce de façon
non partisane. Les membres fondateurs
étaient composes de citoyens turcs vivant
en France, souvent a la suite d’un parcours
universitaire brillant dans les deux pays, et
de français souhaitant rapprocher les deux
cultures. Les débuts modestes ont eu lieu
dans un petit local rue Saulnier ou étaient
organises rencontres et événements culturels consacres a la Turquie. Le premier
président en exercice, M. VIGUIER, s’est
engage comme ses partenaires dans cette
aventure avec beaucoup de passion et de
conviction qui permet au centre de continuer à exister 12 ans âpres sa création.
Cette conviction reste la même chez le Dr.
Demir Fitrat ONGER et son épouse, qui
dirigent actuellement dune main de maître
la gestion du centre.
Le parcours du petit local n’a pas été
facile, comme l’avoue Mme ONGER,
qui, avec son époux, faisait partie des
membres fondateurs. II aura fallu faire
preuve de capacité d’adaptation et de créativité. Tout d’abord, la situation politique
ten­due et les attentats terroristes a Pa­ris
dans les années 1980 n’ont pas facilite
la tache des fondateurs, la création d’un
centre culturel turc pouvant paraître polémique aux ye­ux de certains a cette époque
ten­due. Le centre culturel, qui s’est
installe en 1991 dans ses locaux actuels rue Lafayette près du dit ‘quartier turc’, a été soutenu financièrement par
l’Ambassade de Tur­quie jusqu’en 1992,
date a laquelle les subventions se sont
arrêtées. Le centre s’est donc tourne
vers le groupe Marmara afin de permettre
dans ses locaux la vente des billets et des
séjour, le groupe Marmara finançant sur
cette base une partie des activités du centre, en complément des frais payes par les
memb­res pour leur adhésion et pour la
participation aux cours de langues.
Des cours de langue bases
sur une pédagogie concrète et
simple
L’équipe pédagogique se com­pose de quatre professeurs bilingu­es français et turc,
se repartissant les différents niveaux échelonnes de 1 a 5, le niveau 1 correspondant
au niveau débutants, et le niveau 5 permettant aux élèves de faire de la pratique
de conversation. Parmi les quatre professeurs, nous trouvons ainsi / Mme Marie
KOCOGLU, qui a en charge les niveaux
débutants, M. Ayhan ERDAL et Mme Elif
DIVI­CIOGLU, qui s’occupent des nive­aux
intermédiaire, et enfin Mme Payam ARAL
en charge des cours de conversation pour
les plus avan­ces. Le centre ne prétend pas
remplacer (‘expérience linguistique unique de vivre en Turquie mais de donner les
clés permettant de comprendre et d’utiliser de façon concrète les grands principes
de la langue turque. Comme le rappelle
Mme ONGER, ‘la première appro­che de
langue turque doit être structurée’ car la
langue turque fonctionne de façon très logique. En ce sens, la première année d’apprentissage est consacrée a l’assimilation
pratique des grands principes de la langue, ensuite en­richie par une très grande
impor­tance accordée a la pratique orale,
mais toujours dans le cadre dune assimilation des structures. Com­me le dit Mme
ONGER en parlant de la pédagogie du
centre, ‘com­prendre les mécanismes c’est
comprendre tout le système’, et donc être
en mesure de lire et par­ler. Aux niveaux
intermédiaire, les cours se composent de
rappels et de principes grammaticaux immédiatement mis en pratique dans le cadre
d’exercices de conversati­ons, de lecture et
de traduction. Le niveau 5 lui est consacre
a la préparation d’exposes, de discussions
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PAYS : TURQUIE
JOURNAL : LIAISON
thématiques, de traitements de tex­tes de
niveau complexe. Le centre ne suit pas
de méthodes universi­taires ou de manuels
spécifiques empruntes a l’extérieur et a
même pour projet de mettre sur papier sa
propre méthodologie.
Des cours en petit nombre,
mais une clientèle variée
Afin de pouvoir répondre a une demande
croissante ces dernières années, et de repartir les élèves dans des groupes de petite taille, une quinzaine de personnes au
ma­ximum, il n’est malheureusement possible de ne prendre qu’une he­ure et demi
de cours par semaine, même si des leçons
sont assurées tous les jours, y compris les
same­di matin. Ceci nécessite de la part de
l’élève une démarche volontaire et un important travail personnel, fort bien servi par
l’équipe pédagogique du centre, qui n’hésite pas en cours d’année a faire progresser
d’un niveau ceux qui assimilent la langue
plus rapidement. Cette atti­tude flexible
est un atout qui per­met de soumettre a
l’équipe pédagogique des besoins déformation bien spécifiques. La demande est
selon Mme ONGER en croissance depuis
environ 4 ans, peut être du a la place croissante qu’occupe la Turquie dans l’actualité
française. Cette année le centre compte
195 inscrits a ses cours. Les motivati­ons
sont elles très variées. II peut s’agir parfois
dune simple envie de découverte ou de désir d’approfon­dir sa connaissance du pays
après un séjour touristique réussi. Dans
la plupart des cas, l’apprentissage du turc
est motive par une raison concrète, professionnelle, pour les cas d’expatriations
notamment, fa­miliales et sentimentales,
dans le cas des couples franco-turcs. La
durée moyenne de suivi des cours est de
deux ans, ce qui signifie que la plupart des
élèves atteignent un niveau intermédiaire
qui leur per­met de se débrouiller dans la
vie quotidienne et s’en contentent. Les
stagiaires désireux, eux, d’obtenir un niveau avance profitent de fait de groupes de
tailles réduites de plus de temps consacre a
la pratique orale.
DATE : 07/12/2006
Un engagement concret
Sans forcement contredire sa vocation
pédagogique le centre cul­turel Anatolie
a depuis sa création décide de participer
activement au dialogue franco-turc, et ce
sans li­miter aux organes de communicati­
on développes aux seins des communautés
turcophones. L’objectif fondamental reste
de faire connaître la Turquie aux français
et de réduire ce que le langage technocratique édulcore qualifie de ‘déficit d’ima­ge’.
En ce sens l’enseignement de la langue
turque a des non-inities ou a des gens dont
l’origine nationale n’a rien a voir directement avec la Turquie participe pleinement
de ce projet. Sur le plan culturel, outre les
activités organisées en son sein, le centre
culturel Anatolie fait partie des fondateurs
du projet de la se­maine des cultures étrangères organisées annuellement a Paris. En
février 2006, une exposition a été organisée
a ]’UNESCO par le Centre Culturel Anatolie regroupant les oeuvres de différents
peintres turcs contemporains. D’un point
de vue plus politique, M. ONGER n’hésite
pas a prendre partie dans le débat sur les
relations franco-turques, tentant de présenter aux français le point de vue turc y compris sur les sujets les plus polémiques. Ses
in­terventions ne se limitent pas aux quelques journaux turcophones de la capitale
mais également aux mé­dias nationaux. La
période turbulen­te vécue entre ]a France
et la Turqu­ie depuis la fin de l’année 2005
met en évidence a quel point ]’existence
d’un dialogue réel est nécessaire.
LANGUE : FRANÇAIS
tant car le centre ne survit que par l’ingéniosité dévouée de ses dirigeants. Comme
le rappelle Mme ONGER, il faut que tous
les acteurs, publics ou prives, qui prof­itent
de la relation franco-turque soutiennent
ceux qui font ]’effort de le maintenir et qui
ont réussi a créer un pont fragile entre les
sociétés civiles françaises et turques, un
pont dont aucun des deux pays ne peut se
permettre de se passer. A bon entendeur,
salut !
Bertrand VIALA
Directeur du Bureau de liaison en Turquie
de SERENUS Conseil
Tant de choses à faire,
notamment assurer la relève
La tache est multiple, l’enjeu est réel et
complexe et cependant les moyens sont limites. Comme le so­uligne Mme ONGER,
l’un des objec­tifs principaux est d’assurer
la continuité de ce projet unique et, visib­
lement nécessaire. Cette continuité passe
bien sur par la mise en place dune équipe
de direction capable de reprendre la gestion du projet mené a bout de bras par M.
et Mme ONGER. Cela passe, et il faut être
clair, par un soutien financier plus impor-
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