10.14. François Mitterrand (1964) Le coup d`état permanent. Paris
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10.14. François Mitterrand (1964) Le coup d`état permanent. Paris
10.14. François Mitterrand (1964) Le coup d’état permanent. Paris: Plon, p37-38. ‘[...] Nul doute que l’homme né avec la passion de sauver la France ai, dans sa retraite champenoise, langui faute d’ouvrage. Vérité de La Palisse, vérité gaulliste: pas de France à sauver su la France d’abord ne se perd! Ah! Le tentation du coup de pouce à donner qui hâtera l’échéance! A vrai dire le chemin fut long de Hanoï à Pari, via Alger. Le malheur musarda, fit quelque détours, quelques haltes. A Colombey, on se surprit à éprouver de l’impatience. Le malheur arriverait-il à temps pour offrir à qui vivait dans la secrète attente de cet ultime rendez-vous l’occasion de se mesurer avec lui? Désormais il n’y eut pas trop de faux prétextes pour contraindre le destin à dire ce qu’il avait à dire et à se dépêcher de le dire. Avec une rare et méthodique acharnement le gaullisme se fit une spécialité de la politique du pire. Pour De Gaulle, la mal absolu ce n’est pas la guerre, l’abandon de l’Indochine, de l’Algérie, le repli sur le vieil hexagone, mais le IV République, la faiblesse de l’Etat et cet Etat tenu par des mains abhorrées. Il savait que le processus de décolonisation était engagé sans retour, qu’aucune force au monde n’arrêterait l’inexorable. Mais il savait aussi que si la IV République s’obstinait à maintenir à l’identique de la III République les positions françaises outre-mer, ce que personne, et elle moins que personne, n’était capable de réussir, elle y brûlerait ses réserves, elle s’y épuiserait, elle y succomberait. La pousser à tenir des positions intenables conduirait donc l’opinion à se détacher d’elle, impuissante à remplir des objectifs qu’elle n’avait pas le courage de récuser. En rendant responsable de la dislocation de l’Empire un système politique qui n’en pouvait mais, en lissant supposer que d’autres institutions animées par d’autres hommes renverseraient la tendance, bref que tout était encore à sauver, que tout pouvait être sauvé, que le salut dépendait de ce postulat, son retour aux affaires, il alimenta les rancœurs du nationalisme, il ancra l’armée dan l’espoir d’un impossible rétablissement, il se concilia les faveurs u colonialisme. L’harmonieuse coalition! De Gaulle flanqué de ses trois alliés se mit dès lors en devoir d’attendre le malheur qui, un jour, se lasserait bien de son vagabondage. Le calcul se révéla juste. Malgré la guerre notre Empire d’Asie s’écroula. A cause de la guerre notre Empire africain se corrompit et s’effondra. Ajouterai-je que grâce à la guerre quelqu’un gagna, le 13 mai 1958, une victoire et ramassa un prisonnier, la République?