homelie de l`abbe c. gouyaud pour la presentation de jesus au

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homelie de l`abbe c. gouyaud pour la presentation de jesus au
HOMELIE DE L’ABBE C. GOUYAUD POUR LA
PRESENTATION DE JESUS AU TEMPLE ET LA
PURIFICATION DE MARIE
Mes bien chers frères,
Dans ces événements qui ont lieu huit jours après la naissance du Seigneur et que nous
célébrons aujourd’hui, nous percevons comme un entrelacs de choses anciennes et nouvelles.
Des choses anciennes, en effet, à commencer par la Présentation de l’Enfant Jésus et la
Purification de la Vierge Marie. Ces choses anciennes remontent à la Loi de Moïse. Moïse, en
effet, demandait que tout mâle premier-né fût présenté au Temple et puis, en quelque sorte,
« racheté » moyennant un sacrifice proportionné aux ressources de la famille. Quant à la
femme qui venait d’enfanter, on considérait qu’il fallait qu’elle s’astreigne à une purification
légale. Ce qui concernait l’enfant mâle premier-né, tout d'abord, ressortissait au
commandement de Dieu relatif aux prémices. Dans l’ancienne Loi, Dieu voulait qu’on lui
consacrât les prémices : les premières bêtes d’un troupeau, les premiers fruits d’une moisson
et le mâle premier-né d’une famille. On considérait qu’en offrant ce qu’il y a de premier, on
offrait le tout. C’est la raison pour laquelle Jésus, étant le premier-né, fut présenté par ses
parents au Temple. Nous percevons bien ici que toutes ces lois mosaïques n’étaient que
figuratives : elles annonçaient une réalité qui devait advenir. Et, précisément, quand Jésus
entre dans le Temple de Jérusalem huit jours après sa naissance, on peut dire que la figure
passe à la réalité, l’ombre passe à la lumière. Jésus, à travers ses parents se soumet certes à
la Loi mosaïque ; mais, d’emblée, il la dépasse. En effet, Jésus n’a pas besoin d’être racheté à
Dieu parce qu’il est pour l’éternité consacré au Père ; c’est plutôt lui qui viendra nous
racheter du péché. Entrant dans le temple, il prend possession de ce qu'il appellera « ma
maison ». On peut dire que la présentation de l'Enfant Jésus au temple constitue la véritable
dédicace du temple. Quant à la Vierge Marie, on considérait que l’accouchement avec
l’effusion de sang constituait une sorte d’impureté légale, non pas morale mais légale. Tel est
donc ce rite de la purification de la mère quelques jours après la naissance de son enfant. On
voit bien que pour la Vierge Marie aussi tout cela est caduque, d’autant plus que Marie a
conçu et enfanté son Fils de façon virginale. Il n’est pas né « des sangs » comme dit saint
Jean dans son prologue, faisant allusion à cette effusion sanguine liée à la parturition.
Quoiqu'il en soit, la sainte Famille s’astreint à accomplir la loi mosaïque : « accomplir »,
c'est-à-dire lui donner tout son sens, de telle sorte qu'à partir de cet accomplissement, ces lois
deviendront caduques, elles perdront leur validité car elles n’étaient que figuratives à l’égard
d’une réalité devant advenir ; et, une fois que la réalité en question est advenue, toutes ces
lois sont en effet devenues caduques. Saint Thomas d’Aquin dit même qu’elles sont mortifères
après l’avènement du Christ. Voilà donc le premier passage de l’ancien au nouveau.
Il y a un deuxième passage qui est presque un passage de témoin du vieillard à l’enfant. Oui
nous contemplons avec admiration ce face à face entre Siméon et l’Enfant Jésus. Siméon,
homme juste et pieux rempli de l’Esprit-Saint, était un vieillard. Lorsqu’il vit l’Enfant Jésus,
il vit la lumière. Nous le savons d'expérience, au fur et à mesure que nous progressons en
âge, notre vue décline. Eh bien, ce fut l’inverse pour Siméon ! Saint Augustin dit que lorsque
le vieillard vit l’Enfant Jésus, il redevint jeune parce qu’il vit la lumière alors même que sa
vue déclinait. Nous autres, nous voyons les objets dans la lumière ; nous ne voyons jamais la
lumière elle-même. Siméon a pu voir la lumière elle-même, il a pu contempler l’Invisible fait
chair. Une fois qu’il a vu la lumière dans le Christ notre Seigneur, il a tout vu et il ne
souhaitait plus rien voir d’autre, car aucun autre objets ici-bas ne présentait d'intérêt pour
lui, hors cette contemplation dont il avait été gratifié. D’où cette admirable prière :
«Maintenant, Seigneur tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix.»
Enfin, il y a un troisième passage de l’ancien au nouveau, c’est le passage auquel nous
sommes tous conviés : le passage de la vétusté du péché à la jeunesse éternelle de la grâce.
Oui, aujourd’hui, comme nous le faisons dans chaque mystère chrétien, dépouillons-nous du
vieil homme pour qu’advienne en nous l’homme nouveau. Amen.
2 février 2014
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement.
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