Colmar et sa région - Haut-Rhin

Transcription

Colmar et sa région - Haut-Rhin
Q VENDREDI 22 AVRIL 2016
41
Colmar et sa région
Retrouvez l'info en continu sur www.dna.fr
KAYSERSBERG VIGNOBLE Près de 500 personnes à la réunion publique du maire Henri Stoll
Le grand déballage
L’atmosphère pesante de ces derniers jours promettait de rudes empoignades. Il n’en a rien été. La réunion publique de
mercredi soir dont le thème était la commune nouvelle s’est déroulée dans le calme. Henri Stoll, maire de Kaysersberg
Vignoble, a tenu le micro pendant près de deux heures avant de donner la parole au public pour un débat plutôt terne.
L
es péripéties de la commune nouvelle attirent les foules. 400 places étaient prévues à l’Espace Pluriel de
Sigolsheim, mais il a fallu rajouter
des chaises et bon nombre de visiteurs sont restés debout. Parmi
eux, le 1er adjoint Thierry SpeitelGotz, le meneur de la fronde lancée contre la gouvernance d’Henri
Stoll. Contestation ayant abouti à
la démission de 18 élus sur 53. Il
n’a pas pris la parole. Pourtant ses
oreilles ont tinté car il a été la cible
des mises au point proférées par le
premier magistrat.
« Prouver que tout
ce qui a été dit n’est
que mensonge »
Le plan de table n’a pas été conçu
au hasard. À la table d’honneur,
Henri Stoll était entouré de ses
fidèles, Françoise Grass, maire déléguée de Kaysersberg et Hubert
Becker, 5e adjoint, mais aussi de
Joseph Bernhard et Agnès Castelli,
anciens adjoints de Thierry
Speitel-Gotz, à Sigolsheim. Plus
Mustapha Kouhaili, qui y était
conseiller municipal. En bout de
table, Joseph Fritsch, maire délégué de Kientzheim.
La réunion publique était programmée depuis trois semaines,
donc avant l’annonce des démissions. Henri Stoll a souhaité l’organiser pour dénoncer les « manipulations subies ». Il ne sera pas
« larmoyant », assure-t-il. Des
faits, rien que des faits. « Je veux
simplement rétablir la vérité,
prouver que tout ce qui a été dit
n’est que mensonge ». Il reste convaincu du bien-fondé de la commune nouvelle. « Lorsqu’elle a été
créée le 4 janvier, nous avons demandé à l’ensemble des élus entre
six mois et un an pour laisser le
bébé grandir. Je suis convaincu
que dans quatre, cinq mois, la
commune nouvelle sera opérationnelle ».
Il réfute le terme de duel l’opposant à son 1er adjoint. « Il y a d’un
côté 14 adjoints et 34 élus qui
continuent autour de leur maire malgré toutes les chausse-trappes qu’on nous tend » et de
l’autre, deux adjoints et 17 élus. Le
maire égrène une litanie de mensonges, relevés dans les propos de
ses opposants. Une dizaine au total.
La vente par Bestheim de l’ensemble de la friche de l’ancienne coopérative ? « Thierry Speitel-Gotz
dit que j’ai fait capoter le projet
alors que lui-même savait dès la
fin de l’année dernière que la partie basse du terrain ne serait pas
vendue à la commune de Sigolsheim ». Pire encore. « Il y a
quinze jours, il a dit à des riverains
que Stoll veut supprimer les parkings et mettre 72 logements sociaux. Ce qui a suscité une levée
de boucliers des habitants ».
Le projet de réhabilitation de l’école de Sigolsheim ? « Cela fait plus
d’un an qu’on en parle. Affirmer
l’ignorer, c’est consternant », intervient Françoise Grass. « Le projet, préparé depuis trois mois et
demi à la ComCom, est presque
abouti du point de vue du montage financier », ajoute Henri Stoll,
F25-LCO 01
Les habitants ont montré leur intérêt pour le fonctionnement d’une commune nouvelle.
qui, une nouvelle fois, épingle
Thierry Speitel-Gotz : « Comment
peut-il le savoir puisque les seules
fois où il vient à la ComCom il joue
sur son portable ? ».
Rien n’est fait pour Sigolsheim ?
Un exemple : l’ancienne municipalité avait décidé d’aménager la
place de l’Église « petit à petit
alors que la commune nouvelle
peut le faire en une fois ».
Les indemnités trop importantes
des élus ? « J’ai proposé de les réduire de 20 %. Un seul s’y est
opposé. Qui c’est ? Ce n’est pas la
peine de préciser ». Si les conseillers délégués touchent également quelque chose, c’est « par
reconnaissance du travail effectué ».
« J’ai parlé d’annexion
et je le maintiens »
Thierry Speitel-Gotz n’a pas voté le
budget de la commune nouvelle
parce qu’il n’a pas obtenu toutes
les informations sur les salaires
du personnel. « Il existe un texte
de loi. Personne ne peut demander à voir les salaires sinon les
personnes concernées », précise
Françoise Grass. La conseillère
municipale Tiphaine Bettembourg dénonce le manque de
transparence au sein de l’ancien
conseil de Sigolsheim. « On découvrait le budget le jour du vote ».
Place au débat. « Je suis l’adjointe
qui démissionne », démarre Richarde Traber. « J’étais à la réunion avec les riverains de la place
de l’ancienne coopérative. Il n’a
jamais été question de logements
sociaux », souligne la Sigolsheimoise qui « ne comprend pas
pourquoi M. Speitel n’a pas accès
aux dossiers Finances ». Elle met
les choses au point. « Je n’ai jamais dit que rien n’est fait pour
Sigolsheim. J’ai dit qu’on n’est pas
au courant de ce qui se passe. J’ai
parlé d’annexion et je le maintiens ».
Elle plaide pour celui qu’elle considère toujours comme le maire de
Sigolsheim. « Thierry Speitel a été
PHOTO DNA-JLUC SYREN
mis totalement de côté. Il n’a plus
de secrétaire, n’a plus accès aux
ordinateurs dont le code a changé,
ni à son courrier ». Henri Stoll
évoque alors l’« intrusion à la mairie de Sigolsheim un dimanche
matin. Des fichiers ont disparu et
il a été décidé de mettre un code
sur chaque ordinateur ».
Une habitante de Kaysersberg se
dit « très en colère. Vous auriez dû
tout mettre en œuvre pour que ça
réussisse ». Marcel Blanck, de
Kientzheim, conseille aux élus
d’inviter le maire de Kingersheim
Jo Spiegel, auteur du livre Faire
renaître la démocratie. « Quel est
le projet pour la place de l’ancienne coopérative ? » interroge une
riveraine. « Les habitants seront
informés de l’avancée du projet »,
répond Henri Stoll. Un jeune homme s’interroge sur l’avenir de Kaysersberg Vignoble. « On espère
que le préfet n’acceptera pas certaines démissions, indique Henri
Stoll. Il peut en refuser s’il soupçonne qu’il y a eu pression. La
commune nouvelle est créée, on
ne peut la dénouer. Je regrette simplement qu’Ammerschwihr n’y
soit pas puisqu’à l’origine la nouvelle entité devait réunir Kaysersberg, Kientzheim et Ammerschwihr ».
MICHELLE FREUDENREICH
R
Florilège
Henri Stoll évoquant le maire
délégué de Sigolsheim : « Je
devrais dire habitant de Colmar tellement il est de sa
commune ». Huées. « J’espérais ça, je trouvais que ça
manquait de jus ». Il dit aussi
de lui : « Pendant des mois, il
nous torpille et après il fait
son Calimero ».
Le même, au sujet du « système de terreur » qu’il est censé
faire régner : « Quand on parle
de terreur, ça veut dire qu’Henri Stoll est un dangereux terroriste. Quand on parle d’Anschluss (annexion de l’Autriche
par l’Allemagne), ça veut dire
que Stoll est un nazi ».
Le maire, toujours : « On nous
prend quand même pour des
imbéciles. On utilise les gens,
on les tord jusqu’au bout et on
les jette. Malheureusement, un
certain nombre d’élus s’est fait
piéger ».
Agnès Castelli : « Je suis très
en colère ce soir, très déçue du
sabotage de la commune nouvelle par un électron libre ».
Mustapha Kouhaili : « Kaysersberg Vignoble est en marche,
mais la plus belle ville du
monde a besoin de tranquillité
et de stabilité ».
Marianne Koch : « J’aimerais
qu’on me laisse la capacité
intellectuelle de démissionner
d’une assemblée qui ne me
ressemble pas ».
Alain Thurlings, 15e adjoint,
vis-à-vis des démissionnaires :
« Vous avez salement failli.
C’est un sabordage ».
Joseph Fritsch : « Henri a
comme beaucoup d’entre nous
un mauvais caractère, un
franc-parler hors du commun,
mais il a des valeurs : c’est
certainement le maire qui
partage le plus ».
Jean-Marie Muller, président
de la ComCom Vallée de Kaysersberg et maire de Lapoutroie : « Nous avions un projet
de commune nouvelle avec
Fréland et Le Bonhomme. Ça a
capoté. Je dirais que c’est peutêtre mieux ! » Et à propos de
France Palestine Solidarité (subventionnée notamment
par Kaysersberg Vignoble):
« Dans cette salle même,
Thierry Speitel m’a dit -excusemoi Thierry- que l’association
est soupçonnée de trafic d’armes. Je le jure sur la tête de
mes petits-enfants ».
R