article du courrier picard

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article du courrier picard
ARTICLE DU COURRIER PICARD
17 novembre 2015
Le 18 septembre, deux braconniers ont été interpellés de nuit en forêt de
Compiègne. Une pratique difficile à juguler et qui persiste dans les massifs du
département.
Les braconniers ne manquent pas d’ennemis. Il y a bien sûr la gendarmerie, notamment le
poste à cheval de Compiègne, mais aussi l’Office national de la chasse et de la faune sauvage
(ONCFS) et l’Office national des forêts (ONF). Tous luttent contre ces chasseurs clandestins,
parfois au cours d’opérations conjointes, comme celle qui a eu lieu dans la nuit du 18 au 19
septembre en forêt de Compiègne. En pleine période du brame, les braconniers sont très
actifs. « Les cerfs sont bien entendus plus faciles à localiser », souligne Sylvain Cretel, chef
du service départemental de l’ONCFS.
Alors qu’ils patrouillaient sur les chemins interdits à la circulation de nuit, notamment pour
lutter contre le braconnage, les agents sont tombés nez à nez avec une camionnette. « Nous
avons convoqué et entendu le conducteur et son passager, indique le capitaine Jean-Luc
Hannard, de la compagnie de gendarmerie de Compiègne. Ils ont reconnu les faits. »
L’ONCFS, un effectif limité
Bien obligés. Au pied du passager, prêts à être utilisés : un fusil, un poignard, une lampe
torche et… Une caméra thermique. « C’est la première fois que nous saisissons ce type de
matériel, commente Sylvain Cretel. Cela leur évite d’avoir à allumer les phares. C’est le plus
souvent comme cela qu’ils repèrent les bêtes, avec leurs yeux qui brillent. Sans compter que
certains se figent à cause de la lumière. » Les deux hommes seront jugés en février prochain.
Ils risquent jusqu’à quatre ans de prison et 60 000 euros d’amende.
Les braconniers, « souvent des gens du coin par ailleurs titulaires du permis de chasse »,
selon le responsable de l’ONCFS, prennent donc un sacré risque. Pour quels bénéfices ? Les
experts expliquent que le braconnage prend diverses formes. Il y a par exemple ceux qui ont
toujours le fusil à portée de main, des fois qu’une bête apparaisse sur le bord de la route.
Pour leur consommation personnelle, ou pour le trophée. Et puis il y a « les professionnels ».
Ceux-là, « cherchent de la viande pour la revendre au marché noir, poursuit Sylvain Cretel. Ils
sont particulièrement actifs au printemps, à l’approche de la période des communions, ou
avant les fêtes de fin d’année. » Parfois plusieurs semaines en avance. La viande est
congelée, puis vendue.
Et ils ne sont pas faciles à attraper. « Dans l’Oise, cela faisait longtemps que nous n’avions
pas arrêté quelqu’un, assure le chef de l’ONCFS. Ce n’est pas facile. » Ce que confirme
Michel Leblanc, responsable de l’unité territoriale de Compiègne pour l’ONF. « Quand un
coup de feu résonne la nuit, on devine la direction, mais pour le localiser précisément, c’est
autre chose. »
D’autant que « les braconniers sévissent dans tout le département, y compris en plaine et
beaucoup dans des massifs appartenant à des particuliers, précise Sylvain Cretel. Grand
gibier, petit gibier, tout y passe. Et quand on pense que la forêt domaniale, à elle seule, fait
14 000 hectares… » Michel leblanc abonde : « On ne peut pas mettre quelqu’un derrière
chaque arbre. La lutte est assez inégale, c’est beaucoup de temps pour peu de résultats. »
Surtout si l’on prend en compte les effectifs de l’ONCFS. « En théorie, nous sommes onze
dans l’Oise, stipule le responsable départemental. En pratique, nous sommes cinq, peut-être
bientôt six. Les gens nous voient de moins en moins et cela se sait. » L’Office national de la
chasse et de la faune sauvage peut compter sur le soutien de la Fédération des chasseurs de
l’Oise mais, « ils ne sont pas là pour faire la police ».
Cela dit, le partenariat entre l’ONF, l’ONCFS et la gendarmerie se poursuit. « Des opérations
comme celle du 18 septembre sont réalisées régulièrement », assure ainsi le capitaine
Hannard.
J.Ba.
Quantifier le braconnage: mission impossible
Le braconnage est-il un phénomène important dans l’Oise ? Les spécialistes
disent plutôt oui. « Mais c’est impossible, par nature, de dénombrer les actes »,
indique Michel Leblanc, responsable de l’ONF à Compiègne. Certains
braconniers abandonnent la bête sur place, après s’être servis. « Ils prennent
parfois un cuissot, ou la tête en guise de trophée, soupire le responsable.
Charger un cerf entier dans une voiture n’est pas une mince affaire. » Mais
combien font disparaître leur méfait ? Même constat du côté de l’ONCFS, où
l’on dénombre plutôt « les atteintes au milieu naturel », qui concernent les
animaux terrestres, mais aussi les poissons, les oiseaux ou encore les
circulations de véhicules à moteur dans des zones interdites, ou des
détériorations diverses. « En 2014, 400 ont été relevées dans l’Oise », détaille
le responsable départemental. De même, « chaque année, nous relevons trois
ou quatre infractions volontaires de plans de chasse (des sociétés qui tirent
plus d’animaux que ce qui leur a été attribué). Mais c’est à mettre en rapport
avec notre effectif réduit. » Comprendre : beaucoup restent impunies.

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