Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes

Transcription

Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes
Groupe hospitalier
Charles Foix - Jean Rostand
Prévenir les chutes et leurs conséquences chez
les personnes âgées : www.protec-chute.com,
1er site européen d’information et de conseil
Conférence de presse du 12 mars 2008
Les diaporamas de la conférence ainsi que des photographies extraites du film
« Urgences...Chutes » peuvent être adressés par e-mail aux journalistes sur
demande à l’adresse suivante : [email protected]
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RESUME
Les chutes sont le premier facteur de morbi-mortalité chez les personnes âgées
et représentent à ce titre un véritable problème de santé publique. En 2002, une
enquête de l’INVS a estimé à 400 000 par an le nombre de chutes chez les plus de
65 ans en France. Un tiers des personnes de plus de 65 ans et la moitié des plus de
85 ans font au moins une chute par an.
Le coût médical de ces chutes en France a été estimé à 1 milliard 34 millions
d’euros pour une année, ne prenant pas en compte les aides au domicile ou
l’entrée en institution. En effet, 20 % des chutes donnent lieu à une intervention
médicale, 10% des chutes occasionnent des fractures, avec une forte prédominance
des fractures du col fémoral (50 000 cas / an en France).
La mortalité est importante dans l’année qui suit la chute, de par les complications et
les séquelles à court et moyen terme. 12 000 décès sont attribuables chaque
année dans notre pays aux conséquences directes des chutes, soit plus de 30
décès chaque jour. Même en l’absence de traumatisme immédiat, l’incapacité de se
relever est de mauvais pronostic, un séjour au sol prolongé au-delà d’une heure
étant suivi d’une mortalité de 50 % dans les douze mois.
Premier site européen d’information et de conseil sur les chutes des personnes
âgées, le site Protec-Chute.com a été conçu pour les personnes âgées, leurs
familles et leurs aidants, ainsi que pour les médecins et les professionnels du secteur
sanitaire et social, qui y trouveront nombre d’informations utiles pour leur pratique
quotidienne.
Protec-Chute.com propose un contenu rigoureux issu de publications scientifiques
sous une forme claire et accessible à tous. Piloté par un conseil scientifique de
spécialistes, il réunit des personnalités de premier plan de la gérontologie autour du
Dr Frédéric Bloch qui en assure la rédaction et les évolutions.
Le site est divisé en 5 sections principales :
-
les chutes en question : données chiffrées, facteurs de risque, conséquences ;
-
la prévention : prendre soin de soi par une alimentation équilibrée, la pratique
d’une activité physique régulière, en stimulant sa mémoire … Mais aussi
2
prendre soin de l’aménagement de son lieu de vie, avec une foule de conseils
pratiques sur les points à surveiller dans chaque pièce et sur les mesures à
prendre pour limiter les risques de chute ;
-
la prise en charge des chutes : que faire après une chute, immédiatement
(comment se relever, par exemple), dans les jours suivants et dans les mois
suivants ;
-
le dépistage du risque de chute : le site présente les principaux tests utilisés
par les professionnels de santé, et propose également un dépistage
personnalisé en ligne ;
-
les avancées scientifiques présente les travaux de recherche portant sur la
détection des chutes ainsi que leurs applications pratiques.
D’ores et déjà accessible en six langues européennes (français, anglais, allemand,
italien, espagnol et néerlandais), le site Protec-Chute.com a l’ambition de s’étendre
rapidement aux différentes langues de l’Union européenne et de proposer des
services en ligne aux particuliers et aux professionnels de santé.
3
LES CHUTES DES PERSONNES AGEES : UNE PREOCCUPATION DE SANTE
PUBLIQUE
Les chutes sont le premier facteur de morbi-mortalité chez les personnes âgées
et représentent à ce titre un problème majeur de santé publique, à tel point que la
Haute Autorité de Santé a émis sur le sujet en novembre 2005 des recommandations
à l’usage des professionnels de santé.
En 2002, une enquête de l’INVS1 a estimé à 400 000 par an le nombre de chutes
chez les plus de 65 ans, soit 3,5 fois plus que d’accidents de la route avec
dommages corporels. Un tiers des personnes de plus de 65 ans et la moitié des plus
de 85 ans font au moins une chute par an. Cela représente sur le territoire
européen 40 chutes par minute en moyenne.
Le risque de chute augmente avec l’âge, et avec la vie en institution. Elles atteignent
2 femmes pour un homme, les risques liés à la chute et la mortalité étant supérieurs
chez les femmes.
Population générale
12,1 à 49%
Domicile
8,5 à >50%
Maisons de retraite
14 à >60%
Fréquence annuelle des chutes chez les personnes âgées
Les chutes concernent dans 70 % des cas des personnes âgées en bonne santé,
dans 20 % des cas des personnes âgées fragiles, dans 10 % des cas des personnes
âgées dépendantes vivant en institution.
CONSEQUENCES DE LA CHUTE
Le coût médical de ces chutes en France a été estimé à 1 milliard 34 millions
d’euros pour une année, ne prenant pas en compte les aides au domicile ou
l’entrée en institution2. En effet, 20 % des chutes donnent lieu à une intervention
1
http://www;invs.sante.fr/publications/2005/accidents_vie_courante/accidents_vie_courante.pdf
2
Stephan et coll. Année Gérontologique
4
médicale, 10% des chutes occasionnent des fractures, avec une forte prédominance
des fractures du col fémoral (50 000 cas / an en France).
La mortalité est importante, avec plus de 12 000 décès attribuables chaque année
aux conséquences directes des chutes, la mortalité liée aux traumatismes
dépassant 10 % après 80 ans. On note également une mortalité indirecte très
conséquente dans l’année qui suit la chute en raison des complications et des
séquelles à court et moyen terme. Même en l’absence de traumatisme immédiat,
l’incapacité de se relever est en outre de mauvais pronostic, un séjour au sol
prolongé au-delà d’une heure étant suivi d’une mortalité de 50 % dans les
douze mois, la mortalité s’élevant à 70 % à court terme pour une
immobilisation au sol de plus de 72 heures. En effet, l’immobilisation prolongée
au sol peut avoir de nombreux retentissements : elle favorise la lyse musculaire,
l’insuffisance rénale, l’hypothermie, et empêche la personne de prendre ses
médicaments, de boire, de se nourrir.
En outre, 30 % des chutes occasionnent des séquelles psychologiques
compromettant l’autonomie et le maintien au domicile : indépendamment du risque
traumatique, l’impact psychologique de la chute peut être majeur. La peur de
tomber existe chez de nombreuses personnes âgées, avant même toute chute, et
représente un facteur de risque en soi. La chute entraîne souvent perte de confiance
en soi et angoisse. Le syndrome post-chute se caractérise par une désadaptation
psychomotrice par réduction spontanée de l’activité, diminution des capacités
fonctionnelles, troubles posturaux, troubles de la marche, augmentant ainsi le risque
de nouvelle chute.3 Une chute dans les 3 mois précédents comporte un risque
élevé de récidive.
Toute chute chez une personne âgée devrait être considérée comme un accident
potentiellement grave, mais si les chutes précédées d’un malaise sont généralement
l’objet d’une prise en compte et d’une exploration médicale active, les chutes
mécaniques sont trop souvent négligées.
3
Recommandations HAS « Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée » - Novembre 2005
5
POURQUOI LES PERSONNES AGEES TOMBENT-ELLES ?
Chaque être humain maintient son équilibre grâce à des mouvements automatiques
qui permettent l’adaptation posturale. Chez la personne âgée, cette adaptation
posturale se maintient efficacement, mais la vitesse des réactions et les capacités
d’adaptation aux situations extrêmes sont amoindries.
Le risque de chute peut être lié à des pathologies neurologiques, neuromusculaires,
ostéo-articulaires, ainsi qu’à une baisse de la vision, une dépression, des pathologies
réduisant la capacité d’effort (cardiaques, respiratoires, dénutrition sévère…)…
Facteurs de risque de chute les plus fréquents chez la personne âgée 3
Facteurs intrinsèques
Facteurs extrinsèques
- Age > 80 ans
- Comportement : consommation d’alcool,
- Santé et état fonctionnel : activités de la
sédentarité, malnurition
vie quotidienne et mobilité réduites,
- Environnement :
nécessité
d’un
antécédents de chutes
instrument d’aide (canne …), prise risque,
- Pathologies spécifiques : maladie de
habitat mal adapté
Parkinson,
démences,
dépression,
incontinence, notamment urinaire par
impériosité
- Troubles
locomoteurs
et
neuromusculaires : force diminuée au
niveau des genoux, chevilles, préhension
manuelle réduite, troubles de la marche
(anomalies et vitesse), équilibre postural
et/ou dynamique altéré
- Réduction de l’acuité visuelle
- Prise de médicaments : plus de 4
médicaments,
ou
psychotropes
(neuroleptiques, antidépresseurs…)
Outre les pathologies chroniques, il existe des facteurs précipitants de la chute :
ce sont les circonstances qui vont déclencher la chute. Dans plus de 50% des
chutes, il s’agit d’un malaise lié à une maladie (cardiaque, vasculaire, neurologique,
métabolique …) ou de médicaments réduisant la vigilance (neuroleptiques,
antidépresseurs, benzodiazépines, L-Dopa…). Citons également l’habillement
(chaussures inadaptées, vêtements trop longs), mobilier (fauteuil ou lit trop haut ou
trop bas), obstacles au sol (fils électriques, tapis, revêtement irrégulier ou décollé), et
encore mauvais éclairage, sol ou baignoire glissants, toilettes inadaptées.
6
ETUDE CHUTADOM
Réalisée en 2006 avec le soutien financier de la Fondation Caisses d’épargne
pour la solidarité, cette étude a suivi durant 12 mois 500 personnes de plus de
75 ans se présentant aux urgences de l’hôpital Cochin après une chute à
domicile. La cause de la chute était accidentelle dans 65% des cas, liée à un
malaise d’origine indéterminée dans 25% des cas et à un problème de santé
identifié dans 10% des cas. L’alerte a été donnée par la personne elle-même
dans la moitié des cas, par un témoin présent lors de la chute dans 19% des
cas. Dans 32% des cas il n’y a eu ni alerte, ni témoin, la personne étant
immobilisée au sol et incapable de se relever, et bien que dans 15% des
cas, les victimes aient disposé d’une téléassistance, seules la moitié ont
pu en faire usage.
Le délai entre la chute et l’arrivée aux urgences a été en moyenne de 8,74
heures, pouvant atteindre 158 heures. La chute a entraîné une fracture dans
plus de 38% des cas, et d’autres conséquences pathologiques, traumatiques ou
non.
51% des victimes ont été hospitalisées, et 49% sont rentrées à leur domicile, la
majorité
d’entre
elles
sans
recommandation
de
modification
de
leur
environnement.
6 mois plus tard, 15% des personnes étaient décédées, une forte surmortalité
étant observée chez les personnes ayant des conséquences non traumatiques
de leur chute, par comparaison à celles ayant présenté des conséquences
traumatiques. Les facteurs les plus fortement corrélés au risque de décès
étaient le degré de dépendance et le nombre de pathologies à risque avant la
chute.
Ainsi, cette étude confirme que les troubles liés à au maintien prolongé au sol
(troubles métaboliques notamment) sont plus péjoratifs que les fractures. Elle
montre également l’existence d’une sous-population à risque majeur : celle des
personnes ne pouvant ni se relever ni donner l’alerte.
PADCHUTE : UNE INTERVENTION ORIGINALE DANS LA PREVENTION DES
CHUTES
Travaillant depuis plus de 15 ans sur les troubles de la marche et de l’équilibre des
personnes âgées, le service de Médecine Physique et de Réadaptation de l’hôpital
de Poitiers dirigé par le Pr Gilles Kemoun a développé un système de prévention
original de la chute de la personne âgée intitulé « PADCHUTE » (Prévention A
Domicile des Chutes). Le concept PADCHUTE® propose l’intervention à domicile
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d’une équipe pluridisciplinaire (médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute) dans le
but d’évaluer les facteurs de risque de chute d’une personne âgée, de proposer une
stratégie de correction de ces facteurs et de suivre la mise en place de cette
stratégie pendant 1 an.
L’intervention à domicile est essentielle dans la mesure où la personne est en
situation réelle, alors qu’en consultation, elle a tendance à occulter ou minimiser
certaines difficultés. Par ailleurs, il apparaît que l’intervention ponctuelle sur un
facteur de risque isolé est inefficace : il ne suffit pas de traiter l’hypertension, le
diabète, de prescrire une activité physique ou de réduire les doses de somnifères,
mais il est nécessaire de développer une stratégie globale sur l’ensemble des
facteurs de risque spécifiquement identifiés pour une personne donnée.
En pratique c’est le médecin traitant, un réseau local de soins ou la personne âgée
elle-même qui va solliciter l’équipe PADCHUTE®, parce qu’elle est tombée et/ou
parce qu’elle craint de tomber. L’équipe PADCHUTE® se rend alors à son domicile.
Le médecin interroge la personne sur son passé médical, ses médicaments, ses
activités quotidiennes et pratique un examen clinique complet. Sont ensuite réalisés
des tests cliniques destinés à évaluer l’équilibre et les capacités de marche de la
personne. La personne bénéficie alors d’une posturographie et d’une locométrie.
(Les plates-formes de posturographie sont composées de plateaux rigides reposant
sur des transducteurs et permettent d’obtenir le tracé du centre des pressions
(projection du centre de gravité).
Ce tracé va permettre le calcul automatisé d'un certain nombre de paramètres qui,
comparés à des valeurs normalisées, rendent compte de l'aptitude du sujet à
maintenir son équilibre debout.
Le locomètre permet l'enregistrement du déplacement longitudinal de chaque pied au
cours d'un parcours de marche et fournit donc les principales données chiffrées
spatio-temporelles de la marche de la personne testée. Ces 2 techniques
instrumentales, réservées classiquement à une structure hospitalière ou à un cabinet
médical, permettent d’obtenir des informations précieuses inaccessibles avec un
examen physique simple.)
8
A gauche : tracé posturographique normal (les déplacements du centre de gravité sont minimes et
très concentrés). A droite : tracé posturographique dénotant une instabilité.
Tracé de locométrie
9
A l’issue de la visite, l’équipe PADCHUTE® rédige un rapport complet et propose une
stratégie de lutte contre les facteurs de risque de chute mis en évidence. Il pourra
s’agir d’avis médicaux spécialisés sur un problème ophtalmologique (cataracte,
ORL…). On pourra conseiller des modifications de traitements pour éviter ceux
connus pour favoriser les troubles de l’équilibre. Des séances de kinésithérapie
pourront être préconisées sur des objectifs précis déduits de l’évaluation à domicile.
Des activités physiques adaptées seront le plus souvent encouragées afin
d’améliorer les capacités physiques et fonctionnelles de la personne. Enfin un
programme d’aménagement et de modification de l’environnement domestique est
suggéré. Une visite de suivi est programmée à 6 mois et un nouvel examen complet
envisagé à 1 an.
Au total, PADCHUTE® permet une action émulatrice :
– En situation de vie
– Exhaustive
– Mettant en synergie les dispositifs existants
– Source de lien social
– Finalisée (évaluation et suivi)
– Répondant à un problème de santé publique
Cette expérience très positive réalisée à Poitiers a donné lieu à une étude
multicentrique nationale (PRCH, Projet de Recherche Clinique Hospitalier) en cours
dans plusieurs CHU français, avec pour objectif une évaluation médicale et
économique de ce type d’intervention. En effet, un travail similaire réalisé aux EtatsUnis a évalué à 925 $ le coût par personne de cette stratégie, pour un retour sur
investissement de 2 000 $ en coûts de santé économisés.
BIENTOT UN ALGORITHME PREDICTIF DU RISQUE DE CHUTE ?
La littérature scientifique internationale sur les risques est abondante, et de
nombreuses échelles d’évaluation expérimentales ont été utilisées, apportant de
précieux renseignements sur le plan statistique. Cependant, si ces échelles
permettent de connaître le poids de tel ou tel facteur dans le risque, elles sont
généralement inadaptées à l’évaluation particulière d’un individu donné.
10
Aussi le service du Pr Gilles Kemoun a-t-il entrepris une tâche colossale qui devrait
permettre de concevoir un algorithme prédictif du risque de chute dans le cadre d’un
bilan personnalisé. La première partie de ce travail consiste à réaliser une revue
systématique des facteurs de risque (il en existe plus de 400 !) décrits dans la foison
des publications scientifiques et de déterminer leur poids respectif en fonction des
conclusions des différents auteurs. Ainsi, un algorithme théorique (sorte d’échelle
d’évaluation exhaustive) sera construit, puis testé sur une cohorte de personnes
âgées, de façon à le faire évoluer de par la confrontation à la réalité et d’en faire un
outil validé et utilisable en pratique quotidienne.
DISPOSITIFS
DE
DETECTION
DES
CHUTES :
QUELLES
AVANCEES
TECHNOLOGIQUES ?
Depuis plus d'une vingtaine d'années, de nombreuses recherches ont été menées à
travers le monde pour tenter de mettre au point un dispositif qui permette de détecter
de manière fiable les chutes chez les personnes âgées et d’émettre un signal d’alerte
local ou à distance. L’équipe AFIRM du laboratoire TIMC-IMAG (UJF Grenoble) se
consacre depuis 10 ans à cette thématique avec le développement de plusieurs
dispositifs et d’une méthode d’évaluation des performances des dispositifs de
détection de chute. Avec 3 brevets et de nombreuses communications scientifiques,
l’équipe AFIRM a gagné une véritable légitimité au niveau international sur ce thème.
Sur le plan conceptuel, il est possible de décrire les différentes approches en
fonction du mode de prise en compte des paramètres qui sont susceptibles de
donner lieu au déclenchement d’une alerte.
A partir d’une analyse détaillée de la littérature, des rapports de recherche et des
nombreux brevets déposés au niveau international, Noury et al. ont proposé la
classification suivante :
1. La détection directe
Les systèmes de détection directe permettent avec cette approche de
détecter les modifications rapides de la posture telles qu'elles surviennent
lors d'une chute. Le capteur, qui doit être porté en permanence par la
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personne à risque, se présente le plus souvent sous la forme de boîtiers de
ceinture, de poignet ou de médaillons. Si l'appareil détecte le mouvement
rapide lui-même, il s'agit d'un accéléromètre. S'il s'intéresse à la position du
corps dans l'espace, on parle de détecteur topométrique. Il existe également
des techniques d'approche autour du centre de gravité.
2. La détection périphérique
Cette approche repose sur l’analyse des modifications des comportements
ou de l'environnement de la personne (par exemple un arrêt soudain et
prolongé des activités quotidiennes ou un arrêt de mouvement détecté dans la
salle de bain). Techniquement, la détection est réalisée à l’aide de détecteurs
infrarouges ou, de façon plus sophistiquée par des caméras de
vidéosurveillance voire par des micros, qui posent cependant la question du
respect de l’intimité de la personne.
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3. La détection combinée
Les deux méthodes peuvent être combinées pour potentialiser la détection.
Elles associent en général un paramètre direct et jusqu'à plus de deux
paramètres périphériques.
Dans tous les cas, ces techniques se heurtent à deux questions pratiques : comment
différencier les mouvements normaux de la vie quotidienne ou l’absence normale de
mouvement d’une personne à son domicile (sieste, télévision …) d’une situation
anormale ? Et quelle durée doit être tolérée après la détection d’une anomalie avant
de donner l’alerte ? Si les seuils de détection et les temps de latence sont trop
faibles, l’alarme sera donnée à tout bout de champ sans motif, et si les seuils sont
trop élevés, la chute risque d’être signalée tardivement.
Malgré ces écueils, plusieurs types de dispositifs sont actuellement disponibles, dont
les avantages et les inconvénients sont décrits sur le site www.protec-chute.com.
De nombreux travaux de recherche se poursuivent et des détecteurs de chute plus
performants devraient voir le jour dans les années à venir.
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Interview de Norbert Noury
Chercheur en ingénierie de la santé, laboratoire TIMC-IMAG (Grenoble I)
Que serait le détecteur de chute idéal ?
Il devrait en premier lieu pouvoir accompagner la personne dans tous ses déplacements, ce qui
suppose une autonomie sur le plan de l’énergie et une miniaturisation optimale. Sur le plan de la
miniaturisation, le mieux qui puisse être réalisé à l’heure actuelle correspond à la taille d’une grosse
montre. En termes d’énergie, on utilise des piles, qui assurent environ 6 mois de fonctionnement. Des
recherches sont en cours dans les domaines de l’énergie mécanique (récupérer l’énergie des
mouvements de la personne) ou thermique (récupérer l’énergie provenant de la différence de
température entre la personne et l’environnement), ces sources d’énergie étant inépuisables et
capables d’assurer une autonomie plus importante.
En second lieu, il devrait être intelligent, c’est à dire capable de faire la différence entre les situations
normales et anormales, et pour cela tenir compte non seulement des mouvements de la personne
mais aussi du contexte. Ainsi, le détecteur devrait pouvoir enregistrer des paramètres physiologiques,
tels que la fréquence respiratoire ou la température corporelle, et correspondre avec d’autres
appareils indiquant les paramètres du contexte, tels que la température de la pièce, le niveau de
luminosité, l’endroit où se trouve la personne. Par exemple, si l’appareil détecte une absence de
mouvement alors que le sujet est dans sa chambre, dans le noir, à 3H du matin avec une respiration
calme et régulière, il en déduira qu’il s’agit d’une situation normale de sommeil. En revanche, si un
mouvement rapide suivi d’immobilité se produit dans la salle de bains, en pleine lumière avec une
fréquence respiratoire qui s’affole, l’appareil en déduira une chute probable.
Enfin, ce détecteur de chute devrait être capable d’auto-diagnostiquer ses pannes et d’en alerter son
propriétaire et la société assurant sa maintenance.
Peut-on envisager un jour des puces électronique implantables sous la peau ?
Même en admettant que cela soit techniquement possible, cela pose le problème de la vie privée des
gens : avec un dispositif implantable, on peut vous pister où que vous soyez. Sur le plan éthique, ce
type de dispositif ne serait acceptable que s’il est débrayable, la personne pouvant le couper quand
elle le souhaite, de portée limitée (pas de GSM) afin que la personne puisse s’exclure de la zone de
surveillance, et surtout si on peut librement choisir entre un dispositif implantable et un dispositif
portable, en connaissance des avantages et inconvénients de chacun.
3
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SITE PROTEC-CHUTE.COM : OBJECTIF PREVENTION
Premier site européen d’information et de conseil sur les chutes des personnes
âgées, Protec-Chute.com a été conçu pour les personnes âgées, leurs familles et
leurs aidants, mais les médecins et les personnels paramédicaux y trouveront
nombre d’informations utiles pour leur pratique, informations qui ne sont pas – ou si
rarement - enseignées dans les facultés ou dans les écoles.
Protec-Chute.com propose un contenu rigoureux issu de publications scientifiques
sous une forme claire et accessible à tous. Piloté par un conseil scientifique de
spécialistes, il réunit des personnalités de premier plan de la gérontologie autour du
Dr Frédéric Bloch qui en assure la rédaction et les évolutions.
RECHERCHE,
BOURSE,
INCUBATION :
NAISSANCE
D’UN
PROJET EN GERIATRIE
Pr François Piette, Hôpital Charles Foix (AP-HP)
L’hôpital Charles Foix, seul hôpital gériatrique universitaire de France, à bénéficié
de 2 contrats de plan successifs avec l’état et la région : le premier a permis la
création d’un centre de recherche dont le maître d’ouvrage sera l’Université Pierre
et Marie Curie et dont l’ouverture est prévue fin 2008, qui sera doté de la plus
grande animalerie d’Europe consacrée à l’étude du vieillissement.
Le second a donné naissance à un centre de recherche dit « translationnel » et
dédié à l’application des découvertes de la recherche fondamentale au
vieillissement humain.
Grâce à l’aide financière et technique des collectivité territoriales, a pu être créée en
2004 la bourse Charles Foix, attribuant chaque année un prix d’un montant
d’environ 5 000 € à des projet de recherche sur l’allongement de la vie. Un jury,
composé de médecins
hospitaliers,
d’universitaires, de responsables
des
collectivités territoriales, de personnalités qualifiées telles que la Présidente de la
Fondation Nationale de Gérontologie, sélectionne chaque année 3 projets parmi 7 à
10 préparés par les candidats avec l’aide de l’ARESA (Association pour le
Redéveloppement Economique Seine Amont) et des CRITT (Centres Régionaux
d’Innovation et de Transfert Technologique).
Les candidats sont des chercheurs, ingénieurs, ou diplômés d’un IUT, ou issus
d’une unité INSERM, associés à un développeur, généralement une PME, le projet
devant être breveté au moment de sa soumission.
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Sur 30 projets examinés depuis 2004, 2 ont pu faire l’objet d’un suivi : le premier,
Médialis-Ageis est une société de services spécialisée dans les méthodologies
d’évaluation, qui a débuté dans l’incubateur AgoraNov de Paris VI. Elle est
mandatée par la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie pour proposer
une interface entre gériatres experts et entreprises afin d’évaluer la pertinence des
projets
de
développement
de
ces
dernières
dans
le
domaine
de
la
gérontotechnologie. Medialis-Ageis a signé une convention avec l’AP-HP et l‘hôpital
Charles Foix avec lequel elle travaille.
Le second projet est Protec-Chute.com, objet de la présente conférence de presse.
Ce site déjà accessible en six langues constitue une source d’information
considérable au niveau international pour les professionnels de gérontologie, pour
les aidants des personnes âgées et pour toutes les personnes concernées par le
problème des chutes dans sa dimension médicale, sociétale, technique...
Le site est divisé en 5 sections principales :
-
les chutes en question : données chiffrées, facteurs de risque, conséquences ;
-
la prévention : prendre soin de soi par une alimentation équilibrée, la pratique
d’une activité physique régulière, en stimulant sa mémoire … Mais aussi
prendre soin de l’aménagement de son lieu de vie, avec une foule de conseils
pratiques sur les points à surveiller dans chaque pièce et sur les mesures à
prendre pour limiter les risques de chute ;
-
la prise en charge des chutes : que faire après une chute, immédiatement
(comment se relever, par exemple), dans les jours suivants et dans les mois
suivants ;
-
dépistage du risque de chute : le site présente les principaux tests utilisés par
les professionnels de santé, et propose également un dépistage personnalisé
en ligne ;
-
avancées scientifiques présente les travaux de recherche portant sur la
détection des chutes ainsi que leurs applications pratiques.
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Apprendre à se relever...
Apprendre à négocier les obstacles
CERTIFICATION HON : UNE GARANTIE D’ETHIQUE
Bénéficiant de la certification « HON », Protec-Chute.com est à ce titre intégré au
moteur de recherche MedHunt.
Crée en 1995, basée à Genève, la Fondation "Health On the Net" est une fondation
sans but lucratif accréditée par le conseil économique et social des Nations Unies.
Fondée à la suite d’une conférence internationale regroupant les experts de l’Internet
et de la télémédecine, son objectif est de promouvoir le développement et les
applications de nouvelles technologies d'information notamment dans les domaines
de la médecine et de la santé.
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HON est actuellement reconnu comme un des leaders des bases de données
d'informations médicales sur le Web.
Parmi les services de HON, les outils de recherches dans les domaines médicaux et
biomédicaux sont très largement utilisés, dont MedHunt, ainsi que la Charte HON,
qui est un code de déontologie pour responsables de site médicaux destiné à
l'amélioration de la pertinence de l'information médicale sur le Web.
Ayant été chargée fin novembre 2007 par le législateur d’établir une certification des
sites santé français, la HAS a choisi la fondation HON pour mettre en œuvre la
certification des sites Internet santé en France.
Une telle démarche de certification s’applique à l’ensemble des sites Internet santé,
avec le souhait de sensibiliser les éditeurs de sites installés sur le territoire
français en les mobilisant autour de la démarche de certification de leur site, d’aider
les internautes à identifier les sites de qualité mais également d’informer les
professionnels de santé de l’existence de cette démarche de certification pour les
aider à orienter leurs patients et à échanger avec eux autour de l’information
recueillie.
Principes du HONcode
1. Autorité : Indiquer la qualification des rédacteurs
2. Complémentarité : Complémenter et non remplacer la relation patient-médecin
3. Confidentialité : Préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les
visiteurs du site
4. Attribution : Citer la/les source(s) des informations publiées et dater les pages de santé
5. Justification : Justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou
traitements
6. Professionnalisme : Rendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et
fournir une adresse de contact
7. Transparence du financement : Présenter les sources de financements
8. Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale : Séparer la politique publicitaire de la politique
éditoriale
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Interview du Dr Frédéric Bloch
Selon vous, à qui s’adresse le site Protec-Chute.com, et quel est son objectif ?
Le site s’adresse à toute personne inquiète du risque de chute, à sa famille ou à ses proches, et
également aux professionnels de santé, pour lesquels nous proposerons des services spécifiques
dans l’avenir.
L’objectif du site est bien évidemment de favoriser la prévention des chutes chez la personne âgée, et
notre volonté était de regrouper l’ensemble des informations actuellement validées, qu’on ne pouvait
trouver jusque là que de manière éparse et ponctuelle.
Pensez-vous que l’Internet soit un media adapté aux personnes âgées ?
De plus en plus de personnes âgées se documentent sur l’Internet, et cette tendance sera de plus en
plus forte au fur et mesure des années, avec des sexagénéraires habitués aux nouvelles technologies
qui vont vieillir. Par ailleurs, si ce ne sont pas les personnes âgées elles-mêmes, cela peut-être leurs
proches, qui voient leur parent décliner, s’inquiètent pour lui et recherchent des solutions pour être
alertés rapidement s’il lui arrive quelque chose.
Quels développements envisagez-vous à l’avenir ?
Actuellement, toute la partie informative est en ligne, et évoluera au fur et à mesure des avancées
scientifiques et techniques. Des conseils pratiques et pertinents sont d’ores et déjà disponibles pour la
prévention des chutes accidentelles, notamment en termes d’aménagement du logement. Nous avons
développé la présentation des membres de l’équipe virtuelle afin que les patients se sentent en
confiance.
Pour ce qui est des évolutions, il est prévu un questionnaire d’autoévaluation en ligne du risque de
chute, dès que les travaux du Pr Kemoun auront conçu un algorithme diagnostique permettant de
dégager les principaux facteurs de risque pour un individu donné afin de mettre en place une prise en
charge optimale et personnalisée.
Vous décrivez sur le site différents types de matériels disponibles dans le commerce, mais vous ne
citez ni les marques, ni les endroits où l’on peut se les procurer …
Notre projet est de proposer dans un proche avenir une analyse critique des différents dispositifs
disponibles, avec leurs avantages et leurs inconvénients en fonction des problèmes de chaque
individu. Ce site a une vocation européenne, aussi il nous a paru difficile de n’indiquer que quelques
points de vente franciliens ou français, mais nous chercherons dans l’avenir les moyens de faciliter
l’accès des patients aux technologies disponibles.
Avez-vous l’intention de développer une partie de votre site à destination des professionnels de
santé ?
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Oui, notamment dans la partie « services en ligne », nous projetons de mettre à disposition –
moyennant participation financière, car nous nous n’avons pas les moyens d’un site commercial - des
brochures reprenant les conseil pratiques, que les médecins, kinésithérapeutes, infirmières …
pourraient remettre à leurs patients.
Si vous deviez faire passer un seul message à l’occasion du lancement de Protec-Chute.com ?…
Ce serait de ne pas négliger les chutes, car même s’il n’y a pas eu de fracture, elles sont le signe
d’une fragilité et marquent souvent le début d’un processus de déclin accéléré, avec un risque élevé
de récidive, et leurs conséquences à court et moyen peuvent être graves.
Vous êtes, dit-on, l’âme du site Protec-Chute.com ?
Disons plus humblement son pilote, entouré et aidé de spécialistes très compétents…
Conseil Scientifique Protec-Chute.com
Comité de Rédaction
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Documents joints dans le dossier :
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Programme de la conférence de presse
-
Présentations PowerPoint des orateurs
-
Recommandations de la HAS
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