ÉMANCIPER LA LECTURE : - Département d`études littéraires
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ÉMANCIPER LA LECTURE : - Département d`études littéraires
Université du Québec à Montréal Département d’études littéraires ÉMANCIPER LA LECTURE : ÉTHIQUE ET POLITIQUE DES GESTES CRITIQUES Sigle : LIT846L/LIT9111V Session : Hiver 2015 Horaire : les lundis de 18h à 21h Professeur : Jean-François Hamel Courriel : [email protected] Bureau : J-4650 (sur rendez-vous seulement) Description du séminaire Ce séminaire portera sur les théories contemporaines de la lecture pour autant qu’elles mettent en lumière la portée éthique et politique des arts de l’interprétation. Au-delà des esthétiques et des phénoménologies de la réception, qui ont longtemps dominé les recherches sur la lecture, plusieurs théoriciens nous invitent aujourd’hui à associer les pratiques de lecture et les actes d’interprétation à des manières d’être, à des figures de communauté et à des formes de vie. De la question ontologique : qu’est-ce que la littérature ?, on passe ainsi à des questionnements centrés sur l’expérience de la lecture : quels sont nos usages des textes? que faisons-nous des œuvres? Sous quelles formes la littérature d’hier et d’aujourd’hui s’inscrit-elle dans nos existences ? Des travaux aussi différents que ceux de Pierre Bayard, Marielle Macé et Yves Citton, s’inspirant à la fois du pragmatisme américain et de l’histoire culturelle à la française, décrivent en effet les pratiques de lecture et d’interprétation comme des actes d’appropriation au service d’une émancipation individuelle et collective, toujours ancrés dans une expérience de soi et des autres, qui redéfinit les rapports du sujet et de la communauté. D’où les interrogations qui balisent leurs enquêtes : que faire de la littérature, avec la littérature? à quelle condition la fréquentation des textes nous est-t-elle utile ou profitable? Quelles sont les finalités éthiques et politiques de ces gestes critiques qui définissent la lecture littéraire et qui se trouvent réinvestis dans la recherche en études littéraires? Dans une perspective résolument critique, nous tenterons d’expliciter les présupposés idéologiques et les implications épistémologiques de ces discours contemporains sur la lecture et l’interprétation, ainsi qu’à en circonscrire les conditions de gestation, de constitution et de circulation dans l’espace social. Mais il s’agira surtout de réfléchir à nos propres gestes critiques, à nos manières de lire et d’interpréter, tels que nous les mettons en œuvre dans nos recherches universitaires en études littéraires. Programme des séances 12 janvier — DE L’AUTORITÉ DU TEXTE À L’ÉMANCIPATION DU LECTEUR : QUELQUES REPÈRES 19 janvier — LIRE SELON LE PRAGMATISME : EXPÉRIENCE ET COMMUNAUTÉ Richard Shusterman, « Situation du pragmatisme », L’Art à l’état vif. La pensée pragmatiste et l’esthétique populaire, trad. Ch. Noille, Paris, Minuit, coll. « Le Sens commun », 1992, p. 17-58. Richard Rorty, « Le parcours du pragmatiste » [1992], dans Umberto Eco, Richard Rorty, Jonathan 2 Culler et Christine Brooke-Rose, Interprétation et surinterprétation, trad. J.-P. Cometti, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Formes sémiotiques », 1996, p. 81-99. Stanley Fish, « Comment reconnaître un poème quand on en voit un ? » [1980], Quand lire c’est faire. L’autorité des communautés interprétatives, trad. É. Dobenesque, Paris, Prairies ordinaires, coll. « Penser/croiser », 2007 [1980], p. 55-77. 26 janvier — LIRE SELON L’HISTOIRE CULTURELLE : PRATIQUE, REPRÉSENTATION, APPROPRIATION Michel de Certeau, « Lire : un braconnage », L’Invention du quotidien. 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1998 [1980], p. 239-255. Jean-Marie Goulemot, « De la lecture comme production de sens », dans Roger Chartier (dir.), Pratiques de lecture, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque », 2003 [1985], p. 119-131. Guglielmo Cavallo et Roger Chartier, « Introduction », Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil, coll. « Points », 2001 [1997], p. 7-49. Antoine Compagnon, « Allégorie et philologie », dans Anna Dolfi et Carla Locatelli (dir.), Retorica e interpretazione, Rome, Bulzoni, 1994, p. 191-202. 2 février — LA LITTÉRATURE COMME DIALOGUE DE SOURDS : LA LECTURE SELON PIERRE BAYARD Pierre Bayard, Enquête sur Hamlet. Le Dialogue de sourds. Paris, Minuit, coll. « Double », 2014 [2002]. 9 février — LA LITTÉRATURE COMME STYLE D’EXISTENCE (I) : LA LECTURE SELON MARIELLE MACÉ Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être, Paris, Gallimard, « NRF Essais », 2011. 16 février — LA LITTÉRATURE COMME STYLE D’EXISTENCE (II) : CRITIQUES ET CONTREPOINTS Pierre Bourdieu, « Lecture, lecteurs, lettrés, littérature » [1981], Choses dites, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », 1987, p. 132-143. Michel Foucault, « Le sujet et le pouvoir » [1982], Dits et écrits. II. 1976-1988, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2001 [1994], p. 1041-1062. François Cusset, « Ce que lire veut dire. La lecture, une affaire collective, une affaire politique », La Revue des livres, no 10, mars-avril 2013, p. 11-16. 23 février — LA LITTÉRATURE COMME PUISSANCE COMMUNE (I) : LA LECTURE SELON YVES CITTON Yves Citton, L’Avenir des humanités. Économie de la connaissance ou culture de l’interprétation? Paris, La Découverte, 2010. 2 mars — Semaine de lecture 9 mars — LA LITTÉRATURE COMME PUISSANCE COMMUNE (II) : CRITIQUES ET CONTREPOINTS Anne-Marie Thiesse, « Communautés imaginées et littérature », Romantisme, « Histoire culturelle/ histoire culturelle », no 143, 2009, p. 61-68. Jean-François Hamel, « L’invention d’une politique de la lecture » et « Lire pour son époque », Camarade Mallarmé. Une politique de la lecture, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe », 2014, p. 19-35, 191203. 3 Jacques Rancière, « Le spectateur émancipé », Le Spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2011, 7-29. 16 mars — EXPOSÉS 23 mars — EXPOSÉS 30 mars — EXPOSÉS 6 avril — Lundi de Pâques 13 avril — EXPOSÉS 20 avril — EXPOSÉS Lectures obligatoires Les étudiants devront se procurer les ouvrages suivants (qui seront disponibles à la librairie de la CoopUQAM) : Pierre Bayard, Enquête sur Hamlet. Le Dialogue de sourds (Paris, Minuit, coll. « Double », 2014 [2002]); Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être (Paris, Gallimard, « NRF Essais », 2011); Yves Citton, L’Avenir des humanités. Économie de la connaissance ou culture de l’interprétation? (Paris, La Découverte, 2010.) Quant aux articles et chapitres de livre qui figurent dans le programme des séances, ils seront distribués aux étudiants au début de la session (sur papier ou numérisés). Formule pédagogique et modalités d'évaluation Ce séminaire exigera des étudiants une participation active : tous devront prendre part aux discussions en classe et présenter deux exposés. Un premier exposé consistera à présenter un texte choisi parmi les lectures obligatoires et à lancer la discussion (10-15 minutes / 20%). Un second exposé permettra de faire état des résultats d'une recherche en rapport avec la problématique du séminaire (25-30 minutes / 25%). Pour chaque exposé de fin de session, un répondant sera désigné, qui aura pour tâche d'animer la discussion et de poser les premières questions (10%). Enfin, les étudiants devront soumettre par écrit les résultats de leur recherche en prenant en considération les échanges en séance (18-20 pages / 45%). Conformément à l’énoncé de principes adopté par le département d’études littéraires, l’évaluation tiendra compte de la qualité de la langue : maîtrise des règles de syntaxe et de composition (organisation générale du texte), justesse et étendue du lexique, respect de l’orthographe. Il va sans dire que tout plagiat, quelle qu'en soit l'ampleur, entraînera un échec au séminaire et sera porté à la connaissance des responsables du Département d'études littéraires et de la Faculté des arts.