de Haute Savoie…

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de Haute Savoie…
Le ski belge sous la loupe (1/2)
> SKI ALPIN
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PAR PHILIPPE JANSSENS, ENVOYÉ SPÉCIAL À VAL THORENS
NOS DAMES
de Haute Savoie…
Après un hiver
exceptionnel,
Mathilde Nelles
et ses potes,
préparent la relève…
8
Copie destinée à [email protected]
" Pas besoin d’être née dans un
: Mathilde Nelles a brillé de mille feux,
la semaine dernière à Val Thorens. © C.CATTIN-OT VAL THORENS
ÉDITO
chalet d’alpage, quelque part en
Haute Savoie, dans le Tyrol autrichien ou le Valais suisse pour accéder au rêve de la compétition
en ski alpin. La preuve par Mathilde Nelles, Salomé Scohy et
tous les autres membres du Be
Ski Team qui, après cinq années
passées sous la houlette de l’entraîneur
français
Raphaël
Burtin, commencent à émerger
au plus haut niveau belge… et
bientôt européen.
Pour Mathilde Nelles, une
jeune Malmédienne de 16 ans
qui décrocha, la semaine dernière à Val Thorens, le titre de
championne de Belgique en
slalom géant, mais également des premiers
“Je
accessits en Supasse deux
per-G et en slalom,
l’édition
semaines
2014 de la Paola
à m’entraîner
Cup fut vraiment
et une semaine celle de toutes les
à l’école…” confirmations.
PAR PHILIPPE JANSSENS
Étoiles des neiges ?
Au lendemain de la 48e Coupe Paola disputée à Val Thorens et
de son pendant international qu’est la Paola Cup avec ses
courses Fis qui servent, depuis quelques années, également de
support aux Championnats de Belgique, la grande famille du
ski alpin belge paraît en mutation. Et si, depuis bientôt deux
décennies, les mêmes débats opposent toujours les instances
sportives aux principaux intéressés que sont les skieurs et leurs
familles, il nous apparaît néanmoins que le changement est en
marche. Un véritable passage de témoins entre générations qui
pourrait, à l’image de l’athlétisme, avec les frères Borlée, ou du
hockey sur gazon avec ses Red Lions et Panthers, propulser le
ski alpin belge au-devant de la scène. Ces nouvelles étoiles des
neiges de notre plat pays qui s’apprêtent à succéder aux Jerke
Van Den Bogaert et autres Karen Persyn, se nomment Dries
Van Den Broecke ou Armand Marchant chez les hommes, et
Mathilde Nelles, Marjolein Decroix ou Salomé Scohy chez les
dames. Tous ont choisi l’immersion, en France ou en Autriche,
pour évoluer au rythme des jeunes des pays alpins avec lesquels ils tiennent, jusque-là, la comparaison. Sans le soutien
financier de leurs parents, ces jeunes talents n’auraient jamais
pu éclore, tels des edelweiss au cœur des alpages. Et demain, il
faudra donc bien plus qu’une présence parfois symbolique des
pouvoirs sportifs et politiques pour leur permettre de poursuivre leur ascension et de rêver gravir un jour les sommets les
plus inespérés…
Ajoutez-y que ce petit bout de
jeune fille remporta également
haut la main le slalom belgobelge de la Coupe Paola et vous
aurez compris que sa moisson
de médailles et de coupes fut
quasiment totale, voici moins
de huit jours dans la plus haute
station de ski française…
“C’est vrai que c’est agréable de
se retrouver à ce niveau”, avoue-telle. “Mais c’est aussi le fruit de
beaucoup de travail…”
CAR MATHILDE, comme tous les
membres du Be Ski Team, une
équipe créée par des parents de
skieurs afin de permettre à leurs
enfants d’évoluer vers le plus
haut niveau, passe l’essentiel de
son temps à Arenthon, un village de Haute Savoie, camp de
base pour l’entraînement, quasiment 8 mois par an.
“En moyenne, sur une année
scolaire, je passe deux semaines à
m’entraîner et une semaine à
l’école”, explique-t-elle. “Ce n’est
pas toujours évident, car cela
exige une grande discipline et de
nombreux trajets.”
“Des Belges au sommet ? Moi j’y crois !”
VAL THORENS Ancien mem-
bre de l’équipe de France de ski,
Raphaël Burtin veille depuis
bientôt cinq ans sur nos jeunes
pousses… “Je suis à la fois leur
mère, leur père, leur frère et leur
entraîneur, concède l’ancien
géantiste qui prit part au JO de
2006 à Turin. Notre travail démarre en juillet et en août sur les
glaciers et puis, 8 mois par an, je
ne touche plus terre. En Haute
Savoie, tous ces jeunes talents
“Je raccrocherai en 2015 !”
8 Karen Persyn, déçue d’avoir manqué Sotchi,
espère briller aux Mondiaux de Vail en 2015…
" Le temps d’un slalom et d’un
21e titre national, Karen Persyn
était de passage, mercredi dernier dans la plus haute station
de ski d’Europe. “J’ai des tests de
skis à effectuer pour mon partenaire équipementier”, lance l’Anversoise dans un français plus
que parfait. Désenchantée, la
skieuse du Brussels Ski Team,
l’est certainement, elle qui rêvait
d’une sélection pour Sotchi.
“C’est à ne rien y comprendre”,
poursuit-elle. “J’ai l’impression
que hormis la Fédération WallonieBruxelles il n’y a pas grand monde
qui m’a soutenu”, glisse-t-elle, à
l’adresse de la Fédération royale
de ski à qui elle reproche de ne
pas avoir présenté son cas au
COIB. “C’est à ne rien y comprendre. Il y a quatre ans, j’ai été sélectionnée pour Vancouver alors que
Un véritable casse-tête afin de
poursuivre sa scolarité au collège Saint-Remacle de Stavelot
où elle termine sa 5e secondaire…
“Mes parents scannent les cours
d’une copine et mes les envoient”,
précise-t-elle. “Ensuite, je passe
les interros lors de mon retour en
Belgique. Dans deux ans, après
mes humanités, si tout se passe
bien, j’effectuerai une année sabbatique en me consacrant entièrement au ski. Ce sera donc l’année
de transition, celle qui devrait me
permettre de tout donner à ma
passion”
Quant aux sacrifices pour une
jeune de son âge, ils paraissent
inexistants: “C’est sûr que les sorties nous manquent un peu, mais
nous avons choisi notre passion et
nos parents nous soutiennent à
fond, donc il est évident que l’essentiel de nos loisirs passent dans
la préparation et l’entraînement..”
Et des rêves, Mathilde en a
plein. Ils parlent de Coupe du
Monde, de Mondiaux et même
de Jeux Olympiques. Mais cela,
c’est déjà une autre histoire...
j’étais 104e mondiale. Aujourd’hui,
je suis 72e et l’on ne propose même
pas ma candidature !”
DÈS LORS, IL LUI APPARAÎT,
comme une évidence qu’à 31 ans,
sa carrière touche vraiment à sa
fin. “Je me donne encore un an
pour prouver ce que je vaux”, souligne-t-elle. “Je fais des Championnats du Monde de Vail (USA) mon
objectif pour 2015. Ensuite, je terminerai sans doute ma carrière, ici à
Val Thorens avec, je l’espère, un ultime titre de championne de Belgique...”
Une ultime saison d’adieu à ce
sport qui lui a tant donné et
pour lequel elle espère continuer à œuvrer à l’avenir. “Ce n’est
pas vraiment mon truc de travailler cinq jours sur sept dans un
bureau. Donc, oui, je me vois bien
belges sont logés à la même enseigne que les meilleurs français.
Il est donc tout à fait envisageable qu’un jour, l’un ou l’autre arrive au sommet de cette discipline
très exigeante. Quant à les amener au haut niveau, avec les connexions que j’ai, et si le talent
suit, je leur trouverai une place à
louer en équipe de France afin de
pouvoir les encadrer convenablement… Alors oui, un ou une Belge
au sommet, moi j’y crois !”
m’occuper de skieurs et offrir aux
jeunes l’expérience que je possède.
Une chose est certaine: je privilégierai un poste en extérieur…”
QUANT À LA JEUNE génération
montante, elle la sent pousser au
portillon. “Aujourd’hui, des Mathilde (Nelles, NdlR) ou des Salomé (Scohy, NdlR) ont l’avantage
de pouvoir s’entraîner toute l’année dans le contexte équivalent de
ceux des Françaises, des Suissesses
ou des Autrichiennes. Cela leur offre un bel avenir et une grande polyvalence qui m’était interdite,
puisque je passais l’essentiel de
mon temps sur une piste artificielle
en Belgique, contrainte à m’entraîner au slalom...”
En revanche, Karen Persyn estime qu’il faudra encore attendre quelques années pour voir
une autre skieuse belge prétendre à une sélection mondiale ou
olympique.
“Elles sont toutes encore extrêmement jeunes”, conclut-elle. “Il
leur faudra encore acquérir de la
technique, du physique et… de l’expérience.”
LA DERNIÈRE HEURE - LES SPORTS I MARDI 15 AVRIL 2014 I www.dh!be
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