le culte de la sainte vierge a marseille

Transcription

le culte de la sainte vierge a marseille
LE CULTE DE LA SAINTE VIERGE A MARSEILLE
L'ANCIEN TRÉSOR. DE NOTRE-DAME DE LA GARDE
CETTE page vient naturellement après celle que nous avons consacrée aux monuments et
aux curiosités les plus remarquables que l’on trouvait autrefois dans la chapelle et sur la
colline de Notre-Dame de la Garde fi) L ancien trésor de Notre-Dame de la Garde était en
effet,l’une des curiosités,. non la moins remarquable, de la ville de Marseille Grosson, à la
fin de ses Ephéméride Marseillaises avait pris soin de dresser une liste des objets les plus
dignes à des titres divers, d attirer l’attention des voyageurs qui visitaient notre cité Dans
cette nomenclature il n'a eu garde d'oublier le trésor de l’antique chapelle ; il le signale
particulièrement, chaque année à l attention des pèlerins et des touristes. Evalué, vers le
milieu. du siècle dernier, à environ cent cinquante mille livres, ce trésor fut entamé à diverses
reprises et pour des raisons différentes
Des lettres patentes du roi, données à Versailles, le 26 octobre 1759, et communiquées aux
évêques par M. de Saint-Florentin, demandaient à l’église de France de subvenir aux besoins
de létat. L Eglise, toujours magnifique en ses générosités, répondit noblement àl'appel du roi.
L’évêque de Marseille écrivit aux prieurs de Notre-Dame de la Garde, les priant de dresser
un inventaire des pièces d'argenterie qu’ils pourraient fournir à l Etat, à l exception toutefois
des reliquaires, des châsses, des croix et des vases sacrés. Le 20 décembre de la même année,
l’inventaire fut dressé en présence de Paul Séné, marchand orfèvre de Marseille, de
Guillaume Colson, maître-serrurier, de Pierre Pignon, Etienne Vincent, Claude-Maxim
Floux, Pierre Meilhenr, Jean-Honoré Rossel, Jean-Antoine Mussou, prieurs du Luminaire , et
de Messire Joseph-Laurent de Gombert, chanoine-député du chapitre de Saint-Victor. Le 4
mai 1760, Claude-Maximin Floux et Jean-Honoré Rossel furent délègues par les prieurs de
Notre-Dame de la Garde pour porter à l hôtel des monnaies d’Aix la Vaisselle d'argent et d'or
que le Luminaire offrait généreusement à l'Etat
Outre ces pièces dont nous ignorons la valeur, d autres plus précieuses encore avaient été ou
furent ravies au trésor de l antique chapelle, pour des raisons différentes, sans doute, et a une
époque qu'il nous est impossible, jusqu'à présent, de déterminer Les plus riches offrandes
étaient faites par des capitaines marins Quelques-uns pour une neuvaine de messes dites dans
la chapelle offraient un calice d'or estimé 12,000 livres; d’autres un collier d or, une couronne
enrichie de diamants et de pierreries et plusieurs bijoux de cette espèce. Tous ces objets ne
sont point compris dans la nomenclature que nous publions aujourd’hui. Nous avons dû nous
contenter d'énumérer, dans ce chapitre, les pièces principales d'argent, de vermeil ou d'or, et
les pierreries les plus remarquables qui faisaient encore partie du trésor de Notre-Dame de la
Garde, quand, aux jours lugubres et sombres de la Terreur, l’état s'empara violemment et
injustement de tous les biens dont nos pères avaient enrichi l'Eglise,
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
VAISSELLE D'ARGENT
La grande statue de Notre-Dame de la Garde, tenant de la.main gauche l’enfant Jésus.
Elle pesait, avec les deux couronnes, 161 marcs, 7 onces, 2 gros.
Une seconde statue de la Vierge couronnée, reposant sur un piédestal en bois. Le
piédestal avait la forme d'une châsse et renfermait une relique qu il nous a été
impossible de déterminer, jusqu'à présent. La statue mesurait environ trois pans de
hauteur et pesait, avec la couronne,. 39 marcs.
3 Une Vierge, tenant au bras l'enfant Jésus. Elle était placée également sur un piédestal
en bois, mesurait environ 1 pan de hauteur et pesait 4 marcs et 6 onces.
Une petite statue représentant la Vierge et son enfant Jésus. Elle portait au cou une
chaîne, et pesait 2 marcs, 7 onces et 4 gros. ,
Deux statuettes de la Vierge, avec l'enfant Jésus. On les plaçait ordinairement au bout
de deux bâtons en bois, à l'usage des bedots chargés du service de la chapelle. Elles
pesaient 2 marcs et 7 onces
Deux plaques d'environ 1 pan de hauteur sur 3/4 de largeur, représentant la Vierge en
bosse et pesant i marc, 2 onces.
Quatre écussons d'un pan et demi de hauteur, portant l'effigie de la Vierge en bosse, du
poids de 9 marcs, 6 onces.
Deux ostensoirs pesant l’un 6 marcs. 7 onces, 4 gros, l'autre 2 marcs, 2 onces 4 gros.
Les pierres très nombreuses qui ornaient le premier ostensoir étaient fausses et
enchâssées dans l'or et l'argent. A l'extrémité des rayons brillaient trois perles fines dont
l’une plus grosse que les autres' était particulièrement remarquable
Trois couronnes pour Iavierge5 l'enfant Jésus ou l’ostensoir, du poids de 4 marcs, 5
onces.
Un ciboire, pesant 3 marcs, 3 onces, 4 gros.
Trois calices, pesant avec le bassin ovale et ses deux burettes, 7 marcs 5 onces.
Deux boites pour hosties pesant l’une 3 marcs- 3 onces, l’autre 6 onces 4 gros.
Un encensoir, pesant avec la navette et sa cuillère, 9 marcs, 3 onces.
Un goupillon, de 3/4 de pan de longueur, pesant 4 onces.
Une grande croix processionnelle, d'environ 10 pans de longueur avec son bâton
couvert d'une plaque d'argent parsemée de fleurs de lys, pesant 25 marcs.
Une petite croix, pesant 4 onces, 4 gros.
Onze grandes lampes, pesant avec leurs chaînes, 47 marcs
Deux lampes plus petites suspendues aussi par des chaînes, du poids de 1 marc,5 once
Une autre lampe d’environ 1/4 de pan de diamètre. pesant 6 onces 6 gros
Six chandeliers, à 3 pieds, d’un ouvrage remarquable, mesurant environ 3 pans de
hauteur et pesant 55 marcs, 6 onces.
Deux chandeliers à 3 pieds également ouvragés- d’environ 1 pan et demi de hauteur et
pesant 5 marcs, 3 onces, 4 gros.
Deux petits chandeliers unis, d'environ 1/2 pan de hauteur, pesant i marc 5 onces
Six petits navires, avec leurs agrès, du poids de 6 marcs 2 onces.
Deux petits enfants maillotés, pesant 1 marc 3 onces
Deux autres enfants, du poids de 4 onces, 4 gros.
Vingt-six poissons, pesant 4 marcs, 2 onces.
Vingt quatre chaînes pour ceintures de femme, du poids de 13 marcs, 4 onces.
Vingt cinq crochets de femme, pesant 12 marcs, 2 onces.
Vingt-cinq cœurs, du poids de 13 marcs, 5 onces, 6 gros.
30
31
32
33
34
Quatre-vingt-onze médailles, pesant 3 marcs, 4 onces, 4 gros.
Trente-six petites croix, pesants 2 marcs.
Quinze boucles d'oreilles, du poids de 2 marcs, 4 gros
Signalons enfin des chapelets, des navires ….
VAISSELLE DE VERMEILE
1 Un christ sur une croix unie, pesant 8 marcs, 5 onces. Le pied. de forme ovale, était
une chasse renfermant probablement une relique delà vraie croix
2 Deux calices, pesant avec leurs patènes, environ 5 marcs, 7 once
3 Un bénitier, du poids de 1 marc, 7 onces, 6 gros.
4 Un grand cœur suspendu à une chaîne, pesant 5 onces, 2 gros.
5 Une couronne avec une boule surmontée d'une croix, pesant 3 marcs, 4 onces,
VAISELLE D’OR
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
Cinq croix de Malte émaillées, de grandeur différente, pesant 6 onces, 1 gros ½.
Trois croix Maintenon, dont deux en or, le chaton de la troisième également en or sur
fond d’argent avec des pierres fausses, du poids de 6 gros.
Deux petites croix, dont une avec son christ d'environ 2 pouces de hauteur, pesant 6
gros, 1 denier.
Un médaillon en forme de croix, représentant les armes du chapitre de la Major,du
poids de 7 deniers.
Un médaillon orné de plusieurs perles amoncelées, pesant 4 gros.
Un médaillon représentant un portrait d'homme, pesant 2 deniers.
Deux médailles du poids de 1 once, 1 gros ½.
Un cœur, d'un pouce et demi de hauteur, pesant 5 gros, 2 deniers.
Un rosaire pesant i once, 7 gros.
Deux bracelets de 18 tours, pesant 2 onces, 4 gros.
Une chaîne de neuf pieds quatre pouces de longueur, pesant 1 once, 5 gros.
Un collier à plaque en or émaillé, pesant 1 once.
Cent soixante-onze bagues, du poids de 1 marc, 5 onces, 6 gros.
Douze bagues, avec des pierres fines, pesant 7 gros.
Trente-deux bagues à grenats ou cornalines, pesant 2 onces, 3 gros,
Cinquante-neuf bagues avec des pierres fausses, pesant 5 onces.
A toutes les pièces énumérées dans cette troisième partie, il faut ajouter un très grand
nombre de petites croix de cristal ou d'or, quelques-unes ornées de pierreries et
suspendues à des chaînes précieuses, des cœurs renfermant des reliques, des colliers à
la Malthaise ou à la Figaro et des bracelets d'enfant, plusieurs boucles d'oreilles, et de
riches girandoles, des médailles portant gravées les armes de ceux qui les avaient
offertes, des pièces de monnaie venant des pays les plus divers et remontant aux
époques les plus reculées. On conservait dans l'ancien trésor une très antique médaille
en cuivre, entourée d'un cercle d'or
PIERRERIES
1
Deux papillons ornés de plusieurs brillants; on remarquait sur le premier une très belle
rosé, et dans le second un rubis balais en table.
2 Un autre papillon, en forme de médaillon, enrichi de six diamants et d'une émeraude.
3 Un quatrième papillon en cristal avec monture d'argent.
4 Un jasmin en émail avec un chaton d'or au milieu portant une rosé jaune.
5 Une croix de Malte émaillée représentant saint Victor.
6 Une croix de Malte de forme gothique, surmontée d'un grand cristal.
7 Plusieurs autres croix, avec des marcassites et des pierres habilement taillées.
8 De très riches girandoles avec leurs pendeloques de différentes couleurs.
9 Les coulants de deux bracelets.
10 Des colliers à trois tours de grenats, mêlés de grains d'or.
11 Enfin douze tours de perles fines, dont six grenats; et une grande quantité de pierres
fausses..
Parmi les vingt-cinq chasubles, les chapes, les voiles, les écharpes et autres ornements que
possédait l'ancienne chapelle, plusieurs nous ont paru fort remarquables, soit par la richesse
de l'étoffe, soit par les broderies d'or en bosse qui en relevaient encore le prix. Signalons
encore la tapisserie damassée dont on se servait pour décorer le sanctuaire, aux principales
fêtes de l'année, et les trente-deux toiles de brocatelle cramoisie sous lesquelles
disparaissaient les murs de l'antique chapelle, aux jours des grandes solennités.
L'abbé Joseph BÉLEAU.
L’écho de Notre Dame de la Garde
4 mars 1883
N° 67