Kathleen René-Jutras Document : Voltaire, Brassens et l`ironie

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Kathleen René-Jutras Document : Voltaire, Brassens et l`ironie
Kathleen René-Jutras
Document : Voltaire, Brassens et l’ironie
TEXTE 1
Extrait de la définition de « guerre » du Dictionnaire philosophique de Voltaire
Source : Voltaire. Dictionnaire philosophique, Éd. Garnier, Tome 19 (1878)
Répéré à
http://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Guerre
Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a
cinq ou six sous par jour à gagner pour eux s’ils veulent être de la partie : ils se
divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs
services à quiconque veut les employer.
Ces multitudes s’acharnent les unes contre les autres, non-seulement sans
avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir même de quoi il s’agit.
On voit à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois,
tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq, se détestant toutes également
les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ; toutes d’accord en un
seul point, celui de faire tout le mal possible.
Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des
meurtriers fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller
exterminer son prochain. Si un chef n’a eu que le bonheur de faire égorger deux
ou trois mille hommes, il n’en remercie point Dieu ; mais lorsqu’il y en a eu
environ dix mille d’exterminés par le feu et par le fer, et que, pour comble de
grâce, quelque ville a été détruite de fond en comble, alors on chante à quatre
parties une chanson assez longue, composée dans une langue inconnue à tous
ceux qui ont combattu, et de plus toute farcie de barbarismes. La même chanson
sert pour les mariages et pour les naissances, ainsi que pour les meurtres : ce
qui n’est pas pardonnable, surtout dans la nation la plus renommée pour les
chansons nouvelles.
Kathleen René-Jutras
Document : Voltaire, Brassens et l’ironie
TEXTE 2
La guerre de 14-18, Georges Brassens
Source : http://www.paroles-musique.com/imprim.php?id=7944
Georges Brassens - La Guerre De 14-18
Depuis que l'homme écrit l'Histoire
Depuis qu'il bataille à cœur joie
Entre mille et une guerr' notoires
Si j'étais t'nu de faire un choix
A l'encontre du vieil Homère
Je déclarerais tout de suite:
"Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit!"
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis
Que je m'soucie comm' d'un'cerise
De celle de soixante-dix?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epées dans l'eau
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux
Leurs faits d'armes sont légendaires
Au garde-à-vous, je les félicite
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout à fait déçu
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus
Mais à mon sens, elle ne vaut guère
Guèr' plus qu'un premier accessit
Moi, mon colon, celle que j' préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre, non
Guerres saintes, guerres sournoises
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire
Chacune a son petit mérite
Kathleen René-Jutras
Document : Voltaire, Brassens et l’ironie
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
Du fond de son sac à malices
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une, un vrai délice
Qui me fera grosse impression
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorite
Cell', mon colon, que j'voudrais faire
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit
QUESTIONNAIRE SUR LES TEXTES DE VOLTAIRE ET DE BRASSENS
1. Relevez les passages qui vous marquent le plus dans les deux textes. Expliquez
pourquoi. Quels sont les sentiments ressentis à la lecture de ces passages (rire,
colère, etc.) ?
2. Relevez les expressions qui développent le thème de la guerre dans les deux
textes. Qu’est-ce qui vous surprend dans ces expressions?
3. À qui pensez-vous que ces textes s’adressent?
4. Relevez les passages qui identifient le mieux le discours des auteurs? Quelles sont
les valeurs défendues par les auteurs? Que pensez-vous de ce discours? Selon
vous, qu’est-ce qui singularise la façon avec laquelle les auteurs exposent leur
position? Expliquez quelle pourrait être la fonction de ce type de discours.

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