Lier la recherche en langues secondes à la pratique
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Lier la recherche en langues secondes à la pratique
L’Association canadienne des professeurs de langues secondes et La Revue canadienne des langues vivantes Présentent Present the :la série : Lier la recherche en langues secondes à la pratique Dans ce numéro : « Assessing AIM: A study of Grade 8 students in an Ontario school board » Monographie par Callie Mady, Stephanie Arnott et Sharon Lapkin* Évaluation de l’approche AIM (Accelerated Integrative Method) par la recherche (*) Mady, C. Arnott, S. et Lapkin, S. (2009). Assessing AIM: A study of Grade 8 students in an Ontario school board. Canadian Modern Language Review, 65 (5), 703-729. Réfléchir - Questions à considérer à la lumière de mes propres expériences 1. Comment est-ce que j’aide mes élèves à comprendre mon français parlé? Comment est-ce que j’aide mes élèves à comprendre le français écrit? Dois-je modifier ma méthode en fonction du groupe d’élèves? Si oui, de quelle façon? 2. Comment dois-je choisir les sujets et le matériel à présenter à mes élèves? 3. Comment dois-je choisir les approches pédagogiques à employer? 4. Comment puis-je juger de l’efficacité de l’approche pédagogique, des sujets ou du matériel? 5. Mes pratiques sont-elles basées sur mes lectures? sur mes études? sur mes expériences d’enseignement ou d’apprentissage? En quoi? Quelles expériences les chercheuses ont-elles apportées à la réalisation de cette étude? Présentation de Callie Mady, Stephanie Arnott et Sharon Lapkin À titre d’enseignante de français langue seconde (FLS) au primaire et au secondaire depuis 19 ans, Callie Mady a eu l’occasion d’utiliser toutes sortes de textes et d’approches pédagogiques, autant en français de base qu’en immersion. Elle a fait des études de doctorat centrées sur l’enseignement des langues secondes à l’Ontario Institute for Studies in Education de l’université de Toronto. À l’heure actuelle, Callie est professeure adjointe de méthodologie du français langue seconde à l’université Nipissing. Callie a écrit de nombreux articles de recherche et créé plusieurs ressources pédagogiques. Stephanie Arnott a enseigné le FLS au primaire avec la méthode intégrée accélérée (AIM). Elle étudie actuellement les méthodes pédagogiques en français de base à l’Ontario Institute for Studies in Education en quatrième année de doctorat. Stephanie a collaboré à plusieurs projets de recherche sur l’enseignement du FLS en Ontario. Sharon Lapkin est professeure émérite au programme d’enseignement des langues secondes de l’Ontario Institute for Studies in Education. Ses projets de recherche sont axés sur l’enseignement du FLS au Canada. Elle a en outre été coéditrice de la Revue canadienne des langues vivantes et coprésidente de l’Association canadienne de linguistique appliquée. En 2006, elle a reçu le prix Robert Roy pour son importante contribution à l’enseignement et à l’apprentissage des langues secondes au Canada, prix remis par l’Association canadienne des professeurs de langues secondes, dont elle est membre du conseil d’administration depuis 2007. page 2 © Association canadienne des professeurs de langues secondes Conversation avec Callie Mady, coauteure de « Assessing AIM: A study of Grade 8 students in an Ontario school board » Où avez-vous effectué cette recherche? Auprès française pour le questionnaire. Les entrevues ont été enregistrées et transcrites. Une fois les de qui? Notre équipe de chercheuses a été choisie pour effectuer une étude dans un conseil scolaire public en Ontario. Certains des enseignants de FLS de ce conseil employaient l’approche AIM, mais pas tous. Cette méthode est principalement fondée sur l’utilisation du vocabulaire de haute fréquence et des gestes pertinents, et est axée sur l’écoute et la parole avant la lecture et l’écriture. Nous avons étudié 12 classes de ce conseil scolaire, 6 qui avaient employé l’AIM pendant deux ans et 6 qui ne l’avaient pas utilisée. Que souhaitiez-vous démontrer? Le conseil souhaitait recueillir des données sur le rendement des élèves en FLS à l’appui de son évaluation des meilleures méthodes pour fournir l’enseignement du FLS à l’avenir. Comment avez-vous recueilli l’information? Nous avons observé les classes et testé, sondé et interviewé les élèves. Deux cent soixante élèves ont effectué les sections de l’examen de français qui portaient sur l’écoute, la lecture et l’écriture; un quart d’entre eux ont aussi subi l’épreuve orale. Quatre cent trente-neuf élèves ont répondu à un questionnaire d’identification des attitudes et 94 ont participé à une entrevue sur leurs expériences en classe. Qu’avez-vous fait avec les données recueillies? Nous avons entré les résultats de l’examen et du questionnaire dans un logiciel d’analyse statistique nommé SPSS. Ce logiciel nous a permis de comparer, habileté par habileté, les résultats des élèves exposés à l’approche AIM à ceux des élèves qui ne l’étaient pas : selon l’écoute, la parole, la lecture et l’écriture pour ce qui est de l’examen, et selon l’attitude envers le français et la culture réponses à toutes les questions ordonnées, nous avons cherché les schémas et les thèmes qui en émergeaient. Comment résumeriez-vous vos constations? Aucune différence significative ne s’est dégagée de la comparaison statistique des résultats de l’examen entre les élèves exposés à l’AIM et ceux qui ne l’avaient pas été. Les divers groupes ont obtenu des résultats similaires pour chaque section de l’examen. De la même façon, la comparaison des attitudes que permettait le questionnaire n’a pas révélé de différences entre les groupes. Les entrevues ont démontré que les deux groupes d’élèves avaient une opinion assez positive de leur expérience des cours de FLS. Les élèves qui n’avaient pas employé l’approche AIM attribuaient leur expérience positive à leurs enseignants et à eux-mêmes. Certains des élèves exposés à l’AIM associaient leur réussite au recours aux gestes, alors que d’autres trouvaient ça enfantin. Les deux groupes ont aussi répondu différemment en ce qui concerne l’utilisation du français en classe. Les élèves soumis à l’approche AIM avaient davantage recours au français que ceux de l’autre groupe, tout comme leurs enseignants. Les deux groupes ont déclaré que les jeux étaient ce qu’ils préféraient le plus, alors que les travaux écrits et les examens étaient ce qu’ils aimaient le moins. Le groupe exposé à l’AIM se sentait le plus sûr de ses habiletés en matière de compréhension et de connaissance parlées, alors que l’autre était plus sûr de ses capacités en lecture. Quels messages pratiques peut-on retirer de cette étude? 1. Nos élèves nous donnent de l’information qui peut orienter l’enseignement. Par exemple, en ce qui concerne les élèves qui © Association canadienne des professeurs de langues secondes page 3 suivent la méthode AIM, si une classe perçoit négativement l’utilisation de gestes dans cette approche, on devrait tenir compte de leur âge, de la quantité de gestes qu’on s’attend qu’ils emploient et du besoin réel de faire ces gestes. Pour ce qui est de l’autre groupe, si les élèves ont confiance en leur aptitude à la lecture, il faut envisager de leur donner des possibilités supplémentaires de pratiquer concrètement le français oral. Les enseignants interrogent souvent leurs élèves au début de l’année pour apprendre à les connaître; cette étude les encourage à répéter le processus tout au long de l’année scolaire pour permettre aux élèves de leur indiquer comment ils ont le mieux appris et ce qu’ils voudraient que les enseignants cessent, commencent ou continuent, par exemple. 2. Les données peuvent façonner les méthodes d’enseignement. IAucun des deux groupes d’élèves qui participaient à cette étude n’a eu de bons résultats à l’examen de FLS, ce qui nous indique qu’il reste encore beaucoup à faire sur ce plan. Dans l’idéal, on devrait tenir compte de telles données dans la planification, comme de tout autre type de données d’évaluation en classe. Les résultats de l’étude nous démontrent également que l’approche AIM n’a pas d’incidence négative sur les résultats dans ce contexte et qu’on devrait donc pondérer son utilisation en fonction des besoins et des résultats des élèves. 3. Le matériel et les approches pédagogiques choisies doivent correspondre aux besoins des élèves. Le fait que les répondants qui suivent la méthode AIM n’appréciaient pas tous celleci met en évidence la nécessité de varier les méthodes d’enseignement pour répondre aux besoins des élèves. La variété doit être considérée non seulement sur le plan du matériel mais aussi du point de vue de l’approche pédagogique. 4. Il faut continuer de s’interroger et de mettre les hypothèses à l’épreuve. Plusieurs des enseignants impliqués dans cette étude étaient convaincus que leur méthode donnait des résultats positifs. Leur perception de la situation était parfois différente de celle de leurs élèves ou de ce qu’on peut déduire des résultats de l’examen. Les enseignants doivent donc continuer d’évaluer l’incidence de leurs choix sur les élèves et ajuster leurs méthodes en conséquence. Et ensuite? 1. Quelles questions aimerais-je étudier davantage? Comment m’y prendre? 2. Comment puis-je vérifier si et quand mes approches répondent aux besoins de mes élèves? 3. Comment puis-je juger de l’efficacité de mon matériel? Autres articles de recherche • Bourdages, J., et Vignola, M.J. (2009). Évaluation des habiletés de communication orale des élèves de l’élémentaire en utlisant AIM. Canadian Modern Language Review 65 (5), 731-755. Cette étude compare la précision à l’oral et à l’écrit d’élèves de troisième année du primaire qui suivent l’approche AIM à celles d’élèves qui n’y sont pas exposés. Les résultats des entrevues n’ont révélé aucune différence significative entre ces deux groupes pour aucun des paramètres d’exactitude linguistique ou grammaticale. Le groupe exposé à l’AIM produisait cependant plus de mots en français que l’autre. • Carr, W. (2001). Study of York House School’s core French program: Accelerative integrated method approach: September 2000 to June 2001. Unpublished report. Carr a interviewé des élèves de première année du primaire qui avaient été exposés à l’AIM et a conclu qu’ils dépassaient les attentes provinciales pour le français de base en Colombie Britannique, mais qu’ils avaient de la difficulté à transférer leurs habiletés à des contextes autres que ceux où on emploie l’approche AIM. page 4 • Maxwell, W. (2001). Evaluating the effectiveness of the Accelerative Integrated Method for teaching French as a second language. Unpublished master’s thesis, University of Toronto (OISE/UT), Toronto, ON, Canada. Maxwell a effectué des entrevues auprès de 18 élèves de deuxième année du primaire dans une école privée en Ontario; 9 d’entre eux suivant la méthode AIM, les 9 autres non. Selon cette étude, les élèves exposés à l’AIM avaient des résultats sensiblement meilleurs que les autres. • Michels, M. (2008). Innovation in French as a second language teaching at the elementary level: An exploratory investigation. Unpublished master’s thesis, University of London Institute in Paris, France. Michels a évalué les habiletés des élèves du primaire en français oral en interviewant 16 élèves participant à divers programmes, 8 ayant suivi l’approche AIM et 8 autres qui n’y avaient pas été exposés. Son étude révèle que les enfants soumis à l’AIM obtiennent de meilleurs résultats en français que les autres, même quand ces derniers ont joui d’une plus grande exposition au français. © Association canadienne des professeurs de langues secondes