Séquence : Le théâtre Lecture analytique : Edmond Rostand Cyrano

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Séquence : Le théâtre Lecture analytique : Edmond Rostand Cyrano
Séquence : Le théâtre
Lecture analytique : Edmond Rostand Cyrano de Bergerac : La tirade du Nez v. 311 à
365 (Acte I, scène 4)
Introduction
La pièce de Rostand est très librement inspirée de la vie d'un écrivain du XVIIe siècle,
Hercule Savinien Cyrano de Bergerac. Hommes d'armes, philosophe et auteur d'oeuvres
littéraires marquées par l'esthétique baroque, Cyrano mène une vie dissipée et fréquente
beaucoup les milieux libertins.
 Baroque adj. et n. m.
Mouvement esthétique et littéraire européen, de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle, caractérisé par le
parti pris du mélange des genres, de la liberté et de la relativité ornementale: association du grandiose et du
facétieux, du réalisme et de l'illusion etc.
Quelques mots-clefs du baroque: bizarre, étrange, chaos, désordre, illusion, reflets, bulles...
Les poèmes baroques utilisent de nombreuses figures de style, et en particulier des exagérations (hyperboles),
des images (métaphores, comparaisons, personnifications etc.)
Il est blessé dans un attentat, mais il n'en meurt pas et finit ses jours après s'être converti.
Rostand reconstruit entièrement le personage réel pour en faire un modèle de courage et de
pureté. La pièce a un succès populaire considérable.
 Acte 1 : Exposition.
Acte I (« Une représentation à l’Hôtel de Bourgogne ») = acte d’exposition permettant de
présenter les pers, l’époque, les enjeux de l’intrigue…
scè 1 : mise en place de l’époque, du milieu, du monde du théâtre LECTURE A
EXPLOITER
scè 2 : apparition de Christian et présentation de Cyrano par ses amis
scè 3 : apparition parmi les marquis de de Guiche et Valvert, puis entrée en scè de
Montfleury
scè 4 : apparition de Cyrano = scè centrale de cet acte qui permet au spectateur de
découvrir le pers principal et au héros de se mettre en scè avec panache. 4 moments ds cette
scè :
- victoire de Cyr qui chasse Montfleury de la scè en faisant face également à un
public d’ab hostile qui veut voir la représentation de La Clorise de Baro ;
- altercation avec un bourgeois, un fâcheux, qui lui permet de faire un éloge de
son nez énorme (se termine de façon triviale : coup de botte) ;
- opposition avec le vicomte de Valvert se déroule en 2 tps : tirade des nez pr
montrer à son adversaire que ce dernier a peu de répartie (joute verbale)
- puis duel (ils croisent le fer) qui sera poétique en même tps pr Cyr (il cpose une
ballade qui correspond aux étapes du duel) : victoire de Cyr qui blesse son adversaire
 progression ds ces oppositions : de l’acteur (statut social peu reconnu ds société
du XVIIe), au brgeois, puis au noble (correspondant à l’état social de Cyr v.96) :
panache de Cyr va chercher plusieurs cibles ds cette scè et gravir les échelons de la
société (cô s’il était à chaque fois grisé par son succès et qu’il cherchait à le
renouveler avec plus de brio).
Tirade des nez : morceau qui sble ne pas avoir de fonction dramaturgique : n’apporte
pas d’élé significatifs pr l’exposition.
Problématique : étudier comment cette tirade permet de mettre en avant le personnage
de Cyrano.
I. Un jeu théâtral
1) une exposition en marche
a) un portrait en action
- exposition mise en place par les scè 1 à 3 se prsuit en qq sorte ds cette tirade :
le portrait de Cyr fait par ses amis ds la scè 2 est confirmé et développé par les propres propos
de Cyr et son attitude. Spectateur, en ayant Cyr devant lui, peut constater que le 1 er portrait
qui lui avait été donné (v.101 notamment) était fidèle.
- « nez » v.4 placé à la rime : sera le sujet de cette tirade (cause des railleries).
Confirme description physique qui avait été évoquée et ce que le spectateur peut remarquer
des traits de son visage.
- « rimeur », « musicien » v.101 : c’est le cas ici. Versification travaillée de
cette tirade ; orientation de certains adjectifs pr les tons vers les catégories littéraires et
esthétiques : « emphatique » v.27, « dramatique » v.29, « lyrique » v.31.
- « bretteur » v.101 = hô qui aime se battre à l’épée (ce sera le cas ; joute vbal pr
le moment).
- « physicien » v.101 : « atome » v.46. Ts ces élé cplètent dc l’exposition.
- on découvre également un ê cultivé : réf à « Aristophane » v.22 (auteur grec
de comédies du Ve siècle avant Jésus-Christ), à la tragédie de Théophile de Viau, Pyrame et
Thisbé (« Pyrame » v.40). Allusion à la dernière scè, au monologue de Thisbé en réalité
(imprécision ici) qui s’adresse au poignard avec lequel son amant Pyrame s’est suicidé (« Ha!
voici le poignard qui du sang de son maître / S'est souillé lâchement; il en rougit, le traître
! ») : a gardé une partie du 2d hémistiche du 1 er vers et tt le 2d hémis du 2 ème vers. Fait
preuve d’imitation et d’autodérision (« parodiant » v.40).
- « invention » v.48, « verve » v.53 : pers qui fait preuve d’esprit, de répartie.
Bcp d’élé du portrait psychologique de Cyr sont présentés ici.
b) la double énonciation
Tirade de Cyr prend place ds un moment particulier et peut avoir plusieurs
destinataires :
- vicomte de Valvert : vient d’avoir une répartie plate et ridicule. Tirade des nez
est la réponse que lui fait Cyr. S’adresse à lui : « jeune homme » v.1 (man un peu cavalière,
pas de mention du titre du vicomte), « mon cher » v.43 (ironie).
- Roxane qui suit cette joute depuis sa loge où elle est apparue à la scè 2. Man pr
Cyr de se mettre en valeur devant celle qu’il aime, de lui montrer qu’il possède du panache,
de l’esprit et que sa laideur ne doit pas empêcher la jeune femme de voir ses qualités. Certains
élé pvent montrer qu’il cherche à séduire une précieuse : images de la poésie précieuse avec
la « conque » et le « triton » v.31, allusion à une tragédie très célèbre à l’époque, tirée des
Métamorphoses d’Ovide (v.40 « Pyrame »).
- autres spectateurs présents sur scè, venus pr voir La Clorise (évoqués ds
didascalie au déb de scè 4).
L’enjeu de cette tirade est de transformer un objet grotesque (son nez énorme) en
image sublime pr donner une image positive de lui-même. Succès de la tirade : Cyr a réussi à
modifier image qu’il dô de lui-même (réaction de Roxane II, 6, admiration de Christian II, 10
v.1107).
 par cette tirade aux multiples destinataires qui permet de prsuivre le portrait du
locuteur, Cyr se met en scè : il devient acteur.
2) le théâtre dans le théâtre
a) un acteur à l’Hôtel de Bourgogne
- Cyr, après avoir chassé de scè Montfleury, et interrompu ainsi la représentation
de La Clorise, prend en qq sorte la place de cet acteur pr se mettre lui-même en scè. Remplace
cette pièce ds un registre totalement différent (La Clorise = pastorale, univers des bergers et
des intrigues amreuses, idéalisation ; tirade de Cyr = sujet grotesque d’un nez énorme,
autodérision, registre comique). Cyr = anti-Montfleury (v.249 : n’aime pas la pièce de Baro).
- réf au monde du théâ ds cette tirade : Aristophane (auteur grec de comédies),
pièce de Théophile de Viau.
- théâ est présent ds le discrs et est mis en pratique par Cyr qui va se mettre
en avant et devenir le centre des regards de ts les spectateurs présents sur scè (à l’Hôtel de
Bourgogne ; évocation des loges du public aisé : « devant ces nobles galeries » v.49) et des
spectateurs réels de la pièce de Rostand.
- Cyr est acteur : il monopolise la parole (tirade de plus de 50 vers). Il se
lance ds une improvisation puisqu’il va faire une variation sur un thème, celui de son « nez »
v.4. Il va tenir différents rôles, comme l’indique le gérondif « en variant » v.3 (diérèse). Il
illustre le fait qu’il est capable de jouer différents personnages : « par exemple, tenez » (v.3).
Souligne ses capacités d’improvisation.
- cette improvisation est un morceau de bravoure : tirade particulièrement bien
écrite qui sera récitée avec brio par l’acteur. Morceau de bravoure qui s’affiche, se met en
avant : « voilà » v.43 qui débute le vers. C’est Cyr lui-même, auteur, acteur et metteur en
scè, qui souligne sa tirade, et non plus le pers qui parle (présence d’un tiret v.43 annonçant
qu’il délaisse les rôles tenus pr en revenir à la confrontation directe avec Valvert).
b) metteur en scène
- Cyr est également metteur en scè : va indiquer la man de jouer les répliques des
différents interlocuteurs imaginaires qui s’adressent à Cyr pr parler de son nez : « monsieur »
v.4, 11, 15, 22, 33, 39, « l’ami » v.25. Tirade qui est propice à une mise en scè, à des gestes pr
mimer, mettre en valeur les propos.
- présence de didascalies internes : 20 différentes pr indiquer sur quel ton doit ê
prononcée la réplique (« prévenant » v.18, « respectueux » v.33). Annonce le ton puis joue le
pers pr illustrer.
- cohérence entre le ton indiqué et les propos tenus : des élé de la réplique
reprennent le thème annoncé par la didascalie. C’est le cas pr « curieux » v.10 : réplique
indiquant que l’interlo ignore ce que peut ê le nez de Cyrano et qu’il cherche à savoir
(formulation de la question : « de quoi sert », 2 pts d’interro, hypothèses exprimées par
conjonction de coordination « ou » v.11 : « écritoire » ou « boîte à ciseaux ». De même pr
« militaire » v.37 : ordre pr le cbat marqué par impératif « pointez » et excla, terme du
domaine militaire avec « cavalerie ». Ton « descriptif » v.8 : fréquence des présentatifs
« c’est » (5 en 2 vers), termes de géographie et géologie (« pic », « cap », « roc »,
« péninsule »). Mise en scè pertinente qui correspond à l’esprit de ce qui est dit.
 à la fois auteur, acteur et metteur en scè, Cyr n’en oublie pas pr autant son
altercation avec Valvert : dominant le terrain, ses propos prennent les
caractéristiques d’un duel verbal.
3) un duel verbal
a) les insultes
- cette tirade se veut une réponse quasiment cplète au manque de répartie de
Valvert. À la réplique ridicule du vicomte (en un seul vers, marqué par des points de
suspension, des répétitions qui indiquent son manque d’inspiration) s’oppose l’abondance
de la tirade de Cyr : sble passer en revue ttes les possibilités de réponse. Souligne la richesse
de son esprit pr mieux faire ressortir la pauvreté de celui de Valvert : à « un peu court » v.1
répond « bien des choses » v.2 (pluriel). Les pts de suspension du v.2 sblent plutôt laisser
deviner ici ttes les potentialités de son esprit.
- à la tirade des nez proprement dite succède l’altercation plus directe avec
Valvert : « voilà » v.43 indique le chgment. Présence de « vs » v.43, 44, 46, 47… désignant
l’interlocuteur réel de Cyr.
- à l’accusation indirecte de stupidité illustrée par la tirade des nez succède
l’accusation directe. Chp lexical de l’esprit : « lettres », « esprit » v.44, 45, 46, « invention »
v.48, « plaisanteries » v.50, « verve » v.53.
- ces termes ne s’appliquent pas à Valvert, ce que montre le chiasme « lettres » /
« esprit » v.44-46 : utilisation de la négation (« vous n’en eûtes jams » v.46, renforcée par
l’adv « jams », négation restrictive « vs n’avez que » v.47 indiquant le manque d’esprit de
Valvert).
- syllepse : fig de style consistant à employer un même mot ds 2 sens différents,
le plus svt ds un sens concret et figuré. C’est le cas ici avec « lettres » v.46 : employé d’ab ds
sens figuré pr désigner la culture puis ds un sens concret (« les trois qui forment le mot »
v.47) évoquant les lettres de l’alphabet.
- insultes : « ô le plus lamentable des ê » v.45 (superlatif placé à la césure,
interjection sblant évoquer le mépris de Cyr), « sot » v.47 (mis en relief par les 2 pts qui
renforcent le fait que Cyr s’adresse à Valvert, placé à la rime, pt d’excla).
b) les menaces d’un Cyrano qui s’affirme
- utilisation de l’irréel (« vs m’auriez dit » v.43, « eussiez-vs » v.48, « n’en
eussiez pas » v.51), condition (« si vs aviez » v.44). S’oppose au présent des actions que
Cyr est capable de faire : « je […] sers » v.53, « je ne permets pas » v.54.
- si Cyr envisage la possibilité de voir Valvert lui répondre avec esprit, il la
repousse aussitôt avec « d’ailleurs » v.48 placé à la césure.
- le menace de ne pas le laisser parler : hyperbole exprimant le fait que Cyr est
d’un tempérament vif et qu’il ne se laisse pas insulter (« le quart / De la moitié du
commencement d’une » v.51-52). Formulation plaisante insistant sur sa réactivité.
- à un Valvert évoqué comme un ê ayant peu d’esprit et de répartie s’oppose la
fig d’un Cyr qui domine le duel : omniprésence de 1ère pers du sing à la fin du passage
(v.53-54) : 3 occurrences ds le 1er hémis du v.53.
Valvert étant l’homme que de Guiche veut faire épouser à Roxane, la victoire de Cyr
est ainsi une man de dire qu’il ne craint ni l’hô de main, ni son protecteur. Cette joute vbale
annonce le duel qui aura véritablement lieu sur scè entre Cyr et Valvert.
 le jeu théâtral qui se déploie ds cette tirade, à la fois mise en scène et duel, est
l’occasion d’un morceau de bravoure qui permet à Cyr de s’illustrer. Conformément
au caractère du pers, cette scè est propice à l’utilisation d’un registre comique qui
permet d’utiliser ttes les facettes de la verve de Cyr.
II. Une tirade comique
1) une tirade structurée
a) sur le plan de l’énonciation
- Cyr fait la demande et la réponse en même tps (annonce le ton employé et
l’illustre par les répliques adéquates). Sorte de parenthèse où le locuteur sble jouer avec luimême : il exclut son interlocuteur, lui confisque la parole, se récrée un interlocuteur plus
spirituel capable de lui donner la réplique.
- effet de dialogue, comme si qq’1 d’autre avait la parole (deux points après
chaque annonce du ton et guillemets encadrant les répliques).
b) sur le plan de la syntaxe
- 20 unités en 38 vers associant un ton et une remarque. Répétition très
rythmique d’une structure grammaticale : un adj annonce le ton (sauf pr la dernière
variation introduite par un part présent et occupant presque la totalité du v.40 : « parodiant
Pyrame en un sanglot »). Répétition à la fois (ds le thème du nez et ds la structure) et variété
ds le choix des adj.
- variation ds l’alternance des modes : exclamatif (« admiratif » v.30,
« emphatique » v.27, « dramatique » v.29), interrogatif (« curieux » v.10, « lyrique » v.31,
« naïf » v.32), impératif (« prévenant » v.18, « tendre » v.20, « militaire » v.37).
- les 20 tons présentés sont très variés : ils qualifient des registres (« lyrique »
v.31, allusion au registre tragique avec « Pyrame » v.40), des registres de langue
(« campagnard » v.35), font allusion à des cportements (« agressif » v.4, « respectueux » v.33,
« prévenant » v.18)…
c) sur le plan de la métrique
- rimes structurent ce passage : 2 mouvements. 1er mvt jusqu’au ton « pédant »
v.22 : les rimes suivies sont à cheval sur des énoncés différents (constitués en distiques la
plupart du tps, sauf pr « gracieux », « truculent » et « pédant »). Rôle structurant de la rime
qui relie les unités entre elles. 2d mvt : les rimes assurent la cohésion du distique ou bien
l’énoncé ne s’étale que sur un vers.
- tirade structurée par les sonorités : rimes intérieures (« hé, ardé », « nez »,
« pointez », « voulez » v.35-38), assonances en [i] v.40, 42, allitérations en [p] et [k] v.510…
 cette structure de la tirade va être propice au déploiement du comique qui va
pouvoir prendre de nombreuses facettes.
2) la stratégie du rire
a) les variétés de comique
- comique de mots : néologisme avec un terme savant ridicule formé sur le nom
de plusieurs animaux (« hippocampéléphantocamélos » v.23 : hippocampe, éléphant,
chameau), termes campagnards avec la prononciation et la syntaxe adéquates (« ardé »,
« c’est-y », « nanain » v.35, « queuqu’ », « ben » v.36). Accent paysan renvoie au comique
traditionnel (présent ds les comédies de Molière notamment).
- considère lui-même ses répliques comme de « folles plaisanteries » v.50 : vont
provoquer la joie, le rire. Exubérance des propos. Certaine légèreté qui s’affiche.
- comique de caractère : différents traits de la psychologie sont mis en avant
(« naïf » v.32, « curieux » v.10, « pédant » v.22…).
- on peut noter que aspect comique de la tirade sera renforcé lors de la
représentation par la mise en scè intégrant un comique de geste (mimer ce qui est dit, gestes
d’exagération…).
b) un nez qui fait rire
Rire lié à la puissance de l’imagination de Cyr qui est capable d’associer son nez à
plusieurs images. Imagination s’appuyant sur deux figures de style : hyperbole et métaphore.
- hyperbole : exagération insistant sur aspect hors norme de ce nez.
Accumulation et gradation : « roc », « pic », « cap », « péninsule » v.8-9 (mises en valeur par
le fait que le locuteur se reprend avec « que dis-je » pr prsuivre la gradation). Hyperbole v.2728 : « aucun vent » / « tt entier ».
- métaphore : permet une création poétique autour de cet objet banal qu’est le
nez. Devient un nez baroque (période à laquelle se déroule l’intrigue de Cyrano de Bergerac),
protéiforme, capable de prendre des aspects cplètement différents. Les référents sont
empruntés à quantité de domaines : vie quotidienne (« écritoire », « boîte à ciseaux » v.11,
« cheminée » v.17, « melon nain » v.36), quatre éléments (air pr le ton « emphatique » v.27,
terre pr le ton « descriptif » v.8, eau pr le ton « dramatique » avec la « mer Rouge » v.29, feu
pr le ton « truculent » v.15). Caractère surprenant de ces associations provoque le rire.
Capacité à rire de soi-même
- grotesque : laideur devient un sujet poétique en qq sorte, prétexte au
déploiement de l’inventivité de Cyr. Le grotesque repose sur une ambivalence en étant svt
associé au pathétique, aux larmes.
 le comique qui se déploie ds cette tirade ne doit pas occulter un aspect plus
discret ms néanmoins révélateur de la personnalité de Cyr : une émotion perceptible
ds ses propos.
3) l’émotion derrière le rire
a) une parodie de Pyrame et Thisbé
Pyrame et Thisbée : Située à Babylone, la fable a pour sujet la rencontre de deux
forces : amour et fatalité. Dès l’enfance, Pyrame, qui est un jeune Assyrien, est
passionnément épris d'amour pour la jeune et belle Thisbé, qui éprouve pour lui
les mêmes sentiments. Ils habitent la même ville, presque la même maison, et
cependant ils ne peuvent ni se voir, si s'entretenir ensemble librement à cause de
l’hostilité de leurs pères. Un mur les rapproche et les sépare en même temps :
leurs maisons sont mitoyennes, et la cloison « fendue de pitié » (Théophile de
Viau, 1623) présente une fissure grâce à laquelle les amants peuvent
communiquer et convenir d’un rendez-vous nocturne hors des murs de la cité,
sous un mûrier blanc planté au bord d’une fontaine, près du tombeau du roi Ninus.
Parvenue la première sous le mûrier, Thisbé, enveloppée dans un voile, est
attaquée par une lionne et s’enfuit en laissant tomber son vêtement. Pyrame
survient peu après, ramasse le voile qu'il reconnaît avec épouvante, en le voyant
maculé de sang et lacéré par la lionne, et, reportant sur lui la culpabilité de cette
mort, il se perce de son épée. Son sang jaillit sur les fruits blancs du mûrier et les
teint de noir. Sur ces entrefaites, Thisbé, sortie du lieu où elle s’est sauvée, revient
à l’endroit du rendez-vous ; mais, ayant trouvé Pyrame expirant, elle ramasse
l'épée fatale, et s’immole à son tour. Sur sa prière, un même tombeau réunira les
deux amants et les fruits du mûrier porteront la trace noire de cette double mort
tragique.
- significatif que tirade des nez proprement dite se termine sur cette évocation
v.40-42. Tragédie, référence à la mort de Pyrame et de Thisbé. Amr impossible (cô le sera
celui de Cyr pr Roxane).
- évocation d’un visage défiguré : « traits » v.41, « a détruit l’harmonie » v.42.
Personnification du nez : réaction de honte devant ce qu’il a causé (« en rougit » v.42).
Accusation portée : « le traître ! ». Laideur de Cyrano est un objet de dérision (« parodiant »
v.40 avec diérèse : imiter pr faire rire).
- ms présence du terme « sanglot » v.40 placé à la rime : annonce le thème de la
tristesse, de la douleur. Émotion se laisse deviner derrière le rire.
b) le registre pathétique
- le rire ici est une manière d’éviter de souffrir (et de révéler par là de façon
masquée que ce nez est objet de souffrance) : on se moque de soi avant que les autres ne le
fassent (« Je me les sers moi-même […] / Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve »
v.53-54). Montrer qu’on ne souffre pas de la moquerie.
- interprétation pathétique que metteurs en scè ont svt occultée.
Conclusion
Tirade comique possédant une utilité dramaturgique : ni supprimable, ni déplaçable. Rôle majeur ds
l’acte d’exposition : scè qui permet au pers principal de se mettre en valeur, de faire oublier sa laideur grâce à la
maîtrise du langage. 1er contact avec le héros.
Prolongements :
La tirade du Nez v. 311 à 365
Comparaison de la version de 1960 (Sorano) et de celle de 1990
(Depardieu)
1. L’espace scénique
Comment est-il organisé ? Quels sont les éléments du décor, et leur changement ?
Eléments du décor statiques ou, à l’inverse, dynamiques. Occupation de l’espace par les
acteurs
– Lieu ouvert, ou, à l’inverse, fermé – scène et hors-scène –
Dessinez un moment de la représentation.
2. L’interprétation
Quelle coloration générale les comédiens donnent-ils aux personnages ? Pensez-vous que le
metteur en scène a bien choisi les comédiens qui interprètent les rôles principaux ?
Commentez leur aspect : maquillage, costume, allure générale.
Le jeu des acteurs : utilisation de l’espace, déplacements, dialogues des corps, intonations,
3. Aspects visuels et sonores de la représentation
Bruitage et musique (in, off) – éclairage, costumes, maquillages, objets, dans leur caractère
plastique (couleurs, formes, composition de l’ensemble).
4. Le double référent
Le contexte historique, car l’intrigue se passe au 17e siècle, et celui de la représentation (1960
ou 1990). Posons l’hypothèse qu’un film parle toujours du présent et montrons que le
spectacle renvoie à des canons esthétiques, éthiques et idéologiques sous-jacents. (Pour traiter
la question, on visionne également la scène du duel).
5. Autres…