Je m`voyais jamais

JE M’VOYAIS JAMAIS
A quarante ans j’ai quitté la finance
Bien décidé à n’plus gagner ma vie
Le cœur très lourd et le bagage dense
J’étais certain de m’faire jeter d’Paris
Chez le faiseur de chansons à la mode
J’ai demandé un tube assorti
A mon look, à mon style, mais mes effets faciles
Ont eu raison de mes flagorneries
Je m’voyais jamais qu’au dos de l’affiche
En dix fois plus p’tit, que n’importe qui, mon nom s’effaçait
Je m’voyais déjà, parc’que je m’en fiche
Brûlant mes photos, face aux détracteurs, qui se réjouissaient
J’étais le minus, des grands excentriques
Faisant un tel bide si gros qu’ le public me crachait dessus
Je m’voyais jamais qu’au centre du cirque
Chercher vainement l’âme sœur qui me tabass’rait le plus
Mes rides se creusent bien sûr chaque jour davantage
Mes grimaces se figent, mon style est ringard, mais j’n’ai pas d’remords
Mon cœur s’affaiblit un peu et devient plus sage
Mais j’n’ai pas d’idées, j’connais pas l’métier, j’suis dans l’décor
Sous mes pieds meurtris, rien que des ampoules
A courir l’cach’ton, comme un vrai dément, c’n’est pas étonnant
On m’a trop aidé m’évitant la foule
Mais un jour viendra, je leur prouverai que j’suis un …MARRANT !
Je m’voyais jamais qu’au dos de l’affiche
En dix fois plus p’tit, que n’importe qui, mon nom s’effaçait
Je m’voyais déjà, parc’que je m’en fiche
Brûlant mes photos, face aux détracteurs, qui se réjouissaient
J’étais le minus, des grands excentriques
Faisant un tel bide si gros qu’ le public me crachait dessus
Je m’voyais jamais qu’au centre du cirque
Chercher vainement l’âme sœur qui saurait m’aimer le plus
TANAGORE
Février 1995 - Musique Charles AZNAVOUR