Evaluation initiale : Exercice de compréhension et de production
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Evaluation initiale : Exercice de compréhension et de production
King’s College London MA French Language and Culture Evaluation initiale : Exercice de compréhension et de production écrite. Introduction Cet exercice permet d'évaluer le niveau de maîtrise du français écrit des candidats à la MA "French language and Culture". Nous vous demandons de le faire en trois heures sans assistance. Vous pouvez utiliser un dictionnaire bilingue ou monolingue. Tour Signal - Projet Jean Nouvel -2008 Objectifs Production d’un texte structuré (article, éditorial, rapport, discours…) à partir d’un dossier de documents d’environ 2 000 mots. Tâche : Défendre un projet d'architecture. Instructions Vous aurez 3h pour lire le dossier, prendre des notes et rédiger votre texte. Lisez les documents puis répondez au sujet suivant: Envoyez votre travail, 700 mots minimum, document word ou scan à l'adresse suivante : [email protected] Suite à de nombreuses pressions la tour Signal de Jean Nouvel est sur le point d’être abandonnée. Convaincu de l’apport positif d’une telle réalisation au patrimoine de la région © Modern Language Centre / King's College London 1/6 vous écrivez une lettre ouverte dans le journal de la ville pour soutenir le projet. A l’aide du dossier joint et d’apports personnels, vous rédigez un texte structuré dans lequel vous présentez votre point de vue en argumentant, en adoptant un style approprié et un ton engagé. DOCUMENT 1 Bon sang ! Mais pourquoi veulent-ils tellement ces tours ? Que voulons-nous raconter par l'élévation dans le ciel d'un empilement de bureaux occupé par des sociétés commerciales et privées ? Notre admiration de l'argent ? Notre amour du marché ? Il est dommage que notre société se réduise à un tel devenir ! Denis Dessus, Isabelle Coste, David Orbach entendent que soit en premier lieu définit un "projet de civilisation". publié le 04/06/2008 - Le Moniteur. ________________________________________ Parce qu'enfin toutes les études montrent que les gens n'en veulent pas ! Ils se sentent mal dedans et les trouvent vilaines. Elles ne plaisent pas, font immanquablement chuter tous les politiques qui les réclament et pourtant leur pouvoir d'attraction est d'une telle force que nos élus les plus soucieux de leur audience oublient subitement toute prudence électorale en face d'elles et s'obstinent à les vouloir ! Comme c'est étrange, si nous regardions cela ? On reprochera avec raison aux grands groupes financiers, aux villes et pays en plein boum de vouloir démontrer avec ces tours leur opulence et leur leadership par cette symbolique un peu primaire. Après tout pourquoi pas ? La joie de viser haut peut être sport. Versailles était aussi une affirmation de puissance et nous vibrons toujours de son incroyable majesté. Il vaut mieux ça que de faire la guerre. Il n'y a donc, à priori, pas d'incompatibilité entre force et beauté, même si, c'est certain, leur conjonction en vertical, est rare. Ne nions pas notre plaisir. Il faut aborder ces montagnes artificielles en tant que telles, jouir de ce qu’elles offrent, des magnifiques vues depuis les sommets sur un spectacle perpétuellement changeant, comme celui du haut d'une falaise vertigineuse. Le somptueux paysage de la ville, de ses lumières, de la météo sur des perspectives ouvertes par un immense horizon, n'est jamais lassant. Que le sommet de l’Empire State ait été si souvent utilisé au cinéma en démontre l’attrait romantique. Le public est attiré par le spectacle de la ville comme le démontre les millions de visiteurs de la tour Eiffel et des sommets des plus grandes tours du monde. L’évolution des techniques, les nouveaux bétons haute performance, les capacités de modélisation et de calcul permettent aujourd’hui une explosion des formes et une surenchère dans la hauteur avec des projets dépassant le kilomètre. Si se multiplient maintenant les œuvres kitch ou carrément gag, selon la profondeur culturelle du couple promoteur-architecte, quelques-unes sont pourtant poétiques et esthétiques, il était temps. © Modern Language Centre / King's College London 2/6 Le rapport au sol est souvent déplorable et constitue la première carence urbanistique constatée. Si on entre dans les tours de Manhattan aussi facilement que dans un bâtiment haussmannien parisien, cela est bien plus compliqué avec les tours de la Défense à Paris qui n’ont pas su régler les stationnements en sous-sol et les flux automobiles et piétons. Le discours sur la densité est également à modérer. Il relève de l’alibi quand on le compare avec la structure urbaine traditionnelle de Paris intra muros où rien ne justifie réellement de telles constructions hormis les considérations symboliques évoquées. Autre critique, l’absence de prise en compte des caractéristiques locales, environnementales ou socioculturelles. La même tour est construite aujourd’hui à Miami, à Moscou ou à Séoul et si tout le monde sait ce qu'est "un immeuble parisien" ou "une maison chinoise", personne ne peut distinguer un "gratte-ciel canadien" d'un "gratte-ciel japonais". Mais il y a plus grave, bien plus grave. Le symbole. La tour de bureaux est une catastrophe symbolique. Les architectes ne s'intéressent plus à ces choses-là mais la grande hauteur dans une ville est l'emblème, le témoignage inoubliable de notre société toute entière. Autrefois l'église résumait la ville par son clocher. Entourée des maisons de mêmes matériaux qu'elle et les dépassant, elle était comme un berger habillé de laine et protégeant ses moutons. Magnifique image ! La verticale urbaine était l'expression construite de la foi de tout un peuple, de ce en quoi il croyait et qu'il plaçait au-dessus de tout. Les mosquées et leurs minarets dans le skyline des villes musulmanes affirmaient merveilleusement la même chose. Puis nous avons perdu notre confiance en Dieu et nous sommes tournés vers la Technologie: la Tour Eiffel a alors été construite de la sorte pour proclamer au monde l'excellence de notre savoir-faire technique. Et aujourd'hui ? Aujourd'hui que voulons-nous raconter par l'élévation dans le ciel d'un empilement de bureaux occupé par des sociétés commerciales et privées ? Notre admiration de l'argent ? Notre amour du marché ? Comme il est dommage que notre société se réduise maintenant à un tel devenir ! Vraiment, avant de produire des tours, avant de s'occuper de leur esthétique et de leur consommation, entendons-nous d'abord sur un "projet de civilisation" qui nous transporterait tous. Voilà qui serait sage et glorieux car sans cela, nos gratte-ciels jusqu'aux plus talentueux ne peuvent pas cacher l'accablant vide de notre époque comme ils nous le montrent déjà assez et de loin. Vous nous avez compris, nous avons urgemment besoin d'un Grenelle National de l'Architecture. Un colloque ouvert à tous où l'on n'y parle surtout pas d'architecture quelle horreur, mais d'abord de nos vies à vivre (way of life). La belle architecture suivra, forcément. Denis Dessus, Isabelle Coste, David Orbach architectes urbanistes, ingénieur. DOCUMENT 2 La construction de la tour Signal à la Défense communiqué AFP L'architecte français Jean Nouvel, auteur de réalisations prestigieuses à travers le monde, a remporté mardi le concours pour la construction de la tour Signal (300 mètres), dans le quartier de La Défense, a annoncé mardi Patrick Devedjian à la cité de l'Architecture. Lauréat du prix Pritzker 2008, la plus importante récompense mondiale du secteur, Jean Nouvel, 62 ans, sera associé aux investisseurs Medea et Layetana pour ce projet, présenté © Modern Language Centre / King's College London 3/6 comme l'emblème du renouveau de La Défense, quartier d'affaires de l'ouest de Paris qui fête ses 50 ans cette année. Lors d'un discours très axé sur le “grand Paris”, dont il espère que la “tour Signal sera l'édifice de référence”, Patrick Devedjian, à la fois patron des Hauts-de-Seine et de l'Etablissement public pour l'aménagement de La Défense (Epad), n'a pas hésité à voir dans cet édifice “le geste architectural le plus important depuis la tour Eiffel”. “Le coeur de ce grand Paris, il battra naturellement ici, à La Défense, à la fois centre d'affaire et symbole de la puissance économique qui fait la force de nos sociétés”, a-t-il assuré. Jean Nouvel, qui l'a notamment emporté sur Norman Foster et Daniel Libeskind, a pour sa part estimé que “La Défense peut être la première expression d'un nouveau centre du développement du Grand Paris sans en être un centre historique”. Son projet, d'un coût estimé de 600 millions d'euros (bâtiment seul), et dont la fin est espérée pour Noël 2013, prévoit une tour de 301 mètres, plus petite que la tour Eiffel (324 m avec l'antenne), mais nettement plus élevée que la tour Montparnasse (210 m). Comme le demandait le cahier des charges de l'Epad, le bâtiment, une tour droite en forme de cubes superposés, sera mixte, avec 10.000 m2 carrés de commerces et de restaurants à son premier niveau, 50.000 m2 de bureaux et un hôtel de 333 chambres à ses niveaux intermédiaires. Le gratte-ciel se terminera par un ensemble de 90 logements de très haut standing, d'une moyenne de 200 m2 par appartement. “Je vous le concède volontiers, ce n'est pas un programme social” et “ça n'a pas pour objet de répondre à la pénurie du logement”, a convenu M. Devedjian. Outre la mixité, l'originalité du projet réside dans les grandes ouvertures qui pénètreront le bâtiment. Ainsi, les logements, tout en flirtant avec les nuages, domineront un atriumjardin. Plus bas, l'immeuble sera traversé par de grandes loggias décorées, dont les couleurs seront visibles de l'extérieur. “On peut vivre dans une tour sans être forcément derrière un mur rideau (…) ça n'est plus automatiquement opaque”, a estimé Jean Nouvel, qui compte à son actif des réalisations comme l'Institut du Monde Arabe à Paris (1987), la tour Agbar de Barcelone (2003) ou le musée du Quai Branly (2006) à Paris. Le quartier d'affaires de La Défense veut voir dans la tour Signal un symbole architectural aussi fort que la Grande Arche ou le Cnit. D'autres projets, de taille similaire à la tour Signal, sont en cours, dont la tour Phare et la tour Generali (livraison attendue en 2012). Ces constructions s'inscrivent dans le cadre plus large d'un plan de renouveau de La Défense, lancé en 2006 par Nicolas Sarkozy alors qu'il occupait les fonctions de président du conseil général des Hauts-de-Seine, de l'Epad, et de ministre de l'Intérieur, en charge de l'Aménagement du territoire. Véritable manne pour les investisseurs, ce plan prévoit la construction de 450.000 m2 de bureaux nouveaux ou issus de démolitions-reconstructions et 100.000 m2 de logements à horizon 2015. © Modern Language Centre / King's College London 4/6 DOCUMENT 3 Joëlle Ceccaldi-Raynaud: "La tour Nouvel est laide" Propos recueillis par Bertrand GRECO LeJDD.fr Ses mots sont durs. Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la députée-maire UMP de Puteaux (92), fustige avec véhémence, pour leJDD.fr, le projet lauréat de tour Signal de la Défense. Le jury, dont elle faisait partie*, a choisi mardi le gratte-ciel signé Jean Nouvel, pour marquer le renouveau du quartier d'affaires. Mais l'élue, loin d'approuver cette décision, compte bien poser ses conditions. Que reprochez-vous à la tour Signal de Jean Nouvel? Cette tour est laide et mastoc. Un monolithe qui écrase tout. Lui-même a dit qu'il la conçoit comme «un donjon à la Défense». Je ne suis pas ravie d'accueillir une forteresse assiégée sur le territoire de Puteaux. Le cahier des charges demandait une tour ouverte et vivante qui impulse une dynamique au quartier. Au lieu de ça, on a un retour au Moyen Age. Que propose-t-on aux Putéoliens? La vue sur un mur gris et froid de 300 mètres de haut, recouvert d'un maillage métallique. Et je ne suis pas la seule à penser cela. Sauf que moi, j'ai le courage de le dire. Je reçois un grand nombre de courriers, mails ou coups de téléphone pour m'encourager. D'ailleurs, avant le verdict du concours, les internautes étaient invités à donner leur avis sur le site de l'Epad: eh bien, le projet de M. Nouvel n'a recueilli que 5% des votes. Il était bon dernier! Pourquoi a-t-il gagné le concours, selon vous? Parce qu'il vient d'obtenir le prix Pritzker [le Nobel de l'architecture, ndlr]. Ç'a dû faire impression. Il y a eu débat au sein du jury. Mais la profession avait déjà fait son choix avant les auditions. Les membres du jury n'habitent pas Puteaux. Moi, j'aurais préféré la tour de Daniel Libeskind ou de Norman Foster. Vous craignez que Jean Nouvel ne devienne "un nouveau Le Corbusier". Que voulez-vous dire? Vous avez vu les réalisations de Le Corbusier? C'est moche, ça vieillit mal! La tour de M. Nouvel est un empilement de boites. Une réplique verticale de l'Arche de la Défense. Il n'y a pas d'ambition architecturale. D'autre part, j'ignore où sont les parkings et les espaces verts. Dans ce que je vois, rien n'est prévu. Le pied de la tour n'a pas du tout été réfléchi. Il y a beaucoup de zones d'ombre dans cette histoire. Vous semblez aussi regretter que cette tour Signal ne propose pas de logements sociaux... © Modern Language Centre / King's College London 5/6 Je ne le regrette pas: à Puteaux, j'en ai plus de 30%, je n'en ai pas besoin. Mais je constate qu'aucune mixité sociale n'a été envisagée [à l'instar des cinq projets finalistes, ndlr]. Et je me demande bien qui va pouvoir acheter ces appartements de grand luxe, situés à plus de 200 mètres de haut, qui coûteront certainement très cher. "Je ne vais pas brader ma ville"Avez-vous le pouvoir de vous opposer au projet de Jean Nouvel? Pour que cette tour se fasse, il faut que je modifie mon Plan d'occupation des sols. Dans les conditions actuelles, je n'y suis pas disposée. Et je ne le ferai pas à n'importe quel prix. Je ne vais pas brader ma ville. © Modern Language Centre / King's College London 6/6