Différences quantitatives dans les résultats de l`examen
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Différences quantitatives dans les résultats de l`examen
INT J TUBERC LUNG DIS 13(11):1393–1398 © 2009 The Union Différences quantitatives dans les résultats de l’examen microscopique des frottis de crachats à la recherche de bacilles acido-résistants en fonction de l’âge et du sexe dans quatre pays H. L. Rieder,* J. M. Lauritsen,†‡ N. Naranbat,§ A. Katamba,*¶ D. Laticevschi,#,** B. Mabaera††,‡‡ * International Union Against Tuberculosis and Lung Disease, Paris, France; † Institute of Public Health, University of Southern Denmark, Odense, ‡ EpiData Association, Odense, Denmark ; § National Center for Communicable Diseases, Ministry of Health, Ulaanbator, Mongolia ; ¶ Makerere University, Kampala, Uganda ; # Tuberculosis/AIDS Project Coordination Unit, Chisinau, Moldova ; ** The Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, Geneva, Switzerland ; †† University of Zimbabwe, Harare, Zimbabwe ; ‡‡ University Research Company, Maseru, Lesotho RÉSUMÉ Examiner l’influence de l’âge et du sexe sur le degré de positivité des résultats de l’examen microscopique des frottis de crachats. C O N T E X T E : Laboratoires en Moldavie, Mongolie, Ouganda et Zimbabwe. M É T H O D E S : On a utilisé les données provenant d’échantillons représentatifs au niveau national des registres de laboratoire qui ont été introduites en double, validées et dont les discordances ont été résolues par un nouveau contrôle dans les registres. R É S U LTAT S : L’ensemble des données comporte 128.808 sujets examinés provenant de 23 laboratoires en Moldavie, de 31 en Mongolie, de 30 en Ouganda et de 23 au Zimbabwe, pour chacun d’entre eux pendant au moins une année calendrier. Parmi tous les sujets examinés, 89.362 ont bénéficié d’un examen de diagnostic, et parmi ceux-ci 13.577 (15,2%) ont été considérés comme des cas. Un résultat positif non-quantifié a été enregistré chez 1272 (9,4%) de ces derniers. Les résultats très faiblement positifs ont été les plus fréquents au Zimbabwe (8,5%) et les plus rares en Ouganda (1,1%). Au contraire, c’est en Mongolie qu’on a enregistré le plus fréquemment les taux de positivité les plus élevés des frottis (3+). La proportion la plus basse d’un faible degré de positivité a été enregistrée chez les hommes âgés de 15 à 24 ans et la plus élevée chez les femmes âgées de ⩾65 ans. C O N C L U S I O N : Il existe des différences frappantes de fréquence du faible degré de positivité entre les quatre pays. Dans l’ensemble, les femmes ont tendance à avoir des décomptes bacillaires plus bas ; la positivité de faible degré est plus fréquente aux âges extrêmes. Ces résultats renforcent la nécessité d’instructions appropriées sur la façon de produire des crachats de bonne qualité pour améliorer le rendement. M O T S - C L E S : tuberculose ; laboratoire ; microscopie ; épidémiologie OBJECTIF : LA PROBABILITÉ de mise en évidence de bacilles acido-résistants (BAAR) dans les examens microscopiques de frottis de crachats est en étroite corrélation avec leur concentration dans les crachats,1 la qualité du crachat produit pour l’examen,2 et le caractère approprié de la technique comme la durée de l’examen3 et les procédures de coloration.4 Dans un contexte épidémiologique plus large, la répartition proportionnelle des degrés de positivité des frottis de crachats dans les cas de patients tuberculeux (TB) dépendra de l’étendue de la maladie au moment de la consultation couplée avec la capacité du patient à produire un échantillon approprié. L’influence des déficiences techniques possibles pourrait être contrôlée par la comparaison relative des observations dans les sous-groupes spécifiques pour l’âge et le sexe de patients dans un contexte donné. L’objectif de cette étude a été d’examiner la répartition des fréquences des catégories de positivité de l’examen microscopique des frottis de crachats en valeurs absolues et relatives et leur variabilité avec l’âge et le sexe tels qu’elles ont été enregistrées dans des laboratoires périphériques en Moldavie, Mongolie, Ouganda et Zimbabwe. MATÉRIELS ET MÉTHODES On a utilisé pour une étude en Moldavie, Mongolie, Ouganda et Zimbabwe, les dossiers des Registres de Laboratoire de la Tuberculose des sujets examinés Auteur pour correspondance : Hans L Rieder, Department of Tuberculosis, International Union Against Tuberculosis and Lung Disease, 3038 Kirchlindach, Switzerland. Tel: (+41) 31 829 4577. Fax: (+41) 31 829 4576. e-mail: [email protected] [Traduction de l’article : « Quantitative differences in sputum smear microscopy results for acid-fast bacilli by age and sex in four countries » Int J Tuberc Lung Dis 2009; 13 (11):1393–1398] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease pendant la période de janvier 1999 à décembre 2003. On a sélectionné au hasard, à partir de listes exhaustives de laboratoires de chacun des pays offrant des services de diagnostic de la TB utilisant l’examen microscopique des frottis de crachats et disposant d’un Registre standard de Laboratoire de Tuberculose, 23 laboratoires en Moldavie, 30 en Ouganda, et 23 au Zimbabwe, afin de garantir l’évaluation souhaitée (c’est-à-dire non biaisée et représentative) du travail dans les laboratoires de ces pays. L’ensemble des 31 laboratoires de Mongolie a été sélectionné. On a obtenu l’approbation de cette étude par le Ministère de la Santé dans chacun des pays respectifs. Les données de Moldavie et de Mongolie ont été recueillies dans les registres complétés en 1999 ; en Ouganda, pendant 3 années de 1999 à 2001 ; au Zimbabwe les registres complétés principalement en 2002 et 2003, mais aussi des données de 2001 fournies par un petit nombre de laboratoires. C’est en Ouganda seulement que les données ont été colligées pour chacun des laboratoires pendant 3 ans ; dans tous les autres pays, chaque laboratoire n’a fourni qu’une seule année (dans le cas du Zimbabwe, les données n’ont pas été fournies pour la même année par l’ensemble des laboratoires). Un schéma d’évaluation de qualité organisée et externe n’existait dans aucun des pays au moment où les laboratoires ont examiné les échantillons. Recueil des données, introduction, validation et analyse On a enregistré, par voie électronique à partir des registres et validé par double saisie, les données provenant de ces 107 laboratoires concernant le sexe, l’âge, la raison de l’examen et les résultats de l’examen des frottis de crachats. Quand c’était indiqué, les discordances identifiées ont été rectifiées et corrigées en contrôlant dans les registres-papier les introductions enregistrées. On a utilisé un formulaire de codage uniforme des données pour les quatre pays en utilisant le logiciel gratuit EpiData Entry (version 3,1, Epi Data Association, Odense, Denmark, http://epidata.dk). Les détails de ces techniques ont été décrits ailleurs.5–8 Les fichiers validés des laboratoires ont été combinés pour l’analyse. Les analyses ont été réalisées au moyen d’EpiData Analysis (version 2,1, EpiData). Dans le cadre de cette étude, un cas de TB a été défini comme un sujet suspect dont au moins un examen était positif pour les BAAR dans la série d’examen des frottis de crachats. Alors que la base de données comportait des sujets examinés disposant chacun de un à trois examens, l’unité de mesure pour l’analyse a été l’examen individuel du frottis de crachats afin d’éviter les biais résultant des examens comportant des séries incomplètes d’examens. Pour analyser les différences quantitatives dans les résultats de l’examen microscopique des frottis de crachats à la recherche des BAAR, on a exclu les résultats positifs non quantifiés. Les résultats quantifiés ont été stratifiés par pays, par âge et par sexe. RÉSULTATS Sur un total de 130.311 enregistrements provenant de 107 laboratoires dans les quatre pays, on en a exclu 1.503 (1,2%) à cause d’une façon d’enregistrer inadéquate dans le registre, (par exemple, « aucun résultat enregistré » suivi d’un résultat valable). Sur les 128.808 examinés, 89.362 (69,4%) ont été enregistrés comme suspects de TB, munis d’un examen de diagnostic. Les critères de définition d’un cas de TB ont été rencontrés chez un total de 13.577 suspects (15,2%). Ces cas avaient au total 30.766 examens de frottis positifs. La répartition du degré de positivité de ces examens de frottis est résumée par pays au Tableau 1. La proportion de cas dont les résultats positifs n’étaient pas quantifiés a été la plus faible en Mongolie (0,2%) et la plus élevée au Zimbabwe (21,0%). Sur les 13.577 suspects, le résultat de l’examen positif était non quantifié une fois ou davantage chez 1.250. Ces 2.907 (9,4% de 30.766) résultats de frottis positifs non quantifiés ont été exclus des analyses ultérieures, ce qui laisse pour l’analyse complémentaire 27.859 examens de frottis positifs quantifiés. La répartition des quatre catégories de positivité (très faiblement positif, positif 1+, positif 2+ et positif 3+) des 27.859 résultats positifs retenus est résumée au Tableau 2 par pays, par sexe et par groupe d’âge. Les résultats très faiblement positifs ont été le plus fréquemment enregistrés en Moldavie (8,1%) et le moins fréquemment en Ouganda (1,7%). Tableau 1 Répartition par pays des résultats quantifiés de l’examen microscopique Résultat microscopique quantifié Positif, non quantifié Très légèrement positif Positif 1+ Positif 2+ Positif 3+ Total Moldavie Mongolie Ouganda Zimbabwe Total n % de la colonne n % de la colonne n % de la colonne n % de la colonne n % de la colonne 80 220 1.060 612 839 2.811 2,8 7,8 37,7 21,8 29,8 100,0 9 216 206 2.519 1.745 4.695 0,2 4,6 4,4 53,7 37,2 100,0 1.068 229 3.756 5.717 4.173 14.943 7,1 1,5 25,1 38,3 27,9 100,0 1.750 492 2.012 1.868 2.195 8.317 21,0 5,9 24,2 22,5 26,4 100,0 2.907 1.157 7.034 10.716 8.952 30.766 9,4 3,8 22,9 34,8 29,1 100,0 Quantification des résultats de la microscopie 3 Tableau 2 Répartition des résultats quantifiés de l’examen microscopiques par pays, par sexe et par groupe d’âge Très légèrement positif Résultat microscopique quantifié Total Pays de l’étude Moldavie Mongolie Ouganda Zimbabwe Sexe du sujet examiné Féminin Masculin Inconnu Groupe d’âge, années 0–14 15–24 25–34 35–44 45–54 55–64 ⩾65 Age inconnu Positif 1+ Positif 2+ Positif 3+ n % de la rangée n % de la rangée n % de la rangée n % de la rangée Total 1.157 4,2 7.034 25,2 10.716 38,5 8.952 32,1 27.859 220 216 229 492 8,1 4,6 1,7 7,5 1.060 206 3.756 2.012 38,8 4,4 27,1 30,6 612 2.519 5.717 1.868 22,4 53,8 41,2 28,4 839 1.745 4.173 2.195 30,7 37,2 30,1 33,4 2.731 4.686 13.875 6.567 483 663 11 4,3 4,2 1,8 2.871 4.000 163 25,4 25,1 27,1 4.381 6.102 233 38,8 38,2 38,8 3.556 5.202 194 31,5 32,6 32,3 11.291 15.967 601 28 184 352 269 147 48 37 92 5,3 3,6 4,1 4,7 5,0 3,9 5,9 2,9 147 1.061 2.136 1.506 817 264 173 930 27,8 21,0 25,1 26,3 27,7 21,3 27,5 28,8 221 2.168 3.262 2.058 1.025 500 225 1.257 41,8 43,0 38,3 35,9 34,7 40,4 35,8 39,0 133 1.630 2.767 1.897 961 425 194 945 25,1 32,3 32,5 33,1 32,6 34,4 30,8 29,3 529 5.043 8.517 5.730 2.950 1.237 629 3.224 Pour simplifier le regroupement par degré de positivité, on a combiné les quatre degrés de positivité en deux catégories. La catégorie de faible degré a comporté les frottis très faiblement positifs et positifs 1+, tandis que la catégorie de degré élevé a regroupé les frottis positifs 2+ et positifs 3+ (Tableau 3). C’est entre les pays que la différence la plus prononcée de fréquence de positivité de faible degré s’est manifestée ; elle s’étendait d’une valeur faible de 9% en Mongolie jusqu’à 46,9% en Moldavie. Dans cette Tableau 3 Répartition des résultats de faible et de haut degré de positivité par sexe, par groupe d’âge et par pays Faible degré de positivité : très légèrement positif/positif 1+ Caractéristiques Total Pays de l’étude Moldavie Mongolie Ouganda Zimbabwe Sexe du sujet examiné Féminin Masculin Inconnu Groupe d’âge, années 0–14 15–24 25–34 35–44 45–54 55–64 ⩾65 Age inconnu Haut degré de positivité : positif 2+/ positif 3+ n % de la rangée n % de la rangée Total 8.191 29,4 19.668 70,6 27.859 1.280 422 3.985 2.504 46,9 9,0 28,7 38,1 1.451 4.264 9.890 4.063 53,1 91,0 71,3 61,9 2.731 4.686 13.875 6.567 3.354 4.663 174 29,7 29,2 29,0 7.937 11.304 427 70,3 70,8 71,0 11.291 15.967 601 175 1.245 2.488 1.775 964 312 210 1.022 33,1 24,7 29,2 31,0 32,7 25,2 33,4 31,7 354 3.798 6.029 3.955 1.986 925 419 2.202 66,9 75,3 70,8 69,0 67,3 74,8 66,6 68,3 529 5.043 8.517 5.730 2.950 1.237 629 3.224 Figure 1 Proportion des résultats de l’examen microscopique de faible degré de positivité (très faiblement positif ou positif 1+) par sexe et par pays (A) et par sexe et par groupe d’âge (B), basée sur les examens de cas ayant au moins un examen positif, Moldavie, Mongolie, Ouganda et Zimbabwe. 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease analyse brute, il n’y avait pas de différence entre les sexes. En ce qui concerne l’âge, les plus jeunes et les plus âgés se sont avérés présenter la fréquence la plus élevée de positivité de faible degré. Pour évaluer davantage l’influence de l’âge et du sexe, on a analysé par stratification les 10.633 cas (86,4% du nombre total d’échantillons dont les résultats positifs étaient quantifiés) munis d’une information complète sur l’âge et le sexe. Chez ces patients, on comptait au total 20.549 résultats positifs quantifiés des frottis de crachats. A l’exception du Zimbabwe, les proportions de résultats faiblement positifs étaient plus élevées, quoique légèrement, chez les femmes que chez les hommes (Figure 1A). La stratification par âge et par sexe a montré que la proportion de résultats faiblement positifs étaient plus élevée chez les femmes âgées de moins de 35 ans et de ⩾65 ans alors que l’inverse était le cas entre 35 et 64 ans (Figure 1B). Finalement, les frottis par cas ont été stratifiés en fonction de l’âge, du sexe et du pays pour rendre compte de la grande différence entre pays et pour obtenir une valeur relative au sein de chaque pays en vue d’une comparaison (Figure 2). Dans l’ensemble des quatre pays, la proportion des résultats faiblement positifs était plus élevée chez les femmes âgées de ⩾65 ans que chez les hommes, bien que cette différence n’ait été significative qu’en Moldavie. En Ouganda, chez les filles, la proportion de positivité de faible degré était significativement plus élevée que chez les garçons. DISCUSSION Dans cette étude, de larges différences dans la proportion de résultats positifs de faible degré ont été observées entre les quatre pays, s’étendant de 10% à 50%. Au sein de chaque pays, on a observé des différences mineures en fonction de l’âge et du sexe avec une tendance vers des degrés plus faibles de positivité dans les frottis de crachats positifs chez les plus jeunes et chez les plus vieux, et chez les femmes, fréquemment, une tendance vers des proportions plus élevées de résultats de faible degré de positivité dans les frottis de crachats. On sait que l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) entraîne un glissement des degrés élevés de positivité vers les degrés plus faibles dans les examens des frottis de crachats.9 La prévalence de l’infection par le VIH varie considérablement selon les pays analysés dans ce travail. Comme de telles données n’étaient pas et ne Figure 2 Proportion de cas ayant un résultat faiblement positif de l’examen microscopique des crachats (très faiblement positif ou positif 1+) parmi tous les cas suspects, par âge, sexe et pays, basée sur les examens provenant de cas ayant au moins un examen positif, Moldavie, Mongolie, Ouganda et Zimbabwe. Quantification des résultats de la microscopie sont pas réunies en routine dans les laboratoires de microscopie des frottis de crachats, cette étude n’a pas pu déterminer l’influence de l’infection par le VIH sur le résultat chez les patients individuels. Il faut noter toutefois que la proportion la plus élevée de cas de positivité de faible degré a été observée au Zimbabwe, le pays où l’on estime que la prévalence du VIH est la plus élevée des quatre pays pris ici en considération,10 alors qu’en Mongolie, le pays où existe probablement la plus faible prévalence du VIH chez les patients TB, la proportion des frottis de faible degré de positivité était la plus faible. Néanmoins, alors que l’infection VIH peut intervenir dans ce résultat, il est improbable qu’elle soit la seule explication, car d’autres facteurs, comme le moment de la consultation d’un suspect TB et la qualité de l’examen du frottis de crachats, peuvent jouer un rôle beaucoup plus décisif. La classification par degré de positivité des frottis de crachats11 vise à plusieurs objectifs. Comme elle reflète les décomptes de bacilles qui peuvent être aérolisés, elle est un facteur prédictif de la transmission à partir des cas de patients12 et elle prédit également la vitesse de négativation bactériologique sous chimiothérapie.13 Lors d’un examen microscopique des crachats, les décomptes faibles sont plus difficiles à découvrir que les décomptes élevés, et sont dès lors plus susceptibles de ne pas être mis en évidence.14 On a dès lors considéré que la fréquence relative des résultats avec quantification de faible degré pouvait être utilisée comme indicateur de la qualité de l’examen microscopique des frottis de crachats.15 La répartition relative des différents degrés de quantification peut être provoquée par l’étendue de la maladie dans la collectivité, par la qualité de l’expectoration produite,2 par l’utilisation de colorants en mauvais état ou d’une technique de coloration médiocre,16 par l’intégrité du système optique du microscope17 ou par le temps consacré à l’examen.3 La répartition des différents résultats quantitatifs parmi les cas nouvellement identifiés de TB est donc influencée par une multitude de facteurs. Dans cette étude des enregistrements d’une sélection représentative des registres de laboratoire de microscopie au niveau national, nous étions intéressés par l’évaluation de l’existence et de l’étendue des différences observées dans les frottis de crachats quantifiés dans les quatre pays. La stratification au sein de chaque pays en fonction de l’âge et du sexe a été utilisée pour démontrer l’influence relative de ces deux caractéristiques dans le contexte d’un pays déterminé. On a observé des différences très importantes entre les pays. En Mongolie, un résultat faiblement positif n’a été trouvé que chez environ 10% de l’ensemble des cas, alors qu’en Moldavie, la moitié de l’ensemble des résultats positifs appartenait à cette catégorie. Le facteur suivant en importance est l’âge : les âges extrêmes sont particulièrement susceptibles d’avoir des 5 résultats positifs de faible degré. Dans certains contextes et certains groupes d’âge, les résultats faiblement positifs étaient plus fréquents chez les femmes, mais dans l’ensemble l’influence du sexe est d’importance mineure. Une étude au Pakistan a démontré que le rendement en résultats positifs peut être amélioré par des instructions appropriées aux patients, qui obtiennent un gain frappant du rendement des cas à frottis positifs des crachats chez les femmes.2 Alors que les observations de notre étude au sujet d’une prépondérance fréquente des femmes pour les résultats d’examens microscopiques faiblement positifs des frottis dans certains des contextes n’indiquent pas nécessairement que la qualité des crachats était plus médiocre chez les femmes, l’étude citée plus haut en provenance du Pakistan suggère fortement que l’amélioration des instructions pourrait contribuer à équilibrer chacune de ces discordances. Il faut noter que dans les quatre pays, les différences les plus élevées en matière de résultats faiblement positifs ont été observées aux âges extrêmes. Chez les enfants, cette observation est probablement liée à la fois à une étendue généralement moindre des excavations et/ou à des difficultés plus importantes de l’obtention d’un bon échantillon de crachats dans ce groupe d’âge. Alors que la présentation clinique de la TB chez les sujets âgés ne semble pas différer de manière substantielle de celle observée dans les groupes d’âge plus jeunes, la présentation radiologique, quant à elle, est fréquemment différente.18 Dans une méta-analyse d’études sur la TB chez les personnes âgées, on a démontré que les excavations sont moins fréquentes que chez les patients plus jeunes, mais qu’il n’y avait pas d’importantes différences dans la mise en évidence de BAAR entre ces groupes ; toutefois, aucune information n’a été donnée quant à la quantification des résultats.19 Cette étude a mis en évidence des différences marquantes dans la fréquence de positivité de faible degré entre les quatre pays examinés. En moyenne, les différences en fonction du sexe ont été mineures, mais il y avait néanmoins chez les femmes une tendance à des décomptes bacillaires moins importants lors de l’examen microscopique ; notre étude suggère nettement que la positivité de faible degré était plus fréquente aux âges extrêmes. Alors que les raisons de ces observations sont multiples, elles comportent une implication pratique : il faut insister particulièrement sur les instructions appropriées à donner aux patients sur la façon de produire des crachats de bonne qualité, dont on a démontré ailleurs qu’elles entraînent un rendement largement amélioré chez les suspects de sexe féminin.2 Les différences importantes observées entre la Moldavie et la Mongolie sont peu susceptibles de s’expliquer uniquement par des différences dans la qualité de l’examen et elles peuvent refléter l’importante différence d’accessibilité aisée des services de diagnostic qui résulte en une identification de la TB à 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease des stades respectivement précoces ou avancés de la maladie. 8 Remerciements Ces études ont été menées sous forme d’application pratique des cours de recherche opérationnelle menés par l’Union Internationale Contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires à Paris en 2003 et 2004. Les cours de Paris ont bénéficié d’un soutien de l’United States Agency for International Development sous la forme du don n° HRN-a-00-00-00018-00. Références 1 Groothuis D G, Yates M D. Manual of diagnostic and public health mycobacteriology. London, UK: European Society for Mycobacteriology, 1991. 2 Sameer Khan M, Dar O, Sismanidis C, Shah K, GodfreyFaussett P. Improvement of tuberculosis case detection and reduction of discrepancies between men and women by simple sputum-submission instructions: a pragmatic randomised controlled trial. Lancet 2007; 369: 1955–1960. 3 Cambanis A, Ramsay A, Wirkom V, Tata E, Cuevas L E. Investing time in microscopy: an opportunity to optimise smearbased case detection of tuberculosis. Int J Tuberc Lung Dis 2007; 11: 40–45. 4 Angra P, Becx-Bleumink M, Gilpin C, et al. Ziehl-Neelsen staining: strong red on weak blue, or weak red under strong blue? (Counterpoint). 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