Il était une fois PARISIENNE - PURE
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Il était une fois PARISIENNE - PURE
Section Française Conseillère d’études : Communication Marketing Internationale Aase Møller Rapport de projet (licence) Auteur : Numéro étudiant : 283571 Helle Kollerup Madsen Il était une fois PARISIENNE: Une étude qualitative de la réception du spot publicitaire « Parisienne » d’Yves Saint Laurent parmi une cible de jeunes femmes danoises Ecole des Hautes Etudes Commerciales d’Aarhus Le 5 Mai 20 Table des matières 1. Introduction .................................................................................................................................. 1 1.1 Méthode ..................................................................................................................................... 3 1.2 Sources ....................................................................................................................................... 4 1.3 Structure ..................................................................................................................................... 4 2. La publicité postmoderne ............................................................................................................. 5 3. Cadre théorique ................................................................................................................................ 6 3.1 Storytelling ................................................................................................................................. 6 3.1.1 Les univers de l’ordre et de chaos et la question d’identité ................................................ 6 3.1.2 La roue de l‘histoire ............................................................................................................ 7 3.1.3 Les sept outils...................................................................................................................... 7 3.2 Sémiotique ................................................................................................................................. 8 3.2.1 Le signe saussurien ............................................................................................................. 8 3.2.2 La sémiotique visuelle de Barthes en publicité ................................................................... 9 3.3 La sémiotique et le storytelling ................................................................................................ 10 4. Analyse du spot publicitaire « Parisienne » d’Yves Saint Laurent ............................................... 10 4.1 Le canal visuel ......................................................................................................................... 11 4.1.1. La roue de l’histoire de « Parisienne » ............................................................................ 11 4.1.2. La pensée dirigeante......................................................................................................... 12 4.1.3. La liste des acteurs ........................................................................................................... 12 4.1.4. Les archétypes .................................................................................................................. 14 4.1.5 Les désirs des consommateurs .......................................................................................... 14 4.1.6 L’action ............................................................................................................................. 15 4.1.7 Le rideau de fond .............................................................................................................. 15 4.3 Le canal audio .......................................................................................................................... 17 4.4 Conclusion partielle ................................................................................................................. 18 5. L’étude qualitative ......................................................................................................................... 18 5.1 Présentation du design de l’étude............................................................................................. 18 5.2 Analyse de l’interview ............................................................................................................. 19 5.2.1 Présentation des résultats de l’interview ........................................................................... 19 5.2.2 Application des résultats de l’interview sur la problématique du rapport ........................ 20 5.2.3 Evaluation de la méthode de l’entretien de groupe ........................................................... 24 6. Conclusion ..................................................................................................................................... 25 7. Abstract .......................................................................................................................................... 27 8. Bibliographie .................................................................................................................................. 29 1. Introduction « Vivre et aimer sans attendre » Parisienne – Yves Saint Laurent Avec le même flacon facetté et la tour Eiffel pour sa publicité, le parfum « Parisienne » d’Yves Saint Laurent suit les traces de « Paris », son prédécesseur. Y est attachée l’histoire d’une Parisienne, réelle ou d’adoption, qui vient de quitter les bras d’un homme. Une histoire comme les aimait un certain Yves Saint Laurent. « YSL », « Paris », « la Parisienne » - la boucle est bouclée. » (Mabrut, 2009) « Parisienne » s’est distingué sur le marché international, grâce à la renommée du légendaire Yves Saint Laurent, grand couturier français, mais également grâce à son spot publicitaire. Les publicités jouent en effet un rôle décisif dans nos vies de tous les jours. Nous ne sommes pas forcément conscients de ce rôle, mais il est inévitable qu’en dernier ressort, leur but et l‟effet voulu soient d'attirer notre attention pour nous inciter à adopter un comportement souhaité, notamment l’achat d'un produit. La publicité est avant tout de la communication, qui doit donner à la cible une expérience de reconnaissance, de familiarité ou une possibilité d’identification. (Stigel, 1995, pp. 45) En effet, dans un monde de production de masse où les différences entre les produits ne sont pas toujours perceptibles, il est nécessaire de se distinguer des autres marques. Les consommateurs se fient plus à l’image de marque et à la communication effectuée sur ces produits qu’à leurs composants physiques. A cet effet, la communication publicitaire peut avantageusement animer ses produits en suggérant des histoires fortes autour de la marque, et donc créer une magie et une émotion autour des produits. Les histoires interactives entourant les marques sont donc de grande importance, parce qu’elles créent des plus profondes relations de plus longue durée avec le consommateur. (Nielsen, 2001) Ainsi, il serait fascinant d’examiner l’histoire relatée dans la communication externe B2C d’une grande marque française. Plus précisément, le rapport s’articule autour du spot publicitaire du parfum « Parisienne » d’Yves Saint Laurent. Le but est de montrer l’effet de ce spot sur une cible de jeunes femmes danoises. Je me demanderai si le spot répond aux exigences du modèle AIDA – s’il attire l’attention du consommateur ; s’il crée de l’intérêt et du désir chez le consommateur ; et finalement si le consommateur est tenté de passer à l’acte, c’est-à-dire d’acheter le produit, après 1 avoir vu le spot. A mes yeux, ce spot publicitaire contient des caractéristiques différentes qui valent d’être examinées. La première caractéristique intéressante de ce spot est qu’il fait partie d’une grande campagne globale. La marque de luxe YSL a choisi de mener une stratégie globale quant à la commercialisation du parfum « Parisienne ». L’entreprise globale doit s’entourer des histoires universelles. Dans un monde globalisé où les cultures se heurtent, le défi pour l’entreprise est de saisir le marché et d’être capable d’excéder les frontières culturelles avec ses produits. (Jensen, 1999, p. 167) Le spot publicitaire du parfum « Parisienne » est produit par Baron & Baron Inc. et est réalisé par Fabien Baron. D’une durée de 60 secondes, il a figuré sur le site Web d’Yves Saint Laurent depuis son lancement le 25 septembre 2009. Le spot est aussi apparu sur des sites différents, y parmi sur le site français de l’Oréal, sur YouTube et Daily Motion. Il a ensuite été diffusé sur la chaîne TF1 en France.1 Il est donc intéressant d’examiner comment ce spot global est reçu localement par des jeunes femmes danoises. Ceci m’amène à la formulation du problème sur lequel repose ce rapport : Comment le spot publicitaire du parfum « Parisienne » de la marque globale Yves Saint Laurent est-il reçu par une cible de jeunes femmes danoises ? Au-delà les caractéristiques qui suivent sont intéressantes pour le spot aussi et seront également analysées dans ce rapport : la France comme pays d’origine, les thèmes, l’esthétique et le story2 du spot. Finalement, je présenterai la description de la Parisienne du spot, description à laquelle je reviendrai ultérieurement. 1 2 Cf. annexe 1 J’utilise le terme anglais, parce qu’il constitue le plus approprié pour ce rapport. 2 Il était une fois PARISIENNE Le portrait d'une femme incroyablement libre. Libre de penser et d'agir. On l'aperçoit évanescente, au petit matin d'un grand jour. Une PARISIENNE, d'allure, de corps et d'esprit... Elle sait aimer et vivre, vivre et aimer sans attendre. C'est pour cela que Paris l'a adoptée. Une femme en noir qui a passé une nuit blanche. Une femme glamour en diable au visage angélique. Une femme en robe du soir alors que le jour pointe. Scandaleuse ? Non, libre. Une femme Yves Saint Laurent. Une PARISIENNE ; et c'est un compliment ! Cette femme disparaît dans un parfum de mystère... (Parisienne Yves Saint Laurent, 2010) Afin de limiter ce travail, il faut dire que la communication publicitaire de « Parisienne » s’étend aussi bien sur des publicités imprimées que sur le spot. Je tiens à préciser que je me focaliserai sur le spot, bien que quelques éléments des publicités imprimées soient également abordés. Par ailleurs, je souligne que cette étude ne prend pas en compte les caractéristiques odoriférantes ou autres du produit. De plus, l’analyse se focalise sur la communication et les stratégies communicatives, alors que je suis bien consciente des cinq composants du marketing mix d’un produit de luxe (un produit parfait, un conditionnement flatteur, un prix très étudié, une distribution sélective et une communication sélective) (Allères, 1997, pp. 107-110) Enfin, le « packaging » du parfum ne sera pas approfondi dans ce rapport. 1.1 Méthode J’ai choisi comme approche méthodique la théorie du storytelling, étant donné qu’elle constitue un outil dans le domaine de marketing. Elle a sa place dans les processus de communication et peut apparaître comme un fil rouge dans le brand content. (Dangel, 2010) Sur ce point, j’aborderai les théories de Rolf Jensen, un chercheur danois qui a travaillé sur l’idée d’une ‘Dream Society’ à laquelle j’estime que le spot d’YSL appartient. Ensuite, la sémiotique sous forme de Roland Barthes soutiendra le storytelling dans ce rapport. La sémiotique offre les outils appropriés pour l’étude de la communication publicitaire. Même si la sémiotique n’est pas une approche toute à fait nouvelle, elle reste essentielle dans ce domaine. Elle a surtout été utilisée pour l’analyse de publicités. (Johansen, 1999, p. 140) La sémiotique constitue donc un outil d’analyse opérationnelle de la communication publicitaire. Finalement, afin de répondre à ma formulation du problème, j’inclurai 3 une technique de groupe de discussion, le focus group, qui permet de collecter des informations sur un sujet ciblé. Mon focus group se compose de quatre jeunes femmes danoises. Le focus group fait partie des techniques d’enquête qualitative qui permettent d’évaluer ou de mieux comprendre des opinions, des motivations et des comportements. (Moreau, 2004, p. 382) Mon étude qualitative sera effectuée conformément aux théories de Steinar Kvale, qui jouit d’une renommée considérable dans ce domaine. Je répondrai à ma formulation du problème en trois étapes. Premièrement par l‟effet voulu - ce que l’entreprise souhaite transmettre à ses différentes cibles grâce aux techniques de communication. Deuxièmement par l‟effet transmis, c’est-à-dire la traduction de l’effet voulu dans les techniques de communication utilisées. L’entreprise communiquera afin de faire passer le message à la cible. Finalement par l‟effet reçu, autrement dit l’image que les cibles se font après avoir reçu les techniques de communication utilisées par l’entreprise. Il s’agit de la façon dont est perçu le message. En d’autres termes, c’est le résultat de l’action de communication. C’est à ce dernier stade que je répondrai à ma problématique du rapport. 1.2 Sources Les sources consultées pour l’élaboration de ce travail méritent brièvement d’être évoquées. Pour réaliser la partie théorique, j’ai essayé de me référer le plus possible aux textes originaux et académiques en français. Cependant, la bibliographie contient également des textes danois et anglais. Pour la partie correspondant à l’analyse, j’ai entre autres lu des blogs de beauté français et je me réfère également aux textes de magazines de la mode. Le document empirique comprend le spot publicitaire du parfum « Parisienne » d’YSL collecté en 2009.3 1.3 Structure Finalement, j’aimerais présenter la structure du rapport. Ce dernier s’articule autour de six chapitres. Je présenterai d’abord quelques réflexions sur la publicité moderne. Le chapitre qui suit est constitué par le cadre théorique, le storytelling et la sémiotique. La deuxième partie du rapport est consacrée à l’analyse du spot publicitaire d’YSL, tandis que la troisième partie traite l’étude qualitative du rapport. Enfin, je terminerai le rapport par une conclusion. 3 Cf. annexe 2 : Le spot gravé sur cédérom 4 2. La publicité postmoderne Ces dernières années, la publicité a changé. De nouveaux registres publicitaires sont apparus pour s’adapter à l’apparition d’une nouvelle culture : la culture postmoderne. Les codes publicitaires de nombreuses marques ont été renouvelés et des nouveaux codes de communication ont été développés. Ces nouveaux codes ont amené une nouvelle mécanique. Les publicités se concentrent maintenant sur les valeurs de spectacle où la marque donne la priorité au divertissement et à la séduction, au lieu de se focaliser sur les avantages du produit et la rationalité du message. (Rou, 2003, pp. 89-90) Le spectacle médiatisé Pourtant, l’intérêt ce rapport est d’explorer la façon dont les marques créent une histoire autour de leurs produits, en mettant souvent en scène la publicité de la même manière qu’un spectacle médiatisé. Cela constitue ce qu’on appelle le storytelling4. La culture postmoderne est justement dominée par le spectacle médiatique où les marques s’éloignent du produit et cherchent à renouveler leur mode de séduction en s’appuyant sur des arguments culturels. Il s’agit d’explorer la culture de la cible afin de rapprocher d’elle et de ses codes, et donc établir une nouvelle proximité. L’essentiel est de créer une dynamique et de participer au spectacle global, où la séduction constitue le principe directeur. Le spectacle médiatisé est devenu un nouveau lien social, ce qui a donné lieu à un changement de l’individu. Par conséquence, les publicités ne s’adressent plus à un consommateur, mais à un téléspectateur. L’individu n’hésite pas à échapper à une identité où il se sent prisonnier : il est donc devenu caméléon. La culture postmoderne est fragmentée, le consommateur est fragmenté et les campagnes se fragmentent donc à leur tour. (Rou, 2003, pp. 90-93) « L‟image, c‟est le message ! » (Rou, 2003, p. 93) Le spectacle et l’image permettent les publicités de développer des histoires qui relient le consommateur aux marques. 4 J’utilise le terme anglais ’storytelling’ au lieu de la traduction française ‘narration’, car il est le terme le plus approprié. Le terme ‘narration’ se réfère à la narrativité et à la structure narrative d’une histoire, tandis que l’idée derrière le storytelling contient beaucoup plus d’éléments. 5 3. Cadre théorique 3.1 Storytelling Créer un spectacle implique de conter une histoire, ce qui nous conduit au storytelling. D’après Rolf Jensen, notre société de l’information a été remplacée par ce qu’il appelle „The Dream Society‟. En 1998, Rolf Jensen avait prévu que le marché de rêves serait plus large que le marché de réalités, et que le marché de sentiments serait plus large que le marché de produits physiques. Ainsi, les histoires font aujourd’hui plus appel aux sentiments qu’aux cerveaux, ce qui constitue ‘The Dream Society’. (Jensen, 1999, pp. 12-13) Effectivement le storytelling est devenu un ‘buzz word’,5 et par conséquent les entreprises doivent se familiariser avec les principes de la fiction. (Jensen, 2002, p. 15 + 20) Ainsi, le storytelling fait partie de la communication interne et externe d’une entreprise, alors que ce rapport se focalise sur cette dernière, c’est-à-dire sur la communication externe sous forme de storytelling dans les publicités. C’est surtout pour les marques de luxe que les publicités font appel aux émotions, parce qu’un marque de luxe ou un brand constitue une promesse de distinction. Une promesse de qualité et d’émotion. (Jensen, 2002, p. 26 + 45) 3.1.1 Les univers de l’ordre et de chaos et la question d’identité D’après Jensen, l’ordre et le chaos constituent l’A.D.N. de l’histoire. (Jensen, 2002, p. 41) Pour cette raison, il faut décider dans quel univers sa commercialisation se trouve. Dans l’univers de l’ordre, la commercialisation souligne qu’avec ces marques la vie sera plus rangé, plus pratique, plus facile et plus simple. Les publicités montrent les consommateurs dans une manière rationnelle et elles se focalisent sur le fait que les consommateurs préfèrent un quotidien fixe. Par contre, dans l’univers de chaos, la commercialisation relève que la vie sera plus passionnante et presque dangereuse en achetant la marque. Les marques ouvriront la possibilité d’une petite aventure, et les publicités montrent un consommateur qui vit sa vie dans une manière ouverte et avec plein de possibilités et de défis. Un exemple de l’univers de l’ordre est le ménage, tandis que les voyages d’expériences exotiques peuvent représenter l’univers de chaos. (Jensen, 2002, p. 51) En dehors de la commercialisation des produits, le thème d’identité est le plus utilisé. Les publicités tentent de créer une histoire où le consommateur aura une nouvelle ou une plus visible identité en achetant le produit. De plus, les histoires d’identité vendent des rêves. Par exemple, une publicité 5 Un buzzword est un mot à la mode et universel. Un bon équivalent en français est « terme ronflant » ou encore « mot fourre-tout » bien que les buzzwords soient éphémères alors que les mots fourre-tout peuvent avoir une durée de vie très longue. Ils sont employés en langue de bois. 6 pour un parfum contient souvent une promesse de romantisme. En tant que consommateurs, nous nous laissons séduire volontairement. (Jensen, 2002, p. 53+56) La construction de l’histoire sera donc traitée dans la section suivante. 3.1.2 La roue de l‘histoire Rolf Jensen a formulé un modèle de base concernant la création d’une bonne histoire. J’omets les parties qui ne sont pas importantes pour ce spot. Selon Jensen, le mouvement de l’histoire s’appelle ‘La roue de l’histoire’. Cela signifie que l’action est décrite comme un mouvement circulaire, et que lorsque nous passons de l’ordre au chaos et à l’ordre encore, l’histoire apparaît et elle aura de la vie qui se transforme en action. Dans sa forme la plus simple, un voyage dans la roue de l’histoire est décrit comme suivant : dans l’univers de l’ordre, le personnage principal quitte la maison et tout ce qui est sûr afin d’aller chercher le Graal dans le vaste monde. Il se trouve maintenant dans l’univers de chaos où il croise des situations violentes et dangereuses. Il combat et finit par gagner le Graal. Dans le nouvel univers de l’ordre, le personnage principal retourne à la maison. Le Graal représente le profit et la valeur dont le personnage principal s’est battu. En résumé, le voyage peut être décrit dans une manière plus courte : au revoir – initiation – rentrée.6 (Jensen, 2002, pp. 65-66) 3.1.3 Les sept outils Dans la section suivante, je vais expliquer comment élaborer une bonne histoire grâce à sept outils. Le premier outil dans la construction d’une bonne histoire est la pensée dirigeante. En d’autres mots, cet outil est constitué par la morale de l’histoire et l’offre de valeur. La publicité propose une valeur aux consommateurs et une promesse d’une identité nouvelle ou plus visible. La pensée dirigeante s’adresse à présent au cœur au lieu du cerveau. Le deuxième outil est la liste des acteurs où la question de rôles est traitée. Il est surtout important d’avoir un personnage principal fort, parce que c’est avec lui que le consommateur s’identifie. Le troisième outil est les archétypes. Il s’agit de décider qu’elle sorte d’archétype sa marque constitue. En guise d’exemples, on peut nommer le gagnant, l’amant, le créateur et le rebelle. Le quatrième outil est constitué par les désirs des consommateurs. La société d’industrie est devenue la société d’information qui s’est développé en ‘Dream Society’, où les publicités se 6 En danois après Rolf Jensen : Afsked – indvielse – tilbagevenden (Heartstorm, 2002, p. 66) 7 focalisent sur le contenu émotionnel. Ici l’histoire constitue le produit même et le produit devient secondaire. Le cinquième outil est l’action, composée par le chemin choisi afin de raconter l’histoire. Le sixième outil est le genre7 où le sexe, le romantisme et l’amour sont les genres généraux des publicités. Finalement, le septième outil est le rideau de fond où nous trouvons les composants de l’endroit et le temps qui sont très importants pour l’histoire aussi.8 Ces outils, sous forme de storytelling, sont capables de faire passer la publicité d’une présentation du produit à une histoire qui valorise la marque. (Jensen, 2002, pp. 75-101) Dans le chapitre prochain, je présenterai la théorie de sémiotique qui soutient le storytelling dans l’analyse du spot. 3.2 Sémiotique Les publicités tentent de créer des mythes ou des histoires qu’ils souhaitent transférer aux produits. Selon Roland Barthes, le mythe est un système de communication, il est un message. (Barthes, 2000, p. 109) Dans cette section, j’aborderai effectivement la sémiotique afin d’analyser le spot plus tard. 3.2.1 Le signe saussurien En termes sémiotiques, la langue est un système de signes. La sémiotique essaye de comprendre les sens des signes et leur circulation dans la société. La contribution d’un de ses fondateurs, le linguiste Ferdinand de Saussure, a été très importante. Pour de Saussure, chaque mot, aussi nommé unité de langage, est un signe qui associe une forme phonique, le signifiant, et un sens, le signifié. (Pasquier, 1999, p. 28) A titre d’exemple, le signe est constitué par le signifiant, qui peut être le mot, au sens propre, y compris les lettres et l’articulation, alors que le signifié est ce qu’on comprend par le mot (la visualisation).9 Le rapport entre le signifiant et le signifié est arbitraire, ce qui veut dire qu’il n’existe pas un lien naturel ou logique entre ces deux composants. (Pasquier, 1999, p. 28) 7 Ce que Rolf Jensen comprend par ‘genre’ englobe normalement des ‘thèmes’. C’est aussi la raison pour laquelle que cet outil sera traité dans la partie consacrée aux thèmes dans l’analyse du spot. Il est plus avantageux de les réunir, c’est pourquoi le ‘genre’ n’aura pas un paragraphe entier dans l’analyse. 8 Les outils en danois après Rolf Jensen : ”De syv hjælpeværktøjer : Den styrende tanke, rollelisten over historiens aktører, arketyperne, aktørernes ønsker, plot, genre og bagtæppet.” (Heartstorm, 2002, pp. 75-101) 9 Cf. annexe 3 8 Cependant, dans la vie de tous les jours, nous sommes tous des sémiologues. Cela signifie que les objets et la manière dont ils sont liés sont des phénomènes que nous trouvons tous dans nos vies privées, à la maison, et dans le public. Nous lisons donc des signes chaque jour, et à cet effet, les notions du signifiant et du signifié s’étendent aujourd’hui à tous les signes (un mot, une image, un objet, etc.) (Dahl & Buhl, 2002, pp. 9-10) Dans une perspective sémiotique marketing, il est aussi valable de voir le produit, par exemple le parfum, comme un signe sémiotique où l’objet lui-même est le signifiant, et où les histoires autour du parfum constituent le signifié. A côté du signifiant et du signifié, les notions de la connotation et de la dénotation sont des idées clefs. Elles tirent leurs origines de la conception dyadique du signe saussurien et sont ensuite développées par le structuraliste français Roland Barthes. Dans le chapitre prochain, je décrirai donc la théorie de la sémiotique visuelle en publicité par justement Barthes. J’estime que ce théoricien est convenable à cet égard, parce qu’il a élaboré la sémiotique saussurienne afin qu’elle comprenne les publicités. De nombreux chercheurs ont poursuivi les analyses sémiotiques à partir de ses idées, ce qui indique qu’il constitue un théoricien autoritaire dans ce domaine. (Johansen, 1999, p. 146) 3.2.2 La sémiotique visuelle de Barthes en publicité Selon Roland Barthes, le sens d’une image dans les publicités est complètement intentionnel : certains attributs du produit forment les éléments du contenu d’un message publicitaire, et ces éléments doivent être transmis au mieux, pour le mieux. (Barthes, 1998, p. 45) Parce que « toute publicité est un message. » (Barthes, 1985, p. 243) Les notions dénotation/connotation sont essentielles dans cette théorie. Ce qu’il faut remarquer dans ces notions, c’est qu’il y existe le rapport que les signes peuvent entrer dans d’autres signes comme respectivement expression et contenu. Les signes ‘normaux’ constituent le niveau dénotatif de la signification, et les connotations sont créées quand des signes comme mentionné précédemment entrent comme expressions dans des nouveaux signes. (Barthes, 1998, p. 43) Autrement dit, la dénotation est donc tout ce qui est explicite dans un message publicitaire. Elle constitue la référence immédiate que la publicité suscite chez le destinataire. Alors que la connotation est ce qui est implicite. Elle constitue l’ensemble des images et des évocations que la communication inspire chez le destinataire. (Johansen, 1999, pp. 150 + 143-44) Barthes opère donc avec un niveau dénotatif et ‘littéral’ et avec un niveau connotatif et ‘symbolique’. (Barthes, 1998, p. 44) Dans le procès du décodage, il se passe une interaction entre le texte et l’image. Barthes a donc divisé les messages de 9 la publicité en trois types. Le premier type concerne la partie verbale de la publicité. Ici, Barthes traite le message linguistique qui comprend tous formes de texte. Les deux autres types concernent l’image : le message iconique non codé qui implique le message littéral et sans code, et le message iconique codé qui implique le message symbolique et connoté. Cette division de l’image vient directement de la distinction sémiotique entre la signification dénotative et connotative. Le message iconique non codé traite la signification dénotative de l’image, tandis que le message iconique codé traite la signification connotative de l’image. Barthes décrit le rapport entre les deux comme suivant : « des deux messages iconiques, le premier est en quelque sorte imprimé sur le second : le message littéral apparaît comme le support du message „symbolique‟ » (Johansen, 1999, pp. 149150) En conclusion, afin d’analyser une image publicitaire, il est nécessaire de travailler aussi bien sur la signification dénotative que sur la signification connotative. 3.3 La sémiotique et le storytelling En guise de clôture de la partie théorique, il serait approprié d’apporter quelques réflexions sur le rapport entre le storytelling et la sémiotique. A l’instar du signe saussurien, la notion du storytelling est bipolaire. Le storytelling est composé de deux substantifs anglais, « story » et « telling » où le « story » comprend le contenu sémiotique de l’histoire, donc le signifié, alors que le « telling » représente la forme sous laquelle l’histoire est véhiculée ce qui veut dire le signifiant. En effet, toute communication publicitaire peut être considérée comme véhiculant des histoires, parce qu’elle est une combinaison de dénoté et de connoté. Elle véhicule des valeurs et des histoires et elle comprend toujours un contenu sémiotique connoté. En narrant une histoire à l’aide de connotations, la publicité crée du sens. En fin de compte, le storytelling est constitué par des signes sémiotiques que les destinataires décodent afin de dégager le message publicitaire. 4. Analyse du spot publicitaire « Parisienne » d’Yves Saint Laurent L’analyse de la mise en scène du parfum « Parisienne » d’Yves Saint Laurent portera sur le spot publicitaire « Parisienne ». L’analyse porte sur l’ensemble des signes audio-visuels et sur l’interaction entre ceux-ci. J’ai élaboré un story-board de « Parisienne » joint au rapport.10 Le storyboard présente respectivement le scénario, le canal visuel et le canal audio. Il serve comme outil de compréhension dans l’analyse d’une part, et d’autre part à présenter le spot au lecteur. 10 Cf. annexe 4 10 4.1 Le canal visuel Les paragraphes qui suivent se focalisent sur le canal visuel du spot, où je montrerai comment la marque Yves Saint Laurent a créé l’histoire autour de son parfum « Parisienne » et donc l‟effet transmis du spot. Je monterai comment les signes sémiotiques au niveau visuel aident à créer l’histoire, et comment les connotations contribuent à narrer l’histoire autour du parfum. La structure de ce chapitre prend la forme des théories de Rolf Jensen et du storytelling, tandis que la théorie de sémiotique soutient les idées de dénotations et connotations. J’analyserai simultanément les dimensions que j’ai mentionné dans l’introduction : le story du spot, le spot publicitaire global, le thème, la France comme pays d’origine et l’esthétique du spot. 4.1.1. La roue de l’histoire de « Parisienne » Dans ce paragraphe, je commencerai alors par la dimension du story. Le spot présente une femme sexy, jouée par Kate Moss, qui, après avoir passé une nuit d'amour, rentre en taxi au petit matin lorsque Paris s'éveille. Elle se remémore cette nuit chaude sous forme de flash-back. Tout au long du spot, la rose et le flacon se manifestent. (Trendsluxury, 2009) Au niveau visuel, l’histoire de « Parisienne » entre bien dans la roue de l’histoire, mais avec quelques exceptions. Le spectateur est lancé directement dans l’univers de chaos dans ce spot. Les spectateurs ne savent pas ce qui s’est passé avant ou ce qui va se passer. Au contraire, les spectateurs entre à un moment donné où le personnage principal se trouve au bord de l’univers de chaos. Elle est dans une voiture qui roule dans une ville. Les spectateurs ne connaissent pas le point de départ du personnage principal et donc non plus l’univers de l’ordre de ce spot. Pourtant, les spectateurs suivent les pensées du personnage principal et se trouvent tout d’un coup dans un lit. Les spectateurs entrent donc l’univers de chaos avec le personnage principal où ils observent sa lutte. Ce qui est clairement un acte d’amour constitue alors la lutte du personnage principal qui finit par gagner le Graal – le parfum. Le spot est essentiellement marqué par l’univers de chaos. Tout se mêle, il y a des changements de décor très rapides et les spectateurs s’évertuent pour suivre les pensées qui dirigent le personnage principal vers la scène du lit. En effet, il apparaît que dans la scène du lit la jeune femme a des rapports sexuels avec un homme, et que dans la scène de la voiture, elle a des rapports sexuels avec le parfum. Le parfum l’éveille érotiquement. Elle y pense même après avoir passé une nuit passionnante avec un homme. C’est aussi la raison pour laquelle l’homme n’est pas tout à fait visible dans le spot, alors que le parfum apparaît distinctivement dans les draps de lit. L’effet sur le spectateur est donc que ce parfum fonctionne comme un signe qui est attrayant aussi bien pour celle qui la porte que pour celui qui le sent. En portant ce parfum, une femme sera irrésistible aussi bien 11 pour elle-même que pour le sexe opposé. Le spot finit à l’univers de l’ordre où le personnage principal est sorti de l’autre côté de la nuit blanche avec une tranquillité d’esprit et l’obtention du Graal. Ainsi, le spot « Parisienne » est composé par une histoire circulaire qui passe de l’univers de chaos à celui de l’ordre. En conclusion, cette construction d’histoire qui est marqué par le chaos crée une promesse d’une vie plus passionnante et plus romantique. 4.1.2. La pensée dirigeante Dans ce paragraphe, je retourne à la description du spot de la Parisienne que j’ai présenté dans l’introduction. Dans ce spot, l’offre de valeur et la morale de l’histoire sont constitués par le portrait d’une femme que la marque YSL a décrit sur son site Web. Cette femme est décrite comme très libre, ‘libre de penser et agir’. C’est une femme qui sait ‘vivre et aimer sans attendre’. Voilà pourquoi Paris l’a adoptée – c’est une Parisienne. On se demande si cette femme est scandaleuse. Elle est vêtue de noir alors qu’elle a passé une nuit blanche. Elle est ‘une femme glamour en diable au visage angélique’. Et elle porte une robe du soir alors que le jour pointe. Mais elle n’est pas scandaleuse, elle est libre. Elle est une femme Yves Saint Laurent, elle est une Parisienne. (Parisienne Yves Saint Laurent, 2010) La pensée dirigeante constitue donc un caractère avec lequel le consommateur souhaite s’identifier. Le résultat est la promesse faite à la consommatrice par Yves Saint Laurent : en achetant le parfum, elle obtient une identité nouvelle ou plus visible, correspondant à celle du caractère du spot. La marque globale d’YSL a donc créé un conte reconnaissable pour tout le monde. Le spot anime une histoire universelle, non attachée à une culture précise, ce qui est dans le but en menant une stratégie de communication standardisée. Toute femme peut être Parisienne. 4.1.3. La liste des acteurs Dans ce paragraphe j’analyserai le choix de Kate Moss comme visage du parfum, et la dimension globale du spot. Dans le spot publicitaire « Parisienne » la liste des acteurs contient le personnage principal, la femme, et un rôle secondaire, l’homme inconnu. Pour commencer, le personnage principal est une jeune femme vêtue d’une robe bustier noire et de la fameuse veste de smoking YSL. (Mauriac) Elle est jouée par le mannequin britannique Kate Moss. La Londonienne est l'égérie sexy du parfum, et dans ce spot elle est au sommet de la sensualité. Kate Moss est un mannequin controversé. Elle a été l'objet d'une admiration depuis sa découverte, malgré les critiques faites sur sa maigreur et le scandale à propos de sa consommation de cocaïne. Elle est scandaleuse et fascinante à la fois, et je me demande donc pourquoi YSL l’a 12 choisi pour sa campagne globale de ce parfum. Directeur de PPR, un portefeuille de marques mondiales y compris Yves Saint Laurent et Gucci, a déclaré qu’en utilisant Kate Moss comme un signe de liberté, on ne devra pas être surpris quand elle enfreint les règles dans sa vie privée. Le directeur artistique du Vogue français a ajouté qu’il y a un certain danger chez Kate Moss qui lui plait. (CBC News, 2005) YSL a donc pris l’aura scandaleuse de Kate Moss et l’a transformé en quelque chose de positif. C’est la raison pour laquelle la marque YSL pose la question d’une femme scandaleuse dans leur description de la Parisienne sur son site Web. La marque exploite le mannequin scandaleux et son admiration, afin de lier son aura au fait d’être Parisienne. « Et c‟est un compliment ! » (Parisienne Yves Saint Laurent, 2010) De plus, il faut prendre en compte l’angle global de Kate Moss. YSL aurait pu choisir une Française pour représenter un parfum qui s'appelle "Parisienne", mais le directeur d’YSL Beauté dit qu’il ne faut pas être né à Paris pour être Parisienne. (Costume) Paris peut adopter tout le monde. La majorité des parisiens ne sont pas nés dans la capitale. Ils le sont devenus avec le temps et au fil des habitudes. C’est en cela que Kate Moss incarne la Parisienne. Mais pas seulement. Dans le spot, elle passe la nuit avec un amant et s’en va en taxi, et Paris semble lui appartenir. Ce n’est pas un cliché. Toutes les jeunes filles qui ont vécu à Paris ont probablement ressenti cette impression de liberté au petit matin, en tenant ses talons dans la main. La Parisienne est libre. Libre d’agir et libre de faire ce que bon lui semble. Elle a l’aura que tant de femmes dans le monde envient. (Babillages, 2009) Le directeur général d’YSL a ajouté que Kate Moss n’a pas peur de vivre et d’aimer et qu’elle constitue justement la définition de ces femmes auxquelles la marque a fabriqué le parfum. (Costume) Donc en choisissant Kate Moss comme visage de son nouveau parfum, YSL élargit l’éventail des consommateurs. Au lieu de choisir un mannequin français, la marque bénéficie du fait que le mannequin britannique est connu dans monde entier. Elle sert donc comme ambassadrice parfaite de son produit. Puis, l’homme inconnu constitue un rôle secondaire du spot. Sur le niveau dénotatif, il est presque absent, puisque les spectateurs ne le voient presque pas. Mais au niveau connotatif, les spectateurs ont l’impression qu’il est là. Cela est dû notamment à cause des signes comme ses bras et les réactions de la jeune femme au lit. Ce qui est intéressant chez ce personnage est qu’il n’a pas d’importance pour le story. Le spot se focalise sur la femme. C’est vers elle que les yeux se dirigent, et c’est sur elle que l’angle de prise de vue se fixe. Selon Jensen, dans la plupart des marques, l’adversaire est en mauvaise posture ou est tout à fait absent. (Jensen, 2002, p. 79) Le spot 13 se focalise donc sur la femme et sur son état. Un état qui est dû au parfum qui s’adresse aux femmes qui souhaitent ressentir le même effet. 4.1.4. Les archétypes Dans ce paragraphe, j’aborderai la dimension de thèmes du spot. Ce spot représente la marque d’Yves Saint Laurent comme l’archétype le rebelle. Le rebelle est ce qui est dans l’opposition et ce qui essaie de changer les règles du jeu, ou de s’interroger dessus. Le rebelle ne se comporte pas comme les autres marques. Il est souvent en opposition avec le style de vie bourgeois et avec le manque de liberté. (Jensen, 2002, pp. 86-87) Je me demande alors si Yves Saint Laurent fait pareil avec ce spot. L’érotisme évident comme thème dans ce spot peut poser des problèmes pour certains consommateurs. Je me demande si Yves Saint Laurent a atteint les limites, si le spot dépasse les normes ou si la marque serait capable de continuer à développer le spot dans cette direction. Cela dépend du consommateur particulier, mais avec ce spot, Yves Saint Laurent se distingue avec certitude des autres marques, ce qui constitue l‟effet voulu de la marque. YSL va au-delà des autres marques, et la marque embrasse avec confiance ce que le genre d’une publicité contient. En effet, comme mentionné précédemment, le sexe, le romantisme et l’amour sont les genres11 généraux des publicités et « Parisienne » n’est pas une exception. Les promesses d’une publicité de parfum créent du contact direct avec les consommateurs et « Parisienne » promet de les rendre attrayants par l’achet du parfum. « Sex sells » et YSL obtient avec certitude l’attention autour de ce parfum en lançant ce spot publicitaire. Le fait que la jeune femme au spot ait un orgasme avec les roses est un pas intelligent de la part d’YSL, parce que les consommateurs lient cette connotation au parfum. Cependant, le personnage principal du spot représente l’archétype de l’amant dont la vie est marquée par le romantisme et l’amour, et qui souhaite s’entourer de beauté, de grâce et de plaisirs. Toutes ces caractéristiques s’appliquent au personnage principal de ce spot. Donc en conclusion, le sexe n’est plus un tabou aujourd’hui. Il n’est plus seulement un phénomène de jeunesse, ce qui se reflète dans les publicités. (Jensen, 2002, pp. 87-88) « Parisienne » est un bon exemple de ce type de commercialisation, tandis que le spot utilise l’érotisme comme thème, à tel point que les consommateurs associent le sexe au parfum. 4.1.5 Les désirs des consommateurs Le spot est un bon exemple d’une publicité de la ‘Dream Society’. La valeur du parfum s’est créée autour de l’histoire qui se focalise sur l’émotionnel et non sur les aspects pratiques du produit. Le 11 Ce que Rolf Jensen comprend par ‘genre’ est ce qui normalement constitue les ‘thèmes’ 14 spot ne mentionne ni l’odeur, ni le contenu, ni le prix. L’histoire devient le produit et le produit sera secondaire. Au sein de la ‘Dream Society’, le style de vie fait son entrée dans la consommation, ce dont les grandes marques tirent profit. Les consommateurs achètent des produits d’identité qui les mettent en scène dans une manière différente du style de vie financier. (Jensen, 2002, p. 92) Yves Saint Laurent a donc choisi de créer un personnage supposé refléter les souhaits des consommateurs. Les consommateurs sont devenus plus riches, donc au-delà du matériel, ils veulent l’histoire. Dans ce cas, l’histoire d’une femme libre qui ose vivre et aimer dans le moment, est offerte aux consommateurs. 4.1.6 L’action Le chemin choisi pour le spot publicitaire de « Parisienne » est marqué par une action réciproque entre l’ordre et chaos. « Le spot alterne deux plans. L'un montre la femme visiblement occupée sur un lit parsemé de roses, tandis que l'autre la représente assise à l'arrière d'une voiture qui évolue dans un Paris représenté par la place de la Concorde et la tour Eiffel ». (Mauriac) L’angle de prise de vues change rapidement entre les deux plans. Le bénéfice de ce type d’action est que les consommateurs s’efforcent de suivre les pensées et souvenirs de la femme du spot. Ils se familiarisent avec le personnage principal. Il s’agit encore d’une question d’une identité passionnante que les consommateurs souhaitent obtenir en achetant le parfum. 4.1.7 Le rideau de fond Dans ce dernier paragraphe, j’aborderai les dimensions de la France comme pays d’origine, ainsi que l’esthétique du spot. L’endroit dans lequel l’action du spot se déroule se réfère à un lieu séduisant. A la scène 36 du spot, un éclat de la Tour Eifel, donc de Paris, est aperçu très rapidement.12 Effectivement, la Tour Eifel fonctionne comme un signe dénotatif qui a une signification connotative très importante dans cette publicité. La Tour Eifel indique que l’action se déroule dans la ville des villes, Paris. Le spot entier joue sur Paris et sur le fait d’être parisienne. YSL a choisi de mener une commercialisation globale du parfum, mais d’accentuer la France et notamment Paris comme scène passionnante et captivante. Les maisons de haute couture françaises sont connues pour être sophistiqués et précieuses. Pour ces raisons, leurs produits sont attractifs pour les consommateurs du monde entier. Effectivement, il est évident qu’YSL a choisi de commercialiser son parfum comme étant très français et notamment très parisien. Normalement, l’image d’une vraie Parisienne est une femme très belle et chic. Le spot 12 Cf. annexe 4 : Story-board 15 émet très bien cette image. Le résultat est donc qu’YSL a créé une aventure d’une vraie Parisienne sexy et vivante qui n’a pas peur de mener une vie nocturne qui égale le pouls et la vivacité de Paris. Finalement, YSL obtient aussi l’effet de l’amour en utilisant Paris comme scène. Le spot bénéfice de la réputation de Paris comme ‘ville de l’amour.’ En outre, l’esthétique du spot joue également un rôle significatif. Les couleurs au spot sont toutes très sombres et grises, excepté les roses, le flacon et le lever de soleil qui sont des éléments tous marqués par la couleur rose. Cette couleur symbolisant l’aspect féminin, ce n’est sûrement pas par hasard que les roses, qui ont une place importante dans le spot, soient de la même couleur. La rose est un symbole qui porte plusieurs significations. Elle représente aussi bien la virginité et la pureté que l’amour et la jeunesse. Dans cette pub, la couleur des roses signifie un mélange entre la rose rouge et la rose blanche. Étant un attribut de Vénus, la rose rouge symbolise l’amour et la beauté, alors que la rose blanche est originellement un symbole de la discrétion. Mais la rose blanche symbolise aussi la pureté, la virginité, la grâce et le mystère. (Bruce-Mitford, 1998, p. 51) En somme, les mots-clés issus de la couleur rose sont l’aspect féminin et le mystère13 ce que la jeune femme au spot manifeste également, comme décrit sur le site Web d’YSL : « Cette femme disparaît dans un parfum de mystère. » La couleur rose a donc une signification aussi bien dénotative que connotative. La signification dénotative est constituée par l’angle pratique, parce que la couleur peut donner l’idée que le parfum sent la rose, même si le spot ne le dit pas. Par contre, la signification connotative de la couleur rose est que la femme qui achètera ce parfum sera efféminée et rayonnera le mystère d’une vraie Parisienne libre. Le but d’YSL est ici de créer une publicité qui joue à la séduction. Par ailleurs, les couleurs sombres et grises qui font face aux couleurs roses et claires représentent des contrastes. Le noir représente la nuit, tandis que le rose représente le jour qui pointe en forme du lever de soleil rose.14 Un autre contraste est constitué par la jeune femme qui est vêtue de noir alors qu’elle a passé une nuit blanche. Elle porte toujours sa robe du soir noire alors que le soleil, qui se lève, baigne Paris dans une teinte de rose. Ces contrastes donnent une grande ampleur au spot quant à l’animation de l’image et contribuent à ce que les spectateurs se focalisent sur la femme, les roses et le parfum. Parce que dans la masse de couleurs sombres, la couleur rose se représente clairement. 13 14 Cf. l’introduction – la description de la Parisienne Cf. annexe 4: Story-board, scène 36 16 Finalement, la description du flacon sur le site Web du parfum attrape très bien la signification de couleurs et Paris comme scène. Cette description montre qu’YSL a fabriqué un produit dont la commercialisation est examinée à fond. Un flacon précieux, ciselé comme le labyrinthe des rues de Paris, froissé comme les draps qu'elle vient de quitter, rosé comme le ciel au petit matin blême, couture avec sa griffe YSL posée sur du cuir noir. (www.ysl-parisienne.com) 4.3 Le canal audio Le paragraphe suivant est consacré au canal audio du spot publicitaire, à savoir le canal acoustique et le canal verbal oral. Le premier canal comprend la musique et le deuxième inclut le voice over verbal. J’y analyserai une autre partie de la dimension globale du spot. Commençons par la musique qui accompagne le scénario du spot. La musique est composée par François Charon et Mathias Pottier, exclusivement pour ce spot. C’est une musique un peu sombre et provocante qui est accompagnée par les rythmes forts d’une guitare. Elle ressemble à la chanson ‘I Feel You’ de Depeche Mode ce qui donne un effet rock’n’roll. La musique se poursuit tout le long du spot, et s’intensifie par l’ajout d’un violon et des tambours à la scène 15.15 Le résultat est une musique séduisante et dramatique qui s’adapte à l’histoire de la Parisienne. Au sujet du voice over lors des scènes 43-4616 du spot, il s’agit des phrases : « Parisienne, living and loving in the moment. The new fragrance – Yves Saint Laurent » prononcées par une voix féminine. Les mots sont comme chuchotés à l’oreille du destinataire, ce qui donne une intensité à la scène finale. Le fait que ces phrases finales du spot sont en anglais conforte l’idée selon laquelle YSL mène une campagne globale de son parfum, et que toutes les femmes du monde auront la possibilité d’être Parisienne en l’achetant. 15 16 Cf. annexe 4: Story-board Ibid 17 4.4 Conclusion partielle Le spot publicitaire « Parisienne » fait partie de la ‘Dream Society’ où les histoires racontées font appel aux sentiments au lieu de se focaliser sur le message rationnel du produit.17 La dimension du story du spot a relevé que l’univers de chaos domine le spot. Il y a promesse que l’achet du parfum rendra la vie plus passionnante et, que le consommateur aura une identité nouvelle ou plus visible. Le consommateur achètera une petite aventure et un rêve de romantisme qu’YSL a créé. C’est une aventure où Paris fonctionne comme scène passionnante et attractive. Toutefois, l’usage de Kate Moss et la citation finale en anglais signifient pour les consommateurs que le parfum fait partie d’une campagne globale, et que toutes les femmes du monde sont d’éventuelles Parisiennes. Puisque beaucoup de grandes marques mènent des campagnes globales, il est décisif que la publicité se distingue des autres – ce qui constitue l‟effet voulu de la marque. YSL a réussi dans cette dimension à créer une publicité où le thème de l’érotisme domine le spot. L’érotisme donne lieu à la séduction, ce qui domine l’esthétique du spot. Cette dernière joue à l’aspect féminin et sur le mystère qui sont deux éléments appartenant à la catégorie de séduction. En conclusion, le spot « Parisienne » constitue une publicité postmoderne et participe au spectacle global, parce qu’YSL donne la priorité à la séduction afin de vendre le parfum aux consommateurs féminins du monde entier. De cette manière, la marque YSL a obtenu son effet transmis du spot. 5. L’étude qualitative Depuis les années 1950, les publicités des produits de consommation ont été explorées à l’aide des entretiens de groupe. Aujourd’hui, la commercialisation de ces produits est à en grande partie fondé sur des études qualitatives, notamment des entretiens de groupe, afin de garantir une prédiction des comportements de consommation. (Kvale & Brinkmann, 2009, p. 26) « Les focus groups servent le plus souvent à cerner des attitudes […] » (Martin, 2005, p. 93) C’est pourquoi j’ai choisi cette méthode afin de répondre à la problématique du rapport. 5.1 Présentation du design de l’étude Pour mon entretien de groupe, j’ai choisi quatre filles danoises entre 23 et 27 ans que j’estime appartiennent à la cible d’YSL. Ces quatre filles sont également étudiantes à l’école de hautes études commerciales à Aarhus et sont aussi en train d’écrire leurs mémoires. Les répondantes sont venues à mon appartement à Aarhus un après-midi au début du mois d’avril. J’ai commencé l’interview par une courte introduction, en leur expliquant qu’il s’agissait d’un projet qui tenterait 17 Cf. 3.1 Storytelling 18 de déterminer quel effet le spot « Parisienne » d’YSL peut avoir sur une cible de jeunes femmes danoises, et par cela déterminer comment le spot est reçu. L’entretien a duré environ 30 minutes et il a été divisé en trois parties. Premièrement, après avoir vu le spot, les répondantes ont chacune rempli un schéma sans parler.18 J’ai ainsi eu leur première impression du spot sans qu’elles aient pu influencer l’une sur l’autre. Par la suite, je leur ai posé des questions selon un guide d’interview que j’avais élaboré à l’avance.19 A l’aide de ce guide, les répondantes ont parlé du spot20 21 et nous avons abordé les dimensions qui étaient intéressantes à examiner. L’ambiance était détendue parce que l’entretien n’était pas formel. Les répondantes ont parlé en buvant une tasse de thé. J’ai fini l’entretien en leur montrant le spot encore une fois afin de voir si de nouveaux aspects apparaissaient. Cela s’est avéré être une bonne idée, parce que les répondantes ont vu le spot dans une manière différente de la première fois. 5.2 Analyse de l’interview Dans les paragraphes qui suivent, j’analyserai l’entretien de groupe en présentant d’abord les résultats de l’interview, et ensuite en appliquant ces résultats à la problématique du rapport. Finalement, je finirai par évaluer la méthode de l’entretien de groupe. J’ai choisi de ne pas utiliser de longues citations parce qu’une grande partie de leur signification se perd dans la traduction française. 5.2.1 Présentation des résultats de l’interview Après avoir transcrit l’interview j’étais capable d’élaborer un schéma22 où j’ai fait un codage. Ainsi, la transcription de l’interview est divisée entre les dimensions que j’ai tracées au début du rapport et traitées dans la partie de l’analyse. Ces dimensions ont des sous-catégories et enfin j’ai assemblé des paroles des répondantes qui disent quelque chose sur ces dimensions et sous-catégories. Dans ce paragraphe, je présenterai donc les mots-clés que j’ai tirés de ce codage. Premièrement, au sujet de l’esthétique du spot les mots ‘beau’ et ‘élégant’ étaient constants chez les répondantes. L’esthétique est donc une caractéristique qui fonctionne bien pour les répondantes. Deuxièmement, l’histoire du spot leur a plu et les mots-clés dans cet ordre d’idées sont ‘sensuel’, ‘passionné’, ‘dynamique’, ‘dramatique’ et ‘mystique’. Les répondantes ont aussi été marquées par l’aspect 18 Cf. annexe 5 Cf. annexe 6 20 Cf. annexe 7 21 Cf. annexe 8 22 Cf. annexe 9 19 19 érotique du spot et elles y ont liées les mots ‘érotique’, ‘pas vulgaire’, ‘touche la limite’, ‘risqué’ et ‘délicat’. Les répondantes ont donc perçu le spot comme une publicité très sensuelle, mais toujours élégante. Les répondantes n’ont pas douté l’aspect sensuel, constant dans le spot. Cela constitue aussi la valeur marchande du spot, bien que cet aspect soit mis en scène de manière élégante. Ainsi, le spot ne dépasse pas la limite et il reste dans le mémoire comme une publicité délicat, mais un peu risqué. Troisièmement, les répondantes ont remarqué le point de vue global du spot en y appliquant les mots-clés ‘international’ et ‘global’. Le fait que Paris soit utilisé comme scène a connoté le motclé ‘la ville de l’amour’. Quatrièmement, après avoir vu le spot une deuxième fois, les mots ‘attrayants’, ‘ravissant’ et ‘sexy’ ont été liés au parfum, à cause de l’état de la jeune femme au spot. Les répondantes ont interprété les réactions de la femme et elles ont appliqué ces valeurs au parfum. Finalement, les répondantes ont transféré exactement ces valeurs à YSL comme brand, et elles ont ajouté les mots ‘innovation’, ‘forte’, ‘luxueuse’ et ‘risqué’.23 En somme, les répondantes ont eu une impression d’YSL comme marque après avoir vu le spot. Elles ont conclu qu’YSL constitue une marque qui se distingue des autres sur la base de ce spot publicitaire. 5.2.2 Application des résultats de l’interview sur la problématique du rapport Dans ce paragraphe j’utiliserai les résultats de l’interview afin de répondre à la problématique du rapport. J’entrerai les différentes dimensions et caractéristiques du spot pour voir s’ils ont bien fonctionné et comment ils ont influencé les répondantes. Je finirai ce paragraphe par appliquer le modèle AIDA sur les réponses des répondantes afin de déterminer comment le spot a été reçu par la cible. Tout d’abord, les répondantes ont eu une bonne perception du spot à première vue. Selon les schémas remplis individuellement après avoir vu le spot, « 4 », près de la meilleure note 5, a le plus souvent été attribuée. Des effets différents les ont influencés, ce que j’examinerai dans la partie qui suit. Commençant par l’esthétique, il est évident que les répondantes ont toutes été influencées par les effets visuels du spot. Selon les schémas, l’effet poétique en noir et blanc ainsi que les grandes roses ont été remarqués par toutes les répondantes. L’effet reçu de cette forme d’esthétique est une élégante conception du spot. Le spot est tenu dans des couleurs simples, mais classiques. Mais l’accompagnement de la musique a pour résultat un effet dramatique, ce que les répondantes ont également ressenti. L’avantage de l’usage de ces couleurs s’explique par le fait qu’elles font 23 Cf. annexe 9 20 ressortir le plus important du spot : le parfum et les roses. Comme je l’ai souligné dans l’analyse du spot, tout le film est tenu en noir et blanc, sauf que le flacon YSL et les roses. Cette caractéristique esthétique a été remarquée par les répondantes. En voyant ces couleurs dans le spot, elles ont découvert le parfum dans les draps et elles ont fait attention aux roses. De plus, les couleurs du spot leur ont fait concentrer leur attention sur la femme. Comme je l’ai souligné dans l’analyse, la femme constitue l’accroche du spot. Pour les répondantes, cela a amené une compréhension plus facile du spot. Cela m’amène à la réception du thème du spot. L’esthétique du spot a apporté un focus sur la femme et sur son état, ce qui constitue un autre effet du spot. Selon les schémas des répondantes, l’ambiance sensuelle et la femme et son état constituaient aussi des caractéristiques remarquables du spot. La sensualité évidente du spot a bien fonctionné, puisque les répondantes l’ont perçu comme élégant et ne pas vulgaire. Par contre, il est clair que le sexe a été le but principal d’YSL, parce qu’il se vend bien dans les publicités postmodernes. Mais YSL a réussi à conquérir la cible au lieu de la repousser. Pour les répondantes, cette sensualité permet de s’impliquer dans l’aventure de la Parisienne. Elles suivent avec intérêt sa nuit passionnante avec son amant. Le sexe n’est plus un tabou, et pour les répondantes le spot reflète bien notre décennie et notre société, où les filles ont le droit de ‘vivre et aimer sans attendre’ – comme indiqué dans la citation finale du spot. La femme du spot n’est donc pas jugée par les répondantes. Au contraire, cette sensualité et le fait qu’elle se rapproche de la limite que les répondantes peuvent tolérer, est ce qu’on attend d’un mannequin comme Kate Moss. Mais au niveau sexuel, YSL n’a pas pu continuer dans cette direction. La marque a atteint la limite en matière de sensualité. En somme, YSL a bien exploité cet effet sensuel. En outre, les résultats de l’entretien me montrent que la dimension globale du spot fonctionne bien. Les répondantes ont toutes remarqué que le personnage principal est joué par la fameuse Kate Moss. Elle fonctionne comme l’accroche du spot et attire l’attention dans le monde entier. L’effet voulu par l’utilisation de Kate Moss est le souhait que toutes les femmes puissent s’identifier avec elle, aussi sans être française. Toutes les femmes peuvent être Parisiennes. Parce que la Parisienne – qui est-elle vraiment ? L’effet reçu est donc qu’il ne faut pas être né à Paris pour être Parisienne. Ensuite, les mots que les répondantes ont liés à une Parisienne, ‘chic’, ‘élégante’ et ‘luxueuse’, sont transférés au parfum. YSL a donc réussi à attendre les femmes partout dans le monde et à ne pas se limiter en utilisant un mannequin français. La citation finale du spot en anglais renforce cet effet et toutes les répondantes se sentent concernées. 21 L’image voulue par l’utilisation de Paris comme scène a été de l’accentuer comme ‘la ville de l’amour’, ce qui a bien fonctionné. L’image reçue chez les répondantes est qu’elles ont attaché de l’importance à l’ambiance de la ville et par cela elles ont connoté l’amour. C’est un effet très important pour une publicité de parfum qui contient souvent une promesse d’amour, et qui dans ce cas a bien fonctionné. Même avec le thème sensuel du spot, les répondantes l’ont perçu comme étant romantique grâce à de l’utilisation de Paris comme scène, et grâce à la citation finale qui s’adapte aussi bien à Paris qu’à l’amour. De plus, Paris est aussi connoté comme ‘la capitale de la mode’, qui constitue un effet qui s’adapte également au spot. Cet effet a également été bien reçu à cause des ressemblances entre Paris et le spot. Il n’est pas possible de s’imaginer le spot se déroulant autre part qu’à Paris. Cependant le spot est complexe, il est mystique et est marqué par du chaos. Pour quelques unes des répondantes, le story du spot a été perçu à la première vue. Mais pour d’autres, il a été nécessaire de le voir une deuxième fois. Le changement rapide de scènes rend le spot plus dynamique et dramatique, ce qui a eu aussi bien des effets positifs que négatifs pour résultat. Ce qui a été général était le fait que les répondantes ignoraient le produit dont le spot publicitaire était l’objet, jusqu’à la fin du spot où le flacon est apparu dans les draps de lit. Cela constitue un effet mystique qu’YSL exploite bien dans ce spot. Tout est cohérent : la femme du spot est mystique, la Parisienne rayonne du mystère et donc la publicité pour son parfum est mystique. En général, le spot fonctionne bien, mais il faut le faire voir à plusieurs reprises afin d’obtenir une compréhension complète. Par exemple, la compréhension du fait qu’il s’agisse de deux scènes sexuelles, aussi bien dans la voiture que dans le lit, n’a pas été atteinte avant la deuxième vue. La question qui se pose est si la marque YSL n’a justement pas obtenu l’effet de mystère qu’elle souhaitait atteindre. Ceci m’amène au caractère ambigu et dense du spot, qui a diverses dimensions qui sont transférés au produit. Tout d’abord, la force de l’esthétique se compose du fait qu’elle se transfère au produit. La signification dénotative de la couleur rose et des roses a été remarquée, et les répondantes ont fait le décodage pratique, c’est-à-dire que le parfum doit avoir une odeur des roses. L’esthétique du spot amène donc une conjecture de l’odeur du parfum. Ensuite, le spot est dense, puisque le thème sensuel et l’utilisation de Kate Moss se transfèrent à YSL comme marque. Commençant par le choix du mannequin britannique. Elle n’a pas peur des controverses et dans cette campagne elle pousse la limite encore. (Mail Online, 2009) Mais elle s’adapte parfaitement à une publicité aussi controversée, ce que les répondantes attendaient de sa part, en l’occurrence une publicité qui touche 22 la limite et qui prend des risques. Par ailleurs, les valeurs diffusées par le spot sont aussi des valeurs qui sont transférés au parfum. Les répondantes ont eu l’idée qu’en portant ce parfum, elles seraient aussi irrésistibles et sexys vis-à-vis d’un homme que ne l’est Kate Moss dans le spot. De plus, elles ont eu l’impression qu’on aura les mêmes sentiments vis-à-vis du parfum que Kate Moss vis-à-vis de l’homme. Concernant le thème sensuel du spot, c’est une dimension qui est aussi transférée à la marque. En créant une publicité qui dépasse presque les limites érotiquement, YSL a réussi à se distinguer des autres marques – ce qui est très important pour une marque de luxe et, encore une fois, l‟effet voulu d’YSL. Dans cette catégorie des dimensions, le dernier concept d’une commercialisation qui ne se focalise pas sur le produit demeure. Mais comme je l’ai montré par l’argumentation ci-dessus, le spot a utilisé des effets différents qui font ressortir l’histoire et les valeurs du parfum. Cette commercialisation est même parvenue à mettre l’accent sur YSL comme une marque d’innovation et de force, exclusive, luxueuse et risqué. Au final, comme une marque qui se distingue. L’entretien de groupe a donc nuancé l’image que j’avais moi-même du spot et ces effets. 24 Finalement, j’aimerais achever cette analyse de l’entretien en incluant le modèle AIDA afin de révéler si le spot a eu l’effet souhaitable sur la cible. Commençons par la première lettre du modèle, le A pour ‘Attention’. Le spot a captivé l’attention de presque toute la cible, comme les schémas l’indiquent.25 Par rapport à la deuxième lettre, le I pour ‘Interest’, les répondantes ont toutes été influencées par le spot. Elles l’ont apprécié, en particulier l’esthétique et l’histoire du spot qui ont éveillé leur intérêt. Ensuite, le modèle traite de la troisième lettre, le D pour ‘Desire’. Les répondantes ont toutes eu envie d’aller sentir le parfum. Pour cela, Yves Saint Laurent a franchi la première étape pour atteindre sa cible. Le spot a créé un désir de sentir le parfum. Une répondante a remarqué qu’après avoir senti le parfum, il fallait décider si l’odeur s’accordait avec sa personnalité ou pas. Finalement, concernant la dernière lettre du modèle, le A, je conclus que mon étude ne progresse pas si les répondantes sont réellement poussées à une ‘Action’. La réalisation de cette dernière étape reste donc sans réponse. Mais Yves Saint Laurent a réussi à faire le plus important : captiver 24 25 Cf. annexe 9 Cf. annexe 7 23 l’attention de la cible et de créer de l’intérêt et du désir autour du parfum. En fin de compte, par cette étude, j’ai découvert l‟effet reçu du spot. 5.2.3 Evaluation de la méthode de l’entretien de groupe Dans ce paragraphe, je discuterai de la pertinence du choix de l’entretien de groupe comme méthode afin de répondre à ma problématique du rapport. Je me demanderai si cette méthode a eu une signification pour les résultats. Le premier inconvénient est qu’en tant que modérateur de l’entretien, j’étais partiale à un certain degré. Il m’a paru difficile de me tenir complètement passive au cours de l’entretien, parce que j’y avais travaillé intensément depuis longtemps. Le deuxième inconvénient est dû au fait que je connaissais les répondantes, et que puisqu’elles étaient aussi en train d’écrire leurs mémoires, elles avaient voulu m’aider. Pour cette raison, des réponses examinées à fond ont pu surgir dans l’entretien. Le troisième inconvénient est que les répondants s’inspirent mutuellement, ce qui est caractéristique de l’entretien de groupe. Beaucoup de mots génèrent les autres mots qui sont mis sur le tapis, et les répondants s’influencent réciproquement. Cela est aussi la raison pour laquelle j’ai conçu un schéma à remplir sans parler, pour avoir leurs premières impressions sans que l’une n’influe sur l’autre. Dès le début, une des répondantes a été un peu plus sceptique vis-à-vis du spot. Elle a toutefois changé d’avis au fur et à mesure de l’entretien. Sur le schéma, elle a répondu ‘non’ à la question demandant si le spot lui donnait envie d’acheter le parfum. Mais après avoir discuté le spot, elle a été la première à dire qu’elle aimerait bien le sentir. Elle est un bon exemple d’une répondante influencée par les autres et par le développement du l’entretien. Il y avait un certain consensus entre les répondantes. Comme dernier inconvénient, on peut affirmer que cette analyse n’est pas représentative en raison du petit nombre de répondantes. Les avantages d’un entretien collectif est qu’il va du singulier à l’universel. Les études qualitatives suffissent rarement à elles-mêmes, mais elles constituent néanmoins une opération riche de renseignement et passionnante. Les résultats des études qualitatives sont en effet généralisables, ce qui est également le cas de mon entretien. (Martin, 2005, p. 94) Outre les premières impressions du spot, j’ai obtenu des opinions et interprétations honnêtes par des filles qui selon moi font parties de la cible d’YSL. En conclusion, les résultats de mon entretien sont des résultats crédibles. Un représentant d’YSL n’aurait probablement pas eu les mêmes résultats. 24 6. Conclusion L’objectif de ce rapport était d’étudier comment le spot publicitaire « Parisienne » de la marque globale Yves Saint Laurent était reçu par une cible de jeunes femmes danoises. A l’aide de d’une analyse sémiotique et de la théorie du storytelling, une suite de valeurs et de connotations a été révélé. La marque Yves Saint Laurent narre effectivement l’histoire moderne autour de son parfum et à cet effet, la marque contribue également à son propre image. Afin de compléter mon travail, j’ai analysé la réception de la communication publicitaire auprès de la cible visée. Ceci m’a permis d’examiner comment le spot est réceptionné par les destinataires, et donc relever comment le storytelling d’Yves Saint Laurent rythme la vie du consommateur postmoderne. Au départ, l‟effet voulu d’Yves Saint Laurent est d’attirer l’attention des consommateurs afin de les inciter à acheter le parfum. L’objectif est aussi de se distinguer des autres marques dans un monde de production de masse où il est difficile de percevoir les différences entre les produits. YSL souhaite créer un lien entre la marque et le consommateur, et donc faire rêver ce dernier qui vit dans une société aux multiples impressions médiatiques. YSL obtient cet effet en utilisant l‟effet transmis, qui est construit par un spot publicitaire qui se concentre sur les valeurs de spectacle, et qui donne la priorité à la séduction au lieu de se focaliser sur les avantages du produit et sur la rationalité du message. YSL se laisse diriger par le principe directeur, la séduction. Ainsi, la marque crée une histoire sensuelle qui la relie au consommateur. YSL a construit cet effet en créant un story qui capte l’attention des consommateurs. Ce story est mythique et chaotique, et est dominé par un thème sensuel qui s’approche de la limite que les consommateurs peuvent tolérer. De plus, la marque YSL bénéficie de l’esthétique poétique du spot et de Paris comme scène. Avec ce spot publicitaire, la marque participe en outre au spectacle global. Les effets visuels créés autour de « Parisienne » mettent donc en scène la rencontre d’un parfum mythique et d’un conte universel. Il ressort de l’analyse des signes audio-visuels et de leurs interactions que l’histoire communiquée autour de « Parisienne » repose sur la sensualité, le luxe, l’exclusivité et la mystique. Cela afin de répondre aux besoins des consommateurs postmodernes et à leur envie de rêver. En mettant le spot en scène au même titre qu’une aventure médiatique, YSL fait de la publicité un spectacle postmoderne, servi au mieux par les effets audio-visuels, et relie la marque au consommateur. 25 Pour arriver à ce résultat je me suis appuyée sur les théories du storytelling et sur la sémiotique, ce qui m’a permis de dégager le story et les connotations susmentionnées autour du parfum « Parisienne ». Finalement, en faisant un entretien de groupe, j’ai compris l‟effet reçu du spot, ce qui constitue la réponse à la problématique du rapport. En fin de compte, le spot publicitaire de « Parisienne » a réussi à captiver l’attention des quatre répondantes. Elles ont liés les mots ‘sensuel’, ‘élégant’, ‘dynamique’ et ‘mystique’ au spot, et par l’aide des effets audio-visuels, les répondantes se sont imprégnées de l’esprit du spot. De ce fait, il découle chez les répondantes une création d’intérêt, et le désir de sentir le parfum. En conclusion, le spot publicitaire de « Parisienne » de la marque globale d’YSL est bien reçu par une cible de jeunes femmes danoises. En effet, il est reçu de la meilleure manière possible. YSL franchit le premier pas possible pour atteindre sa cible. Après, c’est l’odeur du parfum qui reste décisive pour ce qui concerne l’achat. Enfin, dans une mise en perspective, je tiens à souligner que l’analyse est qualitative et non quantitative. Afin que rajuster ce point, je pourrais élargir le groupe des répondantes et aussi comprendre des répondantes que je ne connais pas personnellement. Je pourrais également organiser une étude des questionnaires afin d’élargir le spectre de répondantes. Pourtant, comme remarques finales de ce rapport, je suis convaincue que cette analyse donne une bonne image de la réception du spot. Caractères en tout (espaces et citations du site Web « YSL Parisienne » non compris) : 54.851 26 7. Abstract Commercials have come to play a large role in our everyday life. Their goal is to attract our attention in order to make us buy the product in question. In a world of mass production where the differences between the products are not always noticeable it is necessary for a brand to distinguish itself from other brands. That is why a brand can benefit from telling a strong story about itself and its products. Consequently it is interesting to examine the story of a big French brand. This report is thus centred on Yves Saint Laurent’s commercial for the brand’s perfume “Parisienne”. The goal was to show what effect the commercial has on a target group of young Danish women and if the commercial lives up to the AIDA model. That is if it attracts the consumer’s attention, if it creates interest and desire around the product and finally if it succeeds in making the consumer take action and buy the product. Additionally the commercial contains different interesting characteristics, which are the global aspect, the fact that France has been used as the scene, the sensual theme, the aesthetics and the story of the commercial. This brought me to the problem statement of the report that sounds as following: “How is the commercial for the perfume “Parisienne” from the global brand Yves Saint Laurent received by a target group of young Danish women?” Firstly in order to answer the problem statement I analysed the commercial by means of storytelling and semiotics. On the one hand Rolf Jensen’s theories of storytelling in advertisements gave me the possibility of applying his theories of order and chaos universes, the wheel of the story and the seven tools to the commercial. On the other hand Roland Barthes’ theories of the sign and denotations and connotations within the field of semiotics provided the background for the analysis. As a result I achieved a nuanced picture of the commercial. I was able to place the commercial as a participant in ‘The Dream Society’ where the stories appeal to the consumers’ emotions instead of focusing on the product’s rational message. Furthermore after having analysed the commercial I could conclude that it constitutes a postmodern commercial that focuses on seduction. At the same time it plays a part on the global stage and it offers a purchase of a small adventure and a dream of romance. 27 Secondly in order to answer the problem statement I included the qualitative technique of a focus group interview following the theories of Steinar Kvale. My focus group consisted of four young Danish women between 23 and 27 years old who were also working on their theses. I showed them the commercial and afterwards interviewed them on their reaction to the commercial. In my analysis of the interview I collected the keywords the respondents had attached to the commercial and as a result I found out that the respondents had been affected by the commercial in a good way. Especially the aesthetics and the sensual theme of the commercial awakened the respondents’ attention and they even tied some of their associations to YSL as a brand. In conclusion the commercial was well received by the respondents. The commercial succeeded in awakening the respondents’ attention, and as the interview developed it appeared that after having seen the commercial the respondents would like to go smell the perfume and subsequently consider an eventual purchase of it. Thus the commercial also succeeded in creating interest and desire around the perfume. However the last part of the AIDA model, the ‘action’, remains unclear. But YSL has reached the first important step with this commercial, and that is getting the consumer to go smell the perfume. Afterwards it is the scent of the perfume that determines whether the consumer will or will not buy it. Finally it can be argued that using the focus group interview as a method for this report was not representative enough. The report could have benefitted from a larger focus group or from using respondents that I do not know personally. The use of a questionnaire could also have widened the range of respondents. However I am convinced that this analysis gives a good image of how the commercial is received. Number of characters (without space): 3.512 28 8. Bibliographie Allères, D. (1997). Luxe - Stratégies - Marketing. Paris: Editions Economica. Babillages. (2009, Octobre 6). Babillages. Consulté le 4 7, 2010, sur http://babillages.net: http://babillages.net/2009/10/06/parfum-parisienne-yves-saint-laurent-pourquoi-cest-un-best-seller/ Barthes, R. (1998). 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