La camerise prend son envol

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La camerise prend son envol
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er août 2012
RÉGIONS
La camerise prend son envol
GUILLAUME ROY
GUILLAUME ROY
Collaboration spéciale
Un petit fruit méconnu du public
prend son envol cette année au
Saguenay–Lac-Saint-Jean et aux quatre coins de la province : la camerise.
Avec un prix de vente à 10 $ le kilo et
des coûts d’implantation abordables,
de plus en plus de producteurs se lancent dans l’aventure, et le commerce
s’organise.
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean,
40 producteurs ont planté 90 000 plants
de camerises depuis 2007. PierreOlivier Martel est l’un d’eux. Après
avoir fait un test avec 400 plants à
Métabetchouan, il en a planté 4000 sur
3 hectares à Desbiens, au Lac-SaintJean, le printemps dernier. « J’aime
l’agriculture, et la camerise est une culture qui est abordable pour un nouvel
investisseur. Même si le fruit n’est pas
connu, les perspectives de mise en marché sont bonnes », estime le jeune biologiste, qui travaille également au
ministère de l’Agriculture du Québec
(MAPAQ).
M. Martel a investi 12 000 $ par hectare pour l’implantation de son verger,
sans compter son temps. Selon le
MAPAQ, ces coûts sont évalués à
20 000 $ par hectare. Un plant coûte 4 $.
« L’an dernier, le prix de la camerise
a atteint 12 $ le kilo, alors que cette
année, il a été fixé à 10 $. C’est certain
De couleur similaire à celle du bleuet, la camerise a une forme allongée et elle pousse naturellement dans nos forêts.
que le prix va varier dans la mesure où
plus de plants seront en production,
mais mon projet demeure rentable
jusqu’à un prix de 2 $ le kilo »,
témoigne M. Martel.
La camerise produit ses premiers
fruits après deux ans, et une récolte
commerciale arrive généralement à la
quatrième année. Le plant atteint sa
pleine maturité après sept ou huit ans.
À maturité, il est possible de récolter de
2 à 4 kg par plant de camerises, et
jusqu’à 8000 kg par hectare.
La récolte s’étale sur deux semaines,
de la fin de juin au début de juillet.
Comme la plupart des petits fruits, la
camerise possède des propriétés antioxydantes. Des variétés nordiques ont
été développées en Saskatchewan pour
rendre le fruit plus agréable pour le
palais. Elles sont, entre autres, commercialisées par Végétolab, un laboratoire de culture in vitro à Alma.
Frédéric Côté et quatre autres producteurs de camerises, dont Végétolab,
ont créé Boréalis, une entreprise de
récolte, d’achat et de conditionnement
de la camerise. « Nous avons créé une
coopérative d’utilisation de matériel
agricole pour faire la récolte mécanisée
de la camerise. Nous offrons le service
de récolte aux producteurs. Par la suite,
nous leur proposons d’acheter leurs
fruits, s’ils le désirent », explique
M. Côté. La plupart des fruits sont par
la suite acheminés à l’usine de congélation de Saint-Bruno. « Les fruits frais
sont assez fragiles. Après une récolte
mécanique, il est préférable de les
congeler. D’ici à quelques années, la
majorité de la production prendra le
chemin de l’Asie, d’où provient 90 %
de la demande mondiale.
Signe de l’engouement pour le petit
fruit, une démonstration d’une récol-
teuse spécialisée, achetée par Boréalis,
a attiré plus de 100 personnes venues
d’un peu partout au Québec et du
Nouveau-Brunswick, le 10 juillet, sur
les terres de Végétolab. Importé de
Pologne, l’appareil Joanna-3, destiné à
la récolte d’amélanches et de cassis, a
été légèrement modifié pour faire la
récolte de camerises. En 20 minutes,
Joanna-3 peut cueillir une rangée de
100 m aller-retour, alors qu’un cueilleur en récolte 5 m. « La machine est
aussi efficace que 30 à 50 cueilleurs »,
estime M. Tremblay.
Paille à vendre!
La Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ)
a mis en ligne, la semaine dernière, un babillard de vente de paille pour faciliter
les transactions entre les producteurs et les utilisateurs.
Une demande à cet effet avait été formulée lors de l’assemblée générale
annuelle de la Fédération en mars dernier. « Le fait de mettre en lien les acheteurs et les vendeurs de paille permettrait une plus grande efficacité de la vente
et favoriserait l’achat au Québec », peut-on lire dans le procès-verbal.
Les agriculteurs peuvent donc remplir un formulaire pour annoncer une vente
ou une offre d’achat sur le site de la FPCCQ. « Pour le moment, on va le mettre
à jour au fur et à mesure qu’on reçoit des annonces », explique l’agente d’information sur les marchés à la Fédération, Magali Hunot. A.D.

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