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D O S S I E R A U 2 1 e S I È C L E : E N C O R E E T T O U J O U R S L E S T M S ! Un processus de résolution de problèmes pour trouver des solutions Dans la formation Principes pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB), les participants s’initient au processus de résolution de problèmes (PRP). Ce processus, en huit étapes, permet d’aborder et de résoudre des situations complexes, à forte variabilité, comme c’est souvent le cas en soins à domicile. En voici un exemple éloquent. Étape 1. Choisir une situation difficile Marthe, la fille de M. Roy, appelle au CLSC car elle s’inquiète de la façon dont son père de 80 ans est déplacé de son lit à son fauteuil roulant lors du premier lever du matin1. Rose-Ange Proteau asstsas Étape 2. Documenter la situation difficile 18 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 29, NO 3, 2006 À partir des six éléments de la situation de travail préconisée par l’approche globale de l’ASSTSAS (personne, tâche, équipement, environnement, temps et organisation du travail), la situation est analysée. M. Roy mesure 1 m 78 cm (5 pi 10 po) et pèse 113 kilos (250 livres). Il est paralysé du Dégager la dimension principale côté gauche à la suite de deux du problème consiste à se demander accidents cérébraux vasculaires. Il ne peut se lever seul. Il qu’est-ce qui est le plus pénible. possède une bonne force de son côté droit (bras et jambe). Il est éveillé et alerte. Son incontinence le gêne. Il a bon appétit et s’hydrate normalement au souper. Il se couche vers 19 h 30. Le matin, au réveil, il est mouillé d’urine du cou aux genoux. Il porte une culotte d’incontinence de type « pull-up », insuffisante pour le garder au sec. Il vit avec sa fille, Marthe, son mari et leurs deux jeunes enfants. Durant la journée, c’est elle qui effectue les changements de culotte de son père. Georges, l’auxiliaire familial et social (AFS) du CLSC, aide M. Roy depuis quatre ans, à raison de deux jours par semaine. Il mesure 1 m 83 cm (6 pi). La famille engage une personne trois autres jours. Le service d’une heure et quinze minutes comprend les soins d’hygiène et l’habillage qui ne semblent pas poser de problème. Critères d’efficacité des solutions > Élimination du danger à la source (ex. : utilisation d’un lève-personne pour un bénéficiaire qui ne tient plus sur ses jambes ; mettre le chien dans la cour pendant les soins). > Contrôle du danger. Le danger est présent, mais des moyens mis en place réduisent la portée auprès du travailleur (ex. : surfaces de glissement) ; le danger est présent, mais des moyens l’éloignent du travailleur (ex. : donner à manger au chien afin qu’il laisse l’AFS tranquille pendant le transfert). > Application des principes. > Création d’aucune nouvelle nuisance. > Permanence dans le temps. > Réalisation et accessibilité dans des délais raisonnables (ex. : prêt de la banque d’équipements, aménagements temporaires, programme d’adaptation du domicile pour des aménagements permanents). M. Roy dispose d’un lit d’hôpital électrique ajustable en hauteur muni d’un matelas coquille mou. Une barre plafond/ plancher est installée vis-à-vis l’oreiller. Lors du lever, le fauteuil est placé au pied du lit pour laisser suffisamment d’espace pour descendre les jambes (figure 1). Lorsque M. Roy s’assoit au bord du lit, il se tient à la barre plafond/plancher. Le matelas s’affaisse et M. Roy est instable. Georges effectue un effort pour l’aider à s’asseoir et à s’avancer au bord du lit. Pour se déplacer du lit au fauteuil roulant, M. Roy lâche la barre et fait plusieurs pas instables avec l’aide de Georges qui le soutient avec ses mains de chaque côté du thorax. Il le tient un peu éloigné pour ne pas se mouiller. Quand il s’assoit, M. Roy se frappe souvent la cuisse ou la hanche sur l’appuiebras du fauteuil et atterrit brusquement sur le siège. On ne sait pas si l’appuie-bras peut s’enlever. Il n’y a pas eu d’évaluation récente de l’ergothérapeute. Une infirmière agit à titre d’intervenante pivot du client. Étape 3. Vérifier les dangers Pour chaque élément de la situation de travail, il faut se poser les questions suivantes : quels principes ne sont pas respectés et quels sont les aspects pénibles ou dangereux ? Pour permettre de comprendre et de visualiser la situation difficile, le maître formateur de l’ASSTSAS effectue une simulation dans le local de formation. Il tente de reproduire le plus fidèlement possible le contexte des équipements, de l’environnement. Un participant simule la condition de M. Roy et un autre le soignant. Étape 4. Dégager la dimension principale du problème Dégager la dimension principale du problème consiste à se demander qu’est-ce qui est le plus pénible. Malgré les efforts fournis par l’AFS lors du transfert du lit au fauteuil roulant d’un client mouillé, ce dernier atterrit brusquement dans son fauteuil et risque de se blesser. D O S S I E R A U 2 1 e S I È C L E : E N C O R E E T T O U J O U R S L E S T M S ! Étape 5. Rechercher des solutions avec créativité Étape 6. Choisir des solutions à partir des critères d’efficacité Quand plusieurs solutions sont envisagées, le PRP propose de les examiner à partir de critères d’efficacité (encadré). Une solution qui élimine le danger à la source est préférable à une autre qui ne fait que le contrôler. Les participants conviennent des recommandations suivantes : demander rapidement une évaluation par l’ergothérapeute du CLSC, utiliser le levier à station debout et recommander à M. Roy l’achat d’un ensemble de condom urinaire réutilisable. Étape 7. Mettre en place les solutions Pour les problèmes reliés aux transferts, les participants au PRP désignent l’ergothérapeute du CLSC comme étant la personne la mieux placée pour valider et mettre en place les solutions dans des délais rapides. Pour les problèmes reliés à l’incontinence urinaire, les informations sur l’ensemble du condom urinaire seront transmises à l’infirmière qui effectuera le suivi. Étape 8. Assurer le suivi des recommandations À la suite du PRP, l’ergothérapeute du CLSC a effectué une visite au domicile de M. Roy en présence de Georges. Après quelques essais, il s’est avéré que M. Roy possède assez de force pour effectuer seul son transfert du lit au fauteuil. Pour y arriver, il faut déplacer la barre d’appui pour qu’il puisse s’y tenir du début à la fin du transfert. En modifiant la barre plafond/plancher vers le centre du lit (figure 2), M. Roy peut utiliser au maximum ses capacités. Voici la méthode retenue pour effectuer le transfert. > M. Roy, assis au bord du lit, se tient à la barre avec son bras droit. > L’AFS se tient en face du client pour assurer son équilibre. Il lève progressivement le lit jusqu’à ce que M. Roy se retrouve en position debout. Figure 1. La barre plafond/plancher située près de la tête du lit est trop loin pour que le client s’y tienne durant tout le transfert. Il doit être assisté pour quelques pas hésitants jusqu’à son fauteuil roulant. Figure 2. Le nouvel emplacement de la barre plafond/ plancher permet au client de s’y tenir pendant que l’AFS remonte le lit. Ensuite, le client tourne ses pieds pour faire face à la barre d’appui et s’asseoir seul au fauteuil roulant. > Une fois debout, toujours en tenant la barre, M Roy tourne ses pieds jusqu’à ce qu’il soit placé face à la barre. > L’AFS rapproche le fauteuil roulant à l’arrière des jambes de M. Roy. > Il s’assoit seul, tout en tenant la barre. > Si M. Roy devient trop faible pour exécuter le transfert de cette façon, il faudra introduire le levier à station debout. Résoudre une situation difficile Cet article montre comment le PRP permet à un groupe de trouver des solutions à une situation difficile. Le même processus peut aussi être utilisé par une personne seule. Lorsqu’un cadre, un représentant syndical, un préventionniste ou un membre de comité de santé et de sécurité du travail doit analyser une situation à risque, les huit étapes du PRP aident à identifier toutes les composantes du problème et à trouver des solutions. Le PRP permet aussi d’évaluer d’autres situations que celle du déplacement sécuritaire des bénéficiaires. • RÉFÉRENCES 1. Dans cet article, l’exemple utilisé pour illustrer le PRP provient d’une réelle situation à risque identifiée par la famille et analysée dans le cadre d’une formation de formateurs PDSB - soins à domicile. Les noms sont fictifs. ASSTSAS. Postures de travail sécuritaires et autonomie des personnes, 1997, p. 83. Photo 1. Simulation d’un lever du lit d’un client hémiplégique et transfert au fauteuil roulant avec un levier à station debout. Notez que le bras valide du client devrait tenir le levier à l’extérieur de la toile. 19 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 29, NO 3, 2006 Pour résoudre le transfert à risque Une des solutions envisagées par les participants consiste à utiliser un levier à station debout. Un des participants simule l’utilisation de ce levier en s’y tenant d’une seule main, comme le ferait M. Roy. Il se sent bien soutenu (photo 1). Pour résoudre le problème du client mouillé d’urine Un des éléments de risque est lié au fait que le client et le lit sont mouillés. Le changement de la culotte d’incontinence gêne M. Roy et entraîne des postures de travail à risque pour l’AFS. Quatre solutions sont envisagées : > procurer au client des culottes d’incontinence de nuit à plus grande absorptivité ; > disposer de grands piqués 86 x 144 cm (34 x 45 po) pour éviter de changer tout le lit et changer M. Roy avant de le lever ; > fournir une jaquette ou un tablier à l’AFS ; > demander au client d’acheter un ensemble de condom urinaire réutilisable attaché à un support athlétique et muni d’un sac urinaire à fixer à la jambe le jour et au lit la nuit (voir Vitrine des nouveautés, p. 32).