Nabil Ayouch parle de « Razzia », son nouveau film

Transcription

Nabil Ayouch parle de « Razzia », son nouveau film
Nabil Ayouch parle de « <i>Razzia</i> », son nouveau film
Il y a plus d'une année que la presse étrangère donne des échos sur «Razzia», le nouveau film
de Nabil Ayouch, tourné à Ouarzazate, sur les montagnes de l'Atlas et à Casablanca.
Désormais, l'on sait plus après l'entretien accordé par le réalisateur de «Much loved» au
magazine américain « Variety ».
La dimension sociale est fort présente dans ce film
Comme dans ses précédents films, «Ali Zaoua», « Les chevaux de Dieu», ou encore «Much
loved», la dimension sociale dans ce nouvel opus est très présente. Il y a le fossé qui se creuse
entre les riches et les pauvres, mais il y a aussi, d'après le dernier script, surtout des questions
se rapportant à la liberté au Maroc. Les personnages incarnés par les comédiens Maryam
Touzani, Abdelilah Rachid, Dounia Binebine, Amine Ennaji et la Belge Ariel Worthalter sont tous
à la recherche, d'une manière ou d'une autre, de cette liberté. Ainsi en est-il du personnage de
Hakim, vendeur de tapis dans un quartier populaire de Casablanca. Il aurait aimé devenir un
grand musicien comme Freddy Mercury si ce n'est que son père s'est opposé à ce choix. Idem
pour cette femme qui ne peut vivre comme elle veut. Pour être plus libre, elle a été obligée de
déménager pour mener sa vie loin de son mari. Le réalisateur estime en effet que le combat
des femmes pour la liberté au Maroc est dur à mener. Les cinq histoires qui servent de toile de
fond à ce film ont tous pour thèmes, comme le mentionne Nabil Ayouch dans cet entretien,
l'intolérance, l'ignorance des autres et le refus d'accepter l'autre dans ses différences. Le film,
dit-il,
«parle des
gens en quête de liberté et du droit de parler leur esprit, d'agir librement et de parler des
questions qui les intéressent. En particulier le droit des femmes à atteindre cet objectif, car je
pense qu'il devient de plus en plus difficile pour les femmes d'être libres au Maroc moderne.»
Clin d'œil à l'échec de l'école publique
Même l'éducation et l'échec de l'école publique ont été abordés soit directement soit sous forme
de métaphore dans cet opus. Le réalisateur lie chaque personnage de son film à un passé,
notamment un enseignant qui travaillait dans une école dans les montagnes de l'Atlas aux
débuts des années 1980, un personnage qui voulait inculquer une «éducation meilleure» à ses
élèves et qui a été arrêté par les autorités. Une manière pour lui de revenir sur la réforme de
l'enseignement commencée à cette époque et dont l'école publique actuelle en paye les frais.
Cette école, analyse le réalisateur dans cet entretien,
«a tourné le dos aux sciences humaines. Cela s’est produit à travers tout le Maghreb. Au
Maroc, les disciplines, comme la sociologie ou la philosophie, ont été retirées du programme.
On en subit maintenant les conséquences. On est en train de construire un nouvel être humain
1/2
Nabil Ayouch parle de « <i>Razzia</i> », son nouveau film
». Le nouveau film de N. Ayouch, comme il le raconte lui-même, fait aussi référence au célèbre
film américain, «
Casablanca
» de Michael Curtiz, sorti aux années 1940. Film qui a fait connaître la ville blanche à travers le
monde, sans qu'aucune de ses scènes n'y soit tournée. Paradoxe qui énerve l'auteur de «
Razzia
» puisque, dit-il,
«même les Marocains pensent que le film a été tourné ici »
.
2/2