Brigade des transmissions et d`appui au commandement

Transcription

Brigade des transmissions et d`appui au commandement
HÉRACLÈS
LA
09 005
N° N 2
LETTRE D ’ INFORMATION DE LA COMMUNAUTÉ DOCTRINALE
N
UI
-J
I
MA
Directeur de la publication : Général (2s) Jean-Marie Veyrat
Rédacteur en chef : Capitaine Stéphane Carmès
Mise en page : Christine Villey
Impression : Section Conception Impression du CDEF
Diffusion, relations avec les abonnés :
[email protected]
Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr
Editorial
Soldier Centric Network
I
l ne faut pas confondre commandement et communication : la manœuvre tactique ou
opérative, même si elle s’effectue dans des champs dit “matériels ” ou
“immatériels” doit toujours rester UNE et commandée, de la façon la plus simple et la
plus claire possible.
L’homme reste au cœur d’une action efficace, sur l’ennemi comme sur les populations :
il s’ensuit que la numérisation, formidable multiplicateur d’effets à s’approprier le
plus vite possible par des efforts redoublés d’entraînement, pour maîtriser les
machines et les tuyaux de l’information, doit bien être “soldat-centrée” et donc prendre en compte les tendances humaines naturelles.
- La difficulté d’adaptation : avant d’être convaincu et de consentir un effort d’appropriation (“ je suis plus efficace aujourd’hui avec ma carte, j’ai une mission à conduire et ne puis me permettre de perdre momentanément en efficacité”).
- Une trop grande confiance dans le système d’information : alors que ce dernier s’engorge tout seul et finit par neutraliser les états-majors (expérience initiale britannique
et américaine en Irak, mais déjà le cas de l’armée allemande en 1914), pendant que les
unités ont, elles, gagné en souplesse et réactivité.
- La responsabilisation jamais suffisante des échelons subordonnés : qui a pourtant
globalement toujours amélioré la tactique (de l’Auftragstaktik au Mission command,
en passant par la bonne formation de nos sergents, lieutenants et capitaines).
- Le risque d’inhibition du commandement : lorsqu’on se sait observé en permanence
par ses propres chefs.
- Une adoption en conduite du premier mode d’action : répondant aux critères retenus,
pour décider et exécuter vite.
Pour parer tout cela, une seule règle stricte : la subsidiarité !… Et savoir et oser
commander !
Général de division Gérard BEZACIER
Actualités
Les défis actuels de la BTAC
GBR Jean-Paul VARENNE - PAQUET
commandant la BTAC
page 2
Le cycle opérationnel de la BTAC
BTAC/EM/BCPO
page 3
Le mot de la direction
de publication
Dans ce 9e numéro de Héraclès,
la Brigade des transmissions et
d’appui au commandement
(BTAC) nous montre comment
ses moyens de transmissions et
d’appui au commandement, en
évolution constante, sont
employés au profit des PC des
grandes unités de la Force d’action et de la Force logistique terrestres.
Notre prochain numéro, le n° 10,
sera réalisé avec la 2e Brigade
blindée qui nous fera part de ses
résultats dans l’expérimentation de la numérisation de l’espace de bataille (NEB), mais
aussi, à la suite de la 7e BB, de
sa vision de l’emploi des unités
blindées.
Droit de réponse
Héraclès remercie le GCA
Robert MEILLE, chargé de
mission auprès du COMFAT,
d’avoir bien voulu réagir aux
idées exprimées par le GDI
Gérard BEZACIER dans son
éditorial du N° 09 de
Héraclès.
Voir son article dans la rubrique
Réflexions p. 9.
ACTUALITÉS
Actualités CDEF
BRIGADOC 2005
Du 10 au 13 mai 2005, le CDEF a organisé
en son sein et au profit des futurs commandants de brigade et adjoints directs
ainsi que pour les futurs généraux adjoints
d’EMF et chefs d’état-major, un stage de
formation opérationnelle plus communément connu sous le vocable de BRIGADOC. Volontairement succinct et concret,
alternant conférences doctrinales,
témoignages d’autorités en charge de responsabilités, informations relatives aux
conditions d’emploi des forces terrestres
sur et hors du territoire national, ce stage
ne visait en réalité qu’un seul but : faciliter
l’exercice des responsabilités confiées
prochainement aux officiers présents à ce
stage. Que ce soit pour l’exercice du commandement en opération, l’aspect multinational et interarmées des actions, le
volet logistique, la mise en condition opérationnelle, la numérisation du champ de
bataille ou l’émergence de nouvelles fonctions telles que la communication opérationnelle, tout a été fait pour délivrer le
plus simplement et concrètement possible
les quelques points clés indispensables
aux futurs chefs de l’armée de terre française qui, dans les semaines ou les mois à
venir, seront sur le terrain “aux affaires” à
la tête de leurs unités.
A noter parmi les temps forts du stage,
l’intervention du général CEMAT qui s’est
adressé directement à ses futurs commandants de brigade. Il leur a décrit avec une
totale transparence l’environnement
général dans lequel évolue l’Armée de
terre et qu’ils seront inévitablement amenés à prendre en compte puis s’est attaché à donner des directives plus spécifiques quant à leur rôle de chef opérationnel.
En résumé, la qualité et la franchise des
témoignages de même que la richesse des
échanges permettent de penser que l’objectif de BRIGADOC 2005 a été pleinement
atteint.
Le CDEF retrouvera maintenant les commandants de brigade dans six mois pour
participer avec eux à un exercice destiné à
susciter la réflexion tactique : BRIGADEX.
HÉRACLÈS
N°
09
Les défis actuels de la BTAC
a maîtrise de l’information est l’un des facteurs essentiels du succès
d’une opération. C’est la raison pour laquelle les systèmes d’information
prennent autant d’importance. Dans cette perspective, ce sont les conditions d’accès à l’information qui sont déterminantes. L’information doit être
complète, actualisée, sécurisée, présentée sous toutes les formes utiles et
échangée facilement en tant que de besoin. Les systèmes d’information
sont reliés entre eux par des systèmes de communications et livrés dans des
structures mises en place par les unités d’appui au commandement.
L
Si le besoin est relativement constant dans son expression, les différents
services mis à la disposition des utilisateurs sont tributaires des moyens
techniques disponibles. Or, ces derniers utilisent actuellement ce qu’il est
convenu d’appeler les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Ils sont en constante évolution, tant en ce qui concerne
les matériels que les logiciels.
La BTAC est précisément au cœur de ce processus et se dote actuellement
de systèmes à haut débit, dont les performances vont être particulièrement
précieuses pour satisfaire les besoins du futur CRR-FR.
Le système d’information pour le commandement des forces (SICF) est le
principal outil actuellement mis à la disposition des utilisateurs. Les services rendus sont multiples : messageries formelle et informelle, travail
coopératif, espace public, espace privé, gestion électronique des données,
cartographie, le tout assuré avec une parfaite sécurité. C’est le principal
réseau. Il est complété par un réseau “sensible France”, l’INTRATERRE, qui,
outre les services de messagerie, permet l’accès aux principales bases de
données nationales dont celles de la logistique. Le réseau INTERNET, non
classifié, est un complément précieux.
Pour obtenir la certification HRF, la mise en place des réseaux spécifiques de
l’OTAN (CRONOS, BICES, LOCE, ADAMS, etc..) est nécessaire. Elle interviendra très prochainement.
Tous ces systèmes sont nouveaux et en évolution constante. Leur mise en
œuvre conduit à la définition de nouvelles architectures et de nouveaux procédés techniques, jamais ou rarement reconduits d’une opération à une
autre ou d’un exercice à un autre. Leur parfaite maîtrise passe par une formation approfondie des personnels et elle impose un entraînement particulièrement rigoureux et régulier.
Quelles que soient leurs performances techniques, les systèmes d’information et de communications sont toujours tributaires du savoir-faire et de la
motivation des personnels qui les mettent en œuvre.
Or, cette évolution constante et de plus en plus accélérée enrichit la compétence des personnels par capitalisation des acquis. L’ampleur des défis à
relever est un remarquable stimulant. La volonté est au plus haut niveau, les
objectifs seront atteints.
GBR Jean-Paul VARENNE - PAQUET
commandant la BTAC
Colonel Daniel POSTEC
2
ACTUALITÉS
HÉRACLÈS
N°
09
Le cycle opérationnel de la BTAC 1
Actualités DEO
Un cycle permettant d’éclairer l’avenir
ors de l'élaboration de la DAPPO2 2005, le général commandant la BTAC a
confirmé officiellement le cycle opérationnel afin de donner aux chefs de corps
une meilleure lisibilité de leur engagement dans le temps. Composée de six régiments de transmissions et d’un régiment d’appui au commandement, la brigade
a choisi de faire évoluer le cycle sur 24 mois en trois phases correspondant à
trois actions majeures et déterminantes pour chaque régiment.
L
La première des phases est une période de quatre mois d’instruction collective
pendant laquelle le régiment est préservé afin qu’il puisse consolider les fondamentaux militaires et du métier, faire progresser la cohésion du régiment et préparer l’engagement opérationnel. Dans ce moment privilégié, le chef de corps
engage des actions de formation/instruction au regard des retours d’expérience
obtenus et des évaluations opérationnelles de ses compagnies. L’instruction collective intègre les directives opérationnelles de la brigade (prise en compte des
critères HRF pour la certification du PC CRR-FR).
La deuxième phase de quatorze mois est la période de disponibilité optimale
des régiments au profit des forces terrestres. Les régiments sont alors sollicités
pour participer aux exercices majeurs, à l'alerte GUEPARD et fournir des renforts
SIC aux BAS ou aux BIA. Ils arment alors les CMO SIC pour diriger des déploiements de moyens SIC d’un niveau 2. Lors de cette période, un régiment pourra
être contrôlé par l'état-major et le général commandant la BTAC effectuera son
évaluation (exercice ANTARES). En ce qui concerne les activités du CRR et CRRE,
les régiments sont désignés en tant que “leader” de la montée en puissance des
rendez-vous NRF (NRF 7 pour le CRRE et NRF 11 pour le CRR-FR).
La troisième phase de six mois est consacrée à la période de projection OPEX
précédée par la mise en condition opérationnelle (MCO). Elle se termine par un
mois de remise en condition. C’est aussi un moment privilégié pendant lequel la
majorité des postes attribués à la BTAC est honorée par le régiment pilote dont le
chef de corps peut être amené à prendre le commandement du dispositif : c’est
le cas du BCS au Kosovo.
Il est à noter que pendant ce cycle, un contrat opérationnel minimal lie les unités au général COMBTAC dans le but d’honorer les renforcements SIC demandés
par le CFAT. Pendant la période de disponibilité opérationnelle, il peut être
demandé jusqu’à 80%3 des moyens d’un régiment. Pendant la phase de projection OPEX, tous les moyens disponibles du régiment concerné sont “engageables”.
Au-delà de l’aspect “programmation” pour une meilleure responsabilisation des
personnels, ce cycle de 24 mois, véritable main courante opérationnelle, assure
une lisibilité plus grande aux différents niveaux du commandement sans pour
autant devenir un cadre rigide d’emploi des unités. Il permet d’obtenir une
meilleure anticipation des régiments par rapport aux objectifs opérationnels
fixés par le général commandant la brigade.
CODIROPS : Le CEMAT va décider du programme des études
opérationnelles 2005/2006
Organisé par l'EMAT/BPO dans les
murs du CDEF à l'Ecole militaire, le
CODIROPS (Comité directeur des
études opérationnelles) 2005/2006 se
tiendra le lundi 6 Juin 2005.
Ce comité directeur sera présidé par le
général d'armée Bernard THORETTE,
chef d'état-major de l'Armée de terre.
Au cours de cette réunion plénière
seront arrêtées les orientations pour les
études opérationnelles relatives au cycle
doctrinal 2005/2006.
CBA Pierre-Marie Bigot
OSA DEO
Une réflexion franco-allemande
sur l’interopérabilité
Dans le cadre du GFACM (Groupe franco-allemand de coopération militaire),
la cellule “doctrine”, composée d’experts du Heeresamt et du CDEF conduira un séminaire à Cologne du 31 mai au
2 juin 2005.
Le but de cette cellule est de mener une
réflexion conjointe, franco-allemande,
dans le domaine doctrinal visant à
améliorer l’interopérabilité des deux
Armées de terre.
Les sujets traités au cours de ce séminaire bilatéral sont les suivants :
1.- Identification des points de convergence et de divergence sur l’emploi
des brigades respectives.
2.- Identification et développement
des modes d'action communs lors
des opérations en zones urbaines.
3.- Interarmisation aux bas niveaux tactiques.
4.- Conséquences de la numérisation
sur l'organisation et le fonctionnement des P.C.
BTAC/EM/BCPO
Colonel Eric ROUSSEL
1 Brigade des transmissions et d’appui au commandement.
2 DAPPO : Directive annuelle particulière pour la préparation opérationnelle.
3 80% : Norme EMAT.
suite page 5
3
ACTUALITÉS
HÉRACLÈS
N°
09
C’est un défi déterminant, ciblé progressivement, qui
exige de développer trois qualités essentielles : l’organisation dans les déploiements, la maîtrise des
équipements et l’adaptabilité aux nouveaux équipements et versions logicielles.
L’appropriation des systèmes d’information
opérationnels par la BTAC
Elle repose sur trois maîtres mots : organisation, maîtrise, adaptabilité.
L’organisation
epuis l’été 2003, la brigade de transmissions et
d’appui au commandement s’est vu confier par le
CFAT la mission de mise en œuvre et d’administration
des systèmes d’information opérationnels déployés
dans les exercices des niveaux 1 et 2, ainsi que le renforcement SIC des autres niveaux (brigade, GTIA). Avec
pour perspective à court terme de cette appropriation,
un objectif majeur : la certification HRF1 à partir de
2007 du futur corps de réaction rapide de l’Armée de
terre, le CRR FR2.
Ainsi, dans cette appropriation progressive, les spécialistes ESRI3 des régiments de transmissions de la brigade doivent acquérir la maîtrise des systèmes d’information nécessaires au fonctionnement du CRR FR au
sein de l’OTAN.
D
Elle vise à réduire les délais d’implantation et à rationaliser le travail des équipes de spécialistes ESRI ;
l’objectif étant de livrer aux opérationnels des CO des
niveaux 1 et 2, dans des délais contraints, des réseaux
comportant plusieurs centaines de postes de travail
(actuellement, pour un déploiement de niveau 1, le
nombre global de stations configurées avoisine le millier). Dans ce but, depuis 2004, les chefs de centre
d’exploitation, principaux responsables techniques de
site, effectuent en amont de la phase de déploiement
un travail préparatoire assimilable à une méthode
PERT : identification des équipes, chronologie des
tâches et répartition des responsabilités. L’ensemble
de ces données étant reporté sur un tableau séquentiel qui favorise au moment du déploiement le suivi
temps réel des travaux et un éventuel remaniement du
dispositif en cas de difficultés.
Dans un premier temps, cette mission s’applique à
trois réseaux opérationnels : le réseau de théâtre ou
système d’information du commandement des forces
(SICF), l’intraterre, particulièrement sollicité par la
composante logistique et l’internet comme réseau non
classifié. Ces trois réseaux constituent encore actuellement la mission principale de la brigade.
A ce jour, les chefs de centre se sont bien appropriés
cette méthodologie qu’ils affinent à chaque exercice
d’entraînement pour mieux l’adapter aux impératifs
opérationnels.
A partir de 2006, avec la livraison des équipements
bureautiques complémentaires, la brigade devra compléter ses savoir-faire : appropriation du réseau
“ Unclassified ” supportant l’internet de l’OTAN,
appropriation du réseau NATO Secret (CRONOS) et des
FAS4, les applicatifs fonctionnels de l’OTAN tels que
BICES (renseignement), ADAMS (logistique). A ce
tableau, il conviendra d’ajouter une capacité de mise
en oeuvre du réseau interarmées SICA, dans l’éventualité d’une projection du CRR FR. C’est un total de six
réseaux que les personnels auront à déployer simultanément si les conditions opérationnelles l’exigent.
La maîtrise des équipements
Bien que l’ensemble des équipements ne soit pas encore disponible – attente de plusieurs centaines de
postes de travail pour les réseaux “ Unclassified ” et
NATO Secret, attente des futures stations SICF et des
nouvelles versions logicielles –, nos spécialistes ESRI
sont dans un cycle de formation intégrant 68 stages sur
l’administration des systèmes et des réseaux et sur la
configuration des équipements de chiffrement. A
terme, la brigade disposera d’une ressource de 720
spécialistes en mesure de répondre efficacement aux
besoins opérationnels des forces terrestres.
Il est une composante particulièrement dimensionnante qu’il conviendra d’ériger en règle de conduite :
la sécurité des systèmes d’information. Celle de
l’OTAN étant rigide, ses concepts devront être particulièrement assimilés par le personnel qui aura ensuite à
les mettre en oeuvre au sein des différents PC. Cela se
traduit en particulier par la maîtrise des nouveaux
équipements de chiffrement de l’OTAN (type TCE 5), la
séparation physique des réseaux de classification différente, le respect des distances entre équipements
actifs et câbles de connexion pour éviter les rayonnements compromettants,…
1 HRF : High Readiness Force.
2 CRR FR : corps de réaction rapide France.
3 ESRI : emploi des systèmes et des réseaux informatiques.
4 FAS : Functional Area System.
5 TCE : chiffreur IP.
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4
ACTUALITÉS
HÉRACLÈS
N°
09
L’appropriation des systèmes d’information opérationnels
par la BTAC
Actualités DEO
suite de la page 3
DOCEX 2005, le séminaire doctrinal annuel franco-espagnol
suite de la page précédente
De plus, en complément de cette formation, ces spécialistes sont présents sur tous les “ fronts ” et deviennent dans leur domaine les acteurs
incontournables des exercices majeurs (OPERA 3 Terre, Guibert-Hermès
2004 et 2005, Capable Warrior), des exercices d’interopérabilité avec les
alliés (Cathode Emission, Combined Endeavor, Common Enterprise) et
des exercices d’entraînement (FATSIC, EXCOM, FATEXTEL) ; une occasion
privilégiée de se forger une expérience et des compétences techniques
particulièrement riches et diversifiées que même les alliés peuvent leur
envier.
L’adaptabilité des personnels
Les systèmes d’information appartiennent à un domaine particulièrement soumis à l’évolution des technologies. Ils sont construits à partir
d’un “ patchwork ” de matériels et de logiciels, dont les briques restent
fugaces et sont périodiquement renouvelées sous la contrainte des évolutions technologiques.
Pour faire face à cet environnement évolutif, les spécialistes du domaine
doivent constamment se remettre à niveau et déployer une remarquable
faculté d’adaptation pour conserver la maîtrise des systèmes. Cette
qualité est remarquablement développée dans la population des jeunes
officiers et sous-officiers ESRI, qui est particulièrement souple, curieuse
et innovante dans sa spécialité.
Au regard des objectifs opérationnels à atteindre, la brigade de transmissions et d’appui au commandement dispose des atouts essentiels
pour s’approprier efficacement les critères HRF SIC du CRR FR. Ses
atouts reposent sur l’importance de sa ressource matérielle, en perpétuelle évolution, mais surtout sur la richesse, la jeunesse et les acquis
professionnels de ses spécialistes, dont l’enthousiasme constitue une
remarquable dynamique.
Une délégation de la Division emploi organisation (DEO) du CDEF, renforcée par deux
officiers de la DEP de l’Ecole d’application
du Train et complétée par deux interprètes,
se rendra du 11 au 17 juin au MADOC (organisme de l’Armée de terre espagnole
regroupant les responsabilités/attributions
du CDEF et du CoFAT), à GRENADE, pour
participer au séminaire doctrinal francoespagnol annuel.
Ce séminaire est organisé cette année par
la partie espagnole. Il se déroulera sur le
thème des “opérations en zone arrière” et
s’articulera en quatre tables rondes distinctes : TR 1 – Commandement, contrôle et
organisation de la zone arrière, TR 2
– Sécurité et protection en zone arrière, TR 3
– Soutien aux opérations, TR 4 – Contrôle
des mouvements.
Le général COMDEF se rendra à GRENADE le
15 juin pour y rencontrer son homologue
espagnol et pour participer aux séances de
conclusion du séminaire.
Colonel Eric ROUSSEL
Actualités DSRO
Agenda des prochains mois
Juin
(6) – Comité annuel du plan de charge de la
DSRO.
DSRO
(8 juin - 8 août) - Vérification d’aptitude au
bon fonctionnement de SCIPIO V1.
Plate-forme de la DSRO
(13) – Mise en production d'une application
(GED RETEX) de gestion électronique de
documents au profit de la DREX.
DREX
Lieutenant-colonel Dominique SERRIÈRE
EM/BTAC
Chef BSIC-SSIC
(27 - 30) – EURO SISO (Simulation
Interoperability & Standardization
Organization).
TOULOUSE
Juillet
(5-7) – Visite au centre d'entraînement de
WARMINSTER.
GB
5
RETOUR
D’EXPÉRIENCE
HÉRACLÈS
N°
09
FATSIC 2005-1
Actualités DSRO
ASTEC : expérimentez de
nouveaux besoins en simulation
Pour développer le système de simulation SCIPIO, l’Armée de terre a consenti un effort financier et humain important. Le résultat sera manifestement à
la hauteur des ressources consacrées.
SCIPIO représente la manœuvre d’une
division interarmes avec réalisme, si
nécessaire, de manière accélérée.
Grâce à ces investissements, l’Armée
de terre dispose désormais d’une technologie avancée permettant l’automatisation de comportements élaborés.
Les unités simulées réalisent, sans
intervention d’un opérateur, les missions du TTA 106, conformément aux
manuels d’emploi des fonctions opérationnelles.
L’Armée de terre doit maintenant
approfondir son expertise sur les capacités de cette technologie et explorer
d’autres applications exploitant l’automatisation. A cet effet, la DSRO a
acquis un logiciel de démonstration
dénommé ASTEC (Analyse de situations tactiques et de comportement)
incluant le moteur de simulation de
SCIPIO, installé sur un ordinateur portable et utilisable aussi facilement
qu’un jeu du commerce.
ASTEC préfigure ce que sera un outil
d’étude doctrinal capable de mesurer,
pour l’engagement d’une grande unité,
les conséquences de la modification de
matériels, structures, mécanismes élémentaires ou modes d’action de ses
unités subordonnées.
Il sera évalué pour cet usage mais également comme outil d’aide à la décision. Dans le cadre d’un CREDOC, les
stagiaires du CSEM apprécient déjà les
capacités du logiciel à aider une équipe
de planification, pour la confrontation
des modes d’action.
suite page suivante
Le RITA 2G HD1, la CHF2, les nouveaux AMPC NG3
et la bascule par agrégation d’un PC de division dans un LAN4 étendu…
a BTAC a organisé et conduit, du 26 janvier au 9 février 2005, l’exercice
SIC/AC FATSIC 2005-1, conçu par la DIV SIC du CFAT, dans la région du VALDAHON. Cet exercice servait de support à l’expérimentation technico-opérationnelle de la CHF dans le cadre de sa mise en service opérationnelle (MSO),
de la validation du RITA 2G HD avec la mise en service des nouvelles stations
modifiées par la STAT, de la mise en œuvre des AMPC NG et de la bascule en
grandeur réelle d’un PC principal de division vers un PC moyens réservés selon
le nouveau procédé de la bascule par agrégation.
L
Perçues quelques mois auparavant et testées lors d’une EVTO5, les stations
CHF sont destinées à remplacer les stations FHM du RITA 1G. Elles permettront
un transfert en débit beaucoup plus important afin de s’inscrire pleinement
dans l’objectif NEB6 fixé par l’EMAT.
L’exercice FATSIC 2005-1 revêtait donc l’aspect excitant d’une aventure bien
organisée d’autant plus que les différentes implantations de PC devaient être
réalisées dans le cadre de la mise en œuvre d’une méthode PERT7 . A cette occasion, les AMPC nouveaux modèles ont été déployés et la coordination entre les
SIC et la partie AC (dont l’énergie) a prouvé sa pertinence dans le gain de temps
réalisé.
Une première phase statique, à vocation technique, permettait la prise en
compte de l’environnement RITA 2G HD et de la CHF au profit des BIA et la poursuite de l’appropriation pour les régiments de la brigade. La deuxième phase à
vocation plus dynamique a permis, à partir d’un thème tactique simple, de
déployer le maillage “nodal CHF” afin de le tester dans des conditions d’élongation correspondant aux caractéristiques d’emploi. Le couple stations RITA 2G
HD et CHF a passé avec succès les épreuves technico-opérationnelles.
La bascule par agrégation, pilotée par l’EMF2, a démontré la capacité d’adaptation de nos techniciens à la mise en œuvre du monde SI et à s’investir dans
un projet inconnu, il y a six mois encore. Ce nouveau procédé de bascule s’appuie sur deux noyaux identiques dans chacun des CO. Un module complémentaire appartenant au PC principal fait mouvement afin de s’agréger dans le
noyau dur du PC moyens réservés dans le but de reconstituer le PC principal sur
sa nouvelle position. La réussite de cette opération était un paramètre important dans la conception de l’exercice GUIBERT-HERMES de mars 2005.
Les conclusions de cet exercice vont permettre de renseigner les différents
indicateurs opérationnels dans le cadre des directives de pilotage et en fonction des critères HRF retenus pour les SIC/AC que devra s’approprier la BTAC.
EM BTAC BCPO
1 RITA 2G HD : RITA 2e génération haut débit.
2 CHF : chaîne hertzienne des forces.
3 AMPC NG : abri mobile de poste de commandement nouvelle génération.
4 LAN : Local Area Network - réseau local.
5 EVTO : Evaluation technico-opérationnelle.
6 NEB : Numérisation de l'espace de bataille.
7 PERT : Plan d'emploi des ressources et du temps.
6
RETOUR
HÉRACLÈS
N°
09
D’EXPÉRIENCE
Actualités DSRO
La bascule par agrégation du PC de division
Une nouvelle conception de bascule de PC qui tire profit des NTIC1
ASTEC : expérimentez de
nouveaux besoins en simulation
e procédé de la bascule est utilisé pour transférer le lieu d’où s’exerce
un commandement vers un autre lieu. Dans une configuration classique,
un PC dispose de deux ensembles identiques qui sont activés à tour de rôle.
Or, le coût humain et financier des moyens qui sont nécessaires aux PC
actuels ne permet pas de disposer de deux ensembles identiques. Il y a
donc des moyens en exemplaire unique qui doivent être transférés. C’est
le procédé de la bascule par agrégation.
L
Initié par le CFAT/DIVSIC et réalisé par l’EMF2 en étroite collaboration avec
trois régiments de la BTAC2 (40e RT, 48e RT, 53e RT) fin 2004, ce procédé a
été mis en œuvre pour la première fois lors de l’exercice FATSIC 2005-1.
Dans des conditions rendues difficiles par le froid, la neige et le verglas, un
PC de division a été déployé en utilisant un LAN3 étendu au camp de
Valdahon en janvier 2005. Le concept de réseau local étendu admet une
séparation physique des CO4 raccordés au même serveur informatique
alors que le précédent concept consistait à relier deux réseaux différents.
Le principe, relativement simple en lui-même, consiste à faire cohabiter des
sous-réseaux hébergés sur un même serveur. Les deux premiers sousréseaux sont considérés comme des noyaux durs du CO 1 et du CO 2. Le troisième sous-réseau est constitué par un ensemble de cellules pouvant
s’agréger soit au premier soit au second afin de réaliser un CO principal en
fonction de la situation tactique. L’ensemble des sous-réseaux forme le LAN
du PC de division.
L’accent a été mis sur la nécessité d’obtenir des liens inter-CO de grande qualité avec un débit satisfaisant puisque le sous-réseau du CO 1 est chargé de la
mise à jour du sous-réseau du CO 2 dans le but de donner à l’état-major l’ensemble des services et des données nécessaires à une bonne continuité tactique. A cette occasion, un lien CHF5 a été mis en œuvre afin de garantir une
transmission de données aussi rapide que possible. Au moment de la bascule,
une coupure du SICF est cependant nécessaire. Grâce aux équipements à haut
débit, cette coupure n’a pas excédé 35 minutes.
Ce nouveau concept a été mis en œuvre avec les ressources techniques
actuelles. Ces dernières sont amenées à évoluer rapidement en ouvrant de
nouvelles perspectives très prometteuses qui permettront de rendre la bascule de plus en plus indépendante des contraintes techniques pour les utilisateurs des systèmes d’information.
suite de la page 6
Mais la DSRO envisage d’expérimenter
d’autres utilisations.
En effet, ASTEC intéresse les organismes de formation qui pourraient
essayer un outil capable de souligner,
en quelques minutes, les qualités ou les
défauts d’une manœuvre tactique, en
sanctionnant par la simulation les choix
effectués par leurs élèves.
Le CEPC, les BIA et les EMF peuvent
aussi utiliser le logiciel pour vérifier la
faisabilité de leurs thèmes tactiques, la
pertinence du cadre spatio-temporel et
des rapports de forces choisis pour
atteindre les objectifs pédagogiques
recherchés par leurs exercices.
Dans un tout autre domaine, le
CDEF/DREX peut se servir d’ASTEC pour
aider les opérationnels à décrire les
situations qu’ils ont vécues. En reproduisant les combats qui se sont déroulés, la simulation aidera les opérationnels à préciser les différences entre les
événements réels et simulés, soulignant ainsi les limites de la doctrine.
D’autres utilisations sont encore envisageables. Si vous aussi voulez disposez d’une caisse à sable moderne et
représenter l’environnement opérationnel, avec réalisme, sur un ordinateur
portable, n’hésitez pas, tout simplement, à communiquer vos idées à la
DSRO.
EM BTAC
BCPO
Chef d’Escadrons Guillaume DANES
CDEF/DSRO
1 NTIC : nouvelles technologies d’information et de communication.
2 BTAC : Brigade de transmissions et de commandement.
3 LAN : local area network, réseau local étendu.
4 CO : centre opérations.
5 CHF : chaîne hertzienne des forces.
7
RETOUR
D’EXPÉRIENCE
Actualités DREX
HÉRACLÈS
N°
09
Le RITA 2G1 en RCI2
Les publications de la DREX
Voici comment trouver les publications de la
DREX sur le site intranet du CDEF.
Une fois sur le site, dans la partie documentation apparaissent les trois missions de la
DREX :
1 - le retour d’expérience,
2 - l’analyse après action,
3 - la recherche doctrinale.
1 - La rubrique “retour d’expérience ” est
divisée en trois sous-rubriques : zones
géographiques, fonctions opérationnelles et domaines, liens intranet.
La sous-rubrique “ zones géographiques ” vous présente les cahiers traitant d’une opération donnée sur un
théâtre donné. Exemple : le cahier du
RETEX sur l’opération LICORNE en Côte
d’Ivoire.
Les cahiers du RETEX traitant de thèmes
transverses se trouvent dans la sousrubrique “ fonctions opérationnelles domaines ”. Exemple : L’étude sur les
besoins capacitaires d'un groupement
tactique interarmes engagé en zone
urbaine.
La sous-rubrique “ liens intranet ” renvoie aux productions principalement du
domaine RETEX des autres organismes
de l’Armée de terre.
2- La rubrique “analyse après action ” vous
propose les mémentos et rapports d’analyse après action des grands exercices de
l’Armée de terre.
Les mémentos décrivent les fonctions et
critères à analyser durant un exercice.
Les rapports font la synthèse des principales observations effectuées lors des
exercices majeurs de l’Armée de terre.
Exemple : le rapport d’analyse après
action de l’exercice LAROCHE 2004.
Les mémentos et rapports sont classés
par niveaux (1, 2 ou 3).
La projection du système RITA 2G
au profit de l’opération LICORNE
in 2004, sur ordre du CFAT, la BTAC a préparé l’engagement du
RITA 2G en Côte d’Ivoire afin de répondre aux nouveaux besoins
opérationnels. Une reconnaissance conjointe avec la DIVSIC du
CFAT établissait une nouvelle architecture SIC à partir des informations recueillies sur le terrain. Validé par l’EMA, le nouveau système
à mettre en place consiste à déployer sur les différents sites le
couple CMAI3 -Tribandes4 afin d’assurer des liaisons intersites
reliées sur le PC LICORNE. Complété par des stations CART5, le dispositif permet de s’affranchir des élongations intersites importantes et d’assurer un minimum de couverture radio.
F
Cette projection marque le début de l’engagement en OPEX du système d’armes de nouvelle génération au moment même où le RITA
1G est désengagé du Kosovo. Couplé d’une part avec les moyens
satellitaires, et d’autre part avec les dessertes d’abonnés des
domaines “ SI6 ” et “ SC7 ”, le RITA 2G devrait s’imposer en tant que
cœur du dispositif SIC des projections de la FAT des niveaux 1 à 3.
Une nouvelle page se tourne avec cette projection du RITA 2G en RCI
qui marque aussi la marche en avant vers la numérisation de nos
engagements opérationnels à l'extérieur pour lesquels les SIC
s'adaptent en permanence.
EM BTAC
BCPO
1 RITA 2G : RITA 2e génération.
2 RCI : République de Côte d’Ivoire.
3 CMAI : centre multiservices d’accès et d’interface
4 Tribandes : station satellitaire.
5 CART : centre d’accès et raccordement technique.
6 SI : système d’information.
7 SC : système de communications.
suite page suivante
8
RÉFLEXIONS
HÉRACLÈS
N°
09
Droit de réponse
la suite de l’éditorial du GDI BEZACIER dans l’Héraclès N° 08, traitant du commandement et des étatsmajors, le GCA MEILLE répond par l’article qui suit. Tous deux soulignent les exigences que le combat
entraîne sur le style de commandement et le fonctionnement des PC. Dans la lignée également de la dernière “ Tribune libre” du GDI (2S) de GUILI sur le fonctionnement de nos PC actuels et du rôle des chefs, la
réponse du GCA MEILLE s’inscrit tout à fait dans ce “ nouveau marbre” largement consacré à l’emploi des
moyens de la BTAC au profit des commandants des grandes unités et de leurs PC.
A
Héraclès encourage chacun de ses lecteurs à s’exprimer à son tour, à l’exemple des autorités des forces
terrestres !
Réponse de Marius à Héraclès
Par Jupiter, quelle mouche maligne a donc piqué Héraclès lors de son trop bref passage dans les Champs
catalauniques ?
A croire son huitième marbre, nous serions ainsi parvenus en un lustre à peine à rebâtir des états-majors
hyper-techniques capables d’embrasser le passé, le présent, même le futur, de percer, sans recourir aux
oracles des prêtres, ce que d’aucuns dans un autre temps appelleront le brouillard de la guerre; ces étatsmajors si performants qu’ils se penseraient infaillibles dans leurs analyses et leurs directives, et tellement
sûrs de leur science qu’ils pourraient désormais s’abriter loin des fureurs de la bataille !
Dans un même élan, nous aurions réussi à ramener les chefs dans leur tour d’ivoire du bon vieux temps de
la guerre des siècles passés, d’où certains voici quelques années avaient eu le front de vouloir s’extraire !
Bref ce que les Bretons des siècles futurs pourront appeler “ Big Brother at war ”, … en gros ceinturon de
cuir.
Qu’Héraclès me désigne alors un seul des chefs de légions d’aujourd’hui - quelle que soit leur (petite)
expérience opérationnelle - qui oserait prétendre que le chef militaire en notre siècle ou demain pourra
désormais commander depuis l’arrière, à l’abri des coups, de la boue et du sang, confortablement relié en
“ reach-back ”1 aux combattants de l’avant.
Dans la cohorte de ces chefs de légions, brilleront un jour les noms de LECLERC et BROSSET. Qu’écrira ce
dernier décrivant son style de commandement au terme de la chevauchée magnifique le conduisant des
bords de la Méditerranée aux franges de Germanie : “ vous voulez savoir ce qu’est ma division ? Pour moi
et pour les autres ?… venez avec moi, dans ma jeep2 la surprendre là où elle est, vous verrez vous-même,
nous allons en faire le tour… Je suis un général qu’on voit sur la ligne de feu du matin au soir… ”
Et comment dans l’histoire a-t-on jamais autrement conduit la bataille ? Si ce n’est en tête des unités engagées, comme il sied, là et où la nécessité l’impose ? Pour adapter les ordres en fonction de la bataille et du
terrain, redresser les situations ou les enthousiasmes vacillants, juger de la situation et saisir les occasions en jetant son monde en avant, en un mot commander !
suite page suivante
1 Encore un futurologisme que les Bretons nous glisseront un jour.
2 Jeep : manière bretonne de prononcer l’abréviation J.P .: probablement “ Jovis Potestas ”?
9
HÉRACLÈS
RÉFLEXIONS
N°
09
Réponse de Marius à Héraclès
suite de la page précédente
Mais ce qu’Héraclès ne sait pas (où l’on voit bien qu'en leur Olympe feutré les dieux trop souvent sont
aveugles à la vie) et que moi, Marius, j'ai appris : c’est le temps nécessaire pour forger un état-major et
une troupe efficaces.
Il m’a fallu 7 ans depuis les désastres de Neumark, puis de Macon et d’Orange pour obtenir les réformes
politiques conduisant Rome à adopter l’armée de métier ; 4 ans ont été nécessaires pour introduire les
réformes sociales, l’adaptation de l’entraînement, la modernisation des équipements de cette armée ; et
il m’a fallu 3 années pour prendre en main mon état-major, bâtir un système logistique et une structure de
renseignement opérationnels, créer et enseigner une tactique et des procédures adaptées à la menace
venue d’ailleurs avant de la détruire à Pourrières et Vérone. Encore Rome m’a-t-elle laissé agir !
Plus tard BROSSET n’agira pas différemment. Lorsqu’il prendra le commandement de sa 1ère DFL en août
1943, il se constituera un état-major, l’entraînera en même temps qu’il réarmera les unités, entraînera l’un
et les autres dans des exercices en vraie grandeur qui dureront une semaine; debout à 4 heures, il imposera une discipline et des procédures rigoureuses, parlera, ordonnera, écrira, enseignera ; tout juste s’il
accordera 20 minutes de sieste à son état-major. Plus tard au combat, il aura de longues conversations
avec son chef d’état-major à qui il racontera tout avant de rédiger brièvement ses notes ou directives ; le
soir de retour au PC, il fera le point, redonnera ses orientations puis se retirera dans sa roulotte laissant
travailler l’état-major et les formations subordonnées aux ordres de son chef d’état-major SAINT-HILLIER.
Mais qu’Héraclès ne néglige pas la somme de travail, de répétitions et d’enseignements qu’il nous aura
fallu réunir, à BROSSET comme à moi, pour atteindre cette complicité qui fait que la discipline intellectuelle et la communion de pensée de d’agir étaient faciles et naturelles pour mes officiers en 102/101 avant JC
comme elle le sera pour les siens.
Alors je prie Héraclès et Jupiter en leur Olympe : que le premier récupère bien vite de sa fièvre maligne ; et
que tous deux laissent le temps à nos descendants de forger leur outil, de rôder leurs procédures pour tirer
le meilleur parti des armes et des outils à leur disposition, d’atteindre la cohésion et la maîtrise collective
suffisantes, d’apprendre à se connaître aussi dans un monde plus mouvant afin que les états-majors
sachent tout de leurs commandeurs et que ces derniers aient pleinement confiance en retour dans les
capacités d’organisation, de planification et de contrôle de leurs états-majors. Alors, mais alors seulement,
se révéleront ces chefs avides de gloire, qui, au sommet de leur technique et de leur art, sauront exploiter
l’opportunité fugitive.
Peut-être aussi Héraclès leur facilitera-t-il cette tâche ainsi qu’à leurs états-majors en les dotant plus vite
de maximes et commentaires courts, simples et intelligibles.
GCA Robert MEILLE
10
HÉRACLÈS
N°
RÉFLEXIONS
09
Une étape majeure vers la numérisation de l’espace de
bataille
Actualités DREX
Les publications de la DREX
L'expérimentation technico-opérationnelle du nouveau système
fédérateur de communications de l’Armée de terre
a numérisation de l’espace de bataille (NEB) repose sur un réseau de communications capable d’assurer le transport des multiples flux de données
générés par un ensemble interconnecté de systèmes opérationnels de communications et d’information.
L
Le déploiement des nouveaux moyens de technologie avancée de ce réseau de
communications RITA 2G1 dans une configuration dite “Haut Débit” associé à la
chaîne hertzienne des forces, a constitué le défi majeur de l’exercice d’entraînement SIC de la Force terrestre de ce début d’année, engageant les moyens
nouvellement perçus de la BTAC. Cette activité d’envergure servait de support à
l’expérimentation technico-opérationnelle de ce système visant à une mise en
service opérationnelle par la validation du couple RITA2G HD-CHF.
Nouveau support choisi pour compléter le réseau de communications, la CHF2
est destinée à remplacer les stations FHM du RITA 1G. Plus performante grâce
à une technologie de pointe, elle intègre un dispositif d’automatisation et d’assistance mécanique facilitant sa mise en œuvre. Elle permet un transfert de
données avec un haut débit beaucoup plus important en offrant des artères
de 8 Mbits/s, voire 34Mbits/s.
Le couple des stations RITA2G-HD et CHF, déployé sur l’exercice FATSIC 200501, a passé avec succès les épreuves technico-opérationnelles organisées et
conduites par la BTAC. Cette étape réussie permet de se tourner vers le prochain
défi que constitue l’avènement du “backbone IP3 ”, visant à offrir au système un
service de transit intégré assurant le traitement dynamique et automatique du
trafic IP.
Cet objectif fixé pour le projet réseau de transit IP dans RITA2G-HD est l’adaptation du système aux besoins accrus de transit des flux importants de transmissions de données, générés par l’interconnexion généralisée des systèmes d’information.
Cette ultime étape du nouveau système fédérateur satisfera pleinement les
besoins d’échange de flux de données sans cesse grandissant, exigés par
l’émergence puis l’actuelle explosion des systèmes d’information opérationnels
en couvrant les besoins d’échange des trois grands niveaux de commandement.
Nouveau défi pour la BTAC, les différents systèmes d’informations et de communications (SIC) doivent fonctionner de concert, en formant un ensemble cohérent pour franchir l’ultime étape que représente le “backbone IP” et en s’inscrivant pleinement dans l’objectif fixé de la NEB se traduisant par la mise en œuvre
d’un véritable “Intranet tactique”.
Lieutenant-colonel Pierre GALBOURDIN
EM BTAC/Section coordination activités
1 RITA 2G HD : RITA 2e génération en configuration “haut débit”.
2 CHF : Chaîne hertzienne des forces.
3 Backbone IP : service de transit intégré avec traitement du trafic en Internet Protocol.
11
suite de la page 8
3- La rubrique “recherche doctrinale ”
est divisée en deux sous-rubriques :
les cahiers, les fiches.
Les cahiers de la recherche doctrinale
sont le résultat d’études menées par
le bureau recherche, éventuellement
en liaison avec des organismes spécialisés dans le domaine de la défense.
Exemple : le cahier de la recherche
doctrinale sur la stabilisation.
Les fiches proposent des comptes-rendus de conférence intéressant directement le monde de la défense. Vous
trouverez également des fiches de lectures d’ouvrages pouvant alimenter le
débat sur des sujets d’actualité.
Exemple : “ FITNA : la guerre au cœur de
l’islam ” compte rendu de la conférence
prononcée par Gilles KEPEL.
Les fiches nouvellement mises en ligne
(trimestriellement) sont accessibles dans
la sous-rubrique “nouvelles fiches”.
Vous trouverez ensuite l’ensemble des
fiches (y compris les nouvelles) classées
selon trois catégories : “défense”, “histoire” et “géopolitique”.
Monsieur Pedro GOMES,
CDEF/DREX
Actualités DREX/Recherche
Conférences mai - juin 2005
- Les civils, objets et sujets des guerres
contemporaines, conférence prononcée par D. DAVID (IFRI), le 9/05/05 au
CEHD.
- Le conflit helléno-turc, la confrontation de deux nationalismes à l'aube du
XXIe siècle, le 10/05/05 au CEHD.
- Everything you wanted to know about
nuclear terrorism but were afraid to
ask, le 24/05/05 à l’IFRI.
- Prévention des crises et conflits ethniques dans les Balkans, le 28/05/05
au CEHD.
- Israël, le 14/06/05 au C2SD.
RÉFLEXIONS
Actualités DREX/Recherche
HÉRACLÈS
N°
09
La cohérence opérationnelle entre les systèmes
d’information (SI) et de communications (SC)
Ouvrages parus récemment
Fiches de lecture
Les guerres asymétriques, Barthélémy
COURMONT et Darko RIBNIKAR, Presses
universitaires de France, 2002.
Dans ce livre, Barthélémy COURMONT et
Darko RIBNIKAR tentent d’analyser les
guerres asymétriques d’hier et d’aujourd’hui pour mieux prévoir les nouvelles
menaces auxquelles seront confrontés les
États. Leur propos consiste ainsi à examiner
les concepts d’asymétrie, de dissymétrie et
les guerres asymétriques dans l’histoire.
Nos deux auteurs fondent leurs réflexions
en partant de définitions simples : “La
symétrie suppose au moins deux éléments
pouvant être comparés, l’asymétrie est
l’absence volontaire de symétrie et la dissymétrie un défaut de symétrie. Sur le plan
stratégique, ils affirment ainsi que la
symétrie est un combat à armes égales, la
dissymétrie une supériorité qualitative
et/ou quantitative, et l’asymétrie l’exploitation des faiblesses adverses, notamment en refusant les règles usuelles du
combat.”
Pour eux, “les conflits asymétriques existent depuis l’Antiquité et leur incompréhension réside souvent dans la quête
effrénée d’une dissymétrie trompeuse.”
C’est l’augmentation de la dissymétrie, telle
qu’elle est recherchée par les forces armées
occidentales en général et par les EtatsUnis en particulier, qui aboutit à accroître le
champ d’application de l’asymétrie.
vec la disparition progressive du RITA 1G, et la montée en puissance
de la numérisation, les systèmes d’information bénéficient d’une
dynamique exceptionnelle dans le domaine militaire. Auparavant, la
manœuvre des SIC était principalement basée sur celle des supports
orientée vers la fonction transport de la voix et de la télégraphie. Or,
l’évolution technique est telle que les systèmes d’information et leurs
bases de données ont pris une importance grandissante dans l’espace
de bataille, au point que tous les efforts consentis ont pour objectif la
maîtrise de l’information.
A
La nécessité d’être informé en temps réel, afin d’anticiper et d’être en
avance sur le temps de l’ennemi, conduit à la construction d’un
ensemble de systèmes d’information présents sur les espaces de
bataille. Cette nouvelle exigence s’intègre dans la numérisation de l’espace de bataille (NEB).
L’arrivée du RITA 2G a donné une dimension supplémentaire par rapport au RITA 1G par les débits offerts et par les techniques de commutation. En effet, avec RITA 2G, un maximum de 1,152 Mbits/s pouvait transiter sur les supports FHM1 alors qu’avec les supports CHF2 associés au
RITA 2G le transfert peut aller jusqu’à 8Mbits/s voire 16/32 Mbits/s en
fonction du type de matériel utilisé. Dans l’immédiat, le système de commutation s’appuie sur la mise en œuvre de NOC3 pour délivrer une capacité de connexions suffisante au profit de l’ensemble des PC présents
sur le terrain. Dès lors, il doit y avoir une cohérence absolue entre les
systèmes d’information (SI) et les systèmes de communications (SC).
Cette cohérence opérationnelle se concrétise aussi par le rapprochement structurel des bureaux SI et SC dans les centres de mise en œuvre.
Avec l’arrivée du “ BackBone 4 IP ”, en principe disponible à l’horizon
2007, les SI et les SC disposeront d’une plus grande indépendance des
uns par rapport aux autres. La liberté des SI sera encore accrue pour
donner le maximum de souplesse et de confort aux utilisateurs.
Si ils soulignent l’une des faiblesses récurrentes de la guerre asymétrique en démontrant que les acteurs asymétriques ne doivent pas dépasser un seuil critique en terme
de taille et de visibilité sous peine de perdre
les avantages de leur nature, ils font une
totale abstraction de la recherche délibérée
de l’asymétrie que pratiquent les armées
occidentales.
Lieutenant-colonel Jérôme CARIO
Chef du Bureau recherche
Lieutenant-colonel Valentin SERRE
EM BTAC/Chef du BCPO
1 FHM = Faisceaux Hertziens.
2 CHF = Chaîne Hertzienne du Futur.
3 NOC = network operating center.
4 Backbone IP = réseau SI utilisant le protocole Internet.
12
HÉRACLÈS
N°
RÉFLEXIONS
09
Actualités DREX/Recherche
Evolution, oui, révolution, non
a numérisation de l’Armée de terre est aujourd’hui une réalité bien vivante
dans nos états-majors opérationnels. Toutefois, elle est encore loin d’être
assimilée. Entourée d’un sabir d’importation souvent abscons, parfois accompagnée de déclarations péremptoires, dithyrambiques et peu réalistes, elle fait
même redouter l’engagement dans des impasses organiques que le budget militaire français aurait des difficultés à pallier. Il est pourtant d’ores et déjà possible
de déterminer avec de fortes probabilités ce que l’on peut en attendre à court et
moyen termes. Dans le domaine de l’organisation de nos systèmes de commandement opérationnels, la réalité de demain n’est peut-être pas si complexe et
si innovatrice qu’on peut le penser. Révolution incontrôlée ? Probablement pas.
Evolution maîtrisable ? Certainement.
L
Pour lancer une telle affirmation, il suffit de constater que l’architecture des systèmes de commandement est conditionnée depuis toujours et probablement
pour longtemps encore sur deux invariants : la sauvegarde et la liberté d’action
du chef.
Tout d’abord considérons que le quartier général au combat est une cible
et en tant que tel, il est soumis à l’enchaînement traditionnel des attaques
- parades :
• La cible évitera avant tout d’être détecté. Pour cela, elle doit être furtive et de
taille réduite.
• Si elle est détectée, elle doit bouger pour gêner la préparation de l’attaque.
• Si elle est attaquée, elle doit être cuirassée pour limiter les effets de
l’agression.
• Si le bouclier protège mal, elle doit disperser ses œuvres vives pour en sauver
la majeure partie.
• Si la dispersion ne suffit pas, elle doit être dupliquée pour qu’une autre entité
prenne ailleurs le relais.
Ces capacités modèlent depuis toujours l’organisation de nos systèmes de
commandement. La menace détermine seulement celles qui doivent être accentuées et celles qui seront atténuées ou écartées.
Le quartier général doit ensuite offrir au chef l’environnement nécessaire à
l’exercice de son commandement. Sachant que celui-ci consiste à élaborer des
ordres puis à contrôler leur exécution, le fait culturel militaire et les exigences
psychologiques du combat font varier le poste de commandement en fonction
de ces deux phases qui s’enchaînent en permanence.
Dans la première, la décision du chef s’appuie toujours et de plus en plus sur le
travail préparatoire de l’état-major. Notre culture militaire privilégiant le contact
physique entre le conseiller et le conseillé, avançons que le chef doit être présent physiquement parmi son état-major au moins pendant la phase d’élaboration des ordres, si possible dans un environnement relativement calme,
confortable et sécurisé, favorable aux conjectures tactico-intellectuelles. Abriter
un état-major complet dans des conditions optima pour la qualité de sa production demande une structure relativement lourde, que la menace conduit parfois
à disperser (on dit alors que le PC est éclaté) et éventuellement à dupliquer, au
moins partiellement. Les déplacements du PC pourront s’appuyer sur ces
moyens réservés, selon le procédé que les spécialistes qualifient du terme techniquement évocateur de bascule par agrégation successive et qui ressemble
beaucoup aux anciennes bascules avec PC harpon.
suite page suivante
13
Fiches de lecture
Nuclear Terrorism, The Ultimate
Preventable Catastrophe
Graham Allison
New York, Henry Holt, 2004.
Le professeur de sciences politiques de
l’université de Harvard et auteur du
classique “ Essence of Decision ” se
livre dans son nouvel ouvrage à une
réflexion sur le terrorisme nucléaire,
risque qu’il juge sérieux mais dont il
tente de voir comment on peut le prévenir. Il insiste sur la nécessité de
mieux protéger l’arsenal nucléaire et le
nucléaire civil, d’éviter par tous les
moyens la prolifération et l’acquisition
de l’arme nucléaire par de nouveaux
Etats ou d’autres acteurs. Il pense qu’il
eût mieux valu se concentrer sur la
guerre contre le terrorisme que d’aller
aussi en Irak en même temps. L’auteur
préconise une politique étrangère américaine plus humble, qui s’appuie sur
ses alliés, et qui renforce les capacités
de renseignement contre la menace du
terrorisme nucléaire. L’ouvrage permet
de penser la menace sous un angle que
l’on évoque plus rarement en Europe
qu’aux Etats-Unis.
Professeur Stephen DUSO-BAUDUIN,
CDEF-DREX, bureau Recherche
Publications
Dans le cadre de ses publications, le
bureau recherche vous propose le
cahier des “ fiches de la recherche
doctrinale ”. Cet ensemble de fiches
de lectures et de comptes-rendus de
conférences et de colloques regroupés autour de quatre thèmes abordent des questions d’actualité en
les mettant en perspective. Parution
juin 2005.
Lieutenant-colonel Jérôme CARIO
Chef du Bureau recherche
RÉFLEXIONS
HÉRACLÈS
N°
Actualités Grandes Unités
Héraclès a ouvert depuis quelques
temps une nouvelle rubrique, les
“Actualités Grandes unités ”, destinée
aux EMF et aux brigades qui souhaitent
faire connaître une activité majeure ou
exceptionnelle.
Nous attendons leurs articles (courts :
1 000 à 1 300 caractères) à la rédaction
pour le 20 des mois pairs.
09
Evolution, oui, révolution, non
suite de la page 11
Cependant, de par son importance physique et morale et le poids des
contraintes induit par les bascules, il serait souhaitable qu’il n’évolue que
dans des zones sécurisées et donc éloignées de la zone des opérations
rapprochées. Cela pose peu de problèmes pour le corps d’armée ou la
division, mais beaucoup plus pour la brigade qui agit dans cette zone des
opérations rapprochées, no man’s land du combat en espace lacunaire.
Mais est-il encore aujourd’hui impératif de déployer un PC principal dans
sa propre zone d’action ?
Actualités Ecoles
Expérimentation CAESAR
Dans le cadre de l’expérimentation tactique
du nouvel automoteur de 52 calibres CAESAR, la direction des études et de la prospective de l’école d’application de l’artillerie conduira fin avril une série d’essais en
terrain libre dans la région de Valence.
Cette manœuvre conduite en liaison avec
le 93e régiment d’artillerie de montagne,
doit permettre de valider les études relatives à l’emploi futur de la section de tir
équipée de ce matériel.
Marqué par de nombreuses évolutions tactiques, la manœuvre de la section de canon
CAESAR se caractérise par son dynamisme
et une grande autonomie des lanceurs.
Cela se traduit, entre autres, par des modifications substantielles de l’action des
équipes de reconnaissance, mais aussi par
la disparition de la notion de position de
batterie telle qu’elle était communément
admise.
Proche de la manœuvre du système d’arme
LRM, celle de la section CAESAR assurera
au canon une survivabilité accrue et va
requérir des chefs de pièce une forte capacité d’initiative.
Matériel valorisant pour ses servants, le
canon CAESAR apportera aux brigades
interarmes, au travers de ses performances
et de sa manœuvre, de nouvelles capacités
d’action, en particulier dans les intervalles.
L’EXTA du mois d’avril 2005 devrait permettre de confirmer les orientations déjà
acquises dans la manœuvre de ce nouveau
lanceur dont 72 exemplaires ont été commandés par l’Armée de terre.
A l’inverse, le contrôle de l’exécution de l’ordre, également appelé
conduite, peut et, au moins au niveau de la brigade et en deçà, doit se
pratiquer à l’avant. La raison n’est pas uniquement due à une meilleure
perception des réalités. Gageons même que la technologie offrira sous
peu de meilleures capacités de contrôle à partir de l’arrière. En ce domaine, nous entrons dans le champ immatériel du charisme et de l’autorité
du chef. Le soldat appréciera toujours que son chef prenne sa part de
risque à ses côtés. En retour, la présence du chef auprès de son subordonné est souvent un stimulant nécessaire et cela à tous les niveaux. En résumé, la place du chef au combat doit être celle qu’il pense être la meilleure pour commander et non celle qui lui est dictée par les moyens techniques. Repensons un instant aux malheureux chefs de la Grande guerre
qui étaient anxieusement rivés par le téléphone dans leur abri “ à la poignée de l’éventail ” ! La conduite au niveau de la brigade, et dans certaines circonstances aux niveaux supérieurs, demande donc un poste de
commandement avancé dans le sens que sa position géographique raccourcira les déplacements physiques du chef vers ses subordonnés. Le
risque accru de la zone avant privilégié une configuration furtive et mobile. Néanmoins, des décisions de conduite devront être prises dans ce PC
pour corriger ou profiter des évolutions de situation et une équipe de
commandement entourera le chef pour préparer son choix et le transformer en ordre. Pour permettre un confort de travail minimum, sa taille
même réduite constituera toujours un boulet trop lourd à traîner par le
chef qui veut commander à l’avant.
Pour cette raison et afin de conduire l’action avec une liberté d’action
maximum, le chef doit disposer d’un autre PC extrêmement léger et
mobile qui lui permettra de se déplacer selon sa convenance en restant en
liaison constante avec son état-major. Il convient pour cela de redéfinir la
notion de PC tactique. Aujourd’hui ce PC tactique dont la fonction diffère
nettement du PC avant exposé supra, doit être articulé autour d’un véhicule ou d’un hélicoptère de commandement, en oubliant les exemples que
nous avons tous en tête et qui s’apparentent désormais au PC avant. En
contrepartie, l’absence d’équipe de commandement conséquente ne lui
permettra pas d’élaborer des ordres de conduite majeurs. Pour cela, il
reviendra dans son PC principal ou, s’il existe, dans son PC avant.
suite page suivante
suite page suivante
14
HÉRACLÈS
N°
RÉFLEXIONS
09
Actualités Ecoles
Evolution, oui, révolution, non
suite de la page 12
En synthèse, un quartier général opérationnel pourrait être articulé :
• en un PC principal où l’ordre est élaboré. Installé en shelters, sous tentes ou en
infrastructure suivant la situation et les contraintes tactiques, son importance et
sa stabilité varient suivant le niveau considéré. En fonction de la menace, il peut
être éclaté et dupliqué, au moins partiellement grâce à des moyens réservés. Sa
mobilité limitée incite à l’implanter en zone sécurisée.
• en des moyens réservés qui, par souci d’économie, ne dupliquent que partiellement le PC principal (au minimum le cœur opérationnel strictement indispensable en cas de neutralisation du PC principal) et forment PC harpon lors des
bascules. Lorsque la situation l’exige, les moyens réservés peuvent permettre la
constitution d’un PC avant où le chef pourrait y exercer, s’il le désire, la conduite
de la manœuvre. Plus mobile et réduit que le PC principal, il est armé par
quelques shelters qui concilient au mieux mobilité et optimisation du travail.
Notons que ce PC peut également être utile pour coordonner ou faire coordonner
“au plus près” par le commandant adjoint une action particulière de certains des
subordonnés (action secondaire s’insérant dans la manœuvre globale, modes
d’action nécessitant un contrôle étroit comme un franchissement centralisé ou
une reprise de liaison, etc.).
• en un PC tactique “sur roues” ou aéromobile qui permet au chef de se déplacer
à son gré, en bénéficiant des informations arrivant dans ou sortant de son étatmajor, grâce à un véhicule ou un hélicoptère de commandement spécialement
équipé. Toutefois, l’avenir proche (le seul qui intéresse le praticien) ne permet pas
d’espérer exercer la plénitude du commandement à partir de ce moyen. Le chef
connaîtra toutefois la position, la capacité opérationnelle et l’action en cours de
tous ses subordonnés, ce qui est déjà un progrès fondamental dans le commandement au combat.
Le quartier général peut ensuite être complété par des PC spécialisés (PC arrière, PC base arrière) imposés par la situation opérationnelle ou par les charges
spécifiques du niveau de commandement, le plus souvent au niveau 1, éventuellement au niveau 2.
Ce système de commandement qui peut être appliqué à tous les niveaux de commandement opérationnel avec, nous avons pu le constater précédemment, les
adaptations exigées par la variation des responsabilités, offre l’avantage d’être
simple, économique et de ne pas exiger un bouleversement des mentalités car
il s’appuie avant tout sur la menace, sur la culture militaire nationale et sur la psychologie du soldat au combat.
Et l’électron dans tout cela ? Si l’articulation de nos quartiers généraux reste
relativement pérenne, l’impact de la numérisation se concentre dans l’organisation interne et les procédures de fonctionnement des postes de commandement. Lorsque cette modernisation aura été pleinement assimilée, nos étatsmajors info-valorisés produiront plus vite des ordres et des comptes rendus
mieux exploitables. Nous n’en sommes pas encore là, mais les outils sont
(presque tous) à notre disposition pour y arriver. Courage ! Thomas EDISON ne
nous a-t-il pas appris que le génie, c’est 1% d’intuition et 99 % de transpiration ?
Colonel Dominique BOISSIE*
CDEF/DEO
* Décédé en service le 7 avril 2005
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Mise en œuvre du système
ATLAS
La direction des études et de la
prospective de l’école d’artillerie
achèvera en avril la mise au point
du premier manuel d’emploi du
groupement d’artillerie canon agissant sous environnement ATLAS.
Ce document consacre l’entrée de
l’artillerie dans l’univers du champ
de bataille numérisé.
Cette réalité va offrir de nouvelles
possibilités d’emploi pour l’artillerie dans le cadre de l’action interarmes. Bien évidemment ces possibilités vont s’accroître dans les
années à venir, au fur et à mesure
des évolutions des versions du système ATLAS.
Dans un premier temps le système
va permettre une plus grande souplesse structurelle. Cela conduira à
un meilleur dimensionnement des
forces lors de la génération, en particulier au regard des effets attendus. Il convient toutefois de ne pas
perdre de vue certains seuils critiques d’efficacité.
Par ailleurs cette évolution autorisera l’adaptation directe de moyens
d’artillerie canon aux unités interarmes, adaptation qui peut dans
certains cas être nécessaire et pertinente.
Ce système permet surtout d’offrir
dès à présent une vision numérisée
du champ de bataille au sein des PC
de BIA. La multiplicité des terminaux et la capacité d’édition, en
temps réel, de situations tactiques
locales, offrent au décideur interarmes une capacité de compréhension complémentaire de son environnement.
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HÉRACLÈS
TRIBUNE LIBRE
Actualités Ecoles
N°
09
L’interopérabilité : un défi à relever par la BTAC
dans la perspective du CRR FR
Mise en œuvre du système
ATLAS
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Ultérieurement les capacités d’interopérabilité du système vont concourir à une meilleure efficacité entre
systèmes d’acquisition et systèmes
d’agression au travers de l’établissement de boucles courtes – éventuellement interalliées.
ATLAS, système de commandement
intégré, automatisant fonctions
feux, manœuvre, renseignement et
logistique, constitue une avancée
importante pour l’artillerie au service de l’action interarmes.
Lieutenant-colonel CULOT
EAA/DEP - Chef bureau appuis indirects
Rappel de la rédaction
Les directions des études et de la prospective des écoles d’application (ainsi
que les centres d’étude) peuvent profiter des colonnes de la nouvelle
rubrique “ Actualités Ecoles ” de
Héraclès.
Elles sont invitées à nous faire parvenir des brèves sur leurs activités les
plus importantes. Compte tenu de la
place disponible dans nos colonnes,
une seule brève (d’une longueur de 1
000 à 1 300 caractères - traitant bien
sûr d’une activité doctrinale) est normalement publiée par école.
Pour l’instant, seules certaines écoles
en profitent et elles ont bien raison …
a France a fait le choix d’entrer résolument dans le groupe des nations
capables de participer à la force de réaction de l’OTAN (NRF1). Cette
force interarmées multinationale s’appuie sur des corps de réaction rapide (NRDC2) capables de s’engager dans des délais très courts (à partir de
5 jours) et de soutenir des opérations pendant 30 jours en autonomie
complète dans les zones les plus hostiles de la planète. Ce choix opérationnel n’est pas neutre en termes de SIC et la BTAC sera en première
ligne pour permettre à l’armée de terre de réussir la certification de son
corps de réaction rapide. Si les choix politiques de coopération internationale imposent de fait des activités d’entraînement communes, le chemin à parcourir pour atteindre une véritable capacité d’interopérabilité
SIC est long et compliqué. En effet, les domaines majeurs dans lesquels
les transmetteurs sont désormais appelés à agir sont multiples et font
appel à des notions de standards techniques et opérationnels qui sont
déjà connus et maîtrisés de longue date par nos alliés. Certes la France
est désormais dotée de systèmes de transmissions parfaitement interopérables avec ceux des autres nations de l’Alliance, mais elle souffre
encore de multiples maux qu’il lui faut soigner au plus vite. L’isolement
relatif de la France vis-à-vis de l’OTAN pendant plus de 30 ans nous
conduit aujourd’hui à agir fermement dans tous les domaines pour s’imprégner à nouveau des us et coutumes professionnels de nos alliés.
L
• La première action à mener est sans conteste l’apprentissage de la
langue anglaise. Il aurait été illusoire de pouvoir convertir la majorité
de nos alliés à la pratique de la langue de Voltaire. Il nous reste donc à
combler nos lacunes dans la langue de Shakespeare. La capacité à communiquer en anglais concerne tous les échelons du monde des SIC, les
décideurs, les concepteurs et les acteurs. L’interopérabilité, c’est
avant tout, pouvoir communiquer pour réaliser l’œuvre commune.
• Une autre action essentielle à conduire concerne l’acquisition des procédures OTAN et la connaissance des STANAG3. L’énorme machine
“ OTANienne” avance au rythme d’un rouleau compresseur, lentement,
sûrement et efficacement. Cette efficacité repose principalement sur sa
capacité à stocker des données pour ensuite élaborer des procédures
dont elle ne sort quasiment jamais. Le corps HRF4 dont la France va se
doter sera “contrôlé ” par une commission qui vérifiera l’application
scrupuleuse des critères qui ont été élaborés ces dernières années. Ces
critères correspondent à des standards qui ne laissent pas de place à
l’initiative ou à l’improvisation, en particulier dans le domaine des SIC.
1 Nato Response Force.
2 Nato Rapid Deployable Corps.
3 STANdard AGreement.
4 High Readiness Force.
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N°
TRIBUNE LIBRE
09
- planification fine, en liaison avec le G6 du futur corps
HRF, de l’ensemble des activités d’entraînement spécifiques en fonction des rendez-vous opérationnels
fixés au calendrier de l’OTAN, (certification HRF, certification NRF et prise d’alerte NRF).
L’interopérabilité : un défi à relever par la
BTAC dans la perspective du CRR FR
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Dans les deux années à venir, les SIC devront faire
face à un rendez-vous opérationnel d’une très grande
complexité technique couplé à une véritable révolution culturelle qui concernera tous les acteurs. Ce
rendez-vous, aux dimensions politiques et stratégiques, repose, pour l’essentiel, sur la capacité du
monde des SIC au sens large du terme, à s’adapter
aux technologies les plus modernes détenues par les
alliés et à leurs procédures. Pour cela, la BTAC, et en
particulier son état-major, se met dès à présent en
ordre de bataille, en définissant des règles et des procédures adaptées, en formant spécifiquement du personnel pour constituer des équipes de marque correctement armées, en établissant des contacts étroits
avec les brigades de soutien des corps HRF déjà créés,
en participant systématiquement aux exercices techniques multinationaux tels que COMBINED ENDEAVOR placé sous l’égide de USEUCOM14, CATHODE
EMISSION pour l’OTAN et BLUE GABRIEL au titre du
CRRE15.
• La troisième action dimensionnante concerne la participation des unités de la BTAC aux exercices multinationaux. Certes les exercices du type CPX5 (GUIBERT, DAVOUT, CAPABLE WARRIOR), sont indispensables pour l’entraînement du personnel dans le
cadre de la desserte et du déploiement des PC ;
cependant, il ne faut pas négliger l’aspect purement technique. Le défi principal reposera sur la
capacité des unités à se raccorder à l’OTAN, prendre
en compte l’ensemble des services spécifiques (NU,
NS, ICC, IVSN6, VTC) délivrés et ainsi s’intégrer aux
NICS7 et NIDTS8, puis les relayer jusqu’aux échelons
subordonnés désignés (divisions, brigades et corps
troops9). Ces raccordements et déploiements techniques s’appuient sur des matériels qui doivent au
préalable répondre aux labels imposés par NC3A10.
Ils doivent s’effectuer en respectant scrupuleusement les règles drastiques imposées par la SSI
contrôlée par SHAPE.
Ces actions, pour être menées à bien, nécessitent la
sensibilisation de l’ensemble du personnel à cette
nouvelle donne pour les SIC de l’Armée de terre et la
réalisation des actions suivantes :
Lieutenant-colonel Fabrice MAUCOTEL
- politique de masse d’apprentissage de l’anglais,
- détermination exacte de la population nécessaire à
mettre en stage auprès des organismes (NCISS11,
NS12, NCSA13, etc..),
- participation intensive et systématique à l’ensemble
des exercices techniques multinationaux,
- contacts étroits à établir avec les états-majors alliés
des autres corps HRF, pour nouer des liens et ainsi
développer, pérenniser, échanger des idées et des
informations (la participation aux exercices SIC de
l’OTAN dédiés aux corps HRF, tels que CATHODE
EMISSION facilite ces contacts),
5 Command Post Exercise.
6 Nato Unclassified, Nato Secret, Integrated Command and Control,
Initial Voice Swiched Network.
7 Nato Integrated Communications System.
8 Nato Initial Data Transfer System.
9 Corps Troops ( brigade ou bataillon directement sous le commandement du CRR).
10 Nato Consultation, Command and Control Agency.
11 Nato Communications and Information Systems School.
12 Nato School.
13 Nato CIS Operating and Support Agency.
14 United States EUropean COMmand.
15 Corps de Réaction Rapide Européen.
- utilisation d’une base de données commune d’interopérabilité SIC (concernant les données techniques
et les personnels instruits spécifiquement),
- identification des procédures rapides de concertation et de communication entre les états-majors (utilisation accrue de la VTC),
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HÉRACLÈS
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N°
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Pour assurer le déploiement et le fonctionnement
des PC, de nombreux spécialistes de l’appui au commandement œuvrent en commun : fantassins, pilotes
VTLR, caristes, énergistes, spécialistes vidéo, cuisiniers … et des personnels qui ont de réelles compétences complémentaires pour assurer l’accueil, le
“ badgeage”, le logement, le fléchage …
L’appui au commandement au sein
de la BTAC
epuis 2002, la brigade de transmissions et d’appui au commandement a pris en compte la mission de mise en œuvre de l’appui au commandement
(AC). Cette mission comprend le déploiement, la protection et le soutien-vie réel des PC de niveau 1. La
BTAC doit également pourvoir à certains besoins des
PC logistiques (GST, GSIAT, ADCONFR) et renforcer
les bataillons de quartier général des EMF pour le
déploiement et la protection des PC de division.
D
Les études
Dans le domaine de l’appui au commandement, la
BTAC est conviée à participer à différentes études.
La plus importante actuellement, consiste à rédiger
le document de doctrine : SQG 956. Pendant du TTA
956 et du SIC 956, le SQG (soutien de quartier général) 956 devrait définir l’appui au commandement et
le SQG et poser les bases de l’organisation du soutien des PC de la force terrestre de niveau 1 à 3, en
débutant par la conception pour aller jusqu’à l’exécution.
Les exercices majeurs OPERA 3T, CAPABLE WARRIOR,
GUIBERT-HERMES ont permis une appropriation
rapide de la mission dans sa globalité, mais de nombreux points restent à préciser et la perspective de
certification du CRR FR est un nouvel objectif majeur
en vue.
Dans le cadre du corpus doctrinal en cours de rédaction, la BTAC participe également aux travaux sur le
SIC 500. Pour ce qui la concerne, la BTAC apporte son
expertise technique (emploi des moyens, contraintes
techniques) pour la définition d’architectures de PC
de niveau 1.
Il est en effet opportun, pour parvenir à une plus
grande efficacité et une meilleure réactivité, de
consolider un concept de PC et de modéliser tous les
CO, dont le déploiement SIC et AC est très technique
et nécessite une préparation minutieuse.
Les unités participant à l’appui
au commandement
Après le 43e RI, c’est le 6e RCS (qui sera créé en juillet
2005) qui assurera la mission de protection et de
déploiement des PC. Il détiendra, à terme, l’essentiel
des abris modulaires de poste de commandement
(AMPC = shelters) de l’Armée de terre.
En renforcement du 43e RI, le 6e RCS participera également au soutien-vie réel des PC de niveau 1. La
fourniture des moyens de production et de distribution d’énergie nécessaires au soutien des PC de
niveau 1 et 2 relève de la brigade du génie.
Si les missions de la brigade de transmissions et
d’appui au commandement doivent encore être précisées pour sa composante AC, il convient également
de se rappeler que l’appui au commandement n’est
pas le domaine réservé de la BTAC. C’est en réalité
un vaste chantier qui concerne tous les états-majors
des forces terrestres.
Le déploiement des PC
Le bureau appui au commandement de la brigade
rédige les ordres de l’AC et propose la conduite de
l’engagement des moyens AC de la BTAC.
Avec quatre compagnies d’appui au commandement
(CAC) et une CSO (compagnie de soutien opérationnel), la BTAC doit être en mesure de fournir les
moyens d’appui au commandement nécessaires au
déploiement, à la protection et selon le cas au soutien-vie réel de 8 PC pour les forces terrestres.
Chef d’Escadron Eric VAUTRIN
Chef du BAC
Après avoir effectué une reconnaissance tactique de
la zone d’implantation du PC, une reconnaissance
technique conjointe SIC et AC est menée avant que
les premiers AMPC et moyens SIC ne soient déployés
sur le terrain.
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HÉRACLÈS
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TRIBUNE LIBRE
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Nos lecteurs réagissent !
Un rappel de terminologie
Le CBA TARD du CDEF/DSRO répond au
LCL ROSSI de l’EM 7e BB au sujet des
MCO des BIA au CEPC et sur JANUS
Le terme OOTW, d’origine anglo-saxonne, est défini par
l’OTAN comme suit1 : “Activités militaires en temps de
paix et de conflit qui n’impliquent pas nécessairement de
confrontations armées entre deux belligérants ”. En fait,
ce sont tous les types d’opérations hors “guerre”, au
sens propre du terme, qui engagent des forces militaires.
D’autre part, l’IM 1 0002 donne une classification générale des opérations qui énumère de manière exhaustive :
• La guerre,
• Les opérations de guerre,
• Les opérations de soutien de la paix (OSP),
• Les opérations de sécurité,
• Les opérations de secours d’urgence.
L’entraînement aux opérations de soutien
de la paix
article du lieutenant-colonel ROSSI de l’EM de la
7°BB d’Héraclès n°8 intitulé “ Vers des MCO virtuelles mais réalistes des PC de BIA ” me fait réagir et je
voudrai poursuivre la réflexion d’un point de vue technique, c'est-à-dire en considérant l’organisation des
exercices d’entraînement aux opérations de soutien
de la paix (sous-entendu en mode opératoire “maîtrise
de la violence”).
Comme il y est souligné, les compétences détenues
dans ce domaine se limitent principalement aux exercices de coercition de forces : toujours face à un ennemi “ PAVA-like”. Changer le mode opératoire ciblé de
ces exercices n’est pas anodin : cela nécessite une
organisation originale et un fonctionnement nouveau
de l’animation. C’est un nouveau savoir- faire.
L’
Les opérations de soutien de la paix sont définies, entre
autres, dans le TTA 1063. Elles comprennent les opérations de soutien à la diplomatie préventive, les opérations de rétablissement, de maintien, d’imposition et de
consolidation de la paix.
Les OSP sont donc le sous-ensemble des OOTW qui intéresserait l’entraînement et la préparation des brigades et
divisions. En effet, aucun exercice sur les opérations de
sécurité et de secours d’urgence n’est planifié pour leurs
états-majors.
Plutôt que d’évoquer les OOTW, il convient donc de parler d’opérations de soutien de la paix.
Enfin, le terme “maîtrise de la violence” est également
employé de manière assez floue et parfois est appliqué à
un type d’opération. En fait, il s’agit d’un mode opératoire et il s’oppose à “coercition ” ou “coercition de forces ”.
Très peu de CAX de type OSP4 ont été organisés et
l’Armée de terre n’en maîtrise certainement pas encore
les savoir-faire. Il convient d’en définir brièvement, ou de
rappeler, un certain nombre de particularités.
Par ailleurs, peu d’outils de simulation existent. La
DSRO mène déjà depuis un certain temps des évaluations de logiciels de simulation devant permettre l'entraînement des PC de brigade et de division aux “opérations de basse intensité ”. L’Armée de terre a acquis
un simulateur, SPECTRUM, destiné aux exercices de
type OOTW (Operations Other Than War), sigle utilisé
couramment dans le vocabulaire militaire mais non
défini formellement dans la doctrine française et maladroitement traduit par “opérations autres que la guerre”. Le premier exercice au profit d’une brigade, LICTEUR, utilisant cet outil doit avoir lieu en mai 2005 au
CEPC de Mailly. Mais comme SPECTRUM sera frappé
d’obsolescence à court terme, il devra être rapidement
remplacé.
Le choix de son successeur dépend des objectifs des
exercices assistés par ordinateur (CAX) de type “opérations autres que la guerre” ou plus exactement “opérations de soutien de la paix ” (OSP).
1 Military activities during peacetime and conflict that do not necessarily
involve armed clashes between two organized forces.
2 §2.3 une classification générale des opérations.
3 Opération ayant pour but de maintenir la paix ou de faciliter le retour à
la paix dans un pays en état de crise interne ou entre deux pays, alors
qu’il existe un risque majeur pour la sécurité ou la survie des populations. Cette opération impartiale est menée avec ou sans le consentement des parties : elle est placée sous les chapitres VI ou VII de la charte des Nations Unies et est initiée par le mandat d’une organisation
internationale.
Ce vocable englobe :
• les opérations de soutien à la diplomatie préventive,
• les opérations de rétablissement de la paix,
• les opérations de maintien de la paix,
• les opérations d’imposition de la paix,
• les opérations de consolidation de la paix.
Ces missions entrent dans le cadre d'opérations d'intensité variable
avec des forces militaires et des organisations diplomatiques et humanitaires.
4 Il y a eu KOSOVO avec le CSEM en 2001 et 2002. Il y aura bientôt LICTEUR
au CEPC en mai 2005.
Pour aborder la problématique de ces exercices, il est
nécessaire de faire un rapide rappel de terminologie
car, comme le montrent déjà les premiers paragraphes,
celle-ci est riche, abondante et souvent ambiguë.
Ensuite nous pourrons voir les caractéristiques d’un
exercice en OSP puis énumérer différents types d’exercices envisageables dans ce domaine.
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HÉRACLÈS
TRIBUNE LIBRE
N°
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• une succession de cas concrets. Cela peut permettre des
“sauts de temps” afin de bénéficier des actions à plus ou
moins long terme comme, par exemple, la remise en
état d’une usine. Cela permet également le recadrage
artificiel du scénario. La simulation n’est peut-être pas
nécessaire.
• Les CAX en temps réel. La durée des exercices étant limitée en général à une semaine maximum, les actions OSP
sont restreintes à des actions ou réactions à court terme
(contrôle de zone, gestion d’attentats, etc.).
• Les CAX à temps compressé. Le temps virtuel (celui du
jeu) est accéléré et continu. Cet exercice peut permettre
de jouer des actions à moyen ou long terme comme, par
exemple, la préparation du départ de la force. SPECTRUM peut gérer ce genre d’exercice.
• Exercice avec réversibilité. Il s’agit, pour la force ou une
partie de la force, de basculer de haute intensité à OSP,
ou inversement. Il semblerait que l’Armée de terre
s’orienterait vers ce type d’exercice car l’expérience
prouve que les théâtres d’opération mêlent souvent les
deux modes opératoires maîtrise de la violence et coercition (concept de la “ Three blocks war”).
Nos lecteurs réagissent !
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Les caractéristiques des exercices de type OSP
Les CAX en OSP sont bien différenciés de ceux de type
“guerre” tels les AURIGE et GUIBERT. En effet, l’important
n’y est pas de gagner des batailles opposant deux belligérants5 mais de connaître et gérer les conséquences de
toute action sur les parties en présence. Ces actions peuvent ne pas être exclusivement militaires (aide humanitaire, aide à la reconstruction de la vie de la cité, communication opérationnelle, etc.). De même, les parties en présence ne sont pas uniquement des forces armées (ONG,
populations civiles, manifestants, etc.) et, surtout, peuvent être en nombre multiple avec des relations complexes entre elles.
En matière d’exercices, cela se traduit par la prépondérance de la gestion des évènements (incidents ACM - Actions
civilo-militaires -, réactions de la population, des ethnies,
etc.) sur les combats. Les quelques exercices bien réussis
(KOSOVO au CSEM en France, VIKING en Suède) dans ce
domaine ont montré l’importance des “jeux de rôle” (présence physique des médias, des ONG, etc.) dans la conduite de la manoeuvre. En fait, dans un CAX de type OSP, la
simulation n’a qu’un rôle secondaire consistant à ne gérer
que les délais de mise en œuvre et à fournir une description
de l’environnement. Le rôle d’arbitrage des combats
devient secondaire puisque c’est toujours l’attaquant qui
gagne que ce soient les bleus par leur puissance écrasante ou le terroriste en ayant réussi à s’infiltrer dans le
dispositif ciblé.
Il sera difficile à un seul logiciel de pouvoir simuler parfaitement toute la variété des types d’exercices possibles. Il est donc nécessaire de connaître les objectifs
du commandement en matière d’entraînement ou de préparation aux OSP avant de se prononcer sur le choix d’un
successeur à SPECTRUM et de s’engager sur des exercices dans ce domaine.
Conclusion
L’argument “qui peut le plus, peut le moins” justifiant la
préparation et l’entraînement des unités dans le mode opératoire coercition de forces en vue d’opérations de soutien
de la paix semble être de moins en moins satisfaisant. Il
semble tellement évident qu’il faille entraîner les unités
pour ce qu’elles feront réellement demain : du soutien
de la paix.
Les exercices du domaine “opérations de soutien de la
paix” sont bien différenciés de ceux de type “guerre”,
notamment par l’importance donnée à la gestion des “évènements” et la multiplicité des acteurs. Une grande variété
d’exercices en OSP est envisageable, mais il est peu probable qu’un seul logiciel de simulation puisse la couvrir
totalement, imposant ainsi des choix à l’Armée de terre
par rapport à ses objectifs de formation et d’entraînement.
Enfin, l’expérience révèle un dernier écueil qui est celui
d’évaluer l’efficacité de ses propres actions. En haute
intensité, il est facile de juger l’évolution de la situation et
la justesse de ses décisions par les pertes humaines et
matérielles, le terrain conquis. En OSP, la plupart du temps,
les combats sont de basse ou moyenne intensité, imbriqués, le terrain n’est plus forcément un enjeu. Ces critères
ne peuvent donc plus être appliqués. Comment le “brigadier” pourra ressentir à partir de l’animation que, par
exemple, la fermeté ou la compréhension vis-à-vis d’une
partie de la population va faire “gagner” la force ou réussir
la mission ? L’instrument de mesure reste donc à définir,
voire à inventer. Quelques pistes existent toutefois. SPECTRUM se sert d’un taux de satisfaction des ethnies.
Chef de bataillon Laurent TARD
Chef de la section MCO des simulations de la DSRO
Les types possibles d’exercices en OSP
Selon les objectifs d’entraînement, les exercices peuvent
mettre en œuvre différents modes d’action spécifiques aux
OSP et donc prendre différentes formes. Par exemple, en
première approche (liste non exhaustive) :
5 En OSP, conflit le plus souvent dissymétrique ou asymétrique, il paraît
évident que la coalition “ bleue” écrasera son opposant dans toute
confrontation armée.
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HÉRACLÈS
N°
TRIBUNE LIBRE
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nent avec ardeur. Comme chef de BOI, j’étais déjà surpris par les réactions enthousiastes après les premières semaines de combat en Irak. Dans la presse de
vulgarisation, on y saluait “ le renouveau du mécanisé ”. C’est un faux débat que les notions de combats
embarqué et débarqué étaient pourtant supposées
résoudre. Les chars (lourds ou légers) pratiquent le
combat embarqué ; l’infanterie (qu’elle soit en AMX10,
VBCI, VAB ou VLRA) combat débarquée4. LAPALISSE
n’eut pas dit mieux. Il faut arrêter ces querelles stériles
que toute volonté – louable - de clarification ne fait
qu’entretenir. Le combat d’infanterie se conduit à pied
-donc à 5km/h - même avec des XL en appui et la nature du ou des véhicules blindés de l’unité engagée n’y
changera pas grand chose5. En combat de haute intensité et quel que soit le niveau tactique, la conquête de
tel carrefour ou de tel immeuble se résumera toujours
à une approche directe, c’est-à-dire par le feu (les
appuis) et/ou le choc (l’assaut).
Le combat interarmes des formations
blindées : réactions ou simples remarques
n parcourant le dernier numéro d’HERACLES, je suis
assez frappé – mais aussi rassuré- des réflexions
qui fleurissent sur le combat interarmes. Tout à trac, j’y
lis l’impact et le renouveau du combat interarmes que
provoque la mise en service du LECLERC, ainsi que les
interrogations liées au vocabulaire tactique ou à
l’émergence de nouveaux concepts tels que le GAEV. Il
s’avère que l’actualité récente, notamment en Irak,
nous rappelle simplement un des fondements du
combat de haute intensité, à savoir l’intégration jusqu’au plus petits niveaux tactiques du maximum de
fonctions opérationnelles, comme pouvaient le pratiquer nos anciens de la 2e DB il y a 60 ans ou, plus
récemment, les unités du CBM au milieu des années 70
et 801.
E
La menace blindée s’est certes sensiblement atténuée
mais sans pour autant supprimer l’utilité du blindé. C’est
bien dans l’emploi des moyens et la constitution de
groupements tactiques plus équilibrés mais aussi plus
diversifiés qu’il faut chercher l’innovation pour offrir au
chef tactique le plus grand nombre d’options6 . Les opérations sont désormais essentiellement conduites en
zone urbaine, avec une très forte concentration de
population. Elles impliqueront l’emploi de blindés pour
assurer la sauvegarde de la force engagée mais à des
rythmes très variés, parfois extrêmement rapides, parfois très lents et mesurés.
A bien y réfléchir, je n’y trouve pas de nouveauté
extraordinaire. Cet oubli ou cette redécouverte ne
semblent pas fortuits. Peut-être sont-ils dus aux circonstances, aux contraintes d’emploi des forces terrestres dans les années 902, ou plus trivialement, aux
grandes difficultés matérielles qui ont conduit l’Armée
de terre à limiter longtemps l’ampleur des exercices et
des activités d’entraînement. Permettez-moi néanmoins de réagir successivement à trois questions que
sous-tendent les différents articles proposés.
A tout seigneur tout honneur, le char LECLERC, dont
les performances techniques et tactiques sont encore
loin d’être appréciées à leur juste mesure. Toutefois,
son intégration dans des ensembles interarmes n’a
rien de révolutionnaire et me paraissait inéluctable dès
lors qu’il est désormais le seul char de bataille en service. Son emploi aux plus petits échelons, en cellule
allant jusqu’à la patrouille ou au char agissant au sein
d’une section d’infanterie, découlait du bon sens et
n’attendait pas l’expérience acquise par nos amis américains en Irak. Dans le même esprit, l’emploi préférentiel d’unités à base de chars dans les zones périphériques d’urbanisation ouverte semble tout aussi
logique. Tout chef tactique n’aurait pas hésité à les
employer ainsi, sans attendre la parution de nouveaux
manuels d’emploi et loin des cris d’épouvante des
“ayatollahs ” de tous bords3.
1 Rappelons-nous la grande souplesse de l’articulation des régiments
mécanisés (à une ou deux compagnies de chars), les renforcements
systématiques des unités de blindés ou d’infanterie.
2 Quand bien même, l’emploi de forces lourdes avait été mis entre
parenthèses au cours de ces années, l’engagement de groupements
tactiques interarmes dans les Balkans soulignait néanmoins ce
besoin d’intégration.
3 Au cours du premier passage d’un régiment mécanisé français organisé en GTIA au centre d’entraînement de l’armée US en RFA à
Hohenfeld, les unités avaient été articulées et réarticulées sans a
priori et indépendamment des manuels d’emploi de l’époque.
4 Ce qui n’est absolument pas incompatible avec l’emploi des blindés
en zone urbanisée…
5 Il est évident que le fait de ne pas disposer de VCI blindés et lourdement armés obligera le chef tactique à prendre des délais et des
moyens supplémentaires pour façonner son ennemi et travailler son
approche, avant l’action de combat proprement dite.
6 Ainsi, face aux menaces potentielles à un horizon visible, l’articulation des GTIA résidera peut-être moins dans des formations trop
homogènes (le GTIA XL ou le GTIA INF réciproquement renforcés)
mais dans des unités résolument mixtes combinant des unités
lourdes et légères.
Venons-en au vocabulaire “de classification ” des
forces, exercice de sémantique bien connu que l’éternel débat entre les “ lourds ” et les “ légers ”, et la
réflexion en cours sur les forces médianes entretien-
suite page suivante
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HÉRACLÈS
TRIBUNE LIBRE
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Les villes concentrent désormais l’essentiel de l’activité humaine et le contrôle du milieu humain constituant
la clef du succès des conflits actuels et futurs, les
forces terrestres auront à s’y déployer et éventuellement s’y battre pour emporter la décision. L’emploi des
blindés en zone urbanisée y est sans nul doute unanimement reconnu. Les enseignements apparus ou
réitérés des derniers conflits soulignent la nécessité
d’adaptation permanente des structures et des équipements13. L’Armée de terre doit relever le défi de sa
capacité à préparer ses forces à agir dans un tel milieu.
La création du CENZUB en est la principale illustration.
Pour autant, ce n’est peut-être pas suffisant. Il reste à
développer des formes d’instruction collectives aux
plus petits échelons tactiques (section-peloton) innovantes et compatibles avec les contraintes de préparation opérationnelle14. Ce n’est pas le moindre des défis.
Le combat interarmes des formations
blindées : réactions ou simples remarques
suite de la page précédente
Je terminerai par les réflexions sur le concept du
GAEV 7. En premier lieu, je n’y entrevois rien d’autre
qu’un SGTIA du niveau d’une unité élémentaire renforcée dont la nature des missions m’échappe un peu. Par
ailleurs, je comprends mal la notion “d’élite temporaire ”. D’une part, cette approche fait injure à mes camarades tankistes : un peloton de char tire bien ou ne tire
pas et il n’y a pas deux façons de faire but. D’autre
part, j’aurais du mal à expliquer que telle unité est
classifiée d’élite le lundi et telle autre le mardi. De
plus, un prélèvement temporaire et aléatoire d’unités
et de moyens de commandement pourrait gêner ou
compliquer l’action en cours conduite par les commandants de GTIA. Enfin, je suis très étonné des effectifs
consacrés au commandement d’une telle unité8.
Lieutenant-colonel Philippe ROBIN
7 Les premières réflexions consécutives à l’expérimentation initiée par
l’EAI consistaient à développer –toutes proportions gardées – l’équivalent de GCP ou des URH dans toutes les unités d’infanterie : les SAED.
8 6 officiers pour commander cinq pelotons ou sections et quelques
groupes. Le chiffre 6 correspond-il à une logique tactique ou est-il le
symbole d’une représentation proportionnelle des régiments de la brigade ? Il y a quelques années, les CDU et les lieutenants étaient formés
à la manœuvre de la compagnie renforcée comprenant 6 à 7 pions
subordonnés…
9 Soit environ 10 à 12 équipes de 10 hommes chacune globalement identiques provenant des différents régiments de la brigade.
10 La question de la complémentarité de l’EEI et du GAEV pourrait être en
partie résolue par une répartition spatiale des zones préférentielles
d’emploi. L’EEI préparerait l’engagement des unités dans les zones
périphériques et plus ouvertes, le GAEV se consacrant à l’aide à l’engagement dans les zones plus coupées des centres des villes ou les zones
pavillonnaires.
11 Ainsi, ce DAEV mis sur pied à partir du GAEV, pourrait inclure ponctuellement une équipe TE ou une cellule de reconnaissance NRBC.
S’appuyant sur l’expertise de son élément génie et artillerie, il pourrait
s’infiltrer (à pied, par hélicoptère ou en véhicule) dans le dispositif
ennemi, appuyer ou couvrir l’action principale et guider l’élément chargé de l’action principale.
12 Cette unité pourrait être dotée de VBL ou de PVP, de drones, et pourrait
très bien utiliser les procédures déjà rodées dans les GCP ou les URH.
Le personnel qui la composerait aurait une expérience déjà solide
acquise en unité de combat. La communauté de méthodes et de
moyens, qui n’est pas incompatible avec l’expertise de chaque fonction
opérationnelle, susciterait ainsi un esprit de corps entretenu par des
séquences d’entraînement communes.
13 Il suffit de relever les différents petits équipements de protection et
d’aide à la mobilité employés par les unités israéliennes ou américaines : genouillères, scies mécaniques, échelles articulées, brancards,
sans oublier les moyens d’investigation émergents : drones tactiques,
caméras, etc.
14 Malgré l’apport indéniable du CENTAC et bientôt du CENZUB, les
contraintes financières limitent forcément la constitution systématique
des structures interarmes dans tous les exercices. L’apprentissage du
combat en zone urbanisée est aussi coûteux (on ne peut pas systématiquement détruire le site d’instruction puis le reconstruire à chaque
exercice).
Le concept de forces avancées est novateur et semble
effectivement séduisant. Les enseignements tirés par
les Israéliens à JENINE, les Américains en IRAK, et a
contrario par les Russes à GROZNY, soulignent l’importance d’amener avec le maximum de souplesse le feu
et le choc sur le point décisif de l’ennemi en veillant à
limiter les dommages collatéraux. La création d’une
unité d’aide à l’engagement composée de cellules de
même pied provenant de chacun des régiments de la
brigade doit justement répondre à ce besoin9. Il s’agira bien, dans une logique d’économie des forces, de
faciliter les manœuvres préliminaires d’un groupement ou sous-groupement tactique vers son objectif.
Maîtrisant parfaitement les contraintes d’emploi de
blindés en zone urbanisée (traficabilité des sols, gabarits des véhicules, capacités des armements de bord,
etc.), ayant une parfaite connaissance du milieu urbain
(structures des réseaux, organisation des sous-sols),
ce groupement pourrait ainsi préparer efficacement
l’engagement de forces10. Ce faisant, le détachement
d’aide à l’engagement adapté à tel ou tel GTIA aurait
pour mission d’appuyer le débouché de la force en le
guidant dans la zone urbanisée, en le renseignant en
permanence sur l’objectif et en l’appuyant par des
actions précises et proportionnées11. Le commandant
de brigade peut ainsi compter sur un réservoir de 100
à 120 militaires experts dans leur fonction opérationnelle, équipées de manière sensiblement uniforme, et
habitués à travailler ensemble avec des procédures
communes12.
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HÉRACLÈS
N°
TRIBUNE LIBRE
09
techniques parfois dépassées. En d’autres termes, l’emploi groupé de masses de chars destinées, en attaque à
créer la rupture ou en contre-attaque à briser l’élan des
forces adverses, appartient pour l’heure au passé. Par
contre de petites unités interarmes, très mobiles et organisées autour de quelques chars, numérisés et donc
aptes à se regrouper rapidement et à exploiter des opportunités ou réagir à de brusques évolutions de situation
répondent aux besoins générés par le développement des
espaces lacunaires ou les exigences du contrôle du
milieu, sur de vastes zones le plus souvent urbanisées et
dans la durée. J’ajoute que même dans des opérations
placées sous le signe de l’interposition, le char a sa
place. Pour maîtriser la violence, il convient d’être fort et
sans refaire l’histoire, on peut toujours penser que
quelques chars AMX 30 B 2 déployés dans ou autour de
SARAYEVO auraient peut-être évité quelques déboires…
Pour une nouvelle approche du char de
combat…
es nouvelles formes des conflits rendent inutiles le
char, Trop lourd, trop puissant, trop coûteux bref
inadapté ! Monstres inutiles héritiers de la guerre froide ! …
Autant d’affirmations parfois péremptoires et toujours
provocatrices qui traduisent pourtant bien des interrogations légitimes sur la pertinence de conserver au sein des
armées un engin qui a bouleversé l’art militaire au cours
du XX siècle au point d’en être un critère déterminant de
puissance. Qu’en est-il maintenant où indéniablement les
menaces évoluent au point d’être multiformes et où les
objectifs mêmes des interventions militaires changent ?
De la conquête de territoire, nous sommes passés à la
conquête des esprits et des cœurs !
Les chars sont-ils pour autant condamnés à disparaître à
l’image des dinosaures incapables de s’adapter à leur
nouvel environnement ?
L
De même, cette plate-forme ne doit plus être figée définitivement à partir du moment où elle entre en service dans
les forces. Bien au contraire, il faut en permanence l’adapter pour faire face aux menaces, à l’image du char MERKAVA israélien qui au fil des années ne cesse d’évoluer et
qui, in fine, est fort différent de son aîné.
Pour aller jusqu’au bout de mon développement et au
risque d’avancer des idées incongrues, peut-être sommes
-nous revenus à une période de l’histoire où il nous faut
abandonner le concept brillamment concrétisé par l’armée allemande en 1940 et qui consistait à regrouper l’ensemble des chars pour les engager en masse pour en
revenir à son contraire, des petites unités de chars dispersées agissant en appui et en soutien des autres unités.
Car après tout quel est et quel sera notre adversaire dans
les années à venir ? des grandes unités adverses ou des
petites unités ou cellules très mobiles, fugaces, réactives.
Peut-être faut-il aussi abandonner l’idée de développer
ex-nihilo de nouvelles plates-formes mais par contre
optimiser “en marchant ” l’existant dans l’attente d’une
rupture technologique ou/et géostratégique majeure.
En préambule à la réponse, il semble judicieux de faire un
petit rappel. Le char n’est rien d’autre qu’une plate-forme
regroupant et démultipliant cinq capacités de base
indispensables à tout combattant : la mobilité, l’observation, la puissance de feu, la protection et la communication. A ce titre, une armée moderne qui entend détenir
vis-à-vis de tout type d’adversaires la supériorité, serait
bien imprudente de se passer d’un tel outil. Une autre
précision mérite également un petit développement tant il
est vrai que l’on associe toujours au char l’image d’un
mastodonte puissamment armé et protégé. La plateforme appelée char est toujours le fruit d’un compromis
entre les capacités précédemment citées et l’importance
que l’on veut donner à telle ou telle. L’engin idéal, à savoir
petit, puissant, agile de faible tonnage et très protégé
n’existe pas. Par contre, selon les objectifs que l’on se fixe
en terme de puissance, de protection, de mobilité on peut
se doter tout aussi bien de chars lourds puissamment
armés et protégés que de chars bien protégés et peu
armés ou l’inverse. En résumé, le char n’est pas aussi
figé que l’on se plaît à le présenter.
Je n’ai pas certes pas la prétention de donner une réponse définitive mais j’ai en tête que l’armée américaine vient
de décider de conserver le char ABRAMS M1A1 comme fer
de lance de ses forces terrestres pour les 30 ans à venir, il
en est de même pour les Britanniques et les Israéliens et
leurs chars agissent tout aussi bien en escorte de convois,
en zone urbaine qu’en appui des check point ou en force
d’intervention.
Nous serions bien avisés d’en tenir compte et de ne pas
trop tôt nous défaire d’un outil que nous avons tendance
à considérer à tort comme inadapté aux nouveaux défis.
Maintenant pour en revenir à la problématique initiale et
donc à l’existant et sans préjuger des choix futurs, force
est de constater qu’en France tout au moins, nous possédons ou sommes en voie de posséder de l’ordre de 400
chars lourds LECLERC et ce pour une durée se chiffrant en
dizaine d’années. De deux choses l’une, et en se plaçant
selon une approche strictement opérationnelle, soit on
les abandonne car ils ne répondent plus aux besoins mais
je vous renvoie néanmoins à mon préambule, soit on les
juge nécessaires.
Dans cette hypothèse que pour ma part je retiens, il
convient alors de ne pas les figer dans des schémas
d’emploi qui n’ont plus cours ou sur des spécifications
Colonel Daniel POSTEC
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TRIBUNE LIBRE
HÉRACLÈS
N°
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L’avis d’un lecteur sur une autre publication du CDEF
J’ai particulièrement apprécié le numéro spécial de
Doctrine “ La guerre après la guerre ”.
Certes, lorsque le but de guerre officiel est de libérer le pays, il peut sembler paradoxal, voire politiquement incorrect de planifier une occupation.
Cependant, pour l’Irak l’opinion internationale
aurait admis que des mesures d’exception soient
appliquées d’emblée, jusqu’à la pacification des
régions “ libérées ”. Enfin, ces mesures sont appliquées d’autant plus aisément que la puissance libératrice (ou occupante…) sait préserver l’administration du pays et l’utilise pour les faire appliquer.
Toutefois, il me semble qu’un enseignement essentiel de cet engagement américain n’a pas été tiré.
Une des plus grandes erreurs des Américains est de
ne pas avoir planifié une phase d’occupation militaire, persuadés de mener une guerre de libération
(Nom de l’opération : “ Iraqui Freedom ”). J’entends
par occupation la prise d’emblée de mesures d’exception planifiées (dans leur contenu, leur diffusion
et leur application) et limitées dans le temps : restriction du droit de rassemblement et de déplacement, instauration d’un couvre-feu, interdiction de
la détention d’armes, ramassage de celles-ci, etc.
Notre pays a en mémoire quelques exemples d’occupations : occupation de la France par les
Allemands en 1940, occupation de la Rhénanie en
1919 et d’une partie de l’Allemagne par les Français
en 1945…
En fonction de la situation, ces mesures peuvent être
allégées, renforcées, suspendues, reconduites etc.
Restreignant pour une période limitée les libertés des
populations civiles, elles visent à créer les conditions
d’une instauration de l’ordre public, condition nécessaire pour gagner la confiance de la population et
donc pour engager la stabilisation du pays.
Pour éviter la reproduction de cette erreur de
conception, une précaution élémentaire consisterait
à trouver une place à cette période charnière dans
notre doctrine et sa terminologie : où se situe-t-elle
(en fin de phase de coercition ou au début de celle
de stabilisation), quelle dénomination lui donner ?
Je ne doute pas que le CDEF puisse trouver une
réponse.
Ne pas planifier cette phase de mesures d’exception
revient à donner toutes ses chances à l’anarchie, au
désordre général, à faire le lit de la résistance ennemie et, in fine, à se mettre durablement à dos la
population, ce qui va à l’encontre du but final
recherché.
Lieutenant-colonel F. VINOT PREFONTAINE
Vos réactions aux informations parues dans Héraclès sont les bienvenues
C.D.E.F.
Centre de Doctrine
d’Emploi des Forces
BP 53 - 00445 ARMÉES
Tél. : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93
PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93
Fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17
Mel : [email protected]
Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr
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