Brigade des transmissions et d`appui au commandement
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Brigade des transmissions et d`appui au commandement
HÉRACLÈS LA 09 005 N° N 2 LETTRE D ’ INFORMATION DE LA COMMUNAUTÉ DOCTRINALE N UI -J I MA Directeur de la publication : Général (2s) Jean-Marie Veyrat Rédacteur en chef : Capitaine Stéphane Carmès Mise en page : Christine Villey Impression : Section Conception Impression du CDEF Diffusion, relations avec les abonnés : [email protected] Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr Editorial Soldier Centric Network I l ne faut pas confondre commandement et communication : la manœuvre tactique ou opérative, même si elle s’effectue dans des champs dit “matériels ” ou “immatériels” doit toujours rester UNE et commandée, de la façon la plus simple et la plus claire possible. L’homme reste au cœur d’une action efficace, sur l’ennemi comme sur les populations : il s’ensuit que la numérisation, formidable multiplicateur d’effets à s’approprier le plus vite possible par des efforts redoublés d’entraînement, pour maîtriser les machines et les tuyaux de l’information, doit bien être “soldat-centrée” et donc prendre en compte les tendances humaines naturelles. - La difficulté d’adaptation : avant d’être convaincu et de consentir un effort d’appropriation (“ je suis plus efficace aujourd’hui avec ma carte, j’ai une mission à conduire et ne puis me permettre de perdre momentanément en efficacité”). - Une trop grande confiance dans le système d’information : alors que ce dernier s’engorge tout seul et finit par neutraliser les états-majors (expérience initiale britannique et américaine en Irak, mais déjà le cas de l’armée allemande en 1914), pendant que les unités ont, elles, gagné en souplesse et réactivité. - La responsabilisation jamais suffisante des échelons subordonnés : qui a pourtant globalement toujours amélioré la tactique (de l’Auftragstaktik au Mission command, en passant par la bonne formation de nos sergents, lieutenants et capitaines). - Le risque d’inhibition du commandement : lorsqu’on se sait observé en permanence par ses propres chefs. - Une adoption en conduite du premier mode d’action : répondant aux critères retenus, pour décider et exécuter vite. Pour parer tout cela, une seule règle stricte : la subsidiarité !… Et savoir et oser commander ! Général de division Gérard BEZACIER Actualités Les défis actuels de la BTAC GBR Jean-Paul VARENNE - PAQUET commandant la BTAC page 2 Le cycle opérationnel de la BTAC BTAC/EM/BCPO page 3 Le mot de la direction de publication Dans ce 9e numéro de Héraclès, la Brigade des transmissions et d’appui au commandement (BTAC) nous montre comment ses moyens de transmissions et d’appui au commandement, en évolution constante, sont employés au profit des PC des grandes unités de la Force d’action et de la Force logistique terrestres. Notre prochain numéro, le n° 10, sera réalisé avec la 2e Brigade blindée qui nous fera part de ses résultats dans l’expérimentation de la numérisation de l’espace de bataille (NEB), mais aussi, à la suite de la 7e BB, de sa vision de l’emploi des unités blindées. Droit de réponse Héraclès remercie le GCA Robert MEILLE, chargé de mission auprès du COMFAT, d’avoir bien voulu réagir aux idées exprimées par le GDI Gérard BEZACIER dans son éditorial du N° 09 de Héraclès. Voir son article dans la rubrique Réflexions p. 9. ACTUALITÉS Actualités CDEF BRIGADOC 2005 Du 10 au 13 mai 2005, le CDEF a organisé en son sein et au profit des futurs commandants de brigade et adjoints directs ainsi que pour les futurs généraux adjoints d’EMF et chefs d’état-major, un stage de formation opérationnelle plus communément connu sous le vocable de BRIGADOC. Volontairement succinct et concret, alternant conférences doctrinales, témoignages d’autorités en charge de responsabilités, informations relatives aux conditions d’emploi des forces terrestres sur et hors du territoire national, ce stage ne visait en réalité qu’un seul but : faciliter l’exercice des responsabilités confiées prochainement aux officiers présents à ce stage. Que ce soit pour l’exercice du commandement en opération, l’aspect multinational et interarmées des actions, le volet logistique, la mise en condition opérationnelle, la numérisation du champ de bataille ou l’émergence de nouvelles fonctions telles que la communication opérationnelle, tout a été fait pour délivrer le plus simplement et concrètement possible les quelques points clés indispensables aux futurs chefs de l’armée de terre française qui, dans les semaines ou les mois à venir, seront sur le terrain “aux affaires” à la tête de leurs unités. A noter parmi les temps forts du stage, l’intervention du général CEMAT qui s’est adressé directement à ses futurs commandants de brigade. Il leur a décrit avec une totale transparence l’environnement général dans lequel évolue l’Armée de terre et qu’ils seront inévitablement amenés à prendre en compte puis s’est attaché à donner des directives plus spécifiques quant à leur rôle de chef opérationnel. En résumé, la qualité et la franchise des témoignages de même que la richesse des échanges permettent de penser que l’objectif de BRIGADOC 2005 a été pleinement atteint. Le CDEF retrouvera maintenant les commandants de brigade dans six mois pour participer avec eux à un exercice destiné à susciter la réflexion tactique : BRIGADEX. HÉRACLÈS N° 09 Les défis actuels de la BTAC a maîtrise de l’information est l’un des facteurs essentiels du succès d’une opération. C’est la raison pour laquelle les systèmes d’information prennent autant d’importance. Dans cette perspective, ce sont les conditions d’accès à l’information qui sont déterminantes. L’information doit être complète, actualisée, sécurisée, présentée sous toutes les formes utiles et échangée facilement en tant que de besoin. Les systèmes d’information sont reliés entre eux par des systèmes de communications et livrés dans des structures mises en place par les unités d’appui au commandement. L Si le besoin est relativement constant dans son expression, les différents services mis à la disposition des utilisateurs sont tributaires des moyens techniques disponibles. Or, ces derniers utilisent actuellement ce qu’il est convenu d’appeler les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Ils sont en constante évolution, tant en ce qui concerne les matériels que les logiciels. La BTAC est précisément au cœur de ce processus et se dote actuellement de systèmes à haut débit, dont les performances vont être particulièrement précieuses pour satisfaire les besoins du futur CRR-FR. Le système d’information pour le commandement des forces (SICF) est le principal outil actuellement mis à la disposition des utilisateurs. Les services rendus sont multiples : messageries formelle et informelle, travail coopératif, espace public, espace privé, gestion électronique des données, cartographie, le tout assuré avec une parfaite sécurité. C’est le principal réseau. Il est complété par un réseau “sensible France”, l’INTRATERRE, qui, outre les services de messagerie, permet l’accès aux principales bases de données nationales dont celles de la logistique. Le réseau INTERNET, non classifié, est un complément précieux. Pour obtenir la certification HRF, la mise en place des réseaux spécifiques de l’OTAN (CRONOS, BICES, LOCE, ADAMS, etc..) est nécessaire. Elle interviendra très prochainement. Tous ces systèmes sont nouveaux et en évolution constante. Leur mise en œuvre conduit à la définition de nouvelles architectures et de nouveaux procédés techniques, jamais ou rarement reconduits d’une opération à une autre ou d’un exercice à un autre. Leur parfaite maîtrise passe par une formation approfondie des personnels et elle impose un entraînement particulièrement rigoureux et régulier. Quelles que soient leurs performances techniques, les systèmes d’information et de communications sont toujours tributaires du savoir-faire et de la motivation des personnels qui les mettent en œuvre. Or, cette évolution constante et de plus en plus accélérée enrichit la compétence des personnels par capitalisation des acquis. L’ampleur des défis à relever est un remarquable stimulant. La volonté est au plus haut niveau, les objectifs seront atteints. GBR Jean-Paul VARENNE - PAQUET commandant la BTAC Colonel Daniel POSTEC 2 ACTUALITÉS HÉRACLÈS N° 09 Le cycle opérationnel de la BTAC 1 Actualités DEO Un cycle permettant d’éclairer l’avenir ors de l'élaboration de la DAPPO2 2005, le général commandant la BTAC a confirmé officiellement le cycle opérationnel afin de donner aux chefs de corps une meilleure lisibilité de leur engagement dans le temps. Composée de six régiments de transmissions et d’un régiment d’appui au commandement, la brigade a choisi de faire évoluer le cycle sur 24 mois en trois phases correspondant à trois actions majeures et déterminantes pour chaque régiment. L La première des phases est une période de quatre mois d’instruction collective pendant laquelle le régiment est préservé afin qu’il puisse consolider les fondamentaux militaires et du métier, faire progresser la cohésion du régiment et préparer l’engagement opérationnel. Dans ce moment privilégié, le chef de corps engage des actions de formation/instruction au regard des retours d’expérience obtenus et des évaluations opérationnelles de ses compagnies. L’instruction collective intègre les directives opérationnelles de la brigade (prise en compte des critères HRF pour la certification du PC CRR-FR). La deuxième phase de quatorze mois est la période de disponibilité optimale des régiments au profit des forces terrestres. Les régiments sont alors sollicités pour participer aux exercices majeurs, à l'alerte GUEPARD et fournir des renforts SIC aux BAS ou aux BIA. Ils arment alors les CMO SIC pour diriger des déploiements de moyens SIC d’un niveau 2. Lors de cette période, un régiment pourra être contrôlé par l'état-major et le général commandant la BTAC effectuera son évaluation (exercice ANTARES). En ce qui concerne les activités du CRR et CRRE, les régiments sont désignés en tant que “leader” de la montée en puissance des rendez-vous NRF (NRF 7 pour le CRRE et NRF 11 pour le CRR-FR). La troisième phase de six mois est consacrée à la période de projection OPEX précédée par la mise en condition opérationnelle (MCO). Elle se termine par un mois de remise en condition. C’est aussi un moment privilégié pendant lequel la majorité des postes attribués à la BTAC est honorée par le régiment pilote dont le chef de corps peut être amené à prendre le commandement du dispositif : c’est le cas du BCS au Kosovo. Il est à noter que pendant ce cycle, un contrat opérationnel minimal lie les unités au général COMBTAC dans le but d’honorer les renforcements SIC demandés par le CFAT. Pendant la période de disponibilité opérationnelle, il peut être demandé jusqu’à 80%3 des moyens d’un régiment. Pendant la phase de projection OPEX, tous les moyens disponibles du régiment concerné sont “engageables”. Au-delà de l’aspect “programmation” pour une meilleure responsabilisation des personnels, ce cycle de 24 mois, véritable main courante opérationnelle, assure une lisibilité plus grande aux différents niveaux du commandement sans pour autant devenir un cadre rigide d’emploi des unités. Il permet d’obtenir une meilleure anticipation des régiments par rapport aux objectifs opérationnels fixés par le général commandant la brigade. CODIROPS : Le CEMAT va décider du programme des études opérationnelles 2005/2006 Organisé par l'EMAT/BPO dans les murs du CDEF à l'Ecole militaire, le CODIROPS (Comité directeur des études opérationnelles) 2005/2006 se tiendra le lundi 6 Juin 2005. Ce comité directeur sera présidé par le général d'armée Bernard THORETTE, chef d'état-major de l'Armée de terre. Au cours de cette réunion plénière seront arrêtées les orientations pour les études opérationnelles relatives au cycle doctrinal 2005/2006. CBA Pierre-Marie Bigot OSA DEO Une réflexion franco-allemande sur l’interopérabilité Dans le cadre du GFACM (Groupe franco-allemand de coopération militaire), la cellule “doctrine”, composée d’experts du Heeresamt et du CDEF conduira un séminaire à Cologne du 31 mai au 2 juin 2005. Le but de cette cellule est de mener une réflexion conjointe, franco-allemande, dans le domaine doctrinal visant à améliorer l’interopérabilité des deux Armées de terre. Les sujets traités au cours de ce séminaire bilatéral sont les suivants : 1.- Identification des points de convergence et de divergence sur l’emploi des brigades respectives. 2.- Identification et développement des modes d'action communs lors des opérations en zones urbaines. 3.- Interarmisation aux bas niveaux tactiques. 4.- Conséquences de la numérisation sur l'organisation et le fonctionnement des P.C. BTAC/EM/BCPO Colonel Eric ROUSSEL 1 Brigade des transmissions et d’appui au commandement. 2 DAPPO : Directive annuelle particulière pour la préparation opérationnelle. 3 80% : Norme EMAT. suite page 5 3 ACTUALITÉS HÉRACLÈS N° 09 C’est un défi déterminant, ciblé progressivement, qui exige de développer trois qualités essentielles : l’organisation dans les déploiements, la maîtrise des équipements et l’adaptabilité aux nouveaux équipements et versions logicielles. L’appropriation des systèmes d’information opérationnels par la BTAC Elle repose sur trois maîtres mots : organisation, maîtrise, adaptabilité. L’organisation epuis l’été 2003, la brigade de transmissions et d’appui au commandement s’est vu confier par le CFAT la mission de mise en œuvre et d’administration des systèmes d’information opérationnels déployés dans les exercices des niveaux 1 et 2, ainsi que le renforcement SIC des autres niveaux (brigade, GTIA). Avec pour perspective à court terme de cette appropriation, un objectif majeur : la certification HRF1 à partir de 2007 du futur corps de réaction rapide de l’Armée de terre, le CRR FR2. Ainsi, dans cette appropriation progressive, les spécialistes ESRI3 des régiments de transmissions de la brigade doivent acquérir la maîtrise des systèmes d’information nécessaires au fonctionnement du CRR FR au sein de l’OTAN. D Elle vise à réduire les délais d’implantation et à rationaliser le travail des équipes de spécialistes ESRI ; l’objectif étant de livrer aux opérationnels des CO des niveaux 1 et 2, dans des délais contraints, des réseaux comportant plusieurs centaines de postes de travail (actuellement, pour un déploiement de niveau 1, le nombre global de stations configurées avoisine le millier). Dans ce but, depuis 2004, les chefs de centre d’exploitation, principaux responsables techniques de site, effectuent en amont de la phase de déploiement un travail préparatoire assimilable à une méthode PERT : identification des équipes, chronologie des tâches et répartition des responsabilités. L’ensemble de ces données étant reporté sur un tableau séquentiel qui favorise au moment du déploiement le suivi temps réel des travaux et un éventuel remaniement du dispositif en cas de difficultés. Dans un premier temps, cette mission s’applique à trois réseaux opérationnels : le réseau de théâtre ou système d’information du commandement des forces (SICF), l’intraterre, particulièrement sollicité par la composante logistique et l’internet comme réseau non classifié. Ces trois réseaux constituent encore actuellement la mission principale de la brigade. A ce jour, les chefs de centre se sont bien appropriés cette méthodologie qu’ils affinent à chaque exercice d’entraînement pour mieux l’adapter aux impératifs opérationnels. A partir de 2006, avec la livraison des équipements bureautiques complémentaires, la brigade devra compléter ses savoir-faire : appropriation du réseau “ Unclassified ” supportant l’internet de l’OTAN, appropriation du réseau NATO Secret (CRONOS) et des FAS4, les applicatifs fonctionnels de l’OTAN tels que BICES (renseignement), ADAMS (logistique). A ce tableau, il conviendra d’ajouter une capacité de mise en oeuvre du réseau interarmées SICA, dans l’éventualité d’une projection du CRR FR. C’est un total de six réseaux que les personnels auront à déployer simultanément si les conditions opérationnelles l’exigent. La maîtrise des équipements Bien que l’ensemble des équipements ne soit pas encore disponible – attente de plusieurs centaines de postes de travail pour les réseaux “ Unclassified ” et NATO Secret, attente des futures stations SICF et des nouvelles versions logicielles –, nos spécialistes ESRI sont dans un cycle de formation intégrant 68 stages sur l’administration des systèmes et des réseaux et sur la configuration des équipements de chiffrement. A terme, la brigade disposera d’une ressource de 720 spécialistes en mesure de répondre efficacement aux besoins opérationnels des forces terrestres. Il est une composante particulièrement dimensionnante qu’il conviendra d’ériger en règle de conduite : la sécurité des systèmes d’information. Celle de l’OTAN étant rigide, ses concepts devront être particulièrement assimilés par le personnel qui aura ensuite à les mettre en oeuvre au sein des différents PC. Cela se traduit en particulier par la maîtrise des nouveaux équipements de chiffrement de l’OTAN (type TCE 5), la séparation physique des réseaux de classification différente, le respect des distances entre équipements actifs et câbles de connexion pour éviter les rayonnements compromettants,… 1 HRF : High Readiness Force. 2 CRR FR : corps de réaction rapide France. 3 ESRI : emploi des systèmes et des réseaux informatiques. 4 FAS : Functional Area System. 5 TCE : chiffreur IP. suite page suivante 4 ACTUALITÉS HÉRACLÈS N° 09 L’appropriation des systèmes d’information opérationnels par la BTAC Actualités DEO suite de la page 3 DOCEX 2005, le séminaire doctrinal annuel franco-espagnol suite de la page précédente De plus, en complément de cette formation, ces spécialistes sont présents sur tous les “ fronts ” et deviennent dans leur domaine les acteurs incontournables des exercices majeurs (OPERA 3 Terre, Guibert-Hermès 2004 et 2005, Capable Warrior), des exercices d’interopérabilité avec les alliés (Cathode Emission, Combined Endeavor, Common Enterprise) et des exercices d’entraînement (FATSIC, EXCOM, FATEXTEL) ; une occasion privilégiée de se forger une expérience et des compétences techniques particulièrement riches et diversifiées que même les alliés peuvent leur envier. L’adaptabilité des personnels Les systèmes d’information appartiennent à un domaine particulièrement soumis à l’évolution des technologies. Ils sont construits à partir d’un “ patchwork ” de matériels et de logiciels, dont les briques restent fugaces et sont périodiquement renouvelées sous la contrainte des évolutions technologiques. Pour faire face à cet environnement évolutif, les spécialistes du domaine doivent constamment se remettre à niveau et déployer une remarquable faculté d’adaptation pour conserver la maîtrise des systèmes. Cette qualité est remarquablement développée dans la population des jeunes officiers et sous-officiers ESRI, qui est particulièrement souple, curieuse et innovante dans sa spécialité. Au regard des objectifs opérationnels à atteindre, la brigade de transmissions et d’appui au commandement dispose des atouts essentiels pour s’approprier efficacement les critères HRF SIC du CRR FR. Ses atouts reposent sur l’importance de sa ressource matérielle, en perpétuelle évolution, mais surtout sur la richesse, la jeunesse et les acquis professionnels de ses spécialistes, dont l’enthousiasme constitue une remarquable dynamique. Une délégation de la Division emploi organisation (DEO) du CDEF, renforcée par deux officiers de la DEP de l’Ecole d’application du Train et complétée par deux interprètes, se rendra du 11 au 17 juin au MADOC (organisme de l’Armée de terre espagnole regroupant les responsabilités/attributions du CDEF et du CoFAT), à GRENADE, pour participer au séminaire doctrinal francoespagnol annuel. Ce séminaire est organisé cette année par la partie espagnole. Il se déroulera sur le thème des “opérations en zone arrière” et s’articulera en quatre tables rondes distinctes : TR 1 – Commandement, contrôle et organisation de la zone arrière, TR 2 – Sécurité et protection en zone arrière, TR 3 – Soutien aux opérations, TR 4 – Contrôle des mouvements. Le général COMDEF se rendra à GRENADE le 15 juin pour y rencontrer son homologue espagnol et pour participer aux séances de conclusion du séminaire. Colonel Eric ROUSSEL Actualités DSRO Agenda des prochains mois Juin (6) – Comité annuel du plan de charge de la DSRO. DSRO (8 juin - 8 août) - Vérification d’aptitude au bon fonctionnement de SCIPIO V1. Plate-forme de la DSRO (13) – Mise en production d'une application (GED RETEX) de gestion électronique de documents au profit de la DREX. DREX Lieutenant-colonel Dominique SERRIÈRE EM/BTAC Chef BSIC-SSIC (27 - 30) – EURO SISO (Simulation Interoperability & Standardization Organization). TOULOUSE Juillet (5-7) – Visite au centre d'entraînement de WARMINSTER. GB 5 RETOUR D’EXPÉRIENCE HÉRACLÈS N° 09 FATSIC 2005-1 Actualités DSRO ASTEC : expérimentez de nouveaux besoins en simulation Pour développer le système de simulation SCIPIO, l’Armée de terre a consenti un effort financier et humain important. Le résultat sera manifestement à la hauteur des ressources consacrées. SCIPIO représente la manœuvre d’une division interarmes avec réalisme, si nécessaire, de manière accélérée. Grâce à ces investissements, l’Armée de terre dispose désormais d’une technologie avancée permettant l’automatisation de comportements élaborés. Les unités simulées réalisent, sans intervention d’un opérateur, les missions du TTA 106, conformément aux manuels d’emploi des fonctions opérationnelles. L’Armée de terre doit maintenant approfondir son expertise sur les capacités de cette technologie et explorer d’autres applications exploitant l’automatisation. A cet effet, la DSRO a acquis un logiciel de démonstration dénommé ASTEC (Analyse de situations tactiques et de comportement) incluant le moteur de simulation de SCIPIO, installé sur un ordinateur portable et utilisable aussi facilement qu’un jeu du commerce. ASTEC préfigure ce que sera un outil d’étude doctrinal capable de mesurer, pour l’engagement d’une grande unité, les conséquences de la modification de matériels, structures, mécanismes élémentaires ou modes d’action de ses unités subordonnées. Il sera évalué pour cet usage mais également comme outil d’aide à la décision. Dans le cadre d’un CREDOC, les stagiaires du CSEM apprécient déjà les capacités du logiciel à aider une équipe de planification, pour la confrontation des modes d’action. suite page suivante Le RITA 2G HD1, la CHF2, les nouveaux AMPC NG3 et la bascule par agrégation d’un PC de division dans un LAN4 étendu… a BTAC a organisé et conduit, du 26 janvier au 9 février 2005, l’exercice SIC/AC FATSIC 2005-1, conçu par la DIV SIC du CFAT, dans la région du VALDAHON. Cet exercice servait de support à l’expérimentation technico-opérationnelle de la CHF dans le cadre de sa mise en service opérationnelle (MSO), de la validation du RITA 2G HD avec la mise en service des nouvelles stations modifiées par la STAT, de la mise en œuvre des AMPC NG et de la bascule en grandeur réelle d’un PC principal de division vers un PC moyens réservés selon le nouveau procédé de la bascule par agrégation. L Perçues quelques mois auparavant et testées lors d’une EVTO5, les stations CHF sont destinées à remplacer les stations FHM du RITA 1G. Elles permettront un transfert en débit beaucoup plus important afin de s’inscrire pleinement dans l’objectif NEB6 fixé par l’EMAT. L’exercice FATSIC 2005-1 revêtait donc l’aspect excitant d’une aventure bien organisée d’autant plus que les différentes implantations de PC devaient être réalisées dans le cadre de la mise en œuvre d’une méthode PERT7 . A cette occasion, les AMPC nouveaux modèles ont été déployés et la coordination entre les SIC et la partie AC (dont l’énergie) a prouvé sa pertinence dans le gain de temps réalisé. Une première phase statique, à vocation technique, permettait la prise en compte de l’environnement RITA 2G HD et de la CHF au profit des BIA et la poursuite de l’appropriation pour les régiments de la brigade. La deuxième phase à vocation plus dynamique a permis, à partir d’un thème tactique simple, de déployer le maillage “nodal CHF” afin de le tester dans des conditions d’élongation correspondant aux caractéristiques d’emploi. Le couple stations RITA 2G HD et CHF a passé avec succès les épreuves technico-opérationnelles. La bascule par agrégation, pilotée par l’EMF2, a démontré la capacité d’adaptation de nos techniciens à la mise en œuvre du monde SI et à s’investir dans un projet inconnu, il y a six mois encore. Ce nouveau procédé de bascule s’appuie sur deux noyaux identiques dans chacun des CO. Un module complémentaire appartenant au PC principal fait mouvement afin de s’agréger dans le noyau dur du PC moyens réservés dans le but de reconstituer le PC principal sur sa nouvelle position. La réussite de cette opération était un paramètre important dans la conception de l’exercice GUIBERT-HERMES de mars 2005. Les conclusions de cet exercice vont permettre de renseigner les différents indicateurs opérationnels dans le cadre des directives de pilotage et en fonction des critères HRF retenus pour les SIC/AC que devra s’approprier la BTAC. EM BTAC BCPO 1 RITA 2G HD : RITA 2e génération haut débit. 2 CHF : chaîne hertzienne des forces. 3 AMPC NG : abri mobile de poste de commandement nouvelle génération. 4 LAN : Local Area Network - réseau local. 5 EVTO : Evaluation technico-opérationnelle. 6 NEB : Numérisation de l'espace de bataille. 7 PERT : Plan d'emploi des ressources et du temps. 6 RETOUR HÉRACLÈS N° 09 D’EXPÉRIENCE Actualités DSRO La bascule par agrégation du PC de division Une nouvelle conception de bascule de PC qui tire profit des NTIC1 ASTEC : expérimentez de nouveaux besoins en simulation e procédé de la bascule est utilisé pour transférer le lieu d’où s’exerce un commandement vers un autre lieu. Dans une configuration classique, un PC dispose de deux ensembles identiques qui sont activés à tour de rôle. Or, le coût humain et financier des moyens qui sont nécessaires aux PC actuels ne permet pas de disposer de deux ensembles identiques. Il y a donc des moyens en exemplaire unique qui doivent être transférés. C’est le procédé de la bascule par agrégation. L Initié par le CFAT/DIVSIC et réalisé par l’EMF2 en étroite collaboration avec trois régiments de la BTAC2 (40e RT, 48e RT, 53e RT) fin 2004, ce procédé a été mis en œuvre pour la première fois lors de l’exercice FATSIC 2005-1. Dans des conditions rendues difficiles par le froid, la neige et le verglas, un PC de division a été déployé en utilisant un LAN3 étendu au camp de Valdahon en janvier 2005. Le concept de réseau local étendu admet une séparation physique des CO4 raccordés au même serveur informatique alors que le précédent concept consistait à relier deux réseaux différents. Le principe, relativement simple en lui-même, consiste à faire cohabiter des sous-réseaux hébergés sur un même serveur. Les deux premiers sousréseaux sont considérés comme des noyaux durs du CO 1 et du CO 2. Le troisième sous-réseau est constitué par un ensemble de cellules pouvant s’agréger soit au premier soit au second afin de réaliser un CO principal en fonction de la situation tactique. L’ensemble des sous-réseaux forme le LAN du PC de division. L’accent a été mis sur la nécessité d’obtenir des liens inter-CO de grande qualité avec un débit satisfaisant puisque le sous-réseau du CO 1 est chargé de la mise à jour du sous-réseau du CO 2 dans le but de donner à l’état-major l’ensemble des services et des données nécessaires à une bonne continuité tactique. A cette occasion, un lien CHF5 a été mis en œuvre afin de garantir une transmission de données aussi rapide que possible. Au moment de la bascule, une coupure du SICF est cependant nécessaire. Grâce aux équipements à haut débit, cette coupure n’a pas excédé 35 minutes. Ce nouveau concept a été mis en œuvre avec les ressources techniques actuelles. Ces dernières sont amenées à évoluer rapidement en ouvrant de nouvelles perspectives très prometteuses qui permettront de rendre la bascule de plus en plus indépendante des contraintes techniques pour les utilisateurs des systèmes d’information. suite de la page 6 Mais la DSRO envisage d’expérimenter d’autres utilisations. En effet, ASTEC intéresse les organismes de formation qui pourraient essayer un outil capable de souligner, en quelques minutes, les qualités ou les défauts d’une manœuvre tactique, en sanctionnant par la simulation les choix effectués par leurs élèves. Le CEPC, les BIA et les EMF peuvent aussi utiliser le logiciel pour vérifier la faisabilité de leurs thèmes tactiques, la pertinence du cadre spatio-temporel et des rapports de forces choisis pour atteindre les objectifs pédagogiques recherchés par leurs exercices. Dans un tout autre domaine, le CDEF/DREX peut se servir d’ASTEC pour aider les opérationnels à décrire les situations qu’ils ont vécues. En reproduisant les combats qui se sont déroulés, la simulation aidera les opérationnels à préciser les différences entre les événements réels et simulés, soulignant ainsi les limites de la doctrine. D’autres utilisations sont encore envisageables. Si vous aussi voulez disposez d’une caisse à sable moderne et représenter l’environnement opérationnel, avec réalisme, sur un ordinateur portable, n’hésitez pas, tout simplement, à communiquer vos idées à la DSRO. EM BTAC BCPO Chef d’Escadrons Guillaume DANES CDEF/DSRO 1 NTIC : nouvelles technologies d’information et de communication. 2 BTAC : Brigade de transmissions et de commandement. 3 LAN : local area network, réseau local étendu. 4 CO : centre opérations. 5 CHF : chaîne hertzienne des forces. 7 RETOUR D’EXPÉRIENCE Actualités DREX HÉRACLÈS N° 09 Le RITA 2G1 en RCI2 Les publications de la DREX Voici comment trouver les publications de la DREX sur le site intranet du CDEF. Une fois sur le site, dans la partie documentation apparaissent les trois missions de la DREX : 1 - le retour d’expérience, 2 - l’analyse après action, 3 - la recherche doctrinale. 1 - La rubrique “retour d’expérience ” est divisée en trois sous-rubriques : zones géographiques, fonctions opérationnelles et domaines, liens intranet. La sous-rubrique “ zones géographiques ” vous présente les cahiers traitant d’une opération donnée sur un théâtre donné. Exemple : le cahier du RETEX sur l’opération LICORNE en Côte d’Ivoire. Les cahiers du RETEX traitant de thèmes transverses se trouvent dans la sousrubrique “ fonctions opérationnelles domaines ”. Exemple : L’étude sur les besoins capacitaires d'un groupement tactique interarmes engagé en zone urbaine. La sous-rubrique “ liens intranet ” renvoie aux productions principalement du domaine RETEX des autres organismes de l’Armée de terre. 2- La rubrique “analyse après action ” vous propose les mémentos et rapports d’analyse après action des grands exercices de l’Armée de terre. Les mémentos décrivent les fonctions et critères à analyser durant un exercice. Les rapports font la synthèse des principales observations effectuées lors des exercices majeurs de l’Armée de terre. Exemple : le rapport d’analyse après action de l’exercice LAROCHE 2004. Les mémentos et rapports sont classés par niveaux (1, 2 ou 3). La projection du système RITA 2G au profit de l’opération LICORNE in 2004, sur ordre du CFAT, la BTAC a préparé l’engagement du RITA 2G en Côte d’Ivoire afin de répondre aux nouveaux besoins opérationnels. Une reconnaissance conjointe avec la DIVSIC du CFAT établissait une nouvelle architecture SIC à partir des informations recueillies sur le terrain. Validé par l’EMA, le nouveau système à mettre en place consiste à déployer sur les différents sites le couple CMAI3 -Tribandes4 afin d’assurer des liaisons intersites reliées sur le PC LICORNE. Complété par des stations CART5, le dispositif permet de s’affranchir des élongations intersites importantes et d’assurer un minimum de couverture radio. F Cette projection marque le début de l’engagement en OPEX du système d’armes de nouvelle génération au moment même où le RITA 1G est désengagé du Kosovo. Couplé d’une part avec les moyens satellitaires, et d’autre part avec les dessertes d’abonnés des domaines “ SI6 ” et “ SC7 ”, le RITA 2G devrait s’imposer en tant que cœur du dispositif SIC des projections de la FAT des niveaux 1 à 3. Une nouvelle page se tourne avec cette projection du RITA 2G en RCI qui marque aussi la marche en avant vers la numérisation de nos engagements opérationnels à l'extérieur pour lesquels les SIC s'adaptent en permanence. EM BTAC BCPO 1 RITA 2G : RITA 2e génération. 2 RCI : République de Côte d’Ivoire. 3 CMAI : centre multiservices d’accès et d’interface 4 Tribandes : station satellitaire. 5 CART : centre d’accès et raccordement technique. 6 SI : système d’information. 7 SC : système de communications. suite page suivante 8 RÉFLEXIONS HÉRACLÈS N° 09 Droit de réponse la suite de l’éditorial du GDI BEZACIER dans l’Héraclès N° 08, traitant du commandement et des étatsmajors, le GCA MEILLE répond par l’article qui suit. Tous deux soulignent les exigences que le combat entraîne sur le style de commandement et le fonctionnement des PC. Dans la lignée également de la dernière “ Tribune libre” du GDI (2S) de GUILI sur le fonctionnement de nos PC actuels et du rôle des chefs, la réponse du GCA MEILLE s’inscrit tout à fait dans ce “ nouveau marbre” largement consacré à l’emploi des moyens de la BTAC au profit des commandants des grandes unités et de leurs PC. A Héraclès encourage chacun de ses lecteurs à s’exprimer à son tour, à l’exemple des autorités des forces terrestres ! Réponse de Marius à Héraclès Par Jupiter, quelle mouche maligne a donc piqué Héraclès lors de son trop bref passage dans les Champs catalauniques ? A croire son huitième marbre, nous serions ainsi parvenus en un lustre à peine à rebâtir des états-majors hyper-techniques capables d’embrasser le passé, le présent, même le futur, de percer, sans recourir aux oracles des prêtres, ce que d’aucuns dans un autre temps appelleront le brouillard de la guerre; ces étatsmajors si performants qu’ils se penseraient infaillibles dans leurs analyses et leurs directives, et tellement sûrs de leur science qu’ils pourraient désormais s’abriter loin des fureurs de la bataille ! Dans un même élan, nous aurions réussi à ramener les chefs dans leur tour d’ivoire du bon vieux temps de la guerre des siècles passés, d’où certains voici quelques années avaient eu le front de vouloir s’extraire ! Bref ce que les Bretons des siècles futurs pourront appeler “ Big Brother at war ”, … en gros ceinturon de cuir. Qu’Héraclès me désigne alors un seul des chefs de légions d’aujourd’hui - quelle que soit leur (petite) expérience opérationnelle - qui oserait prétendre que le chef militaire en notre siècle ou demain pourra désormais commander depuis l’arrière, à l’abri des coups, de la boue et du sang, confortablement relié en “ reach-back ”1 aux combattants de l’avant. Dans la cohorte de ces chefs de légions, brilleront un jour les noms de LECLERC et BROSSET. Qu’écrira ce dernier décrivant son style de commandement au terme de la chevauchée magnifique le conduisant des bords de la Méditerranée aux franges de Germanie : “ vous voulez savoir ce qu’est ma division ? Pour moi et pour les autres ?… venez avec moi, dans ma jeep2 la surprendre là où elle est, vous verrez vous-même, nous allons en faire le tour… Je suis un général qu’on voit sur la ligne de feu du matin au soir… ” Et comment dans l’histoire a-t-on jamais autrement conduit la bataille ? Si ce n’est en tête des unités engagées, comme il sied, là et où la nécessité l’impose ? Pour adapter les ordres en fonction de la bataille et du terrain, redresser les situations ou les enthousiasmes vacillants, juger de la situation et saisir les occasions en jetant son monde en avant, en un mot commander ! suite page suivante 1 Encore un futurologisme que les Bretons nous glisseront un jour. 2 Jeep : manière bretonne de prononcer l’abréviation J.P .: probablement “ Jovis Potestas ”? 9 HÉRACLÈS RÉFLEXIONS N° 09 Réponse de Marius à Héraclès suite de la page précédente Mais ce qu’Héraclès ne sait pas (où l’on voit bien qu'en leur Olympe feutré les dieux trop souvent sont aveugles à la vie) et que moi, Marius, j'ai appris : c’est le temps nécessaire pour forger un état-major et une troupe efficaces. Il m’a fallu 7 ans depuis les désastres de Neumark, puis de Macon et d’Orange pour obtenir les réformes politiques conduisant Rome à adopter l’armée de métier ; 4 ans ont été nécessaires pour introduire les réformes sociales, l’adaptation de l’entraînement, la modernisation des équipements de cette armée ; et il m’a fallu 3 années pour prendre en main mon état-major, bâtir un système logistique et une structure de renseignement opérationnels, créer et enseigner une tactique et des procédures adaptées à la menace venue d’ailleurs avant de la détruire à Pourrières et Vérone. Encore Rome m’a-t-elle laissé agir ! Plus tard BROSSET n’agira pas différemment. Lorsqu’il prendra le commandement de sa 1ère DFL en août 1943, il se constituera un état-major, l’entraînera en même temps qu’il réarmera les unités, entraînera l’un et les autres dans des exercices en vraie grandeur qui dureront une semaine; debout à 4 heures, il imposera une discipline et des procédures rigoureuses, parlera, ordonnera, écrira, enseignera ; tout juste s’il accordera 20 minutes de sieste à son état-major. Plus tard au combat, il aura de longues conversations avec son chef d’état-major à qui il racontera tout avant de rédiger brièvement ses notes ou directives ; le soir de retour au PC, il fera le point, redonnera ses orientations puis se retirera dans sa roulotte laissant travailler l’état-major et les formations subordonnées aux ordres de son chef d’état-major SAINT-HILLIER. Mais qu’Héraclès ne néglige pas la somme de travail, de répétitions et d’enseignements qu’il nous aura fallu réunir, à BROSSET comme à moi, pour atteindre cette complicité qui fait que la discipline intellectuelle et la communion de pensée de d’agir étaient faciles et naturelles pour mes officiers en 102/101 avant JC comme elle le sera pour les siens. Alors je prie Héraclès et Jupiter en leur Olympe : que le premier récupère bien vite de sa fièvre maligne ; et que tous deux laissent le temps à nos descendants de forger leur outil, de rôder leurs procédures pour tirer le meilleur parti des armes et des outils à leur disposition, d’atteindre la cohésion et la maîtrise collective suffisantes, d’apprendre à se connaître aussi dans un monde plus mouvant afin que les états-majors sachent tout de leurs commandeurs et que ces derniers aient pleinement confiance en retour dans les capacités d’organisation, de planification et de contrôle de leurs états-majors. Alors, mais alors seulement, se révéleront ces chefs avides de gloire, qui, au sommet de leur technique et de leur art, sauront exploiter l’opportunité fugitive. Peut-être aussi Héraclès leur facilitera-t-il cette tâche ainsi qu’à leurs états-majors en les dotant plus vite de maximes et commentaires courts, simples et intelligibles. GCA Robert MEILLE 10 HÉRACLÈS N° RÉFLEXIONS 09 Une étape majeure vers la numérisation de l’espace de bataille Actualités DREX Les publications de la DREX L'expérimentation technico-opérationnelle du nouveau système fédérateur de communications de l’Armée de terre a numérisation de l’espace de bataille (NEB) repose sur un réseau de communications capable d’assurer le transport des multiples flux de données générés par un ensemble interconnecté de systèmes opérationnels de communications et d’information. L Le déploiement des nouveaux moyens de technologie avancée de ce réseau de communications RITA 2G1 dans une configuration dite “Haut Débit” associé à la chaîne hertzienne des forces, a constitué le défi majeur de l’exercice d’entraînement SIC de la Force terrestre de ce début d’année, engageant les moyens nouvellement perçus de la BTAC. Cette activité d’envergure servait de support à l’expérimentation technico-opérationnelle de ce système visant à une mise en service opérationnelle par la validation du couple RITA2G HD-CHF. Nouveau support choisi pour compléter le réseau de communications, la CHF2 est destinée à remplacer les stations FHM du RITA 1G. Plus performante grâce à une technologie de pointe, elle intègre un dispositif d’automatisation et d’assistance mécanique facilitant sa mise en œuvre. Elle permet un transfert de données avec un haut débit beaucoup plus important en offrant des artères de 8 Mbits/s, voire 34Mbits/s. Le couple des stations RITA2G-HD et CHF, déployé sur l’exercice FATSIC 200501, a passé avec succès les épreuves technico-opérationnelles organisées et conduites par la BTAC. Cette étape réussie permet de se tourner vers le prochain défi que constitue l’avènement du “backbone IP3 ”, visant à offrir au système un service de transit intégré assurant le traitement dynamique et automatique du trafic IP. Cet objectif fixé pour le projet réseau de transit IP dans RITA2G-HD est l’adaptation du système aux besoins accrus de transit des flux importants de transmissions de données, générés par l’interconnexion généralisée des systèmes d’information. Cette ultime étape du nouveau système fédérateur satisfera pleinement les besoins d’échange de flux de données sans cesse grandissant, exigés par l’émergence puis l’actuelle explosion des systèmes d’information opérationnels en couvrant les besoins d’échange des trois grands niveaux de commandement. Nouveau défi pour la BTAC, les différents systèmes d’informations et de communications (SIC) doivent fonctionner de concert, en formant un ensemble cohérent pour franchir l’ultime étape que représente le “backbone IP” et en s’inscrivant pleinement dans l’objectif fixé de la NEB se traduisant par la mise en œuvre d’un véritable “Intranet tactique”. Lieutenant-colonel Pierre GALBOURDIN EM BTAC/Section coordination activités 1 RITA 2G HD : RITA 2e génération en configuration “haut débit”. 2 CHF : Chaîne hertzienne des forces. 3 Backbone IP : service de transit intégré avec traitement du trafic en Internet Protocol. 11 suite de la page 8 3- La rubrique “recherche doctrinale ” est divisée en deux sous-rubriques : les cahiers, les fiches. Les cahiers de la recherche doctrinale sont le résultat d’études menées par le bureau recherche, éventuellement en liaison avec des organismes spécialisés dans le domaine de la défense. Exemple : le cahier de la recherche doctrinale sur la stabilisation. Les fiches proposent des comptes-rendus de conférence intéressant directement le monde de la défense. Vous trouverez également des fiches de lectures d’ouvrages pouvant alimenter le débat sur des sujets d’actualité. Exemple : “ FITNA : la guerre au cœur de l’islam ” compte rendu de la conférence prononcée par Gilles KEPEL. Les fiches nouvellement mises en ligne (trimestriellement) sont accessibles dans la sous-rubrique “nouvelles fiches”. Vous trouverez ensuite l’ensemble des fiches (y compris les nouvelles) classées selon trois catégories : “défense”, “histoire” et “géopolitique”. Monsieur Pedro GOMES, CDEF/DREX Actualités DREX/Recherche Conférences mai - juin 2005 - Les civils, objets et sujets des guerres contemporaines, conférence prononcée par D. DAVID (IFRI), le 9/05/05 au CEHD. - Le conflit helléno-turc, la confrontation de deux nationalismes à l'aube du XXIe siècle, le 10/05/05 au CEHD. - Everything you wanted to know about nuclear terrorism but were afraid to ask, le 24/05/05 à l’IFRI. - Prévention des crises et conflits ethniques dans les Balkans, le 28/05/05 au CEHD. - Israël, le 14/06/05 au C2SD. RÉFLEXIONS Actualités DREX/Recherche HÉRACLÈS N° 09 La cohérence opérationnelle entre les systèmes d’information (SI) et de communications (SC) Ouvrages parus récemment Fiches de lecture Les guerres asymétriques, Barthélémy COURMONT et Darko RIBNIKAR, Presses universitaires de France, 2002. Dans ce livre, Barthélémy COURMONT et Darko RIBNIKAR tentent d’analyser les guerres asymétriques d’hier et d’aujourd’hui pour mieux prévoir les nouvelles menaces auxquelles seront confrontés les États. Leur propos consiste ainsi à examiner les concepts d’asymétrie, de dissymétrie et les guerres asymétriques dans l’histoire. Nos deux auteurs fondent leurs réflexions en partant de définitions simples : “La symétrie suppose au moins deux éléments pouvant être comparés, l’asymétrie est l’absence volontaire de symétrie et la dissymétrie un défaut de symétrie. Sur le plan stratégique, ils affirment ainsi que la symétrie est un combat à armes égales, la dissymétrie une supériorité qualitative et/ou quantitative, et l’asymétrie l’exploitation des faiblesses adverses, notamment en refusant les règles usuelles du combat.” Pour eux, “les conflits asymétriques existent depuis l’Antiquité et leur incompréhension réside souvent dans la quête effrénée d’une dissymétrie trompeuse.” C’est l’augmentation de la dissymétrie, telle qu’elle est recherchée par les forces armées occidentales en général et par les EtatsUnis en particulier, qui aboutit à accroître le champ d’application de l’asymétrie. vec la disparition progressive du RITA 1G, et la montée en puissance de la numérisation, les systèmes d’information bénéficient d’une dynamique exceptionnelle dans le domaine militaire. Auparavant, la manœuvre des SIC était principalement basée sur celle des supports orientée vers la fonction transport de la voix et de la télégraphie. Or, l’évolution technique est telle que les systèmes d’information et leurs bases de données ont pris une importance grandissante dans l’espace de bataille, au point que tous les efforts consentis ont pour objectif la maîtrise de l’information. A La nécessité d’être informé en temps réel, afin d’anticiper et d’être en avance sur le temps de l’ennemi, conduit à la construction d’un ensemble de systèmes d’information présents sur les espaces de bataille. Cette nouvelle exigence s’intègre dans la numérisation de l’espace de bataille (NEB). L’arrivée du RITA 2G a donné une dimension supplémentaire par rapport au RITA 1G par les débits offerts et par les techniques de commutation. En effet, avec RITA 2G, un maximum de 1,152 Mbits/s pouvait transiter sur les supports FHM1 alors qu’avec les supports CHF2 associés au RITA 2G le transfert peut aller jusqu’à 8Mbits/s voire 16/32 Mbits/s en fonction du type de matériel utilisé. Dans l’immédiat, le système de commutation s’appuie sur la mise en œuvre de NOC3 pour délivrer une capacité de connexions suffisante au profit de l’ensemble des PC présents sur le terrain. Dès lors, il doit y avoir une cohérence absolue entre les systèmes d’information (SI) et les systèmes de communications (SC). Cette cohérence opérationnelle se concrétise aussi par le rapprochement structurel des bureaux SI et SC dans les centres de mise en œuvre. Avec l’arrivée du “ BackBone 4 IP ”, en principe disponible à l’horizon 2007, les SI et les SC disposeront d’une plus grande indépendance des uns par rapport aux autres. La liberté des SI sera encore accrue pour donner le maximum de souplesse et de confort aux utilisateurs. Si ils soulignent l’une des faiblesses récurrentes de la guerre asymétrique en démontrant que les acteurs asymétriques ne doivent pas dépasser un seuil critique en terme de taille et de visibilité sous peine de perdre les avantages de leur nature, ils font une totale abstraction de la recherche délibérée de l’asymétrie que pratiquent les armées occidentales. Lieutenant-colonel Jérôme CARIO Chef du Bureau recherche Lieutenant-colonel Valentin SERRE EM BTAC/Chef du BCPO 1 FHM = Faisceaux Hertziens. 2 CHF = Chaîne Hertzienne du Futur. 3 NOC = network operating center. 4 Backbone IP = réseau SI utilisant le protocole Internet. 12 HÉRACLÈS N° RÉFLEXIONS 09 Actualités DREX/Recherche Evolution, oui, révolution, non a numérisation de l’Armée de terre est aujourd’hui une réalité bien vivante dans nos états-majors opérationnels. Toutefois, elle est encore loin d’être assimilée. Entourée d’un sabir d’importation souvent abscons, parfois accompagnée de déclarations péremptoires, dithyrambiques et peu réalistes, elle fait même redouter l’engagement dans des impasses organiques que le budget militaire français aurait des difficultés à pallier. Il est pourtant d’ores et déjà possible de déterminer avec de fortes probabilités ce que l’on peut en attendre à court et moyen termes. Dans le domaine de l’organisation de nos systèmes de commandement opérationnels, la réalité de demain n’est peut-être pas si complexe et si innovatrice qu’on peut le penser. Révolution incontrôlée ? Probablement pas. Evolution maîtrisable ? Certainement. L Pour lancer une telle affirmation, il suffit de constater que l’architecture des systèmes de commandement est conditionnée depuis toujours et probablement pour longtemps encore sur deux invariants : la sauvegarde et la liberté d’action du chef. Tout d’abord considérons que le quartier général au combat est une cible et en tant que tel, il est soumis à l’enchaînement traditionnel des attaques - parades : • La cible évitera avant tout d’être détecté. Pour cela, elle doit être furtive et de taille réduite. • Si elle est détectée, elle doit bouger pour gêner la préparation de l’attaque. • Si elle est attaquée, elle doit être cuirassée pour limiter les effets de l’agression. • Si le bouclier protège mal, elle doit disperser ses œuvres vives pour en sauver la majeure partie. • Si la dispersion ne suffit pas, elle doit être dupliquée pour qu’une autre entité prenne ailleurs le relais. Ces capacités modèlent depuis toujours l’organisation de nos systèmes de commandement. La menace détermine seulement celles qui doivent être accentuées et celles qui seront atténuées ou écartées. Le quartier général doit ensuite offrir au chef l’environnement nécessaire à l’exercice de son commandement. Sachant que celui-ci consiste à élaborer des ordres puis à contrôler leur exécution, le fait culturel militaire et les exigences psychologiques du combat font varier le poste de commandement en fonction de ces deux phases qui s’enchaînent en permanence. Dans la première, la décision du chef s’appuie toujours et de plus en plus sur le travail préparatoire de l’état-major. Notre culture militaire privilégiant le contact physique entre le conseiller et le conseillé, avançons que le chef doit être présent physiquement parmi son état-major au moins pendant la phase d’élaboration des ordres, si possible dans un environnement relativement calme, confortable et sécurisé, favorable aux conjectures tactico-intellectuelles. Abriter un état-major complet dans des conditions optima pour la qualité de sa production demande une structure relativement lourde, que la menace conduit parfois à disperser (on dit alors que le PC est éclaté) et éventuellement à dupliquer, au moins partiellement. Les déplacements du PC pourront s’appuyer sur ces moyens réservés, selon le procédé que les spécialistes qualifient du terme techniquement évocateur de bascule par agrégation successive et qui ressemble beaucoup aux anciennes bascules avec PC harpon. suite page suivante 13 Fiches de lecture Nuclear Terrorism, The Ultimate Preventable Catastrophe Graham Allison New York, Henry Holt, 2004. Le professeur de sciences politiques de l’université de Harvard et auteur du classique “ Essence of Decision ” se livre dans son nouvel ouvrage à une réflexion sur le terrorisme nucléaire, risque qu’il juge sérieux mais dont il tente de voir comment on peut le prévenir. Il insiste sur la nécessité de mieux protéger l’arsenal nucléaire et le nucléaire civil, d’éviter par tous les moyens la prolifération et l’acquisition de l’arme nucléaire par de nouveaux Etats ou d’autres acteurs. Il pense qu’il eût mieux valu se concentrer sur la guerre contre le terrorisme que d’aller aussi en Irak en même temps. L’auteur préconise une politique étrangère américaine plus humble, qui s’appuie sur ses alliés, et qui renforce les capacités de renseignement contre la menace du terrorisme nucléaire. L’ouvrage permet de penser la menace sous un angle que l’on évoque plus rarement en Europe qu’aux Etats-Unis. Professeur Stephen DUSO-BAUDUIN, CDEF-DREX, bureau Recherche Publications Dans le cadre de ses publications, le bureau recherche vous propose le cahier des “ fiches de la recherche doctrinale ”. Cet ensemble de fiches de lectures et de comptes-rendus de conférences et de colloques regroupés autour de quatre thèmes abordent des questions d’actualité en les mettant en perspective. Parution juin 2005. Lieutenant-colonel Jérôme CARIO Chef du Bureau recherche RÉFLEXIONS HÉRACLÈS N° Actualités Grandes Unités Héraclès a ouvert depuis quelques temps une nouvelle rubrique, les “Actualités Grandes unités ”, destinée aux EMF et aux brigades qui souhaitent faire connaître une activité majeure ou exceptionnelle. Nous attendons leurs articles (courts : 1 000 à 1 300 caractères) à la rédaction pour le 20 des mois pairs. 09 Evolution, oui, révolution, non suite de la page 11 Cependant, de par son importance physique et morale et le poids des contraintes induit par les bascules, il serait souhaitable qu’il n’évolue que dans des zones sécurisées et donc éloignées de la zone des opérations rapprochées. Cela pose peu de problèmes pour le corps d’armée ou la division, mais beaucoup plus pour la brigade qui agit dans cette zone des opérations rapprochées, no man’s land du combat en espace lacunaire. Mais est-il encore aujourd’hui impératif de déployer un PC principal dans sa propre zone d’action ? Actualités Ecoles Expérimentation CAESAR Dans le cadre de l’expérimentation tactique du nouvel automoteur de 52 calibres CAESAR, la direction des études et de la prospective de l’école d’application de l’artillerie conduira fin avril une série d’essais en terrain libre dans la région de Valence. Cette manœuvre conduite en liaison avec le 93e régiment d’artillerie de montagne, doit permettre de valider les études relatives à l’emploi futur de la section de tir équipée de ce matériel. Marqué par de nombreuses évolutions tactiques, la manœuvre de la section de canon CAESAR se caractérise par son dynamisme et une grande autonomie des lanceurs. Cela se traduit, entre autres, par des modifications substantielles de l’action des équipes de reconnaissance, mais aussi par la disparition de la notion de position de batterie telle qu’elle était communément admise. Proche de la manœuvre du système d’arme LRM, celle de la section CAESAR assurera au canon une survivabilité accrue et va requérir des chefs de pièce une forte capacité d’initiative. Matériel valorisant pour ses servants, le canon CAESAR apportera aux brigades interarmes, au travers de ses performances et de sa manœuvre, de nouvelles capacités d’action, en particulier dans les intervalles. L’EXTA du mois d’avril 2005 devrait permettre de confirmer les orientations déjà acquises dans la manœuvre de ce nouveau lanceur dont 72 exemplaires ont été commandés par l’Armée de terre. A l’inverse, le contrôle de l’exécution de l’ordre, également appelé conduite, peut et, au moins au niveau de la brigade et en deçà, doit se pratiquer à l’avant. La raison n’est pas uniquement due à une meilleure perception des réalités. Gageons même que la technologie offrira sous peu de meilleures capacités de contrôle à partir de l’arrière. En ce domaine, nous entrons dans le champ immatériel du charisme et de l’autorité du chef. Le soldat appréciera toujours que son chef prenne sa part de risque à ses côtés. En retour, la présence du chef auprès de son subordonné est souvent un stimulant nécessaire et cela à tous les niveaux. En résumé, la place du chef au combat doit être celle qu’il pense être la meilleure pour commander et non celle qui lui est dictée par les moyens techniques. Repensons un instant aux malheureux chefs de la Grande guerre qui étaient anxieusement rivés par le téléphone dans leur abri “ à la poignée de l’éventail ” ! La conduite au niveau de la brigade, et dans certaines circonstances aux niveaux supérieurs, demande donc un poste de commandement avancé dans le sens que sa position géographique raccourcira les déplacements physiques du chef vers ses subordonnés. Le risque accru de la zone avant privilégié une configuration furtive et mobile. Néanmoins, des décisions de conduite devront être prises dans ce PC pour corriger ou profiter des évolutions de situation et une équipe de commandement entourera le chef pour préparer son choix et le transformer en ordre. Pour permettre un confort de travail minimum, sa taille même réduite constituera toujours un boulet trop lourd à traîner par le chef qui veut commander à l’avant. Pour cette raison et afin de conduire l’action avec une liberté d’action maximum, le chef doit disposer d’un autre PC extrêmement léger et mobile qui lui permettra de se déplacer selon sa convenance en restant en liaison constante avec son état-major. Il convient pour cela de redéfinir la notion de PC tactique. Aujourd’hui ce PC tactique dont la fonction diffère nettement du PC avant exposé supra, doit être articulé autour d’un véhicule ou d’un hélicoptère de commandement, en oubliant les exemples que nous avons tous en tête et qui s’apparentent désormais au PC avant. En contrepartie, l’absence d’équipe de commandement conséquente ne lui permettra pas d’élaborer des ordres de conduite majeurs. Pour cela, il reviendra dans son PC principal ou, s’il existe, dans son PC avant. suite page suivante suite page suivante 14 HÉRACLÈS N° RÉFLEXIONS 09 Actualités Ecoles Evolution, oui, révolution, non suite de la page 12 En synthèse, un quartier général opérationnel pourrait être articulé : • en un PC principal où l’ordre est élaboré. Installé en shelters, sous tentes ou en infrastructure suivant la situation et les contraintes tactiques, son importance et sa stabilité varient suivant le niveau considéré. En fonction de la menace, il peut être éclaté et dupliqué, au moins partiellement grâce à des moyens réservés. Sa mobilité limitée incite à l’implanter en zone sécurisée. • en des moyens réservés qui, par souci d’économie, ne dupliquent que partiellement le PC principal (au minimum le cœur opérationnel strictement indispensable en cas de neutralisation du PC principal) et forment PC harpon lors des bascules. Lorsque la situation l’exige, les moyens réservés peuvent permettre la constitution d’un PC avant où le chef pourrait y exercer, s’il le désire, la conduite de la manœuvre. Plus mobile et réduit que le PC principal, il est armé par quelques shelters qui concilient au mieux mobilité et optimisation du travail. Notons que ce PC peut également être utile pour coordonner ou faire coordonner “au plus près” par le commandant adjoint une action particulière de certains des subordonnés (action secondaire s’insérant dans la manœuvre globale, modes d’action nécessitant un contrôle étroit comme un franchissement centralisé ou une reprise de liaison, etc.). • en un PC tactique “sur roues” ou aéromobile qui permet au chef de se déplacer à son gré, en bénéficiant des informations arrivant dans ou sortant de son étatmajor, grâce à un véhicule ou un hélicoptère de commandement spécialement équipé. Toutefois, l’avenir proche (le seul qui intéresse le praticien) ne permet pas d’espérer exercer la plénitude du commandement à partir de ce moyen. Le chef connaîtra toutefois la position, la capacité opérationnelle et l’action en cours de tous ses subordonnés, ce qui est déjà un progrès fondamental dans le commandement au combat. Le quartier général peut ensuite être complété par des PC spécialisés (PC arrière, PC base arrière) imposés par la situation opérationnelle ou par les charges spécifiques du niveau de commandement, le plus souvent au niveau 1, éventuellement au niveau 2. Ce système de commandement qui peut être appliqué à tous les niveaux de commandement opérationnel avec, nous avons pu le constater précédemment, les adaptations exigées par la variation des responsabilités, offre l’avantage d’être simple, économique et de ne pas exiger un bouleversement des mentalités car il s’appuie avant tout sur la menace, sur la culture militaire nationale et sur la psychologie du soldat au combat. Et l’électron dans tout cela ? Si l’articulation de nos quartiers généraux reste relativement pérenne, l’impact de la numérisation se concentre dans l’organisation interne et les procédures de fonctionnement des postes de commandement. Lorsque cette modernisation aura été pleinement assimilée, nos étatsmajors info-valorisés produiront plus vite des ordres et des comptes rendus mieux exploitables. Nous n’en sommes pas encore là, mais les outils sont (presque tous) à notre disposition pour y arriver. Courage ! Thomas EDISON ne nous a-t-il pas appris que le génie, c’est 1% d’intuition et 99 % de transpiration ? Colonel Dominique BOISSIE* CDEF/DEO * Décédé en service le 7 avril 2005 15 suite de la page précédente Mise en œuvre du système ATLAS La direction des études et de la prospective de l’école d’artillerie achèvera en avril la mise au point du premier manuel d’emploi du groupement d’artillerie canon agissant sous environnement ATLAS. Ce document consacre l’entrée de l’artillerie dans l’univers du champ de bataille numérisé. Cette réalité va offrir de nouvelles possibilités d’emploi pour l’artillerie dans le cadre de l’action interarmes. Bien évidemment ces possibilités vont s’accroître dans les années à venir, au fur et à mesure des évolutions des versions du système ATLAS. Dans un premier temps le système va permettre une plus grande souplesse structurelle. Cela conduira à un meilleur dimensionnement des forces lors de la génération, en particulier au regard des effets attendus. Il convient toutefois de ne pas perdre de vue certains seuils critiques d’efficacité. Par ailleurs cette évolution autorisera l’adaptation directe de moyens d’artillerie canon aux unités interarmes, adaptation qui peut dans certains cas être nécessaire et pertinente. Ce système permet surtout d’offrir dès à présent une vision numérisée du champ de bataille au sein des PC de BIA. La multiplicité des terminaux et la capacité d’édition, en temps réel, de situations tactiques locales, offrent au décideur interarmes une capacité de compréhension complémentaire de son environnement. suite page suivante HÉRACLÈS TRIBUNE LIBRE Actualités Ecoles N° 09 L’interopérabilité : un défi à relever par la BTAC dans la perspective du CRR FR Mise en œuvre du système ATLAS suite de la page précédente Ultérieurement les capacités d’interopérabilité du système vont concourir à une meilleure efficacité entre systèmes d’acquisition et systèmes d’agression au travers de l’établissement de boucles courtes – éventuellement interalliées. ATLAS, système de commandement intégré, automatisant fonctions feux, manœuvre, renseignement et logistique, constitue une avancée importante pour l’artillerie au service de l’action interarmes. Lieutenant-colonel CULOT EAA/DEP - Chef bureau appuis indirects Rappel de la rédaction Les directions des études et de la prospective des écoles d’application (ainsi que les centres d’étude) peuvent profiter des colonnes de la nouvelle rubrique “ Actualités Ecoles ” de Héraclès. Elles sont invitées à nous faire parvenir des brèves sur leurs activités les plus importantes. Compte tenu de la place disponible dans nos colonnes, une seule brève (d’une longueur de 1 000 à 1 300 caractères - traitant bien sûr d’une activité doctrinale) est normalement publiée par école. Pour l’instant, seules certaines écoles en profitent et elles ont bien raison … a France a fait le choix d’entrer résolument dans le groupe des nations capables de participer à la force de réaction de l’OTAN (NRF1). Cette force interarmées multinationale s’appuie sur des corps de réaction rapide (NRDC2) capables de s’engager dans des délais très courts (à partir de 5 jours) et de soutenir des opérations pendant 30 jours en autonomie complète dans les zones les plus hostiles de la planète. Ce choix opérationnel n’est pas neutre en termes de SIC et la BTAC sera en première ligne pour permettre à l’armée de terre de réussir la certification de son corps de réaction rapide. Si les choix politiques de coopération internationale imposent de fait des activités d’entraînement communes, le chemin à parcourir pour atteindre une véritable capacité d’interopérabilité SIC est long et compliqué. En effet, les domaines majeurs dans lesquels les transmetteurs sont désormais appelés à agir sont multiples et font appel à des notions de standards techniques et opérationnels qui sont déjà connus et maîtrisés de longue date par nos alliés. Certes la France est désormais dotée de systèmes de transmissions parfaitement interopérables avec ceux des autres nations de l’Alliance, mais elle souffre encore de multiples maux qu’il lui faut soigner au plus vite. L’isolement relatif de la France vis-à-vis de l’OTAN pendant plus de 30 ans nous conduit aujourd’hui à agir fermement dans tous les domaines pour s’imprégner à nouveau des us et coutumes professionnels de nos alliés. L • La première action à mener est sans conteste l’apprentissage de la langue anglaise. Il aurait été illusoire de pouvoir convertir la majorité de nos alliés à la pratique de la langue de Voltaire. Il nous reste donc à combler nos lacunes dans la langue de Shakespeare. La capacité à communiquer en anglais concerne tous les échelons du monde des SIC, les décideurs, les concepteurs et les acteurs. L’interopérabilité, c’est avant tout, pouvoir communiquer pour réaliser l’œuvre commune. • Une autre action essentielle à conduire concerne l’acquisition des procédures OTAN et la connaissance des STANAG3. L’énorme machine “ OTANienne” avance au rythme d’un rouleau compresseur, lentement, sûrement et efficacement. Cette efficacité repose principalement sur sa capacité à stocker des données pour ensuite élaborer des procédures dont elle ne sort quasiment jamais. Le corps HRF4 dont la France va se doter sera “contrôlé ” par une commission qui vérifiera l’application scrupuleuse des critères qui ont été élaborés ces dernières années. Ces critères correspondent à des standards qui ne laissent pas de place à l’initiative ou à l’improvisation, en particulier dans le domaine des SIC. 1 Nato Response Force. 2 Nato Rapid Deployable Corps. 3 STANdard AGreement. 4 High Readiness Force. suite page suivante 16 HÉRACLÈS N° TRIBUNE LIBRE 09 - planification fine, en liaison avec le G6 du futur corps HRF, de l’ensemble des activités d’entraînement spécifiques en fonction des rendez-vous opérationnels fixés au calendrier de l’OTAN, (certification HRF, certification NRF et prise d’alerte NRF). L’interopérabilité : un défi à relever par la BTAC dans la perspective du CRR FR suite de la page précédente Dans les deux années à venir, les SIC devront faire face à un rendez-vous opérationnel d’une très grande complexité technique couplé à une véritable révolution culturelle qui concernera tous les acteurs. Ce rendez-vous, aux dimensions politiques et stratégiques, repose, pour l’essentiel, sur la capacité du monde des SIC au sens large du terme, à s’adapter aux technologies les plus modernes détenues par les alliés et à leurs procédures. Pour cela, la BTAC, et en particulier son état-major, se met dès à présent en ordre de bataille, en définissant des règles et des procédures adaptées, en formant spécifiquement du personnel pour constituer des équipes de marque correctement armées, en établissant des contacts étroits avec les brigades de soutien des corps HRF déjà créés, en participant systématiquement aux exercices techniques multinationaux tels que COMBINED ENDEAVOR placé sous l’égide de USEUCOM14, CATHODE EMISSION pour l’OTAN et BLUE GABRIEL au titre du CRRE15. • La troisième action dimensionnante concerne la participation des unités de la BTAC aux exercices multinationaux. Certes les exercices du type CPX5 (GUIBERT, DAVOUT, CAPABLE WARRIOR), sont indispensables pour l’entraînement du personnel dans le cadre de la desserte et du déploiement des PC ; cependant, il ne faut pas négliger l’aspect purement technique. Le défi principal reposera sur la capacité des unités à se raccorder à l’OTAN, prendre en compte l’ensemble des services spécifiques (NU, NS, ICC, IVSN6, VTC) délivrés et ainsi s’intégrer aux NICS7 et NIDTS8, puis les relayer jusqu’aux échelons subordonnés désignés (divisions, brigades et corps troops9). Ces raccordements et déploiements techniques s’appuient sur des matériels qui doivent au préalable répondre aux labels imposés par NC3A10. Ils doivent s’effectuer en respectant scrupuleusement les règles drastiques imposées par la SSI contrôlée par SHAPE. Ces actions, pour être menées à bien, nécessitent la sensibilisation de l’ensemble du personnel à cette nouvelle donne pour les SIC de l’Armée de terre et la réalisation des actions suivantes : Lieutenant-colonel Fabrice MAUCOTEL - politique de masse d’apprentissage de l’anglais, - détermination exacte de la population nécessaire à mettre en stage auprès des organismes (NCISS11, NS12, NCSA13, etc..), - participation intensive et systématique à l’ensemble des exercices techniques multinationaux, - contacts étroits à établir avec les états-majors alliés des autres corps HRF, pour nouer des liens et ainsi développer, pérenniser, échanger des idées et des informations (la participation aux exercices SIC de l’OTAN dédiés aux corps HRF, tels que CATHODE EMISSION facilite ces contacts), 5 Command Post Exercise. 6 Nato Unclassified, Nato Secret, Integrated Command and Control, Initial Voice Swiched Network. 7 Nato Integrated Communications System. 8 Nato Initial Data Transfer System. 9 Corps Troops ( brigade ou bataillon directement sous le commandement du CRR). 10 Nato Consultation, Command and Control Agency. 11 Nato Communications and Information Systems School. 12 Nato School. 13 Nato CIS Operating and Support Agency. 14 United States EUropean COMmand. 15 Corps de Réaction Rapide Européen. - utilisation d’une base de données commune d’interopérabilité SIC (concernant les données techniques et les personnels instruits spécifiquement), - identification des procédures rapides de concertation et de communication entre les états-majors (utilisation accrue de la VTC), 17 HÉRACLÈS TRIBUNE LIBRE N° 09 Pour assurer le déploiement et le fonctionnement des PC, de nombreux spécialistes de l’appui au commandement œuvrent en commun : fantassins, pilotes VTLR, caristes, énergistes, spécialistes vidéo, cuisiniers … et des personnels qui ont de réelles compétences complémentaires pour assurer l’accueil, le “ badgeage”, le logement, le fléchage … L’appui au commandement au sein de la BTAC epuis 2002, la brigade de transmissions et d’appui au commandement a pris en compte la mission de mise en œuvre de l’appui au commandement (AC). Cette mission comprend le déploiement, la protection et le soutien-vie réel des PC de niveau 1. La BTAC doit également pourvoir à certains besoins des PC logistiques (GST, GSIAT, ADCONFR) et renforcer les bataillons de quartier général des EMF pour le déploiement et la protection des PC de division. D Les études Dans le domaine de l’appui au commandement, la BTAC est conviée à participer à différentes études. La plus importante actuellement, consiste à rédiger le document de doctrine : SQG 956. Pendant du TTA 956 et du SIC 956, le SQG (soutien de quartier général) 956 devrait définir l’appui au commandement et le SQG et poser les bases de l’organisation du soutien des PC de la force terrestre de niveau 1 à 3, en débutant par la conception pour aller jusqu’à l’exécution. Les exercices majeurs OPERA 3T, CAPABLE WARRIOR, GUIBERT-HERMES ont permis une appropriation rapide de la mission dans sa globalité, mais de nombreux points restent à préciser et la perspective de certification du CRR FR est un nouvel objectif majeur en vue. Dans le cadre du corpus doctrinal en cours de rédaction, la BTAC participe également aux travaux sur le SIC 500. Pour ce qui la concerne, la BTAC apporte son expertise technique (emploi des moyens, contraintes techniques) pour la définition d’architectures de PC de niveau 1. Il est en effet opportun, pour parvenir à une plus grande efficacité et une meilleure réactivité, de consolider un concept de PC et de modéliser tous les CO, dont le déploiement SIC et AC est très technique et nécessite une préparation minutieuse. Les unités participant à l’appui au commandement Après le 43e RI, c’est le 6e RCS (qui sera créé en juillet 2005) qui assurera la mission de protection et de déploiement des PC. Il détiendra, à terme, l’essentiel des abris modulaires de poste de commandement (AMPC = shelters) de l’Armée de terre. En renforcement du 43e RI, le 6e RCS participera également au soutien-vie réel des PC de niveau 1. La fourniture des moyens de production et de distribution d’énergie nécessaires au soutien des PC de niveau 1 et 2 relève de la brigade du génie. Si les missions de la brigade de transmissions et d’appui au commandement doivent encore être précisées pour sa composante AC, il convient également de se rappeler que l’appui au commandement n’est pas le domaine réservé de la BTAC. C’est en réalité un vaste chantier qui concerne tous les états-majors des forces terrestres. Le déploiement des PC Le bureau appui au commandement de la brigade rédige les ordres de l’AC et propose la conduite de l’engagement des moyens AC de la BTAC. Avec quatre compagnies d’appui au commandement (CAC) et une CSO (compagnie de soutien opérationnel), la BTAC doit être en mesure de fournir les moyens d’appui au commandement nécessaires au déploiement, à la protection et selon le cas au soutien-vie réel de 8 PC pour les forces terrestres. Chef d’Escadron Eric VAUTRIN Chef du BAC Après avoir effectué une reconnaissance tactique de la zone d’implantation du PC, une reconnaissance technique conjointe SIC et AC est menée avant que les premiers AMPC et moyens SIC ne soient déployés sur le terrain. 18 HÉRACLÈS N° TRIBUNE LIBRE 09 Nos lecteurs réagissent ! Un rappel de terminologie Le CBA TARD du CDEF/DSRO répond au LCL ROSSI de l’EM 7e BB au sujet des MCO des BIA au CEPC et sur JANUS Le terme OOTW, d’origine anglo-saxonne, est défini par l’OTAN comme suit1 : “Activités militaires en temps de paix et de conflit qui n’impliquent pas nécessairement de confrontations armées entre deux belligérants ”. En fait, ce sont tous les types d’opérations hors “guerre”, au sens propre du terme, qui engagent des forces militaires. D’autre part, l’IM 1 0002 donne une classification générale des opérations qui énumère de manière exhaustive : • La guerre, • Les opérations de guerre, • Les opérations de soutien de la paix (OSP), • Les opérations de sécurité, • Les opérations de secours d’urgence. L’entraînement aux opérations de soutien de la paix article du lieutenant-colonel ROSSI de l’EM de la 7°BB d’Héraclès n°8 intitulé “ Vers des MCO virtuelles mais réalistes des PC de BIA ” me fait réagir et je voudrai poursuivre la réflexion d’un point de vue technique, c'est-à-dire en considérant l’organisation des exercices d’entraînement aux opérations de soutien de la paix (sous-entendu en mode opératoire “maîtrise de la violence”). Comme il y est souligné, les compétences détenues dans ce domaine se limitent principalement aux exercices de coercition de forces : toujours face à un ennemi “ PAVA-like”. Changer le mode opératoire ciblé de ces exercices n’est pas anodin : cela nécessite une organisation originale et un fonctionnement nouveau de l’animation. C’est un nouveau savoir- faire. L’ Les opérations de soutien de la paix sont définies, entre autres, dans le TTA 1063. Elles comprennent les opérations de soutien à la diplomatie préventive, les opérations de rétablissement, de maintien, d’imposition et de consolidation de la paix. Les OSP sont donc le sous-ensemble des OOTW qui intéresserait l’entraînement et la préparation des brigades et divisions. En effet, aucun exercice sur les opérations de sécurité et de secours d’urgence n’est planifié pour leurs états-majors. Plutôt que d’évoquer les OOTW, il convient donc de parler d’opérations de soutien de la paix. Enfin, le terme “maîtrise de la violence” est également employé de manière assez floue et parfois est appliqué à un type d’opération. En fait, il s’agit d’un mode opératoire et il s’oppose à “coercition ” ou “coercition de forces ”. Très peu de CAX de type OSP4 ont été organisés et l’Armée de terre n’en maîtrise certainement pas encore les savoir-faire. Il convient d’en définir brièvement, ou de rappeler, un certain nombre de particularités. Par ailleurs, peu d’outils de simulation existent. La DSRO mène déjà depuis un certain temps des évaluations de logiciels de simulation devant permettre l'entraînement des PC de brigade et de division aux “opérations de basse intensité ”. L’Armée de terre a acquis un simulateur, SPECTRUM, destiné aux exercices de type OOTW (Operations Other Than War), sigle utilisé couramment dans le vocabulaire militaire mais non défini formellement dans la doctrine française et maladroitement traduit par “opérations autres que la guerre”. Le premier exercice au profit d’une brigade, LICTEUR, utilisant cet outil doit avoir lieu en mai 2005 au CEPC de Mailly. Mais comme SPECTRUM sera frappé d’obsolescence à court terme, il devra être rapidement remplacé. Le choix de son successeur dépend des objectifs des exercices assistés par ordinateur (CAX) de type “opérations autres que la guerre” ou plus exactement “opérations de soutien de la paix ” (OSP). 1 Military activities during peacetime and conflict that do not necessarily involve armed clashes between two organized forces. 2 §2.3 une classification générale des opérations. 3 Opération ayant pour but de maintenir la paix ou de faciliter le retour à la paix dans un pays en état de crise interne ou entre deux pays, alors qu’il existe un risque majeur pour la sécurité ou la survie des populations. Cette opération impartiale est menée avec ou sans le consentement des parties : elle est placée sous les chapitres VI ou VII de la charte des Nations Unies et est initiée par le mandat d’une organisation internationale. Ce vocable englobe : • les opérations de soutien à la diplomatie préventive, • les opérations de rétablissement de la paix, • les opérations de maintien de la paix, • les opérations d’imposition de la paix, • les opérations de consolidation de la paix. Ces missions entrent dans le cadre d'opérations d'intensité variable avec des forces militaires et des organisations diplomatiques et humanitaires. 4 Il y a eu KOSOVO avec le CSEM en 2001 et 2002. Il y aura bientôt LICTEUR au CEPC en mai 2005. Pour aborder la problématique de ces exercices, il est nécessaire de faire un rapide rappel de terminologie car, comme le montrent déjà les premiers paragraphes, celle-ci est riche, abondante et souvent ambiguë. Ensuite nous pourrons voir les caractéristiques d’un exercice en OSP puis énumérer différents types d’exercices envisageables dans ce domaine. suite page suivante 19 HÉRACLÈS TRIBUNE LIBRE N° 09 • une succession de cas concrets. Cela peut permettre des “sauts de temps” afin de bénéficier des actions à plus ou moins long terme comme, par exemple, la remise en état d’une usine. Cela permet également le recadrage artificiel du scénario. La simulation n’est peut-être pas nécessaire. • Les CAX en temps réel. La durée des exercices étant limitée en général à une semaine maximum, les actions OSP sont restreintes à des actions ou réactions à court terme (contrôle de zone, gestion d’attentats, etc.). • Les CAX à temps compressé. Le temps virtuel (celui du jeu) est accéléré et continu. Cet exercice peut permettre de jouer des actions à moyen ou long terme comme, par exemple, la préparation du départ de la force. SPECTRUM peut gérer ce genre d’exercice. • Exercice avec réversibilité. Il s’agit, pour la force ou une partie de la force, de basculer de haute intensité à OSP, ou inversement. Il semblerait que l’Armée de terre s’orienterait vers ce type d’exercice car l’expérience prouve que les théâtres d’opération mêlent souvent les deux modes opératoires maîtrise de la violence et coercition (concept de la “ Three blocks war”). Nos lecteurs réagissent ! suite de la page précédente Les caractéristiques des exercices de type OSP Les CAX en OSP sont bien différenciés de ceux de type “guerre” tels les AURIGE et GUIBERT. En effet, l’important n’y est pas de gagner des batailles opposant deux belligérants5 mais de connaître et gérer les conséquences de toute action sur les parties en présence. Ces actions peuvent ne pas être exclusivement militaires (aide humanitaire, aide à la reconstruction de la vie de la cité, communication opérationnelle, etc.). De même, les parties en présence ne sont pas uniquement des forces armées (ONG, populations civiles, manifestants, etc.) et, surtout, peuvent être en nombre multiple avec des relations complexes entre elles. En matière d’exercices, cela se traduit par la prépondérance de la gestion des évènements (incidents ACM - Actions civilo-militaires -, réactions de la population, des ethnies, etc.) sur les combats. Les quelques exercices bien réussis (KOSOVO au CSEM en France, VIKING en Suède) dans ce domaine ont montré l’importance des “jeux de rôle” (présence physique des médias, des ONG, etc.) dans la conduite de la manoeuvre. En fait, dans un CAX de type OSP, la simulation n’a qu’un rôle secondaire consistant à ne gérer que les délais de mise en œuvre et à fournir une description de l’environnement. Le rôle d’arbitrage des combats devient secondaire puisque c’est toujours l’attaquant qui gagne que ce soient les bleus par leur puissance écrasante ou le terroriste en ayant réussi à s’infiltrer dans le dispositif ciblé. Il sera difficile à un seul logiciel de pouvoir simuler parfaitement toute la variété des types d’exercices possibles. Il est donc nécessaire de connaître les objectifs du commandement en matière d’entraînement ou de préparation aux OSP avant de se prononcer sur le choix d’un successeur à SPECTRUM et de s’engager sur des exercices dans ce domaine. Conclusion L’argument “qui peut le plus, peut le moins” justifiant la préparation et l’entraînement des unités dans le mode opératoire coercition de forces en vue d’opérations de soutien de la paix semble être de moins en moins satisfaisant. Il semble tellement évident qu’il faille entraîner les unités pour ce qu’elles feront réellement demain : du soutien de la paix. Les exercices du domaine “opérations de soutien de la paix” sont bien différenciés de ceux de type “guerre”, notamment par l’importance donnée à la gestion des “évènements” et la multiplicité des acteurs. Une grande variété d’exercices en OSP est envisageable, mais il est peu probable qu’un seul logiciel de simulation puisse la couvrir totalement, imposant ainsi des choix à l’Armée de terre par rapport à ses objectifs de formation et d’entraînement. Enfin, l’expérience révèle un dernier écueil qui est celui d’évaluer l’efficacité de ses propres actions. En haute intensité, il est facile de juger l’évolution de la situation et la justesse de ses décisions par les pertes humaines et matérielles, le terrain conquis. En OSP, la plupart du temps, les combats sont de basse ou moyenne intensité, imbriqués, le terrain n’est plus forcément un enjeu. Ces critères ne peuvent donc plus être appliqués. Comment le “brigadier” pourra ressentir à partir de l’animation que, par exemple, la fermeté ou la compréhension vis-à-vis d’une partie de la population va faire “gagner” la force ou réussir la mission ? L’instrument de mesure reste donc à définir, voire à inventer. Quelques pistes existent toutefois. SPECTRUM se sert d’un taux de satisfaction des ethnies. Chef de bataillon Laurent TARD Chef de la section MCO des simulations de la DSRO Les types possibles d’exercices en OSP Selon les objectifs d’entraînement, les exercices peuvent mettre en œuvre différents modes d’action spécifiques aux OSP et donc prendre différentes formes. Par exemple, en première approche (liste non exhaustive) : 5 En OSP, conflit le plus souvent dissymétrique ou asymétrique, il paraît évident que la coalition “ bleue” écrasera son opposant dans toute confrontation armée. 20 HÉRACLÈS N° TRIBUNE LIBRE 09 nent avec ardeur. Comme chef de BOI, j’étais déjà surpris par les réactions enthousiastes après les premières semaines de combat en Irak. Dans la presse de vulgarisation, on y saluait “ le renouveau du mécanisé ”. C’est un faux débat que les notions de combats embarqué et débarqué étaient pourtant supposées résoudre. Les chars (lourds ou légers) pratiquent le combat embarqué ; l’infanterie (qu’elle soit en AMX10, VBCI, VAB ou VLRA) combat débarquée4. LAPALISSE n’eut pas dit mieux. Il faut arrêter ces querelles stériles que toute volonté – louable - de clarification ne fait qu’entretenir. Le combat d’infanterie se conduit à pied -donc à 5km/h - même avec des XL en appui et la nature du ou des véhicules blindés de l’unité engagée n’y changera pas grand chose5. En combat de haute intensité et quel que soit le niveau tactique, la conquête de tel carrefour ou de tel immeuble se résumera toujours à une approche directe, c’est-à-dire par le feu (les appuis) et/ou le choc (l’assaut). Le combat interarmes des formations blindées : réactions ou simples remarques n parcourant le dernier numéro d’HERACLES, je suis assez frappé – mais aussi rassuré- des réflexions qui fleurissent sur le combat interarmes. Tout à trac, j’y lis l’impact et le renouveau du combat interarmes que provoque la mise en service du LECLERC, ainsi que les interrogations liées au vocabulaire tactique ou à l’émergence de nouveaux concepts tels que le GAEV. Il s’avère que l’actualité récente, notamment en Irak, nous rappelle simplement un des fondements du combat de haute intensité, à savoir l’intégration jusqu’au plus petits niveaux tactiques du maximum de fonctions opérationnelles, comme pouvaient le pratiquer nos anciens de la 2e DB il y a 60 ans ou, plus récemment, les unités du CBM au milieu des années 70 et 801. E La menace blindée s’est certes sensiblement atténuée mais sans pour autant supprimer l’utilité du blindé. C’est bien dans l’emploi des moyens et la constitution de groupements tactiques plus équilibrés mais aussi plus diversifiés qu’il faut chercher l’innovation pour offrir au chef tactique le plus grand nombre d’options6 . Les opérations sont désormais essentiellement conduites en zone urbaine, avec une très forte concentration de population. Elles impliqueront l’emploi de blindés pour assurer la sauvegarde de la force engagée mais à des rythmes très variés, parfois extrêmement rapides, parfois très lents et mesurés. A bien y réfléchir, je n’y trouve pas de nouveauté extraordinaire. Cet oubli ou cette redécouverte ne semblent pas fortuits. Peut-être sont-ils dus aux circonstances, aux contraintes d’emploi des forces terrestres dans les années 902, ou plus trivialement, aux grandes difficultés matérielles qui ont conduit l’Armée de terre à limiter longtemps l’ampleur des exercices et des activités d’entraînement. Permettez-moi néanmoins de réagir successivement à trois questions que sous-tendent les différents articles proposés. A tout seigneur tout honneur, le char LECLERC, dont les performances techniques et tactiques sont encore loin d’être appréciées à leur juste mesure. Toutefois, son intégration dans des ensembles interarmes n’a rien de révolutionnaire et me paraissait inéluctable dès lors qu’il est désormais le seul char de bataille en service. Son emploi aux plus petits échelons, en cellule allant jusqu’à la patrouille ou au char agissant au sein d’une section d’infanterie, découlait du bon sens et n’attendait pas l’expérience acquise par nos amis américains en Irak. Dans le même esprit, l’emploi préférentiel d’unités à base de chars dans les zones périphériques d’urbanisation ouverte semble tout aussi logique. Tout chef tactique n’aurait pas hésité à les employer ainsi, sans attendre la parution de nouveaux manuels d’emploi et loin des cris d’épouvante des “ayatollahs ” de tous bords3. 1 Rappelons-nous la grande souplesse de l’articulation des régiments mécanisés (à une ou deux compagnies de chars), les renforcements systématiques des unités de blindés ou d’infanterie. 2 Quand bien même, l’emploi de forces lourdes avait été mis entre parenthèses au cours de ces années, l’engagement de groupements tactiques interarmes dans les Balkans soulignait néanmoins ce besoin d’intégration. 3 Au cours du premier passage d’un régiment mécanisé français organisé en GTIA au centre d’entraînement de l’armée US en RFA à Hohenfeld, les unités avaient été articulées et réarticulées sans a priori et indépendamment des manuels d’emploi de l’époque. 4 Ce qui n’est absolument pas incompatible avec l’emploi des blindés en zone urbanisée… 5 Il est évident que le fait de ne pas disposer de VCI blindés et lourdement armés obligera le chef tactique à prendre des délais et des moyens supplémentaires pour façonner son ennemi et travailler son approche, avant l’action de combat proprement dite. 6 Ainsi, face aux menaces potentielles à un horizon visible, l’articulation des GTIA résidera peut-être moins dans des formations trop homogènes (le GTIA XL ou le GTIA INF réciproquement renforcés) mais dans des unités résolument mixtes combinant des unités lourdes et légères. Venons-en au vocabulaire “de classification ” des forces, exercice de sémantique bien connu que l’éternel débat entre les “ lourds ” et les “ légers ”, et la réflexion en cours sur les forces médianes entretien- suite page suivante 21 HÉRACLÈS TRIBUNE LIBRE N° 09 Les villes concentrent désormais l’essentiel de l’activité humaine et le contrôle du milieu humain constituant la clef du succès des conflits actuels et futurs, les forces terrestres auront à s’y déployer et éventuellement s’y battre pour emporter la décision. L’emploi des blindés en zone urbanisée y est sans nul doute unanimement reconnu. Les enseignements apparus ou réitérés des derniers conflits soulignent la nécessité d’adaptation permanente des structures et des équipements13. L’Armée de terre doit relever le défi de sa capacité à préparer ses forces à agir dans un tel milieu. La création du CENZUB en est la principale illustration. Pour autant, ce n’est peut-être pas suffisant. Il reste à développer des formes d’instruction collectives aux plus petits échelons tactiques (section-peloton) innovantes et compatibles avec les contraintes de préparation opérationnelle14. Ce n’est pas le moindre des défis. Le combat interarmes des formations blindées : réactions ou simples remarques suite de la page précédente Je terminerai par les réflexions sur le concept du GAEV 7. En premier lieu, je n’y entrevois rien d’autre qu’un SGTIA du niveau d’une unité élémentaire renforcée dont la nature des missions m’échappe un peu. Par ailleurs, je comprends mal la notion “d’élite temporaire ”. D’une part, cette approche fait injure à mes camarades tankistes : un peloton de char tire bien ou ne tire pas et il n’y a pas deux façons de faire but. D’autre part, j’aurais du mal à expliquer que telle unité est classifiée d’élite le lundi et telle autre le mardi. De plus, un prélèvement temporaire et aléatoire d’unités et de moyens de commandement pourrait gêner ou compliquer l’action en cours conduite par les commandants de GTIA. Enfin, je suis très étonné des effectifs consacrés au commandement d’une telle unité8. Lieutenant-colonel Philippe ROBIN 7 Les premières réflexions consécutives à l’expérimentation initiée par l’EAI consistaient à développer –toutes proportions gardées – l’équivalent de GCP ou des URH dans toutes les unités d’infanterie : les SAED. 8 6 officiers pour commander cinq pelotons ou sections et quelques groupes. Le chiffre 6 correspond-il à une logique tactique ou est-il le symbole d’une représentation proportionnelle des régiments de la brigade ? Il y a quelques années, les CDU et les lieutenants étaient formés à la manœuvre de la compagnie renforcée comprenant 6 à 7 pions subordonnés… 9 Soit environ 10 à 12 équipes de 10 hommes chacune globalement identiques provenant des différents régiments de la brigade. 10 La question de la complémentarité de l’EEI et du GAEV pourrait être en partie résolue par une répartition spatiale des zones préférentielles d’emploi. L’EEI préparerait l’engagement des unités dans les zones périphériques et plus ouvertes, le GAEV se consacrant à l’aide à l’engagement dans les zones plus coupées des centres des villes ou les zones pavillonnaires. 11 Ainsi, ce DAEV mis sur pied à partir du GAEV, pourrait inclure ponctuellement une équipe TE ou une cellule de reconnaissance NRBC. S’appuyant sur l’expertise de son élément génie et artillerie, il pourrait s’infiltrer (à pied, par hélicoptère ou en véhicule) dans le dispositif ennemi, appuyer ou couvrir l’action principale et guider l’élément chargé de l’action principale. 12 Cette unité pourrait être dotée de VBL ou de PVP, de drones, et pourrait très bien utiliser les procédures déjà rodées dans les GCP ou les URH. Le personnel qui la composerait aurait une expérience déjà solide acquise en unité de combat. La communauté de méthodes et de moyens, qui n’est pas incompatible avec l’expertise de chaque fonction opérationnelle, susciterait ainsi un esprit de corps entretenu par des séquences d’entraînement communes. 13 Il suffit de relever les différents petits équipements de protection et d’aide à la mobilité employés par les unités israéliennes ou américaines : genouillères, scies mécaniques, échelles articulées, brancards, sans oublier les moyens d’investigation émergents : drones tactiques, caméras, etc. 14 Malgré l’apport indéniable du CENTAC et bientôt du CENZUB, les contraintes financières limitent forcément la constitution systématique des structures interarmes dans tous les exercices. L’apprentissage du combat en zone urbanisée est aussi coûteux (on ne peut pas systématiquement détruire le site d’instruction puis le reconstruire à chaque exercice). Le concept de forces avancées est novateur et semble effectivement séduisant. Les enseignements tirés par les Israéliens à JENINE, les Américains en IRAK, et a contrario par les Russes à GROZNY, soulignent l’importance d’amener avec le maximum de souplesse le feu et le choc sur le point décisif de l’ennemi en veillant à limiter les dommages collatéraux. La création d’une unité d’aide à l’engagement composée de cellules de même pied provenant de chacun des régiments de la brigade doit justement répondre à ce besoin9. Il s’agira bien, dans une logique d’économie des forces, de faciliter les manœuvres préliminaires d’un groupement ou sous-groupement tactique vers son objectif. Maîtrisant parfaitement les contraintes d’emploi de blindés en zone urbanisée (traficabilité des sols, gabarits des véhicules, capacités des armements de bord, etc.), ayant une parfaite connaissance du milieu urbain (structures des réseaux, organisation des sous-sols), ce groupement pourrait ainsi préparer efficacement l’engagement de forces10. Ce faisant, le détachement d’aide à l’engagement adapté à tel ou tel GTIA aurait pour mission d’appuyer le débouché de la force en le guidant dans la zone urbanisée, en le renseignant en permanence sur l’objectif et en l’appuyant par des actions précises et proportionnées11. Le commandant de brigade peut ainsi compter sur un réservoir de 100 à 120 militaires experts dans leur fonction opérationnelle, équipées de manière sensiblement uniforme, et habitués à travailler ensemble avec des procédures communes12. 22 HÉRACLÈS N° TRIBUNE LIBRE 09 techniques parfois dépassées. En d’autres termes, l’emploi groupé de masses de chars destinées, en attaque à créer la rupture ou en contre-attaque à briser l’élan des forces adverses, appartient pour l’heure au passé. Par contre de petites unités interarmes, très mobiles et organisées autour de quelques chars, numérisés et donc aptes à se regrouper rapidement et à exploiter des opportunités ou réagir à de brusques évolutions de situation répondent aux besoins générés par le développement des espaces lacunaires ou les exigences du contrôle du milieu, sur de vastes zones le plus souvent urbanisées et dans la durée. J’ajoute que même dans des opérations placées sous le signe de l’interposition, le char a sa place. Pour maîtriser la violence, il convient d’être fort et sans refaire l’histoire, on peut toujours penser que quelques chars AMX 30 B 2 déployés dans ou autour de SARAYEVO auraient peut-être évité quelques déboires… Pour une nouvelle approche du char de combat… es nouvelles formes des conflits rendent inutiles le char, Trop lourd, trop puissant, trop coûteux bref inadapté ! Monstres inutiles héritiers de la guerre froide ! … Autant d’affirmations parfois péremptoires et toujours provocatrices qui traduisent pourtant bien des interrogations légitimes sur la pertinence de conserver au sein des armées un engin qui a bouleversé l’art militaire au cours du XX siècle au point d’en être un critère déterminant de puissance. Qu’en est-il maintenant où indéniablement les menaces évoluent au point d’être multiformes et où les objectifs mêmes des interventions militaires changent ? De la conquête de territoire, nous sommes passés à la conquête des esprits et des cœurs ! Les chars sont-ils pour autant condamnés à disparaître à l’image des dinosaures incapables de s’adapter à leur nouvel environnement ? L De même, cette plate-forme ne doit plus être figée définitivement à partir du moment où elle entre en service dans les forces. Bien au contraire, il faut en permanence l’adapter pour faire face aux menaces, à l’image du char MERKAVA israélien qui au fil des années ne cesse d’évoluer et qui, in fine, est fort différent de son aîné. Pour aller jusqu’au bout de mon développement et au risque d’avancer des idées incongrues, peut-être sommes -nous revenus à une période de l’histoire où il nous faut abandonner le concept brillamment concrétisé par l’armée allemande en 1940 et qui consistait à regrouper l’ensemble des chars pour les engager en masse pour en revenir à son contraire, des petites unités de chars dispersées agissant en appui et en soutien des autres unités. Car après tout quel est et quel sera notre adversaire dans les années à venir ? des grandes unités adverses ou des petites unités ou cellules très mobiles, fugaces, réactives. Peut-être faut-il aussi abandonner l’idée de développer ex-nihilo de nouvelles plates-formes mais par contre optimiser “en marchant ” l’existant dans l’attente d’une rupture technologique ou/et géostratégique majeure. En préambule à la réponse, il semble judicieux de faire un petit rappel. Le char n’est rien d’autre qu’une plate-forme regroupant et démultipliant cinq capacités de base indispensables à tout combattant : la mobilité, l’observation, la puissance de feu, la protection et la communication. A ce titre, une armée moderne qui entend détenir vis-à-vis de tout type d’adversaires la supériorité, serait bien imprudente de se passer d’un tel outil. Une autre précision mérite également un petit développement tant il est vrai que l’on associe toujours au char l’image d’un mastodonte puissamment armé et protégé. La plateforme appelée char est toujours le fruit d’un compromis entre les capacités précédemment citées et l’importance que l’on veut donner à telle ou telle. L’engin idéal, à savoir petit, puissant, agile de faible tonnage et très protégé n’existe pas. Par contre, selon les objectifs que l’on se fixe en terme de puissance, de protection, de mobilité on peut se doter tout aussi bien de chars lourds puissamment armés et protégés que de chars bien protégés et peu armés ou l’inverse. En résumé, le char n’est pas aussi figé que l’on se plaît à le présenter. Je n’ai pas certes pas la prétention de donner une réponse définitive mais j’ai en tête que l’armée américaine vient de décider de conserver le char ABRAMS M1A1 comme fer de lance de ses forces terrestres pour les 30 ans à venir, il en est de même pour les Britanniques et les Israéliens et leurs chars agissent tout aussi bien en escorte de convois, en zone urbaine qu’en appui des check point ou en force d’intervention. Nous serions bien avisés d’en tenir compte et de ne pas trop tôt nous défaire d’un outil que nous avons tendance à considérer à tort comme inadapté aux nouveaux défis. Maintenant pour en revenir à la problématique initiale et donc à l’existant et sans préjuger des choix futurs, force est de constater qu’en France tout au moins, nous possédons ou sommes en voie de posséder de l’ordre de 400 chars lourds LECLERC et ce pour une durée se chiffrant en dizaine d’années. De deux choses l’une, et en se plaçant selon une approche strictement opérationnelle, soit on les abandonne car ils ne répondent plus aux besoins mais je vous renvoie néanmoins à mon préambule, soit on les juge nécessaires. Dans cette hypothèse que pour ma part je retiens, il convient alors de ne pas les figer dans des schémas d’emploi qui n’ont plus cours ou sur des spécifications Colonel Daniel POSTEC 23 TRIBUNE LIBRE HÉRACLÈS N° 09 L’avis d’un lecteur sur une autre publication du CDEF J’ai particulièrement apprécié le numéro spécial de Doctrine “ La guerre après la guerre ”. Certes, lorsque le but de guerre officiel est de libérer le pays, il peut sembler paradoxal, voire politiquement incorrect de planifier une occupation. Cependant, pour l’Irak l’opinion internationale aurait admis que des mesures d’exception soient appliquées d’emblée, jusqu’à la pacification des régions “ libérées ”. Enfin, ces mesures sont appliquées d’autant plus aisément que la puissance libératrice (ou occupante…) sait préserver l’administration du pays et l’utilise pour les faire appliquer. Toutefois, il me semble qu’un enseignement essentiel de cet engagement américain n’a pas été tiré. Une des plus grandes erreurs des Américains est de ne pas avoir planifié une phase d’occupation militaire, persuadés de mener une guerre de libération (Nom de l’opération : “ Iraqui Freedom ”). J’entends par occupation la prise d’emblée de mesures d’exception planifiées (dans leur contenu, leur diffusion et leur application) et limitées dans le temps : restriction du droit de rassemblement et de déplacement, instauration d’un couvre-feu, interdiction de la détention d’armes, ramassage de celles-ci, etc. Notre pays a en mémoire quelques exemples d’occupations : occupation de la France par les Allemands en 1940, occupation de la Rhénanie en 1919 et d’une partie de l’Allemagne par les Français en 1945… En fonction de la situation, ces mesures peuvent être allégées, renforcées, suspendues, reconduites etc. Restreignant pour une période limitée les libertés des populations civiles, elles visent à créer les conditions d’une instauration de l’ordre public, condition nécessaire pour gagner la confiance de la population et donc pour engager la stabilisation du pays. Pour éviter la reproduction de cette erreur de conception, une précaution élémentaire consisterait à trouver une place à cette période charnière dans notre doctrine et sa terminologie : où se situe-t-elle (en fin de phase de coercition ou au début de celle de stabilisation), quelle dénomination lui donner ? Je ne doute pas que le CDEF puisse trouver une réponse. Ne pas planifier cette phase de mesures d’exception revient à donner toutes ses chances à l’anarchie, au désordre général, à faire le lit de la résistance ennemie et, in fine, à se mettre durablement à dos la population, ce qui va à l’encontre du but final recherché. Lieutenant-colonel F. VINOT PREFONTAINE Vos réactions aux informations parues dans Héraclès sont les bienvenues C.D.E.F. Centre de Doctrine d’Emploi des Forces BP 53 - 00445 ARMÉES Tél. : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93 PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93 Fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17 Mel : [email protected] Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr 24