AQC - Sycodés 2016
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AQC - Sycodés 2016
Observatoire de la Qualité de la Construction Prévenir les désordres, améliorer la qualité de la construction SYCODÉS Pathologie 2016 SYCODÉS 2016 ÉDITORIAL L’observation est essentielle pour guider l’action Depuis sa création, le dispositif d’observation de l’AQC n’a cessé d’évoluer ; il fait aujourd’hui référence, même au niveau européen. Il est complet et permet d’intégrer toutes les dimensions mesurables des désordres : les sériels (Dispositif d’Alerte), les dommages émergents (Rex Bâtiments performants), les risques de désordres futurs (Vigirisques) et les désordres de fréquence (Sycodés). Sycodés, SYstème de COllecte des DÉSordres est une base de données unique, la source indiscutable des hiérarchies statistiques, caractérisant des dommages ; elle permet d’offrir aux décideurs de la branche Bâtiment une vision consolidée et chiffrée des non-qualités, globale à l’échelle des territoires – national et régionaux. À tous les niveaux d’intervention, ces chiffres ouvrent la concertation : en amont, ils orientent et facilitent l’action d’amélioration et en aval, ils évaluent l’impact que la prévention a sur la diminution des dommages. L’édition 2016 contient bien sûr les chiffres, cœur de l’information produite par le dispositif. Vous y trouverez les résultats-clés pour les dix éléments d’ouvrage qui portent les principaux désordres de fréquence, dans le résidentiel (individuel et collectif) et le non-résidentiel. En les lisant, gardez bien en tête qu’il faut les relativiser au regard des parts de marché des techniques les plus employées. L’édition 2016 contient aussi les analyses des causes techniques des désordres attachées à ces dix éléments d’ouvrage ; elles sont suivies des impacts sur la responsabilité des constructeurs et des modalités de garanties d’assurance, décennales (DO et RCD, RC, amiable et judiciaire) et en dommages (MRH). Ces investigations sont extraites d’articles publiés, jusqu’en décembre 2015, dans dix numéros successifs de la revue Qualité Construction. Elles intègrent les interviews avec des experts construction et des juristes spécialistes. Lorsqu’ils existent, des liens sont faits vers les observations issues des autres bases de données, et notamment celle qui mémorise les enquêtes réalisées dans le cadre du Retour d’Expériences (REX) Bâtiments performants. L’édition 2016 comprend enfin les profils de pathologie du bâtiment pour 3 régions – ce sont : Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes (ALPC), le Grand Est ainsi que Auvergne, Rhône-Alpes (AURA). Dans ces territoires, l’AQC conduit une expérimentation de deux ans, en vue d’enrichir la dynamique locale d’amélioration de la qualité de la construction. Dès l’an prochain, nous pourrons ainsi voir dans quels domaines ces contributions ont porté leurs fruits. Nouveau : les références de l’Observatoire sont accessibles sur votre smartphone ! Les nomenclatures de Sycodés sont disponibles gratuitement dans l’application mobile « Sycodés », à votre disposition sur App Store, Google Play et Windows Store. Vous savez aussi que Sycodés n’existerait pas sans les experts construction désignés par les assurances décennales. A l’issue des expertises, une fiche est remplie et transmise à l’AQC pour alimenter Sycodés. En prenant ce temps, chaque expert construction participe à bâtir un repère utile à tous les acteurs concernés par l’amélioration qualitative de nos constructions. Je les en remercie chaleureusement. Bonne lecture à tous, Philippe ESTINGOY Directeur général de l’AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 3 SYCODÉS 2016 CADRE DE COLLABORATION Ce Sycodès 2016 : Pathologie existe grâce aux données signalées à l’AQC par les experts construction et avec le soutien de la CFEC, de la FFSA, du GEMA et du SNEIC. Remerciements particuliers à Messieurs A-F. Bechade, O. Bodin, J-L. Bruneau, M. Caron, J-C. Charpy, A. Decorniquet, J-L. d’Esparbes, J-F. Fixaris, O. Gloux, P. Jacq, F. Legoy, T. Lemerre, A. Lemoine, M. Lutz, L. Mourissoux, P. Philipparie, J-P. Thomas, J-M. Weider ainsi qu’à F. Ausseur et aux juristes ayant contribué aux analyses des responsabilités. L’exploitation et l’analyse des données ont été réalisées par l’AQC. Les données sur l’activité de la construction sont issues de Sit@del2 (2014), dans le cadre de la contribution du MEEM et du MLHD aux actions de l’AQC. Sycodés 2016 : Pathologie – édition juin 2016 contient les principaux résultats, mis en forme, commentés et interprétés. Les analyses sont extraites d’articles d’investigation publiés dans la revue Qualité Construction. Retrouvez le document en ligne sur le site www.qualiteconstruction.com 4- AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 SOMMAIRE 3 Éditorial 6 Présentation de Sycodès : qui, quoi, comment ? 13 21 122 Top 10 Maisons individuelles Logements collectifs Locaux d’activité Manifestations Zoom sur le Top 10 23 • Revêtements de sols carrelés – carrelage (code 740) 33 • Fondations superficielles – semelle filante ou isolée (code 100) 43 • Couvertures en petits éléments – tuile terre cuite (code 313) 53 • Réseaux d'eau intérieurs au bâtiment (code 901) canalisation d'alimentation eau froide encastrée 63 • Murs enterrés ou de soubassement (code 120) 73 • Façades à base de maçonnerie en blocs de béton enduit monocouche (code 512) 83 • Fenêtres et portes-fenêtres – bois, aluminium, PVC (code 60) 95 • Réseaux d’évacuation des eaux usées (code 021) 103 • Autres éléments particuliers de façade – balcon, loggia… (code 590) 113 • Pathologie en rénovation Zoom sur la pathologie dans 3 régions 123 ALPC – Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes 135 Grand Est 149 AURA – Auvergne, Rhône-Alpes 162 Membres AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 5 SYCODÉS 2016 PRÉSENTATION Sycodés est le SYstème de COllecte des DÉSordres, au service de la filière construction. Vous êtes expert et transmettez des fiches, des rapports à l’AQC ? Ou vous voulez juste mieux connaître les références de Sycodés ? Téléchargez sur votre smartphone l’application « Sycodés » qui contient les 6 nomenclatures de la base de données : A – Assurance, B – MaÎtre d’ouvrage, C : Destination, D : Ouvrage cause de désordre, E : Manifestation et F : Dysfonctionnement à l’origine des désordres. Elle est disponible gratuitement sur les stores Apple, Google et Windows. Une vidéo de présentation de cette application est consultable sur www.qualiteconstruction.com 6- AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION U SYCODÉS 2016 U SYCODÉS Retour d’information sur la pathologie et l’évolution de la qualité des constructions Outil statistique unique pour orienter l’effort collectif de prévention et évaluer l’amélioration Durant les deux premières années qui ont suivi sa création en 1984, à l’usage des institutions et organisations professionnelles qui composent ses membres, l’AQC a mis en place Sycodés (SYstème de COllecte des DÉSordres). Son objectif fondateur était en effet d’offrir, aux professionnels du secteur, le retour d’information statistique sur les origines techniques des désordres les mettant en cause, avec une vision consolidée à l’échelle nationale. À partir des résultats, les actions de prévention et d’amélioration de la qualité technique sont programmées, précisément à l’origine des dommages les plus préoccupants – c’est-à dire là où le retour sur investissement de la prévention sera le plus intéressant au niveau collectif. Depuis 2007, Sycodés est aussi utilisé pour évaluer l’impact des actions de prévention sur l’évolution des désordres déclarés – c’est-à-dire, par défaut, dessiner l’évolution de la qualité de la construction. L’échantillon Sycodés : des données sur les dommages « moyens », intégrées aux fiches barème CRAC ou signalées par les experts construction volontaires De par le lien de l’AQC à l’assurance construction, les désordres collectés par Sycodés sont ceux faisant l’objet d’une déclaration de sinistre à caractère décennal – le domaine d’observation est donc celui des responsabilités définies par la loi du 4 janvier 1978, dite loi Spinetta (art. 1792 du Code civil et L. 241-1 du Code des assurances. Sycodés collecte les conclusions techniques, anonymes et simplifiées, des rapports d’experts construction : à une opération sinistrée correspondent une seule cause technique et le coût de réparation associé. L’angle d’analyse est donc l’opération et non pas le constructeur. D’autres informations sont collectées, tels le type de maître d’ouvrage, la destination de l’opération, sa localisation géographique, son coût de construction, la date à laquelle elle a été réalisée, la date à laquelle le désordre est survenu, le montant « hors taxes » des réparations à effectuer, l’ouvrage cause du désordre, le dysfonctionnement qui a induit le dommage ou encore sa manifestation… Il est important de souligner que le dispositif ne collecte pas les frais de gestion, les immatériels, les désordres directement pris en charge en deçà des franchises. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION -7 SYCODÉS 2016 À ce jour, Sycodés est riche de plus de 440 000 désordres « moyens », expertisés et signalés à l’Observatoire depuis 1995. Environ 20 000 dommages sont ajoutés chaque année, ce qui représente 10 à 15 % des sinistres construction déclarés chaque année. Elle est constituée à 80 % de désordres expertisés dans le cadre de la DO (Dommage-Ouvrage) et pour les 20 % restant d’expertises RCD (Responsabilité Civile Décennale) et RC (Responsabilité Civile). Elle recense majoritairement les désordres sur travaux neufs. En théorie, les experts doivent signaler tous les désordres expertisés, qu’ils fassent ou non l’objet d’une indemnisation. Le coût de réparation renseigné est alors celui qui correspond à la première évaluation, mais le coût définitif, effectivement payé par l’assurance, peut être différent, sans que sa valeur soit modifiée dans Sycodés. D’autre part, le coût d’une « non-qualité » pris en charge hors du dispositif de l’assurance construction n’est pas appréhendé ici. Il convient enfin de souligner que Sycodés se focalise sur les dommages dont le coût de réparations est « moyen », à savoir entre 762 € et 250 000 € HT. Le plafond est actualisé régulièrement. Sycodés ne contient donc pas les « grands » sinistres (coût de réparations supérieur à 250 000 €) ni les « petits » sinistres (coût de réparations inférieur à 762 €) qui figurent tout de même dans l’échantillon. Depuis juillet 2006, une convention entre les assureurs, les experts et l’AQC a institué l’intégration des informations Sycodés et Alerte dans les fiches barème CRAC (Convention de Règlement de l’Assurance Construction). Ceci permet de garantir le signalement exhaustif des conclusions d’expertises conduites en Dommage-Ouvrage pour compte commun : cet échantillon représente environ 20 % du total des règlements de l’assurance construction. Qui remplit la fiche Sycodés ? Pour éviter que deux fiches soient remplies pour le même désordre, quelques précisions : - en DO, la fiche est remplie par l’expert DO mandaté pour compte commun ; - en expertise amiable, autre que DO, la fiche est remplie par le premier expert mandaté ; - cas particulier : si les experts sont désignés simultanément, l’expert intervenant pour l’assurance de l’entreprise concernée au principal remplira la fiche ; à défaut, ce sera l’expert mandaté par l’assurance du sous-traitant ou du maître d’œuvre. Qu’est-ce qu’une fiche Sycodés ? Les informations nécessaires à alimenter la base de données sont déclinées sur deux supports distincts, correspondant à des cadres d’expertise ou de garantie différents : • la fiche Sycodés & Alerte simple – Fiche � • la fiche CRAC – Fiche � 8 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 FICHE � FICHE SYCODÉS & ALERTE « SIMPLE » En dehors des dommages expertisés dans le cadre de la DO-CRAC : • les fiches sont remplies lors de missions d’expertise effectuées au titre d’un contrat d’assurance décennale, indépendamment de l’appréciation sur la garantie ; • tout type de désordre donne lieu au remplissage d’une fiche, dès lors que son coût de réparation est au moins égal à 762 € HT et inférieur à 250 000 € HT, que l’assureur prenne ou non en charge la réparation ; • une fiche correspond à un dommage – plusieurs fiches s’il y a plusieurs désordres de natures différentes dans une même déclaration de sinistre. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 9 SYCODÉS 2016 FICHE � Fiche d’application du barème de la Convention de règlement de l’Assurance Construction (CRAC) Elle résulte de l’intégration des données Sycodes & Alerte dans les fiches permettant d’effectuer les recours de la dommage ouvrage (DO) vers la responsabilité civile décennale (RCD) des constructeurs, établies dans le cadre de la convention CRAC pour des coûts entre 1 500 € (et même 1 € en première année de garantie) et l’avenant n°1. 10 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Comment est remplie la fiche ? � Destination (nomenclature C) Si le bâtiment a deux destinations différentes, l’expert indique celle qui est sinistrée. � Coût de la construction Il s’agit du coût réel de construction HT de l’opération dans son ensemble, ou, à défaut, d’un ordre de grandeur. Dans le cas de travaux sur existants, il s’agit du montant des travaux. � Type de travaux Si l’opération de construction regroupait la construction d’un bâtiment nouveau et des travaux sur un bâtiment existant, l’expert indique la réponse correspondant à la partie sinistrée. � Date de réception ou de fin de travaux Si la date de réception n’est pas connue ou si la réception n’a pas eu lieu, l’expert indique une date approximative de fin de travaux – c’est l’année qui est essentielle. � Coût de réparation L’expert indique le coût réel des travaux de réparation, à défaut une évaluation ou un ordre de grandeur, que la réparation soit ou non prise en charge par l’assureur. Il n’inclut pas les éventuels dommages immatériels. � Cause du désordre (nomenclature D) La nomenclature D a été volontairement limitée aux désordres les plus fréquents (actualisée en 2005). L’expert utilise un code se terminant par 9 – autre cause – si la cause n’est pas clairement répertoriée. La clé d’entrée dans la nomenclature est l’ouvrage responsable du dommage et non l’ouvrage victime. � Manifestation (nomenclature E) Aucune référence n’est faite à la notion de garantie décennale. Il s’agit de classer le désordre en fonction de l’exigence qui n’est pas satisfaite. Si plusieurs réponses sont possibles, l’expert indique la plus représentative. � Plusieurs critères de l’Alerte sont possibles : 1 – Mise en cause d’un produit ou d’un procédé fabriqué industriellement ; 2 – Réalisation de l’ouvrage cause du dommage avec un produit ou un matériau non normalisé et/ou selon un procédé non traditionnel et ce quelle que soit la cause du désordre ; 3 – Mise en évidence d’un dysfonctionnement de texte de référence, que ce soit un D.T.U., une norme, un avis technique, une ATEX… ou simplement un document technicocommercial d’un négociant ou d’un fabricant ; 4 – Réalisation de l’ouvrage cause du dommage avec un produit ou un matériau non normalisé et/ou selon un procédé non traditionnel répondant aux exigences du développement durable, que ce soit en termes d’économies d’énergie ou pour le respect de l’environnement. 0 – Autre cas… IMPORTANT : si le sinistre relève d’un de ces critères, l’expert envoie une copie complète de son rapport (par fax, courriel ou courrier) à : AQC – 29, rue de Miromesnil – 75008 Paris [email protected] Fax : 01 47 42 81 71 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 11 SYCODÉS 2016 Comment fonctionnent les indicateurs de pathologie ? Le développement des indicateurs a intégré une contrainte majeure : rapporter les coûts des désordres au marché de la construction. Indicateurs simples • Répartition de l’échantillon des désordres signalés à l’AQC entre 1995 et 2015, par année d’apparition selon la destination du bâtiment et la nature de l’ouvrage : structures en % du nombre total de désordres, c’est-à-dire l’effectif et en % du coût total de réparation. • Coût moyen de réparation : pour une période de près de deux périodes décennales (1995 à 2015), moyenne des coûts de réparation sur l’ensemble des effectifs de la période. Le coût de réparation est exprimé en euros constants, c’est-à-dire en euros actualisés par l’Indice du Coût de la Construction (ICC) de l’année 2015 (moyenne des quatre trimestres). Indicateurs relatif au marché Cet indicateur mesure les liens entre désordre et construction : le coût relatif de désordre (CRD) mesure le rapport entre le coût de réparation des désordres et celui des constructions correspondantes. Cet indicateur est décliné selon la nature de l’ouvrage. Il est calculé en classant les désordres par année d’apparition du désordre : il exprime le coût de réparation en part du coût de construction. Perspectives d’évolution Bien sûr, ce système a des limites et les résultats doivent être lus comme des ordres de grandeur dont les estimations ne peuvent que s’améliorer. Au-delà des chiffres, ce ne sont pas tant les indicateurs eux-mêmes que leurs progressions qui représentent un intérêt. Car le but est de livrer des évolutions, incitant chacun à améliorer ses pratiques, par la prévention et la formation notamment. Faute de base de redressement relative à la sinistralité de l’assurance construction, le redressement de toutes les évaluations sera effectué à partir de l’activité construction, mesurée par les surfaces mises en chantier et recensées dans la base Sit@del2 par le ministère en charge de la construction. Parallèlement, l’AQC pourrait étendre l’échantillon des sinistres signalés, afin d’envisager les désordres avec la plus grande exhaustivité et garantir, sur ce point, la fiabilité totale de l’alimentation de la base de données. In fine, une enquête pourrait apporter les éléments de suivi des évolutions qui manquent à l’approche actuelle, en particulier pour ce qui concerne les désordres à caractère décennal apparus sur travaux de rénovation, qui représentent près de la moitié du chiffre d’affaires du secteur construction. Les désordres collectés par l’AQC entre 1995 et 2015 sont appréciés au regard des causes techniques, pour établir la hiérarchie des éléments d’ouvrage à l’origine des désordres restituée par effectifs, coût total et coûts moyens de réparation. 12 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 TOP 10 DE LA PATHOLOGIE Le Top 10 présente les 10 éléments d'ouvrage qui portent les effectifs et les coûts de réparation les plus importants, parmi les désordres sur travaux neufs signalés à Sycodés durant plus de deux périodes décennales (1995 à 2015) en France. Les cadres de réalisation et systèmes constructifs variant selon les destinations, la hiérarchie est donnée pour chacune des principales catégories de construction : maison individuelle, logement collectif et locaux d’activité. À chaque fois, elle est comparée aux résultats pour l’ensemble des destinations. La répartition est de 100 % pour chacun des Top 10. Puis, toutes destinations confondues, il présente la hiérarchie de leurs manifestations. : Il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. Retrouvez les résultats complets par destination selon les régions dans les résultats régionaux de Sycodés sur www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 13 TOP 10 TOUTES DESTINATIONS MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % de l’effectif Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Revêtement 74 de sol intérieur Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Fondations 10 superficielles Mur enterré 12 ou de soubassement Fenêtre 60 et porte-fenêtre Réseaux d’eau extérieurs 02 au bâtiment Charpente- 30 arc-portique Façades à base de maçonnerie 50 en éléments de terre cuite 0 1 2 3 4 5 III Maisons individuelles 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit durant plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en maison individuelle – comparée aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, on observe que (19 % de l’ensemble constitué par les dix élémenst d’ouvrage les plus significatifs) des désordres de maisons individuelles signalés à l’AQC ont pour origine les couvertures en petits éléments ; ils concernent principalement des couvertures en tuiles de terre cuite, principal constituant de ce type de construction. Plus de 16 % des désordres ont pour origine les façades à base de maçonnerie en blocs de béton ; ils concernent notamment les enduits monocouches. Environ 13 % de l’effectif ont pour cause les revêtements de sols intérieurs, particulièrement les revêtements de sol carrelés. Sont concernés aussi les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (11 %) et particulièrement les canalisations encastrées. En deçà de 10 %, on trouve les fondations superficielles (9 %) – et dans de moindres proportions, les autres éléments : les murs enterrés ou de soubassement (8 %), concernant l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité ; les fenêtres et portes-fenêtres (hors toiture) (7 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les réseaux d’eau extérieurs au bâtiment (6 %), concernant principalement les réseaux d’adduction d’eau et des eaux usées ou pluviales ; les charpentes (6 %) ; les façades à base de maçonnerie en petits éléments de terre cuite (6 %). Couvertures en petits éléments : tuiles Maçonnerie en blocs de béton enduits monocouches Photos : AQC 14 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION TOP 10 TOUTES DESTINATIONS MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % du coût total 33 Fondations 10 superficielles Revêtement 74 de sol intérieur 24 Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Mur enterré 12 ou de soubassement Dallage sur terre plein 26 (non compris revêtement) Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Charpente- 30 arc-portique Réseaux d’eau extérieurs 02 au bâtiment Façades à base de maçonnerie 50 en éléments de terre cuite 0 1 2 3 4 5 III Maisons individuelles 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, sauf pour les fondations superficielles qui représentent moins de 10 % de l’effectif signalé en maison individuelle ; elles représentent cependant 33 % du coût total de réparation des désordres qui constituent le top 10 en maison individuelle, toutes régions confondues, sur la période 1995 à 2015. Ceci est dû aux coûts de réparation de ce type de dommages, avoisinant en moyenne 22 000 € et jusqu’à plus de 51 000 € pour des désordres de fondations sur sol argileux. Les autres éléments d’ouvrage sont, sans surprise, ceux qui sont concernés par le classement selon l’effectif et touchent les constitutifs majeurs des maisons individuelles, notamment : les revêtements de sol (14 %), concernant massivement les revêtements de sol carrelés ; les couvertures en petits éléments (11 %), concernant principalement des couvertures en tuiles de terre cuite ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (9 %) concernant notamment l’enduit monocouches ; les murs enterrés ou de soubassement (8 %), concernant notamment l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité ; les dallages sur terre-plein (6 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (6 %), concernant principalement les canalisations encastrées ; les charpentes (5 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (4 %), concernant principalement les réseaux d’adduction d’eau et des eaux usées ou pluviales et les façades de maçonnerie en petits éléments de terre cuite (4 %). Fondations superficielles Revêtement de sol intérieur carrelé Photos : AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 15 TOP 10 TOUTES DESTINATIONS LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % de l’effectif Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Revêtement 74 de sol intérieur Façade 54 lourde Couverture 31 en petits éléments Fenêtre 60 et porte-fenêtre Toiture-terrasse 45 accessible Autres éléments particuliers 59 de façade (non étanchée) Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Mur enterré 12 ou de soubassement Toiture-terrasse 40 non accessible 0 1 2 3 4 5 III Logements collectifs 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en logements collectifs – comparés aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signalés à l’AQC ont pour origine : les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (19 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les revêtements de sols intérieurs (14 %), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les façades à base de béton banché (12 %), concernant notamment les enduits monocouches ; les couvertures en petits éléments (10 %), concernant principalement des couvertures en tuiles de terre cuite – et dans de moindres proportions, les autres éléments : les fenêtres et portes-fenêtres (9 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les toitures-terrasses accessibles (8 %) ; les autres éléments particuliers de façade non étanchés (8 %), correspondant aux balcons, loggias ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (8 %), concernant les enduits monocouches ; les murs enterrés ou de soubassement (6 %), concernant l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité et les toitures-terrasses avec isolant et protection rapportée (6 %). canalisation en cuivre incorporées dans les dalles revêtement de sol intérieur carrelé Photos : AQC 16 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION TOP 10 TOUTES DESTINATIONS LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % du coût total 22 26 Revêtement 74 de sol intérieur Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Façade 54 lourde Autres éléments de façade 59 (non étanchée) Toiture-terrasse 45 accessible Fenêtre 60 et porte-fenêtre Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Mur enterré 12 ou de soubassement Toiture-terrasse 40 non accessible 0 1 2 3 4 5 III Logements collectifs 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de 50 % du coût total qui constituent le top 10, consacrés à trois éléments d’ouvrage : les revêtements de sol (22 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol carrelés ainsi que les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (15 %), principalement les canalisations encastrées et les façades en béton banché (11 %). Les autres éléments particuliers de façade non étanchés consomment 9 % des coûts du Top 10 en logements collectifs, ce qui en fait une pathologie coûteuse (coût moyen : 7 850 €). Il s’agit principalement d’infiltrations. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du coût total de réparation : les toitures-terrasses accessibles (9 %) ; les fenêtres et portes-fenêtres hors toiture (8 %), concernant massivement les menuiseries PVC et aluminium ; les couvertures en petits éléments (8 %), concernant principalement des couvertures en tuiles de terre cuite ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (7 %), concernant notamment l’enduit monocouche ; les murs enterrés ou de soubassement (6 %), concernant notamment l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité et les toituresterrasses avec isolant et protection rapportée (6 %). Micro-organismes en façade Murs enterrés ou de soubassement Photos : AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 17 TOP 10 TOUTES DESTINATIONS LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % de l’effectif Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Fenêtre 60 et porte-fenêtre Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment 21 Toiture-terrasse 41 non accessible Façade 57 légère Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Façade 54 lourde Toiture-terrasse 40 non accessible Voirie 01 0 1 2 3 4 III Locaux d’activités 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en locaux d’activité – comparés aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signalés à l’AQC ont pour origine les éléments d’ouvrage suivants : les revêtements de sol intérieur (18 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieur carrelés ; les couvertures en grands éléments (16 %) ; les fenêtres et portes-fenêtres (14 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (10 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les toitures-terrasses avec étanchéité auto-protégée (10 %) ; les façades légères (9 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %) ; les façades en béton banché (6 %); les toitures-terrasses avec isolant et protection rapportée (5 %) et la voirie (5 %). Revêtement de sol intérieur carrelé Fenêtres, portes-fenêtres infiltrations par les liaisons menuiserie extèrieure/gros œuvre Photos : AQC 18 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION TOP 10 TOUTES DESTINATIONS LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % du coût total 25 28 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Fenêtre 60 et porte-fenêtre Façade 57 légère Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Voirie 01 Toiture-terrasse 41 non accessible Charpente- 30 arc-portique Dallage sur terre plein 26 (non compris revêtement) Réseaux extérieurs 02 au bâtiment 0 1 2 3 4 III Locaux d’activités 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, à savoir les suivants : les revêtements de sol intérieur (25 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieur carrelés ; les couvertures en grands éléments (17 %) ; les fenêtres et portes-fenêtres (10 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement ; les façades légères (8 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (8 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; la voirie (7 %) ; les toitures-terrasses avec étanchéité auto-protégée (6 %) ; les charpentes-arcs-portiques (6 %) ; les dallages sur terre-plein (6 %) et les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %). Voiries et réseaux divers Toitures-terrasses Photos : AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 19 TOP 10 TOUTES DESTINATIONS MANIFESTATIONS DES DÉSORDRES Répartition en % de l’effectif TOUTES DESTINATIONS NOMENCLATURE DE E SYCODÈS Défaut d’étanchéité 2 à l’eau Autre manifestation 9 (dont défaut esthétique) Sécurité 5 d’utilisation Défaut 1 de stabilité 58 Condensation à l’intérieur 3 du bâtiment % Problème lié à la température 8 intérieure des locaux Défaut d’étanchéité 4 à l’air Sécurité 6 incendie Défaut d’isolation 7 acoustique 16 % 10 % 9% Les résultats présentent la répartition des désordres par manifestation, en % de l’effectif signalé à l’AQC entre 1995 et 2015 pour toutes les destinations de construction. On observe que plus de la moitié des désordres met en cause le défaut d’étanchéité à l’eau, quelle que soit la destination de la construction sinistrée : 58 % pour toutes destinations (coût moyen de réparation : 6 945 €) – et jusqu’à 63 % pour les logements collectifs ou 80 dans les DOM. Les autres manifestations, qui correspondent majoritairement à des défauts esthétiques, représentent 16 % des désordres et sont particulièrement recensées en maison individuelle (25 %) et en locaux d’activité (21 %). La sécurité d’utilisation est mise en cause dans 10 % des cas et le défaut de stabilité, dans 9 % – toutes destinations confondues. Le défaut d’étanchéité à l’air est mis en cause dans 1 % des cas (coût moyen : 8 265 €). 20 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM Pathologie Revêtements de sol intérieur – carrelage 740 Fondations superficielles – semelle filante ou isolée 100 Couvertures en petits éléments – tuile terre cuite 313 Réseaux d'eau intérieurs au bâtiment 901 canalisation d'alimentation eau froide encastrée Murs enterrés ou de soubassement 120 Façades à base de maçonnerie en blocs de béton 512 enduit monocouche Fenêtres et portes-fenêtres – bois, aluminium, PVC 60 Réseaux d’évacuation des eaux usées 021 Autres éléments particuliers de façade 590 balcon, loggia Pathologie en rénovation AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 21 SYCODÉS 2016 ZOOM PATHOLOGIE Les zooms focalisent sur les dix éléments d'ouvrage identifiés dans le Top 10, parmi les désordres sur travaux neufs signalés à Sycodés durant près de deux périodes décennales depuis 1995. Pour chaque zoom, les désordres sont répartis par effectif, coût total de réparation ; les coûts moyens de réparation et le coût relatif de désordre sont respectivement associés. Le texte reprend des extraits d'articles parus dans la revue Qualité Construction. Pour chaque zoom, ils décrivent les répartitions statistiques puis proposent un diagnostic technique et l'analyse des responsabilités, des modes de garantie dans le cadre de l'assurance décennale et un complément d'information sur la prise en charge en dommages. Des liens vers les fiches pathologie ou le rapport REX bâtiments performants sont inclus. Retrouvez les fiches pathologie sur www.qualiteconstruction.com ou téléchargez l’application sur Apple StoreTM ou Google PlayTM et le rapport REX bâtiments performants ainsi que les recommandations du programme PACTE sur www.programmepacte.fr RAPPEL SUR LES RESPONSABILITÉS SPÉCIFIQUES des constructeurs, assurables ou pas et la Dommages-Ouvrage À compter de la réception de l’ouvrage, tout constructeur (architecte, bureau d’études, maître d’œuvre, entreprises, etc.) lié à un commanditaire par un «contrat de louage d’ouvrage» est notamment redevable de deux garanties légales : 1. la garantie de bon fonctionnement: d’une durée de deux ans à compter de la réception, cette garantie vise la réparation des défauts qui affectent le fonctionnement des éléments d’équipement dissociables (c’est-à-dire ceux qui peuvent être retirés sans détérioration de l’ouvrage). Ce risque peut faire l’objet d’une garantie d’assurance facultative; 2. la garantie décennale: les dommages, survenus dans un délai de dix ans à compter de la réception, susceptibles de tomber sous le coup de la garantie décennale sont ceux qui affectent la solidité de l’ouvrage ou qui le rendent «impropre à sa destination». Il s’agit d’une présomption de responsabilité (article 1792 du Code civil). La loi oblige le constructeur à assurer cette responsabilité (article L.241-1 du Code des assurances – Voir pour les ouvrages exclus de cette obligation, article L.243-1-1). Les entreprises et artisans de mise en œuvre sont, en plus, redevables de la garantie de parfaitement achèvement : durant la première année suivant la réception, ils sont tenus de réparer les désordres qui ont fait l’objet de réserves lors de la réception ou qui ont été notifiés par le client pendant la première année. Cette responsabilité n’est pas assurable. De son côté, le maître d’ouvrage a pour obligation de souscrire une assurance Dommages-Ouvrage (DO). Cette garantie couvre les désordres de nature décennale. Elle a pour objet d’offrir rapidement une indemnité d’assurance au maître d’ouvrage afin qu’il puisse procéder aux réparations (procédure de gestion de sinistre fixée par un arrêté, article A.243-1 du Code des assurances). 22 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM LES REVÊTEMENTS DE SOLS CARRELÉS 740 Photo : Mikaël Didion – AQC E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 146 – s e p t e m b r e / o c t o b r e 2 0 1 4 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 23 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 740 LES REVÊTEMENTS DE SOLS CARRELÉS Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On observe que l’inadaptation du support est le plus souvent mise en cause (42 % de l’effectif). 45 % du coût total de réparation, ayant pour origine les revêtements de sols carrelés en résidentiel, sont consacrés aux dommages dus à l’inadaptation du support, et 27 % à l’absence ou l’insuffisance de joints. Les coûts moyens de réparation associés sont respectivement de 11 710 € pour l’inadaptation du support et 10 850 € pour l’absence ou l’insuffisance de joints. Les coûts relatifs de désordre, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction, avoisinent 3 % pour les désordres dus aux inadaptations du support – correspondant à la moyenne pour la période 1995 à 2015. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 12 13 2 3 12 17 en % enen %% 42 27 27 42% 45% Inadaptation du support COÛT MOYEN Inadaptation du support COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 4,0 20000 3,5 3,0 15000 2,5 2,0 10000 1,5 1,0 5000 0,5 0 0,0 11 710€ Inadaptation du support III III III III III 24 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 2,7% Inadaptation du support Inadaptation du support (chape, plancher, ancien revêtement…) Absence, insuffisance ou inadaptation du joint Défaut de collage ou de scellement Inadaptation de l’isolant Autres causes 45 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 740 LES REVÊTEMENTS DE SOLS CARRELÉS Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On observe que le défaut de collage ou de scellement est le plus souvent mis en cause (38 % de l’effectif). 38 % du coût total de réparation ayant pour origine les revêtements de sols carrelés non-résidentiel sont consacrés aux défauts de collage ou de scellement, 20 % à l’inadaptation du support et 18 % à l’absence ou l’insuffisance de joints. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 15 20 2 20 4 en en % % 25 38 38 38% 38% Défaut de collage ou de scellement Défaut de collage ou de scellement COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation associés sont respectivement de16 400 € pour le défaut de collage ou de scellement, 20 140 € pour l’inadaptation du support et 11 920 € pour l’absence ou l’insuffisance de joints. Les coûts relatifs de désordre, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction, varient de 0,8 à 7 % (5 % : incidence du plancher refroidissant /chauffant) pour les causes évoquées – alors que la moyenne avoisine 2 % 20 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 40000 8 35000 7 30000 6 25000 5 20000 4 15000 3 10000 2 5000 1 0 0 16 400€ Défaut de collage ou de scellement III III III III III 1,6% Défaut de collage ou de scellement Inadaptation du support (chape, plancher, ancien revêtement…) Absence, insuffisance ou inadaptation du joint Défaut de collage ou de scellement Vice de produit Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 25 18 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 740 Comme le montrent les statistiques, les revêtements de sols carrelés sont parmi les éléments d’ouvrage les plus fréquemment sujets aux sinistres et génèrent des coûts de réparation parmi les plus élevés. Les fissurations et les décollements de carrelage constituent la majorité de ces désordres. Les sinistres touchant les revêtements de sols (de tout type et pour toutes destinations de bâtiments) concernent massivement les sols carrelés (cf.pages précédentes). Il reste nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. Causes techniques des désordres Induisant la mise en œuvre de nombreux éléments de construction, les carrelages sont sujets à un large spectre de désordres pouvant toucher le revêtement comme son support. Généralement, les produits en eux-mêmes, fabriqués en vertu de critères standardisés et passés au crible de certifications (classement Upec), ne sont pas à l’origine de ces désordres. Ceux-ci trouvent leur origine dans l’environnement de l’ouvrage ainsi que dans la mise en œuvre des revêtements. 1. Fissurations Pour expliquer leur apparition, l’absence ou l’insuffisance de joints de fractionnement ainsi que l’absence de joints périphériques sont souvent avancées par les experts. Or, ces explications se voient régulièrement minimisées, voire battues en brèche : « Établir systématiquement un lien entre un défaut de joints de fractionnement et des fissures, c’est un peu aller vite en besogne, estime Olivier Bodin, expert judiciaire au sein de la société Éponyme. Il est fréquent de constater la présence de fissures malgré celle de joints de fractionnement. Il est vrai que cette explication a été et reste une solution de facilité pour les experts, qui la fournissent à défaut d’une autre. » « Cela peut être le cas, en l’absence de joint périphérique, sur des supports amenés à “bouger” tels que les planchers chauffants », considère pour sa part Jean-Pierre Thomas, expert chez Eurisk, tout en reconnaissant que les retraits de chape représentent un risque autrement significatif. L’insuffisance des joints de fractionnement constitue néanmoins un facteur de risque important dans le cas des carrelages collés. « En plancher chauffant, il faut fractionner, tranche Jean-Pierre Thomas. Les variations de température en son sein génèrent forcément des mouvements de chape, qui eux-mêmes génèrent des efforts au niveau des carrelages. Or ces derniers ne se comportent pas de la même manière qu’une dalle. » Les fissurations de carrelages sont plus fréquemment dues à des retraits de chape. Pour prévenir ce phénomène, plusieurs possibilités existent. La première consiste à accorder à la chape un temps de séchage suffisant au moment de sa réalisation. Mais à cette possibilité s’oppose la réduction a minima des délais de chantier. « L’idéal serait de viser deux à trois mois (pour la période de séchage). Mais cela paraît difficile… », reconnaît Jean-Pierre Thomas. Une autre possibilité, peut-être plus réaliste, consiste à réduire les dosages en ciment, sans affecter la tenue mécanique de la future chape. Le tassement d’isolant acoustique a également pu être mis en évidence pour expliquer des fissurations, moyennant toutefois des techniques d’investigation poussées : « Certains de mes confrères ont effectivement rencontré ce cas de figure, acquiesce Jean-Pierre Thomas, mais c’est une cause qui reste difficile à déterminer, car examiner l’isolant sous la chape requiert un carottage, au coût prohibitif. » 26 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 740 2. Décollements Les problèmes d’adhérence avec leur support sont la cause prépondérante des décollements de carrelage. Plusieurs situations peuvent être incriminées, relevant de la mise en œuvre. À commencer par un mauvais encollage. Généralement, il convient d’appliquer la colle à la fois sur le support et en sous-face des carreaux. Se contenter d’une seule application n’est pas suffisant pour garantir leur adhérence. Il en est de même lorsque la préparation du support n’est pas optimale, notamment lorsqu’il s’agit d’appliquer un enduit de ragréage. Son temps de durcissement doit être scrupuleusement respecté car, s’il est encore trop frais, il n’offrira pas la meilleure adhérence au revêtement. Enfin, avant le collage des carreaux, le support doit être impeccable pour que des poussières ne nuisent pas au pouvoir adhérent de la colle. Les équipes de pose doivent donc nettoyer la dalle, a fortiori si les équipes qui les ont précédées n’ont pas veillé à sa propreté. Les décollements peuvent aussi avoir pour origine une erreur dans le choix du primaire d’accrochage. Celui-ci diffère selon le type de chape en présence ; les chapes anhydrites à base de sulfates requièrent des primaires spécifiques, différents de ceux appliqués aux chapes ciment. L’équipe chargée de poser un carrelage doit donc connaître le type de chape en présence afin d’appliquer le primaire adéquat. Les applicateurs de chapes anhydrites doivent également être vigilants quant au taux d’humidité de la chape qui doit être scrupuleusement respecté sous peine de dégrader l’adhérence du carrelage sur son support. Dans la mesure du possible, l’idéal pour gagner du temps est de caler la phase de séchage de la chape en période estivale. L’état d’assèchement peut être contrôlé à l’issue de cette période de séchage par un test : la bombe au carbure. Certains bâtiments spécifiques, tels que gymnases, piscines, bâtiments industriels, sont équipés de locaux aux sols carrelés, régulièrement soumis à des lavages à grandes eaux (douches, cuisines collectives, sanitaires…). Ce type de sol affiche nécessairement une pente de 1 % pour permettre l’évacuation des eaux vers des siphons de sol. Lorsque cette pente n’est pas respectée, l’eau stagne plus longtemps au sol. En cas de présence d’eau trop importante, des infiltrations risquent de mettre à mal les joints de carrelage, provoquant des infiltrations susceptibles de dégrader les mortiers de pose et, incidemment, de conduire à un décollement des carreaux. VOIR Fiche pathologie bâtiment F2 « Fissuration et décollement des carrelages de sol dans l’habitat » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 27 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 740 R Fissuration de carrelage (classement inadapté vis-à-vis du local). R Photos : DT Eurisk R Décollement de carreaux par absence ou défaut de double encollage. 28 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 740 Dégradation de carreaux sur joint de dilatation en grande surface R Photos : DT Eurisk (non-respect de la largeur des joints et pose sur un support trop jeune). R R Soulèvement par mise en compression d’un carrelage Défaut de traitement du support et décollement de l’enduit de ragréage VOIR Communication C2P « Les chapes fluides » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 29 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 740 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage Dans le cas des revêtements de sols carrelés, l’impropriété à destination n’est pas toujours simple à objectiver lors des expertises : « Cela fait trente-cinq ans que cette notion prête à interprétation, commente Olivier Bodin. Il y a des cas où elle ne pose pas de problèmes, d’autres où elle est beaucoup moins évidente à établir. » Et ce dernier de donner un exemple : « Le gérant d’un grand hôtel estimera que quelques fissures à peine visibles dans son hall rendront son établissement impropre à sa destination (car nuisant à son standing). » « La difficulté réside dans le fait que seule la jurisprudence permet de déterminer cette impropriété à destination, ajoute Jean-Pierre Thomas. C’est une notion assez générale, qui n’est non pas définie par un champ strict, mais laissée à l’appréciation des experts et des juges. » Dans la majorité des cas, les dommages touchant les carrelages et rendant l’ouvrage impropre à sa destination sont les fissurations et les décollements. Si une fissuration crée une butée entre les deux parties d’un carreau, le revêtement présente un risque de chute ou de blessure pour les usagers. En revanche, une fissure ne générant pas de rupture de niveau de part et d’autre ne sera pas considérée comme un dommage rendant l’ouvrage impropre à sa destination, mais simplement comme une dégradation d’ordre esthétique. Dans le cas de décollements de carreaux, le risque, là aussi, est corrélé à l’usage du bâtiment. Dans une maison de retraite par exemple, les personnes âgées, ayant du mal à se déplacer et donc plus vulnérables au risque de chute, seront mises en danger par des irrégularités et des butées créées par le décollement de plusieurs carreaux. « Cette dangerosité sera évaluée en fonction de la localisation du sinistre, de son étendue, ainsi que du taux de passage sur le secteur touché », complète Jean-Pierre Thomas. La RCD du constructeur peut également être engagée dans le cas d’un carrelage inadapté : « Dans une cuisine collective, il faut opter pour un carrelage à la fois suffisamment granuleux pour être antidérapant, et suffisamment lisse pour garantir de bonnes conditions de lavage, d’entretien et donc, d’hygiène, explique un autre expert. Les carrelages ne doivent pas devenir des nids à bactéries. Si le carrelage est trop glissant, les salariés de la cuisine risquent des chutes, et la RCD du constructeur sera mise en cause au titre de l’impropriété à destination. » La garantie de parfait achèvement impose au carreleur de réparer tous les désordres notifiés par le maître d’ouvrage dans l’intervalle d’un an après réception. Concernant les revêtements de sols, il est communément admis que les carrelages scellés sont considérés comme des éléments indissociables d’une construction, tandis que les carrelages collés le sont comme éléments dissociables. dès lors, seuls ces derniers sont concernés par la jurisprudence récente qui vise à les en exclure. En effet, la Cour de cassation a rendu à l’automne 2013 un arrêt selon lequel les carrelages ne peuvent être considérés comme des « éléments d’équipement » d’un ouvrage (il s’agit de l’arrêt n° 12-19483 rendu le 11 septembre 2013 par la troisième chambre civile de la Cour de cassation). « La Cour de Cassation a sans doute voulu recentrer la notion de fonctionnement aux équipements techniques », suppose Jean-Pierre Thomas. Dès lors, la Garantie de bon fonctionnement ne concernerait plus que les équipements d’éclairage, de ventilation, de génie climatique… Partant, le maître d’ouvrage ne pourra obtenir réparation du constructeur dans le seul cadre de la Responsabilité civile de droit commun. Conséquence : les entreprises de carreleurs ne seraient plus soumises à la Garantie de bon fonctionnement lorsqu’il s’agit de dommages relatifs aux carrelages. Théoriquement, elles n’auraient donc plus besoin de s’assurer. 30 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 740 « C’est peut-être ce qu’il adviendra, mais c’est un arrêt relativement récent, nous n’avons pas encore de retours sur l’effet de cette décision de la Cour de Cassation dans les expertises courantes », précise JeanPierre Thomas. Autres garanties (dommages) Pour les particuliers, les sinistres de type « incendie » ou « dégât des eaux » sont pris en charge par l'assurance Multirisque habitation. Dans les faits, c'est souvent l'assureur Multirisque habitation qui dédommage en premier, sous 90 jours et qui, le cas échéant, se retourne vers l'assureur du constructeur si sa RCD est mise en cause. A priori, les revêtements de sols carrelés entrent très rarement dans un tel cas de figure. « Des joints de carrelage mal réalisés, cela se voit tout de suite (à la livraison de l'ouvrage), souligne un assureur dommages, le constructeur peut donc corriger cela. » Dès lors, il est difficilement envisageable de voir ce type de malfaçon « glisser » en RCD en cas d'inondation. Toutefois, les douches à l'italienne peuvent donner lieu à une prise en charge du sinistre par l'assureur RCD de l'entreprise concernée : « Une douche à l'italienne doit pouvoir garantir l'étanchéité, notamment vis-à-vis d'un logement sous-jacent, dans le cas d'un bâtiment résidentiel collectif. Des joints mal réalisés engendreraient un dégât des eaux qui ne serait pas survenu avec un bac de douche classique, indique cet assureur. Sauf, bien sûr, si les joints du carrelage sont mal entretenus. » Mais l'entretien, qui ne fait pas partie des obligations de l'entreprise, reste à la discrétion du maître d'ouvrage ou de l'occupant. VOIR AUSSI Article de François Ausseur « L’élément d’équipement d’un ouvrage – Attention faux ami ! » paru dans le n° 143 de Qualité Construction (mars-avril 2014, pages 22 à 25) AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 31 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 740 NOTES 32 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM FONDATIONS SUPERFICIELLES SEMELLE FILANTE OU ISOLÉE 100 Affaissement d’une façade malgré des contreforts. Alain-Franck Béchade E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 147 – n o v e m b r e / d é c e m b r e 2 0 1 4 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 33 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 100 FONDATIONS SUPERFICIELLES Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que la fondation sur sol hétérogène est la plus souvent mise en cause (31 % de l’effectif). 23 % des dommages sont dus à l’insuffisance de profondeur. 30 % du coût total de réparation ayant pour origine les fondations superficielles en résidentiel sont consacrés aux dommages dus à la fondation sur sol hétérogène et 25 % au principe de fondation non adaptée. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 20 13 31 30 14 10 en en % % 16 23 18 30% Fondation sur sol hétérogène Fondation sur sol hétérogène COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 80 60000 70 50000 60 40000 50 40 30000 30 20000 20 10000 10 0 0 32 270€ Fondation sur sol hétérogène III III III III III 34 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 25 31% COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation associés sont respectivement de 32 370€ pour les désordres dus aux fondations sur sol hétérogène et 26 880 € pour ceux dus au principe de fondation non adaptée. Les Coûts relatifs de désordre (CRD), qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction, sont de 35 % pour les désordres dus au principe de fondation non adapté – alors que la moyenne est de 21 %, stable sur la période 1995 à 2015. RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 35% Fondation sur sol hétérogène Fondation sur sol hétérogène (tassement différentiel…) Insuffisance de profondeur dans le sol (hors gel) Principe de fondation non adaptée Fondation sur sol argileux Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 100 FONDATIONS SUPERFICIELLES Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que les désordres dus aux fondations sur sol hétérogène sont très souvent mis en cause avec 32 % de l’effectif et 27% du coût total de réparation. 22% du coût total de réparation sont consacrés aux désordres dus à l’insuffisance de profondeur et 22 % à ceux dus au principe de fondation non adaptée. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 21 32 26 8 en 3 en % 20 % 19 22 32% COÛT MOYEN Fondation sur sol hétérogène COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 80000 35 70000 30 60000 22 27% Fondation sur sol hétérogène Les coûts moyens de réparation les plus coûteux sont les désordres liés aux fondations sur sol argileux (66 210 €) suivis des désordres liés au principe de fondation non adaptée, avec un coût moyen de 30 090 €. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 32 % pour les désordres dus aux fondations sur sol argileux. En deuxième position viennent les désordres pour principe de fondation non adaptée (28 %). La moyenne pour l’ensemble est de 14 % pour la période 1995 à 2015. 27 25 50000 20 40000 15 30000 10 20000 10000 5 0 0 66 210€ Fondation sur sol argileux III III III III III 32% Fondation sur sol argileux Fondation sur sol hétérogène (tassement différentiel…) Insuffisance de profondeur dans le sol (hors gel) Principe de fondation non adaptée Fondation sur sol argileux Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 35 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 100 Les sinistres touchant les fondations superficielles sont les plus coûteux. Preuve que les fondations gagneraient à faire l’objet de travaux préventifs dès la phase d’aménagement des sites de construction. L’étude de sol préalable, devrait être systématique. Causes techniques des désordres 1. Les sous-sols hétérogènes Dans un premier temps, abordons le cas des fondations sur sous-sols hétérogènes, première cause technique de désordre dans le résidentiel. Une cause dont la fréquence s’explique en partie par le fait que les maisons individuelles sont, dans une très grande majorité, fondées sur des semelles en béton armé ancrées à de faible profondeur (entre 60 cm et 1,50 m), sans étude de sous-sol préalable. Il est vrai que l’étude de sous-sol n’est pas une obligation réglementaire. « Dans le meilleur des cas, une maison individuelle sur quatre fait l’objet d’une telle étude », estime Alain-Franck Béchade, expert indépendant(1). Si obligation il y a, elle est éventuellement imposée par les assureurs, pour les bâtiments dépassant un certain montant d’investissement (de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros). « Au-delà d’un certain montant, les assureurs conditionnent leur garantie à la production d’une étude de sol, à la présence d’un maître d’œuvre, d’un géotechnicien et d’un bureau de contrôle », complète l’expert. Le risque est que, sous l’effet du poids des ouvrages, le sous-sol fasse l’objet de tassement différentiel : en se déformant, le mouvement de sol soumet alors la superstructure du bâtiment à des contraintes (traction, cisaillement, etc.) susceptibles de fissurer l’édifice. Plusieurs cas de figures peuvent être rencontrés : présence d’un sol d’assise pour partie constitué d’argiles et de couches rocheuses, subsistances de carrières mal ou non remblayées, hétérogénéité desdits remblais, etc. On note également une recrudescence des problèmes liés au dessouchage : lors des travaux d’aménagements en zone boisée, les lotisseurs font niveler les terrains après extraction des souches et racines d’arbres (la profondeur du sol remanié par le dessouchage peut atteindre 1,20 à 1,50 m). Conséquence : ces sols remaniés peu portants occasionnent des tassements différentiels. Or la responsabilité d’un vice du sol incombe non pas aux aménageurs-lotisseurs, mais aux constructeurs… Sur les sols argileux, les tassements différentiels seront d’autant plus favorisés que l’ouvrage présentera des volumes hétérogènes exerçant différents niveaux de charges (exemple : une maison avec étage et son garage attenant). Afin de rendre les deux volumes indépendants en cas de tassement, il faut les séparer par un joint de rupture, avec chaînages verticaux de part et d’autre. Les bâtiments de logements collectifs seraient, quant à eux, moins sujets aux risques de tassements différentiels : plus rigides, souvent dotés de sous-sols aménagés, leurs fondations y sont plus profondes. Par ailleurs, les entreprises chargées de ce lot ont généralement suffisamment d’expérience pour éviter que les couches de sous-sols représentent un risque. Enfin, ces constructions sont soumises systématiquement à étude de sol. 2. L’eau Les argiles sont soumises aux phénomènes de retrait-gonflement, parfois dus à des causes climatiques (sécheresse, intempéries). Malheureusement, ce type de sinistre n’est pas le simple fait des aléas météorologiques. « L’origine première des mouvements de sols est la mauvaise gestion de l’eau autour des constructions », assène Alain-Franck Béchade. Il est donc du ressort de la maîtrise d’œuvre et des entreprises de garantir cette protection des ouvrages contre l’eau. Un certain nombre de travaux adéquats doivent être systématiquement mis en œuvre par les équipes de terrassement et de maçonnerie : trottoirs périphériques, drainages, réseaux d’eaux pluviales parfaitement étanches. 36 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 100 Reste un facteur de risque qui fait encore polémique parmi la communauté des experts : la présence de racines dans les sols d’assise sensibles, susceptible de créer des retraits d’argile par succion de l’eau. « S’agit-il d’un facteur déclenchant ou aggravant ? Pour ma part je considère que la succion des racines représente un facteur déclenchant, tranche Alain-Franck Béchade, quand on se donne le temps de montrer que la suppression de la succion de racines stoppe l’évolution des dommages. La nuance n’est pas anodine : si l’expert estime qu’il s’agit plutôt d’un facteur aggravant, les travaux de réparation ne seront pas les mêmes. » En cas de présence d’arbres ou d’arbustes, il convient de prémunir les ouvrages contre les problèmes de succion d’eau à l’aide d’écrans antiracine. Ils peuvent être de trois sortes. Les moins chers consistent en une tranchée de 30 cm de largeur sur 2,50 m de profondeur avec la mise en place d’un voile polyester étanche ou d’une géomembrane. Solution intermédiaire: en lieu et place du voile polyester, la fouille est remplie de béton. En présence de racines vraiment profondes (jusqu’à 5m de profondeur) et appartenant au voisin, il faudra battre des palplanches métalliques. En dernière extrémité, il faudra supprimer la végétation à proximité de l’ouvrage (en veillant bien à remblayer les cavités laissées après l’extraction des racines). En tous les cas, à l’instar de son confrère, Olivier Gloux, expert Crac chez VRS Vering, estime que « traiter la question de la végétation est la première des choses à faire ». Nécessairement, ces ouvrages devraient être systématiquement accompagnés de mesures préventives lorsqu’une présence d’argile est probable. « Dans l’idéal, un constructeur doit prendre les trois mesures suivantes : consulter la carte des zones de sols argileux dressée par le BRGM (Bureau des ressources géologiques et minières) – cette carte est disponible en ligne sur le site www.argiles.fr, mener une enquête de voisinage et, enfin, faire une analyse d’argile en laboratoire. » 3. La superstructure Pour qu’ils résistent à des mouvements de sols (tassements, mouvements sismiques), les bâtiments doivent être les plus rigides possible. Or, il est fréquent que leurs structures soient trop souples. En cause, des fondations en déficit d’éléments de ferraillage : « Les fondations sont les éléments les plus rigides d’une construction, rappelle Alain-Franck Béchade. Ils ont la densité d’acier la plus forte. C’est d’ailleurs pour cela que les sinistres liés aux fondations superficielles ne sont généralement pas spectaculaires : les fondations en elles-mêmes ne se cassent généralement pas. Ce qui est plus spectaculaire, c’est ce qui se passe au-dessus ! » Soit la réaction de la structure : fissures, descellement de poutres, etc. Il est donc important d’enjoindre aux maçons de ne pas lésiner sur les éléments de ferraillage avant qu’ils ne coulent leur béton. De même que les semelles filantes, les planchers participent de la rigidité d’un édifice : « Faisons une analogie entre une maison et une boîte à chaussures, poursuit l’expert. Si l’on découpe le fond de la boîte, les côtés de celle-ci seront beaucoup plus souples et sujets à la déformation. » Il est recommandé de préférer un plancher sur vide sanitaire à un dallage. L’édifice sera d’autant plus rigide qu’il comprendra un plancher haut ou une terrasse. VOIR AUSSI Alain-Franck Béchade est l’auteur de « La pathologie des fondations superficielles » coédition CSTB/AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 37 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 R Regard fuyard 38 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Développement de racines sous fondations R R Écran anti-racines par voile polyester R R Développement de racines dans l’argile sous fondations Écran anti-racines par palplanches Photos : Alain-Franck Béchade 100 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE R R Photos : Alain-Franck Béchade 100 Fissure en escalier Fissures intérieures R Inondation d’un vide sanitaire par absence de drainage VOIR AUSSI Fiche pathologie bâtiment A1 « Mouvement de fondation des maisons individuelles » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 39 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 100 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage En Responsabilité civile décennale, des tassements de fondations mettant en cause la solidité sont généralement pris en charge par l’assureur RCD de l’entreprise de maçonnerie-béton armé si elle a bien déclaré cette activité, sauf à prouver une cause extérieure, telles que la plantation d’arbre, l’ouverture d’une fouille pour une construction à proximité de l’ouvrage endommagé… ou que le désordre trouve son origine dans un autre lot que celui du maçon. C’est notamment le cas des fuites sur les réseaux d’évacuation des eaux pluviales ou d’assainissement qui sont susceptibles de provoquer ou d’aggraver des tassements différentiels de fondations, particulièrement dans un sol hétérogène sensible au retrait-gonflement. Dans ce dernier cas, la prise en charge n’entrera pas de fait dans le champ de la garantie du maçon mais de celle de l’entreprise chargée de la pose des réseaux. Certains assureurs déconseillent d’ailleurs à leurs clients constructeurs de maisons individuelles de laisser le lot VRD en travaux réservés pour réduire les risques. De même, si un tassement différentiel de fondation menace la sécurité des occupants, par exemple s’il induit le descellement d’une poutre de structure, il entrera automatiquement dans le champ de la RCD – alors même que la structure n’est pas encore effondrée. En revanche, un sinistre de fondation n’est pas toujours pris en charge, notamment lorsqu’il n’y a pas d’impropriété à destination ou d’atteinte à la solidité. « L’impropriété à destination est une notion beaucoup plus abstraite que la notion d’atteinte à la solidité de l’ouvrage », confirme une juriste. Tout dépend du type de bâtiment, de la localisation des fissures, ainsi que « de l’ouverture des fissures, si elles touchent ou non un mur porteur… Il faut distinguer les fissures structurelles des fissures non structurelles », poursuit notre juriste. Pour inquiétant qu’il soit aux yeux des propriétaires, notamment en maison individuelle, ce type de sinistre n’est pas forcément grave. « Il est vrai que ce point suscite l’incompréhension des béotiens, mais il faut rappeler qu’un bâtiment « bouge », de même que le sous-sol. Il est donc normal que des fissures se forment. Si elles ne sont pas satisfaisantes d’un point de vue esthétique, elles ne rendent pas systématiquement le bâtiment impropre à sa destination. » D’autant qu’elles peuvent être résorbées à l’aide de mesures correctives (gestion de l’eau autour des constructions, dans le cas des sols argileux), une fois passée la période d’observation confirmant qu’elles n’évoluent pas de façon inquiétante. Synthèse des bonnes pratiques (Extrait de « La pathologie des fondations superficielles, diagnostic, réparations et prévention », coédition CSTB/AQC) 40 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 100 Autres garanties (dommages) En théorie, en cas de sécheresse établie par arrêté de catastrophe naturelle, c’est l’assureur Multirisque habitation (MRH) qui devra dédommager le propriétaire de la construction sinistrée ; cet assureur, le cas échéant, se retournera vers l’assureur du constructeur si la construction a moins de dix ans et que sa responsabilité est mise en cause. En pratique, la DO intervient directement. Les sinistres dus à des mouvements de sols intervenant durant la période décennale engagent souvent la responsabilité de l’entreprise car la nature des sols doit être connue – et le constructeur doit l’adaptation des fondations. Pour se dégager de leurs responsabilités, le maître d’œuvre et l’entreprise doivent apporter la preuve que le sinistre est dû à une « cause étrangère ». L’objectivation de cette cause étrangère est faite lorsque le sinistre répond à trois critères conjugués : l’imprévisibilité, l’extériorité et l’irréversibilité. Or il existe des cartes d’aléas relatives aux argiles gonflantes et à la nature géologique des sols, ce qui rend l’imprévisibilité difficile à prouver. Si le sinistre est dû ou aggravé par une fuite de canalisation, la responsabilité du constructeur de la fondation sera hors de cause – mais pas celle de l’entreprise ayant posé la canalisation fuyarde, vers qui l’assureur MRH pourra se retourner. Enfin, « si une maison n’a pas bougé pendant une trentaine d’années et que survient un sinistre, il est plus que probable qu’une origine environnementale extérieure puisse être invoquée », indique Alain-Franck Béchade. En dehors de la période décennale, un sinistre touchant les fondations superficielles sera couvert par la MRH –consécutivement à la sécheresse, mais attention, uniquement sous réserve du classement de la commune en état de catastrophe naturelle par arrêté ministériel, ce qui n’est pas systématique. À titre d’information, une fiche pratique sur le site de la FFSA, « Sécheresse : garanties et indemnisation des dommages subis par les habitations », présente les modalités de prise en charge en cas de sécheresse dans les cadres catastrophe naturelle/décennale. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 41 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 100 NOTES 42 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM COUVERTURES EN PETITS ÉLÉMENTS TUILE TERRE CUITE 313 Photo DT Saretec E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 148 – j a n v i e r / f é v r i e r 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 43 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 313 COUVERTURES EN PETITS ÉLÉMENTS Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Ces répartitions montrent que les dommages ayant pour cause les couvertures en tuiles de terre cuite ont pour principale origine les défauts aux points singuliers (65 % de l’effectif sur l’ensemble de la période) ; cette cause consomme près de la moitié du coût total des réparations des couvertures en tuiles de terre cuite, en baisse sur la période (53 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 11 18 2 9 2 en en % 13 % 19 65 53 8 65% 53% Défaut aux points singuliers Défaut aux points singuliers COÛT MOYEN Les histogrammes présentent les coûts moyens de réparation et les Coûts relatifs de désordre (CRD) correspondants, toujours dans le résidentiel. On constate que le coût moyen de réparation associé aux défauts aux points singuliers est de 4 015 €. Les CRD, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction varient entre 8 % pour les désordres dus aux défauts en partie courante et 1,2 % pour ceux dus au défaut de liaison avec une pénétration. 8 12000 7 10000 6 8000 5 4 6000 3 4000 2 2000 1 0 0 10 050€ Défaut en partie courante III III III III III 44 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 8% Défaut en partie courante Défaut aux points singuliers (faîtage, rive, noue…) Défaut de liaison avec une pénétration (souche, lucarne, mur, capteurs solaires…) Défaut en partie courante (recouvrement insuffisant, pente…) Envol des éléments Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 313 COUVERTURES EN PETITS ÉLÉMENTS Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L En maison individuelle, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que le défaut aux points singuliers est le plus souvent mis en cause (plus de 63 % de l’effectif). Près de 48 % du coût total de réparation ayant pour origine les couvertures en tuiles de terre cuite en non-résidentiel sont consacrés aux dommages dus aux défauts aux points singuliers. 22 % du coût total de réparation sont consacrés aux défauts en partie courante. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 11 20 2 13 4 11 en en % % 63 6 63% 48% Défaut aux points singuliers Défaut aux points singuliers COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation associés sont respectivement de 6 800 € pour les défauts aux points singuliers et 15 100 € pour les défauts en partie courante. Les Coûts relatifs de désordre (CRD), qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction, sont de 1 % pour les désordres dus aux défauts aux points singuliers, en baisse sur la période 1995 à 2015. 48 22 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 8 20000 7 6 15000 5 4 10000 3 2 5000 1 0 0 17 500€ Envol des éléments III III III III III 1,6% Envol des éléments Défaut aux points singuliers (faîtage, rive, noue…) Défaut de liaison avec une pénétration (souche, lucarne, mur, capteurs solaires…) Défaut en partie courante (recouvrement insuffisant, pente…) Envol des éléments Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 45 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 313 Concernant plus volontiers la maison individuelle, les pathologies touchant les toitures composées de tuiles en terre cuite sont généralement dues à des défauts de mise en œuvre localisés sur un certain nombre de points singuliers. Les coûts engendrés sont relativement modestes par rapport à d’autres pathologies du Top 10 de Sycodés. Causes techniques des désordres 1. La mise en œuvre Faisant partie intégrante du clos et couvert, la toiture, quelle que soit sa constitution, doit protéger les occupants des intempéries (pluie et neige). Partant, les infiltrations d’eau, voire de neige poudreuse, représentent la quasi-totalité des sinistres signalés. La majorité des sinistres touchant les toitures en petits éléments relève de défauts au niveau des points singuliers : faîtages, noues, solins autour des souches de cheminée, rives, etc. Ces défauts se traduisent par des points de vulnérabilité propices aux infiltrations de pluie. Le clos et couvert n’est plus garanti. Beaucoup de ces défauts traduisent la difficulté des ouvrages à effectuer et/ou un manque de rigueur dans leur exécution et le respect des Règles de l’art. Il est de la responsabilité du couvreur, seul habilité à réaliser les ouvrages de zinguerie qui constituent ces fameux points singuliers, de bien les réaliser. Cette obligation de rigueur est également patente dans les pathologies en partie courante. Il est vrai que certains types de tuiles –telles que les tuiles plates– qui demandent de respecter des dimensions réglementaires de pureaux (zones de recouvrement entre les tuiles), requièrent un plus haut niveau de savoir-faire que de simples tuiles à emboîtement. Ce manque de savoir-faire peut se traduire par d’autres malfaçons sources de sinistres : emploi de tuiles de partie courante au niveau des faîtages et des arêtiers ; mortiers de scellement de mauvaise qualité au niveau des faîtages et des rives (tuiles affleurant côté pignon), infiltrations dues à une orientation des emboîtements face aux vents dominants, etc. Prévenir ce type de malfaçons passe d’abord par une meilleure formation de l’ensemble des artisans couvreurs, de façon à ce que les Règles de l’art (DTU) soient respectées. Non pas que la qualité de la formation soit à mettre en cause; il s’agirait plutôt de veiller à un meilleur encadrement des metteurs en œuvre. « On recense peu de dommages dus à une incompétence notoire, mais plutôt des incidents isolés en grand nombre, tempère ainsi Michel Caron, expert construction au sein de Estellon-Eurexo. On trouve de grandes disparités en termes de niveau de compétence au sein d’une même entreprise. C’est pourquoi l’encadrement est si important, quelle que soit la partie de l’ouvrage concernée, d’ailleurs. » Il est également important que le couvreur soit en mesure de choisir le type de tuiles adapté à la zone géographique considérée et qu’il respecte les spécifications techniques du produit pour le mettre en œuvre correctement. Il semblerait également que le métier de couvreur au sens strict ne soit pas représenté de manière homogène sur l’ensemble du territoire. Ainsi, paradoxalement, le sud de la France, pourtant riche en maisons à couvertures en tuiles canal, serait moins pourvu en entreprises spécialisées. Les lots « Couverture » peuvent alors être pris en charge par des entreprises de maçonnerie, surtout en maison individuelle. En l’espèce, Michel Caron rapporte le cas le plus surprenant qu’il ait rencontré, dans le département des Pyrénées-Orientales : « Dans une copropriété située dans une commune très exposée 46 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 313 au vent, les tuiles d’un auvent étaient simplement collées sur les liteaux, sans écran de sous-toiture. Au moindre coup de vent, le vent s’engouffrait sous la couverture, et des tuiles se retrouvaient par terre… Pourtant un maître d’œuvre avait réceptionné l’ouvrage. Ce genre de sinistre ne devrait pas arriver, et cet ouvrage n’aurait pas dû être garanti. » Car faut-il le rappeler, le maître d’œuvre est effectivement responsable de la qualité des ouvrages livrés. Mais, en dehors des cas extrêmes tels que celui évoqué ci-avant où l’ensemble de la toiture est mal réalisé, la responsabilité du maître d’œuvre est plus difficile mettre en évidence, car les sinistres ont généralement pour origine des « défauts isolés d’exécution », qui renvoient plus naturellement à la responsabilité de l’entreprise. Autre sinistre récurrent : les infiltrations de neige poudreuse. Elles sont liées à une concomitance vent-neige qui peut concerner potentiellement toutes les habitations situées en plaine. Pour des raisons économiques et parce que les règles de l’art ne l’exigent pas en dehors des zones exposées ou des toitures de faibles pentes, certains promoteurs-constructeurs de maisons individuelles font l’impasse sur l’écran souple de sous-toiture. Il s’agit pourtant d’un risque qui, même peu fréquent, mérite de ne pas être pris. Il est à noter que la mise en œuvre des écrans souple de sous-toiture est décrite dans le document NF DTU 40.29. Outre l’absence d’écran souple de sous-toiture, le non-respect de la dimension des pureaux lors de la mise en œuvre favorise les infiltrations de neige poudreuse. 2. Les matériaux Cela peut, par exemple, concerner la mauvaise résistance au gel, sur une série limitée de tuiles. « Mais ce désordre peut également être associé à un défaut de ventilation de la couverture, et donc à un assèchement insuffisant de celle-ci », complète Alain Decorniquet. Sous des températures négatives, cette humidité résiduelle gèle et conduit au délitement de la tuile. L’expertise doit donc faire la part entre la défectuosité du produit et le respect des Règles de l’art dans la mise en œuvre de la couverture. D’autres désordres plus ponctuels renvoient également à des défauts de fabrication, mais qui généralement ne conduisent pas à des sinistres: une simple perte de coloration de tuiles ne remet pas en cause la sécurité du bâti. Pour rattraper ce type de désordres, il est envisageable de se retourner vers le fournisseur de tuiles : « Lorsque la responsabilité d’un fabricant est manifeste, il est possible de trouver un arrangement à l’amiable, confirme Alain Decorniquet. D’autant que la plupart des fournisseurs disposent d’un réseau de commerciaux proches de leurs clients et de services après-vente bien structurés. » Comme vu plus haut en examinant les statistiques de Sycodés, les sinistres touchant les couvertures à tuiles en terre cuite engendrent généralement des coûts modérés, notamment parce qu’ils concernent souvent des maisons individuelles. Il est rare qu’il faille reprendre l’ensemble de la toiture, les dommages se limitant à des défauts isolés d’exécution. En logement collectif, d’autres modes constructifs peuvent être utilisés (recours aux plaques sous tuiles, par exemple) afin de minimiser la survenue d’infiltrations. Ici, la couverture en petits éléments a plus une valeur esthétique qu’une réelle fonction d’étanchéité. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 47 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 R Photo : Pascal Dessagne – AQC 313 R Photo : Pascal Dessagne – AQC Infiltrations d’eau par les combles, dues à une mauvaise réalisation de la couverture : absence de chatières, pose des tuiles à joints alignés (au lieu d’un décalage en joints de pierre) R Photo : Luc Robin – AQC Infiltrations d’eau par la toiture : absence de closoirs, de noquets, de pinces. Pente de toiture trop faible pour le modèle utilisé Effondrement d’un ancien hangar après le remplacement de l’ancienne couverture en tôles métalliques légères par des tuiles de terre cuite plus lourdes, sans avoir vérifié la résistance de la charpente à cette nouvelle charge 48 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE Photo : Carla Abreu – AQC De l’utilisation de la moquette pour remédier à l’envol des tuiles… R Photo : Thierry Duthilleul – AQC Délitement de tuiles en terre cuite sous l’effet du gel R R Photo : Didier Damois – AQC 313 Infiltrations d’eau par la couverture. La mauvaise mise en œuvre à l’égout provoque la formation d’une poche d’eau VOIR Fiche pathologie bâtiment C1 « Infiltrations par points singuliers de couvertures en tuiles » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 49 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 313 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage Les dommages touchant les couvertures à petits éléments et donnant lieu à des infiltrations relèvent de la Responsabilité civile décennale (RCD), au sens où l’ouvrage devient impropre à sa destination. Il est en revanche très peu probable que de tels dommages portent atteinte à la solidité de l’ouvrage (autre motif permettant d’invoquer la RCD de l’entreprise concernée). Bien que l’assurance Dommages-Ouvrage soit obligatoire pour les particuliers, aucune sanction ne vient pénaliser l’absence de souscription d’une telle police. Le maître d’ouvrage doit alors directement se retourner vers l’assureur RCD de l’entreprise ou du maître d’œuvre. Par ailleurs, dans certains cas (notamment d’un contrat de vente en futur état d’achèvement [dite Vefa]), le contrat de DO est souscrit en nombre par le constructeur de maison individuelle ou le promoteur, qui en transfère le bénéfice à chacun des acquéreurs lors de la réception. Les montants de souscription sont négociés, souvent en regard de gages de maîtrise de la qualité (processus d’organisation, certifications, mise en place d’un SAV avec prise en charge directe des sinistres en deçà d’un certain montant, etc.). Dans ce cas, le constructeur peut se retourner directement vers un sous-traitant ou le concepteur. « C’est ce que font notamment beaucoup de promoteurs, pour que le prix de leur police d’assurance n’augmente pas », note Michel Caron. Ce recours direct à la RCD peut se produire dans un autre cas particulier : « Il n’est pas rare de voir des maîtres d’ouvrage se “réveiller” en dernière année de garantie décennale, poursuit Michel Caron, et se préoccuper de menus défauts touchant leurs ouvrages. Ils tentent alors d’obtenir une suspension du délai décennal par assignation au Tribunal de grande instance. » Manière pour eux d’espérer voir leurs travaux pris en charge par la RCD au-delà de la période de garantie… Il est important de rappeler qu’en période décennale, l’entreprise est non seulement responsable de la qualité de l’ouvrage – couverte par la RCD, mais également des éventuels dommages collatéraux sur des lots extérieurs au sien, au titre de sa Responsabilité civile (RC) professionnelle. Les infiltrations provoquant des dégradations touchant les faux-plafonds, les peintures ou les plaques de plâtre, seront donc prises en charge par la RC. Mais la situation peut se compliquer lorsque plusieurs lots sont impactés par un sinistre touchant initialement la couverture. Si l’expertise met par exemple en évidence un problème d’inclinaison de la toiture, la responsabilité de l’entreprise de charpente pourra être engagée, les maîtres d’œuvre (tenus d’assurer le suivi des travaux) ainsi que les contrôleurs techniques engagent leur responsabilité. Il est des cas de figure (en dehors de ceux dus à une «cause extérieure», pris en charge par l’assurance Multirisque habitation [MRH], voir plus loin) où ni la Dommages-Ouvrage ni la RCD ne peuvent être actionnées. Cela concerne par exemple les infiltrations qui ne touchent pas les volumes habitables (typiquement les auvents et marquises). Ici, l’impropriété à destination ne peut être invoquée. Autre cas de figure concerné: les extensions équipées de toitures n’ayant pas fait l’objet d’un avenant au contrat d’assurance Dommages-Ouvrage. Beaucoup de maîtres d’ouvrage s’exposent à cet écueil, par simple oubli ou encore pour ne pas s’acquitter d’un supplément de cotisation. Enfin, les dommages « mineurs », dus à des vices de fabrication (exemple: perte de coloration d’une série de tuiles) ne donnent pas lieu à une indemnisation au titre de la RCD, puisqu’il n’y a pas impropriété à destination, encore moins atteinte à la solidité de l’ouvrage. Un possible dédommagement peut en revanche être obtenu directement par négociation avec le fournisseur. 50 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 313 Autres garanties (dommages) L’assurance Multirisque habitation (MRH) est susceptible d’intervenir selon différents cas de figure : • si le sinistre touchant la couverture est dû à une « cause extérieure », soit un phénomène climatique inhabituel, allant au-delà des normes répertoriées par la carte « neige et vent » ou soit, cas extrême, faisant l’objet d’un arrêté de catastrophe naturelle, il fera automatiquement l’objet d’un refus des autres polices d’assurance (DO, RCD…) et sera pris en charge par la seule MRH, déduction faite des franchises contractuelles ; • si l’ouvrage est encore sous garantie décennale, la MRH pourra toutefois, dans certains cas, intenter un recours auprès de l’entreprise de couverture (exemple : dommages dus à des vents supérieurs à 100 km/h mais inférieurs aux valeurs extrêmes de la carte « neige et vent ») – après avoir dédommagé dans un premier temps le maître d’ouvrage – afin de faire éventuellement jouer sa RCD, ainsi que sa Responsabilité civile professionnelle, également habilitée à couvrir de possibles dommages collatéraux. Pour ne pas voir le niveau de son indemnisation amputé par les franchises, un particulier pourrait théoriquement tenter de faire jouer la RCD d’une entreprise plutôt que sa MRH. « Mais pour cela, il faudrait qu’il dispose de l’attestation d’assurance de la personne qui lui a fait les travaux », nuance Alain Decorniquet ; • si le sinistre n’est pas dû à une « cause extérieure », mais qu’il a engendré des dommages collatéraux sur d’autres lots, et que la période décennale est échue, la MRH peut prendre seule en charge le dédommagement (uniquement sur ces dommages collatéraux et non sur leur cause), toujours en retranchant le montant de la franchise contractuelle. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 51 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 313 NOTES 52 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM RÉSEAUX D’EAU INTÉRIEURS AU BÂTIMENT CANALISATION D’ALIMENTATION EAU FROIDE ENCASTRÉE 901 Vue des investigations sur une boîte d’attente. On remarque que le fourreau à droite est fendu. Photo : Thomas Lemerre – Socabat E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 149 – m a r s / a v r i l 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 53 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 901 RÉSEAUX D’EAU INTÉRIEURS AU BÂTIMENT Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que la fuite de canalisations encastrées en cuivre est le plus souvent mise en cause avec 77 % de l’effectif. En deuxième position avec 17 % viennent les désordres dus aux fuites de canalisations encastrées en matériau de synthèse. Avec 74 % du coût total de réparation, les désordres les plus coûteux sont les fuites de canalisations encastrées en cuivre suivis des désordres de fuites de canalisations encastrées en matériau de synthèse (18 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 4 2 7 18 en en % % 77 74 77% 74% Fuite d’une canalisation en cuivre 6000 Fuite d’une canalisation en cuivre COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 1,0 5000 0,8 4000 0,6 3000 0,4 2000 0,2 1000 0,0 0 4 800€ Fuite d’une canalisation en cuivre III III III III 54 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1 17 COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation des désordres sont de 4 800 € pour les fuites de canalisations en cuivre contre 5 460 € pour les canalisations en PER. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 0,8 % pour les désordres de fuites de canalisations encastrées en cuivre. RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 0,8% Fuite d’une canalisation en cuivre Fuite d'une canalisation en cuivre Fuite d'une canalisation en matériau de synthèse (PER) Fuite d'une canalisation en acier Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 901 RÉSEAUX D’EAU INTÉRIEURS AU BÂTIMENT Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non résidentiel, les anneaux présentent la répartition des dommages par causes techniques, en % de l’effectif et en % du coût total de réparation signalés à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que la fuite de canalisations encastrées en cuivre est le plus souvent mise en cause avec 48 % de l’effectif et 39 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus aux fuites de canalisations encastrées en matériaux de synthèse, qui représentent 34 % de l’effectif et 36 % du coût total de réparation. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 13 15 5 9 en en % % 34 48 36 48% 39% Fuite d’une canalisation en cuivre COÛT MOYEN Pour les fuites de canalisations encastrées en cuivre, le coût moyen de réparation est de 7 550 € contre 9 730 € pour une canalisation en PER et 18 850 € pour une canalisation en acier (qui représente seulement 5 % de l’effectif). Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 1,1 % pour les désordres de fuites de canalisations encastrées en cuivre et de 0,8% pour les désordres dus aux fuites de canalisations encastrées en matériau de synthèse. La moyenne pour l’ensemble est de 0,9 % pour la période 1995 à 2015. Fuite d’une canalisation en cuivre COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 4,0 20000 3,5 3,0 15000 2,5 2,0 10000 1,5 1,0 5000 0,5 0,0 0 7 550€ Fuite d’une canalisation en cuivre III III III III 1,1% Fuite d’une canalisation en cuivre Fuite d'une canalisation en cuivre Fuite d'une canalisation en matériau de synthèse (PER) Fuite d'une canalisation en acier Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 55 39 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 901 Leur fréquence est de première importance toutes destinations confondues. Ces réparations se font généralement au détriment d’une expertise poussée qui permettrait de mettre en évidence les causes techniques de ces sinistres. Causes techniques des désordres 1. Les canalisations en cuivre Selon les données livrées par Sycodés, la grande majorité des désordres en logement collectif concerne des réseaux encastrés en cuivre. L’importance de ces chiffres trouve une partie de son explication dans le fait que le cuivre est historiquement utilisé par les entreprises de plomberie-chauffage, même si les matériaux synthétiques, dont le PER, progressent en part de marché (60 % selon Cochebat, syndicat des professionnels de l’hydrocâblé et du plancher chauffant). Le phénomène de «pitting» (piqûres), qui touche exclusivement les canalisations métalliques, serait la cause la plus invoquée par les experts pour expliquer les fuites de canalisations en cuivre. Celles-ci sont en fait soumises à des phénomènes de corrosion et/ou d’abrasion qui génèrent ces piqûres, conduisant à des percements. Cette corrosion survient selon deux modes : externe ou interne. Difficile à mettre en évidence, la corrosion interne serait due à plusieurs facteurs conjugués, tels que la vitesse du fluide circulant ou les « effets de pile » électrochimiques. La corrosion externe, relativement fréquente, est plus clairement mise en évidence. Elle est la conséquence, lors des lavages de sol, du passage de l’eau par les arases de gaines de protection non étanches. La corrosion vient du fait que cette eau de lavage contient des produits de nettoyage corrosifs, riches en chlorures et sulfates. Ces infiltrations peuvent aussi se produire alors que les canalisations affleurant la chape sont encore sous leur boîtier de protection, dans l’attente d’être prolongées. L’eau qui se sera accumulée durant le chantier peut être chimiquement chargée (d’huiles de décoffrage, par exemple), s’infiltrer entre la canalisation et son fourreau de protection, pour laisser une trace caractéristique ayant l’aspect de stries vertes à la surface du tube (dues en fait à l’empreinte que laisse le fourreau sur le tube). L’expert Thomas Lemerre, qui officie au sein de la société Socabat, signale par ailleurs un cas remontant à 2007 où le dépôt de chlore ayant endommagé le tube serait provenu de la combustion de son fourreau lors de la soudure. Cette conclusion faisait suite à une expertise du Cetim (le Centre technique des industries mécaniques, habilité à effectuer des tests sur des dommages touchant des produits). Autre cause très fréquente et facile à objectiver : les défauts de réalisation des soudures de tubes en cuivre. « Ce défaut se révèle assez rapidement, dès les premières mises en eau, note Thomas Lemerre. Il arrive que ce défaut apparaisse un peu plus tard, si la soudure défectueuse résiste dans un premier temps, puis cède sous l’effet d’une dilatation, d’un choc mécanique… ». Les soudures en sortie de dalles sont particulièrement sujettes à ces malfaçons. À la décharge des compagnons et salariés des entreprises de plomberie, leurs conditions de réalisation ne sont pas des plus confortables (exiguïté, inconfort). Réalisées dans les Règles de l’art, ces attentes de canalisations doivent ressortir de 3 cm de haut par rapport au niveau de la dalle (et de 5 cm dans le cas de réseaux encastrés de gaz). Mais même lorsqu’elles sont correctement réalisées, il est fréquent que ces attentes soient arasées durant le chantier, pour d’obscures raisons… Il est relativement simple en théorie de contrôler la qualité des soudures avant livraison de l’ouvrage – c’est même imposé par les DTU. Le contrôle s’effectue par mise en pression des réseaux (jusqu’à 10 bars pour les réseaux d’eau chaude et d’eau froide). Mais il est fréquent que cette vérification soit escamotée, notamment pour des raisons de délais. 56 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 901 2. Les canalisations en PER Concernant les canalisations en matériaux synthétiques, plusieurs causes techniques peuvent être avancées pour tenter d’expliquer ces fuites: pincement puis percement des tubes en sortie de dalle ; dilatation et rétractation successive des tubes appartenant à des réseaux d’eau chaude, entraînant la fatigue puis la casse du tuyau ; mauvaise réalisation des raccords… En dehors des fuites, on signalera également que les tubes PER des planchers chauffants/rafraîchissants peuvent être exposés au phénomène d’embouage, résultant de l’oxydation – suite au passage d’oxygène à travers la paroi des tubes – de particules en suspension dans l’eau du circuit. Mais les tentatives pour quantifier et hiérarchiser toutes ces causes techniques – tant pour les canalisations cuivre que PER – se heurtent à la difficulté de les mettre en évidence sur le terrain : « Généralement, les canalisations d’eau ou de gaz sont encastrées dans des dalles de béton d’environ 20 cm d’épaisseur; pour investiguer, il serait plus vite fait de passer par dessous, mais cela impliquerait de sectionner les aciers de structure, ce qui n’est jamais fait en pratique », explique Thomas Lemerre. Techniquement, il est pourtant possible de remplacer les tronçons déficients, après les avoir localisés en les mettant sous pression d’air ou d’eau. Mais eu égard aux frais qu’ils pourraient engendrer, ces travaux sont très rarement entrepris. « En tant qu’expert, demander des analyses complémentaires ne pose pas de difficultés, remarque Olivier Gloux, expert pour VRS Vering, mais ces analyses se répercutent sur le montant des primes d’assurance, et je ne suis pas sûr que les maîtres d’ouvrage – que nous sommes tous potentiellement – soient enclins à consentir des montants de primes plus élevés pour des sinistres relativement modestes en termes de coûts. » Sur un plan économique – et sauf demande expresse contraire du maître d’ouvrage –, il est préférable de « shunter » la canalisation fuyante et de la remplacer par un tronçon apparent. Ce qui, soit dit en passant, explique le fait que les coûts de ce type de dommage soient in fine relativement modestes par rapport aux autres pathologies du Top 10. De plus, les DTU interdisent de repasser les canalisations en dalle béton lorsqu’il s’agit d’un immeuble collectif (pour que la structure de l’édifice ne souffre pas des vibrations générées par la casse de la dalle). Ce manque de retour d’expertise sur les sinistres touchant les canalisations encastrées n’est pas sans générer une certaine frustration, chez les experts mais aussi, nous le verrons plus loin, chez les entreprises de plomberie. « Les sinistres qui touchent les canalisations non encastrées nous permettent d’avoir un retour d’expérience sur les causes techniques des sinistres », souligne toutefois Olivier Gloux. Sans préjuger de la qualité des matériaux utilisés, les canalisations en PER présentent un avantage par rapport aux réseaux encastrés de cuivre en cas de sinistre. Il est en effet obligatoire de passer les tubes PER dans des fourreaux; en cas de fuite, il est donc possible, une fois que celle-ci est localisée, de retirer la portion de tube endommagée et d’en repasser une nouvelle dans le fourreau. Toutefois, cette manœuvre nécessite, pour qu’elle soit en œuvre une condition : le rayon de cintrage du tube PER devra être au moins dix fois supérieur au rayon du fourreau, de manière à pouvoir le retirer sans entrave. VOIR AUSSI Guy Taché est l’auteur de « La pathologie des réseaux d’eau » coédition CSTB/AQC AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 57 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 R Les fourreaux avant le coulage sont nombreux et exposés à des risques de détérioration R Exemple d’une boîte d’attente remplie d’eau pendant le chantier : l’eau se charge des huiles de coffrage et produits répandus au sol, et peut s’infiltrer entre le fourreau et la canalisation. R Auscultation acoustique pour repérer la localisation de la fuite, dans le cas de réseaux encastrés de gaz 58 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photos : Thomas Lemerre – Socabat 901 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE R Photos : Thomas Lemerre – Socabat 901 Les fourreaux avant le coulage sont nombreux et exposés à des risques de détérioration VOIR R R Canalisation cuivre traversée de part en part par un pistoscellement. Corrosion externe avec empreinte du fourreau. Fiche pathologie bâtiment E4 « Fuites de canalisations incorporées dans les dalles » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 59 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 901 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage Les canalisations encastrées constituent une catégorie de sinistres pour laquelle les entreprises de plomberie sont quasi systématiquement tenues pour responsables, au titre de leur garantie de Responsabilité civile décennale. Cela est dû encore une fois au fait que les causes techniques des désordres ne font que très exceptionnellement l’objet d’une enquête poussée. « L’article 1792 du Code civil édicte une présomption de responsabilité à l’égard de l’entreprise, rappelle Thomas Lemerre. Dès lors, elle est tenue de dédommager. Charge à elle d’essayer de prouver que le sinistre est dû à une cause étrangère, un défaut d’entretien ou d’usage. » Il arrive néanmoins que l’expert et l’entreprise mènent l’enquête pour tenter de mettre en évidence une éventuelle cause étrangère, parfois avec gain de cause. Thomas Lemerre cite un exemple où était suspecté un percement par les vis d’une barre de fixation de rails de porte coulissante : « La canalisation affleurant sous la dalle a pu être récupérée [pour expertise]. Le débat consiste alors à déterminer si la profondeur minimale d’enrobage – 2 cm– a bien été respectée par l’entreprise, ainsi qu’à vérifier que la taille de la vis est susceptible d’avoir causé le percement de la canalisation. » Si nécessaire, les représentants des autres entreprises concernées – plaquistes, menuisiers, etc. –, voire le propriétaire qui aura fait des travaux d’aménagements, sont interrogés afin de déterminer à qui revient la responsabilité du sinistre. « C’est le seul cas évident d’exonération totale ou partielle de responsabilité de l’entreprise de plomberie », conclut Thomas Lemerre. Pour mémoire : dans le cas où une entreprise est reconnue responsable d’un dommage et qu’elle réalise elle-même les travaux de réparation, le coût de sa prestation est toujours facturé HT. « Le principe de cette disposition fiscale est que la TVA ne doit pas être encaissée deux fois sur les mêmes travaux », rappelle Thomas Lemerre. Pour prouver sa bonne foi, l’entreprise peut éventuellement se retourner contre le fabricant du matériau incriminé mais, là aussi, c’est peine perdue dans quasiment tous les cas. Tout d’abord, le fabricant, au contraire de l’entreprise, n’est pas tenu de prouver la défaillance de son produit. C’est à l’installateur d’en faire la démonstration. Le parcours sera semé d’embûches : il doit non seulement prouver que son installation est irréprochable (c’est-à-dire qu’elle respecte les Règles de l’art) et, dans le même temps, mener son action contre le fabricant, avec les difficultés que cela comporte en termes de traçage des produits. Dans le cas où le même sinistre toucherait plusieurs appartements d’un immeuble collectif, même si la défaillance du produit est établie dans un des appartements, la responsabilité du fabricant ne sera pas de facto extensible à l’ensemble de l’immeuble. L’entreprise devrait alors dupliquer la procédure pour chaque appartement, avec les frais d’enquête que cela implique… Équipements « inertes » En matière de jurisprudence, intéressons-nous à la garantie de bon fonctionnement dont doit répondre le constructeur pour une durée de deux ans à compter de la réception de l’ouvrage. On a vu que les tubes PER sous fourreaux peuvent être retirés en vue d’être remplacés. À ce titre, ils peuvent être considérés comme des éléments d’équipement dissociables, donc potentiellement visés par la garantie de bon fonctionnement. Si cette garantie de bon fonctionnement a vu son périmètre varier en l’espace d’une trentaine d’années, la jurisprudence récente a recentré la notion de fonctionnement pour qu’en soient exclus les équipements « inertes », dont les réseaux de canalisations font partie. En effet, ne sont donc considérés en fonctionnement que les équipements de génie climatique, de ventilation, d’éclairage… Mais la notion « d’élément dissociable » semblant évoluer au seul gré de la jurisprudence, peut-être faudra-t-il attendre un arrêt visant spécifiquement les réseaux encastrés pour clarifier leur prise en charge ou non par la garantie de bon fonctionnement. 60 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 901 Canalisations gaz : des dommages de pointe À la différence des réseaux d’eau intérieurs, les réseaux encastrés de gaz peuvent faire monter en flèche le coût des réparation. Il est en effet déjà arrivé qu’une fuite de gaz dans un immeuble collectif engendre la reprise de l’ensemble du réseau : « Une fuite est localisée dans un premier appartement, puis dans un deuxième, puis dans un troisième… Lorsque le sinistre se généralise à tout l’immeuble, le risque d’explosion devient trop grand ; il faut donc rénover tout le réseau de canalisations en apparent », explique Thomas Lemerre. Au cours des dix dernières années, l’expert a été confronté à ce cas de figure à deux reprises : une fois en 2005, sur 48 logements (coût des réparations : 144 000 €) ; une autre fois en 2007, dans un immeuble de 60 logements (coût des réparations : 160 000 €). Et encore une fois, il est quasiment impossible de déterminer la cause de ces sinistres de grande ampleur, les experts et assureurs estimant que les frais d’enquête engendrés seraient déraisonnables. À de rares exceptions près toutefois : « Sur le dossier de 2007 à 144 000 €, nous avons réussi à passer une caméra dans la canalisation pour observer la fissure, après avoir localisé la fuite par mise en pression à l’air, se souvient Thomas Lemerre. L’opération devait se dérouler en partie commune sur une dalle de faible portée, il n’y avait donc pas de risque structurel. » L’expertise a mis en évidence une fissure de la canalisation laissant supposer une défaillance du matériau, mais les recours contre le fabricant ont finalement été abandonnés… Autres garanties (dommages) Une fois la garantie décennale et la Dommages- Ouvrage (DO) échues, le maître d’ouvrage peut se voir dédommagé par son assurance Multirisque habitation (MRH). Mais le périmètre de celle-ci est plus restreint que celui de la Dommages-Ouvrage, puisque si la MRH a vocation à dédommager les conséquences d’un sinistre, elle ne couvre pas les causes dudit sinistre. Dans le cas des canalisations encastrées, la MRH ne couvrira donc pas le montant des réparations, mais uniquement les dommages annexes causés par une fuite (dégradations de papiers peints ou de peintures, par exemple). Par ailleurs, ce dédommagement se fera après déduction du montant de la franchise prévue dans les termes du contrat d’assurance. VOIR AUSSI Article de François Ausseur « L’élément d’équipement d’un ouvrage – Attention faux ami ! » paru dans le n° 143 de Qualité Construction (mars-avril 2014, pages 22 à 25) AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 61 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 901 NOTES 62 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM MURS ENTERRÉS OU DE SOUBASSEMENT 120 Émulsion bitumineuse appliquée directement sur parpaings (incorrect). Photo : Patrick Beaunier – Socabat E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 150 – m a i / j u i n 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 63 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 120 MURS ENTERRÉS OU DE SOUBASSEMENT Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que le défaut ponctuel d’étanchéité est le plus souvent mis en cause avec 35% de l’effectif et 22 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus à l’absence ou l’insuffisance de drainage, qui représentent 24% de l’effectif et 31% du coût total de réparation. 20 % des désordres affectant les murs enterrés ou de soubassement sont dus à un revêtement extérieur inadapté ou absent ; ces désordres représentent 25 % du coût total des réparations affectées à cet élément d’ouvrage sur la période. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 18 18 3 4 20 en en % % 25 31 24 35% 31% Défaut ponctuel d’étanchéité Absence ou insuffisance de drainage COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 4,0 12000 3,5 10000 3,0 8000 2,5 2,0 6000 1,5 4000 1,0 2000 0,5 0,0 0 11 270€ Absence ou insuffisance de drainage III III III III III 64 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 22 35 COÛT MOYEN Pour les désordres dus à l’absence ou l’insuffisance de drainage, le coût moyen est de 11 270 € – contre 11 000 € pour ceux dus à un revêtement extérieur inadapté ou absent et 5 500 € pour les désordres relevant d’un défaut ponctuel d’étanchéité. Les Coûts relatifs de désordres (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 4 % pour les désordres dus à l’absence ou l’insuffisance de drainage. En deuxième position, viennent les désordres des revêtements extérieurs inadaptés ou absents (3,4 %). RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 3,4% Absence ou insuffisance de drainage Défaut ponctuel d'étanchéité (passage de canalisation, liaison maçonnerie/fondations...) Absence ou insuffisance de drainage (vertical ou horizontal) Revêtement extérieur inadapté ou absent Absence ou insuffisance de la coupure de capillarité Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 120 MURS ENTERRÉS OU DE SOUBASSEMENT Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que les défauts ponctuels d’étanchéité sont le plus souvent mis en cause avec 37 % de l’effectif. En deuxième position avec 23 %, viennent les défauts « autre cause ». Avec 29 % du coût total de réparation, les désordres les plus coûteux sont les désordres dus à l’absence ou l’insuffisance de drainage suivis par les désordres de défauts ponctuels d’étanchéité (20 %) et les revêtements extérieurs inadaptés ou absents (20 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 20 23 37 3 en en % % 3 17 20 29 20 37% 29% Défaut ponctuel d’étanchéité COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation les plus coûteux sont les absences ou les insuffisances de drainage (14 900 €) suivies des désordres dus aux absences ou aux insuffisances de la coupure de capillarité (13 060 €). Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 2,3 % pour les désordres dus à l’absence ou l’insuffisance de la coupure de capillarité suivis par les revêtements extérieurs inadaptés ou absents (1,5 %). 28 Absence ou insuffisance de drainage COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 2,5 20000 2,0 15000 1,5 10000 1,0 5000 0,5 0,0 0 13 060€ Absence ou insuffisance de la coupure de capillarité III III III III III 2,3% Absence ou insuffisance de la coupure de capillarité Défaut ponctuel d'étanchéité (passage de canalisation, liaison maçonnerie/fondations...) Absence ou insuffisance de drainage (vertical ou horizontal) Revêtement extérieur inadapté ou absent Absence ou insuffisance de la coupure de capillarité Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 65 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 120 Si les pathologies relatives aux murs enterrés ou de soubassement figurent en seconde partie du Top 10, tant en fréquence qu’en coûts engendrés, elles résultent d’erreurs de conception ou de mise en œuvre qui pourraient être facilement évitées par une meilleure définition de la destination des sous-sols par le maître d’ouvrage et une adaptation au sol adéquate. Causes techniques des désordres Les murs enterrés, qu’ils soient ou non de soubassement, sont principalement le siège d’infiltrations, qui varient par leur degré d’importance, allant de la simple trace d’humidité à l’inondation des locaux souterrains, en passant par l’infiltration localisée. Ces dernières, pour gênantes qu’elles soient, ne nuisent cependant pas dans tous les cas à la fonctionnalité des sous-sols; par exemple, dans un parking, un égouttement ponctuel formant une petite flaque d’eau ne conduira pas le maître d’ouvrage à l’évacuation des véhicules. 1. Équivoque sur la destination des locaux Avant même les éventuelles erreurs de conception ou d’exécution, il apparaît que de nombreux sinistres résultent d’un défaut de définition, en phase projet, sur l’usage du sous-sol immédiat ou à long terme, voulu par le maître d’ouvrage. Cette absence de définition de la destination est préjudiciable, car c’est précisément de cet usage que découle le procédé requis : étanchéité ou imperméabilisation ; ce procédé sera aussi adapté à la nature du sol. S’agira-t-il d’un parking ? D’une chaufferie? D’un local de stockage ? L’initiative de cette définition revient au maître d’œuvre : « Le programme de construction, qui consiste à définir précisément les besoins du maître d’ouvrage, est une étape essentielle du projet qui est malheureusement souvent sous-estimée ou négligée, explique Jean-Louis d’Esparbès, expert conseil au sein de Socabat GIE. L’utilisation d’un local en sous-sol peut évoluer avec le temps et il est donc important de bien anticiper l’usage qui pourra en être fait au fil des ans. Le programme doit être considéré comme un véritable aide-mémoire utile à l’ensemble des intervenants. Destiné à faciliter les échanges, il est souhaitable qu’il soit joint au marché. » Dans les faits, le programme n’est pas toujours précisément défini. Et quand bien même le serait-il, il n’est pas toujours réaliste, ce qui expose parfois les bâtiments à des sinistres dont les coûts de réparation sont très élevés (réalisation a posteriori d’un dispositif de drainage, et/ou d’une étanchéité), alors qu’ils auraient pu facilement être évités : « Les désordres les plus importants résultent souvent d’erreurs d’appréciation ou d’une mauvaise évaluation des contraintes, confirme Jean-Louis d’Esparbès. La connaissance du contexte géotechnique et hydrologique est un préalable indispensable que seule une étude de sols effectuée par un bureau d’études techniques spécialisé peut apporter. Il n’est pas rare, hélas, de retrouver locaux techniques, salles d’archives et autres serveurs informatiques en sous-sol des bâtiments sans protection adaptée des parois contre terre et des planchers. » Les Règles de l’art sont pourtant limpides sur la question : en vertu du NF DTU 20.1 Ouvrages en maçonnerie de petits éléments, si les locaux souterrains sont habitables, leurs murs doivent être parfaitement étanches. Dans des locaux affectés à d’autres usages, la question laisse plus libre cours au choix du maître d’œuvre : « Si les locaux sont soumis à une pression permanente de l’eau, il faut réaliser un cuvelage étanche, rappelle Jean-Louis d’Esparbès. Or bien souvent, les sous-sols (de bâtiments collectifs ou de locaux d’activités) sont dévolus aux parkings, qui ne sont pas considérés comme des locaux nobles. Ils ne font donc pas l’objet d’un tel dispositif, qui est onéreux. » 66 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 120 2. Défauts d’étude préalable et de conception À partir du procédé requis par la destination des locaux, il convient de définir la paroi en fonction des caractéristiques hydrogéologiques du sol. En se reportant aux données de Sycodés, il apparaît que les sinistres touchant les murs enterrés ont une proportion plus importante en maisons individuelles que dans la totalité des effectifs ; or, ce type d’ouvrage ne fait pas systématiquement l’objet d’études préalables permettant de définir les niveaux d’eau dans le sol: basses eaux (EB), hautes eaux (EH), eaux exceptionnelles (EE), et le degré de perméabilité de celui-ci, déterminant dans la nécessité d’un drainage. Les remontées de nappes, qui ont pu tomber dans l’oubli à la faveur de plusieurs années de faible pluviométrie, seraient en recrudescence dans certaines vallées alluvionnaires : « C’est une problématique “nouvelle” en Midi-Pyrénées, pointe Jean- Louis d’Esparbès : dans la vallée de la Garonne, on redécouvre des niveaux d’eau dans le sol très élevés, après de longues périodes de sécheresse. » Deuxième cause technique de désordres en effectif pour les maisons individuelles, l’absence ou l’insuffisance des ouvrages de drainage augmente la contrainte exercée par l’eau sur la paroi et à terme favorise les infiltrations. 3. Défauts d’exécution Dans la pratique, ce sont souvent des entreprises de maçonnerie qui réalisent ce type d’ouvrage. Même en l’absence de maître d’œuvre, l’entrepreneur reste redevable de son devoir de conseil envers le maître d’ouvrage, et il lui incombe donc de faire réaliser toutes les études nécessaires à son ouvrage. « En Midi-Pyrénées, les entreprises réalisent le plus souvent les parois enterrées des constructions individuelles en maçonnerie de blocs creux qui résistent mal à la poussée de l’eau, en particulier au niveau des joints, témoigne Jean-Louis d’Esparbès. Une simple émulsion de bitume appliquée à l’extérieur ne peut en aucun cas constituer une barrière étanche à l’eau. Si aucune trace d’humidité n’est tolérée, il faut obligatoirement prévoir un dispositif d’étanchéité par membrane soudée ou autoadhésive, par exemple, posée sur un enduit de mortier de ciment. De tels dispositifs ne doivent pas être confondus avec les nappes à excroissance dont la fonction est de protéger le revêtement d’étanchéité. Lorsque la nature du terrain l’impose, le drainage doit également être soigneusement étudié. Il faut proscrire notamment les drains de type agricole ou bien encore les drains trop souples qui ont tendance à s’écraser ou se colmater. » 4. Coût des ouvrages Sur des projets de logements collectifs ou de locaux d’activités, l’intervention de bureaux d’études (structure, géotechnique) devrait en théorie garantir une conception plus aboutie. De fait, pour ces catégories de bâtiments, ce sont statistiquement des ouvrages relativement épargnés par les désordres, leur prévalence ainsi que leurs coûts de réparation étant de moindre importance. Mais la présence d’une équipe de maîtrise d’œuvre structurée n’est pas le remède universel. Dans le secteur non résidentiel, l’absence ou les défauts touchant les systèmes de drainage arrivent en tête des pathologies. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer ces carences. Tout d’abord, il faut rappeler que ce type d’ouvrage, correctement réalisé avec des matériaux adéquats, coûte cher. Il peut donc être le siège d’économies. Cette recherche du coût le plus bas peut pousser, par exemple, certains maîtres d’œuvre à utiliser des remblais inadaptés tels que de l’argile en lieu et place de matériaux drainants. Conséquence : au lieu de migrer dans le sol, les eaux de pluie restent emprisonnées par l’argile, exercent une poussée sur les murs enterrés, et finissent par s’infiltrer par les parois. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 67 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 R Infiltrations en pied de mur R Membrane de drainage vertical mise en œuvre directement sur la maçonnerie brute, en lieu et place d’une membrane d’étanchéité R Produit noir appliqué directement sur la maçonnerie R Infiltrations par la paroi 68 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photos : Jean-Louis d’Esparbès – Socabat 120 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 120 R R Photos : Patrick Beaunier – Socabat Drain souple écrasé et colmaté Utilisation inappropriée d’une nappe à excroissances et problématique du raccordement du saut-de-loup VOIR Fiche pathologie bâtiment B2 « Humidité en sous-sol des bâtiments » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 69 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 120 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage L’impropriété à la destination, qui est un des critères de mise en jeu de la décennale, est une notion dont l’interprétation relève de l’appréciation souveraine des juges. À l’amiable comme au judiciaire, il conviendra de déterminer en fonction de l’ampleur des infiltrations et du local sinistré s’il y a effectivement impropriété à la destination. Que peut-il arriver en pratique ? Dans la situation la plus simple, mais la plus rare, les constructeurs (maîtrise d’œuvre et/ou entreprise) sont en mesure de prouver quelle destination avait été convenue avec le maître d’ouvrage et que la construction a été adaptée en conséquence. S’il s’agit de locaux non habitables (un garage par exemple), des infiltrations limitées pourront être tolérées sans que cela puisse conduire à une impropriété à la destination. S’il s’agit de locaux habitables, l’appréciation de l’impropriété en cas d’infiltrations sera beaucoup plus rigoureuse. Faute pour le constructeur de pouvoir démontrer l’existence d’une destination convenue, la situation peut être plus compliquée. Par exemple, si le maître d’ouvrage a installé une chambre dans ce qui devait être un garage dans l’esprit des constructeurs. Dans ces conditions, outre la mise en cause sur le terrain des garanties légales, les constructeurs risquent une action pour défaut de conseil. Avant la signature du marché, il est donc impératif de définir sans ambiguïté quelle sera la destination des locaux enterrés et adapter les ouvrages en fonction de la nature du sol et de la destination. Et encore faut-il avoir échangé avec le client au préalable et pouvoir le prouver. Pour ce faire, il est indispensable que le maître d’œuvre et/ou l’entreprise consignent par écrit les informations, ainsi que la réponse du maître d’ouvrage. Il faut aussi alerter par écrit le maître d’ouvrage sur les risques en cas de changement de la destination des locaux après réception et refuser d’exécuter des travaux non adaptés (même si des réserves ont été faites). C’est le meilleur moyen de se prémunir d’éventuelles réclamations futures. Mais cette recommandation n’est que rarement suivie dans les faits. Autres garanties (dommages) La Multirisque habitation (MRH) ne se substitue pas aux assurances Dommages-Ouvrage (DO) et Responsabilité civile décennale (RCD). Son périmètre lui est propre, de plus la couverture varie selon les contrats et le niveau de garantie choisi. Un sinistre relevant de la responsabilité des constructeurs ne sera, sauf exception, pas couvert par la MRH. En revanche, l’assureur Multirisque habitation pourra par exemple intervenir si une catastrophe naturelle (reconnue comme telle par arrêté) est à l’origine d’infiltrations dans des parties semi-enterrées. D’autres événements peuvent être pris en charge par la MRH, cela dépendra des clauses figurant dans le contrat. Attention, la Multirisque habitation couvre les conséquences du sinistre, c’est-à-dire tout ce qui a été endommagé du fait des infiltrations (mobilier, peinture, papier peint…). La prise en charge des frais de recherche de la cause du sinistre et de réparation pour y mettre un terme est extrêmement rare. Quand de telles garanties existent, elles sont conditionnées et plafonnées. 70 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 120 NOTES AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 71 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 120 NOTES 72 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM FAÇADES À BASE DE MAÇONNERIE EN BLOC DE BÉTON – ENDUIT MONOCOUCHE – 512 Fissuration de l’enduit monocouche et fissuration structurelle Photo : DT-Eurisk E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 151 – j u i l l e t / a o û t 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 73 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 FAÇADES À BASE DE MAÇONNERIE EN BLOC DE BÉTON 512 Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que la fissuration du support est le plus souvent mise en cause avec 43 % de l’effectif et 43 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus aux défauts de liaison qui représentent 22 % de l’effectif et 22 % du coût total de réparation sur la période. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 19 RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 18 43 7 7 en % 9 22 en % 10 22 43% 43% Fissuration du support COÛT MOYEN Pour les désordres dus à la fissuration du support, le coût moyen de réparation est de 5 000 € – contre 5 580 € pour ceux dus au défaut de revêtement lui-même et 4 850 € pour les désordres relevant du défaut de liaison. Les Coûts relatifs de désordres (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 3,5% pour les désordres dus au défaut de revêtement lui-même. En deuxième position, viennent les désordres des défauts d’adhérence, de scellement ou d’accrochage du revêtement (2,7 %). 6000 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 3,5 3,0 5000 2,5 4000 2,0 3000 1,5 2000 1,0 1000 0,5 0 0,0 5 580€ Défaut du revêtement lui-même III III III III III 74 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Fissuration du support 3,5% Défaut du revêtement lui-même Fissuration du support Défaut de liaison (maçonnerie/chaînage, maçonnerie/plancher, armature de pont…) Défaut du revêtement lui-même (fissuration, inadaptation, retrait, défaut d'épaisseur...) Défaut d’adhérence, de scellement ou d’accrochage du revêtement Autres causes 43 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE FAÇADES À BASE DE MAÇONNERIE EN BLOC DE BÉTON 512 Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015 pour ce type d’ouvrage. On constate que la fissuration du support est le plus souvent mise en cause avec 43 % de l’effectif ; elle utilise 41% du coût total de réparation. En deuxième position avec 21 % de l’effectif viennent les défauts de liaison ; ils représentent 23 % du coût total de réparation, contre 9% pour les désordres dus au revêtement lui-même. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 18 20 9 8 en en % % 9 8 41 43 21 23 43% 41% Fissuration du support Fissuration du support COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation les plus coûteux sont les défauts d’adhérence, de scellement ou d’accrochage du revêtement (7 840 €) suivis des désordres dus au défaut de liaison (7 600 €). Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 2,1 % pour les désordres dus à la fissuration du support suivis par les défauts du revêtement lui-même (2 %). 8000 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 2,5 7000 2,0 6000 5000 1,5 4000 1,0 3000 2000 0,5 1000 0 0,0 7 490€ Défaut du revêtement lui-même III III III III III 2% Défaut du revêtement lui-même Fissuration du support Défaut de liaison (maçonnerie/chaînage, maçonnerie/plancher, armature de pont…) Défaut du revêtement lui-même (fissuration, inadaptation, retrait, défaut d'épaisseur...) Défaut d’adhérence, de scellement ou d’accrochage du revêtement Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 75 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 512 Ayant souvent, mais pas systématiquement, pour rôle d’imperméabiliser les parois, les enduits monocouches peuvent pâtir de leur relative rigidité, a fortiori lorsqu’ils font l’objet d’une erreur de préconisation. Le choix de l’enduit doit en effet être en adéquation avec les caractéristiques mécaniques de son support. Causes techniques des désordres 1. Fissures Ce sont les pathologies les plus fréquemment relevées concernant les enduits. Ceux-ci sont en fait tributaires de leurs supports, qui peuvent être soumis à des mouvements et eux-mêmes subir ces fissurations, premières causes techniques de désordres. Il peut néanmoins y avoir méprise sur la cause réelle de fissures d’enduits. C’est pourquoi elles requièrent a minima un rapide examen oculaire qui, généralement, ne prête pas à ambiguïté : « La configuration des fissures est très parlante quant à leur cause, confirme Jean-Pierre Thomas, expert au sein de la société Eurisk. Selon qu’elles s’évasent vers le haut ou à 45 °C, qu’elles se manifestent en “marches d’escalier”, ou qu’elles sont plutôt horizontales, on est généralement en mesure de déterminer assez rapidement si les fissures de l’enduit sont d’origine structurelle ou non. Les premières sont dues à des mouvements de la structure, tandis que les secondes sont imputables à des micromouvements des éléments de maçonnerie. Il peut y avoir d’éventuelles investigations complémentaires, mais généralement, le type de cause de la fissure peut être déterminé par un simple examen visuel. » En cas de séchage trop rapide, l’enduit se rétracte en marquant des fissures filiformes multi-directionnelles (un phénomène dit de « faïençage »). Mais en temps normal, ce défaut est repris avant la livraison de l’ouvrage. Dans le cas contraire, ce manquement sera établi sans difficulté au moment de l’expertise, l’aspect de ce désordre étant suffisamment caractéristique. Plus problématiques, les fissures d’enduits survenant en cours de période décennale peuvent avoir de multiples origines. Au niveau des rives de plancher, ou à la jonction de supports composés de différents matériaux (jonction maçonnerie-béton), les déformations des enduits peuvent résulter d’un problème de mise en œuvre des treillis d’armatures de renfort : quand elles ne sont pas purement et simplement manquantes, les bandes d’armature de largeur trop réduite voient leur fonction préventive annihilée. Censées limiter cette déformation, ces armatures, généralement en fibre de verre, doivent être insérées dans le corps de l’enduit et respecter les dimensions prescrites par le NF DTU 26.1 Travaux d’enduits de mortiers (avril 2008). Les fissurations d’enduits consécutives à des mouvements de cloisons peuvent également avoir pour origine une mauvaise exécution des joints entre les maçonneries, notamment s’ils sont trop peu remplis ou trop peu épais – l’enduit aura tendance à venir se loger dans les interstices et à varier trop fortement en épaisseur – ou s’ils « travaillent » trop. Les fissures au niveau des enduits sont susceptibles de générer des désordres collatéraux : en cas d’intempéries, et selon le degré d’exposition de la façade, l’eau ruisselant sur la paroi peut s’infiltrer par des fissures en rive de plancher ou à proximité de linteaux de fenêtres. 2. « Fantômes » de joints Les joints entre les blocs de maçonnerie sont également à l’origine d’une pathologie d’ordre esthétique : il arrive qu’ils apparaissent malgré la présence de l’enduit. La cause est simple : l’épaisseur de 76 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 512 l’enduit étant trop mince, le « fantôme » des joints finit par transparaître. Ce défaut peut toutefois avoir des conséquences plus fâcheuses: selon le degré d’exposition de la paroi, un enduit trop mince n’est plus en mesure de jouer son rôle d’imperméabilisation, d’où un risque d’infiltrations. 3. Décollement Un arrachement des enduits et de la couche superficielle de la cloison constitue une autre cause possible de pathologie fréquente. Ce désordre s’explique par une différence de résistance entre l’enduit et son support (mur en briques ou en béton cellulaire…). En effet, si un enduit a un indice de résistance (OC1/OC2/OC3) plus élevé que celui de son support en maçonnerie (RT1/RT2/RT3), il accroche sur la pellicule externe des maçonneries, provoquant son arrachement, et pouvant aller jusqu’à laisser apparaître les chaînages de la structure… D’où la nécessité de choisir des résistances d’enduits en cohérence avec celles des supports. Le décollement de l’enduit peut également résulter d’une mauvaise préparation du support (humidification insuffisante, présence de poussière, support gorgé d’eau…), voire d’une mauvaise application (généralement, une application en deux passes « frais sur frais » est de rigueur). Dans le registre des pathologies peu fréquentes, voire exceptionnelles, on relèvera également le phénomène de « cloquage », qui survient, par réaction chimique, lorsqu’un enduit à base de ciment est appliqué de manière inappropriée à un support à base de plâtre (principalement en rénovation de façades anciennes). Résultant d’un choix de matériaux inadapté, ces désordres sont directement imputables aux entreprises chargées de la mise en œuvre. Ce genre d’erreur est heureusement très peu fréquent, encore une fois, car les entreprises spécialisées dans l’application des enduits sont à même de reconnaître la nature du support et choisir le type d’enduit le mieux adapté. D’autant que le NF DTU 26.1 prescrit des règles précises relatives à la qualité du support (planéité, remplissage des joints…), à la mise en œuvre éventuelle d’armatures de renfort (au niveau des rives de plancher, des jonctions entre différents matériaux…), ainsi qu’aux conditions de température et d’humidité lors de la mise en œuvre (température ambiante strictement supérieure à 5 °C, de même que la température du support). De plus, les enduits sont des «mortiers performanciels» formulés en fonction de conditions d’application bien précises. Mais lorsqu’elle est avérée, une mauvaise adéquation entre l’enduit et son support (spécialement quand leurs indices de résistance sont trop dissemblables) engendre des coûts de réparation relativement élevés, puisqu’elle impose de reprendre à la fois l’enduit et son support. Tandis que les sinistres de fréquence sont généralement réparés à des coûts raisonnables. 4. Salissures Les enduits peuvent également être sujets au développement de micro-organismes à leur surface. En résultent des salissures, pouvant prendre diverses teintes (vert, jaune, bleu, jaune, orange, gris ou noir). Généralement, cette pathologie concerne les revêtements régulièrement soumis à des intempéries et dont la surface présente de nombreuses aspérités. Au même titre que les « fantômes » de joints apparents, cette pathologie n’affecte en aucun cas la durabilité de l’ouvrage ; elle n’occasionne qu’un désordre esthétique. Dans le même registre, les enduits peuvent pâtir d’un phénomène de «nuançage», soit des variations de couleur ou d’aspect. Ce désordre mineur (dans le sens où il ne conduit pas à une impropriété à destination, sauf cas très particulier) est dû à une mauvaise préparation (dosage, malaxage) ou aux conditions d’application de l’enduit, en plusieurs gâchées ou sur une durée trop longue (variation de température, du temps de séchage, etc.). AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 77 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 512 R R Arrachement du support 78 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photos : DT-Eurisk Fissure en rive de plancher 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 512 R R Photos : DT-Eurisk Salissures Fantôme de joints VOIR Fiche pathologie bâtiment D1 « Désordres des enduits monocouches » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 79 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 512 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage En cas de sinistre pouvant impliquer la qualité de l’enduit monocouche, il s’agit d’établir si ledit sinistre engendre une impropriété à destination. Ce ne sera pas évident dans tous les cas : sur une façade en béton, une fissure ou une désagrégation de l’enduit n’aura qu’un impact négatif d’ordre esthétique (l’enduit n’a ici qu’une fonction décorative). En revanche, sur un mur en maçonnerie, un défaut au niveau de l’enduit (constitutif de la paroi assurant le clos et couvert) constitue un risque potentiel d’infiltration. Car dans un tel cas, l’enduit a un rôle d’imperméabilisation. De même si la couche d’enduit est insuffisamment épaisse, sous réserve qu’une infiltration soit effectivement constatée. Comment trancher, si la couche d’enduit s’avère de trop faible épaisseur sans pour autant qu’une infiltration se soit déclarée ? « Selon l’orientation et l’exposition de la façade aux intempéries, il est possible de déterminer ce que l’on appelle un “risque de dommage futur et certain”, répond Jean-Pierre Thomas. Reste qu’il peut toujours y avoir matière à interprétation au cas par cas : qu’en est-il d’une construction arrivant à sa dernière année de garantie décennale et qui n’a pas fait l’objet de dommages ? Le risque est-il avéré ? » C’est à l’expert Crac de l’évaluer, selon les paramètres et les facteurs de risque en présence. Au niveau de l’assureur, dans le cas de micro-fissures ne donnant pas lieu à des infiltrations, le refus d’indemnisation devrait être systématique, au motif que l’impropriété à destination n’a pu être établie. Seule exception notable, étayée par une jurisprudence : les microfissures touchant les enduits de façades de bâtiments classés Monuments Historiques. Dans le cas où l’impropriété à destination est avérée, l’assureur DO effectue le recours auprès du ou des assureurs RCD, car la responsabilité peut se voir répartie entre le maître d’œuvre, l’entreprise et le contrôleur technique. Notamment si « l’incident généralisé » d’exécution est manifeste. Ce type d’incident doit cependant pouvoir être décelé par la maîtrise d’œuvre pendant la phase d’exécution des travaux pour que l’ensemble de l’équipe chargée de la réalisation – et pas seulement l’entreprise en charge de l’enduit de façade–soit reconnue comme responsable. « Ce serait par exemple possible dans le cas d’un bâtiment (d’habitat collectif ou tertiaire) dont les armatures de renfort en nez de plancher feraient défaut sur plusieurs centaines de mètres carrés de façade », indique Jean-Pierre Thomas. Sauf exception, c’est bien à l’entreprise qu’incombera alors la part principale de responsabilité. Il lui sera difficile de se défausser en partie de sa responsabilité en cas de désordre, sauf à ce que celle-ci ait gardé une trace écrite attestant qu’elle a été contrainte par le maître d’œuvre d’outrepasser les Règles de l’art (application d’un enduit en dépit de mauvaises conditions météo afin de tenir des délais serrés, par exemple). « Reste que la technique de l’enduit monocouche est essentiellement entre les mains de l’entreprise, pondère Jean-Pierre Thomas ; la part de conception et l’implication du maître d’œuvre sont généralement minimes, à fortiori celle du contrôleur technique… » Ravalement : la Responsabilité civile décennale peut être engagée Des fissures touchant des enduits de façade béton peuvent-elles relever de la Responsabilité civile décennale (RCD) dans le cas d’un désordre esthétique ? Un arrêt de la 3e Chambre de la Cour de cassation du 4 avril 2013 a été rendu en ce sens. Statuant sur des travaux de ravalement d’un immeuble remarquable au plan architectural sis à Biarritz, la Cour de cassation a en effet considéré « qu’une opération de réhabilitation de la façade d’un immeuble […] (classé) en zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager […] ne s’analyse pas en un simple 80 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 512 nettoyage de façade qui relèverait éventuellement d’une garantie de bon fonctionnement, mais comporte des opérations de restauration lourde ayant, certes, une vocation esthétique, mais également et surtout un objectif de consolidation des façades afin d’en maintenir l’étanchéité nécessaire à la destination de l’immeuble, […] eu égard à l’exposition de l’immeuble […] aux intempéries marines ». Partant, la Cour de cassation a considéré que « les travaux répondent donc clairement […] à la notion d’ouvrage ; que le désordre évolutif mis en évidence par l’expertise est susceptible de relever de la garantie décennale prévue par les dispositions de l’article 1792 du Code civil, étant encore précisé qu’un désordre esthétique peut, lui-même, revêtir un caractère décennal affectant la destination même de l’immeuble […] » (Cour de cassation, audience du 4 avril 2013, n° de pourvoi : 11-25198). Autres garanties (dommages) En cas de catastrophe naturelle, reconnue comme telle par arrêté ministériel, les dommages consécutifs qui mettent en cause les enduits de façade entrent alors dans le périmètre de la MRH. En ce qui concerne les enduits monocouches par exemple, les sinistres résultant de vents violents ayant directement provoqué des chutes de tuiles à l’origine des dégradations seront pris en charge. Pour rappel, la MRH couvre tout sinistre dû à une cause étrangère à la mise en œuvre. À noter : les fissures d’enduits engendrées par des mouvements modérés de structure consécutifs aux retraitsgonflements relèvent généralement de la RCD, ces retraits-gonflements étant jugés prévisibles, eu égard à la cartographie des sous-sols mise à disposition par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) aux équipes de conception. La MRH est en revanche en mesure d’indemniser des dommages aux origines les plus accidentelles (exemple : le noircissement d’une façade suite à un incendie). AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 81 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 512 NOTES 82 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM FENÊTRES ET PORTES-FENÊTRES BOIS – ALUMINIUM – PVC 60 Infiltrations d’eau par seuil de porte-fenêtre. E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 153 – n o v e m b r e / d é c e m b r e 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 83 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 600 FENÊTRES ET PORTES-FENÊTRES BOIS Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Pour les menuiseries bois, on constate que les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même (eau ou air) sont le plus souvent mis en cause avec 31 % de l’effectif. En deuxième position avec 24 % viennent les désordres dus aux vices de matériaux constitutif. Avec 31% du coût total de réparation, les désordres les plus coûteux sont les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même suivis des désordres aux vices de matériaux constitutifs (24 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 6 5 31 22 en en % % 17 17 24 31% Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même 6000 24 31% Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 2,5 5000 2,0 4000 1,5 3000 1,0 2000 0,5 1000 0,0 0 5 040€ Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même III III III III III 84 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 31 23 COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation des désordres sont de 5 040 € pour les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même contre 5 150 € pour les vices de matériaux constitutifs. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 1,5 % pour les désordres de défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 1,5% Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même (eau ou air) Vice du matériau constitutif Défaut de liaison menuiserie/structure Défaut au niveau des seuils Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE FENÊTRES ET PORTES-FENÊTRES ALUMINIUM 600 Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des dommages par causes techniques, en % de l’effectif et en % du coût total des réparation signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Pour les menuiseries aluminium, on constate que le défaut de liaison maçonnerie structure est le plus souvent mis en cause avec 40 % de l’effectif et 33 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus aux défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même, qui représentent 28 % de l’effectif et 30 % du coût total de réparation. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 14 RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 28 21 en 13 en % 2 % 40 33 40% 33% Défaut de liaison maçonnerie/structure COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation des désordres sont de 5 050 € pour les défauts de liaison maçonnerie structure contre 6 630€ pour les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 1 % pour les désordres de défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. 30 16 Défaut de liaison maçonnerie/structure COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 3,5 15000 3,0 12000 2,5 9000 2,0 1,5 6000 1,0 3000 0,5 0 0,0 5 050€ Défaut de liaison maçonnerie/structure III III III III III 1% Défaut de liaison maçonnerie/structure Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même (eau ou air) Vice du matériau constitutif Défaut de liaison menuiserie/structure Défaut au niveau des seuils Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 85 3 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 600 FENÊTRES ET PORTES-FENÊTRES PVC Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des dommages par causes techniques, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Pour les menuiseries PVC, constate que le défaut de liaison maçonnerie structure est le plus souvent mis en cause avec 45 % de l’effectif et 45 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus aux défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même, qui représentent 21 % de l’effectif et 22 % du coût total de réparation. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 14 14 21 22 2 18 en % % 45 45 45% 45% Défaut de liaison maçonnerie/structure COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation des désordres sont de 5 670 € pour les défauts de liaison maçonnerie structure contre 6 150 € pour les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 1 % pour les désordres de défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. 8000 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 1,0 0,8 5000 0,6 4000 0,4 3000 2000 0,2 1000 0,0 0 5 670€ Défaut de liaison maçonnerie/structure III III III III III 86 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Défaut de liaison maçonnerie/structure 7000 6000 3 en 16 0,8% Défaut de liaison maçonnerie/structure Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même (eau ou air) Vice du matériau constitutif Défaut de liaison menuiserie/structure Défaut au niveau des seuils Autres causes 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 600 FENÊTRES ET PORTES-FENÊTRES PVC Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non-résidentiel, les anneaux présentent la répartition des dommages par causes techniques, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Pour les menuiseries PVC, on constate que le défaut de liaison maçonnerie structure est le plus souvent mis en cause avec 37 % de l’effectif et 37 % du coût total de réparation. Viennent ensuite les désordres dus aux défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même, qui représentent 25 % de l’effectif et 22 % du coût total de réparation. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 25 25 en en 4 % 9 22 29 4 37 37 37% 37% Défaut de liaison maçonnerie/structure COÛT MOYEN Les coûts moyens de réparation des désordres sont de 9 880 € pour les défauts de liaison maçonnerie structure contre 8 770 € pour les défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. Les Coûts relatifs de désordre (CRD) expriment le coût des réparations en parts du coût de construction. Ils sont de 1,6 % pour les désordres de défauts d’étanchéité de la menuiserie elle-même. Défaut de liaison maçonnerie/structure COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 25000 2,5 20000 2,0 15000 1,5 10000 1,0 5000 0,5 0 0,0 9 880€ Défaut de liaison maçonnerie/structure III III III III III 8 % 0,8% Défaut de liaison maçonnerie/structure Défaut d’étanchéité de la menuiserie elle-même (eau ou air) Vice du matériau constitutif Défaut de liaison menuiserie/structure Défaut au niveau des seuils Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 87 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 60 Si la production en série a permis une amélioration générale de la qualité des produits, les fenêtres et portes-fenêtres sont sujettes à des infiltrations, souvent par manque de rigueur lors de la mise en œuvre. Mais la donne est plus complexe dans le cas des menuiseries aluminium à ouvrants cachés, notamment dans les chantiers de grande envergure, où le montant des sinistres peut atteindre des proportions alarmantes. Causes techniques de désordres 1. Infiltrations par les liaisons menuiserie/gros œuvre Faisant partie du clos et couvert, les menuiseries doivent assurer l’étanchéité à l’air et à l’eau. Comme l’a montré l’analyse des données, des défaillances au niveau des liaisons entre les menuiseries et la structure peuvent conduire à des infiltrations d’eau, a fortiori si la façade concernée est particulièrement exposée au vent. À noter que la hauteur de la menuiserie entre également en ligne de compte : plus elle sera haute, plus elle sera exposée aux vents. Tous les types de menuiseries sont concernés (bois, aluminium et PVC). Ces infiltrations provoquent un gonflement des enduits, des plaques de plâtre, des isolants, ainsi que l’apparition de moisissures. Ce type de désordre est imputable à des défauts de mise en œuvre, notamment lors de la pose de la menuiserie sur son appui. Pour ce faire, un cordon d’étanchéité à l’eau en mousse est posé au préalable sur l’appui de la baie. Pour que l’étanchéité soit optimale, ce cordon, dont la section aura été choisie avec soin, doit être comprimé de façon uniforme sur toute sa longueur entre la menuiserie et l’appui de la baie (maçonnerie ou structure). Une compression trop importante ou insuffisante, et l’étanchéité sera imparfaite. Des malfaçons de la baie accueillant la pose (défauts de parallélisme, de planéité…) constituent également des facteurs de risque. Autre source potentielle d’infiltrations d’air et d’eau: l’instabilité des menuiseries due à une mauvaise fixation de leurs différents éléments (cela concerne les menuiseries aluminium), causant un mouvement des joints mastic pouvant déboucher sur leur rupture ou leur décollement. Enfin, les défaillances intrinsèques d’étanchéité (au niveau des jonctions entre les traverses et les montants) ne sont pas à exclure, même si elles ont tendance à se raréfier, du fait de l’industrialisation et de la production en série des produits. 2. Infiltrations d’eau par le seuil de porte-fenêtre Ce point singulier peut être sujet à des désordres si la hauteur de rejingot (appui de la porte-fenêtre faisant partie du gros œuvre, permettant normalement l’évacuation de l’eau) ne marque pas une pente minimale de 10 %, ou si le cordon d’étanchéité entre le rejingot et la menuiserie n’est pas continu et d’épaisseur constante. Comme dans le cas des infiltrations aux jonctions menuiseries/gros œuvre, certains sinistres relèvent de défauts propres à la menuiserie : défaut ou absence de larmier, dispositif nécessaire au phénomène de «goutte d’eau», primordial pour la bonne efficience des drains compris entre l’ouvrant et le dormant (voir plus loin), colmatage des drains du seuil ou de la pièce d’appui, déformation ou retrait des ouvrants… L’évolution récente de la réglementation a paradoxalement favorisé ce type de désordre. En effet, pour respecter les critères d’accessibilité aux personnes touchées par un handicap, un seuil de porte ne doit pas afficher un saut de plus de 20 mm (le niveau du sol à l’extérieur étant pris comme référence). Un critère qui entre en conflit avec le risque d’infiltration, comme le note Pierre Jacq, expert spécialisé en menuiserie et façades légères chez Saretec : « Résultat, pour une porte s’ouvrant vers l’intérieur, il est pratiquement obligatoire de réaliser des caillebotis avec un décaissé d’au moins 25 mm, imprimant une pente supérieure à 10 %, afin de prévenir les infiltrations. Autant d’ouvrages supplémentaires qui coûtent cher… » Traduction: ce type d’ouvrage est souvent abandonné par souci d’économies… 88 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 60 3. Menuiseries à ouvrants cachés Si dans le secteur diffus (maison individuelle), les pathologies ont trait de façon récurrente à des défauts de mise en œuvre, des problèmes de conception sont évoqués depuis une bonne dizaine d’années sur les menuiseries aluminium à ouvrants cachés. Ces menuiseries, aux sections de profilés réduites afin de maximiser les surfaces vitrées, sont très prisées des architectes pour la valeur ajoutée qu’elles apportent, tant en clair de jour (même lorsque les ouvrants sont fermés) au sein du bâtiment qu’au plan du design (c’est un peu moins vrai quand les ouvrants sont ouverts !). On l’a vu, la menuiserie doit, par essence, être étanche à l’air et à l’eau. « Pour que l’eau n’entre pas à l’intérieur, il faut que la menuiserie soit conforme à un principe de base : la double barrière d’étanchéité, rappelle en préambule Pierre Jacq. Entre ces deux barrières, l’eau qui aurait franchi la première est évacuée avant de pouvoir atteindre la seconde, grâce au larmier – dispositif qui conduit les infiltrations vers une gorge d’évacuation. Tous les profilés sont conçus selon ce principe. » Pourtant, la récente et abondante sinistralité générée depuis une dizaine d’années par les menuiseries aluminium à ouvrants cachés prouve que cette double barrière peut être défaillante : dans ces systèmes, la première barrière laisse passer l’eau en abondance. Au lieu de tomber dans la gorge prévue à cet effet, elle contourne le profilé ouvrant et vient au contact de la seconde barrière, provoquant les infiltrations. Les causes techniques de ces infiltrations font l’objet de débats houleux. S’agit-il d’un problème de conception ? De mise en œuvre ? De vices intrinsèques à certains produits ? Pour Pierre Jacq, la question est tranchée : « Les gammistes ont oublié les règles de base, permettant d’éviter que l’eau n’atteigne la seconde barrière par effet de tension superficielle. Alors qu’une menuiserie “classique” dispose d’un système “casse-goutte”, les concepteurs des menuiseries à ouvrants cachés ont supprimé ce dispositif par souci de compacité. » Pour l’expert, c’est donc clairement un problème général de conception des produits qui est en cause. De leur côté, les gammistes arguent de la bonne tenue de leurs systèmes qui satisfont au classement AEV (Air-Eau-Vent). « Pourtant les essais sont toujours bons, reconnaît Pierre Jacq. Les gammistes font en effet leurs essais dans leurs propres laboratoires, sur des menuiseries qu’ils auront montées en interne avec la plus grande attention… » Un point qui marque une spécificité de la filière « aluminium » : au contraire des menuiseries bois et PVC, les menuiseries aluminium sont vendues par les gammistes en éléments séparés (joints, profilés…) aux entreprises chargées de leur assemblage. Si en effet les produits sont étanches lors des essais, il en va tout autrement sur le terrain : « Le fait est que l’on trouve toujours des défauts d’assemblage, poursuit Pierre Jacq. Les assembleurs ne sont pas en mesure de réaliser la menuiserie avec le même niveau de soin. Ils ne peuvent les réaliser avec exactement les mêmes coupes d’angles, au millimètre près. Autrement, les temps de fabrication seraient beaucoup plus importants, ce qui pour eux n’est pas économiquement viable. Aucune entreprise n’est structurée pour consentir autant de temps qu’un gammiste afin de rendre un châssis parfaitement étanche. Certains gammistes insistent bien dans des notices sur le degré de qualité à mettre en œuvre, mais en pratique c’est difficilement réalisable. Sans oublier qu’il faut que cette qualité se maintienne 10 ans ! Le plus grave c’est que la menuiserie est quasiment impossible à réparer ; il faut la remplacer. » Ce qui peut coûter très cher dans le cas d’un bâtiment collectif ou tertiaire, où le nombre de menuiseries est de l’ordre de plusieurs centaines… La situation n’est pourtant pas au statu quo, puisqu’un dialogue a été instauré entre l’AQC et des représentants des fabricants de menuiseries aluminium, même si, à en croire Pierre Jacq, les discussions restent tendues… De son côté, le CSTB a rehaussé son degré d’exigence à l’endroit des menuiseries aluminium, en réservant la délivrance d’Avis Techniques aux systèmes respectant le principe de la goutte d’eau, et ce, depuis le début 2015. (suite page 92) AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 89 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 60 R Photo : Pierre Jacq 6 R Photo : Pascal Dessagne – AQC Angle inférieur d’un vantail de châssis à ouvrant caché : exemple de défauts de fabrication (ici, défaut de mise en œuvre de joints) quasi inévitables en production industrielle, qui provoquent des infiltrations, en l’absence de dispositif « casse goutte ». R Infiltrations à la liaison menuiserie/gros œuvre. 90 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photo : AQC Infiltrations d’eau par un seuil de porte-fenêtre donnant sur terrasse accessible (absence de retour d’étanchéité en tableaux et hauteur de seuil non conforme). 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE R Photo : Olivier Gherrak – AQC 60 R Photo : Pierre Jacq Écaillage de peinture due à une infiltration d’eau le long d’une fenêtre de toit en bois. En faisant disparaître le cadre ouvrant derrière le cadre fixe, la menuiserie à ouvrant caché augmente le clair de vitrage et donne un aspect homogène aux menuiseries composées. VOIR Fiche pathologie bâtiment D2 « Infiltrations d’eau par les liaisons menuiserie extérieure/gros œuvre » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 91 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 60 4. Traitement des ponts thermiques en ITE La relative méconnaissance des entreprises françaises en matière d’Isolation thermique par l’extérieur (ITE) apparaît également dans le traitement des jonctions entre isolant et menuiseries, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de murs-manteaux. Le mauvais traitement de ces points singuliers engendre en effet des ponts thermiques. « Bien souvent, les entreprises continuent à poser les menuiseries en tunnel dans la maçonnerie, remarque Pierre Jacq. Alors qu’il faudrait mettre la menuiserie au nu de la maçonnerie, dans le plan de l’isolant, pour limiter les ponts thermiques. » Mais plutôt que d’imputer ces malfaçons aux seules entreprises, Pierre Jacq, mettant en exergue le nécessaire travail préparatoire de la maîtrise d’œuvre, parle de « problème de conception de la mise en œuvre ». Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage En habitat individuel et collectif, les produits mis en œuvre sont issus d’une production standardisée qui, adossée au classement AEV, est censée leur garantir une bonne qualité et ainsi prévenir le risque d’infiltrations. Il est donc très difficile pour une entreprise de mettre en cause un fabricant. Sauf si un grand nombre de sinistres met en jeu une même série de menuiseries, installées par différentes entreprises… De fait, en période décennale, c’est dans la grande majorité des cas l’assureur RCD (Responsabilité civile décennale) de l’entreprise qui sera chargée de recouvrir le montant des dédommagements consentis par l’assureur DO (Dommages-Ouvrage). La donne est moins claire dans le cas des menuiseries aluminium à ouvrants cachés : « C’est un vrai gros problème en cas de sinistre généralisé décelable dans des opérations de grande envergure, insiste Pierre Jacq. Et il n’est pas rare de voir des entreprises entamer des démarches judiciaires » Le barème Crac prévoit en effet d’inclure les fabricants dans le partage des responsabilités, dans le cas des Epers (Éléments pouvant entraîner des responsabilités solidaires). Sauf qu’un gammiste, ne fournissant que des éléments séparés à un assembleur, n’est pas considéré comme fabricant au sens du barème; sa responsabilité ne peut donc être engagée. L’entreprise doit donc apporter la preuve que le concept du gammiste est défaillant. Ce dernier rétorquera que l’entreprise n’a pas scrupuleusement respecté son cahier des charges… Pour autant, les contestations des assembleurs seraient en recrudescence, parfois avec succès. Toutefois, en dépit du fait que certains gammistes aient eu des comptes à rendre à la Justice, ces contestations émanant d’entreprises ne semblent pas avoir généré de jurisprudence qui leur soit favorable. Autres garanties (dommages) En dehors de la période décennale, la MRH pourra éventuellement prendre en charge les frais de réparation engendrés par une infiltration, si le contrat comporte bien une clause visant les dégâts des eaux ; dès lors, les détériorations d’enduits, de papiers peints, de plinthes seront indemnisées. 92 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 60 NOTES AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 93 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 60 NOTES 94 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM LES RÉSEAUX D’ÉVACUATION DES EAUX USÉES 021 Canalisation d’eaux usées percée par un piquet de terre posé par électricien. Photo Rémi Gabillon E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 152 – s e p t e m b r e / o c t o b r e 2 0 1 5 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 95 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 021 LES RÉSEAUX D’ÉVACUATION DES EAUX USÉES Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Ces répartitions montrent que les dommages ayant pour cause les réseaux d’évacuation des eaux usées ont pour principale origine les défauts de pente (27 % de l’effectif sur l’ensemble de la période) ; cette cause consomme près du tiers du coût total des réparations des réseaux d’évacuation des eaux usées, en baisse sur la période (32 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 27 en en 7 % 7 22 18 % 27% 32% Défaut de pente COÛT MOYEN 8000 21 16 Défaut de pente Les histogrammes présentent les coûts moyens de réparation – et les Coûts relatifs de désordre (CRD) correspondants, toujours dans le résidentiel. On constate que le coût moyen de réparation associé aux défauts aux défauts de pente est de 8 000 €. Les CRD, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction varient entre 4,7 % pour les désordres dus aux défauts de pente et 2,6 % pour ceux dus au tassement de l’assise et défaut de raccord. 32 24 26 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 5 7000 4 6000 5000 3 4000 2 3000 2000 1 1000 0 0 8 000€ Défaut de pente III III III III III 96 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Défaut de pente Tassement de l’assise Défaut de raccord Autres défauts de pose (y compris protection) Autres causes 4,7% Défaut de pente 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 021 LES RÉSEAUX D’ÉVACUATION DES EAUX USÉES Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non-résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Ces répartitions montrent que les dommages ayant pour cause les réseaux d’évacuation des eaux usées ont pour principale origine identifiée les défauts de pente (22 % de l’effectif sur l’ensemble de la période) ; cette cause consomme le quart du coût total des réparations des réseaux d’évacuation des eaux usées, en baisse sur la période (25 %) – les autres défauts de pose étant majoritaires (36 % de l’effectif et du coût total de réparation). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 22 36 25 36 en en % % 16 7 7 16 19 13 22% 25% Défaut de pente COÛT MOYEN Les histogrammes présentent les coûts moyens de réparation – et les Coûts relatifs de désordre (CRD) correspondants, toujours dans le résidentiel. On constate que le coût moyen de réparation associé aux défauts aux défauts de pente est de 12 580 €. Les CRD, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction varient entre 3,1 % pour les désordres dus aux défauts de pente et 0,9 % pour ceux dus au tassement de l’assise et défaut de raccord. RÉPARTITION DU COÛT TOTAL Défaut de pente COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 3,5 15000 3,0 12000 2,5 9000 2,0 1,5 6000 1,0 3000 0,5 0,0 0 12 580€ Défaut de pente III III III III III 3,1% Défaut de pente Défaut de pente Tassement de l’assise Défaut de raccord Autres défauts de pose (y compris protection) Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 97 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 021 Très modestes en effectif comme en coût de réparation dans le classement du Top 10, les sinistres touchant les réseaux d’évacuation des eaux usées ont quasi systématiquement pour origine des défauts de mise en œuvre. La faute à une attribution fréquente de ce lot à des entreprises de maçonnerie n’ayant pas naturellement le savoir-faire nécessaire. Causes techniques des désordres 1. Défaut de pente Première des causes techniques de sinistres, en effectif comme en coût de réparation, le défaut de pente peut avoir plusieurs explications, résultant toutes d’un défaut de mise en œuvre. Premier cas de figure : l’entreprise n’aura pas imprimé à la canalisation une pente suffisante lors de la pose de celle-ci. La pente est tout simplement insuffisante pour assurer l’auto-curage des canalisations, sachant que cet auto-curage requiert une vitesse minimale d’écoulement des effluents de l’ordre de 1m/s. En maison individuelle, il n’est pas rare en effet que le lot VRD soit pris en charge par des entreprises de maçonnerie, non qualifiées pour exécuter ce type de travaux. Deuxième cas de figure : la pente de la canalisation est ponctuellement annulée du fait de la présence de flaches, sortes de cuvettes qui, par endroits, génèrent des «siphons» freinant l’évacuation des effluents. Dès lors, le débit d’écoulement des effluents peut là aussi être réduit au point que l’auto-curage ne se fasse plus : bien que la fraction liquide des effluents puisse continuer de s’écouler, la fraction solide risque de former des dépôts pouvant aboutir à des bouchons. La plupart du temps, ces flaches sont la conséquence d’une mauvaise réalisation de la tranchée, qui ne respecte pas la pente de la canalisation : le lit de sable n’a pas une épaisseur constante, ce qui peut entraîner des tassements différentiels. Ces disparités d’épaisseurs sont donc susceptibles de générer des flashes. Il faut au préalable bien terrasser la fouille et lui imprimer une pente correspondant à celle de la canalisation, afin d’obtenir un lit de pose conforme aux Règles de l’art. Dans des cas plus rares, ces flaches peuvent se former au croisement de deux tranchées superposées, si la tranchée la plus basse n’est pas correctement compactée. Outre l’épaisseur irrégulière du lit de pose, le recours à des remblais inadaptés est susceptible de générer des tassements différentiels préjudiciables à la stabilité des canalisations et donc à leur pente. La présence d’une ou de plusieurs flaches est le facteur le plus récurrent aux défauts de pentes. Les coûts des dommages afférents sont très variables : « Si la fuite survient à l’extérieur de la maison et qu’elle est peu profonde, le coût est généralement limité, de l’ordre de quelques milliers d’euros, observe François Legoy, expert Crac au sein du cabinet Alexya-Ixi Groupe. Mais si la flache survient sous le dallage, c’est beaucoup plus grave. Dans un sinistre que j’ai eu à expertiser, la maison était équipée d’un plancher chauffant ; comme il était impossible de traiter le sinistre par l’extérieur, il a donc fallu casser l’intégralité du dallage et du plancher chauffant. Les occupants ont dû être relogés durant quatre mois, la reprise des planchers chauffants demandant au minimum trois mois afin de respecter les temps de séchage. Au total, le sinistre a coûté quelque 80 000 euros ! » 98 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 021 2. Défaut d’emboîtement Qu’il s’agisse du réseau extérieur en lui-même ou de l’interconnexion entre le réseau d’évacuation intérieur (sous le dallage du bâtiment) et le réseau extérieur, l’emboîtement des segments de canalisations doit se faire avec le plus grand soin. Car deux segments qui ne sont pas parfaitement en vis-à-vis vont former une petite « marche » au fond de la canalisation, susceptible de gêner l’écoulement des effluents, avec, là encore, un risque de bouchons. 3. Défaut de collage Cette cause technique concerne plus spécifiquement les canalisations en PVC. En l’absence de collage, la canalisation n’est plus étanche, ce qui peut être problématique lorsqu’il s’agit du réseau intérieur, situé à une vingtaine de centimètres sous le dallage du bâtiment. « Ce n’est pas forcément grave, nuance toutefois François Legoy, l’ouvrage peut demeurer ainsi des années sans qu’il y ait le moindre problème… jusqu’au jour où il y a formation d’un bouchon. La canalisation va alors se mettre en charge et commencer à fuir. » À noter que correctement mises en œuvre, les canalisations en PVC présentent un double avantage: elles sont moins chères et offrent un bon coefficient de glissement, favorisant l’auto-curage. Elles peuvent être mises en œuvre dans les réseaux ne dépassant pas les 300 mm de diamètre. Pour des diamètres supérieurs – notamment en logement collectif – les canalisations en béton offrent plus de solidité et de rigidité. Mais les réseaux en grès vernissé constituent le nec plus ultra: ils offrent un coefficient de glissement incomparable et une très grande durabilité (très souvent sur plus d’un siècle). Très onéreux toutefois, les maîtres d’œuvre y ont très rarement recours de nos jours. 4. Déformation de canalisations Ces déformations (ovalisation) peuvent être le fait d’incidents de chantiers (écrasement), mais aussi la résultante de pressions sus-jacentes ou latérales, elles-mêmes causées par une mauvaise mise en œuvre du remblai et du fond de fouille. « Si le remblai est mal effectué sur les côtés, ou s’il y a une pierre dans le lit de pose, il y a un risque de déformation », avertit François Legoy. Idem si la qualité des remblais n’est pas irréprochable: la présence de pierres peut venir endommager le réseau. Cette mauvaise qualité du remblai est souvent le fait de raisons économiques : pour gagner du temps et de l’argent, le plus simple est de remblayer avec le matériau déblayé lors de la réalisation du fond de fouille. La méthode n’est pas défendue ; il convient néanmoins de s’assurer que le matériau est propre à assurer le rôle de remblai. Or, les matériaux qui composent le sous-sol in situ ne sont pas toujours adaptés : « Les matériaux contenant des pierres ou de l’argile sont à proscrire, indique François Legoy. Il faut se référer à la classification GTR des matériaux utilisables dans la réalisation des remblais (N.D.L.R. : voir norme NF P11-300). » Il est tentant de penser qu’un choix hasardeux de matériaux, guidé par des impératifs économiques et/ou dans le souci de tenir les délais de chantier, est volontiers le fait de la maîtrise d’œuvre. « Même si cela peut arriver ponctuellement, ce n’est généralement pas le cas, tranche François Legoy. Un maître d’œuvre ne prendra pas un tel risque. Il est en revanche plus fréquent que l’exécutant ne respecte pas le cahier des charges. Par ailleurs, dans beaucoup de cas, en maison individuelle, il n’y a tout simplement pas de maîtrise d’œuvre. » AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 99 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 021 5. Autres causes • Présence de racines : à la recherche d’humidité, les racines vont se déployer à proximité des réseaux. À la faveur d’un défaut d’emboîtement, elles pourront s’introduire dans une canalisation et provoquer un bouchon, conduire à une mise en pression du réseau et donc à une fuite. Elles pourront également endommager les canalisations en se faufilant par un regard mal réalisé. • Présence de corps étrangers : ils peuvent être involontairement introduits dans les canalisations en cours de chantier (gravier, laitance de mortier…) par des intervenants appartenant à d’autres corps d’état. D’autres corps étrangers, plus variés les uns que les autres (bouteilles, fourchettes, jouets, serviettes hygiéniques, etc.), sont le fait des utilisateurs qui jettent des objets inappropriés dans la cuvette des WC, ou d’autres, dans des locaux spécifiques (certains commerces), qui retirent la grille protectrice de la bouche d’évacuation lors du nettoyage d’une surface carrelée. • Présence d’un bouchon de lessive : c’est un cas particulier de défaut d’entretien, certaines lessives pouvant générer des bouchons. • Présence d’animaux : les rongeurs, qui peuvent venir dégrader le PVC, et d’insectes nuisibles, à l’instar des termites qui, attirées par l’humidité, percent également les tubes en PVC. • Terrain sensible au retrait-gonflement : les fuites de réseaux constituent alors des facteurs contributifs des dommages aux ouvrages de structure sus-jacents. Même hors phénomène de sécheresse, elles sont à l’origine de très importants sinistres par gonflement du terrain porteur. Pour résumer Hormis l’introduction de corps étrangers ou les défauts de maintenance, imputables au maître d’ouvrage, les conseils de prévention qui vont suivre s’adressent essentiellement aux entreprises chargées de l’exécution. Il leur est ainsi vivement conseillé de : • respecter le type de canalisation à utiliser ; • réaliser des tranchées avec un fond de forme respectant la pente de la future canalisation; • mettre en œuvre un lit de pose en sable d’épaisseur constante de 5 à 10 cm d’épaisseur; • poser la canalisation avec la pente prévue pour permettre l’auto-curage; • bien emboîter ou coller les canalisations; • vérifier l’étanchéité du réseau avant remblaiement; • remblayer le pourtour de la canalisation avec du sable jusqu’à 10 cm au-dessus de la génératrice supérieure de la canalisation; • éventuellement, procéder à une inspection caméra après travaux, ce qui permettra par exemple de démontrer l’absence de corps étrangers et le bon emboîtement des canalisations; • réaliser un plan de récolement coté qui facilitera les investigations le cas échéant. « Les entreprises de maçonnerie sont très souvent à l’œuvre pour la réalisation des tranchées, or elles ne sont pas habilitées à réaliser ce type d’ouvrage ; ce lot est du ressort d’une entreprise de travaux publics », conclut François Legoy, expert Crac au sein du cabinet Alexya-Ixi Groupe. 100 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE R Photo : François Legoy – Alexya-Ixi Groupe 021 R Photo : François Legoy – Alexya-Ixi Groupe On distingue une fuite se produisant à la jonction d’une réduction PVC sur l’attente EU laissée par le maçon. La fuite est imputable à deux causes cumulées : un défaut de collage de la réduction par le plombier et la présence d’une flache sous dallage sur la canalisation EU. Les effluents ont migré dans la forme de pose du carrelage et sont remontés dans les pieds de cloisons et doublages par capillarité. On constate les conséquences du sinistre évoqué sur la photo présentée à la page précédente sur le doublage de la maison. Le montant de ce sinistre a été de l’ordre de 3 000 euros pour le traitement de la cause et de 5 000 euros en termes de conséquences sur les plâtreries et les embellissements. VOIR AUSSI Fiche pathologie bâtiment A9 « Pathologies des canalisations ovales eaux usées » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 101 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 021 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage Généralement, les sinistres étant majoritairement dus à des défauts de mise en œuvre, c’est l’entreprise qui endosse la majorité, voire la totalité des sinistres. Son assureur en RCD sera donc mis à contribution. « Les erreurs de conception sont rares », selon François Legoy. Mais pas inexistantes : dans le cas d’un immeuble, un réseau sous-dimensionné, dont les canalisations affichent un diamètre insuffisant, sera imputable à un défaut de calcul, donc, in fine, à la maîtrise d’oeuvre de conception. Le maître d’œuvre d’exécution peut, quant à lui, pêcher par manque de précision au moment de décrire le mode opératoire de remblaiement à l’entreprise. L’envergure du chantier peut également être prise en compte pour estimer le partage des responsabilités : si le réseau est très étendu, l’expert ne fera pas grief au maître d’œuvre de défauts isolés d’exécution. « En revanche, sur un petit réseau de 500 m, s’il n’a pas vérifié que c’est bien du sable qui a été mis en oeuvre autour des canalisations, il en sera comptable », prévient François Legoy. Dans son principe, l’assurance DO indemnise le maître d’ouvrage, avant de se tourner ensuite vers les assureurs RCD de la maîtrise d’oeuvre et de l’entreprise. Toutefois, les sinistres ne seront pas pris en charge en DO lorsque : • les canalisations ne sont pas comprises dans l’assiette de la DO : c’est le cas notamment lorsque les réseaux et le lot VRD n’ont pas été réalisés par le Constructeur de maison individuelle (CMI), mais par une entreprise tierce, voire par le maître d’ouvrage lui-même. Il est en effet très fréquent que le lot VRD soit exclu du contrat proposé par le CMI, au bénéfice du futur propriétaire qui, par souci d’économies, prendra le parti de se charger de ce lot à moindres frais. Toutefois, le CMI est légalement tenu de chiffrer le reliquat de travaux à la charge du maître d’ouvrage pour que le bâtiment soit propre à sa destination. Si le maître d’ouvrage a réalisé lui-même ses réseaux et qu’il est victime d’un sinistre, il n’a pas de recours possible. En revanche, s’il a sollicité une entreprise, il peut se retourner contre la RCD de celle-ci ; • le sinistre est imputable à la présence d’un corps étranger (il s’agit alors d’un défaut d’entretien) ; • le sinistre est imputable à des rongeurs ou à des termites (il s’agit alors d’une cause extérieure). Les sinistres touchant les réseaux d’évacuation des eaux usées induisent la notion d’impropriété à destination. Ils sont donc pris en charge en RCD, à l’exception des deux cas suivants : - lorsque le sinistre est imputable à la présence d’un corps étranger. Ce cas peut néanmoins être sujet à interprétation car ledit corps étranger peut avoir été introduit en cours de chantier et non par l’utilisateur après la réception ; - lorsque le sinistre est imputable à des rongeurs ou à des termites (cause extérieure). Autres garanties (dommages) Pour rappel, l’assurance Multirisque habitation (MRH) ne couvre pas les causes techniques des sinistres, mais uniquement leurs conséquences. Elle sera ainsi actionnée pour dédommager la dégradation de papiers peints en cas de remontées capillaires au pied de cloisons, suite à une fuite sous dalle. Un cas particulier est à relever : celui du raccordement par les plombiers des réductions de diamètres aux attentes de canalisations, laissées par les intervenants chargés des réseaux d’évacuation. Ces réductions, réalisées sous le niveau du carrelage, ne sont plus apparentes à la livraison. Lorsqu’elles sont mal collées et qu’il y a une mise en charge du réseau (suite à un bouchon), le refoulement provoque l’inondation du carrelage, ainsi que des remontées capillaires au pied des cloisons. Dans un tel cas de figure, l’assureur MRH intentera un recours envers la RCD de l’entreprise de plomberie. La MRH prendra en charge les conséquences des fuites de réseaux fuyards, notamment en cas de mise en œuvre des garanties CatNat relatives à une sécheresse. 102 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION ZOOM AUTRES ÉLÉMENTS PARTICULIERS DE FAÇADE BALCON – LOGGIA 590 Chute d’écaille de béton: atteinte à la solidité. Photo Michel Lutz – Saretec E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 155 – m a r s / a v r i l 2 0 1 6 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 103 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 590 AUTRES ÉLÉMENTS PARTICULIERS DE FAÇADE Causes techniques des désordres R É S I D E N T I E L Dans le secteur résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. Ces répartitions montrent que les dommages ayant pour cause les balcons, principaux autres éléments particuliers de façade ont pour origine majeure les défauts à la jonction avec la structure, entrainant des infiltrations en partie courante (39 % de l’effectif sur l’ensemble de la période) ; cette cause consomme près du tiers du coût total des réparations des autres éléments particuliers de façade, dont les balcons, en baisse sur la période (30 %). RÉPARTITION DE L’EFFECTIF 26 25 30 39 11 en en % % 17 27 25 39% 30% Défaut à la jonction avec la structure entraînant des infiltrations en partie courante COÛT MOYEN Les histogrammes présentent les coûts moyens de réparation – et les Coûts relatifs de désordre (CRD) correspondants, toujours dans le résidentiel. On constate que le coût moyen de réparation associé aux défauts à la jonction avec la structure est de 5 460 € . Les CRD, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction varient entre 2,5 % pour les désordres dus aux défauts liés à la structure et 0,9 % pour ceux dus au défaut à la jonction avec la structure entrainant des infiltrations en partie courante. RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 12000 COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 2,5 10000 2,0 8000 1,5 6000 1,0 4000 0,5 2000 0,0 0 5 460€ 0,9% Défaut à la jonction avec la structure entraînant des infiltrations en partie courante III Défaut à la jonction avec la structure entraînant des infiltrations en partie courante III Défaut lié au revêtement III Défaut lié à la structure (armature, dimensionnement…) III Autres causes 104 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 590 AUTRES ÉLÉMENTS PARTICULIERS DE FAÇADE Causes techniques des désordres N O N - R É S I D E N T I E L Dans le secteur non-résidentiel, les anneaux présentent la répartition des désordres par cause technique, en % de l’effectif et en % du coût total des réparations signalées à l’AQC entre 1995 et 2015. On constate que le défaut à la jonction avec la structure entrainant des infiltrations est le plus souvent mis en cause (plus de 39 % de l’effectif). 51 % du coût total de réparation ayant pour origine les balcons, éléments particuliers de façade en non résidentiel sont consacrés aux dommages dus aux défauts liés au revêtement. 22 % du coût total de réparation sont consacrés aux défauts liés à la jonction avec la structure entrainant des infiltrations en partie courante. RÉPARTITION DE L’EFFECTIF RÉPARTITION DU COÛT TOTAL 13 19 39 14 10 en en % % 51 32 39% 51% Défaut à la jonction avec la structure COÛT MOYEN Les histogrammes présentent les coûts moyens de réparation et les Coûts relatifs de désordre (CRD), c’est-à-dire la part du coût de construction consacré aux réparations correspondantes, toujours dans le non-résidentiel. On constate que coût moyen de réparation associé aux défauts à la jonction avec la structure est de 5 730 € . Les CRD, qui expriment le coût des réparations en parts du coût de construction varient entre 4 % pour les désordres dus aux défauts liés au revêtement et 0,8 % pour ceux dus au défaut à la jonction avec la structure entrainant des infiltrations en partie courante. 22 20000 Défaut lié au revêtement COÛT RELATIF DU DÉSORDRE 4,0 3,5 15000 3,0 2,5 10000 2,0 1,5 5000 1,0 0,5 0 0,0 15 900€ Défaut lié au revêtement 4% Défaut lié au revêtement III Défaut à la jonction avec la structure entraînant des infiltrations en partie courante III Défaut lié au revêtement III Défaut lié à la structure (armature, dimensionnement…) III Autres causes AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION – 105 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 590 Plus ou moins graves, la majorité des sinistres touchant balcons et loggias ont trait à des défauts de solidité (du simple effritement en nez de dalle jusqu’au risque d’effondrements) et d’humidité (traces, infiltrations). Causes techniques des désordres Les désordres relatifs aux éléments particuliers de façade relèvent de deux grandes catégories : ceux liés à un problème de solidité de l’ouvrage d’une part, ceux liés à des passages d’eau et d’humidité d’autre part sachant que les balcons sont concernés par ces deux catégories, tandis que les loggias ne sont généralement sujettes qu’à des problèmes d’infiltrations et d’humidité (du moins lorsqu’elles sont d’origine). Comme nous allons le voir plus en détail, ces sinistres ont souvent pour origine une malfaçon en phase chantier. C’est en tout cas systématique pour les problèmes d’infiltration et d’humidité et fréquent dans les problèmes de solidité. « Toutefois, complète Michel Lutz, directeur technique de Saretec, les problèmes de solidité résultent parfois uniquement d’une erreur de conception, voire d’une erreur de conception d’exécution : des plans d’architectes rigoureux sont parfois retranscrites des erreurs (voir plus loin le cas des balcons d’angle). » 1. Solidité Les problèmes de solidité touchant les balcons ont diverses causes techniques relatives à leurs armatures métalliques (ou fers à béton), parce que mal dimensionnées ou mal disposées dans l’épaisseur de la dalle en phase chantier (ce dernier cas serait d’ailleurs à l’origine de la majorité des sinistres). « Normalement, les armatures métalliques, qui sortent des planchers intérieurs du logement, doivent être posées en partie haute de la dalle béton en porte-à-faux, explique Michel Lutz. Or ce point de technique ne va pas forcément de soi sur un chantier – ne serait-ce que parce que les intervenants ont à marcher sur les armatures métalliques qui, de fait, se retrouvent positionnées trop bas dans l’épaisseur de la dalle. » Moins fréquentes, les erreurs de calcul des bureaux d’études portant sur le dimensionnement des armatures peuvent néanmoins arriver, compromettant ainsi la solidité de l’ouvrage. L’effritement de parties de béton, notamment en nez de dalle, est imputable à des défauts d’enrobage des armatures métalliques, à la présence de fissures dues à la corrosion des armatures métalliques, à la présence d’humidité et à l’alternance entre gel et dégel. Ces fissures sont directement tributaires d’un défaut au niveau de l’ossature du balcon. Les bureaux d’études ne sont pas à l’abri d’un autre type d’erreur, loin d’être rare, portant sur les balcons d’angle, fréquemment rencontrés en maison individuelle, comme le signale Michel Lutz : « Sur ces balcons d’angle épousant la façade et le pignon du bâtiment, il est fréquent que le poids de la dalle en porte-à-faux soit mal équilibré par la masse de la dalle de plancher à l’intérieur du bâtiment, indique l’expert. Or, cet équilibre entre la dalle à l’intérieur et le balcon à l’extérieur est impératif. En fait, les bureaux d’études oublient d’équilibrer la masse supplémentaire en porte-à-faux due à l’angle. Dès lors, le plancher intérieur n’exerce pas un contrepoids suffisant. Ce manque d’équilibre entre le plancher intérieur et le plancher en porte-à-faux est souvent mis en évidence après réception, une fois que les occupants ont entreposé des charges sur la dalle de leur balcon (carrelage, jardinières…). S’ensuivent des fissurations, voire des effondrements. » Un autre type d’oubli – beaucoup plus rare heureusement – à mettre au passif des bureaux d’études concerne les appuis pour balcons constitués de linteaux ou poutres, au droit de la façade. « C’est pourtant un ouvrage obligatoire, mais il peut avoir été oublié sur le plan du bureau d’études en rare, mais je l’ai déjà rencontrée. » Il faut alors faire étayer le ou les balcons. Cas extrêmes, mais néanmoins répertoriés, les chutes de balcons sont le corollaire de ces insuffisances structurelles. « Ce type de sinistre aussi étonnant que rarissime arrive plus souvent en phase 106 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 590 chantier qu’après livraison, tempère Michel Lutz. À titre indicatif, et sans vouloir en faire une valeur statistique, nous rencontrons ce type de sinistre entre trois et cinq fois par an à Saretec. » Les sinistres liés à la solidité représentent un risque financier plus important que ceux liés à des problèmes d’humidité. « Une chute de balcon se traduira par un coût de réparation pouvant atteindre quelque 40 000 euros, indique Michel Lutz. Et ce coût, imputable à un balcon, sera augmenté si cette chute endommage un balcon sous-jacent. De même, un balcon défaillant sur une copropriété conduira à une reprise de l’ensemble des balcons, puisque tous menacent ruine… Sans parler des éventuels sinistres corporels causés par la chute de débris, sur des passants ou des occupants de balcons inférieurs. » Les revêtements, résine, carrelage, faïence, peinture, suivent les mouvements du support béton. Dès qu’il y a un problème de solidité, les revêtements sont affectés. Ceux-ci sont repris dans le cadre des travaux de réparation sur la solidité. 2. Humidité D’un point de vue strictement réglementaire, un constructeur n’a pas l’obligation de rendre un balcon étanche. Dès lors, pour les affranchir des problèmes liés à la présence d’eau, il convient d’imprimer aux éléments en porte-à-faux une pente destinée à acheminer l’eau vers les ouvrages de récupération et d’évacuation (cunettes, pissettes, avaloirs). Cette pente sera généralement comprise entre 5 et 15 mm par mètre. Faute de quoi, l’écoulement sera inopérant. Des défauts de pente d’un pourcentage insuffisant provoquent des stagnations d’eau. Pire, des problèmes de contre-pente ont été recensés. Inclinées dans la mauvaise direction, ces pentes favorisent l’écoulement des eaux stagnantes vers les seuils de fenêtres. « Et pour peu que les joints de seuil soient défaillants, cela se traduira par des infiltrations à l’intérieur du logement », complète Michel Lutz. Une mauvaise évacuation de l’eau présente sur les balcons peut aussi résulter d’une défaillance du système de récupération (cunettes, pissettes, avaloirs), générant des fuites pouvant laisser des traces ou dégrader la peinture d’un balcon sous-jacent. La mise en place de ces éléments d’évacuation au moment du chantier est elle-même potentiellement génératrice de sinistres. En effet, pour pouvoir être encastrés dans la dalle, les intervenants auront d’abord à extraire des fragments de béton afin de pouvoir y loger les dispositifs de récupération, puis les sceller dans la dalle à l’aide de mortier. Cette hétérogénéité localisée des matériaux est vulnérable aux phénomènes de retrait et de gel-dégel successifs, engendrant des effritements. VOIR Fiche pathologie bâtiment B7 « Désordres affectant les balcons » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 107 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 R Photo : Frédéric Markiewicz – AQC 590 R Photo : Géraud Appert – AQC Effondrement d’un balcon BA préfabriqué (dimensions : L = 4 m x l = 2 m) situé à 5 m de hauteur. Mauvaise préparation du scellement à la résine des barres d’ancrage. R Chute de balcon : atteinte à la solidité. 108 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photo : Michel Lutz – Saretec Stagnation d’eau sur un balcon sans pente. 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE R Photo : Christian Taliana – AQC 590 Passage d’eau en façade de balcon ou en dehors des évacuations prévues. Photo : Charles de Bigault – AQC Photo : Michel Lutz – Saretec R R R Photo : Michel Lutz – Saretec Corrosion d’armatures en nez de balcon avec éclatement du béton. Effondrement en cascade de trois balcons en béton armé, dont les armatures supérieures avaient été omises. Par chance, aucune victime n’est à déplorer. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 109 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 590 Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage Dans le cas des sinistres liés à un problème de solidité, pas d’ambiguïté : ils sont systématiquement pris en charge en Dommages-Ouvrage (DO) ainsi qu’en Responsabilité civile décennale (RCD). En effet, les balcons et loggias sont des éléments d’ossature ; si leur solidité est remise en cause par la survenue d’un désordre, ou même si la menace d’un désordre est à craindre (suite à un sondage), la notion d’atteinte à la solidité de l’ouvrage peut être invoquée. De plus, si un sinistre engendre des chutes de débris par effritement et porte atteinte à la sécurité de personnes, la prise en charge sera automatique. La donne est différente en revanche pour les problèmes liés à l’eau, qui ont généré une jurisprudence désormais bien installée, excluant certains sinistres du champ de la RCD. Ainsi, en vertu d’un arrêt de la 3e chambre civile de la Cour de cassation (pourvoi n° 84-14486) daté du 12 mars 1986, des infiltrations au niveau de joints de balcons ne gagnant pas l’intérieur d’un logement ne seront pas considérées comme rendant l’ouvrage impropre à sa destination, même si elles se traduisent par de l’eau stagnante sur une dalle ou engendrent des désordres esthétiques (dégradations en sous-face de balcons). « Toutefois, un autre arrêt de la Cour de cassation daté du 8 septembre 2010 (pourvoi n° 08- 22062) a considéré que des défauts d’étanchéité des dalles des balcons et loggias ayant pour seule conséquence des dommages esthétiques peuvent tomber sous le coup de la Responsabilité de droit commun du constructeur, si la faute de celui-ci est engagée », précise Juliette Deschamps, juriste chez Saretec. Et de nuancer le propos quant à la non-prise en charge en garantie décennale des désordres liés à l’humidité ne donnant pas lieu à des infiltrations à l’intérieur d’un logement : « S’ils ne sont globalement pas pris en charge, en Droit, on ne peut jamais vraiment dire “jamais”… J’ai souvenir d’un jugement de première instance du TGI de Grasse – dont je ne sais s’il a fait l’objet d’un appel ensuite – où malgré la jurisprudence, il a été considéré que l’eau stagnante sur les balcons, entraînant des désordres esthétiques généralisés en sous-face (tâches, stalactites) et une “très grande gêne” dans l’utilisation des balcons et terrasses, rendait l’immeuble impropre à sa destination. » Il y a aussi une différence d’appréciation entre techniciens et juges : les constructeurs ne sont pas tenus, au regard des Règles de l’art, d’étancher leurs balcons. Mais pour les juges, le respect ou non de ces Règles de l’art n’est pas déterminant. Si un juge considère qu’un constructeur devait étancher un balcon, il peut très bien le condamner pour cette raison. En termes de répartition des responsabilités, les défauts ponctuels d’exécution incomberont majoritairement à l’entreprise, même si le maître d’œuvre d’exécution pourra voir sa responsabilité engagée des travaux. Comme vu plus haut, ce cas de figure sera essentiellement rencontré dans les sinistres liés à l’humidité. En revanche, des sinistres liés à des problèmes de solidité, impliquant une défaillance dans le calcul des armatures métalliques, engageront majoritairement la responsabilité du bureau d’études (dans des proportions comprises généralement entre 60 et 70 %). « Dans un projet de copropriété, si l’entreprise sous-traite les calculs à un bureau d’études, l’entreprise n’est pas tenue de vérifier les calculs ; sa responsabilité sera couverte par celle du bureau d’études », souligne Michel Lutz. Dans les sinistres touchant à la solidité et à la disposition des armatures métalliques, le contrôleur technique engage lui aussi sa responsabilité : « Toujours dans le cas d’une copropriété, il doit effectuer des vérifications sur le ferraillage d’au moins un balcon, car en cas de défaut d’enrobage (armatures trop 110 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION 1995 à 2015 – ZOOM PATHOLOGIE 590 basses), sa responsabilité est engagée. » À titre indicatif, le partage des responsabilités peut se faire alors sur le mode de répartition suivant : 10 % pour le contrôleur technique, 70 % pour l’entreprise, 20 % pour le maître d’œuvre. Autres garanties (dommages) La Multirisque habitation (MRH) n’a pas vocation à prendre en charge les sinistres de solidité, mais uniquement ceux relevant d’infiltrations d’eau à l’intérieur des logements. Elle ne pourra pas non plus être actionnée pour indemniser des désordres esthétiques sur les balcons. Si un sinistre d’infiltration intervient en période décennale, le maître d’ouvrage pourra obtenir réparation sur les dommages corollaires (dégradations de meubles, de parquets) grâce à la MRH, tandis que les causes techniques du désordre seront indemnisées par la DO puis la RCD du constructeur. En période décennale, des amenées d’eau vers la façade par pente inversée envoyant l’eau s’infiltrer par un seuil mal disposé pourront être indemnisées par la DO/RCD. VOIR AUSSI Rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants (balcons désolidarisés) » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 111 ZOOM PATHOLOGIE – 1995 à 2015 590 NOTES 112 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 ZOOM Pathologie en rénovation E x t r a i t R e v u e Q U A L I T É C O N S T R U C T I O N n° 154 – j a n v iExemple e r / f é vd’une r i e rrénovation 2 0 1 6 d’un bâtiment en pierre Photo : Thomas Lemerre – Socabat AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 113 SYCODÉS 2016 Si elles ne diffèrent pas fondamentalement de celles rencontrées dans le neuf, les pathologies issues de travaux de rénovation sont généralement le fruit d’une analyse préalable insuffisante du bâti. Un constat qui concerne autant les réhabilitations lourdes (avec une équipe de maîtrise d’œuvre complète) que les petites interventions d’entretien dans le secteur diffus. DALLAGE SUR TERRE-PLEIN Coût moyen 22 000 CRD € 7,6% REVÊTEMENT DE SOL INTÉRIEUR CARRELÉ Coût moyen 10 200 CRD € 9,0% TOITURE-TERRASSE MURS ENTERRÉS OU DE SOUBASSEMENT Coût moyen 11 400 CRD € 6,5% RÉSEAU D’EAU ENCASTRÉ Coût moyen 5 900 € CRD 3,3% RELEVÉ D’ÉTANCHÉITÉ Coût moyen CRD Coût moyen CRD 4 800 € 5,3% 4 100 € 8,3% 114 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Les ouvrages existants (toutes destinations confondues) font l’objet de près de 56 000 pathologies sur la période 1995-2015. En préambule, il est souligné que « les éléments d’ouvrage qui portent les effectifs importants, représentant les pathologies traditionnelles de fréquence, sont similaires à ceux identifiés dans le neuf, toiture-terrasse en plus. » Si le document ne mentionne pas le détail des effectifs par pathologie, il donne pour chacune les coûts moyens de réparation ainsi que le Coût relatif de désordre (CRD, coût moyen de réparation rapporté au coût de la construction.) Sont donc mis en exergue, par ordre décroissant de coût moyen de réparation : les dallages sur terre-plein (22 000 euros, pour un CRD de 7,6 %), les murs enterrés ou de soubassement (11 400 euros, 6,5 %), les revêtements de sols carrelés (10 200 euros, 9 %), les réseaux d’eau encastrés (5 900 euros, 3,3 %), les toitures-terrasses (4 800 euros, 5,3 %) et les couvertures en petits éléments (4 100 euros, 8,3 %). Pour compléter cet état des lieux, est mentionné un certain nombre d’ouvrages aux coûts moyens de réparations très élevés, tels les ossatures poteaux-poutres (11 500 euros, 4,8 %), les climatisations et VMC (10 600 euros, 2,6 %), les équipements sanitaires, dont les douches (8 020 euros, 6,4 %). Causes techniques des désordres Le diagnostic avant travaux : une étape cruciale Toutes ces pathologies se retrouvent également dans le neuf, il suffit de se reporter aux chapitres dédiés aux pathologies touchant les différents types d’ouvrages, en partant du principe que les mêmes effets résultent des mêmes causes. Est-ce à dire pour autant que les opérations de rénovation ne comportent pas de risques spécifiques, distincts de ceux encourus lors de la réalisation d’un ouvrage neuf ? Aux yeux des experts, cette spécificité existe bel et bien : « Les pathologies survenant en rénovation ne sont pas forcément différentes de celles du neuf, notamment dans le registre de la mise en œuvre, rappelle dans un premier temps Jean-Pierre Thomas, expert Crac chez Eurisk. En revanche, des problèmes de diagnostic (c’est-à-dire un défaut ou une analyse insuffisante de l’existant avant travaux) vont générer ces pathologies spécifiques. » Cette analyse du bâti doit être à la fois structurelle et fonctionnelle. Structurelle, surtout lorsqu’il est question d’une opération de rénovation lourde, sur du patrimoine de grande envergure (logements collectifs, locaux non résidentiels). Les travaux touchant à la structure des ouvrages (percement de murs porteurs, reprise de fondations, de planchers…), ce diagnostic initial est non seulement indispensable mais doit être réalisé impérativement avant le lancement des opérations de réhabilitation. Il est donc impératif d’y consentir temps et argent, sous peine de déconvenues durant l’exécution. « J’ai le souvenir d’une opération lancée de la sorte : faute de financements suffisants, le chantier a été lancé avec un minimum d’études préalables et sans diagnostic de la charpente existante, évoque Jean-Pierre Thomas. La stabilité de la structure n’étant plus assurée compte tenu des modifications du bâti projetées, faute de diagnostic précis sur le report des charges, le chantier a dû être suspendu durant six mois pour des études complémentaires indispensables, entraînant des surcoûts (immobilisations…) et des retards à la livraison. » Et ce dernier d’insister sur un point : l’argument économique ne doit en aucun cas être brandi pour escamoter ces études de diagnostic : « En opérant de la sorte, on ne fait que différer le problème ; l’économie réalisée sur les études se verra annulée ultérieurement. D’autant que des désordres de structures sur de grandes opérations peuvent atteindre plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d’euros. Sans compter des délais d’exécution supplémentaires de travaux de reprise et de confortement de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. » AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 115 SYCODÉS 2016 Les études préalables doivent également être en mesure de garantir l’éventuel changement de destination de l’ouvrage : la répartition de charges au niveau des planchers ne sera pas la même au sein d’un bâtiment à usage d’habitation que celle au sein d’un bâtiment de stockage d’archives, par exemple. Il est du ressort de l’équipe de conception, avec l’intervention, si nécessaire, de bureaux d’études spécialisés, de redimensionner une structure en fonction des reports de charge inhérents à la nouvelle destination de l’ouvrage. Sur des projets de rénovation visant des bâtiments relativement anciens, la maîtrise d’œuvre veillera également à identifier les éventuelles techniques de construction traditionnelles qui ont pu parfois tomber dans l’oubli. C’est d’ailleurs une obligation dans le cas des bâtiments classés, dont les Architectes des bâtiments de France (ABF) sont censés être les garants. Plus largement, la phase de diagnostic fait fréquemment appel à des connaissances historiques en matière de construction. Une tâche à mi-chemin entre celle de l’historien et du médecin de famille : « Je conseille de consacrer beaucoup de temps à la phase d’observation, indique Thomas Lemerre, expert conseil chez Socabat : la façade a-t-elle connu des modifications? Comment se répartissent les charges au sein de l’ouvrage ? Arbore-t-il des débords de toit ? Les murs présentent-ils des fissures, des remontées d’humidité, des spectres ? Et effectivement, il est conseillé de se renseigner sur les méthodes de construction en vigueur lors de la construction de l’ouvrage afin de mieux appréhender le squelette non visible du bâtiment.» Techniques de construction traditionnelles Ce qui amène à considérer les pathologies résultant directement d’une perte de savoir-faire de la part des exécutants. Certains ouvrages anciens requièrent une maîtrise parfaite de ces techniques pour être restaurés, sous peine de générer des sinistres. Si reprendre un plancher en bois représente une tâche anodine a priori, la donne s’avère autrement plus ardue dans le cas d’un plancher sur voûte comme il s’en trouve dans les bâtiments de la fin du XIXe siècle. Certains types d’ouvrages peuvent, quant à eux, pâtir de leur remise au goût du jour, au gré des tendances et des modes. C’est le cas par exemple des enduits à la chaux : de nos jours, les artisans recourent à de la chaux conditionnée et prête à l’emploi, sans qu’il soit besoin d’en maîtriser le dosage. Ce qui pourtant ne préserve pas toujours de quelques ratés – spectres, marbrures, coulées blanches – qui nuisent à l’esthétique de la façade (même si ce genre de désordre ne rend pas l’ouvrage impropre à sa destination, sauf arbitrage contraire). Cette méconnaissance peut aussi conduire un artisan à appliquer un enduit inadéquat : « En région Bretagne, où beaucoup de constructions sont encore constituées de murs en terre, de nombreux sinistres surviennent suite à l’application de nouveaux enduits en ciment, signale Thomas Lemerre. Empêchant l’humidité de traverser les cloisons, ces enduits conduisent à une liquéfaction de la terre qui constitue ces murs et in fine à leur effondrement. » Autant de sinistres évitables si des enduits traditionnels, n’entravant pas la migration de la vapeur d’eau, étaient appliqués (terre/chaux ou chaux/chanvre). Cet emprisonnement de l’humidité par les enduits ciment peut également nuire à d’autres types d’ouvrage (planchers bois s’insérant au niveau des cloisons). « On voit réapparaître les murs en paille ou en pisé, qui sont modernisés ou adaptés, mais dont la technicité s’était perdue, complète Jean-Pierre Thomas. Il y a toutefois une volonté des professionnels promoteurs du renouveau de ces techniques anciennes, de constituer un référentiel de base reconnu par la profession, afin de limiter les mauvais retours d’expérience et que l’image de ces techniques traditionnelles ne soit pas impactée. » 116 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Transferts d’humidité En construction neuve, l’imperméabilisation des enveloppes fait partie des principes de base. Mais transposée à l’existant, elle en devient source de pathologies. Car pour rappel, l’imperméabilisation des enveloppes en neuf va de pair avec un système de renouvellement d’air propice à assurer du même coup les transferts d’humidité. Transferts qui, dans l’ancien, s’effectuent à la faveur des passages d’air parasites (liaisons entre les parois et les dormants de menuiserie, joints de simple vitrage…). Vouloir rendre un ouvrage totalement étanche en occultant les nécessaires transferts d’humidité en son sein, c’est courir à la catastrophe : « Les bâtiments anciens doivent pouvoir continuer à “respirer”, tranche Thomas Lemerre. L’interruption des transferts de vapeur d’eau au sein d’une paroi – en l’isolant avec du polystyrène, un pare-vapeur et des plaques de plâtre – risque de conduire au pourrissement des éléments d’un bâtiment en structure bois. Il faut savoir maîtriser la perspirance des parois. L’inertie thermique des bâtiments anciens avec murs épais disparaît si des doublages thermiques intérieurs trop performants sont employés. » D’autres types de travaux de rénovation sont susceptibles de perturber ces transferts d’humidité : une maison avec un sous-sol en terre battue ne peut accueillir un nouveau dallage en béton sans conduire à des remontées capillaires au niveau des parois. « L’humidité du sous-sol va se trouver bloquée par le dallage puis se concentrer en pied de murs, détaille Thomas Lemerre. Les remontées capillaires seront ainsi beaucoup plus importantes qu’avant et vont laisser des traces blanches (salpêtres) sur les parois. » En recrudescence depuis le début des années 2000 (notamment en régions Bretagne et Normandie), les cas de prolifération de mérule en maison à structure bois sont directement imputables à une mauvaise gestion de l’humidité. Celle-ci favorise en effet la prolifération de ce champignon, présent initialement sous forme de spores. Dès lors le champignon se nourrit de la cellulose du bois, croît en déployant ses ramifications, pouvant même traverser les murs. D’anodines interventions de plomberie peuvent avoir des conséquences dramatiques : un siphon remplacé mal jointé, donnant lieu à un goutte-àgoutte, dans une salle de bains pourvue d’un plancher bois, est susceptible d’entraîner un pourrissement du plancher et de déclencher un foyer de mérule. Et dans la quasi-totalité des sinistres de ce type, les coûts s’avèrent colossaux, de l’ordre de dizaines, voire de centaines de milliers d’euros. « Lorsqu’un foyer de mérule est détecté, il faut en premier lieu le circonscrire sur un périmètre de sécurité d’au moins 1,50 m et mettre à nu la partie de la structure qui aura été touchée. Mais parfois malheureusement, c’est toute la structure qui se trouve “contaminée”. Dès lors, la pérennité du bâtiment dans son ensemble peut être remise en cause… » Rénovation énergétique Au même titre que les travaux d’imperméabilisation des enveloppes, les travaux de rénovation énergétique, et en particulier d’isolation thermique, font également peser un risque hygrométrique. Les programmes de rénovation de logements sociaux ont pu donner lieu à ce type de sinistres, faute d’une programmation globale et exhaustive : ces logements « fuyards » sont pourvus d’isolation thermique et de menuiseries à double vitrage sans l’installation de systèmes de VMC, générant de fait de la condensation et des moisissures, faute de renouvellement efficace de l’air intérieur et d’évacuation de l’humidité. Autre cas de figure assez proche : l’amélioration de la ventilation et le remplacement des fenêtres ne s’accompagnant pas d’une isolation thermique des façades engendrent l’apparition de ponts thermiques localisés, favorisant le phénomène de condensation, et incidemment, la formation de moisissures au niveau des linteaux de baie. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 117 SYCODÉS 2016 R R Mérule sur mur Développement de mérule R R Développement de mérule R Diagnostic de charpente métallique ancienne 118 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photos : Thomas Lemerre – Socabat Linteau bois conservé derrière des doublages SYCODÉS 2016 Parfois, l’imperméabilisation des parois ne fait que canaliser ces transferts d’humidité, aboutissant à la création de points humides propices aux sinistres. Thomas Lemerre évoque un cas précis : « Un ancien manoir aux parois en pierre avec enduit poreux a été revêtu d’une imperméabilisation de type I2. Mais les contours de fenêtres, en brique, ont été préservés. Étant donné la propension de la brique à absorber l’eau, et alors que le reste des parois a été imperméabilisé, les transferts d’humidité se sont concentrés autour des menuiseries. Conséquence, l’ensemble du manoir a été touché par la mérule, qu’il a fallu traiter en profondeur… » Dans le même registre, le confinement des solives de plancher par l’isolant thermique empêche l’évacuation de l’humidité de la paroi vers l’intérieur, entraînant leur pourriture. « Une entreprise peut donc faire de très grosses bêtises si elle ne sait pas qu’il faut traiter l’humidité des murs, malgré le fait que les travaux d’isolation thermique aient été faits consciencieusement », conclut Thomas Lemerre. Et de rappeler son leitmotiv : le diagnostic préalable de l’habitat est incontournable. Or l’habitat diffus fait office de parent pauvre en la matière. « Il faut faire comprendre au maître d’ouvrage qu’il doit agir de façon cohérente lorsqu’il envisage une rénovation et qu’il entreprend une démarche de long terme, insiste Jean-Pierre Thomas. Malgré l’absence de maîtrise d’œuvre en maison individuelle, il peut se référer aux entreprises RGE (Reconnu garant de l’environnement), capables de remplir ce rôle. » Les travaux de rénovation thermique soulèvent une fois de plus les difficultés économiques que peuvent rencontrer certains maîtres d’ouvrage, les incitant à échelonner leurs bouquets de travaux. Or toute rénovation nécessite une réflexion globale en mettant en œuvre une planification logique, afin qu’à la livraison, le bâtiment puisse être exploité sans dommages. À défaut de pouvoir programmer simultanément l’ensemble des travaux, il est impératif de les planifier de manière cohérente. « Le propriétaire d’une maison individuelle construite dans les années cinquante m’a consulté un jour parce qu’il voulait remplacer sa chaudière, raconte Jean-Pierre Thomas. Je lui ai plutôt recommandé d’isoler d’abord ses combles, puis ses parois froides avant de songer à s’équiper d’une nouvelle chaudière, dont la puissance ne serait alors plus la même… » Sans aller jusqu’à parler de sinistres, ce manque de cohérence dans la planification des travaux se traduit régulièrement par des problèmes de dimensionnement des lots de génie climatique. Dans les bâtiments basse consommation, les besoins énergétiques sont sensiblement réduits, si bien que les générateurs s’avèrent surpuissants. Dans ces conditions, ces générateurs voient leur rendement dégradé et leur durée de vie entamée. C’est notamment le cas des chaudières dont la puissance nominale est largement supérieure aux déperditions thermiques de l’habitat et, partant, sont contraintes à un fonctionnement à bas régime. Il en va de même pour les chauffe-eau solaires dont la surface des capteurs aura été surdimensionnée : c’est l’ensemble du système qui risque ainsi la surchauffe. VOIR AUSSI Rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 119 SYCODÉS 2016 Pour terminer cette revue de détail, évoquons un autre désordre visant plus spécifiquement les maisons individuelles équipées de chaudières atmosphériques. Plusieurs cas de remplacements des menuiseries et de la VMC ont entraîné des dysfonctionnements des chaudières atmosphériques maintenues en place. En effet, ces dernières deviennent inopérantes, du fait de la dépression régnant dans la pièce suite aux travaux (résultant de la réduction des infiltrations d’air parasites et de l’extraction due à la VMC). « Le menuisier qui a posé les fenêtres, l’électricien qui aura installé la VMC, ne seront pas forcément au fait du fonctionnement d’une chaudière atmosphérique », souligne Jean-Pierre Thomas. Responsabilités et garanties liées au contrat de louage d’ouvrage La répartition des responsabilités est d’abord tributaire du type de chantier. Sur des opérations de grande envergure, menées par une équipe de maîtrise d’œuvre complète, cette répartition sera largement partagée dans le cas où le diagnostic préalable ferait défaut ou s’avérerait insuffisant. « Le rapport de diagnostic préalable, qui constitue une trace écrite, peut être plus ou moins succinct, mais il doit rendre compte de l’analyse de l’ouvrage et de choix adaptés quant à la conduite des travaux, énonce Jean-Pierre Thomas. Pour des travaux lourds, une note d’un bureau d’études spécialisé peut s’avérer utile, si l’architecte a jugé nécessaire de s’allouer ses services. L’idéal est de joindre ce document dans le descriptif des travaux destiné aux entreprises, de sorte qu’elles aient une bonne connaissance de l’état général de l’ouvrage avant travaux. » En prenant comme référence le barème de la convention de règlement de l’assurance construction (Crac), et en considérant un désordre dû à un défaut de conception, lui-même consécutif à une absence de diagnostic, la responsabilité du sinistre incombera essentiellement au maître d’œuvre de conception (entre 40 et 60 %) ainsi qu’au contrôleur technique (à hauteur de 10 à 15 %). Toutefois, en cas de défaut de diagnostic, les entreprises auront également à répondre du sinistre (à hauteur de 40 à 50 %, pour ne pas avoir demandé à consulter ledit diagnostic ou relevé son absence). N.B. : ces proportions de répartition sont données à titre indicatif. Il n’est pas rare toutefois que le partage des responsabilités soit plus difficile à établir : « Les expertises peuvent donner lieu à des surprises, confirme Jean-Pierre Thomas ; les comptes rendus de chantier, parfois très succincts, ne rendent pas forcément compte de tous les aléas de chantier. À titre d’exemple, j’ai rencontré sur un chantier un désordre suite à une réfection de couverture, au sein d’un espace sauvegardé. La toiture devait respecter des contraintes d’aspect et de pente imposées par l’architecte des Bâtiments de France. Pour ce faire, ont été mises en œuvre des tuiles plates, mais la pente prescrite par le DTU n’a pu être respectée. Pour pallier ce problème, l’entreprise de couverture a mis en place un double écran de soustoiture complexe, qui a donné lieu à quelques infiltrations aux points singuliers. Or, s’il est facile de savoir qui a réalisé, plus difficile est de connaître celui qui a préconisé et conçu. Dans ce genre de cas de figure, nous nous efforçons, en tant qu’expert, d’établir un partage des responsabilités le plus objectif possible, selon les éléments recueillis, en essayant de nous rapprocher des barèmes types. » En se penchant sur la notion d’impropriété à destination, au cœur de la Responsabilité civile décennale (RCD), le cas des rénovations acoustiques peut se révéler litigieux. En effet, les maîtres d’ouvrage se plaignent fréquemment de la résurgence des bruits intérieurs consécutifs à des travaux visant à isoler les bâtiments contre les bruits extérieurs. Cela génère-t-il une impropriété à destination ? De même, le craquement d’un plancher bois (très difficile à traiter au plan acoustique), considéré comme acceptable dans un immeuble ancien, le reste-t-il dans un immeuble rénové ? 120 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Sans qu’il y ait de jurisprudence claire en la matière, la question reste en suspens. En revanche, si l’entreprise est intervenue seule, comme cela est souvent le cas en maison individuelle, pour de l’entretien, sa responsabilité peut être engagée, faute d’avoir accompli son devoir de conseil. « C’est souvent pour rendre service que l’entreprise accepte ces petites interventions d’entretien, qui pour elle ne sont pas très lucratives », déplore Thomas Lemerre. Et d’encourager ces derniers à ne pas minimiser d’éventuels sinistres potentiels lors de ces interventions d’apparence bénignes, et dans tous les cas, de formaliser la proposition d’intervention par un devis qui constituera ainsi un élément de preuve écrite que l’entreprise a rempli son devoir de conseil. Dans le cas où des techniques et savoir-faire anciens doivent être employés pour une rénovation – notamment sur les chantiers au sein d’espaces sauvegardés ou classés, ainsi que sur les monuments historiques –, le recours à des entreprises dûment qualifiées est impératif. C’est d’ailleurs un prérequis qui leur est imposé par leurs assureurs en Responsabilité civile décennale. Autres garanties (dommages) Lorsque la période décennale de l’ouvrage a cours, l’assureur Multirisque habitation peut se porter garant d’un dommage si celui-ci est considéré comme n’étant pas constitutif d’un ouvrage. Toute la question est de savoir si des travaux de rénovation sont constitutifs d’un ouvrage ou non. « C’est là une notion difficile à établir, reconnaît Jean-Pierre Thomas. Si l’on considère par exemple le remplacement d’une chaudière, il s’agit là d’une rénovation partielle du système de chauffage. Or, selon la jurisprudence, cette rénovation ne vise pas un élément constituant un ouvrage en tant que tel, faisant valoir que c’est le système de chauffage dans son ensemble – soit le générateur associé au réseau de distribution et aux émetteurs – qui peut être qualifié de constitutif d’ouvrage. Idem pour le cas d’un épaississement d’une couche d’isolant : s’agit-il d’un élément constitutif d’ouvrage ? Certains assureurs répondront oui, d’autres considéreront que non…». La jurisprudence n’est pas nécessairement fixée de façon générale par rapport à chaque cas d’espèce. Si l’élément considéré n’est pas constitutif d’un ouvrage, la MRH peut intervenir, ainsi que l’assurance en Responsabilité civile de l’entreprise. VOIR AUSSI Plaquette « Rénovation thermique performante par étapes » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com Pour en savoir plus, consultez le rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 121 SYCODÉS 2016 ZOOM PATHOLOGIE DANS 3 RÉGIONS AQUITAINE, LIMOUSIN, POITOU-CHARENTES – PAGE 123 – GRAND EST – PAGE 135 – RHÔNE-ALPES, AUVERGNE – PAGE 149 – 122 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 AQUITAINE, LIMOUSIN, POITOU-CHARENTES Sycodés : le SYstème de COllecte des DÉSordres », au service de la filière construction Le Top 10 présente les 10 éléments d'ouvrage qui portent les effectifs et les coûts de réparation les plus importants, parmi les désordres sur travaux neufs signalés à Sycodes durant plus de deux périodes décennales (1995 à 2015). Les cadres de réalisation et systèmes constructifs variant selon les destinations, la hiérarchie est donnée pour chacune des principales catégories de construction : maison individuelle, logement collectif et locaux d’activité. A chaque fois, elle est comparée aux résultats pour l’ensemble des destinations. Il est nécessaire de relativiser les résultats en regard des parts de marché des techniques les plus employées. Échantillon des désordres dans Sycodés Les résultats de Sycodés sont donnés par année d’apparition des désordres, à partir d’un échantillon de plus de 425 000 dommages (coûts de réparation HT compris entre 762 € et 250 000 €), dont un peu plus de 35 000 sont apparus en Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes (ALPC) rassemblés entre 1995 et 2015. Recensés dans les bâtiments neufs construits entre 1986 et 2015, ces désordres représentent pour la région ALPC un coût total de réparation de plus de 360 millions d’euros, soit un cout moyen de 10 290 euros, contre 9 180 euros pour le coût moyen d’une réparation en France. Voir le détail des causes techniques et responsabilités en pages 21 à 114. Retrouvez les résultats complets par destination selon les régions dans les résultats régionaux de Sycodes sur www.qualiteconstruction.com Mieux connaître les références de Sycodés ? Téléchargez sur votre smartphone l’application qui contient les 6 nomenclatures de la base de données ; elle est disponible gratuitement sur les stores Apple, Google et Windows. 123 SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % de l’effectif Couverture 31 en petits éléments Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Fondations 10 superficielles Revêtement 74 de sol intérieur Charpente- 30 arc-portique Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Dallage sur terre-plein 26 (non compris revêtement) Équipement 91 sanitaire Mur enterré 12 ou de soubassement 0 1 2 3 4 5 6 III Maisons individuelles ALPC 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en maison individuelle – comparée aux résultats pour l’ensemble des destinations de construction en région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes (ALPC) sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signalés à l’AQC ont pour origine : les couvertures en petits éléments (16 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (15 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les fondations superficielles (14 %) ; les revêtements de sols intérieurs (12 %), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les charpentes, arcs, portiques en bois massif (10 %) ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (9 %), concernant notamment les enduits monocouches – et dans de moindres proportions, les autres éléments : les réseaux extérieurs au bâtiment (7 %) ; les dallages sur terre-plein (6 %) ; les équipements sanitaires (6 %), relatifs majoritairement aux douches dites « à l’italienne » et les murs enterrés ou de soubassement (5 %). 124 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % du coût total 37 Fondations 10 superficielles Revêtement 74 de sol intérieur 27 Couverture 31 en petits éléments Dallage sur terre-plein 26 (non compris revêtement) Charpente- 30 arc-portique Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Mur enterré 12 ou de soubassement Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Ossature poutres poteaux 20 (hors charpente seule) 0 1 2 3 4 5 6 III Maisons individuelles ALPC 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de 60 % du coût total qui constituent le top 10, consacrés à trois éléments d’ouvrage : les fondations superficielles (37 %), concernant massivement les conséquences de retrait-gonflement ainsi que les revêtements de sol intérieur (13 %), relatifs aux sols carrelés et les couvertures en petits éléments (9 %), concernant principalement les tuiles de terre cuite. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du coût total de réparation : les dallages sur terre-plein (9 %) ; les charpentes, arcs-portiques en bois (8 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (7 %), concernant principalement des canalisations encastrées en cuivre ; les murs enterrés ou de soubassement (6 %), concernant notamment l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité ; les façades lourdes (5 %), en particulier les enduits monocouches des façades en maçonnerie de blocs de béton ainsi que les réseaux extérieurs au bâtiment (4 %), relatifs aux réseaux d’eau et systèmes d’assainissement autonomes et les ossatures poutres poteaux (3 %), notamment en ossature bois. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 125 SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % de l’effectif Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Fenêtre 60 et porte-fenêtre Autres éléments particuliers 59 de façade (non étanchée) Façade 54 lourde Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Équipement 91 sanitaire Toiture-terrasse 45 accessible 0 1 2 3 4 5 6 III Logements collectifs ALPC 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en logement collectif – comparé aux résultats pour l’ensemble des destinations de construction en région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes (ALPC) sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, assez similaire à celui de la hiérarchie nationale, on observe que les effectifs de désordres signalés à l’AQC ont pour origine : les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (18 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les revêtements de sols intérieurs (17 %), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les couvertures en petits éléments (14 %) concernant principalement les couvertures en tuiles de terre cuite ; les façades à base de béton banché (10 %), concernant notamment les enduits monocouches ; – et dans de moindres proportions, les autres éléments : les fenêtres et portes-fenêtres (9 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les autres éléments particuliers de façade non étanchés (9 %), correspondant aux balcons, loggias ; les façades à base de béton banché (9 %), concernant les enduits monocouches ; les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %) ; les équipements sanitaires (5 %) et les toitures-terrasses accessibles (5 %). 126 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % du coût total 34 31 Revêtement 74 de sol intérieur Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Autres éléments de façade 59 (non étanchée) Fenêtre 60 et porte-fenêtre Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Couverture 31 en petits éléments Façade 54 lourde Charpente-arc-protique 30 en bois massif Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Mur enterré 12 ou de soubassement 0 1 2 3 4 5 6 III Logements collectifs ALPC 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de 55 % du coût total qui constituent le top 10, consacrés à trois éléments d’ouvrage : les revêtements de sol (34 %), concernant massivement les fissurations ou décollements des revêtements de sol carrelés ainsi que les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (11 %), concernant principalement les fuites de canalisations encastrées et les autres éléments particuliers de façade non étanchés (9 %). Il s’agit principalement d’infiltrations. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du coût total de réparation : les fenêtres et portes-fenêtres (hors toiture) (8 %), concernant massivement les menuiseries PVC et aluminium ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (7 %), concernant notamment l’enduit monocouche ; les couvertures en petits éléments (7 %), concernant principalement des couvertures en tuiles de terre cuite ; les façades à base de béton banché (6 %) ; les charpentes arcs-portiques en bois massif (6 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %) et les murs enterrés ou de soubassement (5 %), concernant notamment l’étanchéité des sous-sols ou les remontées d’humidité. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 127 SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % de l’effectif 21 22 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Fenêtre 60 et porte-fenêtre Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Toiture-terrasse 41 non accessible Façade 57 légère Voirie 01 Charpente-arc-protique 30 en bois massif Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton 0 1 2 3 4 5 III Locaux d’activités ALPC 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en locaux d’activité – comparés aux résultats pour l’ensemble des destinations de construction en région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes (ALPC) sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signalés comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du coût total de réparation d’autre part (ci-contre). A côté des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodés. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signalés à l’AQC ont pour origine les éléments d’ouvrage suivants : les revêtements de sol intérieur (21 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieur carrelés ; les couvertures en grands éléments (17 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment(12 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les fenêtres et portesfenêtres (12 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement ; les réseaux extérieurs au bâtiment (9 %) ; les toitures-terrasses avec étanchéité auto-protégée (8 %) ; les façades légères (8 %) ; la voirie (6 %) ; les charpentes arcs-portiques (5 %) et les façades en maçonnerie de blocs de béton (5 %). 128 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % du coût total 32 26 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Charpente- 30 arc-portique Fenêtre 60 et porte-fenêtre Façade 57 légère Voirie 01 Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Génie 88 climatique Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Dallage sur terre plein 26 (non compris revêtement) 0 1 2 3 4 5 III Locaux d’activités ALPC 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations ALPC On observe que les coûts de réparation sont répartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, à savoir les suivants : les revêtements de sol intérieur (32 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieur carrelés ; les couvertures en grands éléments (16 %) ; les charpentes arcs-portiques en bois massif, significatifs dans la région (10 %) ; les fenêtres et portes-fenêtres (8 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement ; les façades légères (8 %) ; les voiries (7 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (7 %), concernant majoritairement des fuites de canalisations encastrées ; les climatisations (6 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %) et les dallages sur terre-plein (6 %). Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 129 SYCODÉS 2016 Région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charente (ALPC) : caractéristiques principales Caractères géographiques : Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes est le nom provisoire de la région du sud-ouest de la France, créée par la réforme territoriale effective au 1er janvier 2016, résultant de la fusion des anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, regroupant 12 départements, s’étendant sur 84 000 km2, soit 1/8 du territoire national dont 720 km de littoral ouvert sur l’Atlantique et comptant 5,8 millions d’habitants (2013). La région couvre une grande partie du Bassin aquitain et une petite portion du Bassin parisien (la limite entre les deux étant située au niveau du seuil du Poitou), ainsi que le plateau du Limousin (appartenant au Massif central) et la partie occidentale de la chaîne des Pyrénées. Elle s’inscrit dans cinq bassins hydrographiques tournées vers l’océan Atlantique : Loire, Charente, Garonne et Dordogne (et leur prolongement estuarien qu’est la Gironde), et Adour, fleuves nourriciers bordant des terres dédiées le plus souvent à la viticulture et à l’agriculture. 31 00 0 m 2 4 65 6 630 Conjoncture économique Bâtiment : ALPC 11 , 7 Mr T d € H Dans la région ALPC, près de 36 800 logements ont été commencés en 2014 ; ce chiffre représente environ 3 165 milliers de m2 de planchers réalisés. Le chiffre d’affaire du Bâtiment pour la région était de 11,7 milliards d’euros en 2014. 46 630 entreprises de bâtiment, dont 2/3 sans salariés. 96 505 salariés du bâtiment (hors apprentis), auxquels s’ajoutent 8 333 intérimaires en équivalent temps-plein au 31 décembre 2014. Sources : CEBATRAMA, CERC PC; CEL BTP LIMOUSIN ; GIE RESEAU DES CERC; MEDDE - Lieux privilégiés d’échange et de concertation, les CERC réalisent des travaux d’observation à caractère économique sur des thématiques spécifiques à la filière construction permettant d’approfondir la connaissance de la filière et de faciliter l'aide à la décision. 130 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Pathologie de fréquence Les mouvements des fondations superficielles : Dans la région ALPC, les maisons individuelles sont majoritairement fondées superficiellement par semelles filantes en béton armé. Nos terrains présentent des limons et des argiles sensibles à l’eau. La réhydratation accidentelle des argiles sensibles est la principale origine de tassements différentiels qui se caractérisent par des fissures horizontales en partie basse ou en escaliers dans les angles ou autour des ouvertures. Les facteurs aggravants sont la végétation et les eaux pluviales. A proximité d’une construction, un arbre va développer ses racines au seul endroit où il y a de l’humidité en permanence, c’est-à-dire sous les bâtiments. De plus, une mauvaise gestion des eaux pluviales autour d’une construction, peut entraîner une accumulation d’eau qui va hydrater les sols sous fondation. Dans les deux cas, les sols fins deviennent plastiques et perdent leur portance. En conséquence l’ouvrage peut se fissurer. Pour éviter les désordres, il est primordial de connaître des caractéristiques du sol, de prendre en compte l’environnement et de respecter les dispositions constructives adaptées. L’écran anti-racine a été mis en œuvre pour protéger la maison des racines du voisin qui ont suivi les canalisations. Regard d’eaux pluviales fuyard et diffusion des eaux le long des libages de fondation côté vide sanitaire. Procédé BATARGILE®Béchade et Prados d’écran métallique antiracine. Avec un recul de cinq à six ans, ce procédé démontre son efficacité à arrêter la pousse des racines des arbres vers la maison. Concentration des eaux durant le chantier le long des libages des fondations et aux quatre coins de la maison. Photos : Alain-Franck Béchade VOIR Fiche pathologie bâtiment A1 « Mouvement de fondation des maisons individuelles » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 131 SYCODÉS 2016 Les fissurations des enduits monocouches : Des fissures horizontales et/ou verticales apparaissent dans les bâtis en maçonnerie. Bien que les entreprises soient toujours incriminées, les raisons de ces pathologies sont à rechercher dans le retrait des mortiers, des bétons et dans l’emplacement des joints de dilatation. Elles sont souvent liées au non-respect des conditions d’application et des délais d’exécution. Les chocs thermiques et l’humidification des façades due à la pluie favorisent l’apparition de fissures au droit des joints de maçonnerie lorsque ceux-ci sont larges et l’enduit de faible épaisseur. Par ailleurs, on observe aussi des décollements, consécutifs à une mauvaise préparation du support. R Développement de moisissures et de champignons sur des remontées capillaires, suite à une fuite d’eau sur canalisation encastrée Photos : Alain Lemoine R Décollement et chute d’enduit par non-respect des conditions d’application Les fuites sur canalisations encastrées des réseaux d’eau froide sanitaire : Elles peuvent résulter d’un défaut de mise en œuvre. Les causes de ces fuites ne sont jamais déterminées car leur recherche coûte plus cher que la réparation. Le « pinçage » d’une canalisation en cuivre en cours de chantier, par exemple, peut entraîner une fuite par corrosion-érosion. Le percement peut parfois n’apparaître qu’en fin de garantie décennale. Au final, l’eau se répand dans la chape et remonte par capillarité dans les cloisons. Les infiltrations par toiture : Elles se produisent au droit des points singuliers (fenêtre de toit, solin, noue) ainsi que sur les gouttières dites «nantaises » et les chêneaux, par absence de trop-plein. Les infiltrations par les trous de clouage des tuiles doubles de rive sont classiques. Comme le recouvrement est faible, le trou est étanché avec du mastic silicone qui se dégrade dans le temps et finit par laisser passer l’eau. Par ailleurs, en bord de mer ou dans les régions soumises aux vents, l’obligation de fixer en partie courante une tuile sur cinq n’est pas souvent respectée et les tuiles s’envolent lors des tempêtes. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°133 ALAIN LEMOINE, expert construction, cabinet Ramé Expertise. « Il faut valoriser et réhabiliter les métiers du bâtiment. Outre une bonne formation initiale, en école et/ou en apprentissage, ce parcours doit suivre une formation continue. » 132 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Les fissurations et décollements des revêtements de sols carrelés : Le plus souvent multidirectionnelles, les fissures se développent au droit des points sensibles (angles rentrants ou saillants, passage de porte…). Plus les écarts entre carreaux sont marqués, plus il y a de désaffleurs coupants. Ces désordres traduisent une mauvaise préparation du mortier de pose ou un surdosage de la chape. Les désordres peuvent être liés à une mauvaise tenue dans le temps des résilients acoustiques sous carrelage et/ou à des défauts de mise en œuvre. La sous-couche mince se compresse anormalement, ce qui entraîne une diminution des performances d’isolation, l’affaissement du revêtement et l’apparition de fissures dans le carrelage. Le principal défaut de pose concerne l’absence de désolidarisation du carrelage avec les doublages et les cloisons. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°125 FRANCK BÉCHADE, expert construction, cabinet Domex. s « Pour former les constructeurs et les maçons aux Règles de l’art, il faut faire venir la formation sur les chantiers, et susciter l’intérêt des entreprises et des ouvriers à l’intervention des spécialistes de la malfaçon sinistrante, les experts. » Pathologie à surveiller Les désordres de planchers chauffants : Les désordres de planchers chauffants recouverts de carrelage peuvent être dus à l’absence de mise en chauffe de la dalle avant la pose collée des carreaux. Une des raisons majeures tient au fait que l’énergie, bien souvent, n’est pas encore installée sur le site. La plupart des artisans n’ayant pas de bombe à carbure, la vérification du taux d’humidité du support n’est que très rarement faite. Or, une chape peut paraître sèche en surface, mais une fois le carrelage collé et le chauffage mis en marche, l’humidité restant en profondeur cherche à s’évacuer. De plus, le retrait de la chape, gêné par les carreaux, provoque assez rapidement des fissures qui finiront par se répercuter dans le carrelage. Les fuites des douches : Les plages carrelées horizontales ne permettent pas l’écoulement de l’eau qui stagne et finit par provoquer des infiltrations, ces plages étant souvent dépourvues de tout Système d’étanchéité sous carrelage (Spec). En outre, une pose de plage carrelée au même niveau que le bac à douche ou la baignoire empêche une bonne évacuation des eaux (elle empêche aussi la pose du joint de finition). Ces risques sont d’autant plus importants dans les douches à l’italienne. VOIR AUSSI Communiqué de la Commission Prévention Construction Produits Mis en Œuvre relatif aux systèmes d'intégration photovoltaïques dont les profilés s’agencent horizontalement par emboîtement et verticalement par recouvrement, les modules assurant ainsi l’étanchéité de la toiture téléchargeable sur www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 133 SYCODÉS 2016 Pathologie émergente Les condensations dans les logements : Elles sont souvent dues à des défauts d’usage de la part des occupants. Les entrées d’air colmatées et les bouches d’extraction encrassées perturbent le renouvellement d’air et favorisent l’excès d’humidité dans les pièces. Comme l’isolation par l’extérieur est très peu pratiquée dans la région, l’isolation thermique réalisée par l’intérieur crée des ponts thermiques au droit des planchers. En hiver, la condensation se dépose sur ces zones froides qui se couvrent de moisissures noires. Une mauvaise gestion du chauffage provoque de gros écarts de températures. L’humidité présente dans l’air se dépose sur les parois froides quand le logement se refroidit. Ce problème concerne aussi les résidences secondaires qui sont chauffées et ventilées par intermittence. Dans les bâtiments étanches à l’air, ce risque s’accentue. Les surdimensionnements et surconsommations des pompes à chaleur (Pac) : Elles sont, dans un certain nombre de cas, techniquement mal maîtrisées. Beaucoup de sinistres sont liés à une absence d’étude thermique préalable; les périodes froides n’ont pas été prises en compte et l’installation est mal dimensionnée. Le plus souvent, les gens n’ont que la Pac comme moyen de chauffage avec parfois des résistances électriques en appoint qui doublent leurs dépenses énergétiques par rapport au bilan annoncé. Les désordres de rénovation énergétique : De nombreux acteurs se positionnent sur le marché attractif de la rénovation énergétique. Les demandes de qualification et d’assurance décennale ont fortement augmenté, entre autres, pour les activités d’isolation par l’extérieur, de pose de menuiserie ou d’installation de pompe à chaleur. Comme nous l’avons observé avec les sinistres en photovoltaïque, il est à craindre l’apparition de sinistres dus parfois à un manque de maitrise technique, à une prescription de procédés inadaptés ou à une mise en œuvre mal réalisée. Le respect des interactions et des interfaces sera le garant de la qualité des chantiers de rénovation énergétique. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°126 PHILIPPE PHILIPPARIE, expert construction de Socabat. « La revue qualité construction mériterait d’être mieux diffusée, notamment à destination des concepteurs, des maîtres d’œuvre et des entreprises. » VOIR AUSSI Plaquette « Rénovation thermique performante par étapes » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com Pour en savoir plus, consultez le rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ 134 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 GRAND EST Sycodés : le SYstème de COllecte des DÉSordres », au service de la filière construction Le Top 10 présente les 10 éléments d'ouvrage qui portent les effectifs et les coûts de réparation les plus importants, parmi les désordres sur travaux neufs signalés à Sycodes durant plus de deux périodes décennales (1995 à 2015). Les cadres de réalisation et systèmes constructifs variant selon les destinations, la hiérarchie est donnée pour chacune des principales catégories de construction : maison individuelle, logement collectif et locaux d’activité. A chaque fois, elle est comparée aux résultats pour l’ensemble des destinations. Il est nécessaire de relativiser les résultats en regard des parts de marché des techniques les plus employées. Échantillon des désordres dans Sycodés Les résultats de Sycodés sont donnés par année d’apparition des désordres, à partir d’un échantillon de plus de 425 000 dommages (coûts de réparation compris entre 762 € et 250 000 €), dont un peu plus de 30 880 sont apparus en région Grand Est, rassemblés entre 1995 et 2015. Recensés dans les bâtiments neufs construits entre 1986 et 2015, ces désordres représentent pour la région Grand Est un coût total de réparation de plus de 260 millions d’euros, soit un coût moyen de 8 490 euros, contre 9 180 euros pour le coût moyen d’une réparation en France. Voir le détail des causes techniques et responsabilités en pages 21 à 114. Retrouvez les résultats complets par destination selon les régions dans les résultats régionaux de Sycodes sur www.qualiteconstruction.com Mieux connaître les références de Sycodés ? Téléchargez sur votre smartphone l’application qui contient les 6 nomenclatures de la base de données ; elle est disponible gratuitement sur les stores Apple, Google et Windows. 135 SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % de l’effectif 23 23 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Façade 50 lourde Mur enterré 12 ou de soubassement Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Fenêtre 60 et porte-fenêtre Charpente- 30 arc-portique Fondations 10 superficielles 0 1 2 3 4 5 6 7 III Maisons individuelles Grand Est 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en maison individuelle – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction en région Grand Est confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de réparation d’autre part (ci-contre). A cote des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signales a l’AQC ont pour origine : les revêtements de sols intérieurs (23 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les couvertures en petits éléments (16 %) ; les façades lourdes et notamment, celles à base de maçonnerie en blocs de béton (15 %), concernant principalement les enduits monocouches et celles à base de maçonnerie en éléments de terre cuite (9 %) ; les murs enterres ou de soubassement (9 %) ; – et dans de moindres proportions, les autres éléments : les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (7 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %) ; les fenêtres et porte-fenêtre (6 %) ; les charpentes, arcs, portiques en bois massif (5 %) ; et les fondations superficielles (5 %). 136 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % du coût total 27 30 Revêtement 74 de sol intérieur Fondations 10 superficielles Mur enterré 12 ou de soubassement Couverture 31 en petits éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Charpente-arc-portique 30 en bois massif Façade 50 lourde Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Dallage sur terre-plein 26 (non compris revêtement) Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment 0 1 2 3 4 5 6 7 III Maisons individuelles Grand Est 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est On observe que les coûts de réparation sont repartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de 60 % du cout total qui constitue le top 10, consacres à trois éléments d’ouvrage : les revêtements de sol intérieur (27 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), relatifs aux sols carrelés ainsi que les fondations superficielles (19 %), concernant massivement les conséquences de retrait-gonflement, qui touchent aussi les murs enterrés ou de sous-bassement (11 %), par ailleurs vulnérables au niveau de l’étanchéité. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du cout total de réparation : les couvertures en petits éléments (11 %), concernant principalement les tuiles de terre cuite ; les façades lourdes (9 %), en particulier les enduits monocouches des façades en maçonnerie de blocs de béton ; les charpentes, arcs, portiques en bois massif (6 %) ; les façades lourdes à base de maçonnerie en éléments de terre cuite (5 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (5 %), relatifs aux réseaux d’eau et systèmes d’assainissement autonomes ; les dallages sur terre-plein (4 %) ainsi que les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (4 %), concernant principalement des canalisations encastrées en cuivre. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marche des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 137 SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % de l’effectif Couverture 31 en petits éléments Autres éléments particuliers 59 de façade (non étanchés) Revêtement 74 de sol intérieur 34 23 Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Toiture-terrasse 40 non accessible Fenêtre 60 et porte-fenêtre Toiture-terrasse 45 accessible Couverture 33 en grands éléments Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Toiture-terrasse 41 non accessible 0 1 2 3 4 5 6 7 III Logements collectifs Grand Est 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en logement collectif – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction en région Grand Est confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de reparation d’autre part (ci-contre). A cote des elements d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre decroissant, assez similaire a celui de la hierarchie nationale, on observe que les effectifs de desordres signales a l’AQC ont pour origine : les couvertures en petits éléments (16 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs) concernant principalement les couvertures en tuiles de terre cuite ; les autres éléments particuliers de façade non étanchés (15 %), correspondant aux balcons, loggias ; les revêtements de sols intérieurs (14 %), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (12 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; et dans de moindres proportions, les autres éléments : les toiture-terrasses non-accessibles avec isolant et protection rapportée (8 %) ; les fenêtres et portes fenêtres (8 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les toituresterrasse accessibles (7 %) ; les couvertures en grands éléments (7 %) ; les facades a base de maçonnerie en blocs de béton (6 %), concernant notamment les enduits mono couches ; et les toituresterrasses non accessibles avec isolant et étanchéité autoprotégée (6 %). 138 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % du coût total 34 30 Revêtement 74 de sol intérieur Autres éléments de façade 59 (non étanchée) Couverture 31 en petits éléments Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Fenêtre 60 et porte-fenêtre Distribution et émission 83 de chaleur/de froid Couverture 33 en grands éléments Toiture-terrasse 40 non accessible Réseaux extérieurs 02 au bâtiment 0 1 2 3 4 5 6 7 III Logements collectifs Grand Est 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est On observe que les coûts de réparation sont repartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec environ la moitié du % du cout total qui constitue le top 10, consacrés à trois éléments d’ouvrage les revêtements de sols intérieurs (19 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les autres éléments particuliers de façade non étanchés (16 %), correspondant aux balcons, loggias ; les couvertures en petits éléments (13 %) concernant principalement les couvertures en tuiles de terre cuite. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du coût total de réparation : les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (10 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les façades à base de maçonnerie en blocs de béton (9 %), concernant notamment les enduits mono couches ; les fenêtres et portes fenêtres (7 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les équipements de génie climatique relatifs à la distribution et à l’émission de chaleur et de froid (7 %) ; les couvertures en grands éléments (7 %) ; les toitures-terrasses non accessibles (7 %) – avec isolant et protection rapportée ; et les réseaux extérieurs au bâtiment (6 %). Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marche des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 139 SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % de l’effectif 24 27 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Toiture-terrasse 41 non accessible Fenêtre 60 et porte-fenêtre Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Façade 57 légère Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Toiture-terrasse 40 non accessible Voirie 01 Distribution et émission 83 de chaleur/de froid 0 1 2 3 4 5 6 III Locaux d’activités Grand Est 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en locaux d’activité – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondant, toutes destinations de construction en région Grand Est confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de réparation d’autre part (ci-contre). A cote des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signales a l’AQC ont pour origine les éléments d’ouvrage suivants : les revêtements de sol intérieur (24 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieurs carrelés ; les couvertures en grands éléments (15 %) ; les toiture-terrasses non accessibles avec isolant et étanchéité auto-protegée (12 %) ; les fenêtres et portes fenêtres (12 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement ; les réseaux d’eau intérieurs au batiment (8 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les façades légères (7 %) ; les réseaux extérieurs au bâtiment (7 %) ; les toiture-terrasses non accessibles avec isolant et protection rapportée (5 %) ; la voirie (5 %) et les équipements de génie climatique relatifs à la distribution et à l’émission de chaleur et de froid (5 %). 140 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % du coût total 28 33 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Voirie 01 Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Toiture-terrasse 41 non accessible Façade 57 légère Charpente- 30 arc-portique Distribution et émission 83 de chaleur/de froid Dallage sur terre plein 26 (non compris revêtement) Fenêtre 60 et porte-fenêtre 0 1 2 3 4 5 6 III Locaux d’activités Grand Est 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations Grand Est On observe que près de la moitié des coûts de réparation sont repartis sur deux éléments d’ouvrage, a savoir les suivants : les revêtements de sol intérieur (28 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieurs carrelés et les couvertures en grands éléments (17 %). Viennent ensuite : la voirie (9 %) ; nles réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (8 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les toiture-terrasses non accessibles avec isolant et étanchéité auto-protegée (8 %) ; les façades légères (7 %) ; les charpentes-arc- et portiques en bois massif (7 %), dont l’effectif n’est pas significatif dans la hiérarchie ci-contre ; les équipements de génie climatique relatifs à la distribution et à l’émission de chaleur et de froid (6 %). Les dallages sur terre-plein (5 %) et les fenêtres et portes fenêtres (5 %), correspondant aux menuiseries aluminium principalement. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 141 SYCODÉS 2016 Région Grand Est : caractéristiques principales Caractères géographiques : Grand Est est le nom définitif de la région de l’Est de la France, créée par la reforme territoriale effective au 1er janvier 2016, résultant de la fusion des anciennes régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine, regroupant 10 départements, s’étendant sur 57 000 km2, frontalier avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne et la Suisse et comptant 5 ,5 millions habitants (2013). La région est très différenciée en termes de densité de population (de 160 hab/km2 à 30 hab/km2 dans les zones rurales), de revenus, d’urbanisation ou d’évolution démographique ; elle a une forte dimension industrielle. À l’est, le Rhin, la Moselle et les réseaux de canaux, via les ports fluviaux de Strasbourg, Mulhouse, Metz et Nancy permettent les échanges avec les ports de la mer du nord. Le paysage de la région est marqué par les Vosges, situées entre la Lorraine et l'Alsace (culminant au Grand Ballon, 1 424 m). Les Vosges progressent en altitude côté lorraine et font place à la plaine d'Alsace sur le versant oriental, où se situent les sommets les plus élevés. La plaine d'Alsace (200 m) située entre les Vosges, la Forêt-Noire et le Jura. La région est bordée à l'est par le Rhin ; elle est arrosée par la Meuse, la Moselle, la Meurthe, la Marne, la Saône et l'Ill. Le sous-sol de la région possède plusieurs ressources minières exploitées. Les Vosges, le Jura alsacien ont un climat sous influence montagnarde ; la partie ouest de la Champagne a un climat de type océanique dégradé, tandis que sa partie est a un climat semi-continental, comme le sillon lorrain, le nord, le sud et le centre (soumise au foehn) de la plaine d'Alsace. 17 0 359 Conjoncture économique Bâtiment : 2 6 0 00 m 3 0 Grand Est 9, 6 M rd € HT Dans la région Grand Est, à la fin mars 2016, 20 900 logements avaient été commencés en cumul sur les 12 derniers mois, soit 1 735 milliers de m2 de planchers réalisés. 36 % l’ont été sur le territoire de la seule Eurométropole. Le chiffre d’affaire du Bâtiment pour la région était de 9,6 milliards d’euros en 2014. 36 359 entreprises de bâtiment. 106 707 salariés du bâtiment (hors apprentis), auxquels s’ajoutent 5 906 intérimaires en équivalent temps-plein au 31 décembre 2015. Les chiffres issus de la CE BTP Alsace, de la CERC Champagne-Ardenne et de la CERECO Lorraine pour le Grand Est (2015). Lieux privilégiés d’échange et de concertation, les CERC réalisent des travaux d’observation à caractère économique sur des thématiques spécifiques à la filière construction permettant d’approfondir la connaissance de la filière et de faciliter l'aide à la décision. 142 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Pathologie de fréquence Les fissurations et décollements des revêtements de sol carrelés : Photos : Jean-François Fixaris Les désordres consistent en des fissures multidirectionnelles apparaissant dans le carrelage. Elles sont dues à des défauts de mise en œuvre, mais surtout au non-respect des délais de séchage de la chape. Lors de la mise en œuvre d’un chauffage par le sol, la mise en chauffe progressive avant la pose des carreaux doit être respectée pour éviter d’aggraver les risques. Les décollements et dislocations concernent aussi les ouvrages carrelés extérieurs, à cause des rigueurs du climat. Ce phénomène peut être renforcé par les effets des sels de déneigement. La résistance des carreaux dits « ingélifs », basée sur les essais réalisés en laboratoire, correspond a environ 8 ans sans atteinte à l’émail. Photo : Jean-Marc Weider Dégradation d’un escalier extérieur soumis aux intempéries par altération de la colle sous l’effet des cycles de gel/dégel (le tapis rouge est posé à titre de mesure conservatoire !). Décollement de carrelage,posé sans précautions vis-à-vis du retrait du support trop jeune VOIR Fiche pathologie bâtiment F2 « Fissuration et décollement des carrelages de sol dans l’habitat » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 143 SYCODÉS 2016 Les fissurations des enduits monocouches : Le point faible reste l’enduit sur les tranches de dalles. Une fissure se crée à la jonction dalle-maçonnerie (ou une rangée de briques plus bas). Cette fissuration provoquera celle de l’enduit et révélera toute imperfection, principalement l’absence d’armature ou un défaut d’épaisseur de cet enduit. Quoique moins graves, les phénomènes de faïençage sont source de réclamations. Sous l’effet du gel, la condensation dans les vides sanitaires mal ventilés peut aussi dégrader l’enduit, notamment si une partie du vode sanitaire est hors sol (terrains en pente). Fissurations de façade et/ouinfiltrations : absence d’armature dans l’enduit recouvrant la tranche de dalle, et enduit trop mince Condensation dans un vide sanitaire avec dégradation consécutive des enduits de façades sous l’effet du gel (photo prise par température extérieure négative) Photo : Jean-Marc Weider Photo : Jean-François Fixaris Les infiltrations par toiture : Les maisons individuelles et les logements collectifs sont généralement couverts de tuiles béton ou terre cuite. Des infiltrations se produisent aux points singuliers – rives, noues, lucarnes– du fait de défauts d’exécution ou de zinguerie, ainsi que le défaut d’entretien pourtant préconisé par le DTU 43.1. La conception peut être défaillante, notamment pour cause de pente insuffisante, selon le type de tuile employé. Les infiltrations de neige poudreuse. Elles sont liées à une concomitance vent-neige qui peut concerner potentiellement toutes les habitations situées en plaine. Pour des raisons économiques et parce que les règles de l’art ne l’exigent pas en dehors des zones exposées ou des toitures de faibles pentes, certains promoteurs-constructeurs de maisons individuelles font l’impasse sur l’écran souple de sous-toiture. Il s’agit pourtant d’un risque qui, même peu fréquent, mérite de ne pas être pris. Il est à noter que la mise en œuvre des écrans souple de sous-toiture est décrite dans le document NF DTU 40.29. Outre l’absence d’écran souple de sous-toiture, le non-respect de la dimension des pureaux lors de la mise en œuvre favorise les infiltrations de neige poudreuse. Sur les toitures-terrasses des bâtiments collectifs, les désordres sont dus à des défauts de mise en œuvre des relevés d’étanchéité (acrotère, émergences, angles…) et/ou à des défauts d’entretien, pourtant préconisés par le DTU 43.1. L’eau pénètre derrière les relevés d’étanchéité décollés ou mal protégés en tête. Pénétration de neige poudreuse et infiltrations dues à l’absence d’écran de sous-toiture. Infiltrations par toiture : la zinguerie à simple pli favorise les débordements au premier écrasement. Photos : Jean-Marc Weider 144 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°139 JEAN-LOUIS BRUNEAU, expert construction, Saretec. « Depuis 15 ans que j’exerce le métier d’expert, ce sont toujours les mêmes pathologies qui se répètent alors qu’elles auraient dû disparaître depuis longtemps. Il suffit pourtant de faire des choses relativement simples mais absolument indispensables pour les éviter, comme par exemple réaliser une étude de sol ou poser un écran de sous-toiture. » Les infiltrations des murs enterrés ou de soubassement : Les murs de soutènement, généralement montés en parpaings pleins ou en bloc à bancher (les Avis Techniques de ces blocs n’autorisent pas leur utilisation en mur de soutènement), sont souvent armés avec un ferraillage mal placé ou absent. Monté sur une hauteur de 2,50 à 3,50 m, le mur repose simplement sur de petites semelles de 40 cm de largeur. Aucun drainage ni barbacane ne sont aussi prévus pour drainer l’eau derrière le mur, qui y stagne. Au bout d’un an ou deux, le mur risque de s’effondrer sous la poussée des terres et des pressions hydrostatiques exercées par l’eau accumulée derrière le mur. Cette pathologie se retrouve dans les murs enterrés, qui peuvent manquer d’imperméabilisation extérieure. Déversement de murs de soutènement ayant nécessité leur étalement Déversement d’un mur de soutènement et cassure en tête de mur Photos : Jean-Louis Bruneau Les fuites sur canalisations encastrées des réseaux d’eau froide sanitaire : Il y a quelques années, les liaisons de tubes PER par sertissage pouvaient poser problème du fait de l’utilisation de matériel de sertissage inadapté. De même, le phénomène de pitting (corrosion perforante par piqûres) relevant d’un défaut de fabrication des tubes cuivre n’était pas rare. L’utilisation de matériels et matériaux adaptés semble avoir permis de freiner ce type de sinistre. Il est utile de veiller à la qualité des tubes laiton aux raccords et coudes, dont le vissage peut constituer des amorces de rupture. VOIR AUSSI Communiqué de la Commission Prévention Construction Produits Mis en Œuvre relatif aux systèmes d'intégration photovoltaïques dont les profilés s’agencent horizontalement par emboîtement et verticalement par recouvrement, les modules assurant ainsi l’étanchéité de la toiture téléchargeable sur www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 145 SYCODÉS 2016 Pathologie à surveiller Les défauts de performance et acoustiques des pompes à chaleur : Le bruit généré par les ventilateurs des Pac installées à l’extérieur peut gêner le voisinage. Dans les zones très calmes, l’équipement dépasse les seuils d’émergence autorisés*. Les valeurs d’émergence admises entre le niveau de bruit ambiant (dont celui de la Pac) et le niveau de bruit résiduel (hors fonctionnement de l’équipement), sont de + 5 dB(A) le jour et de + 3 dB(A) la nuit. Lorsque le dépassement d’émergence est avéré, il faut capoter les installations, poser autour des pièges à son, construire un local pour isoler les ventilateurs, etc. Les défauts des seuils de portes-fenêtres : Les seuils de porte-fenêtres présentent des risques d'infiltrations importants, affectant aussi bien l'habitation attenante que l'étage inférieur. Les dommages vont de la simple flaque d'eau épisodique sur le sol intérieur à la dégradation des embellissements ou des cloisons. Le rehaut insuffisant, notamment pour respecter les exigences de l’accessibilité est source d’infiltrations, qui surviennent généralement par fort vent, car l'eau est alors rabattue vers la menuiserie, avec souvent un effet ascendant. Une évacuation insuffisamment rapide des eaux collectées par le balcon ou la terrasse peut aussi contribuer aux désordres. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°131 JEAN-FRANÇOIS FIXARIS, expert construction, cabinet Fourniez & Fixaris « Les textes réglementaires ne devraient pas être écrits pour des maîtres d’œuvre, des architectes ou des ingénieurs mais pour les artisans qui vont exécuter les travaux. Pour faire une bonne prévention, il faut mettre ces textes à leur portée. Ils doivent être écrits pour eux de façon à ce qu’ils soient clairs, simples et beaucoup plus directifs en restant dans leurs domaines de compétences. » Les dégradations des balcons : En l’absence d’étanchéité sur les dalles des balcons en béton, l’eau percole à travers les garde-corps qui finissent par éclater. Dans la région, les balcons avec acrotères en maçonnerie ou en béton revêtu d’enduit sont nombreux. L’eau du balcon imbibe les enduits qui se décollent et finissent par éclater sous l’effet du gel. Compte tenu du climat, les dégradations des balcons sont certainement plus rapides en Lorraine que dans le reste du pays. Dégradation du parement des balcons, due à l’absence d’étanchéité sur ceux-ci Coulures au travers de balcon du fait de contre-pentes et d’absence d’imperméabilisation Photo : Jean-François Fixaris 146 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Photo : Jean-Marc Weider SYCODÉS 2016 Les infiltrations en toiture-terrasses : LeLes relevés d’étanchéité, leur protection haute par le rejingot en béton, les évacuations, le niveau des dalles sur plots, doivent faire l’objet de toutes les attentions. Lorsque les dalles sur plots, par exemple, passent sous le nez en béton de l’acrotère et se trouvent en contact avec le relevé, l’eau rejaillit dessus et finit par s’infiltrer derrière le relevé d’étanchéité. La technique de membrane PVC et celle de végétalisation des toitures nécessitent une grande précision. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°127 JEAN-MARC WEIDER, expert construction, responsable du cabinet Acotex. « S’il est clair que les entreprises portent leur part de responsabilité dans les sinistres et malfaçons, un regard neutre nous montre qu’une bonne partie des sinistres relevant d’un défaut d’exécution, généralement imputé aux seules entreprises, peut cacher des lacunes de conception (y compris propres à l’entreprise), notamment en amont (…) Ces approximations et difficultés peuvent être résolues par davantage de conception, d’anticipation, d’organisation, et de formation. Il ne s’agit pas là d’un voeu pieux mais simplement de l’intérêt (même financier) bien compris de tous : moins de surprises, de retards, de surcoûts, de SAV, de sinistres, de surprimes d’assurance... » Les risques naturels : Les risques naturels existent en région. Bien que de faible intensité, l’aléa sismique est présent en Alsace, dans le nord des Ardennes et l’est de la Haute-Marne. Les risques géologiques sont surtout liés à des glissements de terrains et des affaissements, effondrements de cavités souterraines abandonnées (carrières…). Les sols déformables et les argiles sensibles sont rependus. Or, pour des raisons de coûts, les études de sol préalables sont rarement réalisées par un bureau d’études géotechniques, ce qui est source de désordres – tout comme les coûts et les délais de réalisation trop contraints. Plaquette « Renforcer le bâti existant en zone sismique » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION -147 SYCODÉS 2016 Pathologie émergente La tenue des isolants thermiques extérieurs (ITE) : Dans les bâtiments performants, les ITE peuvent présenter des défauts, particulièrement au niveau des pare-pluies. Pour en savoir plus, il est utile de consulter le dossier sur les isolants thermiques, présentant les enseignements issus des retours d’expériences dans les bâtiments performants, disponible en suivant le lien : http://www.qualiteconstruction.com/fileadmin/medias/mallettespedagogiques/ Il existe des recommandations professionnelles, disponibles en suivant le lien : http://www.programmepacte.fr/search/node/ITE Les désordres de rénovation énergétique : De nombreux acteurs se positionnent sur le marché attractif de la rénovation énergétique. Les demandes d’assurance décennale et de qualifications professionnelles, entre autres, pour les activités d’isolation par l’extérieur, de pose de menuiserie ou d’installation de pompe à chaleur (Pac). Les déficits de performance des Pac, principalement liés aux surdimensionnements et surconsommations, peuvent être évités dans un certain nombre de cas ; le retour d’expérience est utile pour contribuer à la maitrise technique, tant de conception que de pose ou de régulation. En effet, les performances des Pac (Cop) décroissent rapidement avec les températures. Or celles-ci peuvent descendre à – 15 °C. Dans ce cas, soit la Pac n’arrive pas à fournir la température souhaitée, soit elle est performante parce qu’associée à des batteries de compensation - mais la production de chauffage passe en tout électrique. VOIR AUSSI Plaquette « Rénovation thermique performante par étapes » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com Pour en savoir plus, consultez le rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ 148 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 AUVERGNE, RHÔNE-ALPES Sycodés : le SYstème de COllecte des DÉSordres », au service de la filière construction Le Top 10 présente les 10 éléments d'ouvrage qui portent les effectifs et les coûts de réparation les plus importants, parmi les désordres sur travaux neufs signalés à Sycodes durant plus de deux périodes décennales (1995 à 2015). Les cadres de réalisation et systèmes constructifs variant selon les destinations, la hiérarchie est donnée pour chacune des principales catégories de construction : maison individuelle, logement collectif et locaux d’activité. A chaque fois, elle est comparée aux résultats pour l’ensemble des destinations. Il est nécessaire de relativiser les résultats en regard des parts de marché des techniques les plus employées. Échantillon des désordres dans Sycodés Les résultats de Sycodés sont donnés par année d’apparition des désordres, à partir d’un échantillon de plus de 425 000 dommages (coûts de réparation compris entre 762 € et 250 000 €), dont un peu plus de 51 350 sont apparus en région région Auvergne – Rhône-Alpes (AURA), rassemblés entre 1995 et 2015. Recensés dans les bâtiments neufs construits entre 1986 et 2015, ces désordres représentent pour la région AURA un coût total de réparation de près de 460 millions d’euros, soit un cout moyen de 8 920 euros, contre 9 180 euros pour le coût moyen d’une réparation en France. Voir le détail des causes techniques et responsabilités en pages 21 à 114. Retrouvez les résultats complets par destination selon les régions dans les résultats régionaux de Sycodes sur www.qualiteconstruction.com Mieux connaître les références de Sycodés ? Téléchargez sur votre smartphone l’application qui contient les 6 nomenclatures de la base de données ; elle est disponible gratuitement sur les stores Apple, Google et Windows. 149 SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % de l’effectif Revêtement 74 de sol intérieur 25 Couverture 31 en petits éléments Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment 22 Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Mur enterré 12 ou de soubassement Fondations 10 superficielles Charpente- 30 arc-portique Distribution et émission 83 de chaleur/de froid Fenêtre 60 et porte-fenêtre 0 1 2 3 4 5 6 III Maisons individuelles AURA 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en maison individuelle – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction en région AURA confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de réparation d’autre part (ci-contre). A cote des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signales a l’AQC ont pour origine : les revêtements de sols intérieurs (18 % de l’ensemble constitué par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les couvertures en petits éléments (16 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (14 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les façades lourdes et notamment, celles à base de maçonnerie en blocs de béton (10 %), concernant principalement les enduits mono couches et dans de moindres proportions, les autres éléments : les réseaux extérieurs au bâtiment (9 %) ; les murs enterres ou de soubassement (8 %) ; et les fondations superficielles (8 %) ; les charpentes, arcs, portiques en bois massif (7 %) ; les équipements de génie climatique relatifs à la distribution et à l’émission de chaleur et de froid (5 %) et les fenêtres et porte-fenêtre (5 %). 150 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 MAISONS INDIVIDUELLES Répartition en % du coût total 26 Fondations 10 superficielles Revêtement 74 de sol intérieur 32 Couverture 31 en petits éléments Charpente- 30 arc-portique Mur enterré 12 ou de soubassement Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Dallage sur terre-plein 26 (non compris revêtement) Façade à base de maçonnerie 51 en blocs de béton Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Mur de soutènement 06 (hors emprise du bâtiment) 0 1 2 3 4 5 6 7 III Maisons individuelles AURA 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA On observe que les coûts de réparation sont repartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de 55 % du cout total qui constitue le top 10, consacres à trois éléments d’ouvrage : les fondations superficielles (26 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les conséquences de retrait-gonflement ; les revêtements de sol intérieur (19 %), relatifs aux sols carrelés ; les couvertures en petits éléments (10 %), concernant principalement les tuiles de terre cuite. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du cout total de réparation : les charpentes-arcs-portiques en bois massif (8 %) ; les murs enterrés ou de soubassement (8 %), par ailleurs vulnérables au niveau de l’étanchéité ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (7 %), concernant principalement des canalisations encastrées en cuivre ; les dallages sur terre-plein (7 %) ; les façades lourdes (6 %), en particulier les enduits monocouches des façades en maçonnerie de blocs de béton ; les réseaux extérieurs au bâtiment (5 %), relatifs aux réseaux d’eau et systèmes d’assainissement autonomes et les murs enterrés ou de soubassement (3 %), qui présentent des défauts d’étanchéité. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marche des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 151 SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % de l’effectif Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment 23 21 Revêtement 74 de sol intérieur 22 24 Façade 54 lourde Autres éléments particuliers 59 de façade (non étanchée) Couverture 31 en petits éléments Mur enterré 12 ou de soubassement Toiture-terrasse 45 accessible Distribution et émission 83 de chaleur/de froid Fenêtre 60 et porte-fenêtre Toiture-terrasse 40 non accessible 0 1 2 3 4 5 6 III Logements collectifs AURA 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en logement collectif – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondants, toutes destinations de construction en région AURA confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de reparation d’autre part (ci-contre). A cote des elements d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre decroissant, assez similaire a celui de la hierarchie nationale, on observe que les effectifs de desordres signales a l’AQC ont pour origine : les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (23 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les revêtements de sols intérieurs (22 %), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les facades lourdes à base de béton banché (11 %), concernant notamment les enduits monocouches ; et dans de moindres proportions, les autres éléments : les autres éléments particuliers de façade non étanchés (7 %), correspondant aux balcons, loggias ; les couvertures en petits éléments (7 %) concernant principalement les couvertures en tuiles de terre cuite ; les murs enterrés ou de soubassement (6 %), qui présentent des défauts d’étanchéité ; les toitures-terrasses accessibles (6 %) ; les équipements de distribution et d’émission de chaleur et de froid (6%) ; les fenêtres et portes-fenêtres (5 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium et les toitures-terrasses non accessibles avec isolant et étanchéité rapportée (5 %). 152 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOGEMENTS COLLECTIFS Répartition en % du coût total 32 34 Revêtement 74 de sol intérieur Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Façade 54 lourde Autres éléments de façade 59 (non étanchée) Couverture 31 en petits éléments Mur enterré 12 ou de soubassement Toiture-terrasse 45 accessible Fenêtre 60 et porte-fenêtre Toiture-terrasse 40 non accessible Réseaux extérieurs 02 au bâtiment 0 1 2 3 4 5 6 III Logements collectifs AURA 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA On observe que les coûts de réparation sont repartis sensiblement sur les mêmes éléments d’ouvrage, avec près de la moitié du % du cout total qui constitue le top 10, consacrés à trois éléments d’ouvrage les revêtements de sols intérieurs (32 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (16 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées. Les autres éléments d’ouvrage une part moins notable du coût total de réparation : les facades lourdes à base de béton banché (9 %), concernant notamment les enduits monocouches ; les autres éléments particuliers de façade non étanchés (8 %), correspondant aux balcons, loggias ; les couvertures en petits éléments (7 %) concernant principalement les couvertures en tuiles de terre cuite ; les murs enterrés ou de soubassement (7 %), qui présentent des défauts d’étanchéité ; les toiture-terrasses accessibles (6 %) ; les fenêtres et portes fenêtres (6 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les toitures-terrasses non accessibles (5 %) – avec isolant et protection rapportée et les réseaux extérieurs au bâtiment (5 %). Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marche des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 153 SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % de l’effectif 21 28 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment 21 24 Fenêtre 60 et porte-fenêtre Façade 57 légère Toiture-terrasse 41 non accessible Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Toiture-terrasse 40 non accessible Façade 54 lourde Voirie 01 0 1 2 3 4 5 III Locaux d’activités AURA 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA Les résultats sont présentés ici par année d’apparition des désordres sur travaux neufs, entre 1995 et 2015 – soit plus de deux périodes décennales ; ils sont hiérarchisés en locaux d’activité – comparé aux résultats des dix premiers éléments d’ouvrage correspondant, toutes destinations de construction en région AURA confondus, sur la même période. Les dix éléments d’ouvrage signales comme étant la cause des désordres sont hiérarchisés en % de l’effectif d’une part (ci-dessus) et en % du cout total de réparation d’autre part (ci-contre). A cote des éléments d’ouvrage, les deux chiffres sont les codes de la nomenclature D de Sycodes. Dans l’ordre décroissant, on observe que les effectifs de désordres signales a l’AQC ont pour origine les éléments d’ouvrage suivants : les revêtements de sols intérieurs (21 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant particulièrement les revêtements de sol carrelés ; les couvertures en grands éléments (18 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (12 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées. Les autres éléments d’ouvrage consomment une part moins notable du coût total de réparation : les fenêtres et portes fenêtres (10 %), concernant les menuiseries PVC et aluminium ; les façades légères (8 %) ; les toiture-terrasses non accessibles (8 %) – avec isolant et protection autoprotegée ; les réseaux extérieurs au bâtiment (7 %) ; les toitures-terrasses non accessibles (7 %) – avec isolant et protection rapportée ; les facades lourdes à base de béton banché (6 %), concernant notamment les enduits monocouches et les voiries (4 %). 154 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 LOCAUX D’ACTIVITÉS Répartition en % du coût total 27 36 Revêtement 74 de sol intérieur Couverture 33 en grands éléments Façade 57 légère Réseaux d’eau intérieurs 90 au bâtiment Réseaux extérieurs 02 au bâtiment Charpente-arc-portique 30 en bois massif Fenêtre 60 et porte-fenêtre Toiture-terrasse 41 non accessible Dallage sur terre plein 26 (non compris revêtement) Toiture-terrasse 40 non accessible 0 1 2 3 4 5 III Locaux d’activités AURA 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 III Toutes destinations AURA On observe que près de la moitié des coûts de réparation sont repartis sur deux éléments d’ouvrage, a savoir les suivants : les revêtements de sol intérieur (27 % de l’ensemble constitue par les dix éléments d’ouvrage les plus significatifs), concernant massivement les revêtements de sol intérieurs carrelés et les couvertures en grands éléments (18 %). Viennent ensuite : les façades légères (10 %) ; les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment (8 %), concernant majoritairement des canalisations encastrées ; les réseaux extérieurs au bâtiment (7 %) ; les charpentes-arc-portiques en bois massif (6 %), dont l’effectif n’est pas significatif dans la hiérarchie ci-contre ; les fenêtres et portes-fenêtres (6 %), concernant les menuiseries aluminium principalement ; les toitures-terrasses non accessibles avec isolant et étanchéité auto-protegée (6 %) ; les dallages sur terre-plein (5 %) et les toiture-terrasses non accessibles (5 %) – avec isolant et protection rapportée. Rappel : il est nécessaire de relativiser les résultats au regard des parts de marche des techniques les plus employées. AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 155 SYCODÉS 2016 Région Auvergne, Rhône-Alpes (AURA) : caractéristiques principales Caractères géographiques : Auvergne, Rhône-Alpes est le nom de la région du centre/est de la France, créée par la reforme territoriale effective au 1er janvier 2016, résultant de la fusion des anciennes régions Auvergne et Rhône-Alpes, regroupant 12 départements, s’étendant sur 69 700 km2, présentant une frontière avec la Suisse et l’autre avec l’Italie et comptant 7,75 millions habitants (2013). La région est constituée d’un ensemble de territoires hétérogènes; elle est soumise à des influences climatiques variées auxquelles s’ajoutent les effets du relief des pré-Alpes et des Alpes. On retrouve des reliefs au sud du Jura et les contreforts du Massif Central. Au centre une vaste zone de plaine orientée nord-sud où coulent le Rhône et la Saône. Les reliefs d’ouest arrêtent les perturbations océaniques et reçoivent des précipitations importantes. Les hivers sont froids ; les étés sont chauds, avec des nuits restent fraîches dans les vallées alpines. L’influence méditerranéenne est sensible au sud, avec des hivers doux et des étés chauds et secs. En montagne, l’altitude commande le climat, la température baisse de 6° tous les 1 000 mètres. 27 8 784 Conjoncture économique Bâtiment : 2 7 0 00 m 6 4 AURA 15 , 7 Mr T d € H Dans la région AURA, 47 000 logements ont été mis en chantier en 2015, soit 13 % des constructions de logements en France ; 2 784 milliers de m² de locaux ont été mis en chantier soit 12 % des constructions de locaux en France. Le chiffre d’affaire du Bâtiment pour la région est de 15,7 milliards d’euros en 2015, soit 12 % du poids de la France. La région AURA compte en 2015, 67 784 entreprises de bâtiment, qui représentent 135 789 salariés et 9 308 intérimaires, soit 13 % du poids de la France. Sources : CERA ; CERC AUVERGNE ; GIE RESEAU DES CERC - Lieux privilégiés d’échanges et de concertation, les CERC réalisent des travaux d’observation à caractère économique sur des thématiques spécifiques à la filière construction permettant d’approfondir la connaissance de la filière et de faciliter l'aide à la décision. L’AQC contribue aux travaux de la CERA. 156 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Pathologie de fréquence Les mouvements des fondations superficielles : Les tassements différentiels des sols d’assise des fondations, dus à la sécheresse gérèrent des sinistres qui affectent les zones constituées d’argiles, homogènes ou hétérogènes, sensibles aux variations de teneur en eau. Ces tassements induisent des fissurations dans les structures des maisons individuelles et des tassements de dallages, surtout dans les maisons construites de plain-pied. Le renforcement du bâti introduit par la réglementation sismique, qui impose un meilleur raidissement des structures, pallie certaines carences techniques d’origine. Néanmoins, le principal souci reste l’absence d’étude de sol préalable, d’autant plus préjudiciable que le sous-sol est hétérogène. Le risque est identique à bâtir sans étude de sol sur d’anciennes carrières remblayées par des matériaux sujets à la putréfaction. Affaissement de dallage sur terre-plein mal compacté Fissuration de mur due à des périodes de sècheresse Photo : Laurent Mourissoux Photo : AQC Les fuites sur canalisations encastrées des réseaux d’eau froide sanitaire : Elles peuvent résulter d’un défaut de mise en œuvre. Les causes de ces fuites ne sont jamais déterminées car leur recherche coute plus cher que la réparation. Le pinçage d’une canalisation en cuivre en cours de chantier, par exemple, peut entrainer une fuite par corrosion-érosion. Le percement peut parfois n’apparaitre qu’en fin de garantie décennale. Au final, l’eau se répand dans la chape et remonte par capillarite dans les cloisons. VOIR Fiche pathologie bâtiment A1 « Mouvement de fondation des maisons individuelles » AUSSI sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 157 SYCODÉS 2016 Les fissurations et décollements des revêtements de sol carrelés : L’apparition de fissurations multidirectionnelles dans le carrelage est un désordre récurrent depuis une quinzaine d’années. Elle est due au retrait différentiel de la forme de pose. La compression des délais d’exécution est une cause aggravante face à ce phénomène de retrait différentiel mal maîtrisé. Pourtant, on le constate même lorsque les délais sont respectés. Malgré les recommandations du DTU 26.2/52.1, le tassement différentiel de la forme de pose sur l’isolant phonique et un simple film polyane provoque encore de la fissuration dans le carrelage. Des carreaux émaillés et de faible épaisseur aggravent les dégradations car leurs bords sont immédiatement coupants. Sur un carrelage, la fissuration se développe linéairement dans diverses directions, notamment aux emplacements les plus sensibles : angles rentrants ou saillants, charge concentrée, passage de porte… Affaissement de dallage sur terre-plein mal compact Photo : Laurent Morissoux Photo : AQC Les infiltrations par toiture : Les toitures en tuiles sont souvent sujettes aux infiltrations au droit des points singuliers (noues, abergements de cheminées, etc). Les infiltrations de neige poudreuse sont liées à une concomitance vent-neige qui peut concerner toutes les habitations situées en plaine. Pour des raisons économiques et parce que les règles de l’art ne l’exigent pas en dehors des zones exposées ou des toitures de faibles pentes, certains font l’impasse sur l’écran souple de sous-toiture. Il s’agit d’un risque qui, même peu fréquent, mérite de ne pas être pris. La mise en œuvre des écrans souple de sous-toiture est décrite dans le NF DTU 40.29. Le non-respect de la dimension des pureaux lors de la mise en œuvre favorise aussi les infiltrations de neige poudreuse. Condensation en sous-face d’écran sous toiture Pénétration de neige poudreuse et infiltrations dues à l’absence d’écran de sous-toiture. Photo : Laurent Morissoux Photo : Jean-Marc Weider VOIR Fiche pathologie bâtiment F2 « Fissuration et décollement des carrelages de sol dans l’habitat » sur le site Internet de l’AQC, AUSSI www.qualiteconstruction.com –>Téléchargez l'application pour smartphone Fiches pathologie bâtiment, sur App StoreTM et Google PlayTM 158 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°142 LAURENT MOURISSOUX, expert construction, gérant du cabinet Consultex. « Les vents et les précipitations en Rhône-Alpes – parfois violentes dans les départements les plus au sud – mettent les toitures en tuiles à rude épreuve, tandis que les sous-sols, argileux ou calcaires, requièrent une étude soignée en phase de conception. » Les fissurations des enduits monocouche : Le plus souvent bénins, les désordres des enduits monocouches n’affectent ni la solidité, ni l’impropriété à la destination de l’ouvrage. Il s’agit principalement de la microfissuration ou des décollements d’enduit hydraulique en partie courante consécutifs à une mauvaise préparation du support. Les décollements d’enduits en pied de façade sont essentiellement liés au non-respect des règles relatives à la garde au sol, l’espace à laisser entrer la base de l’enduit et le sol fini, souvent négligée pour des raisons esthétiques. Bénins mais inesthétiques, les décollements d’enduits en pied de façade sont essentiellement liés au non-respect des règles relatives à la garde au sol. L’umidité de la terre remonte dans l’enduit qui finit par se décoller par plaques entières Décollement d’enduit de façade Photo : Laurent Morissoux Photo : Jean-Christophe Charpy Pathologie à surveiller Les défauts de traitement des bois : Dans les départements les plus montagneux, le bois d’œuvre, bien que traité, n’est pas à l’abri du pourrissement s’il est débité sur les chantiers. L’humidité peut en effet venir s’infiltrer au niveau des coupes et dégrader le bois dont le cœur n’est pas protégé. Pourrissement d’un pied de poteau en bois Rupture de dallettes par pourrissement du bois Photos : Laurent Morissoux VOIR AUSSI Communiqué de la Commission Prévention Construction Produits Mis en Œuvre relatif aux systèmes d'intégration photovoltaïques dont les profilés s’agencent horizontalement par emboîtement et verticalement par recouvrement, les modules assurant ainsi l’étanchéité de la toiture téléchargeable sur www.qualiteconstruction.com AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 159 SYCODÉS 2016 Les infiltrations d'eau en plafond de parking : Ce désordre n’induit pas de dégradation du bâti mais rend les parkings impropres à leur utilisation. Lorsqu’ils sont situés en débord d’immeuble, les parkings peuvent en effet subir des infiltrations d’eau si la membrane d’étanchéité s’avère imparfaite. La présence de chaux libre dans le ciment conduit alors à la formation de calcite qui tombe du plafond. Taches de calcite provenant d’infiltrations d’eau au travers d’une dalle de parking Photo : Laurent Morissoux Les risques naturels : Les risques naturels existent en région. L’aléa sismique est présent de faible à moyenne intensité (Alpes). Les risques d’inondation concernent principalement les zones exposées aux crues du Rhône ou de la Saône. Les sols déformables et les argiles sensibles sont rependus. La règlementation sismique a des effets bénéfiques sur les tassements de fondations superficielles, en offrant une meilleure rigidité au bâti. Cependant, pour des raisons de coûts, les études de sol préalables sont rarement réalisées par un bureau d’études géotechniques, ce qui est source de désordres – tout comme les coûts et les délais de réalisation trop contraints. Les fuites des douches dites à l'Italienne : Les douches à l’italienne accèdent au rang de « classique » des installations sujettes aux pathologies. Malgré l’existence sur le marché de systèmes prémontés, proposant des « receveurs » avec siphon encastré, ces ouvrages font régulièrement l’objet de malfaçons ayant trait à la continuité des joints d’étanchéité. En résultent des infiltrations d’humidité au niveau : des cloisons périphériques vitrées des cabines, du revêtement de sol, des joints de faïence revêtant les parois verticales non-vitrées, à la jonction entre le revêtement de sol et les parois (défaut de relevé d’étanchéité)… POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°142 LAURENT MOURISSOUX, expert construction, gérant du cabinet Consultex. « Comme dans d’autres régions de France, le secteur du bâtiment répond à la logique du moins-disant. Une tendance sans doute aggravée par la crise économique, qui favorise le recours à la soustraitance ainsi que la réduction des personnels d’encadrement. » Plaquette « Renforcer le bâti existant en zone sismique » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com 160 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 Pathologie émergente La tenue des isolants thermiques extérieurs (ITE) : Dans les bâtiments performants, les ITE peuvent présenter des défauts, particulièrement au niveau des pare-pluies. Pour en savoir plus, il est utile de consulter le dossier sur les isolants thermiques, présentant les enseignements issus des retours d’expériences dans les bâtiments performants, disponible en suivant le lien : http://www.qualiteconstruction.com/fileadmin/medias/mallettes-pedagogiques/ Il existe des recommandations professionnelles, disponibles en suivant le lien : http://www.programmepacte.fr/search/node/ITE Les désordres de rénovation énergétique : De nombreux acteurs se positionnent sur le marché attractif de la rénovation énergétique. Les demandes d’assurance décennale et de qualifications professionnelles, entre autres, pour les activités d’isolation par l’extérieur, de pose de menuiserie ou d’installation de pompe à chaleur (Pac). Les déficits de performance des Pac, principalement liés aux surdimensionnements et surconsommations, peuvent être évités dans un certain nombre de cas ; le retour d’expérience est utile pour contribuer à la maitrise technique, tant de conception que de pose ou de régulation. En effet, les performances des Pac (Cop) décroissent rapidement avec les températures. Or celles-ci peuvent descendre à – 15 °C. Dans ce cas, soit la Pac n’arrive pas à fournir la température souhaitée, soit elle est performante parce qu’associée à des batteries de compensation – mais la production de chauffage passe en tout électrique. La technologie des Pac puisant les calories dans l’air n’est pas adaptée aux régions froides, en regard de la durée des périodes de gel. POINT DE VUE DE L’EXPERT - EXTRAIT DE LA REVUE QUALITÉ CONSTRUCTION N°128 JEAN-CHRISTOPHE CHARPY, expert construction, Ixi-Groupe. « Il y a chez certains exécutants des méconnaissances dans leur propre métier mais également de manière plus accrue vis-à-vis du travail des autres corps d’état qui gravitent autour d’eux. Pour aborder les phénomènes, les comprendre et pouvoir les mettre en application, la formation doit être plus solide. Ce qui manque le plus, me semble-t-il, c’est une formation aux interfaces entre les différents corps d’état. » VOIR AUSSI Plaquette « Rénovation thermique performante par étapes » sur le site Internet de l’AQC, www.qualiteconstruction.com Pour en savoir plus, consultez le rapport « Retours d’expériences dans les bâtiments performants » Téléchargeable sur le site du programme PACTE : http://www.programmepacte.fr/ AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 161 SYCODÉS 2016 LES MEMBRES L’Agence Qualité Construction est une association loi 1901, financée par une participation volontaire de ses membres, collectée par les assureurs. Elle regroupe toutes les organisations professionnelles soucieuses de la qualité dans la construction autour dune même mission : prévenir les désordres dans le bâtiment et améliorer la qualité de la construction. L’AQC garantit aux professionnels de la construction un cadre de travail unique et neutre, structuré en trois pôles : « observation, prévention, communication ». L’Agence Qualité Construction est le lieu de travail et d’échanges de 43 organismes membres représentant l’ensemble des acteurs du bâtiment. 162 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 L’ÉTAT REPRESENTÉ PAR LE MEEM ET LE MLHD • DHUP : Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer et du ministère du Logement et de l'Habitat durable LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES Les maîtres d’ouvrage et consommateurs Les entreprises du bâtiment • ANAH (Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat) • ANIL (Agence nationale pour l’information sur le logement) • LCA (Les constructeurs et aménageurs) • Fédération des EPL (Fédération des entreprises publiques locales) • FPI (Fédération des promoteurs immobiliers de France) • INC (Institut national de la consommation) • USH (Union sociale pour l’habitat) • CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) • EGF-BTP (Entreprises générales de France – BTP) • FFACB (Fédération française des artisans coopérateurs du bâtiment) • FFB (Fédération française du bâtiment) • Fédération SCOP BTP (Fédération nationale des sociétés coopératives de production du bâtiment et des travaux publics) • SNSO (Syndicat national des entreprises de second œuvre du bâtiment) Les maîtres d’œuvre • Fédération CINOV (Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l‘ingénierie et du numérique) • SYNAMOME (Organisation professionnelle de l'architecture et de la maîtrise d'œuvre) • UNSFA (Union nationale des syndicats français d’architectes) • UNTEC (Union nationale des économistes de la construction et des coordonnateurs) • USG (Union syndicale géotechnique) Les industriels fabricants • AIMCC (Association des industries de matériaux, composants et équipements pour la construction) • FIB (Les produits en béton) Le contrôle technique • COPREC (Comité professionnel de la prévention et du contrôle technique) LES SOCIÉTÉS ET MUTUELLES DE L’ASSURANCE • FFSA (Fédération française des sociétés d’assurances) • GEMA (Assureurs mutualistes) LES ORGANISATIONS D’EXPERTS • CFEC (Compagnie française des experts construction) • CNEAF (Collège national des experts architectes français) LES ORGANISATIONS DE QUALIFICATION ET DE CERTIFICATION • AFOCERT (Association française des organismes de certification des produits de construction) • OPQIBI (Organisme professionnel de qualification de l’ingénierie : infrastructure, bâtiment, industrie) • QUALIBAT (Organisme professionnel de qualification et de certification du bâtiment) • Association QUALITEL (Association qualité logement) LES CENTRES TECHNIQUES • CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) • CEREMA (Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) • LNE (Laboratoire national de métrologie et d’essais) LES AUTRES ORGANISMES CONCERNÉS PAR LA QUALITÉ • CSCA (Chambre syndicale des courtiers d’assurances) LES MEMBRES ASSOCIÉS • AGI (Association des garants de l’immobilier) • AFNOR Certification • AITF (Association des ingénieurs territoriaux de France) • ARCHITECTEURS (Compagnie des architecteurs) • CNPP (Centre national de prévention et de protection) • COBATY (Fédération internationales de la construction, de l’urbanisme et de l’environnement) • ENTPE (Ecole nationale des travaux publics de l’état) • Groupe CEBTP CATED (Centre d’assistance technique et de documentation) • PROMOTELEC SERVICES Membres au 01/06/2016 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 163 SYCODÉS 2016 164 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION SYCODÉS 2016 AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION - 165 SYCODÉS 2016 NOTES 166 - AGENCE QUALITÉ CONSTRUCTION Prévenir les désordres, améliorer la qualité de la construction www.qualiteconstruction.com 29 rue de Miromesnil 75008 Paris T 01 44 51 03 51 F 01 47 42 81 71 ISBN : 978-2-35443-561-5 9782354435615 Impression : OTT – Imprimé sur du papier certifié issu de forêts gérées durablement Association loi 1901