Comment Spie a associé ses employés au capital

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Comment Spie a associé ses employés au capital
Comment Spie a associé ses employés
au capital
Après son introduction en Bourse, la société d’ingénierie électrique a
lancé une opération d’actionnariat salarié de plus de 53 millions d’euros.
Décryptage avec Thierry Smagghe, un DRH orienté finance.
Pour Spie, il s’agissait de boucler la boucle. Entamée avec son introduction en Bourse
en juin dernier, la redéfinition de son capital s’est finalisée avec l’opération d’actionnariat
salarié « Share for you » réalisée tout au long du quatrième trimestre 2015. « Cette offre
faisait partie du schéma global que nous avions exposé aux salariés quand nous leur
avons présenté notre projet d’introduction en Bourse, souligne son directeur des ressources humaines, Thierry Smagghe, qui a supervisé l’opération en coordination avec
la direction financière dirigée par Denis Chêne. C’était un engagement très important. »
D’autant que la société d’ingénierie électrique n’en était pas à son coup d’essai.
En 2006 et en 2011, déjà, à l’occasion de ses deux LBO successifs, le groupe avait
lancé deux plans d’actionnariat salarié, via un fonds commun de placement d’entreprise,
qui avaient récolté de bons résultats en termes de souscription et de rentabilité, selon
le DRH.
Expliquer la stratégie
Pour monter cette dernière opération et s’assurer de l’adhésion des salariés, les dirigeants
de Spie ont dû mouiller la chemise. Entre mi-septembre et début octobre, des dizaines
de réunions, conviant entre 300 et 1.500 personnes, ont été organisées dans les différentes
branches du groupe afin de préparer la période de souscription qui s’ouvrait le 1er octobre
et se refermait 11 jours plus tard. « Ces rencontres réalisées sur un temps très ramassé
ont permis aux dirigeants de se faire une idée plus nette et authentique de l’état du corps
social de l’entreprise », note Thierry Smagghe. Surtout, elles leur ont donné l’occasion
d’assurer un service après-vente de leur stratégie auprès des salariés et de jauger leur
degré de compréhension et d’adhésion en répondant aux interrogations si le besoin
s’en faisait sentir.
14.500 souscripteurs
Sur les 38.000 collaborateurs que compte Spie, près de 33.800 pouvaient souscrire à
cette opération d’actionnariat salarié, contre 24.000 en 2011. « Le développement du
groupe en Allemagne et l’ouverture de l’offre au Maroc, à la Pologne ainsi qu’à certains
pays de la filiale Spie Oil & Gas Services - République du Congo, Emirats arabes unis,
Gabon et Malaisie - ont concouru à cet accroissement du nombre de salariés éligibles »,
explique l’entreprise d’ingénierie électrique. Et Thierry Smagghe d’ajouter : « Avec 13
pays, nous avons pu couvrir environ 90 % de l’effectif. »
En tout, 14.500 collaborateurs ont souscrit à cette offre, soit 43 % de l’effectif éligible,
avec un versement moyen de 2.400 euros, portant à 20.000 le nombre total de salariés
actionnaires. « Pour nous, c’est une vraie réussite, car nous dépassons très largement
les 20 % de taux de souscription traditionnellement considérés comme un bon résultat
pour une opération de ce genre, se félicite le DRH. Alors que nous nous interrogions sur
l’effet potentiellement négatif de la volatilité à court terme de notre cours de Bourse, nos
salariés ont manifesté leur confiance dans la stratégie et la performance de l’entreprise. »
Pour proposer une offre la plus intéressante possible à ses employés, Spie a fixé le prix
de chaque action à 13,05 euros, soit 20 % de moins que la moyenne des 20 cotations
boursières précédant le jour de lancement de l’opération, les salariés bénéficiant par
ailleurs d’un « abondement » de leur employeur. « C’est un mécanisme classique qui permet
aux salariés d’investir à des conditions plus favorables que les autres investisseurs »,
analyse Thierry Smagghe.
Désormais, grâce à un versement total de plus de 53 millions d’euros à travers l’émission
de 4,07 millions d’actions nouvelles, les collaborateurs possèdent 4,7 % du capital de
Spie, en prenant en compte la part de capital déjà détenue par le fonds commun de
placement d’entreprise mis en place en 2011. « La confiance accordée par les salariés
oblige encore davantage l’équipe dirigeante en termes de résultats, et nous comptons
poursuivre sur cette voie dans les années à venir », conclut le DRH.
Source : Les Echos