Mondialisation, jeu à somme nulle

Transcription

Mondialisation, jeu à somme nulle
La mondialisation est-elle un jeu à somme nulle ?
© Joël Hermet 2011
I – Si la mondialisation est généralement perçue comme un jeu à somme positive …
-
-
Les théories classiques et néoclassiques et même la nouvelle théorie du commerce international basée sur la
concurrence imparfaite montrent le gain à l’échange pour tous les pays, et la hausse du surplus global ;
Bastiat : « un profit contre deux pertes », intérêt pour le consommateur qui en est le grand gagnant
Concurrence accrue et apport de capitaux étrangers => croissance économique
Exemples : au 19ème siècle, phénomène de rattrapage des pays de la seconde vague (Mill) au cours de la
première mondialisation ; au 20ème siècle, principe de réciprocité au sein du GATT (j’ouvre mes marchés aux
exportateurs des autres pays, et les autres pays s’ouvrent à mes exportateurs)
Transition : pour List le libre-échange est positif à long terme mais peut se révéler nocif à court terme.
II – … Elle peut se révéler être un jeu à somme nulle …
-
Selon les mercantilistes : les pays en excédent commercial y gagnent (richesse, emplois), les pays en déficit y
perdent
Selon les marxistes : le développement est le produit du sous développement (Amin), l’échange est inégal
(Emmanuel) ; le continent africain a peu bénéficié de la mondialisation
Selon les altermondialistes, comme Stiglitz : la mondialisation expose les PVD à l’incertitude des marchés
internationaux, elle propage les crises au monde entier, elle accroît la pollution due au transport des
marchandises, elle pousse vers le bas les normes de sécurité (accident de Bhopal en Inde), et entraîne la
disparition des cultures traditionnelles. Concernant les PED, le régime des droits de propriété empêche leur
accès aux médicaments, les FMN occidentales ont le droit de breveter leurs médecines traditionnelles. La
libéralisation de l’agriculture entraîne la standardisation de l’alimentation, la disparition des petites
exploitations et le développement de l’insécurité alimentaire,
Transition : cette vision doit être nuancée car les éventuels perdants ne sont pas toujours les mêmes. Analogie
avec le jeu, la chance tourne, ce ne sont pas toujours les mêmes qui gagnent et perdent.
III – … Mais gagnants et perdants changent de place
-
-
Déclin des PDEM : désindustrialisation, craintes de Maurice Allais, rapport Arthuis ; Actualité dans PDEM :
selon la typologie de Reich, les manipulateurs de symbole sont gagnants, les travailleurs routiniers perdants ;
elle bénéfice aux travailleurs qualifiés et aux actionnaires ; selon Giraud, la mondialisation diminue les
inégalités au niveau international mais elle les accroit au niveau national.
Montée des pays émergents, les pays de l’ancien tiers-monde deviennent les créanciers des anciens pays
riches (Chine, Inde, Brésil…)
Glissement des avantages comparatifs : vision dynamique de HOS
Conclusion :
Deux visions s’affrontent. Certains pensent que la mondialisation que l’on peut effectivement observer est
incomplète, les méfaits que l’on impute à la mondialisation sont souvent dus à une mondialisation inachevée
(mesures antidumping, protectionnisme agricole des pays riches nuisant aux agriculteurs des pays pauvres, cf.
Montenay). D’où l’idée de mettre en place des règles commerciales loyales, car selon Brennan et Buchanan, les bons
jeux dépendent plus de bonnes règles que de bons joueurs.
D’autres au contraire estiment que la mondialisation est allée trop loin, risquant d’entrainer un délitement du tissu
social et la mort de l’Etat providence. Les plus modérés souhaitent une protection à l’échelle régionale pour rendre
le jeu positif, les plus offensifs prônent la démondialisation (Arnaud Montebourg).