le bilan annuel 2007 - DRAAF du Centre

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le bilan annuel 2007 - DRAAF du Centre
Très forte hausse du revenu agricole en grandes
cultures, l’élevage en difficulté
L’année 2007 a été marquée par la consolidation et l’accentuation de la hausse des matières premières agricoles. La récolte très moyenne tant au niveau régional que national, voire
mondial, la demande forte des pays émergents, la montée en
puissance des biocarburants, l’insuffisance des stocks de report et l’incursion des fonds spéculatifs ont propulsé les cours
à des niveaux historiques. Le revenu agricole national, par exploitant, augmenterait de 12 % en termes réels en 2007. Il
doublerait pour les exploitations de grandes cultures tandis
que les filières animales, porcine notamment, sont fortement
pénalisées par la hausse des aliments pour animaux, à base
de produits céréaliers. De par sa structure, l’agriculture régionale bénéficie globalement des évolutions récentes. Les tendances lourdes perdurent, notamment la concentration de
l’activité sur un nombre toujours plus réduit d’exploitations.
L’année 2007 connaît une nouvelle envolée des cours de nombre de matières premières agricoles. Les prix à la production du blé et de l’orge ont
ainsi progressé de 60 % sur un an ; ceux du maïs et des oléagineux de
35 %. Sans atteindre de telles hausses, d’autres productions ont vu également leur prix augmenter, les vins, la volaille ou encore, à compter du
second semestre, le lait et les produits laitiers. Selon les comptes prévisionnels, le prix moyen de la production agricole s’est accru, au niveau
national, de 8,9 % en 2007.
Pour les céréales, ce mouvement prolonge et amplifie la tendance
amorcée dès 2006. Les conditions climatiques de 2007 ont réduit le volume de certaines productions mais des facteurs plus structurels, en particulier l’expansion de la demande mondiale, participent à la montée des
prix.
L’embellie bénéficie essentiellement aux exploitations de grandes cultures – jusqu’à un doublement du revenu pour les COP (céréales, oléagineux, protéagineux). D’autres secteurs au contraire enregistrent des
baisses, celui des fruits et légumes notamment. L’élevage également,
qui pâtit du renchérissement des céréales et autres composants de l’alimentation animale. Les activités consommatrices d’énergie, maraîchage
en particulier, ont supporté la hausse de son prix.
L’agriculture régionale tire profit des évolutions récentes...
Compte tenu de son profil, l’agriculture régionale ressort globalement bénéficiaire des mouvements à l’œuvre depuis deux ans. Sur les quelque
28 000 exploitations agricoles recensées en 2005, 49 % relèvent de la
catégorie des COP. Le Centre est du reste la première région céréalière
au niveau national et européen. Inversement, le maraîchage, et plus encore l’arboriculture, sont relativement peu représentés. De même l’élevage de bovins, lait et viande, ne totalise que 8 % des exploitations
régionales contre un quart au niveau national. La viticulture ainsi que les
élevages ovins et caprins occupent une place voisine des moyennes nationales.
Les évolutions contrastées selon les orientations de production induisent
naturellement des disparités entre territoires. Dans l’Eure-et-Loir et le
Loiret, les grandes cultures dominent très largement. Plus au sud, dans
l’Indre et le Cher, se trouvent davantage d’élevages ainsi que des exploitations combinant cultures et élevage. L’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher
présentent un profil intermédiaire avec en commun une viticulture très
développée. Dans les six départements cependant, les COP représentent plus de 40 % des exploitations contre une moyenne de 16 % au niveau national.
Répartition des exploitations selon l'orientation technico-économique
en 2005
en %
100
Élevage et culture
Polyculture
Prix des céréales à la production
Hors sol
indice base 100 en 2000
80
250
Ovins, caprins
Récolte 2007
200
60
Bovins lait, élevage et
viande
Bovins élevage et viande
40
Bovins lait
Canicule 2003
150
Récolte 2006
Viticulture
100
20
50
Maraîchage, horticulture et
fruits
Autres grandes cultures
0
Cher Indre Indre- Loir- Loiret Eureet-Loir
et-Loire et-Cher
0
Centre
France
Céréales, oléagineux,
protéagineux
Source : SRISE : Service régional de l'information statistique et économique, Enquêtes Structures 2005
sep-01
sep-02
sep-03
sep-04
sep-05
sep-06
sep-07
Source : Insee
Cela permet un redressement sensible du revenu des entreprises agricoles. Au niveau national, après une première hausse de 12,8 % en 2006, il
progresse à nouveau en 2007 de 8,9 %, en termes réels (déflaté de l’indice de prix du PIB). Rapporté au nombre d’actifs non salariés, il retrouve
son niveau record de 1998.
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Cela explique l’évolution particulièrement favorable des résultats économiques de l’agriculture régionale au cours des deux dernières années.
En 2006, le revenu net des entreprises agricoles avait progressé de
22,9 %. Il progressera encore davantage en 2007 tout en restant largement dépendant des aides versées dans le cadre de la politique agricole
commune.
Bilan Économique et Social de la région Centre - année 2007 / INSEE CENTRE - juin 2008
Les évolutions de la Politique Agricole Commune
Depuis 1992 et la première réforme de la politique agricole commune
(PAC) instaurant des aides directes aux agriculteurs en compensation de la baisse des prix garantis, le revenu agricole est largement
dépendant des concours publics. En 2006, l’ensemble des subventions (sur les produits et d’exploitation) s’est élevé à 800 millions d’euros en région Centre, soit 78 % du revenu net des entreprises
agricoles. La proportion était encore de 95 % en 2005, avant l’envolée
des prix de marché des céréales.
La faiblesse des prix des matières premières agricoles dans la dernière décennie a conduit à la réforme de la PAC décidée à Luxembourg en 2003. Elle a posé pour fondement le découplage des aides
de l’acte de produire. Auparavant les soutiens versés aux agriculteurs l’étaient au prorata des surfaces ou du cheptel. Cette logique
productiviste, issue des principes historiques de la PAC, notamment
l’autosuffisance alimentaire, avait abouti sur la période précédente à
la constitution d’excédents considérables (céréales, produits laitiers….) et à un effondrement des cours. Avec le découplage, les aides deviennent forfaitaires et sont fonction des références
historiques de l’exploitation. Elles sont désormais conditionnées par
respect des exigences concernant l’environnement, la qualité et la
sécurité alimentaire, la santé et le bien-être des animaux. Au total pas
moins de dix-neuf directives et règlements régissent ce volet de la
conditionnalité des aides.
La mise en place effective de cette réglementation en 2006 a cependant coïncidé avec un retournement des marchés agricoles internationaux. La hausse de la demande mondiale, l’insuffisance de la
ressource, la faiblesse des stocks, ont hissé les matières premières
agricoles à des niveaux jamais atteints. Cette situation amène la
Commission européenne à s’interroger sur la gestion des marchés et
la pérennité des aides en grandes cultures, dans le cadre de l’actuel
bilan de santé de la PAC.
L’heure est à l’augmentation de la production pour juguler l’envolée
des prix, et tenter de maîtriser ses effets collatéraux ; augmentation
des coûts de l’alimentation animale, diffusion à l’économie en général. La volatilité redoutée des cours, accentuée par l’irruption des
fonds spéculatifs sur les marchés agricoles, n’est pas de nature à rassurer les professionnels qui militent pour le maintien d’instances de
régulation, telles que les organisations communes de marché. En
2007, la Commission européenne a réformé l’organisation dans le
domaine des fruits et légumes en réponse aux crises récurrentes du
secteur.
...en dépit d’une campagne 2007 en demi-teinte
Dans le Centre, la campagne agricole 2007, après un début prometteur,
a souffert de la pluviométrie très excédentaire de mai à août. Les pertes
de rendements sont notoires, conjuguées à de sérieux problèmes sanitaires en grandes cultures. Les cultures spécialisées, viticulture et arboriculture, ont rétabli une situation compromise, avec le retour d’une météo
favorable dès septembre.
La production céréalière régionale est en légère baisse à 7,9 millions de
tonnes. L’accroissement des surfaces en blé compense les pertes de
rendement de près de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Cependant la qualité est en net retrait, que ce soit en densité (poids spécifique), en taux de protéines ou en qualité boulangère. Les orges ont été
particulièrement affectées notamment l’orge d’hiver, la production baisse
Bilan Économique et Social de la région Centre - année 2007 / INSEE CENTRE - juin 2008
de 3 % par rapport à l’année précédente. Le maïs, plante gourmande en
eau, a en revanche connu une campagne faste, puisque la production
augmente de 10 %.
Le Centre est également la première région productrice d’oléagineux et
notamment de colza. L’émergence de la filière biocarburants, colza-diester en particulier a encore conforté cette position, puisque ces surfaces
augmentent de plus de 20 000 hectares. La production chute de plus de
10 %, avec des rendements médiocres.
Au regard de la météorologie très défavorable, la viticulture limite les dégâts. La récolte est en léger recul et la qualité est correcte, grâce aux efforts consentis par les vignerons pour préserver l’état sanitaire de la
vigne. L’arboriculture connaît des rendements hétérogènes, mais globalement la situation s’améliore légèrement (en dehors des zones ayant
connu la grêle).
En matière d’élevage, la production bovine se redresse en 2007. Cependant dès juillet les affres de la fièvre catarrhale ovine perturbent considérablement les marchés. Les abattages porcins ont progressé, mais les
prix se sont effondrés au second semestre. Ils demeurent en deçà des
coûts de production, grevés par la hausse des aliments pour animaux.
Fièvre catarrhale ovine (FCO)
Maladie virale des ruminants transmise par piqûre d'insecte, en l'espèce un moucheron, la fièvre catarrhale ovine (FCO) affecte surtout
les moutons, mais également les bovins et les caprins. Elle a été signalée pour la première fois en 1943 à Chypre. Elle fait sa réapparition
en Europe en 1998 et en particulier en Corse en 2001.
La maladie ressurgit dans notre pays à l'été 2007. Des restrictions sur
les mouvements d'animaux ont été imposées. La France a institué un
plan d'action s'appuyant sur la vaccination dès le premier semestre
2008. Les exportations de jeunes bovins ont cependant été fortement
perturbées en 2007, notamment par les mesures de protection aux
frontières prises par l'Italie, notre premier client.
La transformation de l’agriculture régionale se poursuit, entraînant
des pertes d’emploi, surtout non salarié
Par delà les fluctuations de la conjoncture, le secteur agricole continue
de se transformer. La surface agricole utilisée (SAU) est d’environ
2,4 millions d’hectares, soit 60 % de l’espace régional. Elle s’érode très
légèrement, de 0,2 % par an depuis 1988. En 2007 encore, elle a diminué
de 4 000 hectares dont 1 500 environ liés à l’emprise de l’autoroute Artenay-Courtenay. Le nombre d’exploitations se réduit beaucoup plus rapidement, de moitié en à peine vingt ans. En 2005, la région ne comptait
plus que 27 600 exploitations, dont 18 800 exploitations dites « profesSurfaces des principales cultures en 2006 et 2007
ha
Céréales
dont blé tendre
dont orge et escourgeon
dont maïs grain
Oléagineux (colza, tournesol)
Protéagineux
Betteraves industrielles
Cultures fruitières
Vigne
Surfaces toujours en herbe
2006
1 226 690
700 250
246 900
117 400
393 250
43 380
21 900
5 140
23 220
247 200
2007
1 241 770
704 500
264 000
112 500
393 400
27 220
24 900
4 640
22 320
247 400
Source : SRISE, SAA 2006 et 2007
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sionnelles » (d’une dimension économique supérieure à l’équivalent
d’une exploitation de 12 hectares de blé et mobilisant une main-d’œuvre
d’au moins trois quarts d’un équivalent temps plein). Selon des données
encore provisoires, la baisse du nombre d’exploitations a perduré au
cours des deux dernières années, à un rythme voisin de celui de la période 2000-2005 (- 3,5% par an).
Spécificités du tissu industriel agroalimentaire régional
au 1er janvier 2007
en %
Fruits et légumes
Poisson
Viandes (hors charcuterie)
L’agrandissement des exploitations caractérise donc l’évolution de l’agriculture régionale : en 2005, plus de la moitié des exploitants professionnels cultivent plus de cent hectares, ils n’étaient qu’un quart en 1988.
L’organisation juridique se transforme également et 43 % des exploitations professionnelles sont constituées sous forme sociétaire (14 % en
1988). Le statut d’exploitant individuel à composante familiale cède la
place au statut d’entreprise ouvert à l’actionnariat non agricole. Ce sont
les EARL (entreprise agricole à responsabilité limitée) qui se développent le plus. En 2005, elles représentent un quart des exploitations professionnelles.
Ces mutations s’accompagnent de forts gains de productivité et quand,
entre 1990 et 2006, la production agricole régionale s’accroît en volume de
13 %, la quantité de travail se réduit d’un tiers. En conséquence, l’emploi
agricole continue de se contracter. En 2006, il ne représente plus qu’à
peine 4,5 % de l’emploi régional, à environ 45 000 emplois selon les estimations d’emploi de l’Insee. Le recul concerne principalement l’emploi non
salarié, dont celui des exploitants ou coexploitants. C’est le corollaire de la
diminution du nombre d’exploitations, mais aussi de la propension de la
main-d’œuvre familiale, spécialement des femmes d’agriculteurs, à abandonner tout ou partie de son activité agricole au profit d’activités exercées
dans d’autres secteurs. Le mouvement d’externalisation par le biais de
groupements d’employeurs ou d’entreprises de travaux agricoles a contribué à cette adaptation. Le salariat agricole résiste mieux. En 2006, il fournit
plus du tiers du travail contre moins du quart en 1990.
Produits laitiers
Autres*
Corps gras
Aliments pour animaux
Travail du grain
Boissons
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
secteur des industries agroalimentaires, hors charcuterie, boulangerie,
pâtisserie et centre de cuisson). À eux seuls, ils totalisent près des deux
tiers de l’emploi du secteur (12 500 salariés fin 2006). Les établissements de l’industrie des boissons et du travail des grains, meuneries notamment, sont proportionnellement plus nombreux dans le Centre que
dans l’ensemble de la métropole. À l’inverse, la transformation régionale
des fruits et légumes compte relativement peu d’établissements.
L’agroalimentaire est l’une des rares industries à maintenir son niveau
d’emploi. Depuis 2000, l’érosion des effectifs est contenue à 0,6 % en
moyenne annuelle. Cette industrie contribue en outre au maintien d’activité dans les espaces à dominante rurale où sont localisés plus du tiers
des emplois salariés du secteur.u
Dans l’agroalimentaire, l’emploi se maintient
Évolution de l'agriculture régionale au travers de quelques indicateurs
Xavier Ghewy, Grégoire Devaud
Service régional de l'information statistique et économique
Direction régionale et départementale de l'Agriculture et de
la Forêt
base 100 en 1990
250
200
SAU des exploitations
Nombre d'exploitations
Unité de Travail Annuel
Revenu net des entreprises en
termes réels
Revenu net des entreprises par
actif non salarié
150
100
50
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Source : SRISE : Service régional de l'information statistique et économique, Comptes de l'agriculture
La valorisation de la production agricole passe aussi par sa transformation dans les industries agroalimentaires régionales. Celles-ci contribuent pour 1,9 % à la valeur ajoutée régionale en 2006. C’est moins que
la moyenne des régions de province, 2,2 %. C’est peu au regard de la
production agricole régionale dont la valeur est trois fois supérieure à la
valeur ajoutée de l’agroalimentaire (deux fois seulement pour l’ensemble
de la métropole). La nature des productions régionales, spécialement
l’importance des céréales dont une large part est exportée en l’état, contribue à la modestie relative du tissu agroalimentaire. Celui–ci est constitué de 2 900 établissements et fournit 20 000 emplois salariés fin 2006.
Parmi ces établissements, 180 appartiennent à des entreprises d’au
moins vingt salariés (ou de plus de cinq millions de chiffre d’affaires du
29
4
Note de lecture : la proportion d'établissements de l'industrie des boissons est supérieure,
dans le Centre, de 3,7 points à la moyenne nationale
* hors boulangerie, pâtisserie et cuisson de boulangerie
Champ : ICS
Source : Insee, Établissements des IAA au 01.01.2007
Bilan Économique et Social de la région Centre - année 2007 / INSEE CENTRE - juin 2008

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