Le loup, l`agneau... et autres corbeau... » Une réflexion pour notre
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Le loup, l`agneau... et autres corbeau... » Une réflexion pour notre
Regard d’ESPERANCE N°288 - Septembre 2014 Editorial - Yvon Charles « Le loup, l’agneau... et autres corbeau... » Une réflexion pour notre temps « Je me sers d’animaux pour parler aux hommes ». Jean de La Fontaine avait raison d’être prudent. Il vivait en un temps où la moindre parole et plus encore un écrit encourant le déplaisir du roi pouvait valoir, pour le moins, de redoutables désagréments. Faisant montre de sagesse et d’un certain courage, il choisit donc, à l’instar d’Ésope, de tenter d’interpeller et d’instruire ses semblables en écrivant des fables. « Parler aux hommes en mettant en scène des animaux. » Ces réflexions et leçons sont pertinentes et utiles à toutes les époques... car s’il est vrai que les décors de ce monde changent, les acteurs demeurent les mêmes avec leurs qualités et défauts, leurs illusions et leurs manières d’agir. En notre XXI e siècle, et en particulier en ces années agitées et lourdes d’interrogations et d’hypothèques, tant pour notre pays que pour le monde, il n’est pas inintéressant d’écouter et de méditer, en relisant quelques “ fables ” de ce fin connaisseur de la nature humaine qu’était Jean de La Fontaine. J’avoue que mon choix est quelque peu orienté en fonction des “ heurts et malheurs” du temps présent. “ La cigale et la fourmi”... Vous vous souvenez, “cette cigale qui avait chanté tout l’été” et qui “se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue ”... Elle comptait sur la fourmi qui avait travaillé, elle, avec rigueur et persévérance... Mais quels qu’aient été ses soupirs et argumentations, la cigale ne put l’émouvoir et encore moins obtenir “les subsides” espérés... Quelle lecture feraient les Allemands de Mme Angela Merkel... ? Il est plus que vraisemblable que M. François Hollande et ses conseillers apporteraient des conclusions différentes. Peut-être que : “ Perrette et le Pot au lait” ou “les rêves et élucubrations d’une sympathique jeune fille” enthousiaste mais n’ayant pas “ les pieds sur terre” (dans les deux sens de l’expression), pourrait également fournir matière à réflexion à bien des hommes politiques, économistes et autres planificateurs, tout autant qu’aux simples citoyens que nous sommes, s’il nous arrivait à nous aussi de confondre “ châteaux en Espagne ” et réalité... De même dans cet univers dur et sans concession, où la vérité et la justice n’ont pas toujours cours (et c’est un euphémisme !), la méditation “ des animaux malades de la peste” et de la recherche du “bouc émissaire”, de celui qui est la cause de tout, donnerait un certain recul... “Haro sur le baudet”, dit la fable, tant il est vrai que les puissants arrivent toujours à s’exonérer de leurs fautes ou responsabilités, et à accuser ou laisser accuser “ le lampiste”... Car on peut tomber dans l’erreur opposée à celle qui fut trop souvent invoquée dans le passé : la fatalité ! et comme certains, vouloir absolument découvrir des coupables... qu’ils existent ou non, et les vouer à la vindicte populaire. Il y aurait beaucoup à dire sur cette propension philosophique, politique ou autre, à toujours accuser l’autre... et ce à tous les niveaux de la société. La Fontaine est-il trop pessimiste lorsqu’il affirme : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »... Il est permis de s’interroger ! Ce qui amène tout naturellement à évoquer “ Le loup et l’agneau ”, et la raison du plus fort qui demeure toujours la meilleure ! Pauvre agneau, qui malgré sa sincérité, l’authenticité de ses preuves... ne put échapper à la malhonnêteté intellectuelle, à l’aveuglement volontaire du loup, qui sans le moindre état d’âme, était décidé depuis le début à le dévorer... Et qu’en est-il du proverbial “ Le corbeau et le renard”, dédié à tous les naïfs et trop crédules, que bernent les rusés et escrocs de toujours ? P roies d’autant plus faciles à circonvenir que la vanité souvent présente dans le cœur humain les entraînera à prêter une oreille complaisante et à ouvrir une large porte aux flatteurs et calculateurs de “ tous poils ”... Par contre “ Le lion devenu vieux ” pourrait enseigner sagesse et discernement à ceux qui s’imaginent que leur “ position”, leur puissance dureront toujours ! Ils oublient, hélas pour eux, que s’il est des hommes et des femmes fidèles, dévoués et désintéressés, il y a bien plus de courtisans et de “ courtisanes” que seuls leurs intérêts guident... sans s’attarder sur ceux qui, pleins de fourberie, jouent un personnage en attendant de commettre trahison et même vengeance... Mais ne terminons pas cette trop courte évocation sans mettre en évidence l’aide que l’on peut apporter aux autres... quelque petit ou puissant que l’on soit. Compatir, secourir, partager, agir selon ses possibilités... c’est aussi cela que souligne pour tous la courte leçon “ du lion et du rat ”... Peut-être que cet éditorial de rentrée vous aura donné le désir de puiser à nouveau dans ce trésor de bon sens que sont les fables de La Fontaine. Le président François Mitterrand se faisait lire chaque année le livre de l’Ecclésiaste, écho de la Bible. “Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent ”, est-il entre autres écrit... Voulait-il s’obliger à considérer combien fragile et éphémère est la vie ici-bas ? Au-delà de l’Ecclésiaste, la Bible donne une lumière inégalée sur l’homme et son devenir terrestre et éternel. Paroles de vérité, et qui peuvent devenir paroles d’espérance.