Guy Nzouba Ndama au journal Le Monde.fr

Transcription

Guy Nzouba Ndama au journal Le Monde.fr
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Directeur de la Rédaction ·
Laurent Lékogo
Conseiller spirituel :
Monseigneur Jean Pierre Elelaghe-Nze
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BP 19 242 Libreville
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Guy Nzouba-Ndama est candidat à l'élection présidentielle gabonaise qui doit se tenir le 27 août. Président de l'Assemblée nationale pendant dix-neuf ans, cet ancien
soutien du président Omar Bongo (1967-2009), puis de son fils et successeur Ali Bongo, a démissionné le 31 mars dernier en séance plénière. A 69 ans, il démarre sa
carrière d'opposant au président et a tenu son premier meeting politique le dimanche 12 juin à Libreville.
Le Monde.fr : Comment s'est déroulé ce premier
rendez-vous avec les Gabonais ?
Vous faîtes allusion au débat sur les oril?ines d' Ali
Bonl?o. Certains candidats de l'opposition l'ont
qualifié d'« apatride ·mafieux». D'autres fulminent
contre une « légion étran$ère » pour désigner ses
conseillers non gabonais. Est-ce là votre seul
argument?
Gu,y Nzouba-Ndama : C'était au-delà de toutes mes
attentes. Je me suis présenté devant des milliers de Gabonais,
des jeunes pour la plupart, très attentifs. Je me sentais comme
dans une salle de classe avec des élèves suspendus aux lèvres
de leur professeur. Je ne m'y attendais pas.
comme le
Chacun a sa manière de s'exprimer. Ces propos sont parfois
excessifs. Mais il faut comprendre que la fermeture d'esprit du
président, son refus du dialogue, alimentent un certain
extrémisme. Pourtant, Ali Bongo est un Gabonais qui ne
remplit pas les conditions pour se présenter à la présidentielle.
On peut faire un meeting, c'est vrai. Mais on ne peut pas le
faire sur la place publique. J'ai dû l'organiser dans un collège
privé. Je ne peux pas disposer d'un stade ou d'un autre lieu
public. A plusieurs reprises, j'ai fait des demandes
d'autorisation. En vain. Des leaders de l'opposition ont été
plusieurs fois convoqués par la police judiciaire.
Comprenez-vous que, vu d'autres pays d'Afrique et
au-delà, ces attaques soient perçues comme
xénophobes et révèlent un manque d'idées de
l'opposition ?
Donc le Gabon n' e~t pas une « dictature
martèle l'opposition ?
»
Y a-t-il, aujourd'hui, au Gabon, des opposants en
prison?
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Non. Ali Bongo sait bien que l'opinion publique gabonaise ne
l'accepterait pas et que le peuple se lèverait. J'aurais préféré
continuer à vivre avec Omar Bongo plutôt qu'avec Ali Bongo.
Ils
se trompent. J'ai fait des erreurs. Je les reconnais.
Et à ceux qui vous taxent d'opportuniste?
Je ne le crois p_as. Et il faut comprendre que la jeunesse
gabonaise soujjre. Il y a un climat anxiogène à Libreville.
Quel pays accepterait d'être dirigé par un président qui ne
remplit pas les conditions fixées par la Constitution [qui
stipule qu'un candidat à la presidentielle doit être de
père et de mère gabonais] ? Et·puis, comment expliquer
des collaborateurs du vr~i · ··
Vous êtes nostalgique du temps d'Omar Bongo?
Je ne suis pas nostalgique. Mais Omar Bongo avait une
vertu cardinale, celle du dialogue. Il dialoguait toujours
avec ses adversaires. Or, Ali Bongo s'est enfermé dans une
coquille, entouré de sa bande de coquins et de copains. Ce
qui paralyse le pays. Je ne sais pas si la volonté d'Omar
Bongo était de voir Ali Bongo lui succéder. ]'en doute.
Ali Bongo n'a-t-il pas rompu avec les pratiques de «
redistribution » du temps de son père ?
Ce disque-là est vraiment rayé, comme disait Patience
Dabany [artiste gabonaise et ancienne épouse d'Ornar
Bof1;go]. C'est la rhétorique du pouvoir. Bon, qui n'a pas
bénéficié des largesses d'Omar Bongo ? Mais je ne re$rette
pas ces privilèges perdus. La preuve : j'ai renoncé a mes
avantages de président de l'Assemblée nationale pour me
mettre au service des Gabonais.
; Mais votre démission était prévue et Ali Bongo s'y
attendait. Il a d'ailleurs tenté de vous en dissuader.
Est-ce le fruit d'un long cheminement ?
Avant que je démissionne, Ali Bongo m'a fait des
propositions, que je ne peux pas vous révéler. Je n'y ai, de
toute façon, pas donné suite. Pas question pour moi de me
Jaire acheter par ces gens. Et puis, pour moi, l'Etat n'existe
plus vraiment. Son gouvernement est une coquille vide.
Comment qualifiez-vous la présidence d'Ali Bongo ?
Une catastrophe, un gâchis. La veste était trop grande pour
lui. Il a démontré qu'il n'est pas à la hauteur de ses
fonctions. Il ne fait que de la communication. Sur le terrain,
la situation s'est détériorée. Il se moque de son peuple èt
masque ses échecs avec des discours sur l'émergence et
d'autres concepts de marketing politique.
Repettez-vous d'avoir soutenu Ali Bongo lors de la
presidentielle de 2009 face à André Mba Obame ?
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]'estimais qu'Ali Bongo avait la capacité d'assurer la
transition. Je me suis laissé appâter r.ar son discours et un
consensus compassionnel, car nous etions sous le choc de la
mort d'Omar Bongo. Oui, je le regrette. Le pays est miné
par une dette passée de 17 % en 2009 à près de 40 % du
PIB aujourd'hui. Le pays sombre. Et il faut intervenir.
Que répondez-vous à ceux qui vous qualifient de
girouette?
]'ai laissé sa chance à Ali Bongo. Je me suis trompé. J'ai espéré
jusqu'au dernier moment qu'i[ était capable d'un sursaut. Mais
il n'a pas été capable de changer. Et, au regard de la désastreuse
situation politique, économique et sociale qui prévaut au Gabon,
Ali Bongo ne doit pas faire un second mandat.
Vous venez grossir les rangs d'une opposition
divisée. Une candidature unique est-elle
envisageable ?
L'opposition est divisée, certes, mais je ne perds pas espoir
quelle s'unisse. On discute. La candidature unique n'est
pas exclu.e. Si quelqu'un est capable de fédérer, alors je serai
disposé à m'effacer. Pour le moment, je me considère
comme porteur d'un espoir national. Et je suis prêt à
assumer le leadership de l'opposition.
En face, la majorité est fragilisée. Le parti démocratique
gabonais (PDG, au pouvoir) est démotivé. Ali Bongo, qui
s'est autoproclamé chef suprême du parti, a encore un peu
plus affaibli cette machine politique. Mais je le maintiens :
la candidature d'Ali Bongo n'est pas recevable. Il a trahi le
peuple gabonais en présentant un faux acte de naissance.
Edito
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Comme la plupart des autres candidats de
l'opposition, vous apparaissez comme un notable
d'un certain âge reste fidèle à Omar Bongo. N'y a-til aucune personnalité jeune capable de briguer la
présidentielle ?
Il n'y a en effet que des barons du temps d'Omar Bongo en lice
pour la présidentielle. Mais des jeunes émergent dans nos
rangs. Certes, ils ne sont pas candidats à la présidentielle en
2016. Mais nous les soutenons. Et ce sont les vieux qui
permettent aux jeunes de se préparer. Ce que nous faisons.
Sur quelles propositions allez-vous faire campagne ?
Je propose un projet de société démocratique avec une réforme
des institutions et une Constitution qui ne soit plus tail[ée sur
mesure pour un seul président. Il me semble urgent de créer
les conditions d'une véritable vie démocratique. Nous ferons
tout pour que l'économie puisse fonctionner, attirer les
investisseurs et réformer la fonction publique.
Parents, surveillez vos enfants 1
ne jeune compatriote a failli passer de vie à
trépas le week-end dernier à Mouila. La nuit
U
tombée, le taxi qui l'a embarquée et à bord duquel
avaient pris pface des sicaires, a cherché a la
détourner de son itinéraire pour la trucider dans
un lieu obscur. Mais comme ce n'était pas son jour,
elle a réussi à sauter du taxi des criminels. Elle s'en
est sortie avec de graves égratignures, mais sa vie
a été préservée. Ses bourreaux ont pris la fuite.
Mais convaincus qu'elle n'allait pfus jamais délier
sa langue, car les morts ne parlent pas, ses
ravisseurs lui ont révélé, avant sont saut périlleux,
qu'elle n'est ni la première ni la dernière victime,
car un grand nombre de taxis ont été disséminés
dans le pays avec pour objectif de semer la terreur
en enlevant et en tuant des compatriotes,
particulièrement les jeunes.
Ainsi est-il demandé à chaque P.arent, à l'avantveille de cette campagne pour la présidentielle
d'août qui approche, de veiller scrupuleusement
sur ses enfanls. Le régime veut du sang et des
organes humains. Soyons donc prudents ! Lorsque
nous devons prendre un taxi, assurons-nous d'y
monter avec des gens que nous connaissons. Dans
le cas contraire, vérifions que le verrouillage et le
Le Mbandja N° 347 du Vendredi 17 Juin 2016
.
montage des vitres ne sont pas électroniques et
qu'il y a bel et bien une manivelle pour monter ou
oaisser les vitres.
S'il y a déjà des occupants dans le taxi, refusons de
rester entre deux passagers, surtout si nous ne les
connaissons pas, peu importe qu'ils soient des
hommes ou des femmes ...
La vie est le plus grand cadeau que Dieu nous a
fait. Alors préservons-la. Ceux qui nous
gouvernent ne savent pas que nous allons tous
mourir un jour et que la peine ne vaut d'ôter la vie
à son prochain pour des projets politiques aux
relents cabalo-mystiques.
.
N'oubliez pas, les taxis de la mort sont là. Ils nous
transportent tous les jours que Dieu fait, attendant
l'occasion propice pour tomber à bras raccourcis
sur la première victime.
Seul le départ du régime actuel peut faire en sorte
que demain nous puissions evoluer en toute
quiétude, que nos enfants ruissent grandi! dans
un pays où leur sécurité e leur tranquillité sont
garanties.
Guy Pierre Biteghe
J
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