ALAN WOODBRIDGE, direction musicale
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ALAN WOODBRIDGE, direction musicale
alan woodbridge, direction musicale chœurs, orchestre et maîtrise de l'opéra de Lyon bah : chœurs et cantates Johann Sebastian Bach (1685-1750) Chœurs d’entrée de cantates l O Ewigkeit, du Donnerwort, BWV 20 (O Eternité, parole foudroyante) l l l iebster Gott, wenn werd’ ich sterben, BWV 8 L (Dieu d’amour, quand ma mort viendra-t-elle) er weiß, wie nahe mir mein Ende, BWV 27 W (Qui sait si ma fin est proche) in’ feste Burg ist unser Gott, BWV 80 E (Notre Dieu est une forteresse solide) Œuvres pour orgue Prélude de choral « Jesus Christus, unser Heiland, der von uns den Zorn Gottes wandt » a 2 clav. e canto fermo in pedale, BWV 688 (ClavierÜbung III) (Jésus-Christ, notre Sauveur, qui détourna de nous la colère de Dieu) l l l rélude de choral « Erbarm’ dich mein, O Herre Gott », BWV 721 P (Prends pitié de moi, ô Seigneur Dieu) Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565 Knut Nystedt (né en 1915) Immortal Bach (sur un choral de Bach) Johann Sebastian Bach Chœurs d’entrée de cantates l Nimm von uns, Herr du treuer Gott, der schwere Straf, BWV 101 (Ecarte de nous, Seigneur Dieu fidèle, le terrible châtiment) l l l hristus, der ist mein Leben, BWV 95 C (Le Christ, qui est ma vie) as will du dich betrüben, BWV 107 W (Pourquoi vouloir t’affliger) ewiges Feuer, o Ursprung der Liebe, BWV 34 O (O flamme éternelle, ô source originelle de l’amour) Chœurs, Orchestre et Maîtrise de l'Opéra de Lyon Alan Woodbridge, direction musicale et orgue Jeudi 29 mars à 20h30 1 Johann Sebastian Bach Chœurs d’ouverture de cantates Après des postes à Arnstadt, Mühlhausen, Weimar et Köthen, Bach s’installa en 1723 à Leipzig, où il resta jusqu’à sa mort en 1750, Kantor et directeur de la Musique. Il avait ainsi la charge musicale des quatre principales paroisses de la ville (Saint-Thomas, Saint-Nicolas, Saint-Pierre et l’Eglise neuve), en plus d’enseigner la musique et le latin aux élèves de l’école de Saint-Thomas. Parmi ses obligations figuraient la préparation d’une cantate pour chaque dimanche et chaque jour de fête. On lui commandait également des cantates pour des circonstances particulières – baptêmes, mariages, funérailles… Durant les deux premières années de sa charge, Bach composa ainsi en moyenne une cantate par semaine, puis le rythme ralentit quelque peu. Il puisait les choristes au sein des élèves de Saint-Thomas et des étudiants de l’université voisine, et les faisaient répéter plusieurs fois au cours de la semaine. Le samedi, les chanteurs s’unissaient aux musiciens de l’orchestre et aux solistes vocaux, ce qui était rarement suffisant : le niveau médiocre des interprétations fut une source constante de frustration. Quelques cantates avaient vu le jour à Weimar (où Bach avait été en poste de 1708 à 1717), mais la plupart naquirent à Leipzig. Au total, deux cents cantates sacrées nous sont parvenues. Elles suivent généralement le schéma habituel que l’on pratiquait en Allemagne : un ample chœur d’ouverture (parfois précédé ou remplacé par un morceau purement orchestral), puis une alternance de récitatifs, d’ariosos et d’airs, parfois de chorals, et enfin le choral final. Les textes sont directement liés à la liturgie du jour, qu’ils ont pour fonction d’approfondir et de commenter. Il peut s’agir de textes bibliques plus ou moins paraphrasés, de poésies libres ou, comme c’est le cas dans la majorité des chœurs d’ouverture sélectionnés dans ce concert, de chorals luthériens empruntés avec leur mélodie, qui donnent alors leur titre aux cantates. Conçue pour le premier dimanche après la Trinité, le 11 juin 1724, O Ewigkeit du Donnerwort, BWV 20 (O Eternité, parole foudroyante) repose comme la cantate homonyme BWV 60 sur un choral de Johann Rist, publié à Lüneburg en 1642, qui traduit la crainte du jugement divin. La première strophe de ce cantique alimente le chœur d’entrée, où sa mélodie résonne en cantus firmus (valeurs longues) aux sopranos doublés par la trompette. Ce morceau en fa majeur, pièce maîtresse de la cantate, adopte le style et la découpe d’une ouverture à la française : une première partie solennelle aux rythmes pointés, une partie centrale vive (Vivace) usant de procédés imitatifs, une conclusion dans un tempo ample, renouant avec les rythmes pointés. Composée pour le seizième dimanche première fois le 24 septembre 1724, sterben, BWV 8 (Dieu d’amour, repose sur un choral à quatre voix 2 après la Trinité et exécutée pour la Liebster Gott, wann werd’ ich quand ma mort viendra-t-elle) joliment ornementé que composa Daniel Vetter, organiste à Saint-Nicolas de Leipzig, dans les dernières années du xviie siècle sur un poème de Caspar Neumann. Le chœur d’ouverture le fait entendre dans une nouvelle harmonisation, accompagné d’une peinture orchestrale très originale : les cordes en pizzicatos et les basses régulières traduisent l’écoulement inexorable du temps, tandis que la flûte imite le tintement obsédant d’une clochette. L’entrelacs pastoral des deux hautbois d’amour et le balancement du rythme ternaire apportent à cette complainte une douce lumière d’espérance. En 1740, Bach transcrira cette cantate avec deux violons solos et cor, abaissant du même coup sa tonalité de mi majeur à ré majeur. Deux ans plus tard, pour le seizième dimanche après la Trinité de l’année 1726 (6 octobre), Bach s’empare à nouveau du thème de la mort dans la cantate Wer weiß, wie nahe mir mein Ende , BWV 27 (Qui sait si ma fin est proche). La mélodie empruntée provient d’un choral célèbre de Georg Neumark (1657), Wer nur den lieben Gott läßt walten, auquel la comtesse Ämilie Juliane von Schwarzburg-Rudolstadt, considérée comme un précurseur du piétisme, avait apposé ces nouvelles paroles en 1686. Dans le chœur initial, la première strophe du choral est harmonisée de manière tout d’abord homophone (la mélodie est aux sopranos doublés par le cor), puis plus contrapuntique, trois solistes prenant à tour de rôle la parole (soprano, alto et ténor) dans de brefs ariosos. Tout au long du morceau, les deux hautbois entourent le chant de leurs voix plaintives (chromatismes expressifs, trilles), tandis que la basse, multipliant les sauts d’octaves sur une pulsation implacable, semble sonner le glas. Composée pour la fête de la Réformation (31 octobre) entre 1728 et 1731, Ein’ feste Burg ist unser Gott, BWV 80 (Notre Dieu est une forteresse solide) est l’une des cantates les plus développées de Bach, avec une durée d’une demi-heure ; elle reprend et développe le matériau musical d’une œuvre perdue, Alles was von Gott geboren (Tout ce qui est né de Dieu), composée à Weimar en 1715. Le choral d’emprunt est l’un des plus célèbres composés par Martin Luther, sa véritable profession de foi envers Dieu, rempart contre Satan. On ne compte plus les cantates et pièces d’orgue qu’il inspira dans l’Allemagne baroque ; et il résonne encore dans la Symphonie n° 5, « Réformation » de Mendelssohn, dans l’opéra de Meyerbeer Les Huguenots et même dans la suite pour piano à quatre mains En blanc et noir de Debussy, où, distordu, il représente les Allemands haïs. Connu entre tous par les fidèles, il n’apparaît qu’en filigrane dans le chœur initial, grandiose introduction en ré majeur : il vient régulièrement ponctuer la complexe polyphonie chorale et orchestrale sous la forme d’un canon à l’octave entre la voix supérieure de l’orchestre (deux hautbois) et la plus grave (orgue). Wilhelm Friedemann Bach augmenta l’orchestre de timbales et de trois trompettes, dont la première double le thème du choral. 3 Autre choral illustre de Luther, Vater unser im Himmelreich (Notre Père au royaume des cieux) est le pendant du Notre Père catholique. Martin Moller a doté sa mélodie, durant la peste de 1584, de paroles nouvelles. C’est cette version qui engendre la cantate Nimm von uns, Herr du treuer Gott, der schwere Straf, BWV 101 (Ecarte de nous, Seigneur Dieu fidèle, le terrible châtiment), composée en 1724 pour le dixième dimanche après la Trinité (13 août). Le chœur d’ouverture, en ré mineur, est une polyphonie tout aussi imposante que celle d’Ein’ feste Burg. Après l’introduction orchestrale, les voix inférieures du chœur entrent en canon, doublées par les trombones, sur un sujet dérivé du thème de choral, et préparent l’entrée grandiose de celui-ci au sommet de la polyphonie, en valeurs longues, aux sopranos doublés par la flûte et le cornet. Les différentes périodes du choral sont entrecoupées de longs commentaires orchestraux, ce qui confère à ce chœur la même grandeur qu’aux morceaux introductifs des deux passions. Christus, der ist mein Leben, BWV 95 (Le Christ, qui est ma vie) complète la série des cantates composée pour le seizième dimanche après la Trinité, en l’occurrence le 12 septembre 1723. C’est également l’apothéose des cantates-chorals, puisqu’elle en utilise pas moins de quatre, tous en relation avec le passage de la vie terrestre à la vie céleste (à lui seul, le chœur introductif en présente deux). Celui qui donne son titre à la cantate est une mélodie de Melchior Vulpius publiée en 1607, sur un poème d’un auteur inconnu. Il est énoncé en sol mineur, dans un tempo modéré ; le cantus firmus est aux sopranos doublés du cor, l’harmonie est homophonique, sauf sur le mot « sterben », (« mourir »), souligné par les entrées en cascade des voix et par des dissonances expressives. Plus loin, un long mélisme illustre le mot « Freude » (« joie ») ; des interludes orchestraux relient les périodes du choral. Un poignant récitatif de ténor s’élève ensuite ; il conduit à une partie plus vive (Allegro) ; le choral ici utilisé est Mit Fried’ und Freud’ ich fahr dahin (Je m’en vais empli de paix et de joie), un poème écrit par Martin Luther en 1524 d’après le cantique de Siméon Nunc dimittis (Luc 2:29-32) et mis en musique par Johann Walther ; Bach fait ici aussi une lecture attentive du texte, avec notamment un merveilleux chatoiement sur « sanft und stille » (« doucement et silencieusement »). Cantate pour le septième dimanche après la Trinité, Was will du dich betrüben, BWV 107 (Pourquoi vouloir t’affliger) est l’une des premières composées par Bach après son installation à Leipzig : elle fut donnée pour la première fois le 23 juillet 1724. Le texte du choral, de Johann Heermann, évoque la confiance inaltérable que l’homme peut placer dans le Dieu consolateur. La mélodie est calquée sur celle d’un choral célèbre, Von Gott will ich nicht lassen (Je ne veux pas quitter Dieu), elle-même empruntée à une chanson populaire, Une jeune fillette, publiée à Lyon par Jehan Chardavoine en 1557. Après une introduction orchestrale préparant son entrée, la mélodie apparaît aux sopranos doublés par le cor. L’élégante dentelle polyphonique se déploie, conclue par la reprise de l’introduction orchestrale. 4 Cantate de la Pentecôte, créée à une date inconnue dans les années 1740, O ewiges Feuer, o Ursprung der Liebe, BWV 34 (O flamme éternelle, ô source originelle de l’amour) est l’adaptation liturgique de la cantate profane de mariage homonyme, de 1726. Un orchestre rehaussé de trois trompettes et de timbales, une joyeuse tonalité de ré majeur, de radieuses vocalises sur les mots clefs traduisent le flamboiement du feu divin, le SaintEsprit. Une soudaine inflexion vers si mineur marque l’entrée dans la partie centrale, plus modulante, avant la reprise de la section initiale. Knut Nystedt Immortal Bach (sur un choral de Bach) Né à Oslo (alors nommé Christiania) en 1925, Knut Nystedt s’est imposé comme une figure majeure de la vie musicale norvégienne par son travail de compositeur et surtout de chef de chœur. Professeur de direction de chœur à l’université d’Oslo de 1964 à 1985, il a fondé en 1950 et dirigé jusqu’en 1990 Det Norske Solistkor, seul chœur professionnel du pays à l’exception des chœurs d’opéras. Avec cet ensemble, il a pu explorer un immense répertoire, du chant grégorien à la musique contemporaine, avec une prédilection pour les maîtres anciens tels Palestrina et Bach. Il a également approfondi ce répertoire en tant qu’organiste, comme titulaire de la tribune de l’église de Torshov, à Oslo, de 1946 à 1982. Elève notamment d’Aaron Copland pour la composition, il s’est forgé un style personnel nourri des compositeurs qu’il a pratiqués en tant que musicien, mais a su trouver un ton personnel. Immortal Bach (1988) est un hommage au Kantor. Nystedt prend pour point de départ le début d’un célèbre choral, dont Bach aurait lui-même écrit la musique sur un poème anonyme : Komm, süßer Tod (Viens, douce mort). Le chœur le présente dans son harmonisation originale à quatre voix. Puis les quatre groupes choraux le reprennent dans un savant système de décalages dont le compositeur expose les règles à la manière d’un jeu de l’oie : l’arrivée sur chacun des mots clefs du choral, situés en fin de phrases – « Tod » (« mort »), « Ruh » (« repos ») et « Friede » (« paix ») – sert de point de ralliement tout en déclenchant un nouvel événement. Nimbée de mystère par des notes longuement tenues et d’étranges rencontres harmoniques, la pièce forme un grand crescendo, suivi d’un decrescendo équivalent. 5 Johann Sebastian Bach Œuvres pour orgue Pour la plupart, les œuvres pour orgue de Bach sont liées à la liturgie, au même titre que les cantates. Les grands diptyques fugués (préludes et fugue, toccatas et fugues, passacaille et fugue…) encadraient le culte, le morceau introductif en guise d’entrée, la fugue à la sortie, et les formes imprimées que l’on en connaît aujourd’hui sont souvent le fruit d’improvisations retravaillées au fil des ans, jusqu’à trouver leur forme finale. On n’en connaît que rarement le manuscrit autographe : des copies circulaient sous le manteau, nourrissant le répertoire liturgique de nombreux organistes ; et les premiers éditeurs à vouloir les publier durent affronter un long travail sur les sources, afin de reconstituer ce qui avait pu être la volonté de Bach. Quant aux préludes de chorals (Choralvorspiele), ils sont liés plus intimement encore au rite luthérien. L’un des piliers du culte est en effet le chant de chorals, ce corpus de cantiques élaboré par Luther et ses disciples à l’exemple des principaux chants grégoriens. Ils étaient chantés par l’assemblée, qui avait en mémoire un nombre colossal de mélodies et le nombre non moins colossal de strophes qui s’y rapportait. Le rôle du prélude d’orgue était à la fois de rappeler à la foule la mélodie qui allait être exécutée et de lui donner le ton. On imagine que, dans certaines paroisses modestes, l’organiste ne donnait que quelques accords. A Saint-Thomas ou à Saint-Nicolas, les fidèles étaient gratifiés de chefs-d’œuvre magnifiques, où des gloses d’une imagination et d’une poésie infinie entouraient et commentaient l’humble mélodie de Luther ou de ses pairs. Certains de ces chorals font partie des trois grands recueils assemblés par Bach : l’Orgel-Büchlein (« Petit Livre d’orgue »), qui remonte à l’époque de Weimar ; le troisième volume de la Clavier-Übung (« Pratique du clavier ») et le manuscrit dit « de Leipzig ». Mais un grand nombre d’entre eux sont des pièces isolées, ce qui rend leur datation souvent impossible. Commencé en 1735, publié en 1739, le troisième volume de la Clavier-Übung consiste, selon les termes mêmes de l’auteur, en « différents préludes pour orgue sur le Catéchisme et d’autres chants ; à l’intention des mélomanes et particulièrement pour les connaisseurs de telles œuvres, pour le plaisir de l’esprit ». Le recueil doit ses surnoms – Messe d’orgue allemande, Chorals du Dogme, Chorals du Catéchisme – à la nature particulière de ces préludes ; certains reposent en effet sur des sections de la messe brève (Kyrie, Christe, Gloria), d’autres sont liés au Catéchisme de Luther (l’exposé didactique de la foi) : Dix Commandements, Credo, Notre Père, Baptême, Pénitence, Eucharistie. Avant-dernier morceau du recueil, le Prélude de choral « Jesus Christus, unser Heiland, der von uns den Zorn Gottes wandt », BWV 688 (JésusChrist, notre Sauveur, qui détourna de nous la colère de Dieu) repose, comme le dernier, sur cette libre traduction par Luther de l’hymne grégorienne Jesus Christus nostra salus (Jésus-Christ, notre sauveur). Il est construit en trio. Le thème de choral est énoncé par le pédalier à la voix de ténor, sous forme de cantus firmus (étiré en valeurs longues). Les claviers manuels en font le commentaire sous la forme d’une invention à deux voix, sorte de mouvement perpétuel de toccata 6 soumis à différents procédés canoniques. L’aspect anguleux et implacable de ce commentaire traduit certainement la colère divine, dont le texte du choral dit que le Christ l’a écartée de l’humanité par son sacrifice. Selon d’autres interprétations, les grands intervalles allant en s’amenuisant pourraient symboliser le rapprochement entre Dieu et l’humanité, ou encore la forme de la Croix salvatrice. Le Prélude de choral « Erbarm’ dich mein, O Herre Gott », BWV 721 (Prends pitié de moi, ô Seigneur Dieu) est une pièce isolée dont on ignore la date de composition ; son authenticité a même été mise en doute par certains musicologues à cause de sa texture, unique dans l’œuvre de Bach : des accords répétés qui traduisent l’angoisse émanant du choral d’Erhardt Hegenwalt (1524), sur une traduction libre du Psaume LI. Il a néanmoins été inclus dans la Neue Bach-Ausgabe, monumentale édition de Bach publiée par Bärenreiter, qui fait référence. Plus que d’une paraphrase, il s’agit plutôt ici d’une harmonisation de la mélodie de choral : les harmonies, profondément expressives, suivent pas à pas l’énoncé de la mélodie par la voix supérieure. L’illustre Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565 est l’une des partitions de Bach qui a fait couler le plus d’encre. En 1981, le musicologue Peter Williams mit en émoi le monde musical en prétendant que l’illustre diptyque n’était pas de la main du Kantor, mais peut-être l’adaptation par l’un de ses élèves, Johannes Ringk, d’une toccata pour violon de Wilhelm Friedemann Bach, propre fils de Johann Sebastian. Il étayait sa thèse en soulignant l’aspect peu organistique de l’écriture, avec des arpèges rappelant furieusement les bariolages du violon (passages rapides d’une corde à l’autre), ou encore des cadences véloces inhabituelles à l’orgue ; et arguait que certaines hardiesses harmoniques et certains traits d’écriture ne pouvaient être que postérieurs à 1750, et donc à la mort de Bach. Par ailleurs, le seul manuscrit de l’œuvre qui nous soit parvenu est de la main du fameux Ringk. L’opinion la plus répandue aujourd’hui est toutefois que la Toccata et Fugue en ré mineur date au contraire de l’extrême jeunesse de Bach et qu’il l’aurait composée sous le choc de la découverte des grands diptyques de Buxtehude, lorsqu’il partit l’écouter à Lübeck en 1705-1706. L’un des éléments faisant pencher pour cette thèse est le caractère rhétorique de l’œuvre, qui semble à plusieurs endroits raconter une histoire, avec des moyens presque théâtraux – des « trois coups » représentés par le motif initial repris en cascade jusqu’aux récitatifs impétueux de la coda : tout cela se rapproche du stylus phantasticus caractérisant les préludes et toccatas de l’école d’orgue d’Europe du nord. Les commentateurs ont trouvé bien d’autres exemples d’écriture « violonistique » au sein de pages de Bach indubitablement destinées à l’orgue ; il ne s’agirait que d’une preuve supplémentaire de l’insatiable curiosité du compositeur, toujours prêt à pousser son langage dans les retranchements les plus inattendus. 7 Alan Woodbridge direction musicale et orgue Alan Woodbridge est chef des Chœurs à l’Opéra de Lyon depuis 1995. Né à Londres, il commence sa formation musicale comme choriste à la cathédrale de Hereford. Il entre au Trinity College de l’Université de Cambridge puis complète sa formation musicale – et plus particulièrement dans le domaine de l’opéra – à l’Opera School du Royal College of Music de Londres. Il y dirige La Fille du Régiment (Donizetti) et La Bohème (Puccini). Directeur du chœur de l’Ecole de musique de Wells, il enregistre des œuvres pour la BBC lors de ses collaborations avec le London Opera Group, le British Youth Opera, l’English National Opera, l’Opera North et le Scottish Opera. Chef des Chœurs à l’Opéra de Lyon, il modernise résolument l’ensemble. Son travail est particulièrement apprécié pour sa musicalité et ses prestations de haut niveau et reçoit d'excellentes critiques. En 2002, Alan Woodbridge reçoit un Grammy Awards pour sa contribution, en tant qu’organiste et chef de chœur, à l’enregistrement de Doktor Faust de Busoni avec Kent Nagano (Erato). Dernièrement, il a participé à l'enregistrement de Divo, Diva, un disque de Joyce Di Donato sous la direction de Kazushi Ono. Ce disque a reçu un Diapason d'Or. Alan Woodbridge a travaillé récemment avec le Chœur de Radio France. Il dirigera prochainement le Chœur de l'Opéra d'Amsterdam dans Der Schatzgräber de Schreker. Il enseigne, comme professeur invité, la direction de chœur au CNSMD de Lyon. 8 Les chœurs de l’Opéra de Lyon Dirigés depuis 1995 par Alan Woodbridge, les Chœurs de l’Opéra de Lyon sont composés de 34 chanteurs titulaires. Ils sont régulièrement invités en France et à l’étranger : au Théâtre des Champs-Elysées, au Théâtre du Châtelet, au Festival d’Aix-en-Provence, à Edimbourg, Ravenne, San Francisco, Athènes, Baden-Baden, Francfort... Ils se produisent également en formation de musique de chambre, dans un répertoire très varié. Ils participent à l’histoire discographique de l’Opéra de Lyon, avec des enregistrements audio et vidéo comme Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, The Rake’s Progress de Stravinsky et Doktor Faust de Busoni sous la direction de Kent Nagano, L’Elixir d’amour et Lucie de Lammermoor de Donizetti sous la direction d’Evelino Pidò, Orphée aux Enfers d’Offenbach sous la direction de Marc Minkowski ou encore Divo, Diva, le récital de Joyce Di Donato sous la direction de Kazushi Ono. Ils reçoivent de nombreuses distinctions, notamment pour La Somnambule de Bellini, en 2007, avec Natalie Dessay. Parmi ces enregistrements figurent également des premières mondiales : Rodrigue et Chimène de Debussy, Médée de Michèle Reverdy ou Le Premier Cercle de Gilbert Amy. En 2011-2012, les Chœurs se produisent à Lyon dans Le Nez de Chostakovitch, I Capuleti e I Montecchi de Bellini, La Vie parisienne d'Offenbach, dans les opéras du "Festival Puccini plus", Parsifal de Wagner, L'Enfant et les Sortilèges/ Le Nain de Ravel et Zemlinsky et dans Carmen de Bizet. En 2012-2013, ils chanteront notamment dans Le Messie de Haendel et dans un concert a capella. 9 formations chœurs de l’opéra de Lyon Sopranos Sharona Applebaum Marie Cognard Marie-Eve Gouin Marie-Pierre Jury Sophie Lou Pascale Obrecht Véronique Thiébaut Maëlle Vivarès Pei Min Yu Ténors Jérôme Avenas Yannick Berne Gérard Bourgoin Brian Bruce Fabrice Constans Philippe Maury Hidefumi Narita Didier Roussel Mezzo-sopranos Sophie Calmel-Elcourt Françoise Courbarien Joanna Curelaru Kata Valérie Dellong Alexandra Guérinot Sabine Hwang Sylvie Malardenti Celia Roussel-Barber Barytons-basses Dominique Beneforti Jean-Richard Fleurençois Marc Fournier Jean-François Gay Kwang Soun Kim Ludovic Redon Charles Saillofest Alain Sobieski Paolo Stupenengo 10 musiciens de l'orchestre de l’opéra de Lyon Violons Nicolas Gourbeix Camille Bereau Lia Snitkovski Vassil Deltchev Frédérique Lonca Magdalena Mioduszewska Haruyo Nagao Calin Chis Altos Natalia Tolstaia Donald O'Neil Nagamasa Takami Hautbois Frédéric Tardy, hautbois d'amour Jacek Piwkowski, hautbois d'amour Patrick Roger, cor anglais Basson Carlo Colombo Trompettes Pascal Savignon, cor de postillon Pascal Geay Thierry Seneau Trombone Ruben Gonzalez del Camino Violoncelles Alice Bourgouin Nicolas Seigle Timbales Christophe Roldan Contrebasse Jorgen Skadhauge Continuo Alan Woodbridge, clavecin Anne-Catherine Vinay, orgue Flûtes Catherine Puertolas Gilles Cottin maîtrise de l’opéra de Lyon Camille Berquet Juliette Boinay Juliette Déchaux Claire Gignoux Marie Orset Maëlle Palumbo Zoé Peuch Lestrade Nina Rougerie Mathilde Simondon Margot Skuras Lucile Sportes Victoire Vaille 11 L'Opéra national de Lyon remercie, pour leur généreux soutien, les entreprises mécènes et partenaires Mécènes principaux Les jeunes à l’Opéra, Mécène fondateur Mécène du projet L'Opéra à l'école 2011-2014 Mécène de la Fabrique Opéra Mécènes de projets Mécène de création Membre fondateur du Cercle Kazushi Ono Mécène de la Journée Portes Ouvertes Partenaires Rédaction Sophie Gretzel Opéra national de Lyon Place de la Comédie 69001 Lyon Directeur général : Serge Dorny L’Opéra national de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône.