Cité de la m usique - Philharmonie de Paris
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Cité de la m usique - Philharmonie de Paris
Directeur général Laurent Bayle Cité de la musique Président du Conseil d’administration Jean-Philippe Billarant NOCTURES II Nuits blanches Samedi 12 juin 2004 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert : www.cite-musique.fr Tom Waits a écrit deux opéras, dont l’un avec William Burroughs. Opéras de la cour des miracles, traumatiques de bout en bout. Ictus en présente des « arias » de concert, avec le bluesman américo-belge Kris Dane. Filiation et contraste avec des airs des opéras de Weill, période allemande (de 1927 jusqu’à la guerre) et période américaine (après 40). Au chant : Maria Husmann. 3 Il n’y a pas d’histoire, il y a un moment : c’est une minute avant. Avant la catastrophe, avant que l’élégant dandy ne s’écroule sous l’effet de sa cirrhose, avant que la charmante enfant ne jette son bébé à la Seine, avant que l’impeccable capitaine ne déclenche le carnage, avant que le paquebot ne coule. Tout cela très soigné, très mélodique, très dansant. Très digne. C’est l’obsession contemporaine, n’est-ce pas, dignity. Avant-propos Nuits blanches 2 Pris en charge par les trois mêmes arrangeurs, lesquels ont écrit pour le même « big band », les deux compositeurs se retrouvent face à face sur le même territoire, légèrement exilés de leurs terres natales. Territoire inédit fait de blues, de musique contemporaine, de rock alternatif et de muzak. Kurt Weill Mackie Messer – extrait de Die Dreigroschenoper * Samedi 12 juin 2004 - 20h Salle des concerts Jenny’s Song – extrait de Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny ** Alabama Song – extrait de Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny ** Waits/Weill entracte Tom Waits (1949) Lucky Day Ouverture – extrait de The Black Rider * Tom Waits Hangs on St Christopher – extrait de Frank’s wild years ** Black Rider – extrait de The Black Rider * Yesterday is here – extrait de Frank’s wild years ** It ain’t no sin – extrait de The Black Rider * 5 Kurt Weill Youkali – extrait de Marie Galante ** Way down in the hole – extrait de Frank’s wild years ** The Briar and the rose – extrait de The Black Rider *** Tom Waits I’ll shoot the moon – extrait de The Black Rider * Russian Dance – extrait de The Black Rider *** Frank’s Theme – extrait de Frank’s wild years *** Kurt Weill (1900-1950) Barbarasong – extrait de Die Dreigroschenoper * Kurt Weill Seeräuberjenny – extrait de Die Dreigroschenoper * Polly’s Lied – extrait de Die Dreigroschenoper * Fürchte dich nicht – extrait de Happy End *** Surabaya Johnny – extrait de Happy End ** Complainte de la Seine *** Tom Waits Carnival – extrait de The Black Rider *** Programme Samedi 12 juin 2004 - 20h Just the right bullets – extrait de The Black Rider ** Innocent when you dream – extrait de Frank’s wild years *** Kurt Weill My Ship – extrait de Lady in the dark *** Nuits blanches 6 Arrangements de François Deppe (*), Fabian Fiorini (**) et Jean-Luc Fafchamps (***). Kris Dane, voix pour Tom Waits Maria Husmann, voix pour Kurt Weill Ensemble Ictus Dirk Descheemaeker, clarinette, saxophone Dirk Noyen, basson Philippe Ranallo, trompette Michel Massot, tuba Gerrit Nulens, percussion Michaël Weilacher, percussion Jean-Luc Plouvier, piano, clavier Tom Pauwels, guitare Eric E.T., guitare Ludo Mariën, accordéon Igor Semenoff, violon Gery Cambier, contrebasse Fabian Fiorini, direction Tom Buwier, lumières et scène Alex Fostier, son Caroline Wagner, assistante au son JAn Herinckx, régie de plateau Durée du concert (entracte compris) : 2h30 Objets d’une soigneuse mise en lumière et en espace, les concerts de l’ensemble Ictus sont l’exact reflet de la démarche de cette iconoclaste formation dirigée par Georges-Elie Octors, établie depuis 1994 à Bruxelles. Ictus fait en effet partie de ces ensembles qui non seulement se jouent des frontières entre les esthétiques et les chapelles musicales, mais cherchent à tracer entre elles des ponts, des perspectives et des lignes de fuite. À l’instar du Kronos Quartet ou de l’Ensemble Modern, les musiciens d’Ictus évoluent comme des poissons dans l’eau entre de multiples courants, aussi à l’aise dans les chefs-d’œuvre du minimalisme américain (In C de Terry Riley, Drumming de Steve Reich) qu’avec les partitions de Martin Matalon, Tristan Murail ou Heiner Goebbels. Le spectacle Waits/Weill est, à ce titre, emblématique de la volonté de l’ensemble d’opérer des rapprochements, de révéler des connivences, des affinités électives. D’un côté, les chansons de Tom Waits, figure culte qui, pour être issue du rock (et du rauque), n’en a pas moins composé deux opéras (dont l’un, The Black Rider, avec William Burroughs). Américain tirant une partie de ses références musicales du Vieux Continent, Waits a su créer autour de sa personne un cabaret sauvage, hirsute et lettré, décalé et populaire, faisant se télescoper les univers, entre Berlin et New York. L’alliance avec, de l’autre côté, les songs de Kurt Weill – dont Waits, par le passé, a repris le morceau What Keeps Mankind Alive ? – tombait sous le sens. Qu’ils proviennent des fameux opéras de la période allemande ou plutôt de l’exil hollywoodien du compositeur, ces songs, confrontés aux chansons à boire du grand Tom Waits, révèlent des reliefs inattendus, sans qu’il soit besoin pour cela de forcer exagérément sur les clichés du « cabaret ». Des reliefs qui ont nécessité un travail d’arrangement (transcription d’une part, réduction de l’autre) à la fois sourcilleux et d’une grande liberté. Une dizaine de 7 That’s the way – extrait de The Black Rider Chansons à boire Commentaires Tom Waits Black Box Theme – extrait de The Black Rider * Nuits blanches 8 Entretien avec Jean-Luc Plouvier (ensemble Ictus) Sylvie Compère – Qu’est-ce qui a déterminé le choix des deux compositeurs Tom Waits et Kurt Weill ? Jean-Luc Plouvier – L’idée première était simplement : jouer Kurt Weill. Voilà. Weill, le grand oublié parmi les compositeurs qui ont marqué le XXe siècle. On cite volontiers Stravinski, Boulez ou Schönberg, tous ceux qui ont fait école et pour lesquels il est facile de démontrer une légitimité historique. Ou alors Janacek ou Sibelius, pour ceux qui aiment à écrire une histoire moins balisée – et ils ont raison. Et puis Weill. Kurt Weill est un compositeur que l’on désire, un OVNI magnifique, un musicien qui a su forer la veine populaire avec la précision d’un savant. Il s’agissait pour ce concert de lui penser une mise en perspective, et de l’associer avec un compositeur vivant. Nous avons pensé alors à Tom Waits dont la musique, par bien des aspects, est un peu de la même veine. J’ai appris plus tard que Kurt Weill est un de ses compositeurs favoris. Tous deux ont en commun ce sens du décalage, l’art de jeter le trouble dans l’harmonie, et le même rapport entre sophistication et racine populaire. Et surtout, ils travaillent les mêmes thèmes, les trois grands thèmes qui fondent la vocalité populaire : la révolte sociale, la plainte amoureuse, l’alcool. Cela est vrai pour Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Weill ou les chansons de Waits. Tous deux ont sculpté un univers diamantin puisé dans la culture de la rue. 9 David Sanson S. C. – Quelle sera la forme du concert ? J.-L. P. – On a cherché des points de convergence dans les thèmes et l’instrumentation. Le concert sera plus proche d’un tour de chant que d’un opéra, sans qu’il y ait à proprement parler d’action dramatique. Malgré tout, les chansons seront structurées par épisodes : un épisode sur les bordels et l’amour vénal, un autre sur l’alcoolisme, un autre sur les chansons d’amour inconditionnel… Nous interprétons des chansons allemandes de Kurt Weill extraites de Mahagonny et de L’Opéra de quat’sous, ainsi que les « opéras » de Tom Waits, peu différents de ses chansons si ce n’est qu’ils racontent une histoire : The Black Rider, écrit avec l’écrivain beat américain William Burroughs, qui était lui-même récitant lors de la création de l’opéra mis en scène par Bob Wilson, et Frank’s wild years (sous-titré « un operachi romantico in two acts ») avec une musique d’inspiration plus contemporaine, plus éclatée au niveau de l’instrumentation et des arrangements. Sont également interprétées des chansons de Kurt Weill de sa période américaine – ses vraies chansons maudites, si l’on veut : les injustifiables slows hollywoodiens de Kurt Weill – et, pour terminer le concert, les blues de Tom Waits les plus swing. Par le jeu des lumières, la présence de quelques lampadaires, l’ambiance sera celle d’un salon de musiciens, ou d’une salle de répétition plus ou moins intemporelle : rock 60’s, rock 70’s, on ne sait pas trop. Il s’agit de prendre ses distances avec l’évocation anecdotique et racoleuse des cabarets berlinois, les voix enfumées, les jarretelles, toute cette fascination fétichiste. Les deux répertoires sont travaillés par les trois mêmes arrangeurs, dont deux musiciens d’Ictus – François Deppe et Jean-Luc Fafchamps – et Fabian Fiorini, pianiste du groupe de jazz Aka Moon. Fiorini dirigera quelques morceaux à la manière d’un big band de jazz, avec une gestique, disons, à la Count Basie. Les œuvres de Kurt Weill sont arrangées pour le même effectif que celles Commentaires musiciens, un bluesman et une chanteuse : quoi qu’il en dise, l’ensemble Ictus risque bien de se rapprocher du « grand art ». S. C. – En ressortira-t-il une seule couleur musicale ou plutôt deux styles différents ? J.-L. P. – Le rapport à l’harmonie est étrangement le même chez les deux compositeurs, une harmonie tonale pervertie, poussée à sa limite non pas par un chromatisme expressif, mais par un savant désordre, des contradictions dans les basses ou les voix médianes… toute une subtile insolence, sans l’air d’y toucher… le désordre des fanfares mal accordées, des chansons d’ivrognes, des musiciens amateurs. C’est ce versant de la modernité qui se refuse à reconsidérer les fondations, et préfère les mettre de travers. C’est une poésie diagonale, elle parle de vies boiteuses et d’amours défaits : on n’a pas le cœur, on n’a pas le temps, d’y attaquer frontalement le grand art. Et pour nous, musiciens, ça marche d’ailleurs beaucoup mieux quand, finement, on défait un peu le tempo. Propos recueillis par Sylvie Compère (Centre Culturel d’Amiens), le 1er mars 2002. 11 Commentaires 10 Nuits blanches de Tom Waits, avec les mêmes instruments, et amplifiées de la même manière, c’est-à-dire une amplification légère qui favorise la voix. Les chanteurs, eux, sont différents. Pour Tom Waits, on a choisi Kris Dane, un chanteur flamand de tradition blues, assez proche de Prince et du funk américain, capable de chanter en voix de tête aussi bien qu’en voix de basse. Maria Husmann viendra interpréter Kurt Weill. Proche de l’assistant de Brecht au Berliner Ensemble, dont elle détient les clefs de la tradition, elle est très attentive au travail de la langue, à la signification des textes et à la dramaturgie. Elle nous suit totalement dans le projet d’extraire l’œuvre de Weill de son contexte anecdotique « République de Weimar » et de le « mettre en situation », disons, aux côtés de la culture rock et de la musique contemporaine. Kurt Weill Kurt Weill naît en 1900. Fils de chantre, il acquiert une solide formation musicale, notamment avec le compositeur Ferruccio Busoni. Très jeune, il est attiré par l’opéra et les textes de qualité. Durant les années 20, l’opéra allemand est animé d’une forte vitalité. Les jeunes auteurs sont nombreux et possèdent une créativité débridée, caractéristique théâtre (Maxwell Anderson) ou des piliers de la comédie musicale de Broadway (Ira Gershwin, Alan Jay Lerner). Avec Lady in the Dark (1941) et One Touch of Venus (1943), il parvient à toucher un large public. Il réalise ainsi son ambition de tirer vers le haut le théâtre musical américain. Kurt Weill permet au théâtre musical d’annexer de nouveaux territoires en traitant de situations politiques ou sociales. Le sommet américain de Weill est ainsi Street Scene (1947), qui trouve ses doubles fondations dans le théâtre musical et dans l’opéra. Bien plus tard, des continuateurs comme Leonard Bernstein ou Stephen Sondheim emprunteront cette voie, plus loin encore, comme instrument d’introspection de l’âme humaine. Kurt Weill s’éteint prématurément en 1950. Issu du monde de la musique savante européenne, il aura énormément apporté à la fois à l’opéra de l’Ancien Monde et au théâtre musical du Nouveau Monde. Il a été le contemporain de Richard Strauss et d’Alban Berg en Europe, il a fréquenté Alan Jay Lerner (le futur librettiste et parolier de My Fair Lady). Les événements historiques avaient momentanément jeté dans l’ombre sa période berlinoise. Désormais, son œuvre entière est sortie du purgatoire. Elle peut être considérée comme un pont historique entre les deux genres majeurs du théâtre musical du XXe siècle. Kris Dane Kris Dane a commencé sa carrière par un étonnant disque de rock, semant autour de lui une rumeur de respect intrigué. Fe is a Male Mystic, entièrement composé, joué, chanté et produit par lui, alignait treize chansons âpres et impeccables, d’une nudité qu’osent peu de jeunes artistes. On le compara immédiatement à Jeff Buckley, puis à Prince : d’emblée, il avait sauté hors du territoire provincial du rock belge. Un second album en 1999 (Boy, 26) et une intense expérience de la scène internationale ont depuis lors consolidé son parcours qui s’est doublé d’un chemin plus aventureux : avec le trio de jazz Aka Moon, d’abord (un légendaire hommage à Jeff Buckley en 1988, à l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles), puis avec Philippe Boesmans et Luc Bondy (dans l’opéra Le Conte d’Hiver), et aujourd’hui, avec Ictus. Maria Husmann Née à Flensburg, en Allemagne, elle débute à 14 ans au Théâtre municipal de Flensburg avant d’étudier le lied (notamment avec Aribert Reimann) et la pédagogie à l’École supérieure de Musique de Hambourg. À 22 ans, elle fait ses débuts dans le rôle de Barberine dans Les Noces de Figaro à l’Opéra de Hambourg, où elle est ensuite engagée. De 1980 à 1986, elle est membre de l’Opéra de Stuttgart. Elle y interprète notamment le rôle de Susanne dans Les Noces de Figaro mises en scène par Peter Zadek, sous la direction de Dennis Russel-Davies. Maria Husmann a collaboré avec Dieter Dorn, Achim Freyer, Götz Friedrich, Kurt Horres, Günter Krämer, Jean-Louis Martinoty, Giancarlo del Monaco, Peter Palitzsch… Depuis 1986, elle exerce comme artiste indépendante, principalement pour des œuvres contemporaines : Die Soldaten (Bernd Aloïs Zimmermann), Lulu (Alban Berg), Johnny spielt auf (Ernst Krenek), Gespenstersonate (Aribert Reimann) et Dantons Tod (Gottfried von Einem). Depuis 1992, Maria Husmann développe des programmes thématiques de musique contemporaine en collaboration avec le metteur en scène Peter Palitzsch. En 1993, elle débute au théâtre dans Baal de Brecht avec le Berliner Ensemble. En 1998/99, elle interprète un programme de lieder brechtiens avec Volker Spengler et Simon Stockhausen (musique électronique en direct) et participe à L’Opéra seria de Florian Gassmann sous la direction de René Jacobs. Au cours de la saison 1999/00, Maria Husmann est Jenny dans Mahagonny et débute à la Scala de Milan dans Capriccios de György Kurtág. Maria Husmann travaille activement avec les compositeurs George Crumb, Philip Glass, Peter Michael Hamel, Hans-Werner Henze, György Kurtág, Aribert Reimann, Hans Zender et donne des concerts avec, notamment, Claudio Abbado, le Scharoun-Ensemble, l’Ensemble Intercontemporain, le Nash Ensemble de Londres, l’Orchestre philharmonique de Munich, l’Orchestre de jeunes Gustav Mahler, l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, la Staatskapelle de Dresde. Ictus Ictus est un ensemble de musique contemporaine installé depuis 1994 à Bruxelles dans les locaux de la compagnie de danse Rosas. Sa programmation comporte différents artistes et projets qui couvrent un très large spectre stylistique (d’Aperghis à Reich, de Murail à Tom Waits), mais chacun de ses concerts propose une aventure d’écoute cohérente : concerts thématiques (la transcription, le temps feuilleté, le nocturne, l’ironie, musique et cinéma, Loops...), concerts-portraits (Jonathan Harvey, Fausto Romitelli, Toshio Hosokawa...), concerts commentés, productions scéniques (opéras, ballets, tours de chant). Ictus propose chaque année, en collaboration avec le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et le Kaaitheater, une série de concerts qui rencontrent un public large et varié. Depuis 2003, l’ensemble est parallèlement en résidence à l’Opéra de Lille. Ictus a organisé quatre séminaires pour jeunes compositeurs et développé une collection de disques, riche déjà d’une dizaine de titres. La plupart des grandes salles et les plus importants festivals l’ont déjà accueilli (Musica Strasbourg, Witten, Brooklyn Academy of Music, le Festival d’Automne à Paris, Royaumont, Villeneuvelez-Avignon, Wien-Modern…). 13 de l’époque de la République de Weimar. Ce bouillonnement constitue un merveilleux vivier d’inspiration et de rencontres fructueuses. C’est ainsi que Kurt Weill fait la connaissance de l’écrivain Bertolt Brecht. Ensemble, ils adaptent un vieux texte anglais, L’Opéra du gueux de Gay, et en font le célèbre Opéra de quat’sous (1928 – Die Dreigroschenoper). Le succès est énorme. Kurt Weill et son librettiste empruntent alors la voie libre de la musique populaire. L’Opéra de quat’sous est découpé en songs (chansons). Chacun de ces songs possède son propre caractère – jazz, fox-trot, cabaret, chanson populaire... Ceci confère une forte identité aux personnages. L’opéra montre une bande de truands, autour desquels gravitent des prostituées, des mendiants, des policiers corrompus et des commerçants véreux. L’Opéra de quat’sous surprend par son originalité et son côté canaille, inédit sur une scène d’opéra. Enfin, le propos tient de la satire sociale, doublée d’une charge virulente contre la cupidité du capitalisme. La collaboration entre Kurt Weill et Bertolt Brecht se poursuit (Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny et Celui qui dit oui en 1930). Weill travaille avec d’autres dramaturges brillants. Mais il est rattrapé par la politique. Hitler prend le pouvoir en Allemagne en 1933, marquant un coup d’arrêt à l’euphorie artistique, malmenée depuis quelques temps déjà par les sympathisants nazis. Le compositeur fuit vers la France, puis les États-Unis en 1935, où son Opéra de quat’sous avait été adapté deux ans plus tôt. Comme auparavant, Kurt Weill s’attache les services de grandes plumes, que ce soit des auteurs de Biographies 12 Biographies Tom Waits Tom Waits naît le 7 décembre 1949 à Pomona, aux États-Unis. Son premier album, Closing time, sort en 1973. Ses albums suivants, The heart of Saturday night (1974), Nighthawks at the diner (1975), Small Change (1976), Foreign affairs (1977) et Heart attack and vine (1980) sont applaudis par la critique et trouvent leur public. Parallèlement, Tom Waits se lance dans le cinéma et dans l’écriture de musiques de film. Il signe notamment la musique de One from the heart de Francis Ford Coppola, qui sera nominée aux Oscars. En 1983, il enregistre Swordfishtrombones, sur lequel il expérimente des techniques d’enregistrement inhabituelles. Il fait des apparitions dans de nombreux films dont Rumble Fish, The Outsiders et The Cotton Club de Francis Ford Coppola. En 1988, il sort un film et un album sur un de ses concerts, Big time. En 1991, il joue dans le film The Fisher King de Terry Gilliam. L’année suivante, il enregistre l’album Bone machine et fait une apparition dans le film Bram Stoker’s Dracula de Francis Ford Coppola. En 1998, Beautiful maladies retrace son travail pour le label Island. L’année suivante, Tom Waits sort l’album Mule Variations. En 2002, il signe deux albums : Alice et Blood Money. Musique et nuit Livre publié par les Éditions Cité de la musique, 154 pages, 23 € Depuis son ouverture en 1995, la Cité de la musique a édité de nombreux ouvrages (collections pédagogiques, Musiques du monde, etc.). Elle souhaite développer encore sa politique éditoriale. En témoigne le lancement d’une collection dont le volume inaugural, Musique et nuit, fait écho à la série de concerts Nocturnes organisés du 29 avril au 12 juin. Une première partie de ce livre réunit des analyses musicales, la seconde des textes proprement littéraires. À un commentaire musicologique des Nocturnes de Chopin répond ainsi une méditation psychanalytique sur une expérience personnelle de la nuit. Avant-propos Dom Daniel Saulnier - Haec nox est Sandrine Blondet - Dichtung und Wahrheit Jean-Jacques Eigeldinger - Le piano nocturne, Chopin, Schumann Corinne Schneider - La symphonie nocturne de Tristan et Isolde Nicolas Donin - Blanches et transfigurées Didier Varrod - Retiens la nuit Pascal Anquetil - Jazz au bout de la nuit Yves Peyré - Travers de la nuit Catherine Millot - Rêve de réveil Gisèle Excoffon-Machayeki - Tonalités nocturnes dans la mystique chrétienne Françoise Benhamou - Retour vers l’obscurité, ou la gloire en-allée Pierre Chappuis - À pas de loup PROCHAINEMENT... NEW YORK NEW YORK VENDREDI 18 JUIN - 20H Ensemble Intercontemporain Synergy Vocals Peter Rundel, direction Œuvres de Conlon Nancarrow, Ron Ford, John Zorn, Steve Reich SAMEDI 19 JUIN - 20H Nigel Smith, baryton Patricia Petibon, soprano Le jeune chœur de Paris Laurence Equilbey, direction Maîtrise des Hauts-de-Seine Orchestre National d’Île-de-France David Levi, direction Leonard Bernstein Messe MARDI 22 JUIN - 20H MERCREDI 23 JUIN - 20H JEUDI 24 JUIN - 20H Lambert Wilson, chant Maria Laura Baccarini, chant Hélène Vincent, mise en scène Régis Huby, violon et arrangements musicaux Chansons de Roger & Hart, Ned Rorem, Charles Ives, Kurt Weill, Cole Porter, Alec Wilder, Leonard Bernstein, George Gershwin, John Kander et Samuel Barber. SAMEDI 26 JUIN - 20H DIMANCHE 27 JUIN -16H30 Ahmad Jamal, piano Idris Muhammad, batterie James Cammack, basse JEUDI 1ER JUILLET – 20H Orchestre National de Lyon Wayne Marshall, direction Œuvres de George Gershwin et Duke Ellington DIMANCHE 20 JUIN - 16H30 Big Band du Conservatoire de Paris Bill Holman, direction DU 23 JUIN AU 1ER JUILLET Bill Holman Transcriptions de standards de Thelonious Monk HOMMAGE À STEPHEN SONDHEIM 7 Comédies musicales filmées et documentaires Avec Stephen Sondheim, Leonard Bernstein et Bernadette Peters, Joanna Gleason, Tom Aldredge, Nathalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno, Mandy Patindin, Adrian Lester, Paul Bentley, Clara Burt… Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon - Rédacteur en chef : Pascal Huynh - Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Secrétaire de rédaction : Sandrine Blondet - Équipe technique Régisseurs généraux : Olivier Fioravanti - Régisseurs plateau : Eric Briault, Jean-Marc Letang - Régisseurs lumières : Marc Gomez - Régisseurs son : Bruno Morain, Didier Panier.