Cité de la m usique - Philharmonie de Paris

Transcription

Cité de la m usique - Philharmonie de Paris
Directeur général
Laurent Bayle
Cité de la musique
Président du Conseil d’administration
Jean-Philippe Billarant
NOCTURES II
Nuits blanches
Samedi 12 juin 2004
Vous avez la possibilité de consulter
les notes de programme en ligne,
2 jours avant chaque concert :
www.cite-musique.fr
Tom Waits a écrit deux opéras, dont l’un avec William
Burroughs. Opéras de la cour des miracles, traumatiques
de bout en bout. Ictus en présente des « arias » de concert,
avec le bluesman américo-belge Kris Dane. Filiation et
contraste avec des airs des opéras de Weill, période
allemande (de 1927 jusqu’à la guerre) et période
américaine (après 40). Au chant : Maria Husmann.
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Il n’y a pas d’histoire, il y a un moment : c’est une minute
avant. Avant la catastrophe, avant que l’élégant dandy ne
s’écroule sous l’effet de sa cirrhose, avant que la charmante
enfant ne jette son bébé à la Seine, avant que l’impeccable
capitaine ne déclenche le carnage, avant que le paquebot
ne coule. Tout cela très soigné, très mélodique, très
dansant. Très digne. C’est l’obsession contemporaine,
n’est-ce pas, dignity.
Avant-propos
Nuits blanches
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Pris en charge par les trois mêmes arrangeurs, lesquels ont
écrit pour le même « big band », les deux compositeurs se
retrouvent face à face sur le même territoire, légèrement
exilés de leurs terres natales. Territoire inédit fait de blues,
de musique contemporaine, de rock alternatif et de muzak.
Kurt Weill
Mackie Messer – extrait de Die Dreigroschenoper *
Samedi 12 juin 2004 - 20h
Salle des concerts
Jenny’s Song – extrait de Aufstieg und Fall der Stadt
Mahagonny **
Alabama Song – extrait de Aufstieg und Fall der Stadt
Mahagonny **
Waits/Weill
entracte
Tom Waits (1949)
Lucky Day Ouverture – extrait de The Black Rider *
Tom Waits
Hangs on St Christopher – extrait de Frank’s wild years **
Black Rider – extrait de The Black Rider *
Yesterday is here – extrait de Frank’s wild years **
It ain’t no sin – extrait de The Black Rider *
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Kurt Weill
Youkali – extrait de Marie Galante **
Way down in the hole – extrait de Frank’s wild years **
The Briar and the rose – extrait de The Black Rider ***
Tom Waits
I’ll shoot the moon – extrait de The Black Rider *
Russian Dance – extrait de The Black Rider ***
Frank’s Theme – extrait de Frank’s wild years ***
Kurt Weill (1900-1950)
Barbarasong – extrait de Die Dreigroschenoper *
Kurt Weill
Seeräuberjenny – extrait de Die Dreigroschenoper *
Polly’s Lied – extrait de Die Dreigroschenoper *
Fürchte dich nicht – extrait de Happy End ***
Surabaya Johnny – extrait de Happy End **
Complainte de la Seine ***
Tom Waits
Carnival – extrait de The Black Rider ***
Programme
Samedi 12 juin 2004 - 20h
Just the right bullets – extrait de The Black Rider **
Innocent when you dream – extrait de Frank’s wild years ***
Kurt Weill
My Ship – extrait de Lady in the dark ***
Nuits blanches
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Arrangements de François Deppe (*), Fabian Fiorini (**)
et Jean-Luc Fafchamps (***).
Kris Dane, voix pour Tom Waits
Maria Husmann, voix pour Kurt Weill
Ensemble Ictus
Dirk Descheemaeker, clarinette, saxophone
Dirk Noyen, basson
Philippe Ranallo, trompette
Michel Massot, tuba
Gerrit Nulens, percussion
Michaël Weilacher, percussion
Jean-Luc Plouvier, piano, clavier
Tom Pauwels, guitare
Eric E.T., guitare
Ludo Mariën, accordéon
Igor Semenoff, violon
Gery Cambier, contrebasse
Fabian Fiorini, direction
Tom Buwier, lumières et scène
Alex Fostier, son
Caroline Wagner, assistante au son
JAn Herinckx, régie de plateau
Durée du concert (entracte compris) : 2h30
Objets d’une soigneuse mise en lumière et en espace,
les concerts de l’ensemble Ictus sont l’exact reflet de
la démarche de cette iconoclaste formation dirigée par
Georges-Elie Octors, établie depuis 1994 à Bruxelles. Ictus
fait en effet partie de ces ensembles qui non seulement se
jouent des frontières entre les esthétiques et les chapelles
musicales, mais cherchent à tracer entre elles des ponts,
des perspectives et des lignes de fuite. À l’instar du Kronos
Quartet ou de l’Ensemble Modern, les musiciens d’Ictus
évoluent comme des poissons dans l’eau entre de multiples
courants, aussi à l’aise dans les chefs-d’œuvre du
minimalisme américain (In C de Terry Riley, Drumming
de Steve Reich) qu’avec les partitions de Martin Matalon,
Tristan Murail ou Heiner Goebbels.
Le spectacle Waits/Weill est, à ce titre, emblématique de la
volonté de l’ensemble d’opérer des rapprochements, de
révéler des connivences, des affinités électives. D’un côté,
les chansons de Tom Waits, figure culte qui, pour être issue
du rock (et du rauque), n’en a pas moins composé deux
opéras (dont l’un, The Black Rider, avec William
Burroughs). Américain tirant une partie de ses références
musicales du Vieux Continent, Waits a su créer autour de
sa personne un cabaret sauvage, hirsute et lettré, décalé et
populaire, faisant se télescoper les univers, entre Berlin et
New York. L’alliance avec, de l’autre côté, les songs de Kurt
Weill – dont Waits, par le passé, a repris le morceau What
Keeps Mankind Alive ? – tombait sous le sens. Qu’ils
proviennent des fameux opéras de la période allemande
ou plutôt de l’exil hollywoodien du compositeur, ces songs,
confrontés aux chansons à boire du grand Tom Waits,
révèlent des reliefs inattendus, sans qu’il soit besoin pour
cela de forcer exagérément sur les clichés du « cabaret ».
Des reliefs qui ont nécessité un travail d’arrangement
(transcription d’une part, réduction de l’autre) à la fois
sourcilleux et d’une grande liberté. Une dizaine de
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That’s the way – extrait de The Black Rider
Chansons à boire
Commentaires
Tom Waits
Black Box Theme – extrait de The Black Rider *
Nuits blanches
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Entretien avec Jean-Luc Plouvier (ensemble Ictus)
Sylvie Compère – Qu’est-ce qui a déterminé le choix
des deux compositeurs Tom Waits et Kurt Weill ?
Jean-Luc Plouvier – L’idée première était simplement :
jouer Kurt Weill. Voilà. Weill, le grand oublié parmi
les compositeurs qui ont marqué le XXe siècle. On cite
volontiers Stravinski, Boulez ou Schönberg, tous ceux qui
ont fait école et pour lesquels il est facile de démontrer une
légitimité historique. Ou alors Janacek ou Sibelius, pour
ceux qui aiment à écrire une histoire moins balisée – et
ils ont raison. Et puis Weill. Kurt Weill est un compositeur
que l’on désire, un OVNI magnifique, un musicien qui
a su forer la veine populaire avec la précision d’un savant.
Il s’agissait pour ce concert de lui penser une mise en
perspective, et de l’associer avec un compositeur vivant.
Nous avons pensé alors à Tom Waits dont la musique, par
bien des aspects, est un peu de la même veine. J’ai appris
plus tard que Kurt Weill est un de ses compositeurs favoris.
Tous deux ont en commun ce sens du décalage, l’art de
jeter le trouble dans l’harmonie, et le même rapport entre
sophistication et racine populaire. Et surtout, ils travaillent
les mêmes thèmes, les trois grands thèmes qui fondent la
vocalité populaire : la révolte sociale, la plainte amoureuse,
l’alcool. Cela est vrai pour Grandeur et décadence de la ville
de Mahagonny de Weill ou les chansons de Waits. Tous deux
ont sculpté un univers diamantin puisé dans la culture de
la rue.
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David Sanson
S. C. – Quelle sera la forme du concert ?
J.-L. P. – On a cherché des points de convergence dans
les thèmes et l’instrumentation.
Le concert sera plus proche d’un tour de chant que d’un
opéra, sans qu’il y ait à proprement parler d’action
dramatique. Malgré tout, les chansons seront structurées
par épisodes : un épisode sur les bordels et l’amour vénal,
un autre sur l’alcoolisme, un autre sur les chansons
d’amour inconditionnel…
Nous interprétons des chansons allemandes de Kurt Weill
extraites de Mahagonny et de L’Opéra de quat’sous, ainsi que
les « opéras » de Tom Waits, peu différents de ses chansons
si ce n’est qu’ils racontent une histoire : The Black Rider,
écrit avec l’écrivain beat américain William Burroughs, qui
était lui-même récitant lors de la création de l’opéra mis
en scène par Bob Wilson, et Frank’s wild years (sous-titré
« un operachi romantico in two acts ») avec une musique
d’inspiration plus contemporaine, plus éclatée au niveau
de l’instrumentation et des arrangements.
Sont également interprétées des chansons de Kurt Weill
de sa période américaine – ses vraies chansons maudites,
si l’on veut : les injustifiables slows hollywoodiens de Kurt
Weill – et, pour terminer le concert, les blues de Tom Waits
les plus swing.
Par le jeu des lumières, la présence de quelques lampadaires,
l’ambiance sera celle d’un salon de musiciens, ou d’une
salle de répétition plus ou moins intemporelle : rock 60’s,
rock 70’s, on ne sait pas trop. Il s’agit de prendre ses
distances avec l’évocation anecdotique et racoleuse des
cabarets berlinois, les voix enfumées, les jarretelles, toute
cette fascination fétichiste.
Les deux répertoires sont travaillés par les trois mêmes
arrangeurs, dont deux musiciens d’Ictus – François Deppe
et Jean-Luc Fafchamps – et Fabian Fiorini, pianiste du
groupe de jazz Aka Moon. Fiorini dirigera quelques
morceaux à la manière d’un big band de jazz, avec une
gestique, disons, à la Count Basie. Les œuvres de Kurt
Weill sont arrangées pour le même effectif que celles
Commentaires
musiciens, un bluesman et une chanteuse : quoi qu’il en
dise, l’ensemble Ictus risque bien de se rapprocher du
« grand art ».
S. C. – En ressortira-t-il une seule couleur musicale ou
plutôt deux styles différents ?
J.-L. P. – Le rapport à l’harmonie est étrangement le même
chez les deux compositeurs, une harmonie tonale pervertie,
poussée à sa limite non pas par un chromatisme expressif,
mais par un savant désordre, des contradictions dans les
basses ou les voix médianes… toute une subtile insolence,
sans l’air d’y toucher… le désordre des fanfares mal
accordées, des chansons d’ivrognes, des musiciens
amateurs. C’est ce versant de la modernité qui se refuse à
reconsidérer les fondations, et préfère les mettre de travers.
C’est une poésie diagonale, elle parle de vies boiteuses et
d’amours défaits : on n’a pas le cœur, on n’a pas le temps,
d’y attaquer frontalement le grand art. Et pour nous,
musiciens, ça marche d’ailleurs beaucoup mieux quand,
finement, on défait un peu le tempo.
Propos recueillis par Sylvie Compère (Centre Culturel d’Amiens),
le 1er mars 2002.
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Commentaires
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Nuits blanches
de Tom Waits, avec les mêmes instruments, et amplifiées
de la même manière, c’est-à-dire une amplification légère
qui favorise la voix.
Les chanteurs, eux, sont différents. Pour Tom Waits, on a
choisi Kris Dane, un chanteur flamand de tradition blues,
assez proche de Prince et du funk américain, capable de
chanter en voix de tête aussi bien qu’en voix de basse.
Maria Husmann viendra interpréter Kurt Weill. Proche
de l’assistant de Brecht au Berliner Ensemble, dont elle
détient les clefs de la tradition, elle est très attentive au
travail de la langue, à la signification des textes et à la
dramaturgie. Elle nous suit totalement dans le projet
d’extraire l’œuvre de Weill de son contexte anecdotique
« République de Weimar » et de le « mettre en situation »,
disons, aux côtés de la culture rock et de la musique
contemporaine.
Kurt Weill
Kurt Weill naît en 1900. Fils de
chantre, il acquiert une solide
formation musicale, notamment
avec le compositeur Ferruccio
Busoni. Très jeune, il est attiré
par l’opéra et les textes de
qualité. Durant les années 20,
l’opéra allemand est animé
d’une forte vitalité. Les jeunes
auteurs sont nombreux
et possèdent une créativité
débridée, caractéristique
théâtre (Maxwell Anderson)
ou des piliers de la comédie
musicale de Broadway (Ira
Gershwin, Alan Jay Lerner).
Avec Lady in the Dark (1941)
et One Touch of Venus (1943),
il parvient à toucher un large
public. Il réalise ainsi son
ambition de tirer vers le haut le
théâtre musical américain. Kurt
Weill permet au théâtre musical
d’annexer de nouveaux
territoires en traitant de
situations politiques ou sociales.
Le sommet américain de Weill
est ainsi Street Scene (1947), qui
trouve ses doubles fondations
dans le théâtre musical et dans
l’opéra. Bien plus tard, des
continuateurs comme Leonard
Bernstein ou Stephen Sondheim
emprunteront cette voie, plus
loin encore, comme instrument
d’introspection de l’âme
humaine. Kurt Weill s’éteint
prématurément en 1950. Issu
du monde de la musique
savante européenne, il aura
énormément apporté à la fois
à l’opéra de l’Ancien Monde et
au théâtre musical du Nouveau
Monde. Il a été le contemporain
de Richard Strauss et d’Alban
Berg en Europe, il a fréquenté
Alan Jay Lerner (le futur
librettiste et parolier de My Fair
Lady). Les événements
historiques avaient
momentanément jeté dans
l’ombre sa période berlinoise.
Désormais, son œuvre entière
est sortie du purgatoire. Elle
peut être considérée comme un
pont historique entre les deux
genres majeurs du théâtre
musical du XXe siècle.
Kris Dane
Kris Dane a commencé sa
carrière par un étonnant disque
de rock, semant autour de lui
une rumeur de respect intrigué.
Fe is a Male Mystic, entièrement
composé, joué, chanté et produit
par lui, alignait treize chansons
âpres et impeccables, d’une
nudité qu’osent peu de jeunes
artistes. On le compara
immédiatement à Jeff Buckley,
puis à Prince : d’emblée, il avait
sauté hors du territoire
provincial du rock belge. Un
second album en 1999 (Boy, 26)
et une intense expérience de la
scène internationale ont depuis
lors consolidé son parcours qui
s’est doublé d’un chemin plus
aventureux : avec le trio de jazz
Aka Moon, d’abord
(un légendaire hommage à Jeff
Buckley en 1988, à l’Opéra
de la Monnaie à Bruxelles), puis
avec Philippe Boesmans et Luc
Bondy (dans l’opéra Le Conte
d’Hiver), et aujourd’hui, avec
Ictus.
Maria Husmann
Née à Flensburg, en Allemagne,
elle débute à 14 ans au Théâtre
municipal de Flensburg avant
d’étudier le lied (notamment
avec Aribert Reimann) et la
pédagogie à l’École supérieure
de Musique de Hambourg.
À 22 ans, elle fait ses débuts
dans le rôle de Barberine dans
Les Noces de Figaro à l’Opéra de
Hambourg, où elle est ensuite
engagée. De 1980 à 1986, elle est
membre de l’Opéra de Stuttgart.
Elle y interprète notamment le
rôle de Susanne dans Les Noces
de Figaro mises en scène par
Peter Zadek, sous la direction
de Dennis Russel-Davies. Maria
Husmann a collaboré avec
Dieter Dorn, Achim Freyer,
Götz Friedrich, Kurt Horres,
Günter Krämer, Jean-Louis
Martinoty, Giancarlo del
Monaco, Peter Palitzsch…
Depuis 1986, elle exerce comme
artiste indépendante,
principalement pour des œuvres
contemporaines : Die Soldaten
(Bernd Aloïs Zimmermann),
Lulu (Alban Berg), Johnny
spielt auf (Ernst Krenek),
Gespenstersonate (Aribert
Reimann) et Dantons Tod
(Gottfried von Einem). Depuis
1992, Maria Husmann
développe des programmes
thématiques de musique
contemporaine en collaboration
avec le metteur en scène Peter
Palitzsch. En 1993, elle débute
au théâtre dans Baal de Brecht
avec le Berliner Ensemble.
En 1998/99, elle interprète un
programme de lieder brechtiens
avec Volker Spengler et Simon
Stockhausen (musique
électronique en direct) et
participe à L’Opéra seria de
Florian Gassmann sous la
direction de René Jacobs.
Au cours de la saison 1999/00,
Maria Husmann est Jenny dans
Mahagonny et débute à la Scala
de Milan dans Capriccios de
György Kurtág. Maria Husmann
travaille activement avec les
compositeurs George Crumb,
Philip Glass, Peter Michael
Hamel, Hans-Werner Henze,
György Kurtág, Aribert
Reimann, Hans Zender et
donne des concerts avec,
notamment, Claudio Abbado, le
Scharoun-Ensemble, l’Ensemble
Intercontemporain, le Nash
Ensemble de Londres,
l’Orchestre philharmonique de
Munich, l’Orchestre de jeunes
Gustav Mahler, l’orchestre
du Gewandhaus de Leipzig,
la Staatskapelle de Dresde.
Ictus
Ictus est un ensemble
de musique contemporaine
installé depuis 1994 à Bruxelles
dans les locaux de la compagnie
de danse Rosas. Sa
programmation comporte
différents artistes et projets qui
couvrent un très large spectre
stylistique (d’Aperghis à Reich,
de Murail à Tom Waits), mais
chacun de ses concerts propose
une aventure d’écoute cohérente :
concerts thématiques
(la transcription, le temps
feuilleté, le nocturne, l’ironie,
musique et cinéma, Loops...),
concerts-portraits (Jonathan
Harvey, Fausto Romitelli,
Toshio Hosokawa...), concerts
commentés, productions
scéniques (opéras, ballets, tours
de chant). Ictus propose chaque
année, en collaboration avec
le Palais des Beaux-Arts de
Bruxelles et le Kaaitheater,
une série de concerts qui
rencontrent un public large et
varié. Depuis 2003, l’ensemble
est parallèlement en résidence
à l’Opéra de Lille. Ictus a
organisé quatre séminaires pour
jeunes compositeurs et
développé une collection
de disques, riche déjà d’une
dizaine de titres. La plupart
des grandes salles et les plus
importants festivals l’ont déjà
accueilli (Musica Strasbourg,
Witten, Brooklyn Academy of
Music, le Festival d’Automne
à Paris, Royaumont, Villeneuvelez-Avignon, Wien-Modern…).
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de l’époque de la République
de Weimar. Ce bouillonnement
constitue un merveilleux vivier
d’inspiration et de rencontres
fructueuses. C’est ainsi que
Kurt Weill fait la connaissance
de l’écrivain Bertolt Brecht.
Ensemble, ils adaptent un vieux
texte anglais, L’Opéra du gueux
de Gay, et en font le célèbre
Opéra de quat’sous (1928 – Die
Dreigroschenoper). Le succès est
énorme. Kurt Weill et son
librettiste empruntent alors
la voie libre de la musique
populaire. L’Opéra de quat’sous
est découpé en songs (chansons).
Chacun de ces songs possède
son propre caractère – jazz,
fox-trot, cabaret, chanson
populaire... Ceci confère une
forte identité aux personnages.
L’opéra montre une bande de
truands, autour desquels
gravitent des prostituées, des
mendiants, des policiers
corrompus et des commerçants
véreux. L’Opéra de quat’sous
surprend par son originalité et
son côté canaille, inédit sur une
scène d’opéra. Enfin, le propos
tient de la satire sociale,
doublée d’une charge virulente
contre la cupidité du
capitalisme. La collaboration
entre Kurt Weill et Bertolt
Brecht se poursuit (Grandeur
et décadence de la ville de
Mahagonny et Celui qui dit oui
en 1930). Weill travaille avec
d’autres dramaturges brillants.
Mais il est rattrapé par la
politique. Hitler prend le
pouvoir en Allemagne en 1933,
marquant un coup d’arrêt à
l’euphorie artistique, malmenée
depuis quelques temps déjà
par les sympathisants nazis.
Le compositeur fuit vers
la France, puis les États-Unis
en 1935, où son Opéra de
quat’sous avait été adapté
deux ans plus tôt. Comme
auparavant, Kurt Weill s’attache
les services de grandes plumes,
que ce soit des auteurs de
Biographies
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Biographies
Tom Waits
Tom Waits naît le 7 décembre
1949 à Pomona, aux États-Unis.
Son premier album, Closing time,
sort en 1973. Ses albums
suivants, The heart of Saturday
night (1974), Nighthawks at the
diner (1975), Small Change
(1976), Foreign affairs (1977)
et Heart attack and vine (1980)
sont applaudis par la critique
et trouvent leur public.
Parallèlement, Tom Waits se
lance dans le cinéma et dans
l’écriture de musiques de film.
Il signe notamment la musique
de One from the heart de Francis
Ford Coppola, qui sera nominée
aux Oscars. En 1983, il
enregistre Swordfishtrombones,
sur lequel il expérimente des
techniques d’enregistrement
inhabituelles. Il fait des
apparitions dans de nombreux
films dont Rumble Fish, The
Outsiders et The Cotton Club de
Francis Ford Coppola. En 1988,
il sort un film et un album sur
un de ses concerts, Big time.
En 1991, il joue dans le film
The Fisher King de Terry
Gilliam. L’année suivante, il
enregistre l’album Bone machine
et fait une apparition dans le
film Bram Stoker’s Dracula de
Francis Ford Coppola. En 1998,
Beautiful maladies retrace son
travail pour le label Island.
L’année suivante, Tom Waits
sort l’album Mule Variations.
En 2002, il signe deux albums :
Alice et Blood Money.
Musique et nuit
Livre publié par les Éditions Cité de la musique, 154 pages, 23 €
Depuis son ouverture en 1995, la Cité de la musique a édité de
nombreux ouvrages (collections pédagogiques, Musiques du monde, etc.).
Elle souhaite développer encore sa politique éditoriale.
En témoigne le lancement d’une collection dont le volume inaugural,
Musique et nuit, fait écho à la série de concerts Nocturnes organisés
du 29 avril au 12 juin.
Une première partie de ce livre réunit des analyses musicales, la seconde
des textes proprement littéraires. À un commentaire musicologique des
Nocturnes de Chopin répond ainsi une méditation psychanalytique sur
une expérience personnelle de la nuit.
Avant-propos
Dom Daniel Saulnier - Haec nox est
Sandrine Blondet - Dichtung und Wahrheit
Jean-Jacques Eigeldinger - Le piano nocturne, Chopin, Schumann
Corinne Schneider - La symphonie nocturne de Tristan et Isolde
Nicolas Donin - Blanches et transfigurées
Didier Varrod - Retiens la nuit
Pascal Anquetil - Jazz au bout de la nuit
Yves Peyré - Travers de la nuit
Catherine Millot - Rêve de réveil
Gisèle Excoffon-Machayeki - Tonalités nocturnes dans la mystique chrétienne
Françoise Benhamou - Retour vers l’obscurité, ou la gloire en-allée
Pierre Chappuis - À pas de loup
PROCHAINEMENT...
NEW YORK NEW YORK
VENDREDI 18 JUIN - 20H
Ensemble Intercontemporain
Synergy Vocals
Peter Rundel, direction
Œuvres de Conlon Nancarrow, Ron Ford, John
Zorn, Steve Reich
SAMEDI 19 JUIN - 20H
Nigel Smith, baryton
Patricia Petibon, soprano
Le jeune chœur de Paris
Laurence Equilbey, direction
Maîtrise des Hauts-de-Seine
Orchestre National d’Île-de-France
David Levi, direction
Leonard Bernstein
Messe
MARDI 22 JUIN - 20H
MERCREDI 23 JUIN - 20H
JEUDI 24 JUIN - 20H
Lambert Wilson, chant
Maria Laura Baccarini, chant
Hélène Vincent, mise en scène
Régis Huby, violon et arrangements musicaux
Chansons de Roger & Hart, Ned Rorem, Charles
Ives, Kurt Weill, Cole Porter, Alec Wilder,
Leonard Bernstein, George Gershwin, John
Kander et Samuel Barber.
SAMEDI 26 JUIN - 20H
DIMANCHE 27 JUIN -16H30
Ahmad Jamal, piano
Idris Muhammad, batterie
James Cammack, basse
JEUDI 1ER JUILLET – 20H
Orchestre National de Lyon
Wayne Marshall, direction
Œuvres de George Gershwin et Duke Ellington
DIMANCHE 20 JUIN - 16H30
Big Band du Conservatoire de Paris
Bill Holman, direction
DU 23 JUIN AU 1ER JUILLET
Bill Holman
Transcriptions de standards de Thelonious Monk
HOMMAGE À STEPHEN SONDHEIM
7 Comédies musicales filmées et documentaires
Avec Stephen Sondheim, Leonard Bernstein et
Bernadette Peters, Joanna Gleason, Tom
Aldredge, Nathalie Wood, Richard Beymer,
Russ Tamblyn, Rita Moreno, Mandy Patindin,
Adrian Lester, Paul Bentley, Clara Burt…
Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon - Rédacteur en chef : Pascal Huynh - Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Secrétaire de rédaction : Sandrine Blondet - Équipe technique Régisseurs généraux : Olivier Fioravanti - Régisseurs plateau :
Eric Briault, Jean-Marc Letang - Régisseurs lumières : Marc Gomez - Régisseurs son : Bruno Morain, Didier Panier.

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