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© Février IB 163F142009 Alzheimer et alimentation Les personnes atteintes d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence perdent petit-à-petit la capacité de préparer leurs repas, puis de manger et de boire de façon autonome. Il faut alors veiller à ce qu’elles mangent assez et de manière équilibrée. En gérant bien les repas quotidiens, les proches soignants les aident à apprécier les plaisirs de la table le plus longtemps possible. Celui qui à l’âge adulte un jour a dû se faire aider pour manger, sait à quel point on se sent démuni dans ce genre de situation. Situation d’autant plus délicate si on imagine des difficultés supplémentaires telles que: Je ne sais plus ce que je mange ; plus rien n’a de goût ; j’ai faim, mais je ne sais comment le dire; assis devant une assiette remplie de nourriture, je ne sais pas par quel bout commencer. Une personne atteinte de démence peut se trouver devant de telles difficultés. Elle perd peu à peu son autonomie et la maladie peut provoquer certains troubles qui compliquent la prise de nourriture et de boisson : se lève sans arrêt ou mange très lentement. ▲ La personne est dépressive et n’éprouve plus de plaisir à manger. ▲ Des problèmes physiques peuvent entraver une bonne alimentation, par exemple des douleurs en mastiquant ou en avalant. C’est surtout à un stade avancé de la démence que des troubles de déglutition peuvent apparaître et devenir très problématiques, car le malade peut risquer l’étouffement. ▲ La personne atteinte a besoin de bouger constam- ▲ A cause de ses problèmes cognitifs, le malade a de plus en plus de peine à exécuter des tâches courantes comme faire les achats, cuisiner ou dresser la table. Il risque donc de cuisiner et de manger moins, ou toujours la même chose. ▲ Il ne parvient plus à exprimer sa faim et sa soif. Ou bien, il ne sait plus s’il a déjà mangé. ▲ Les sens de l’odorat et du goût se sont altérés. ▲ Le malade a de la peine à manger sans aide : il ne reconnaît plus les aliments ou ne sait plus utiliser les couverts. ▲ Son comportement s’est modifié. Il a oublié com- ment et l’apport calorique journalier est alors insuffisant. Faute d’une alimentation suffisante et équilibrée, une personne atteinte de démence risque de souffrir de malnutrition et de problèmes de santé. Cela dit, manger et boire correctement est important non seulement pour le corps, mais aussi pour l’âme. Tout le monde connaît le plaisir de humer et de déguster un plat appétissant et la joie de le partager avec d’autres personnes. Les repas pris en commun dans une ambiance conviviale renforcent le sentiment d’appartenance et de sécurité – il en est de même pour les personnes atteintes de démence. Maintenir le plaisir de manger et boire ensemble est d’autant plus important mais peut aussi représenter un défi de taille. ment se tenir à table, se laisse facilement distraire, 1 © Février 2009 Manger et boire suffisamment et avec plaisir: Conseils utiles Comment s’assurer qu’une personne atteinte de démence mange assez ? Comment gérer les difficultés croissantes qui accompagnent la prise de nourriture ? Les conseils ci-après vous aideront à cerner les problèmes et à les résoudre au mieux. La plupart du temps, il suffit de peu de chose pour stimuler l’appétit : une bonne odeur, un plat préféré, la préparation en commun sont autant de sources de plaisir. Essayez donc – dans la mesure du possible – de transformer les repas quotidiens en moments agréables. ▲ Pour ouvrir l’appétit, rien de tel qu’une promenade en plein air. L’autonomie au repas Les gestes à faire pour manger peuvent dépasser les capacités du malade : il n’a plus idée de ce qu’il doit faire et/ou ne sait plus manier les couverts. Aidez-le, mais de manière à ce qu’il parvienne à manger de façon aussi autonome que possible. Cela favorise son indépendance et son estime de soi. ▲ Dressez la table avec goût et simplicité. Eliminez les objets superflus et les sources de distraction sonores ( radio, télévision, brouhaha, etc. ). Veillez à un bon éclairage. ▲ Choisissez des assiettes et des nappes unies ou avec des dessins très discrets, afin que les aliments soient bien visibles et reconnaissables. ▲ Des repas à heures fixes structurent la journée et aident le malade à s‘orienter dans le temps. ▲ Associez-le à la préparation du repas en lui attri- ▲ Mangez avec le malade et donnez-lui la possibilité de vous imiter. Nommez chaque aliment se trouvant dans l’assiette. buant des tâches simples. Cette collaboration demande certes de la patience, mais elle est gratifiante pour le malade et pour le proche. ▲ Prévoyez du temps et ayez de la patience quand le ▲ Faites-vous parfois livrer le plat principal. Le temps ▲ Ne présentez que les mets qui doivent être man- ainsi gagné vous permettra de préparer ensemble l’entrée ou le dessert. malade essaie de faire tout seul. gés au moment même. ▲ Découpez les aliments si nécessaire. ▲ Cuisinez ses mets préférés ou des plats d’autrefois. ▲ La personne arrivera peut-être plus facilement à ▲ Les personnes atteintes de démence montrent une nette préférence pour les douceurs. Prévoyez des plats sucrés au menu. ▲ On mange aussi avec les yeux : présentez les mets se servir d’une cuillère. Un rebord d’assiette amovible en plastique l’aidera à garder les aliments dans son assiette. ▲ Expliquez à la personne ce qu’elle doit faire. de façon bien visible et appétissante. ▲ Aidez-la pas à pas, en piquant les premières bou▲ Si la personne est agitée et manque d’appétit, ser- vez-lui des petites portions et proposez-lui des encas entre les repas. 2 chées sur la fourchette ou en dirigeant la fourchette vers sa bouche. Cela stimule à continuer sans aide. © Février 2009 « Finger food » ou manger-mains Il peut s’avérer plus facile pour un malade de manger avec les doigts ; il le fera peut-être spontanément. Dans ce cas, préparez ses aliments sous forme de bouchées pouvant être saisies avec les doigts ( finger food en anglais ) : bâtonnets de légumes, morceaux de fruits, rondelles de saucisson, croquettes de pommes de terre, bâtonnets de poisson, etc. Pour le malade, manger avec les mains stimule les sens et l’appétit et lui procure une certaine autonomie. Y penser peut aider les proches à mieux accepter cette manière de faire. Il n’est pas rare que par la suite le malade se serve à nouveau des couverts, raison pour laquelle il faut toujours les laisser sur la table. Comportement difficile à table Il arrive que la démence altère le savoir faire à table et que la personne atteinte de démence ne sache plus se tenir: par exemple, elle mange en se salissant ou en faisant du bruit, elle est agitée et se lève fréquemment. Pour ces raisons beaucoup de proches renoncent à aller chez des amis ou au restaurant avec le malade. Le retrait social renforce l’isolement. Il faut essayer de continuer autant que possible de participer à la vie sociale ! Boire suffisamment… La déshydratation risque de créer ou d’aggraver un état confusionnel. Il est inutile de faire des recommandations à l’avance, elle va l’oublier aussitôt. Trouvez plutôt des astuces pour l’inciter à s’hydrater : ▲ Mettez ses boissons préférées à portée de main. Offrez-lui régulièrement une boisson. Buvez et trinquez avec elle. ▲ Utilisez des verres et des tasses ergonomiques. ▲ Perpétuez des habitudes qui lui sont chères, comme par exemple un verre de vin ou de bière au repas. Vérifiez la compatibilité de l’alcool et des médicaments avec le médecin ou servez du vin et de la bière sans alcool. ment. Acceptez cet état de fait et n’utilisez pas de mesure éducative. … et bien manger Les malades ont besoin d’une alimentation normale et équilibrée. Celles qui sont particulièrement actives ont besoin d’un apport calorique supplémentaire. Mais chez les personnes atteintes d’une démence frontotemporale, la maladie peut perturber le sentiment de satiété. Le malade ne sent plus quand il est rassasié ou a oublié qu’il vient de manger et se bourre d’aliments. Cette phase ne dure pas des années: elle disparaît en général au stade avancé de la maladie, et le patient aura plutôt tendance à perdre du poids. ▲ Avant le repas, informez discrètement les autres ▲ Si la personne bouge beaucoup et a donc besoin convives de la situation et demandez-leur de la compréhension. de manger plus, proposez-lui et mettez à portée de main de quoi grignoter entre les repas. ▲ N’empêchez pas le malade de se lever de table. ▲ Si la personne mange trop, servez-lui plusieurs Invitez-le à revenir et à poursuivre son repas et continuez tranquillement de manger. En général, il revient s’asseoir de lui-même. petits repas peu caloriques au lieu d’un grand repas principal. Si elle réclame à manger, offrez-lui des petits en-cas légers, p. ex. des fruits. Rangez les provisions hors de sa vue et incitez-la à bouger ou détournez son attention de la nourriture en lui proposant d’autres activités. ▲ Le malade ne peut pas changer son comporte- ▲ Emportez de quoi occuper le malade quand vous êtes de sortie. ▲ Au restaurant, placez-le de sorte qu’il ne soit pas directement exposé aux regards d’autres clients. ▲ En cas de forte prise de poids et de problèmes de santé, consultez le médecin. 3 © Février 2009 Carences alimentaires dues à la maladie Certaines maladies peuvent être à l’origine d’une nutrition insuffisante ou du refus de s’alimenter. Comme la personne touchée n’est souvent plus en mesure de faire part de ses problèmes de santé, il est très difficile pour le soignant de les identifier immédiatement comme tels. ▲ Le malade a-t-il des douleurs buccales causées par exemple par des aphtes ou une prothèse dentaire mal ajustée ? Veillez à ce qu’il ait une bonne hygiène bucco-dentaire et conduisez-le régulièrement chez le dentiste pour un contrôle. ▲ Est-il constipé, souffre-t-il d’une sensation de « trop plein » ? Veillez à ce qu’il bouge et boive suffisamment et privilégiez les aliments riches en fibres. Consultez le médecin pour déterminer l’origine de la constipation. ▲ Elle ne sait plus utiliser certains appareils. Même si le malade affirme cuisiner et manger régulièrement, cela ne signifie pas qu’il le fasse vraiment. Il se peut aussi qu’il ne s’en souvienne pas. ▲ Faites-vous votre propre opinion en rendant visite pour observer discrètement. Qu’achète-t-elle ? Comment cuisine-t-elle ? Que mange-t-elle ? ▲ Si elle n’arrive plus à faire les achats et à cuisiner seule, faites livrer des repas par un service spécialisé ou par un restaurant. Les Services d’aide et de soins à domicile peuvent également aider à la préparation des plats livrés ou précuisinés. ▲ Les repas pris en commun stimulent l’appétit : voyez si la personne peut manger en compagnie d‘une autre personne. Pourrait-elle prendre ses repas dans un centre d’accueil de jour ou dans un home ? ▲ A-t-il de la peine à avaler ? Les problèmes de déglu- tition apparaissent surtout au stade avancé de la maladie. Parlez-en au médecin. Situation des malades vivant seuls Les personnes atteintes de démence vivant seules courent un risque accru de ne pas manger et boire correctement. Elles ont de plus en plus de peine à accomplir les activités de la vie quotidienne : faire les achats, éplucher les légumes, cuisiner et dresser la table. Les tiers ne remarquent pas tout de suite ces difficultés, surtout au stade précoce de la maladie, ceci d’autant plus en l’absence de diagnostic. Il y a pourtant des signes indiquant qu’une personne s’alimente mal. ▲ La personne a fortement grossi ou maigri. Pour en savoir plus, consultez le médecin l’infirmière des Services d’aide et de soins à domicile d’autres proches soignants Croix-Rouge, Pro Senectute une diététicienne Téléphone Alzheimer : 024 426 06 06 lundi - vendredi, 8 - 12 h et 14 - 17 h ▲ Le frigo est vide ou il contient quantité d’aliments gâtés, voire moisis. La personne fait des achats de manière inappropriée: elle manque d’aliments de base ; en a beaucoup trop d’autres aliments ; ses armoires sont pleines de produits superflus. Rédaction : Jen Haas, Telefonteam der Schweizerischen Alzheimervereinigung. Ont collaboré à la réalisation de cette fiche d’information en tant qu’experts : Martha Favre-Krättli, Pflegefachfrau und Gerontologin Miryam Reiz, Pflegefachfrau, stellvertretende Teamleiterin im Alterspflegeheim Chlösterli, Unterägeri ZG. 4 Association Alzheimer Suisse Rue des Pêcheurs 8E 1400 Yverdon-les-Bains Tél. 024 426 20 00 Fax 024 426 21 67 [email protected] www.alz.ch