La situation des travailleurs dans les mines
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La situation des travailleurs dans les mines
LA SITUATION DES TRAVAILLEURS DANS LES MINES A - Les caractéristiques générales des enquêtés 1 - Le niveau d'instruction Le fort pourcentage d'orpailleurs n'ayant jamais été à l'école s'explique par le fait que : - le département de l'Atacora a depuis toujours eu un taux de scolarisation faible ; - le manque d'infrastructures ; - les grandes distances à parcourir pour se rendre à l' école ; - le niveau socio-économique de la population ; - l'importance accordée aux activités agro-sylvo-pastorales. 2 - Le sexe Malgré le caractère pénible de cette activité, les femmes s'y investissent pour des raisons d'ordre économique. Ce qui est contraire aux habitudes dans les sociétés traditionnelles où les femmes s'occupent du ménage et de l'éducation des enfants. Mais ce mythe est à son déclin et l'on peut affirmer sans ambages que les femmes autant que les hommes sont intéressés par le travail dans la mine. La femme est un être qui ne peut pas déployer autant de force que l'homme , or le travail minier nécessite beaucoup d'efforts. 3 - Age La tranche d'âge de moins de 15 ans et un âge inférieur à 18 ans sont une illégalité à la norme, car selon les dispositions de la recommandation n'124 OIT concernant l'âge minimum d'admission aux travaux souterrains dans les mines, l'objectif doit être un âge minimum de dix-huit (18) ans. De notre enquête, il ressort que la presque totalité des enfants rencontrés sur le site suivent leurs parents et travaillent pour le compte de ces derniers. Le travail des enfants de moins de 18 ans _doit être proscrit sur le site de Perma car la mine constitue un secteur d'activité très dangereux. 1 B - Les conditions de travail Le principal écueil est l'inapplication des textes en vigueur. Ceci vient du fait que le Bénin n'a pas encore organisé le secteur minier artisanal. Il a donc pour implication l'absence de suivi médical des travailleurs miniers dans le placer de Penna. Nos discussions porteront sur la durée journalière du temps de travail et la pause, sur les facteurs gênants du milieu de travail et enfin sur les types d'outils utilisés. 1- Durée Journalière du temps de travail et pause Les mineurs travaillent six (06) jours sur sept (07) et parfois"même les dimanches. Ceci vient à contrario des dispositions de l'Encyclopédie Dalloz Sciences sociales II G à Z qui fixe la durée hebdomadaire de présence dans la mine à 38 heures 40 minutes soit une durée journalière de 7 heures quarante quatre minutes. L'explication qu'on peut donner à cette durée excessive dérive de la nature de l'activité minière. En effet, les travailleurs poussés par le gain à court terme, oublient leur état de santé qui s'en ressent assez dangereusement. S'agissant de la pause, nous constatons que seulement 72 sujets de l'effectif (68,572 %) observent un arrêt de travail. Chaque individu s'aménage une pause, c'est-àdire une interruption de travail, soit pour raison de repos ou de relais. L'absence de pause est préjudiciable à la santé des travailleurs. 2- Facteurs gênants Au nombre de ceux-ci, nous pouvons citer, l'espace de travail, l'environnement malsain, l'absence de cabinet d'aisance, l'absence d'aération, l'ambiance sonore inadéquate, l'insécurité etc. Les orpailleurs reconnaissent l'utilité des équipements individuels de protection qui pourront amoindrir les risques encourus. Tous ces facteurs de nuisance recensés rendent périlleux le travail minier dans le placer. 3- Types d'outils Les outils recensés ne sont pas adaptés au travail minier, vu que celui-ci nécessite de la force et des procédés types pour l'extraction et l'exploitation de l'or. A chaque type d'activité correspond des outils ou matériels donnés. Il urge de préciser que la non observation des réglementations de travail, la présence de facteurs gênants au milieu de travail, l'inadaptation des instruments de travail sont à la base du déséquilibre humain. 2 L'aménagement inadéquat du poste de travail, la présence de facteurs gênants au milieu de travail et l'amélioration des conditions de travail prouvent qu'il y a un problème de sécurité à résoudre. Paragraphe 2 : Le poste de travail Il regroupe aussi bien les problèmes de santé que les problèmes socioéconomiques. A - Les problèmes de santé 1- Aspect oculaire D'après notre enquête, les mineurs ont révélé la conséquence directe de la fatigue visuelle à savoir : la mauvaise vision. Cette fatigue visuelle s'accompagne souvent de maux de tête, de migraine, de rhum. Cette gêne se justifie par le degré d'empoussièrage, les mauvaises conditions de travail, et la non utilisation d'équipements de travail, c'est-à-dire l'absence de port de lunettes. 2- Aspect musculaire Le physique, le mental, le psychique concourent à un état de bien-être du travailleur. Tous ces troubles proviennent de divers facteurs à savoir : l'inobservation de pause, l'adoption d'une position figée, le déploiement de force et l'absence de tenue de travail. 3- Aspect accidentel L'analyse qui est faite de ces résultats est la non adaptation ou la vétusté des outils utilisés et surtout la non protection des mineurs. Ils ne portent ni gants, ni bottes. L'analyse des résultats de l'enquête effectuée sur le placer de Perma et les discussions qui en découlent, nous ont permis de constater d'une part que le secteur minier artisanal n'est pas organisé et d'autre part que la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité du travail est battue en brèche. Ce constat confirme celui fait dans la "Revue Internationale du Travail, 1986 dans la rubrique : sécurité et organisation du travail dans les mines d'or de l'Afrique du Sud". Les entretiens de l'auteur avec les mineurs noirs travaillant dans les mines d'or sud-africaines et choisis pour constituer un échantillon représentatif montrent que la sécurité est battue en brèche par l'autorité despotique exercée sur la production par les porions blancs. Il est donc important de proposer des solutions en vue de l'amélioration des conditions de travail des mineurs dans le placer de Penna. 3 B - Impacts socio-économiques En dépit des problèmes de santé, l'exploitation artisanale de l'or sur le site aurifère de Penna bien qu'étant sans réglementation a eu des conséquences sur la vie des exploitants. L'orpaillage a donc tout de même un impact positif. Il a permis l'amélioration de l'habitat, la construction des infrastructures telles que les écoles, l'occupation d'une bonne partie des jeunes sans emploi et des femmes, l'accroissement des revenus, l'augmentation de la population active, le développement des villages environnants etc. Sur le plan des conséquences néfastes, l'exploitation artisanale des gisements d'or et la forte concentration humaine dans la région entraînent entre autres, les problèmes ci-après - L'exploitation anarchique En effet, les gisements d'or de Perma ne sont soumis à aucune loi ou réglementation. - L'écrémage des gisements En effet, la méconnaissance des techniques et l'inadéquation des outils de travail entraînent un taux de récupération très faible. Plus de 40 % de l'or sont rejetés dans la nature par les orpailleurs.. - Des dommages écologiques . On observe un comblement des cours d'eau par les rejets de sable et de boue. L'usage incontrôlé de produits tels que le mercure et le cyanure peut entraîner l'empoisonnement des eaux. - L'absence de conditions d'hygiène et de sécurité En effet, les mineurs s'exposent à de graves risques à cause de l'inapplication de la législation et de la règlementation. - Des problèmes sociaux * L'insécurité caractérisée par : les conflits, les bagarres, la xénophobie, la dépravation des mœurs, le vol, les usages abusifs de stupéfiants, est le lot quotidien des orpailleurs. * La ruée vers l'or marqué par l'exode rural. 4 - Des problèmes économiques L'exploitation frauduleuse de l'or dans le placer de Perma est à l'origine de l'augmentation du coût de vie dans les localités d'où viennent les mineurs. 5