Une femme drôle - Passage du livre

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Une femme drôle - Passage du livre
Une femme drôle
GENCOD : 9782879297224
PASSAGE CHOISI
D'abord le nom
Le nom, par quel bout le prendre, le grand Z, le petit c ? Le Z de Zorro, Zouc et Zorro portent
des habits noirs, un Zorro qui serait non seulement Don Diego mais aussi Bernardo, le valet
sourd-muet, cette manière de hausser le sourcil, d'écarquiller les yeux, et le sergent Garcia.
Si Zorro est double, il suffit au pâle Don Diego de cacher à demi son visage sous le loup pour
devenir le justicier, Zouc est innombrable, et nul besoin de masque, elle s'éplucherait plutôt
comme un oignon sans que l'épluchage affecte en quoi que ce soit sa corpulence, elle porte
mille pelures, mille robes noires, mille robes semblables qu'elle enlève une à une, elle est
toujours pareille et changée du tout au tout. Comment se transformer à vue sans que rien ne
bouge, ni le vêtement, robe boutonnée sur le côté, collants opaques, chaussures moches, ni
la coiffure, les cheveux tirés en arrière, séparés par une raie au milieu à perpétuité ?
Le nom, par quel bout le prendre, le grand Z, le petit c qu'on prononçait petit k à l'école
primaire où les cancres dont Zouc écrivent coq-à-l'âne : coca l'âne, quand il n'est pas
question de coca et que l'âne c'est soi-même. Le moyen de s'en sortir est peut-être de faire
l'âne pour ne pas l'être par décret, assigné à l'écurie des mauvais sujets, obligé à la
métamorphose infamante. Le moyen de ne pas se faire prendre est de se métamorphoser de
son propre chef, sans attirail, sans rien qui dépasse dont on puisse se saisir. Être toujours
soi-même et jamais soi-même.
Zouc n'est pas Zouc.
INTERVIEW DÉCALÉE
1) Qui êtes-vous ? !
Les livres que j'ai écrits me composent autant que ma propre "biographie". Je suis ce que
mes livres m'ont fait devenir.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
Comment une artiste telle que Zouc (la grande "humoriste" des années 1970 et 1980) nous
fait affronter nos peurs, fait monter sur scène nos personnages, nos héros à nous, les
monstres et les fées de notre enfance.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
"Car je n'oublie pas Zouc en chemin, je ne noie pas le poisson Zouc, et elle n'est pas un
prétexte à mettre au jour les aventures familiales, leurs héros minuscules, bien au contraire :
elle les possède dans les grandes largeurs, elle les possède aussi par le menu, elle les revêt
de son habit noir, elle les plie sous son rire d'ogresse qu'elle retient dans sa gorge de petite
fille (ou le contraire), ainsi assouplis ils peuvent monter sur scène et se tenir sous la lumière."
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Pas une musique, mais des musiques, nombreuses, contrastés, violentes, très douces, des
éclats de Lady in Satin de Billie Holiday, des concertos italiens de Bach, des bribes de
chansonnettes...
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
L'envie de s'embarquer pour l'inconnu en ouvrant un livre.
REVUE DE PRESSE
Le Nouvel Observateur du 7 octobre 2010
Elle nous avait dit aussi combien elle avait besoin «d'exister dans la mémoire des autres».
Qu'elle se rassure, elle est inoubliable...
Aujourd'hui, dans un livre bref, la romancière Maryline Desbiolles paie sa dette à cette artiste
tragi-comique qui lui semble avoir été peinte à la fois par Holbein et Giacometti. Chez cette
femme «envahissante», l'auteur de «la Seiche» retrouve la drôlerie de ses mère et grand-mère
savoyardes. «Elle me manque», écrit-elle aussi. C'est fou, ce regret qu'on a tous d'elle, ce
besoin qu'on a de lui parler. Bonjour, très chère Zouc, j'espère que vous allez bien.
La Croix du 17 novembre 2010
Maryline Desbiolles n'isole pas une image ou un ensemble d'images de la dame en noir qui
jouait de sa voix et de ses mimiques, mais ne maniait «pas l'ironie, pas du tout, pas le rire
malin, mais sa violence». Elle insère cette figure devenue obsédante dans son histoire
familiale, tisse des fils, note des coïncidences, de lieux, de caractères, s'interroge sur son
propre travail d'écriture. Tous les sens doivent être en éveil. «La voix de Zouc est dans ma
bouche comme un gros fruit...» Aucune identité n'est stable, pas plus celle de l'humoriste
que celle de l'écrivain. «Entre Zouc qui n'est pas Zouc et moi qui n'est pas moi, je voulais
que rien ne vînt s'interposer...»
Libération du 9 décembre 2010
Maryline Desbiolles est à coup sûr une femme drôle. Non pas parce qu'elle a donné ce titre à
son dernier livre, mais parce qu'elle a tout compris des femmes drôles. Les femmes drôles
sont souvent de drôles de femmes. Et si Maryline Desbiolles n'est pas drôle, c'est possible et
ce n'est pas un défaut, au moins est-elle spirituelle. Au sens où elle sait apprécier l'humour,
même un peu noir, à fendre l'âme, à faire peur...
Quand Rabelais fait dire à Gargantua que «le rire est le propre de l'Homme», expression
reprise par Bergson, le H majuscule est une coquetterie. Une femme drôle était jadis
inconcevable, elle reste une incongruité. Loufoque. Imprévisible.
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