Les forces françaises au 1 janvier 1941

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Les forces françaises au 1 janvier 1941
Les forces françaises au 1er janvier 1941
En ce début d’année, les forces françaises combattent dans une situation historiquement peu
commune, exilées de l’essentiel de leur territoire national.
Haut Commandement
Sous l’impulsion du ministre de la Défense Nationale, le général de Gaulle, le gouvernement
a réorganisé à l’été et à l’automne 1940 les instances de direction de la conduite de la guerre.
Le gouvernement est conseillé dans la définition et la mise en œuvre de la conduite de la
guerre par un état-major de la défense nationale, composé d’un représentant de chaque arme,
respectivement le général Doumenc pour l’armée, l’amiral Castex pour la marine et le général
Mouchard pour l’armée de l’air.
L’ensemble des forces armées françaises sont sous la direction du chef d’état-major général
de la défense nationale et généralissime, le général d’armée Huntziger.
Le généralissime est assisté par un grand quartier général (interarmes) sous la direction du
major-général, le général Héring.
La préparation des unités et la conduite des opérations militaires sont, dans chaque arme, sous
la responsabilité d’un chef d’état-major général et commandant en chef, respectivement le
général Besson pour l’Armée de Terre, l’amiral Ollive pour la Marine Nationale et le général
Houdemon pour l’armée de l’air.
Armée de Terre
Origines
Les forces de terre françaises comprennent :
– une « Armée d’Afrique » très renforcée par une mobilisation à grande échelle de la
population nord-africaine, favorisée par la promesse d’attribuer la citoyenneté à la famille de
chaque enrôlé ;
– les forces françaises évacuées de Dunkerque et de Norvège ;
– les forces françaises évacuées de France métropolitaine jusqu’au mois d’août 1940.
Leur équipement ne peut plus provenir que des usines britanniques ou américaines, une fois
épuisés les matériels stockés en Afrique du Nord.
Structure
Globalement, l’armée s’est structurée en deux ensembles distincts : un corps de bataille,
regroupant les unités destinées au combat contre un adversaire de type européen doté de
matériels modernes, et donc en conséquence prioritaires dans les efforts de modernisation ;
une armée territoriale, regroupant les unités de souveraineté, police et occupation, les unités
en formation etc., dont l’encadrement et l’armement passent en second… et sont donc
déficients.
– Le corps de bataille, en janvier 1941, comprend 15 divisions d’infanterie, presque toutes à
base de troupes nord-africaines ou coloniales, et souvent sur un type “Montagne”. Il
comprend aussi de nombreuses unités non endivisionnées, parmi lesquelles une brigade de
fusiliers-marins, quatre demi-brigades de la Légion Etrangères, un groupement de
reconnaissance de corps d’armée et deux groupement d’infanterie de l’air.
D’autres unités sont en fin d’instruction et sur le point d’être intégrées au corps de bataille,
parmi lesquelles les deux premières divisions cuirassées.
Les unités du corps de bataille, souvent constituées à partir des unités de l’ancienne Armée
d’Afrique, sont progressivement transformées pour correspondre aux nouveaux tableaux
d’organisation et d’équipement.
La nouvelle division d’infanterie (DI) a été renforcée par rapport à celle de mai-juin 1940
(ajout de nombreux mortiers, apport d’un bataillon de chars d’infanterie de modèles
britanniques…) pour atteindre 17 000 hommes.
Les divisions d’infanterie de montagne (DIM), au tableau d’organisation allégé par rapport
aux DI (deux régiments d’infanterie ou demi-brigades de chasseurs au lieu de trois ; un seul
régiment d’artillerie, de type montagne, etc.), sont destinées à être engagées dans des terrains
peu propices aux mouvements motorisés.
Les nouvelles divisions cuirassées (DC) diffèrent légèrement des DCR de la campagne de
France, avec deux demi-brigades (soit quatre bataillons) de chars, deux régiments d’infanterie
portée, deux régiments d’artillerie tractée tout-terrain et des services. Elles comptent près de
13 000 hommes et alignent 180 chars (à cette date de petits M2A4 américains) et plus de 50
canons et obusiers.
Le nouveau groupement de reconnaissance de corps d’armée (GRCA) a radicalement changé
par rapport à ceux de mai-juin 1940 : avec plus de 200 automitrailleuses et camions, c’est une
unité puissante et très mobile.
Les demi-brigades de la Légion Etrangère (DBLE), formées à partir de plusieurs régiments
étrangers d’infanterie présents en Afrique et des nombreux volontaires étrangers évacués de la
métropole, sont tous repassés à la fin 1940 dans les centres d’instruction de la Légion pour
assurer la cohésion des unités.
Organisation et déploiement
Sous la direction du général Besson, chef d’état-major général de l’armée et commandant en
chef des forces terrestres françaises (CECFTF), les forces de l’armée française sont
essentiellement concentrées en Méditerranée.
Le théâtre d’opérations de Méditerranée Occidentale (TOMOcc)1, sous le commandement du
général Noguès, regroupe le Front Marocain (général François, avec 3 DI), le Front Tunisien
(général Poupinel, avec 2 DI), le Détachement d’Armée de Corse (général Montagne, avec 1
DI et le Secteur Défensif de Corse), le Détachement d’Armée de Sardaigne (général Audet,
avec 2 DI) et une DI en réserve.
Le théâtre d’opérations de Méditerranée Orientale (TOMOr), sous le commandement du
général Frère, comprend le Détachement d’Armée du Dodécanèse (général Beynet, avec une
DI et une brigade polonaise) et le Groupement Mobile des Forces du Levant (général Dentz,
avec 1 division).
Le Détachement d’Armée d’Afrique Orientale, avec une DI sous le commandement du
général Legentilhomme, dépend directement du commandant en chef.
Une réserve générale de 3 DI (de type montagne) est maintenue en AFN sous les ordres du
commandant en chef, prête soit à être engagée dans les actions offensives décidées par le
gouvernement, soit à renforcer un théâtre où l’ennemi ferait porter ses efforts.
Ordre de bataille de l’Armée de Terre française au 1er janvier 1941
NB – Ne sont citées dans ce document que les unités combattantes de taille équivalente ou
supérieure au régiment.
1 - Corps de bataille
sous le commandement du Chef d’état-major de la défense nationale et Généralissime
(général d’armée Huntziger)
1.1 - Détachement d’Armée d’Afrique Orientale (général de division
Legentilhomme)
1er RTS-CFS, 2e RTS-CFS, 1er RMM, 2e RMM
86e DIA (général de division Cazaban)
- 29e RTA, 1er RZ, 2e RZ
- 86e RAA (3 groupes de 12 x 75 chacun), 286e RALD (2 groupes de 12 x 155C chacun)
- 86e GRDI
1.2 - Théâtre d’Opérations de Méditerranée Occidentale (général d’armée
Noguès – chef d’état-major : général de division Verneau)
Détachement d’Armée de Corse (général de corps d’armée Montagne)
81e DIA (général de division Arlabosse)
- 218e RI, 1er RTA, 9e RTA
- 65e RAA (3 groupes de 12 x 75 mm chacun)
- 81e GRDI
Secteur Défensif de Corse (général de division Mollard)
- 363e DBI
- 373e DBIA
1
Nouveau nom de l’ancien TO AFN, depuis qu’il englobe la défense des îles de Méditerranée.
- batteries côtières du SD Corse
Eléments organiques : I/104e RALCA (12 x 155GPF)
Détachement d’Armée de Sardaigne (général de corps d’armée Audet)
83e DIA (général de division Vergez)
- 344e RI, 3e RTA, 7 e RTA
- 67 e RAA (2 groupes de 12 x 75mm chacun, 1 groupe de 12 x 155C)
9e DIC (général de division Pellet)
- 20e RIC, 4e RTS, 5e RTS
- 68e RAA (3 groupes de 12 x 75 mm chacun)
- 4e GRDI
Eléments organiques : II/104e RALCA (12 x 155GPF)
Front Marocain (général de corps d’armée François)
Unités déployées le long de la frontière du Maroc espagnol
1ère DM (général de division Tarrit)
- 1er RTM, 2e RTM, RICM
- 288e RAA (3 groupes de 12 x 75mm hippomobiles chacun)
2e DM (général de division Sevez)
- 323e RI, 4e RTM, 7e RTM
- RACM (3 groupes de 12 x 75 hippomobiles chacun)
Eléments organiques : 388e RAA (38 mortiers de 150 T)
Unités déployées en retrait, en réserve
3e DM (général de division Mordacq)
- 3e REI, 21e RZ, 6e RTS
- 63e RAA (3 groupes à 12 x 75 mm chacun)
- 380e RAA (2 groupes à 12 x 75 chacun, un groupe de 12 x 155C)
- GRDI : 2 escadrons motorisés du 2e REC
Eléments organiques : 106e RALCA (deux groupes à 12 x 155GPF chacun)
Front Tunisien (général de corps d’armée Poupinel)
88e DIA (général de division Mast)
- 257e RI, 10e RTS, 18e RTS
- 88e RAA (3 groupes à 12 x 75mm chacun)
- 88e GRDI
183e DIA (général de division Mordant)
- 23e RZ, 15e RTS
- 183e GRDI
- 380e RAP (1 groupe de 12 x 75 mm hippomobile; 1 groupe de 12 mortiers de 220 statique)
Réserve du Théâtre d’Opérations de Méditerranée Occidentale
180e DIA (général de division Séchet)
- 22e RZ, 5e RTA, 33e RTA
- 380e RALD (deux groupes de 12 x 75 chacun, un groupe de 12 x 155C)
108e RAL (deux groupes de 12 x 155 C L15 M1917 chacun)
1.3 - Théâtre d’Opérations de Méditerranée Orientale (général d’armée Frère –
chef d’état-major : général de division de Larminat)
Détachement d’Armée Dodécanèse (général de corps d’armée Beynet)
192e DIA (général de division Jeannel)
- 6 REI, 17 RTS, 10 DBNA
- 80e RANA (3 groupes de 12 x 75 hippomobiles chacun)
- 192e GRDI
Brigade Polonaise des Carpathes (général Kopanski)
- Deux RI (2 bataillons chacun)
- 2e groupe autonome d’artillerie polonaise (12 x 65 M)
Groupement Mobile des Forces du Levant (général de corps d’armée Dentz)
191e DIA (général de division Sarrade)
- 24e RMIC, 16e RTT, 12e RTT
- 41e RAC (trois groupes à 12 x 75 chacun)
- 191e GRDI
Eléments organiques : 352e RAL (2 groupes à 12 x 105 L36 chacun) et 149e RAL (2 groupes
à 12 x 155 L18 chacun)
1.4 - Réserve générale du GQG
3e DLIP (général Bohusz-Szusko)
- 7e RIP, 8e RIP
- 1er Groupe autonome d’artillerie mobile Polonais (12 x 75 mm tractés)
- 3e GRDI Polonais (un escadron motorisé à deux sections de 37 mm)
27e DIAlp (général de division Lhuillier)
- 24e DBCA
- 22e DBCA
- 92e RA (2 groupes à 12 x 65 M portés chacun, 1 groupe à 12 x 75M portés)
4e DMM (général de division Béthouart)
- Six groupements de goums marocains
- 64e RAA (2 groupes à 12 x 65M portés chacun, 1 groupe à 12 x 75M portés)
1ère DC (général de division Welvert) – sera déclarée officiellement opérationnelle mi-février
- 501e RCC, 503e RCC
- 7e RDP, 15e RDP
- 309e RATTT (2 groupes à 12 x 75 chacun), 322e RATTT (2 groupes à 12 x 75 chacun)
- GRDC (10e régiment cuirassé)
2e DC (général de division Bougrain) – non encore opérationnelle
- 521e RCC, 522e RCC
- 3e RCAP, 6e DBCP
- 305e RATTT (2 groupes de 12 x 75 chacun), deux RACT (2 groupes de 12 x 75 chacun)
- GRDC (4e RCA)
Infanterie de Marine
- Brigade de fusiliers marins (contre-amiral Jardel) : 4 bataillons
- Régiment d’artillerie de marine (1 groupe à 12 x 155 L55 M1932, 1 groupe à 12 x 155 L18)
Légion Etrangère
- 10e Demi-Brigade de la Légion Etrangère (colonel Girard) : 3 bataillons
- 11e Demi-Brigade de la Légion Etrangère (colonel Pablo) : 3 bataillons
- 13e Demi-Brigade de la Légion Etrangère (colonel Kœnig) : 3 bataillons
- 14e Demi-Brigade de la Légion Etrangère (colonel Moreno) : 3 bataillons
Infanterie de l’Air
- 601e GIA (Cdt Mayet)
- 602e GIA (Cdt Michel)
Réserve générale d’artillerie
- 105e RALCA (2 groupes à 12 x 155GPF chacun)
- 107e RAL (2 groupes à 12 x 155 C L15 M1917 chacun)
Réserve de cavalerie mécanisée de reconnaissance
- 6e GRCA (général Clouet des Perruches)
2 - Armée territoriale
sous le commandement du chef d’état-major de l’armée (général d’armée Besson)
Note – L’armée territoriale comprend de nombreux dépôts, bataillons servant de centres de
formations, unités de services ou non combattantes et unités de police, non cités ci-dessous.
Sont citées, d’une part, les unités du corps de bataille en cours de formation, d’autre part les
unités combattantes capables d’œuvrer dans une bataille défensive en cas d’invasion ennemie.
Ces dernières ont un armement ancien et souvent périmé, manquent pour la plupart d’armes
lourdes et ont un encadrement médiocre.
Commandement supérieur des Troupes du Maroc (général d’armée Olry)
- Division Territoriale Militaire de Fès (général de division Opperman)
- Division Territoriale Militaire de Marrakech (général de division Voirin)
6e BMLE (général de Mesmay) : unité du corps de bataille à l’instruction
- Division Territoriale Militaire de Meknès (général de division Bertin-Boussu)
1er GRCA (général du Bois de Beauchesne) : unité du corps de bataille à l’instruction
- Subdivision de Casablanca (général de division Verdillac)
3e DC (général Perré) : unité du corps de bataille à l’instruction
184e DIA : unité territoriale
- 38e RTA
- 8e RTM
XIXe Région Militaire Algérie (général d’armée René Altmayer)
- Division Territoriale Militaire d’Alger (général de division Aymé)
182e DIA : unité territoriale
- 1er REI, 11e RTS (III et IV)
- 182e RAA (2 groupes à 12 x 75 mm)
e
14 DI (général de division Gérodias) : unité du corps de bataille à l’instruction
- 5e RI, 21e RI, 50e RI
- 35e RA, 208e RALD
- GRDI
- Division Territoriale Militaire d’Oran (général de division Gillier)
29e DIAlp (général de division Duchemin) : unité du corps de bataille à l’instruction
181e DIA : unité territoriale
- 29e RZ, 13e RTS
- 181e RAA (1 groupe à 12 x 75 mm)
- Division Territoriale Militaire de Constantine (général de division François)
5e DC (général de la Font) : unité du corps de bataille à l’instruction
- Territoires de Ghardaïa
- Territoires du sud-est saharien : Aïn Sefra, Touggourt (général Boissau)
- Territoires des Oasis (général Delay)
Commandement supérieur des Troupes de Tunisie (général d’armée Blanc)
- Division Territoriale Militaire de Tunis (général de division Barrau)
10e DI (général de division Magnien) : unité du corps de bataille à l’instruction
- 6e RI, 152e RI, 3e DBC
- 61e RA, 204e RALD
- GRDI
- Division Territoriale Militaire de Bizerte (général de division Charbonneau)
2e GRCA (général Leyer) : unité du corps de bataille à l’instruction
- Division Territoriale Militaire de Sousse (général de division Deligne)
3e BMLE (général de brigade Jouffrault) : unité du corps de bataille à l’instruction
185 DIA : unité territoriale
- 32e RTT
Gouvernement Militaire de Libye (général d’armée Georges)
- Division Territoriale de Tripolitaine (général de division Bonnaissieux)
186e DIA : unité territoriale
- 36e RTA
- Territoire du Fezzan (général de brigade Husson)
- 18e RTS
Commandement supérieur des Troupes d’AOF (général de CA Noël)
- 1er RTS et 2e RTS
- Dakar (général de brigade Picard)
- 7e RTS
- 6e RAC
Commandement supérieur des Troupes d’AEF (général de CA Gransard)
- RTST
Commandement supérieur des Troupes de Madagascar, de la Réunion et
des Comores
Commandement supérieur des Troupes du Levant (général de CA Massiet)
- Commandement de la Marine du Levant (contre-amiral Carpentier)
- Commandement des Forces aériennes du Levant
- Commandement supérieur des Troupes de Syrie
- 1ère DBL, 2e DBL
- Commandement supérieur des Troupes du Liban
- 2e RTA, 3e DBL
- RACL
- 6e RCA
Indochine
- Gouverneur d’Indochine et commandant en chef (général d’armée Catroux)
- Commandant supérieur des Troupes d’Indochine (général de corps d’armée Martin)
- Chef d’état-major général de l’Indochine (général de brigade Alessandri)
- Commandant de la Marine en Extrême-Orient (vice-amiral Decoux)
- Commandant des Forces aériennes d’Indochine (colonel Devèze)
- Division du Tonkin (général de division Cazin)
- 19e RMIC, 9e RIC, 1er RTT, 3e RTT, 4e RTT, 5e REI
- 4e RAC
- Brigade d’Annam-Laos (général de brigade Bourdeau)
- 10e RIC
- Division de Cochinchine-Cambodge (général de division Rendiger)
- 11e RIC, RTA, RTC
- 5e RAC
Côte française des Somalis
- Commandant supérieur des troupes à Djibouti (général de brigade Legentilhomme)
Commandement supérieur des Troupes de Nouvelle-Calédonie
Commandement supérieur pour la Polynésie
Commandement supérieur pour les Antilles et la Guyane
Armée de l’Air
Structure et effectifs
Organisée sous le commandement du général d’armée aérienne Jean-Paul Houdemon,
l’Armée de l’Air est principalement déployée en Méditerranée, et plus particulièrement en
AFN où l’essentiel de ses effectifs s’est regroupé.
Les combats de la campagne de France (et, à un bien moindre degré, de la campagne de
Libye) ont été très coûteux en pertes humaines pour l’Armée de l’Air. Ces pertes ont été en
partie compensées en grande partie par les personnels évacués de France qui ont achevé leur
formation dans les centres d’instructions reformés en AFN, mais aussi par une utilisation plus
large de personnels étrangers (Belges, Tchécoslovaques ou Polonais, les pilotes expérimentés
ont été regroupés dans des groupes nationaux). La diminution du nombre d’équipages par
groupe (20 équipages en ligne et 3 en réserve par groupe au début de 1941 contre 24 et 6 au
printemps 1940) a aussi permis d’absorber la baisse des effectifs navigants en affichant un
nombre de groupes toujours important.
Suite aux évacuations parfois désordonnées de l’été 1940, certains de ses personnels se sont
retrouvés en Grande-Bretagne et, pour certains, ont participé à la bataille d’Angleterre dans
les rangs de la RAF. Ils sont encore sur place début 1941, sous le commandement du général
de brigade aérienne Paul Rozoy, chef de la mission aérienne française au Royaume-Uni.
A moyen terme, la question des effectifs reste un problème sérieux : si de nombreuses écoles
et autres centres d’instructions ont rouvert en AFN, la saturation des installations au sol, la
pénurie d’avions d’entraînement et d’instructeurs gêne l’instruction rapide et massive des
personnels disponibles ; le général Vuillemin, inspecteur de l’Armée de l’Air, explore de
nouvelles pistes en Amérique du Nord pour y délocaliser la formation initiale des équipages.
Par ailleurs, le recrutement de nouveaux personnels (qui doivent assurer les renforts en
personnels navigants à partir de mi-1942) reste très en deçà des attentes…
Les enseignements des combats de 1940 ont conduit à une évolution des structures des unités
de combat, réorganisées progressivement en escadres de deux ou trois groupes (comptant
chacun deux escadrilles, soit 20 appareils au total). Les matériels évacués de France côtoient
un nombre de plus en plus important d’appareils américains.
Organisation et déploiement
I. Zone d’Opérations Aériennes Méditerranée Occidentale (ZOA MédOcc)
Sous le commandement du général d’armée aérienne Roger Pennès, elle englobe les unités
opérant en Afrique du Nord, à Malte (avec la RAF), en Corse et en Sardaigne.
Le théâtre d’opérations a été découpé en régions aériennes, chacune sous la responsabilité
d’un général commandant de l’Air. Celui-ci a sous ses ordres les unités et établissements de
l’arrière (écoles, groupes en transformation et formation, dépôts etc)2 et des unités
combattantes lui sont attribuées par le général commandant la ZOA en fonction des
opérations. Le général de corps aérien François d’Astier de la Vigerie est commandant de
l’Air en Tunisie, le général de corps aérien Robert Odic est commandant de l’Air en Algérie,
le général de division aérienne Pierre Weiss est commandant de l’Air au Maroc, le général de
corps aérien René Bouscat est commandant de l’Air en Corse-Sardaigne et le général de
brigade aérienne Jean-Baptiste Laurens commande les forces aériennes françaises à Malte.
I.1. Chasse
2
Ce qui représente une grosse charge dans une armée en pleine réorganisation, sur un territoire qui ne disposait
pas des infrastructures nécessaires pour accueillir autant d’unités et de matériels.
- 6 Groupes ré-équipés en Hawk-81 (P-40A ou B) : GC I/4, II/4, III/4, I/5, II/5, III/5 – total :
120 avions opérationnels et environ 70 en dépôts. Déploiement : 4e Escadre (général de
brigade aérienne Romatet) à Malte, 5e Escadre (général de brigade aérienne Pinsard) autour de
Tunis et Bizerte.
- 9 Groupes volant encore sur Hawk-75 (P-36) : GC III/6, I/9 (premier groupe
tchécoslovaque), I/10 (premier groupe polonais), I/2, II/2, III/2, I/41, II/41 et III/41 (ces trois
derniers forment la 41e Escadre Belge) – total : 180 avions opérationnels et environ 140 en
dépôts. Les GC III/6, I/9 et I/10 passeront sur Hawk-81 avant la fin de février ou de mars
1941, les I/41, II/41 et III/41 doivent suivre au printemps. Déploiement : 2e Escadre (colonel
Lamon) en Sardaigne, à Cagliari-Elmas et Villacidro, Groupe I/9 à Tripoli, Groupe I/10 à
Casablanca et les autres groupes à Alger-Maison Blanche.
- 6 Groupes volant sur Dewoitine D-520 (à différents stades de la mise au standard 520M) :
GC I/3, II/3, III/3, II/6, II/7, III/7 – total 120 avions opérationnels et environ 100 en dépôts.
Déploiement : 3e Escadre (colonel de Moussac) à Solenzara (Corse), Groupe II/6 à CalviSainte-Catherine (Corse), 7e Escadre (colonel Dumènes) avec les II/7 et III/7 à Oran-La Sénia.
- 2 Groupes de chasse lourde, GC I/13 et II/13, volant sur Potez-631, peu à peu remplacés par
des Glenn-Martin M-167 avec une modification effectuée sur place (au dépôt aérien d’OranLa Senia) en installant à l’avant, à la place du navigateur/bombardier, 4 mitrailleuses MAC de
7,5mm (ou, par la suite, deux canons HS de 20 mm). Ils composent l’Escadre de Chasse de
Nuit (colonel Dordilly). Total 40 avions et 40 en dépôt. Déploiement : GC I/13 à Villacidro
(Sardaigne) et GC II/13 à Tunis.
I.2. Bombardement
- 8 Groupes équipés de Lioré et Olivier LeO-451, représentant la principale force de frappe de
l’Armée de l’Air : GB I/11, II/11, I/12, II/12, I/23, II/23, I/31, II/31 – total 160 avions et pas
plus de 50 en dépôts. Déploiement : 11e et 12e Escadres à Ajaccio-Campo dell’Oro (Corse),
23e et 31e Escadre à Alger-Maison Blanche. Il est déjà prévu que des North American B-25
remplacent les LeO-451 à la fin de 1941.
- 8 Groupes de bombardement léger sur Martin-167 Maryland : GB I/32, II/32, I/34, II/34,
I/62, II/62, I/63, II/63 – total 160 avions et 120 en dépôts. Déploiement : 32e Escadre à
Decimomannu (Sardaigne), 34e Escadre à Malte, 62e et 63e à Oran-La Sénia.
- 7 Groupes de bombardement léger sur Douglas DB-7 (A-20), en cours de remplacement par
des DB-7A plus rapides et plus puissants : GB I/25, II/25, I/21, II/21, I/19, II/19, I/61 – total
140 avions et 100 en dépôts. Déploiement : I/61 à Villacidro (Sardaigne), 21e et 25e Escadres
à Bône, 19e à Oran-La Sénia.
- 3 groupes de bombardement belge formant la 42e Escadre de Bombardement Roi des
Belges : GB I/42 Roi Chevalier (20 Douglas DB-7), GB II/42 Roi Fondateur (20 Douglas
DB-8), GB III/42 Roi Prisonnier (20 Fairey Battle).
………
L’Armée de l’Air prévoit de former trois Groupes de bombardement lourd entre mars et mai
1941, grâce à la livraison de 120 Consolidated Model-32 (B-24A), achetés dès fin 1939.
I.3. Reconnaissance
- 3 Groupes de reconnaissance à longue distance : GR I/33 (équipé de bombardiers Amiot
351/354 convertis, 20 avions et 10 en dépôts, opérant de Tunis avec des détachements à Malte
et Cagliari-Elmas) ; GR II/33 (équipé de Marcel Bloch MB-174/175, 20 avions et 12 en
dépôts, opérant d’Ajaccio-Campo dell’Oro) ; GR I/35 (équipé de Martin-167 Maryland, 20
avions et 10 en dépôts, opérant d’Alger-Maison Blanche).
- 8 Groupes de reconnaissance tactique et de bombardement léger, sur Potez 63/11 (après
modification par le dépôt d’Oran-La Sénia pour transporter jusqu’à 200 kg de bombes, et qui
seront progressivement remplacés par des Douglas DB-7, puis par des DB-7A) : GR I/22,
II/22, I/36, II/36, I/52, II/52, I/55, II/55 – total 160 avions et 160 en dépôts. Déploiement : 22e
Escadre à Meknès (Maroc), 36e Escadre à Oran-La Sénia, I/52 à Bonifacio (Corse) et II/52 à
Alghero (Sardaigne), 55e Escadre à Bône (Annaba).
I.4. Transport
La grande taille du théâtre des opérations exigeait de nombreux avions de transport. Quatre
groupes furent mis sur pied avec de vieux bombardiers et des avions d’Air-France.
GT I/64 : transport long-courrier, avec 8 Farman 223.3 et 1 Farman 222 (bombardiers
quadrimoteurs convertis).
GT II/64 : transport moyen-courrier, avec 12 Bloch MB-210 et 6 en dépôts (bombardiers
bimoteurs convertis).
GT III/64 : transport moyen-courrier, avec 15 MB-210 et MB-200 convertis.
GT IV/64 : transport moyen-courrier, avec des avions d’Air-France : 11 Dewoitine D-338
(trimoteurs) et 9 Bloch MB-220 (bimoteurs).
I.5. Total et répartition pour la ZOA MédOcc
Sans compter les avions en dépôts, l’Armée de l’Air aligne en Méditerranée Occidentale
1 260 avions de combat de première ligne (460 chasseurs, 580 bombardiers, 220 avions de
reconnaissance et bombardement léger). Une bonne partie de ces appareils sont déployés à
Malte (105 avions), en Corse (200 avions) et en Sardaigne (166 avions).
Elle aligne de plus 69 avions de transport.
II. Zone d’Opérations Aériennes Méditerranée Orientale (ZOA MédOr)
La ZOA MEDOr est sous le commandement du général de corps aérien Henri Jauneaud. Elle
regroupe bien entendu les installations et unités du Levant, mais aussi les unités déployées à
Chypre, puis à Rhodes. Elles forment la 39e Escadre composite : 60 avions de première ligne
et 28 en dépôt.
Chasseurs : GC III/39 (ex-GC I/7) sur MS-406/410 (20 + 10 avions).
Bombardiers : GB II/39 sur Martin-167 (20 + 8 avions).
Reconnaissance : GR II/39 sur Potez 63/11 (20 + 10 avions).
Forces de la RAF en Méditerranée
La RAF, dégagée de la menace italienne sur l’Egypte et le Moyen-Orient, aligne néanmoins
des effectifs importants en Méditerranée :
- 6 squadrons de chasse : Sqn 73, 261, 274, sur Hurricane I, Sqn 33, 80, 112 sur Gladiator I
ou II (tous trois devant passer sur Hurricane dans les premiers mois de l’année). Total : 144
monomoteurs.
- 1 squadron de chasse de nuit/à long rayon d’action : Sqn 30, sur Blenheim I F (36 avions). Il
doit être renforcé à partir de mai par le Sqn 251 sur Beaufighter IC (24 avions).
- 6 squadrons de bombardement léger sur Blenheim I et IV : Sqn 11, 45, 55, 84, 113,
211 (total : 144 avions).
- 4 squadrons de bombardement moyen sur Wellington : Sqn 37, 38, 70, 148 (total : 96
avions).
- 2 squadrons de coopération sur Lysander : Sqn 6, 208 (total : 48 avions).
- 5 squadrons de reconnaissance et de patrouille maritime : Sqn 39 (Boston, progressivement
rééquipé en Maryland), 69 (Maryland), 202 (Swordfish hydravions), 228 et 230 (Sunderland).
Total : 36 avions.
………
Ces unités sont réparties dans toutes les zones de la Méditerranée :
– A Malte : 48 chasseurs (Sqn 261 et 274) et une cinquantaine de bombardiers (Sqn 70, 148)
et d’appareils de reconnaissance (Sqn 69).
– A Rhodes : 24 chasseurs (Sqn 112).
– A Gibraltar : 6 hydravions de reconnaissance (Sqn 202)
Les autres squadrons sont déployés dans les aérodromes d’Egypte (Alexandrie notamment) et
de Cyrénaïque (Benghazi, notamment).
La RAF paraît avoir la possibilité de couvrir Malte tout en conservant une réserve stratégique
pouvant si besoin être engagée pour des opérations dans les Balkans, avec 3 squadrons de
chasse (Sqn 33, 73, 80), 1 squadron de chasse de nuit (Sqn 30), 8 squadrons de bombardement
(Sqn 11, 37, 38, 45, 55, 84, 113, 211), et 2 squadrons de coopération (Sqn 6, 208).
………
A ces squadrons de la RAF s’ajoutent deux squadrons de la FAA basés à terre :
- Sqn 805 (Fulmar), assurant la protection aérienne de la base navale d’Alexandrie ;
- Sqn 830 (Swordfish), déployé à Malte pour des missions de reconnaissance et d’attaque
navale (bombe et torpille).
………
Enfin, une bonne partie des squadrons engagés dans les opérations en Afrique Orientale doit
pouvoir regagner la Méditerranée une fois les Italiens vaincus (ou du moins, une fois leurs
forces aériennes annihilées). Entre autres, le commandant de la RAF au Moyen-Orient espère
transférer au second trimestre 1941 quatre squadrons de chasse (Sqn 94, 1 SAAF, 2 SAAF et
3 SAAF) et une demi-douzaine de squadrons de bombardement (parmi les Sqn 14, 47, 203,
223, 11 SAAF, 12 SAAF, 21 SAAF et 24 SAAF).
Evaluation qualitative
I. Evaluation technique
– Chasseurs monomoteurs
Le Hawk-81 est, fin 1940, l’égal du Bf 109E mais inférieur au 109F. Il est de loin supérieur à
n’importe lequel des chasseurs italiens en ligne jusqu’à la fin de 1941 (Fiat CR.32 et 42, Fiat
G.50, Macchi MC.200, Reggiane Re.2000).
Le D-520 est à peu près dans la même classe que le Hawk-81 – un peu plus lent à basse
altitude, mais plus rapide au-dessus de 6 000 m et probablement plus agile.
Le Hawk-75 est encore utilisé dans ses versions H-75 A3 (pour les GC belges) et H-7513. Il
est inférieur au Bf 109E, mais pas de façon catastrophique. Il est complètement surclassé par
le 109F. En revanche, il est supérieur aux chasseurs italiens anciens (y compris le G.50), du
même niveau que le Macchi MC.200 et un peu inférieur au Re.2000 (mais la Regia
Aeronautica n’a vu encore vu arriver ce dernier qu’en petit nombre).
Comparés aux chasseurs britanniques, le Hawk-81 et le D-520 sont entre le Spitfire I et le
Hurricane, et le Hawk-75 au niveau du Hurricane ou un peu au-dessous. Tous sont très
supérieurs aux Gladiator encore utilisés par la RAF et la FAA.
Hawk-81 et D-520 n’ont aucune difficulté pour intercepter tous les bombardiers de l’Axe,
Ju 88A compris. Le Hawk-75 peut avoir du mal à intercepter des Ju 88 volant à haute altitude
ou des Do-215 de reconnaissance, mais aucun bombardier italien.
– Chasseurs bimoteurs
3
Les problèmes liés au moteur Wright Cyclone R-1820-G205-A rencontrés durant l’été 1940 ont été résolus à la
fin de l’année par une remotorisation de tous les H-751 avec des moteurs Pratt & Whitney R-1830-S3C4-G.
Le Potez-631 est surclassé par les Bf 109 et par le Macchi MC.200. Il a de bonnes chances
contre les chasseurs italiens plus lents et peut intercepter la plupart des bombardiers de l’Axe,
sauf le Ju 88A.
Le Glenn-Martin 167 fait un bon chasseur de nuit et à long rayon d’action.
– Bombardiers
Le LeO-451, correctement utilisé, ne peut être intercepté que par le Bf 109F.
Martin-167 et DB-7 sont un peu inférieurs, mais restent une cible très difficile pour tous les
pilotes italiens. Le DB-7A est dans la même catégorie que le LeO-451.
Par rapport aux bombardiers britanniques, le LeO-451 est bien plus rapide mais transporte une
charge de bombes bien moindre que le Wellington, tandis que les trois bombardiers de
l’Armée de l’Air sont supérieurs au Blenheim I.
– Reconnaissance
Le MB-174/5 ne peut être intercepté que par le Bf 109F.
L’Amiot 351/4 est vulnérable aux Bf 109E et F, au Bf 110 et, à l’extrême, au Macchi
MC.200, mais il a un rayon d’action bien plus long que le MB-174/5 (jusqu’à 3 000 km).
Le Potez 63/11 est vulnérable sans escorte de chasse.
II. Disponibilité des avions
Le principal problème est l’entretien opérationnel des avions construits en France.
L’importante réserve de D-520 a d’abord pu être utilisée pour maintenir une petite force de
chasseurs opérationnels. La plupart seront mis au standard 520M et une partie au standard
523, mais le relais de ces appareils par des Hawk-81 puis 87 d’origine américaine est une
priorité. Le Hawk-75, disponible en nombre important, peut facilement être entretenu avec
des pièces détachées américaines, mais il est dépassé et n’est utilisé qu’en attente de
remplacement par des Hawk-81.
Un certain nombre de LeO-451 seront remotorisés avec des Pratt & Whitney Twin Wasp et
baptisés LeO-455, améliorant leur disponibilité opérationnelle. Cependant, le gouvernement
français a acheté des B-25, qui seront livrés à partir de fin 1941.
Les Martin-167 devaient être remplacés en 1942 par des Baltimore, ils le seront finalement
par des Marauder.
Le Douglas DB-7 sera progressivement remplacé par des DB-7A (Boston II) à moteurs
Wright. Dès le début de 1940, 951 DB-7A avaient été commandés et 75 acceptés avant la fin
de juin. Les derniers DB-7 seront retirés à la fin de l’année 1941. Comme dans la RAF,
certains seront transformés en chasseurs de nuit et en avions de pénétration rapides.
Aéronavale
Les forces de l’Aéronavale dépendent hiérarchiquement de la Marine Nationale, mais leurs
conditions d’emploi opérationnel méritent qu’elles soient étudiées avec l’Armée de l’Air.
Forces
A – Avions basés sur le CV Béarn : 16 chasseurs Brewster B-339 (Buffalo), en cours de
remplacement par des Grumman G36A (F4F3 Wildcat), 16 bombardiers en piqué Curtiss
SBC4 (plus une trentaine en dépôt), 8 torpilleurs Fairey Swordfish.
Les Swordfish viennent des réserves de la FAA, où l’Albacore doit entrer en service. Aucun
autre torpilleur n’est utilisable sur le très lent Béarn (le Devastator américain ne pourrait pas
en décoller avec sa torpille). Les B-339 ex-belges sont utilisés pour l’entraînement avancé et
comme réserve stratégique.
B– Avions basés à terre
Chasseurs : 3 flottilles de 12 G36A (plus 20 en dépôts) à Bizerte et Oran. 1 flottille avec 12
Martin Maryland convertis (plus 6 en dépôts).
Avions d’attaque et de reconnaissance : 2 flottilles de 12 Laté-298 (plus 6 en dépôts) ; 3
flottilles de 12 Maryland (plus 20 en dépôts) ; 2 flottilles de 12 Hudson I (plus 12 en dépôts) à
Bizerte et Oran.
Evaluation
Le Béarn n’est pas beaucoup plus lent que l’Eagle, surtout après la grande révision effectuée
à Oran après l’opération du Dodécanèse, de fin novembre 1940 à début janvier 1941. Il lui est
évidemment difficile d’opérer en même temps qu’un porte-avions du type de l’Illustrious (ce
ne fut le cas que pour l’exceptionnelle opération « Judgment »).
L’Aéronavale est capable de déployer 64 chasseurs (dont 12 bimoteurs) et 108 avions de
frappe et de reconnaissance, dont 32 torpilleurs spécialisés (8 Swordfish et 24 Laté-298) et 16
bombardiers en piqué basés sur porte-avions – soit plus que ce dont dispose alors la FAA en
Méditerranée.
Le G36A est clairement supérieur au Fulmar I et la FAA ne dispose pas à cette époque de
bombardier en piqué spécialisé. Cependant, la FAA met en ligne plus d’avions torpilleurs.
En fait, les capacités de l’Aéronavale et de la FAA sont très complémentaires.
La Fleet Air Arm en Méditerranée
Outre les squadrons basés au sol (voir plus haut), et sans compter les squadrons embarqués
sur les porte-avions de la force H4, la Fleet Air Arm (FAA) aligne en Méditerranée plusieurs
unités embarquées :
- Squadron 806 sur l’Illustrious : 15 Fulmar I et 4 Sea-Gladiator.
- Un flight spécial du Sqn 806 avec 6 Sea-Gladiator, embarqué sur l’Eagle (ces avions
seront remplacés en février 1941 par 10 Fulmar I).
- 30 Swordfish répartis entre trois squadrons (Sqn 815 et 819 sur l’Illustrious, Sqn 813 sur
l’Eagle).
4
CV Ark Royal, avec en moyenne 12 Skua (Sqn 800), 12 Fulmar (Sqn 807) et 30 Swordfish (Sqn 810, 816 et
820).
Marine Nationale
L’organisation générale de la Marine Nationale n’a pas beaucoup évolué suite au Grand
Déménagement. Par contre, elle a dû adapter l’utilisation de ses formations élémentaires aux
pertes en matériel et en infrastructures.
………
Depuis la nomination de l’amiral Darlan au gouvernement, la marine est sous le
commandement du chef d’état-major général de la marine et commandant en chef des forces
maritimes françaises (CECFMF), l’amiral Emmanuel Ollive. Il est assisté d’un état-major
dirigé par le vice-amiral Maurice Le Luc, secondé par le contre-amiral Gabriel Auphan ; les
services dépendant du ministère sont dirigés par le major-général de la marine, le vice-amiral
Frix Michelier. Les leçons des premiers mois de guerre ont conduit à créer une Section des
Sous-Marins, confiée au contre-amiral Georges Walser. Le service de l’Aéronautique Navale
est sous la direction du contre-amiral Henri Latham.
Le vice-amiral d’escadre Castex représente la Marine à l’État-Major Général de la Défense
Nationale, mais son influence grandit. L’amiral Jean-Pierre Estéva (ex Amiral Sud) devient
Inspecteur Général de la Défense Nationale, avec pouvoir d’inspection dans les trois armes,
débouchant sur des rapports aux ministres concernés (avec copie aux CEM et à l’EMGDN) ;
il participera avec voix consultative aux réunions de l’état-major général de la Défense
Nationale.
………
Fin octobre 1940, tout en programmant une nouvelle répartition de ses moyens sur les théâtres
d’opérations, l’Amirauté a modifié la composition de certaines formations.
Elle a créé, pour les contre-torpilleurs et torpilleurs, des escadrilles renforcées de quatre
unités, les premières mises sur pied étant destinées à opérer en Grande-Bretagne et en
Extrême-Orient.
Au contraire, pour les sous-marins, les pertes subies depuis le début de la guerre l’ont
conduite à user d’un artifice pour ne pas diminuer le nombre des divisions. Elle a réduit de
quatre à trois unités la composition normale des divisions de “1 500 tonnes” et de trois à deux
unités celle des divisions de “1 100 tonnes”. Les divisions de “600 tonnes” demeurent pour
l’heure constituées, sauf exceptions, de quatre bateaux. La décision d’envoyer pas moins de
neuf “1 500 tonnes” dans l’Océan Indien et en Indochine a eu pour corollaire le quasi-retrait
des sous-marins de l’Atlantique, où la lutte contre les corsaires allemands et les forceurs de
blocus allemands et italiens est confiée aux navires de surface.
Au terme de seize mois de guerre, les navires majeurs n’ont encore pas trop souffert, à
l’exception de la perte du croiseur mouilleur de mines Pluton et de la mise hors de combat du
cuirassé ancien Paris, endommagé et réduit à un rôle secondaire. Non compris les sabordages
de navires en construction lors des évacuations successives, les principales pertes ont touché,
outre les sous-marins, les contre-torpilleurs et torpilleurs. Elles se résument ainsi5 :
- croiseur léger mouilleur de mines classe Pluton, 1 perdu (sur 1) : Pluton
- contre-torpilleurs classe Jaguar, 2 perdus (sur 6) : Jaguar, Chacal
- contre-torpilleurs classe Guépard, 1 perdu (sur 6) : Bison
- contre-torpilleurs classe Vauquelin, 1 perdu (sur 6) : Maillé-Brézé
- torpilleurs classe Bourrasque, 4 perdus (sur 12) : Bourrasque, Cyclone, Orage, Siroco
- torpilleurs classe L’Adroit, 3 perdus (sur 14) : La Railleuse, L’Adroit, Foudroyant
- torpilleurs classe Pomone, 1 perdu (sur 12) : Bouclier
- sous-marins de 1 100 tonnes, 3 perdus (sur 9) : Morse, Narval, Souffleur
5
Les unités perdues après le 6 juin 1940 apparaissent en rouge sombre.
-
sous-marins de 1 500 tonnes, 6 perdus (sur 29) : Achille, Actéon, Agosta, Ajax,
Ouessant, Pasteur
sous-marins de 600 tonnes type Sirène, 2 perdus (sur 10) : Calypso, Doris
avisos-dragueurs classe Elan, 1 perdu (sur 18) : La Surprise
avisos anciens dits de 1ère classe, 5 perdus (sur 17)6 : Calais, Enseigne Henry, Les
Eparges, Vauquois, Yser7
A. Principales escadres directement sous le commandement du CECFMF
A1. 1ère Escadre « force de raid » (vice-amiral d’escadre Emile Duplat), basée à
Gibraltar
! 1ère division de ligne (vice-amiral Duplat) : BC Dunkerque (navire amiral) Strasbourg
! 4e division de croiseurs (contre-amiral Célestin Bourragué) : CL Gloire, Montcalm et
Georges-Leygues
! 1ère escadre légère (contre-amiral Marcel Landriau) regroupant 5 unités de la classe
Vauquelin :
• 5e division de contre-torpilleurs : Chevalier-Paul, Tartu et Kersaint
• 9e division de contre-torpilleurs : Cassard et Vauquelin
Note – Depuis début novembre, les Dunkerque et Strasbourg sont basés à Gibraltar.
Initialement accompagnés des CT Cassard et Vauquelin, ils ont été rejoints par les CL Gloire,
Montcalm et Georges-Leygues (4e division de croiseurs) ainsi que par les CT Chevalier-Paul,
Tartu et Kersaint.
A2. 2e Escadre (contre-amiral Jacques Bouxin), basée à Oran / Mers-el Kébir
! Hors rang : CV Béarn
! Hors rang : BB Lorraine (navire-amiral)
! 2e division de ligne (contre-amiral Marcel Jarry) : BB Bretagne, Provence
! 2e escadre légère (contre-amiral Emile Lacroix) regroupant :
• 6e division de contre-torpilleurs : Mogador, Volta (classe Mogador)
• 8e division de contre-torpilleurs : L’Indomptable, Le Malin, Le Triomphant (classe
Fantasque)
• 10e division de contre-torpilleurs : Le Fantasque, L’Audacieux, Le Terrible (classe
Fantasque)
Note – Le renforcement de l’armement anti-aérien des CT des classes Fantasque et Vauquelin
est programmé. Ils perdront en échange l’un de leurs canons de 138 mm.
A3. 3e Escadre (contre-amiral Edmond Derrien), déployée avec la Home Fleet à
Scapa Flow, sert sous commandement opérationnel de la Royal Navy
! BB Richelieu
! CA Algérie
! 4e division de torpilleurs : Le Hardi, Le Foudroyant, L’Adroit, Casque (classe Le Hardi)
A4. Force X (contre-amiral René Godfroy), déployée à Alexandrie, sert sous
commandement opérationnel de la Royal Navy
! BB Courbet
6
Sans compter l’Ypres (ex Dunkerque), aviso classe Arras reclassé dragueur de mines.
Soit 3 classe Arras sur 10 (Calais, Les Eparges, Vauquois), 1 classe Somme sur 3 (Yser) et 1 classe Ailette sur
4 (Enseigne Henry).
7
! 2e division de croiseurs : CA Suffren8, Tourville9
! 1ère division de contre-torpilleurs : Vauban, Lion (classe Guépard)
! 3e division de contre-torpilleurs : Guépard, Verdun, Valmy (classe Guépard)
B. Théâtre d’opérations maritimes Méditerranée (« amiral Sud » : vice-amiral d’escadre
Marcel Gensoul)
B1. 4e escadre ou « Force légère d’attaque » (contre-amiral André Marquis) basée
à Alger
! 1ère division de croiseurs (contre-amiral Germain Jardel) : CA Colbert, Foch, Dupleix
(classe Suffren)
! 3e division de croiseurs (contre-amiral Gabriel Barrois) : CL La Galissonnière, La
Marseillaise, Jean-de-Vienne (classe La Galissonnière)
Note : la 4e escadre fait appel lors de ses sorties aux escorteurs de la 1ère flottille de torpilleurs
de Marine Algérie.
B2. Méditerranée Centrale (Tunisie, Malte, Tripolitaine) (vice-amiral d’escadre
Eugène Rivet, assisté du contre-amiral Camille Husson pour la Marine Tunisie)
Bases à Bizerte, Sfax, Sousse, Malte, avec une base arrière en cours d’organisation à Tripoli.
! 8e division de torpilleurs avec 3 torpilleurs de 1 500 tonnes, à Bizerte : Bordelais,
L’Alcyon (classe L’Adroit), Trombe (classe Bourrasque) (ce dernier ira rejoindre la 6e
division à Benghazi fin avril)
! 2 avisos anciens : Dédaigneuse, Tapageuse (classe Ardent)
! 3 vedettes lance-torpilles : VTB 38, VTB 39 et VTB 40
! 4e flottille de sous-marins (contre-amiral Charles Ven) avec 17 sous-marins (4 de 1 100
tonnes, 10 de 600 tonnes, 3 mouilleurs de mines) :
• 9 à Bizerte :
o 9e division de sous-marins (Caïman, Dauphin : tous deux de 1.100 tonnes)10
o 17e division de sous-marins (Vestale, Sultane, Atalante, Aréthuse : tous quatre
de 600 tonnes)
o 20e division de sous-marins (Turquoise, Saphir, Nautilus : tous trois de classe
Saphir)
• 2 à Sousse, de 1 100 tonnes : 11e division de sous-marins (Marsouin, Requin)11
• 6 à Malte, tous de 600 tonnes :
o 14e division de sous-marins (Eurydice, Danaé)
o 16e division de sous-marins (Orphée, Antiope, Sibylle, Amazone)
o avec le mouilleur de mines Castor comme bâtiment de soutien
! 3 dépanneurs d’hydravions, pouvant éventuellement être utilisés comme patrouilleurs,
Pétrel 1, Pétrel 2, Pétrel 3
! 16 arraisonneurs-dragueurs.
! 19 remorqueurs, dont 4 utilisés comme patrouilleurs ou dragueurs.
8
Le Suffren sera redéployé à Benghazi au moment de Merkur, avec les 6e et 9e Divisions de torpilleurs.
Un troisième CA, le Duquesne, complète cette division, mais il est en réparations jusqu’à la fin mai 1941.
Après la chute de l’Erythrée, le croiseur, dont le transfert en Extrême-Orient avec le Tourville était programmé,
quittera Alexandrie pour terminer ses réparations à l’arsenal de Singapour.
10
La 9e DSM originelle a perdu, après le Morse dès le mois de juin, le Souffleur, torpillé devant Beyrouth par le
sous-marin italien Tricheco le 31 août 1940.
11
Le Narval a été coulé en Adriatique le 15 décembre 1940, alors qu’il opérait, depuis le mois d’août, avec les
sous-marins de la 1ère Flottille de sous-marins de la Royal Navy basés à Malte.
9
B3. Marine Algérie (vice-amiral Alfred-Louis Richard)
! 1ère flottille de torpilleurs (capitaine de vaisseau Léon Longaud) avec 7 torpilleurs de
1 500 tonnes, tous de classe L’Adroit sauf le Tempête (ce dernier ira d’ailleurs rejoindre
ses congénères Mistral et Tornade à Benghazi fin avril) :
• 1ère division de torpilleurs : La Palme, Le Mars, Tempête
• 2e division de torpilleurs : Fougueux, Frondeur
• 5e division de torpilleurs : Boulonnais, Brestois
! 1ère flottille de sous-marins (capitaine de vaisseau Roland Revel de Bretteville) avec 19
sous-marins (4 de 1 500 tonnes, 13 de 600 tonnes, 1 classe Aurore, 1 mouilleur de
mines) :
• 3 à Mers-el-Kébir, tous de 1 500 tonnes : 5e division de sous-marins (Pégase, Monge,
Espoir)
• 8 à Oran, tous de 600 tonnes :
o 15e division de sous-marins (Iris, Vénus, Pallas, Cérès)
o 18e division de sous-marins (Psyché, Oréade, Méduse, Amphitrite)
• 8 à Alger :
o 1 de 1 500 tonnes : 3e division de sous-marins (Henri-Poincaré12)
o 5 de 600 tonnes :
! 13e division de sous-marins : Thétis, Circé13
! 14e division de sous-marins : Diane, Ariane
! 19e division de sous-marins : Sirène14
o 1 classe Aurore : 13e division de sous-marins (Aurore)
o 1 mouilleur de mines : 21e division de sous-marins (Diamant)
B4. Marine Corse / Sardaigne (contre-amiral Yves Donval)
Base arrière à Bône (aujourd’hui Annaba), bases à Ajaccio, Bonifacio, Calvi, Cagliari.
! 2e flottille de torpilleurs (C.V. Yves Urvoy de Portzamparc) avec 11 torpilleurs de classe
Pomone :
o 11e division de torpilleurs : Branlebas, La Cordelière, L’Incomprise
o 12e division de torpilleurs : Bombarde, L’Iphigénie, La Pomone
o 13e division de torpilleurs : Baliste, La Poursuivante, La Bayonnaise
o 14e division de torpilleurs : La Flore, La Melpomène15
! 3 chasseurs de sous-marins : CH-3, CH-4 à Ajaccio ; CH-25 à Bône
! 6 vedettes lance-torpilles : VTB 32 à VTB 34 à Bonifacio, VTB 35 à VTB 37 à Cagliari
! 3 sous-marins de 600 tonnes : 19e division de sous-marins16 (Argonaute à Bastia, Naïade à
Calvi, Galatée à Bonifacio
! 1 sous-marin mouilleur de mines classe Saphir : 21e division de sous-marins : Perle
! 1 ancien aviso utilisé comme patrouilleur et dragueur : Granit
! 1 croiseur auxiliaire mouilleur de mines : Finistère (X35)
! 6 patrouilleurs auxiliaires (1ère EPA) : Cyrnos (P2), Sidi Okba (P3), Ville d’Ajaccio (P4),
Cap Corse (P5), Sampiero Corso (P8), Ile de Beauté (P9)
! 14 arraisonneurs-dragueurs17
12
Pour ordre, car le bateau est employé avant tout pour des opérations spéciales. Participent aussi à ces missions
spéciales le Monge, l’Espoir et des “600 tonnes”.
13
Après la Doris dès le mois de mai, la division a perdu la Calypso, qui a sauté le 28 octobre 1940 sur une mine
italienne. Elle a donc pu accueillir le sous-marin Aurore.
14
Gravement endommagée le 15 août. En réserve, sur le point d’être désarmée.
15
La troisième unité de la division, le Bouclier, a été coulée pendant le Grand Déménagement.
16
La quatrième unité de la division, la Sirène, a été gravement endommagée le 15 août 1940 et se trouve en
réserve à Alger, en instance de désarmement.
! 5 remorqueurs.
B5. Méditerranée Orientale (contre-amiral Félix de Carpentier)
Bases à Alexandrie, Beyrouth, Chypre et Rhodes.
Opère sous le commandement opérationnel de la Royal Navy (amiral Cunningham) :
! CL/poseur de mines rapide Emile-Bertin
! 4 torpilleurs de 1 500 tonnes :
o 9e division de torpilleurs : Basque, Forbin, Fortuné (classe L’Adroit)
o 6e division de torpilleurs : Mistral (classe Bourrasque)18
! 4 sous-marins :
o 2 de 1 500 tonnes à Alexandrie : 3e division de sous-marins19 (Protée, Fresnel)
o 2 de 1 100 tonnes à Rhodes : 10e division de sous-marins (Phoque, Espadon)
! 18 unités pour la couverture des convois et la protection ASM des approches des ports :
o 3 avisos-dragueurs : Commandant-Bory, Commandant-Delage, Elan
o 1 aviso ancien : 1 classe Arras, Lassigny
o 6 patrouilleurs auxiliaires : Cap Nord (P11), Hardi II (P16) à Chypre ; NotreDame d’Etel (P101), Eros (P140) à Beyrouth ; Capitaine-Armand (P30) et AliceRobert (P31) à Rhodes
o 8 arraisonneurs-dragueurs : 4 au Levant, 4 à Rhodes20
! 2 pétroliers : 1 à Beyrouth : Adour ; 1 à Rhodes : Durance
! 7 remorqueurs : 5 à Beyrouth : Balaguier, Eguillette, Marius Chambon, Marseillais 3,
plus le Djebel Sanin armé comme dragueur ; 2 à Rhodes : Atlas21, Girelle
B6. Détachements de patrouille anti-sous-marine (vice-amiral Jean-Pierre Vallée
assisté du contre-amiral Edouard Kerdudo), déployés à Port-Lyautey, Gibraltar, Oran,
Alger et opérant notamment en coopération avec les navires britanniques ASM basés à
Gibraltar
! 11 avisos-dragueurs de la classe Elan : Chamois, Commandant Duboc, Commandant
Rivière, La Capricieuse, La Moqueuse, Commandant Dominé (ex-La Rieuse),
L’Impétueuse, La Curieuse, La Batailleuse, La Boudeuse, La Gracieuse
! 2 avisos anciens : 1 classe Ailette, Dubourdieu, 1 classe Diligente Engageante
! 7 chalutiers ASM : 2 de type américain, La Sablaise (P58), La Servannaise (P59) ; 5 de
type anglais, La Havraise (P133), L’Ajaccienne (P136), La Bônoise (P137), La
Toulonnaise (P138), La Sétoise (P139)
! 2 chasseurs de sous-marins, CH-1, CH-2
! 3 dépanneurs d’hydravions utilisables comme patrouilleurs, Pétrel 6, Pétrel 7 et Pétrel 8
17
Dont deux prises faites à Porto Torres le 4 septembre 1940 : le chalutier réquisitionné Sogliola (F111, 307
GRT), rebaptisé Brochet (AD501) [non par esprit d’originalité mais parce que la Marine Nationale avait déjà une
Sole, vedette de patrouille auxiliaire (VP59) basée à Philippeville], et le caboteur Arsia (736 GRT), rebaptisé
Ars-en-Ré (AD502). Leur intégration compense la perte à Capraia, le 29 septembre 1940, du garde-pêche Socoa
et du chalutier Joseph Elise (AD154).
18
La Tornade, indisponible jusqu’à la fin mars 1941 en raison des dégâts subis le 11 décembre 1940 et qui n’a
pu pour cette raison partir pour l’Indochine, doit rejoindre le Mistral au sein de la 6e DT une fois remise en état.
La 6e division sera également renforcée par les Tempête et Trombe.
19
La 3e DSM a perdu l’Actéon, coulé le 16 août 1940, et l’Achéron, qui a rejoint la 7e DSM en Ecosse. Elle a
récupéré pour ordre le Henri-Poincaré, qui appartenait auparavant à la 4e DSM.
20
Après la fin de l’opération Accolade, le chalutier Pen Men (AD242) a regagné Bizerte à la mi-décembre 1940
et a été remplacé par le chalutier Saint-Antoine (AD192).
21
Remorqueur réquisitionné auprès de la Compagnie du Canal de Suez.
! 9 patrouilleurs auxiliaires : Casoar (P10), Victoria (P13), Clairvoyant (P15), Téméraire II
(P32), Président Houduce (P40), Sergent Gouarne (P43), Saint-Pierre d’Alcantara (P90),
Alfred (P129), Atmah (P130)
! 51 arraisonneurs-dragueurs
! 36 remorqueurs, dont 14 employés comme patrouilleurs ou dragueurs22
C. Théâtre d’opérations maritimes Atlantique Nord (« amiral Ouest » : vice-amiral
d’escadre Jean Odend’hal, assisté du vice-amiral Lucius Cayol)
Note - L’amiral Ouest n’exerce qu’un contrôle administratif sur ces unités et leur personnel.
Tous ces navires et ces formations sont en effet sous commandement opérationnel de la Royal
Navy.
C1. 2e flottille de sous-marins (capitaine de vaisseau Raymond de Belot), basée à
Dundee
! 6e division de sous-marins avec 3 sous-marins de 1 500 tonnes : Archimède, Persée,
Poncelet
! 7e division de sous-marins avec 3 sous-marins de 1 500 tonnes : Achéron, Redoutable,
Vengeur)23
! 12e division de sous-marins avec 4 navires de 600 tonnes : Junon, Minerve, Ondine,
Orion)24
! 1 sous-marin mouilleur de mines de classe Saphir, le Rubis, intégré à la 9e Flottille de
sous-marins de la Royal Navy.
! Ces 11 unités sont soutenues par le ravitailleur de sous-marins auxiliaire Ipanema (X43).
C2. Patrouilles de l’Océan (contre-amiral Jacques Moreau)
Basées dans différents ports anglais (Plymouth, Portsmouth, Southampton, etc.), des unités
légères ou auxiliaires contribuant, suivant leurs types, à l’escorte des convois transatlantiques
ou des convois Grande-Bretagne-Afrique du Nord, à la protection du trafic dans les Home
Waters (et notamment les Western Approaches), au dragage de mines, etc. :
! 6 avisos anciens : 4 classe Arras : Amiens, Belfort, Coucy, Epinal ; 1 classe Ailette :
Suippe ; 1 classe Diligente : Conquérante
! 2 chalutiers ASM : 1 type américain, L’Oranaise (P56) ; 1 type anglais, La Nantaise
(P135)
! 15 chasseurs de sous-marins : 2 de type ancien, C 98 et C 106 ; 13 de type moderne, CH5, CH-6, CH-7, CH-8, CH-10, CH-11, CH-12, CH-13, CH-14, CH-15, CH-41, CH-42,
CH-43
! 6 corvettes classe La Bastiaise : La Dieppoise, La Malouine, La Paimpolaise, Arquebuse,
Hallebarde, Poignard
! 13 vedettes lance-torpilles : VTB 1 (réservée pour l’entraînement), VTB 8, VTB 11, VTB
12, VTB 23 à VTB 31
! 1 mouilleur de mines : Pollux
! 1 navire hydrographe utilisé comme arraisonneur-dragueur, Gaston Rivier
22
Pas moins de dix remorqueurs, grands ou petits, de la base de Toulon ont été détruits jusqu’à l’évacuation
finale, coulés dans le port même ou en mer : Carqueiranne (255 tonnes), Erable (370 tonnes), Gonfaron (35
tonnes), Gymnote, Laborieux (800 tonnes), Niobé (82 tonnes), Pradeau (40 tonnes), Servaux 3, Seynois (100
tonnes) et le Paon (670 tonnes) alors utilisé comme dragueur.
23
Tous du type M-6 (ou Pascal), sauf les Redoutable et Vengeur, seuls représentants du type M-5 (ou
Redoutable).
24
Soit deux classe Minerve et deux classe Orion. Les Junon et Minerve doivent gagner sous peu la Méditerranée.
! 2 dépanneurs d’hydravions utilisés comme patrouilleur, Pétrel 4, Pétrel 5
! 3 croiseurs auxiliaires mouilleurs de mines : Ingénieur Cachin (X24), Landemer (X25),
Armenier (X30)
! 20 patrouilleurs auxiliaires :
! 5 cargos lents : Léoville (P19), Sauternes (P22), Pessac (P23), Pomerol (P25)25, Mont
Cassel (P67)26
! 15 chalutiers : Vaillant (P14), Heureux (P28), Groenland (P29), Asie (P34), L’Atlantique
(P35), Patrie (P36), Reine des Flots (P39), Vikings (P41), Aiglon (P46), Notre-Dame de
l’Espérance (P47), Ambroise Paré (P48), Jean Frédéric (P65), Pierre André (P68),
Nazareth (P73), Notre-Dame de France (P95)
! 79 arraisonneurs-dragueurs27
! 31 remorqueurs, parmi lesquels les remorqueurs de haute mer, tels les Mammouth et
Mastodonte (970 tonnes, 12 nœuds) ou L’Infatigable (900 tonnes, 10,5 nœuds)28,
participent à l’escorte des convois lents.
D. Théâtre d’opérations maritimes Atlantique Centre et Sud (« amiral Afrique » : viceamiral Léon Devin, ex préfet maritime de Toulon)
D1. Marine Maroc (contre-amiral Louis Sablé)
Navires opérant depuis Casablanca et assurant les patrouilles et escortes de convois :
! 1 sous-marin de 1 500 tonnes : Sfax (2e DSM)
! 3 avisos-dragueurs : Annamite, Chevreuil, Gazelle
! 4 avisos anciens : 1 classe Somme, Somme ; 1 classe Arras, Arras ; 1 classe Ailette,
Ailette ; 1 classe Diligente, La Luronne
! 2 chalutiers ASM de type américain, L’Algéroise (P54), La Cherbourgeoise (P55)
! 1 navire hydrographe employé comme patrouilleur : Sentinelle
! 4 croiseurs auxiliaires : Koutoubia (X4), Ville d’Oran (X5), formant la 2e DCX ; câbliers
Ampère (X81), Emile Baudot (X83)
! 1 patrouilleur auxiliaire : L’Alphée (P98)
! 19 arraisonneurs-dragueurs
! 4 remorqueurs
D2. Marine Dakar (contre-amiral Jean-Baptiste Plançon, assisté du contre-amiral
Jean Cadart, par ailleurs commandant la 1ère division de croiseurs auxiliaires – 1ère DCX –
qu’il a conduite avec brio en Norvège et dans les eaux du Dodécanèse)
Navires opérant depuis Dakar et assurant les patrouilles et escortes de convois :
! 4 contre-torpilleurs de classe Aigle :
o 7e division de contre-torpilleurs : Vautour, Gerfaut
o 11e division de contre-torpilleurs : Epervier, Aigle
25
Deux des six cargos Worms réquisitionnés encore à flot au moment des accords Darlan-Pound du 3 juillet
1940 ont été coulés : le Listrac (P26, 778 GRT) dans le Pas de Calais le 11 octobre 1940, par le feu de batteries
allemandes à longue portée ; le Médoc (P24, 1 166 GRT) en Manche le 26 novembre 1940, par un raid de la
Luftwaffe contre le convoi côtier dont il était l’un des escorteurs.
26
Chalutier de 324 GRT converti en caboteur.
27
Cinq des bateaux présents au 3 juillet 1940 ont été coulés depuis lors : 1 dans les opérations du Grand
Déménagement, le Guedel (AD143, 232 GRT) ; 4 en marge de celles-ci ou après leur fin, le Cap Carteret
(AD411) coulé par abordage accidentel le 29 juin 1940, le Donibane (AD124, 186 GRT) coulé par un Stuka le
25 juillet 1940, le Florentine (AD405) coulé en Manche par un S-Boot le 12 septembre 1940, le Poulmic armé
comme dragueur magnétique et victime d’une mine le 6 octobre 1940.
28
Précédemment utilisé comme mouilleur de mines par la Marine Nationale, comme d’autres remorqueurs de la
Direction des Ports.
Note – Les Albatros (7e DCT) et Milan (11e DCT) ont été endommagés le 3 décembre 1940
en affrontant le Scheer. Ils ont été envoyés aux Etats-Unis pour réparations et modernisation.
Ils en reviendront en septembre 1941, transformés en escorteurs océaniques ASM à grande
autonomie.
! 2e division de sous-marins avec 1 sous-marin de 1 500 tonnes : Pascal
! 3 avisos coloniaux (classe Bougainville) : La Grandière, Rigault de Genouilly, Savorgnan
de Brazza
! 1 aviso ancien classe Diligente employé comme ravitailleur d’hydravions : Diligente
! 1 navire hydrographe utilisé comme aviso : Amiral Mouchez
! 6 croiseurs auxiliaires : El Mansour (X6), El Kantara (X16), El Djezaïr (X17), formant la
1ère DCX ; Colombie (X10) ; câbliers Arago (X82), Alsace (X84)
! 3 patrouilleurs auxiliaires : Air France I (P126), Air France III (P127), Air France IV
(P128)29
! 16 arraisonneurs-dragueurs
! 1 pétrolier : Lot
! 6 remorqueurs30
E. Théâtre d’opérations Antilles (« amiral Antilles » : amiral Georges Robert)
Base principale à Fort-de-France
! 1 aviso colonial (classe Flower 1917) : Ville d’Ys31
! 3 croiseurs auxiliaires : Barfleur (X19), Estérel (X21), Charles Plumier (X11), formant la
4e DCX32
! 7 arraisonneurs-dragueurs
! 1 remorqueur, utilisé aussi comme dragueur
F. Théâtre d’opérations maritimes Extrême-Orient et Océan Indien (« amiral Orient » :
vice-amiral d’escadre Jean Decoux, assisté par les contre-amiraux Pierre Rouyer
[Pacifique] et Jean-Louis Négadelle [Océan Indien])
Navires principalement basés à Saigon, Cam Rahn, La Réunion et Diégo-Suarez : sauf le
croiseur léger Lamotte-Piquet, les avisos de tous types ainsi que les croiseurs et autres unités
auxiliaires, les navires qui doivent les constituer sont encore en route.
! 6e Division de croiseurs (contre-amiral Jules Terraux) : CL Duguay-Trouin, LamottePiquet, Primauguet
! 4e division de contre-torpilleurs : Léopard, Lynx, Panthère, Tigre (classe Jaguar)
! 7e division de torpilleurs : Ouragan, Simoun, Tramontane, Typhon (classe Bourrasque)
! 5 avisos coloniaux (classe Bougainville) : Amiral-Charner, Bougainville,
D’Entrecasteaux, D’Iberville, Dumont-d’Urville
! 2 avisos anciens : 1 classe Somme, Marne ; 1 classe Arras, Tahure
! 3e flottille de sous-marins (capitaine de vaisseau Leportier)
9 sous-marins de 1 500 tonnes :
o 1ère division de sous-marins : Le Héros, Le Glorieux, Le Tonnant
o 4e division de sous-marins : Le Centaure, Argo, Le Conquérant
29
Avisos postaux d’Air-France, 484 GRT, 16 nœuds, Ix100, armement AA, grenades ASM.
Dont le Buffle, 890 tonnes, et l’Appliqué, 660 tonnes.
31
Momentanément dénommé Ville d’Ys II avant que l’aviso-dragueur Ville d’Ys ne soit rebaptisé La Grandière.
32
La troisième unité originelle de la division, le Quercy (X20), a été envoyée dans l’Océan Indien. Son départ a
été compensé par l’arrivée du Charles-Plumier (X11), provenant de la 5e DCX dissoute, dont la seconde unité, le
Victor-Schœlcher (X7), a été également envoyée dans l’Océan Indien.
30
o 8e division de sous-marins : Bévéziers, Sidi-Ferruch, Casabianca33
accompagnés du ravitailleur de sous-marins Jules-Verne
! 4 croiseurs auxiliaires : Aramis (X1), Victor-Schœlcher (X7), Quercy (X20) [ces trois
navires forment la 6e DCX] et Jean-Riquier (X37) [ce dernier, petit cargo de 788 GRT
gréé en mouilleur de mines, est en Indochine]
! 2 patrouilleurs auxiliaires : le grand Marigot (P1)34 et le petit Aspirant Brun (P45)
! 1 mouilleur de mines auxiliaire : Béryl (AD305) [cargo de 450 GRT], en Indochine
! 8 arraisonneurs-dragueurs : 6 en Indochine, 2 à Madagascar35
! 4 remorqueurs36
! 2 pétroliers : 1 à Saigon, Garonne ; 1 à Diégo-Suarez, Niobé37
G. Détachements spéciaux
! Porte-hydravions Commandant-Teste, utilisé pour transporter des avions achetés aux
Etats-Unis
! Patrouilleurs auxiliaires détachés à Saint-Pierre-et-Miquelon pour contribuer à l’escorte
des convois Canada-Grande-Bretagne ou Afrique du Nord : Jutland (P37), Minerva (P42).
Il y a en outre à Saint-Pierre un arraisonneur-dragueur, le Béarn II (AD358)38.
! Croiseur-école Jeanne d’Arc, déployé dans le Pacifique à partir de Tahiti [où se trouvait
une seule unité sans grande valeur militaire, la goélette Zélée, stationnaire depuis 1931]. Il
doit être rejoint par le croiseur sous-marin Surcouf à l’issue de sa remise en état dans un
chantier naval américain et d’une période d’entraînement aux Antilles.
! Garde-pêche Quentin-Roosevelt (ancien aviso type Flamant), rebaptisé Croix-du-Sud,
partiellement désarmé (perd son canon de 75) et envoyé dans le Pacifique, à Nouméa,
comme navire de surveillance.
! Sous-marin Doris (ex-italien Corallo), affecté à l’entraînement des forces ASM, à
Casablanca39.
! Navire hydrographe Président-Théodore-Tissier, utilisé comme annexe de l’Ecole Navale.
! Sous-marin La Créole, en achèvement aux chantiers navals de Chatham.
33
Tous du type M-6, appartenant, sauf l’Argo (tranche 1926, entré en service en 1933), aux deux tranches les
plus récentes (1929 et 1930) et entrés en service entre 1933 et 1939.
34
Le patrouilleur auxiliaire Caraïbe (P6) est en réparations, suite au combat soutenu en Mer Rouge contre le
croiseur auxiliaire italien Ramb II.
35
Ces deux derniers sont des remorqueurs.
36
Tous 4 à Saïgon, dont le grand remorqueur Valeureux (662 GRT).
37
Ci-devant pétrolier de la Regia Marina Niobe, capturé en Mer Rouge à la fin septembre 1940 (1765 GRT/3740
tonnes de déplacement, 9,5 nœuds). Son nom a été simplement (et aisément) francisé, le précédent Niobé de la
Marine Nationale, un petit remorqueur (82 tonnes), ayant été coulé dans le port de Toulon le 31 juillet 1940 par
un bombardement de la Luftwaffe.
38
Petit cargo de 163 GRT.
39
Armé notamment par la majeure partie de l’ancien équipage de la Sirène.