Seance 1 LA1 Voltaire - LYCEE ET CFA JEANNE D`ARC

Transcription

Seance 1 LA1 Voltaire - LYCEE ET CFA JEANNE D`ARC
Séance 1 LA1 Traité sur la tolérance, Volaire 1763
Objectifs : Découvrir l’affaire Callas. Etudier l’argumentation de Voltaire. Aborder la question
de l’engagement pour les écrivains.
Présentation :
Le véritable titre de cette œuvre est Traité sur la Tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas.
Ce titre original montre que ce n'est pas un essai abstrait ; Voltaire s'engage ds le contrat pour la
tolérance à travers un exemple concret. En 1763, il écrit cet essai philosophique, Calas est déjà mort
(1762) mais l'affaire n'est pas terminée.
Le livre en est un des éléments clés puisque c'est grâce à son action que Voltaire obtiendra la
révision et une réhabilitation de Calas.
Déroulement :
Documents complémentaires
1 - « Volaire et l’affaire Calas » p.1
2 – Lettre de Volaire à Damilaville
3- « Volaire et l’affaire Calas » p.2
Distribution et lecture de l’extrait.
Recueil des impressions de lecture – thèse, propos de Voltaire – comment s’y prend-il ?
Questions (qui découlent des impressions de lecture) :
1)
2)
3)
4)
Portrait de Jean Calas (relevé)
Portrait du fils (relevé)
Le rôle de la famille et amis (relevé)
Image de la justice (relevé)
=> Synthèse I) Plaidoyer et réquisitoire
5) Relevez les arguments en faveur de l’innocence de Jean Calas
6) Relevez ce qui relève du registre pathétique
=> Synthèse II) Un essai qui cherche à convaincre et persuader
Proposition de questions pour l’oral :
Quels sont les procédés argumentatifs utilisés par Voltaire pour défendre Jean Calas ?
Quels sont les armes et les cibles de ce texte ?
En quoi l'argumentation de ce texte est-elle particulièrement efficace ?
En quoi ce texte est-il engagé ?
SYNTHESE DE COURS
I. Un plaidoyer + réquisitoire
1- Défense de Jean Calas
- "vieillard", "soixante-huit ans", "jambes enflées et faibles" : Voltaire veut objectivement démontrer
la faiblesse de Jean Calas et susciter la pitié du lecteur.
- Le terme vieillard est utilisé 3 fois dans l'extrait.
- Contraste entre le père et le fils => symétrie de la syntaxe, répétition de subordonnées relatives,
l'âge du père et du fils est dit précisément, opposition de "faible" et "force" = antithèses.
- Argument supplémentaire en faveur de Jean Calas.
2- Défense de sa famille et amis
Argumentation rigoureuse fondée sur la logique et bon sens.
- "absurde" => pas logique
- Hypothèse de la servante qui aurait aidé : étonnant car c'est elle qui a élevé la victime et illogique
car il a voulu se convertir dans sa religion.
- Lavaisse : il serait venu de très loin pour tuer son ami
- La mère : (implicite) impossibilité physique de tuer son fils. / explicite: "tendre"
Questions rhétoriques Comment...? => Absurdité mise en valeur. Il n'y a pas de réponses car cellesci sont évidentes.
3- la critique de la justice => Le supplice de Jean Calas
- Critique explicite de la justice.
- Premier paragraphe : progression vers l'affirmation "devrait" puis "devraient" puis "doit"
(conditionnel et présent de vérité générale).
- Hypothèse avec "il semble que" (= tournure impersonnelle) => ton péremptoire.
- Effet de chute: "mort"
- Manifestation physique de la peur : "trembler"
- Responsabilité des juges implicite + gravité
- Premier paragraphe, deuxième partie : réflexion plus large
- Réflexion humaine: référence à Athènes, Grèce Antique = argument d'autorité
- La justice française est plus dure que celle de la Grèce Antique "plus sage et plus humaine"
- "oser" => montre la gravité de la peine de mort et montre que ceux qui la pronoçaient dans la
Grèce Antique la prononçait avec difficulté.
- "Misère" = au sens moral
- Gradation
II. Un essai qui cherche à convaincre et persuader
1- Voltaire s'adresse à la raison (= convaincre)
Développements des arguments:
- " Il paraissait impossible [...] de l'ordinaire." relève de la logique et du bon sens pour être
compréhensible par tous et destiné à l'opinion publique.
- Importance des arguments déjà évoqués : le portrait de Calas
- Dans le deuxième paragraphe: Voltaire reconstitue la scène à la manière d'une enquête policière.
Tout est vérifiable (pas de meurtrissures, ni de témoins, ni de traces) donc suicide.
- 4ème paragraphe : Synthèse, reprise de l'idée d'illogisme : " aussi inconcevable que tout le reste"
- Connecteurs logiques
- Ton affirmatif, pas de place au doute: présent de vérité général: "on doit" = connotation morale
- Enonciation: "nous" qui inclut le lecteur + questions rhétoriques
- "falloir" et "absolument" = Hyperboles
- Texte logique sans faille
2- Le recours au registre pathétique (= Persuader)
- Persuader avec le registre pathétique : Jean Calas = vieillesse et faiblesse, mère = tendresse, thème
de la mort : début et fin
- Souffrance, torture et mort à la fois - Questions rhétoriques : "Comment..."
- Anaphore : "sans" (fin du deuxième paragraphe) : insiste sur l'absurdité de l'accusation
- Anaphore de "Il était évident que..."
- Effet de contraste : rupture avec 3 imparfaits et le passé-simple "condamna" qui sonne comme une
fatalité
- "Les juges qui étaient décidés pour le supplice de Jean Calas" : avec le verbe "décider", Voltaire
montre que la décision des juges a été prise sans raisonnement.
- Dernier paragraphe : une scène édifiante, pathétique. Même sous la torture, Jean Callas n'avoue
pas et pardonne à ses juges, prouvant ainsi son innocence et sa bonté d'âme.
Conclusion
Voltaire dénonce dans ce texte le disfonctionnement de la justice et l'intolérance religieuse à partir
d'un fait réel. Par un plaidoyer destiné en premier lieu à réhabiliter Jean Calas, il combat le
fanatisme qui aveugle les juges et leur fait prendre des décisions précipitées. Il mobilise dans cet
essai toutes les ressources argumentatives pour convaincre et persuader le lecteur (efficacité de cet
essai). En mettant son écriture au service de la justice, il montre qu'il est un écrivain engagé.
Ce texte est aussi représentatif du combat du philosophe des Lumières qui luttent contre toute forme
d'injustice, à commencer par l'intolérance religieuse de son époque, ce que montre la conclusion du
Traité sur la Tolérance : la "Prière à Dieu".
Un siècle et demi plus tard, Zola s'empare de l'affaire Dreyfus pour en démontrer aussi
l'incohérence et obtenir la réhabilitation de Dreyfus.