INGÉNIEUR ET JUGE CONSULAIRE
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INGÉNIEUR ET JUGE CONSULAIRE
La Justice Commerciale coordonné par Jacques Lassoury (75) E N FRANCE, la justice commerciale est rendue dans des tribunaux dits de commerce où siègent des juges consulaires qui ont autorité pour examiner les litiges et prendre les décisions qui seront juridiquement appliquées. Le dossier, où sont exposées les compétences et les moyens nécessaires à l’exercice de cette justice, comporte quatre parties. • Un premier article montre l’originalité de la fonction de juge consulaire, où les candidatures sont ouvertes à des hommes non spécifiquement juristes mais aptes, après formation, à participer aux décisions collégiales. • Suivent deux articles relatifs aux moyens et aux procédures qui permettent l’exercice de cette justice, notamment dans les problèmes rencontrés par les entreprises en difficulté. • Le quatrième article aborde les démarches de qualité mises en oeuvre dans l’organisation des tribunaux de commerce, pour en améliorer l’efficacité. Bernard Delebarre (54) n INGÉNIEUR ET JUGE CONSULAIRE Les compétences requises pour assumer les deux fonctions ont souvent des profils croisés Jacques Lassoury (75) mène une carrière de cadre en entreprise, d’enseignant et d’élu consulaire et local. Ses domaines d’expertise sont le marketing, l’intelligence économique, le droit des affaires et le droit des entreprises en difficulté. Il intervient à l’École Centrale de Lille, à HEC et au Cnam. E N FRANCE, la justice commerciale est principalement rendue par des juges élus et bénévoles regroupés au sein de cent trente-cinq tribunaux de commerce. Une formation pratique et continue Des candidats responsables Ces hommes et ces femmes doivent être de nationalité française, âgés de plus de trente ans, inscrits sur la liste électorale de la chambre de commerce et d’industrie du ressort du tribunal où ils sont candidats ou sur les listes électorales des chambres de commerce et d’industrie limitrophes, inscrits au registre du commerce et des sociétés à titre personnel depuis cinq ans au moins, ou ayant exercé des fonctions de dirigeant ou de cadre supérieur pendant cinq ans au moins. Les candidatures sont entièrement libres et sont gérées par la préfecture du département où est situé le tribunal. En général, le président et son équipe sont très impliqués dans la recherche de candidats potentiels et dans l’information de ceux-ci. L’expérience montre que les juges élus qui n’ont pas eu de contact avec le tribunal avant de déposer leur candidature sont souvent découragés par la charge de travail occasionnée par leur mandat et les contraintes que la loi et la déontologie leur imposent. Les juges sont le bras armé de la justice. Ils sont élus par un collège électoral qui est composé de trois catégories de membres : – les délégués consulaires ; – les anciens membres du tribunal, sous réserve qu’ils aient demandé à être maintenus sur la liste électorale ; – les juges du tribunal en exercice. Les juges consulaires n’ont pas besoin d’avoir une formation juridique pour être élus ; mais ils doivent en acquérir une afin d’exercer leurs fonctions avec compétence. Ils doivent en particulier, au cours de leurs deux premières années de mandat, suivre une formation initiale organisée par l’École nationale de la magistrature. La formation d’un juge consulaire consiste en un mélange de formation théorique et d’expérience. Au tribunal de commerce d’Évry que j’ai présidé pendant quatre années et demie, les juges nouvellement élus participent, dès leur élection et donc avant L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 3 La Justice Commerciale INGÉNIEUR ET JUGE CONSULAIRE Les nouveaux juges sont formés aux dossiers du droit commercial. leur installation, à une formation pratique sur les principaux aspects du droit commercial et de la procédure. Cette formation est dispensée en fin de journée par le tribunal de commerce de Paris. La découverte des rouages du tribunal de commerce d’Évry suit. En janvier, lors de l’Audience solennelle, les nouveaux juges sont installés après avoir prêté serment et ils deviennent juges à part entière. Ils tiennent généralement trois audiences de contentieux par mois et rédigent les décisions concernant les dossiers qu’ils ont entendu. Ces dossiers ont été préalablement sélectionnés par la chambre de mise en état afin d’accompagner leur montée en compétence. Ils ne sont bien évidemment pas seuls pour traiter les dossiers. Ils participent aux délibérés menés par le président de chambre ou par un juge expérimenté qui apporte des compléments de formation sur les points de droit soulevés dans le dossier en question. La rédaction du jugement fait l’objet d’allers et retours entre le juge débutant et son tuteur. Ce n’est que lorsque ce dernier sera satisfait du résultat que la décision sera rendue. Les juges nouvellement élus, tout comme leurs confrères et consœurs plus expérimentés, se doivent d’assister à des conférences organisées par l’École nationale de la magistrature, la Cour de cassation, la cour d’appel de Paris, les tribunaux de commerce voisins et la Conférence générale des juges consulaires de France. Le juge consulaire expérimenté a le droit de participer gratuitement, tous les ans, à deux stages organisés par l’École 4 L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 nationale de la magistrature et il participe à diverses conférences. Il ne peut être nommé juge commissaire et participer aux audiences de procédure collective qu’après deux années d’expérience et une première réélection. Après trois ans de fonction, le juge consulaire obtient le droit de présider une audience collégiale et il lui faudra attendre trois années de plus pour être candidat à la présidence d’un tribunal. Des ingénieurs juges consulaires Les juges consulaires sont élus initialement pour un mandat de deux ans renouvelable trois fois pour une durée de quatre années ; le président du tribunal a le privilège de faire un mandat de plus. C’est donc au bout de quatorze ou dix-huit années qu’un juge consulaire doit arrêter son activité pendant au moins un an avant de se faire éventuellement réélire. En pratique, un juge consulaire reste en activité pendant dix ans en moyenne. Quelques juges consulaires quittent le tribunal à la demande de leurs pairs au cours ou à la fin des deux premières années de leur mandat car ils n’ont pas atteint un niveau juridique suffisant et sont incapables de produire seuls des décisions de qualité. Selon une étude récente réalisée par la Conférence générale des juges consulaires de France, les juges consulaires sont à 85 % des hommes et sont âgés de 52 ans en moyenne. Ils sont 64 % à être ou avoir été mandataire social, 23 % sont ou ont été des cadres supérieurs alors que 5 % d’entre eux sont des commerçants en nom propre. Cette même étude relève que 27 % des juges consulaires sont diplômés de l’université, que 29 % d’entre eux sont issus d’une école supérieure de gestion et que 11 % d’entre eux sont titulaires d’un diplôme d’ingénieur. Les profils des juges consulaires des tribunaux de commerce des grandes métropoles sont légèrement différents. Une étude, que j’ai menée en 2003 au tribunal de commerce d’Évry, relevait 51 % de chefs d’entreprise et 49 % de cadres supérieurs au sein d’un effectif âgé en moyenne de 57 ans. Elle indiquait aussi que 47 % d’entre nous étaient titulaires d’au moins un diplôme de niveau bac + 5, 9 % d’une maîtrise ou d’une licence, 28 % d’un DEUG, d’un BTS ou d’un DUT, 9 % avaient seulement le bac et 7 % étaient des autodidactes. Parmi les juges consulaires de France, trois cents à trois cent cinquante sont des ingénieurs de formation. Ils ont rarement reçu une formation structurée en droit, mais ils deviennent rapidement de bons juges appréciés pour leur rigueur et la clarté de leurs décisions. Certains d’entre eux accèdent aux plus hautes responsabilités et deviennent président d’un tribunal. Les chefs d’entreprise et cadres supérieurs qui rejoignent un tribunal de commerce ont, dans la plupart des cas, déjà eu des engagements citoyens. Ils ont souvent participé activement à la vie d’un syndicat professionnel ou d’une chambre de commerce. Certains autres ont été impliqués dans la gestion de collectivités locales ou participé à une commission départementale des impôts. Leur candidature à un poste de juge constitue généralement un pas de plus dans leur engagement au service des autres. La fonction de juge consulaire requiert une présence aux audiences mais aussi beaucoup de travail personnel. Pour un juge expérimenté, la rédaction d’un jugement aussi simple soit-il prendra rarement moins de trois heures. La rédaction des jugements les plus complexes nécessite plusieurs dizaines d’heures de travail consacrées à l’examen des pièces, à l’étude des textes, à la recherche de jurisprudence et à l’écriture de la décision. Le plus gros dossier que j’ai traité avait cent vingt demandeurs et mesurait plus d’un mètre d’épaisseur ! La Justice Commerciale Un tremplin pour le barreau Il n’existe aucune évaluation du niveau et de la compétence des juges consulaires. Seuls les juges consulaires les plus jeunes cherchent à faire reconnaître officiellement leur compétence. Les universités françaises, dont la prestigieuse université Paris I - Panthéon Sorbonne, délivrent régulièrement des maîtrises en droit des affaires à des juges de commerce au titre de la validation des acquis de l’expérience. Certaines d’entre elles vont encore plus loin en prenant des juges consulaires comme « chargés de cours » en droit des affaires INGÉNIEUR La justice ET JUGE commerciale CONSULAIRE ou en droit des entreprises en difficulté dans le cadre de masters. De même, le séminaire « Redressement » d’HEC, destiné aux étudiants de troisième année et de master spécialisé, fait appel à des juges consulaires à côté de professionnels du droit et du chiffre. Il n’est pas rare de voir un juge consulaire en fin de mandat compléter sa formation pour réorienter sa carrière et devenir avocat. L’expérience montre que les juristes de formation ne sont pas forcément les meilleurs juges consulaires. La fonction de juge du commerce exige des compétences juridiques associées à l’expérience de la vie des entreprises. Les tribunaux de commerce puisent leur force dans la variété des origines de leurs membres et dans la collégialité de leurs décisions. Une bonne décision se forge souvent au cours du délibéré qui permet aux juges d’une même formation (équipe) d’échanger leurs points de vue et leurs arguments afin d’aboutir à une décision. Comme dans une entreprise, une des missions du président d’un tribunal de commerce est d’utiliser au mieux ses ressources en fonction des aspirations et des compétences des juges du commerce sans oublier que ceux-ci sont bénévoles ! Jacques Lassoury (75) n Des juges bénévoles et élus LA JUSTICE COMMERCIALE EN FRANCE L’autorité des tribunaux de commerce s’exerce pleinement en matière de litiges. L A JUSTICE commerciale est traditionnellement assurée en France par deux types de juridictions que sont les tribunaux de commerce et les tribunaux de grande instance. Les premiers sont composés de juges non professionnels et élus par les commerçants et les dirigeants d’entreprise et les seconds sont constitués de magistrats de carrière. La diversité des missions Les tribunaux disposent d’une panoplie d’outils pour prévenir ou traiter les difficultés des entreprises. Les tribunaux de commerce ont pour mission de régler tous les litiges entre les entreprises et notamment : – ceux relevant du droit financier et boursier, ainsi que du droit national et communautaire en matière de commerce ; – les contestations entre commerçants ; – les contestations entre associés de sociétés de commerce. Ils doivent aussi prévenir et traiter les difficultés des entreprises commerciales et artisanales. Dans un litige, le tribunal de commerce compétent est celui sur le territoire duquel se situe le siège de l’en- treprise attaquée en justice, ou bien le domicile de la personne mise en cause sauf clause dérogatoire contractuelle. Dans le cas de défaillances d’entreprises, pour toutes les sociétés commerciales, le tribunal de commerce compétent est celui du lieu de leur siège social. Pour les commerçants personnes, physiques, et les artisans, le tribunal de commerce compétent est celui du siège de l’entreprise. Pour les sociétés civiles, les associations, les exploitants agricoles et personnes morales de droit privé non commerçantes, c’est le tribunal de grande instance qui est compétent. Le tribunal de commerce est aussi une autorité administrative ! Le greffe du tribunal de commerce tient, sous le contrôle du président du tribunal, le registre du commerce et des sociétés (RCS) qui est l’état civil des entreprises. Il reçoit les déclarations d’immatriculation, modifications et radiations des commerçants et des sociétés. Il contrôle la validité juridique des déclarations en exigeant diverses pièces justificatives ; il reçoit en dépôt et conserve les statuts et autres actes de société ainsi que les comptes annuels des sociétés anonymes (SA & SAS) et des sociétés à responsabilité limitée (SARL). Pour remplir sa mission, le greffe est en relation avec : – l’Insee pour l’attribution aux entreprises du numéro d’immatriculation SIRENE ; – le Journal Officiel pour publier les formalités importantes (Bodacc) ; – le casier judiciaire pour vérifier l’absence de condamnation interdisant l’exercice d’activités commerciales. Enfin, il vérifie l’obtention, par le commerçant ou la société à inscrire, des diplômes ou autorisations administratives L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 5 La Justice Commerciale nécessaires à certaines professions et activités réglementées. Il confère la personnalité morale aux sociétés commerciales, civiles et GIE (groupement d’intérêt économique) à compter de l’immatriculation. Il a pour effet de rendre opposables aux tiers toutes informations déclarées. La panoplie d’outils LA JUSTICE COMMERCIALE EN FRANCE par un juge unique, assisté du greffier. Les débats sont contradictoires et publics. Le juge des référés rend son ordonnance immédiatement ou dans un délai bref qu’il fixe. Le greffe adresse une copie de l’ordonnance aux deux parties. Pour faire exécuter l’ordonnance, la partie intéressée doit la « signifier » à l’autre partie intéressée. La décision est exécutoire immédiatement. La procédure de l’Ordonnance sur requête sera utilisée dans les cas où seront sollicités : – un constat ; – une saisie conservatoire ; – une inscription de nantissement sur fonds de commerce ; – une vente aux enchères d’objet gagé ; – la nomination d’un expert ; – une prorogation du délai de tenue d’AGO (assemblée générale ordinaire) ; – une nomination d’un commissaire aux apports ; – etc. La personne physique ou morale qui souhaite faire valoir ses droits devant un tribunal de commerce dispose d’un outillage adapté aux différents besoins. Si la demande est fondée sur des documents difficilement contestables, la procédure simple et rapide de l’Injonction de payer est souvent la mieux adaptée. Elle permet d’obtenir une ordonnance d’Injonction de payer, valant jugement, sans assignation préalable du débiteur devant le tribunal de commerce (procédure non contradictoire). Il suffit de faire parvenir la requête au greffe du tribunal du domicile du débiteur, accompagnée des pièces justificatives et de la copie d’une lettre de mise en demeure préalablement adressée au débiteur en recommandé avec avis de réception. La requête n’est recevable que si elle concerne une créance d’un montant déterminé et est justifiée par des pièces. L’identité du débiteur doit être très soigneusement précisée. Le juge des Injonctions de payer rend l’ordonnance et le greffe l’envoie au demandeur qui doit la faire « signifier » c’est-à-dire la faire remettre à son débiteur, par l’intermédiaire d’un huissier dans le délai de Le tribunal peut choisir de confier le dossier à un juge rapporteur. six mois. S’il y a une urgence particulière pour La requête doit être remise au greffe en une mesure conservatoire ou de remise double exemplaire, indiquer les raisons de en état, pour demander une provision la demande, être signée, et être obligatoiresur une créance ou pour faire désigner ment accompagnée des pièces de nature à un expert, la procédure la mieux adaptée justifier les raisons invoquées. Le président est le Référé. Il faut faire délivrer une rend une ordonnance, et le greffe l’adresse assignation par huissier à son adversaire au demandeur qui peut la faire exécuter pour que les deux parties se présentent : immédiatement. Si le demandeur n’a pas – au jour fixé, date de l’audience habiobtenu satisfaction et s’il a de nouveaux tuelle du juge des référés ; éléments à faire valoir, il peut adresser au – à heure fixe dans un très court délai, président une nouvelle requête. en cas d’extrême urgence. Si l’affaire ne présente pas un caractère L’assignation doit être accompagnée d’urgence, ou présente des difficultés des pièces justificatives et déposée au sérieuses, il faut utiliser la Procédure greffe deux jours avant l’audience tenue classique à savoir : 6 L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 – rédiger ou faire rédiger l’assignation par laquelle le demandeur invite son ou ses adversaires à se présenter devant le tribunal à une date précise, avec un préavis de quinze jours, et où il expose sa demande et ses motifs ; – la confier à un huissier qui remettra le premier original à l’adversaire ou aux adversaires ; – déposer ou faire déposer au greffe du tribunal le second original, accompagné des pièces justificatives, une semaine avant la date de l’audience. Déroulement de la procédure classique Le principe du « contradictoire » dans la Procédure classique nécessite l’échange entre les parties des pièces et des conclusions de chacun. Cette procédure entraîne souvent plusieurs renvois de l’affaire à des audiences ultérieures, jusqu’à ce que les parties présentent un dossier « en état » d’être plaidé et jugé. Lorsque le dossier est « en état », le tribunal choisit soit d’entendre les plaidoiries des parties en audience publique par la formation collégiale de trois juges, et fixe la date pour plaider, soit, en accord avec les parties, de confier le dossier à un juge rapporteur qui entend les parties à la date et à l’heure fixées, et qui en fait rapport au tribunal. Après les plaidoiries, les débats sont clos, l’affaire est mise en délibéré et la formation collégiale, ou le juge rapporteur, fixe la date à laquelle le jugement sera rendu par le tribunal. Le greffe adresse copie du jugement à chacune des parties. Pour faire exécuter le jugement, la partie intéressée doit le « signifier » à l’autre partie, par l’intermédiaire d’un huissier. La décision peut être exécutée immédiatement, par l’intermédiaire d’un huissier, si l’exécution provisoire est prononcée. Pour les décisions dont le montant de la demande porte sur une somme supérieure à quatre mille euros – décision en premier ressort – la seule voie de recours est l’appel qui se fait en déposant la demande au greffe de la cour d’appel du ressort, dans le mois qui suit la notification du jugement. Jacques Lassoury (75) n La Justice Commerciale Missions et moyens des tribunaux de commerce AU SERVICE DES ENTREPRISES Comment les tribunaux de commerce peuvent-ils prévenir et traiter leurs difficultés ? La prévention et le traitement des difficultés des entreprises sont au cœur des missions des tribunaux de commerce. ainsi que les services chargés de la centralisation des risques bancaires et des incidents de paiement. Des procédures adaptées C ES DERNIERS et leurs présidents disposent d’une série d’outils instaurés ou confirmés par la loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005. L’objectif de cette loi, modifiée par l’ordonnance du 18 décembre 2008 et le décret du 12 février 2009, est de favoriser l’anticipation des difficultés et le rebond de l’entreprise et de l’entrepreneur. Un président à l’écoute Le président du tribunal de commerce dispose de nombreuses informations concernant les entreprises de son ressort : inscriptions de privilèges des services fiscaux et des organismes, dépôt ou absence de dépôt des comptes annuels, alertes des commissaires aux comptes, informations du ministère public, nombre important d’injonctions de payer, demandes de mise en liquidation ou en redressement judiciaire, etc. Si ces informations le poussent à penser qu’il existe des difficultés de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, il peut convoquer le chef d’entreprise pour que soient envisagées les mesures propres à redresser la situation. Le chef d’entreprise se rend souvent à l’entretien accompagné de son avocat ou de son expert comptable. Les échanges restent confidentiels. Le chef d’entreprise arrive parfois avec un plan d’action, qu’il présente au président, ou des éléments qui prouvent que les craintes du président ne sont pas justifiées. Le dirigeant peut aussi avoir pris conscience de sa situation suite à la convocation ou comprendre celle-ci au cours de l’entretien. Le président aura alors l’opportunité de lui présenter les procédures possibles mais il ne devra, en aucun cas, jouer le rôle de conseil. La justice doit être inébranlable. Il existe cinq approches pour gérer les difficultés des entreprises : le mandat Adhoc, la conciliation, la sauvegarde, le redressement et la liquidation judiciaire. Dans quelques cas, la situation de l’entreprise sera totalement compromise et, en l’absence de prise de conscience du dirigeant, le président sera contraint de saisir le tribunal. À l’issue de cet entretien, ou si le dirigeant ne s’est pas rendu à sa convocation, le président du tribunal peut obtenir communication des renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation économique et financière du débiteur par les commissaires aux comptes, les membres et représentants du personnel, les administrations publiques, les organismes de sécurité et de prévoyance sociale • Le mandat Adhoc Le dirigeant d’une entreprise en difficulté peut, à tout moment, demander à être reçu par le président du tribunal de commerce de son ressort pour être éclairé sur la conduite à tenir. S’il est confronté à une situation précise et passagère de crise, le président du tribunal peut désigner un mandataire Adhoc pour faciliter la recherche d’une solution adaptée. Il s’agit d’une procédure informelle qui ne fait pas l’objet d’un encadrement législatif et qui, grâce à sa souplesse et à sa confidentialité, permet de résoudre de nombreuses difficultés. En outre, elle n’est enfermée dans aucun Le tribunal peut choisir une procédure de conciliation. L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 7 La Justice Commerciale La liquidation est prononcée quand il n’y a plus d’espoir de sauver l’entreprise. délai et peut être utilisée pour préparer une éventuelle conciliation. La mission du mandataire Adhoc est définie par le président du tribunal. La mise en place d’un mandat Adhoc n’est possible que si l’entreprise n’est pas en état de cessation des paiements, c’est à dire qu’elle peut faire face, avec son actif disponible, à un passif immédiatement exigible. • La conciliation Si l’entreprise est en état de cessation des paiements et que celui-ci n’est pas caractérisé depuis plus de 45 jours, le législateur propose une procédure dite de conciliation qui a pour objectif d’obtenir un accord amiable entre le débiteur et ses principaux créanciers en vue de mettre fin aux difficultés de l’entreprise. La conciliation est initiée par le chef d’entreprise sous forme d’une requête au président du tribunal. Le président peut ordonner une enquête sur la situation économique et financière de l’entreprise ou désigner à la demande du chef d’entreprise un conciliateur qui négociera avec les principaux créanciers en vue de la conclusion d’un accord. La durée de la conciliation ne pourra pas dépasser quatre mois. Cet accord pourra être soit constaté par le président du tribunal, soit homologué par le tribunal. • La sauvegarde Elle est ouverte à la demande du chef d’entreprise qui, sans être en cessation des paiements, justifie de difficultés qu’il n’est pas en mesure de surmonter. Cette procédure a pour but de faciliter la réorganisation de l’entreprise afin de permettre la poursuite de l’activité économique, le maintien de l’emploi et l’apurement du 8 L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 AU SERVICE DES ENTREPRISES passif. Le dirigeant reste à la tête de ses affaires et peut être assisté d’un mandataire judiciaire. Le jugement d’ouverture fige la dette de l’entreprise et ouvre une période d’observation de six mois, renouvelable une fois, qui débouche, si tout se passe bien, sur un plan d’une durée maximale de dix ans durant laquelle l’entreprise remboursera ses dettes antérieures à l’ouverture de la procédure. Cette procédure exclut toute sanction à l’égard du dirigeant sauf en cas de résolution du plan. Pour mener à bien cette procédure, le tribunal désigne un juge commissaire, un mandataire judiciaire et éventuellement un administrateur. Le juge commissaire est chargé de veiller au déroulement de la procédure et à la protection des intérêts en présence. • Le redressement judiciaire Le redressement judiciaire a de nombreux points en commun avec la procédure de sauvegarde. Il est destiné aux entreprises qui sont en état de cessation des paiements et qui n’ont pas demandé l’ouverture d’une procédure de conciliation. Le dirigeant de l’entreprise qui souhaite bénéficier d’un redressement judiciaire doit faire au préalable une déclaration de cessation des paiements auprès du tribunal de commerce. Pour ce faire, il s’adresse au greffe de ce tribunal, celui-ci étant chargé de remettre le dossier indiquant tous les documents à fournir et de recevoir cette déclaration dûment motivée. Une fois le dossier déposé, le dirigeant est invité à se présenter devant le tribunal à jour et heure fixés. L’ouverture de la procédure peut également intervenir sur assignation d’un créancier ou sur citation à comparaître. L’audience se déroule en chambre du conseil (huis clos) et le tribunal entend également les délégués du personnel et/ ou les représentants des salariés ainsi que le ministère public. Cette procédure a pour objet de conduire un plan soit de continuation, soit de cession (totale ou partielle de l’entreprise). Le juge commissaire est chargé de veiller au déroulement de la procédure et à la protection des intérêts en présence. Il prendra de nombreuses décisions au cours de la procédure. L’administrateur est chargé de dresser un bilan économique, social et environnemental de l’entreprise et d’élaborer le plan de redressement. Il a aussi la charge d’assister le débiteur pour tous les actes relatifs à la gestion ou d’assurer seul l’administration de l’entreprise. Au cours de la période d’observation, le tribunal optera pour un plan de continuation de l’entreprise si des mesures de réorganisation permettent de prévoir son redressement et pour un plan de cession s’il apparaît que la cession de l’entreprise constitue la meilleure garantie du maintien de l’activité et de l’emploi. Si aucune de ces deux solutions n’est envisageable, le tribunal prononcera la liquidation judiciaire. • La liquidation judiciaire Une procédure de liquidation judiciaire est ouverte lorsqu’il n’y a plus d’espoir de sauver l’entreprise. Elle est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à réaliser le patrimoine du débiteur par une cession globale ou séparée de ses droits et biens. Nombreux freins à la prévention des difficultés En dépit de l’arsenal d’outils disponibles, trop d’entreprises disparaissent alors qu’elles auraient pu être sauvées si les mesures nécessaires avaient été prises a temps. Les causes de cet état de fait sont diverses. – Trop de chefs d’entreprise manquent de lucidité concernant la situation réelle de leur entreprise. Certains sont conscients des difficultés mais espèrent « se refaire ». Peut-on réellement critiquer leur optimiste ? L’optimisme n’est-il pas une qualité indispensable à un créateur ou à un repreneur d’entreprise ? D’autres connaissent les mesures qu’ils devraient prendre mais n’agissent pas à temps. Peut-on condamner un homme qui n’arrive pas à se séparer de salariés qui lui ont été dévoués durant des dizaines d’années et dont, parfois, les parents travaillaient déjà pour l’entreprise ? D’autres encore n’ont pas la moindre idée de la situation réelle de leur entreprise. Ils n’ont pas de comptabilité digne de ce nom et des notions élémentaires de gestion, telles que celle du point mort, leur sont inconnues. – Beaucoup de chefs d’entreprise n’ont pas les connaissances juridiques indispensables à l’exercice de leur métier et n’ont pas accès aux conseils qui pourraient pallier à leurs insuffisances. La Justice Commerciale AULa SERVICE justiceDES commerciale ENTREPRISES – La justice fait toujours peur et les tribunaux sont plus souvent perçus comme des censeurs que comme des aides. – Enfin, quelques chefs d’entreprise sont conscients de leur situation mais préfèrent en tirer profit jusqu’au bout. • Les moyens de développer la prévention des difficultés des entreprises La formation et l’information sont des outils clés. Les efforts dans ce sens sont importants. Les avocats, les expertscomptables, les administrateurs et les mandataires judiciaires regroupés au sein de leurs organisations professionnelles mènent des opérations de sensibilisation mais celles-ci touchent principalement un public déjà averti. Les chambres des métiers et de l’artisanat et les chambres de commerce et d’industrie incluent un module sur la prévention des difficultés des entreprises dans leurs formations destinées aux futurs chefs d’entreprises mais celles-ci ne sont obligatoires que pour les candidats artisans. L’enseignement supérieur ne Les chambres des métiers et de l’artisanat hébergent des centres d’information pour la prévention des difficultés. semble pas encore avoir pris conscience des dimensions de l’enjeu. Beaucoup trop d’étudiants obtiennent un diplôme d’ingénieur, un diplôme d’une école supérieure de commerce ou un master 2 sans avoir la formation juridique indispensable à des futurs entrepreneurs. L’ordre des experts-comptables et l’ordre des avocats, sous l’impulsion d’Agnès Bricard, ont eu l’heureuse initiative de créer des centres d’informations sur la prévention qui sont souvent hébergés par les chambres des métiers et de l’artisanat ou les chambres de commerce et d’industrie et qui reçoivent les chefs d’entreprise en quête d’information. Le plus souvent, ce sont les présidents et les juges des tribunaux de commerce qui portent, à leurs frais, la bonne parole auprès des syndicats patronaux, des élus locaux, des clubs, des associations et même des syndicats de salariés. Leur action à l’avantage d’informer les acteurs du monde économique et de dédramatiser leurs relations avec la justice commerciale. • Créer une culture du rebond La loi de sauvegarde du 26 juillet 2005 n’est pas seulement une loi de plus sur le traitement des difficultés des entreprises ; elle concrétise une volonté d’introduire une culture de la prévention et du rebond dans l’économie française. Les tribunaux de commerce sont aux avant-postes dans ce combat ! Jacques Lassoury (75) n Une image attractive des tribunaux de commerce LA DÉMARCHE QUALITÉ Améliorer les pratiques et la formation, installer la certification et propager les expériences. Philippe Béziaux, diplômé de l’Essec (62), maître en droit et titulaire d’un DES de sciences économiques, a fait sa carrière dans un groupe multinational où il a occupé diverses fonctions au sein de la direction marketing et de la direction générale. Philippe Béziaux est juge au tribunal de commerce de Pontoise dont il a été président, membre du Conseil national des tribunaux de commerce et ancien vice-président de la Conférence générale des juges consulaires de France. P LUSIEURS RAISONS militent pour une approche qualité dans les tribunaux de commerce. • Les tribunaux de commerce, comme les autres institutions judiciaires, ont une situation de quasi monopole en matière de traitement des litiges entre commerçants ou sociétés (l’arbitrage est une solution alternative, mais limitée à certains cas) et un monopole total pour le traitement des entreprises en difficulté. Une telle situation légitime une qualité exemplaire des processus dans les tribunaux de commerce. • En terme d’attractivité d’un territoire, si le « ressort » d’un tribunal a une image de qualité de sa justice en matière de L’image de qualité d’un tribunal est un avantage compétitif pour la région concernée. L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 9 La Justice Commerciale LA DÉMARCHE QUALITÉ de ces tribunaux. Cette Conférence est très sensibilisée aux démarches qualité et en a fait l’un de ses objectifs majeurs actuels. Dans cet esprit, elle a mis en œuvre différentes actions permettant de diffuser les bonnes pratiques de nos tribunaux et de rendre cohérente la chaîne qualité reliant les juges consulaires et leurs auxiliaires de justice. Seules seront développées, en résumé, les deuxième et troisième démarches. Les auxiliaires de justice jouent un rôle en cohérence avec la production du tribunal. traitement des affaires commerciales, c’est un avantage compétitif éventuel par rapport à d’autres régions et cela peut favoriser l’implantation d’entreprises ou le maintien d’entreprises dans ce ressort. • Par ailleurs, la justice n’est pas le résultat des seuls juges d’un tribunal, en effet les auxiliaires de justice comme les greffiers, mandataires de justice, commissaires priseurs, experts, etc. jouent un rôle important et leur action doit être cohérente avec celle des juges consulaires. • Enfin, la justice consulaire, celle des tribunaux de commerce, est rendue par des juges élus dont les mandats sont limités dans le temps, maximum quatorze années, ce qui induit un certain turnover de la population des juges consulaires ; de ce fait il y a une nécessité d’assurer une qualité et une stabilité dans le temps des jugements et décisions judiciaires des tribunaux de commerce. L’ensemble de ces facteurs fait que, au même titre que dans les entreprises privées et les administrations, les démarches qualité ont aussi leur place dans les tribunaux de commerce. démarche est plus ou moins formalisée mais elle est tout à fait respectable. Le deuxième type de démarche, spécifique également à un tribunal donné, c’est lorsque des tribunaux ont désiré mettre en œuvre dans leur juridiction une démarche qualité formalisée visant à une certification ou à un niveau de formalisation équivalent ; de telles démarches ont été menées dans les tribunaux de commerce de Lyon, Chambéry et Pontoise, une démarche analogue est en cours actuellement au tribunal de commerce de Paris. Le troisième type de démarche, que l’on qualifiera de déploiement, c’est celle de la Conférence générale des juges consulaires de France, laquelle est l’association de l’ensemble des juges consulaires des 135 tribunaux de commerce et est donc en contact avec chacun Le déploiement des démarches Ces démarches dérivent directement des raisons exposées précédemment sur l’intérêt d’une démarche qualité dans un tribunal et y ajoutent deux éléments : – d’une part, la volonté de formaliser au maximum ou au mieux les pratiques du tribunal afin de dépasser les risques liés à des pratiques très « orales » dans les tribunaux de commerce ; – d’autre part, la volonté de mettre en œuvre des stratégies de progrès elles aussi formalisées dans les tribunaux concernés. Partant de là, chacun des tribunaux ayant décidé d’une telle approche a choisi les domaines sur lesquels il désire lancer sa démarche qualité, soit sur un spectre large de domaines – cas des tribunaux de Lyon, Pontoise et Paris –, soit sur un spectre plus étroit Les types de démarche qualité On peut distinguer trois types de démarche. Le premier type de démarche, propre à chaque tribunal, c’est tout simplement le cas des tribunaux de commerce dans lesquels le président et ses juges sont attachés à la qualité de leur organisation et de leurs décisions de justice et mènent des opérations de formation de leurs juges et de rigueur dans leurs pratiques afin d’atteindre un bon niveau de qualité ; cette 10 L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 Les processus qualité requièrent de la gestion et de la documentation dans les démarches. La Justice Commerciale mais stratégique comme la prévention des difficultés des entreprises, cas du tribunal de Chambéry. Afin d’illustrer ce que peuvent être les domaines couverts par ces démarches qualité, voici les domaines sur lesquels a été déployée la démarche qualité du tribunal de commerce de Pontoise : – tout ce qui concerne la « production » du tribunal : le traitement du « contentieux » (les litiges entre commerçants ou entreprises), la prévention des difficultés des entreprises, les procédures collectives (ce qu’on appelait jadis les faillites) et les décisions présidentielles ; la démarche permet ainsi de formaliser des vademecums de référence pour les juges dans chacune de ces activités de production ; – mais cette production ne peut exister sans la description des méthodes de recrutement des nouveaux juges, de leur intégration, de leur formation et du montage de l’organisation adéquate du tribunal, c’est ce qu’on peut appeler le « management du tribunal » ; – enfin cette production implique l’existence de supports tels que ceux d’experts, d’administration judiciaire et de communication, la démarche précise les méthodes afférentes à ces domaines. Le système qualité se compose ainsi d’un certain nombre de « processus qualité », en fait un peu plus détaillés que ce qui vient d’être décrit, avec deux autres processus clés, la gestion d’ensemble de la démarche et la gestion de la documentation. L’avantage de cette approche, c’est qu’elle rejoint ce qui est pratiqué en entreprise au travers des analyses des forces et faiblesses de chaque processus et des axes de progrès qu’on en dégage ; en outre, dans cette approche décomposant un tribunal en trois groupes de processus, production/ management/supports, on retrouve des dimensions propres à la gestion des entreprises, que connaissent bien les juges consulaires, hommes d’entreprise. Au niveau des objectifs qualité globaux des tribunaux, dans les quatre cas cités – dont deux sont à ce jour certifiés ISO 9001/2000, les tribunaux de commerce de Lyon et Pontoise –, le plus souvent, on retrouve des objectifs en termes de qualité de l’accueil des justiciables, de délais de traitement des affaires contentieuses, de contribution à la diminution du risque de défaillance des entreprises et de qualité des décisions de justice. LA DÉMARCHE QUALITÉ Le management du tribunal implique l’existence d’experts. Pour finir sur ce type de démarche qualité, il faut convenir qu’une telle démarche ne peut prospérer que si le tribunal est suffisamment mature quant à cette approche et si le président de la juridiction joue un rôle très fort d’entraînement de ses juges dans la démarche ; ceci implique l’existence d’une expertise pour aider le tribunal à mettre en place la démarche avec des probabilités de succès, expertise au tribunal ou importée dans celui-ci. Un support méthodologique aide au développement de la chaîne qualité. La promotion des bonnes pratiques La Conférence générale n’a pas d’autorité hiérarchique sur les tribunaux de commerce, mais, pour autant, ceux-ci attendent d’elle qu’elle apporte un support méthodologique à leurs différents processus. Dans cet esprit, cette conférence a développé deux programmes qualité. – En premier lieu, la Conférence est partie du concept de la chaîne qualité reliant les tribunaux et leurs juges consulaires, les greffiers et les administrateurs/ mandataires judiciaires. Deux groupes de travail de juges consulaires, l’un avec les greffiers, l’autre avec les administrateurs/mandataires judiciaires travaillent actuellement à définir le cadre de leurs rôles respectifs et une charte qualité partagée entre ces trois acteurs. L’un des principaux thèmes retenus est celui de l’accessibilité à la justice et l’accueil des justiciables, thème impliquant autant les tribunaux de commerce et leurs juges que les greffiers, les administrateurs et mandataires judiciaires. – En second lieu, la conférence a mis en place une opération de collecte des bonnes pratiques sur l’ensemble des tribunaux de commerce, l’idée étant qu’il y a de bonnes pratiques dans nos tribunaux et qu’il serait utile de les faire partager entre les différents tribunaux. Ainsi, plusieurs thèmes ont été retenus pour l’année en cours, dont entre autres, encore une fois l’accessibilité à la justice et l’accueil dans les tribunaux de commerce, mais aussi la prévention des difficultés des entreprises, les expertises judiciaires et l’accueil des nouveaux juges. Le résultat visé est de bâtir, sur chacun de ces thèmes, un guide des bonnes pratiques à disposition des tribunaux et de leurs juges. Philippe Béziaux n L’ingénieur N° 261 - Mars / Avril 2010 11