Debbie Reynolds décède un jour après sa fille, Carrie Fisher

Transcription

Debbie Reynolds décède un jour après sa fille, Carrie Fisher
special siel
Honoré Koumé, éditeur camerounais
«Nous avons surtout besoin
d’accompagnement»
Cette année, le Cameroun, à l’instar des autres pays d’Afrique Centrale est présent à la 23e édition du Salon
International de l’Edition et du Livre (SIEL) qui se tient à Casablanca du 9 au 19 février. Ce sont trois maisons d’édition qui représentent cette année le pays à ce Salon qui met à l’honneur les pays de la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC). Rencontré au Salon, Honoré Koumé, éditeur camerounais, donne un panorama du secteur de l’édition du Cameroun et revient sur ses difficultés, ses enjeux et
perspectives de développement. Les propos.
Propos recueillis par Danielle Engolo
Al Bayane : Comment se porte le secteur de l’édition au
Cameroun ?
Honore Koumé : Je ne dirais pas que c’est un secteur en émergence,
mais plutôt un secteur qui se cherche. En effet, l’édition requiert un
certain nombre de ressources, qu’elles soient humaines, financières ou
infrastructurelles.S’agissantdesressourceshumaines,onpeutentrouver, mais les deux volets financier et infrastructurel sont en recul, ce
qui pose un réel problème.
Quelles sont les causes de ce recul sur les plans financier
et infrastructurel ?
Il faut dire que d’amont, il n’y a pas un bon marché du livre au
Cameroun. Quand je parle de marché du livre, je fais référence à cette
tendance des gens à rechercher la lecture. Cela n’existe pas beaucoup,
ce qui fait que les livres ne sont pas vendus, ceux qui éditent ne rentrent pas dans leurs frais. On se retrouve inéluctablement devant un
problème de refinancement du circuit. Par ailleurs, les éditeurs n’investissent pas suffisamment. Ce qui fait que dans l’ensemble le secteur
est comme sinistré.
Y’a-t-il des mesures qui sont mises en œuvre pour pallier
ces problèmes et booster le secteur de l’édition?
Concernant particulièrement notre entreprise, la Société de Presse et
d’Edition du Cameroun (SOPECAM), je puis dire que la volonté y
est. Nous nous sommes lancés sur le segment du livre scolaire que
nous voulons produire en masse. Bien évidemment, si cette première
expérience est concluante, cela va nous pousser à revisiter notre stratégie, qui jusque-là, a consisté à déployer toute l’énergie dans la presse
et les magazines. Je crois que désormais, le livre apparait comme un
élément majeur dans l’activité de la SOPECAM.
Qu’en est –il du numérique dans l’édition au Cameroun ?
Tout est à faire sur ce plan. Quand on essaie de voir ce qui se fait
ailleurs, nous sommes au stade embryonnaire, au stade du démarrage
et pourtant, c’est le marché de l’avenir.
Pouvez-vous nous présenter la délégation des éditeurs qui
représente le Cameroun à ce salon ? Comment s’est fait le
choix des maisons d’édition ?
Nous sommes trois éditeurs : AfricAvenir du professeur Kum’a
Ndumbe, ANUCAM Educational Books qui édite majoritairement
en anglais et la SOPECAM qui est la société à capital public qui
s’occupe de la presse et de l’édition du côté gouvernemental. Le
ministre de la culture, qui était chargé de déterminer les exposants
camerounais, a fait son choix. Je crois que ce choix s’est fait, notammentsurlabasedescritèresdereprésentativitéetdeprésenceeffective
sur le marché.
Quelles sont vos impressions générales par rapport au Salon ?
Le SIEL ne nous a pas ramenés au ciel. Je dirais que c’est plutôt une
bonne découverte. Il y’a beaucoup d’opportunités. C’est une école
pour la SOPECAM et les autres éditeurs. Nous apprenons les goûts
du marché du livre, les techniques de pénétration de ce marché…
D’ailleurs, dans le cadre de ce salon, nous envisageons la création
d’une alliance des éditeurs d’Afrique Centrale. Nous nous sommes
rencontrés vendredi. Nous pensons peaufiner une stratégie avant de
nous séparer. Nous allons en même temps continuer à chercher dans
le cadre du Salon des partenaires avec qui nous pourrons cheminer,
surtout que chez nous, nous avons beaucoup plus besoin d’être
accompagnés. Il y’a une population de plus de 6 millions d’élèves qui
est la première cible du manuel scolaire, en plus du reste de la population qu’il faudrait intéresser à la lecture. Nous avons besoin d’accompagnement et nous allons le chercher inchallah durant ce salon et
j’espère que nous allons le trouver.
L’édition de la RCA et du
Burundi entre vents et marées
Mohamed Nait Youssef
Le secteur de l’édition dans plusieurs pays de la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) a encore
du mal à éclore. Plusieurs pays de la région en proie aux guerres
et à l’instabilité ont vu leur secteur de l’édition régresser. Selon
Yapande Nellie, directrice d’un centre culturel en RCA
(République centrafricaine), le problème du secteur de l’édition
du pays puise ses racines dans les mutations et changements
qu’a connus le pays (guerres, coups d’Etat…). En outre, le
secteur de l’édition du pays pâtit du problème de la diffusion
qui demeure fondamental sans oublier que les écrivains du pays
souffrent du manque de maisons d’édition, ce qui les pousse à
éditer ailleurs. «Dans notre pays, nous essayons de faire la promotion des livres dans les librairies, les centres culturels, les
festivals, les rencontres autour du livre afin que le public centrafricain puisse les connaitre et les acheter», confie t-elle. Pour
elle, le SIEL est un rendez-vous important phare qui réunit un
grand nombre de professionnels du livre, des éditeurs et des
écrivains, mais aussi un public nombreux. « C’est un événement
qui permet d’échanger entre les pays et les professionnels du
secteur dans le but de renforcer les liens et avoir des espaces de
production, de diffusion et de commercialisation. Le SIEL
nous offre l’opportunité de nous rencontrer, nous connaitre et
discuter autour des problèmes existants afin de proposer des
solutions convenables. Le livre doit circuler, les lecteurs doivent
avoir accès aux livres. Le livre doit être produit à moindre coût
pour aider toute la chaine de l’édition», souligne t-elle.
Pour l’éditeur burundais Emile Baribarira, le secteur de l’édition
au Burundi se cherche encore. D’après lui, le livre est en pleine
croissance. Baribarira qui édite des ouvrages académiques, les
publications scientifiques est venu en compagnie de ses amis
éditeurs chercher de nouveaux horizons et opportunités pour
faire avancer le secteur de l’édition dans son pays. «Au Burundi,
nous n’avons pas assez d’auteurs et des lecteurs. Chez nous, le
livre est encore inaccessible au grand public», confie-t-il.
Lundi 13 février 2017
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Siel…mon livre !
Le feu sacré de régis
Debray
«Que deviendrions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas »
Paul Valéry
Mohammed Bakrim
Le fait religieux est un paradigme
constitutifdelapenséecontemporaine.
Il est à distinguer ici de la religion
comme dimension de l’être, comme
pratique sociale inhérente à l’évolution
de la perception que se fait l’homme de
son rapport au monde. Le fait religieux
est l’expression plutôt de cette irruption du sacré dans l’espace public. Ce
quenousqualifieronsalorsdesignesde
lareligiositéestdevenudepuisquelques
années un phénomène public, faisant
pratiquement de la religion la principale question politique de notre temps.
Cette omniprésence tourne en particulier autour de la place de l’Islam dans
lessociétésmodernes.NotammentdanslessociétéslaïciséescommelaFrance
où le débat mobilise la sphère intellectuelle. Régis Debray l’une des figures
emblématiques de cette sphère a été appelé à intervenir sur le sujet à double
titre. D’abord sur un plan plus pragmatique, celui du citoyen engagé au sens
large, en tant que Républicain. C’est ainsi qu’il a été appelé à rédiger un rapport sur une demande du ministère de l’Education nationale sur «l’Enseignement du fait religieux à l’école laïque». Il avait préside d’ailleurs le comité de
direction de l’Institut européen en sciences des religions auprès de la célèbre
Ecole pratique des hautes études. Sa thèse à ce niveau est que la République
doit prendre les devants, agir en quelque sorte pour assumer le fait religieux
et l’intégrer à la configuration institutionnelle qui préside au fonctionnement
du système démocratique. En d’autres termes, ne plus ignorer cette composante dans l’organisation des forces sociales.
Mais Régis Debray s’intéresse aussi au sujet en tant que maître d’une discipline qu’il a contribuée à forger, la médiologie ; comprendre par là une
«science» qui étudie les fonctions sociales supérieures : art, politique, religion… Une étude des signes qui se distinguent de la sémiologie car en fait la
médiologie s’intéresse en premier lieu aux structures matérielles de transmission de ces signes.
Quand le sémiologue regarde la composition des formes et des couleurs, le
médiologue s’intéresse au micro, à la structure de la table à la forme de la salle.
Des thèmes abordés par exemple dans Les cahiers de la médiologie, publication dirigée par Régis Debray, s’intitulent le vélo, la route, la projection…
C’est dans cette perspective qu’il faut lire son important ouvrage Le Feu sacré
consacré aux fonctions du religieux (édité chez Fayard en 2003) ; c’est l’aboutissement d’un itinéraire intellectuel –les médiologues s’inspirent beaucoup
du mouvement- fruit d’un parcours aussi bien individuel que culturel.
C’est un feedback en somme ; une récapitulation car l’auteur a réussi plusieurs
incursions dans le domaine, celui plus générique de la croyance. Et c’est formé
par tant d’expériences que d’emblée il note sans un brin d’amusement : Notre
monde contemporain, qui voulait tant faire jeune et déluré, trébuche sur des
anachronismes -anathèmes, paradis et guerres saintes. C’en est assez pour
clore la querelle des Anciens et des Modernes, avec ses couples sages, archéo/
néo, réactionnaires/éclairés. Ces bonnes vieilles antinomies ont fait leur temps
– et perdu leur force explicative ».
On n’est pas tenu d’adhérer, mais le voyage que propose Debray est fascinant,
d’autant plus que la structure du livre se prête à plusieurs entrées, épousant
parfois la configuration d’un manuel, en l’occurrence un manuel d’initiation
au fait religieux avec moult illustrations, définitions et cartographies. La
démarche étant guidée par un principe : tourner le dos au béat comme au
ricaneur, privilégier un tiers parti : sonder le mentir - vrai des croyances
humaines.
Le livre et le cinéma
Aujourd’hui avec Saad
Chraibi, cinéaste
Quel est le personnage romanesque qui a marqué vos lectures ?
Plusieurs. Mais particulièrement L’IDIOT de Dostoïevski
Quelle est l’adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire qui
vous semble la plus réussie ?
Le docteur JIVAGO de David Lean
Quel (s) roman (s) aimeriez-vous un jour pouvoir adapter ?
Un ou plusieurs romans de Fouad Laroui.