Discours prononcé par Monsieur Henri Fréville, Député

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Discours prononcé par Monsieur Henri Fréville, Député
Discours prononcé par Monsieur Henri Fréville, Député-maire de Rennes, à
l'occasion de l'Inauguration de l'École Nationale de la Santé Publique, le vendredi
4 novembre 1966.
Archives de Rennes, 15 W 1.
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Encore meurtrie par un grave sinistre qui l'atteignit profondément il y a moins de dix
jours et dont les effets se feront très longtemps sentir, la Ville de Rennes est heureuse
de vous accueillir aujourd'hui et de célébrer l'Inauguration de l'École Nationale de la
Santé Publique vers laquelle se sont bien souvent portées, pendant de longues années,
ses pensées et ses attentions et qui constitue dorénavant l'un des éléments de sa
notoriété.
Dans le long et parfois difficile combat mené depuis quinze ans pour un meilleur
équipement et une modernité de bon aloi, notre Cité a bénéficié de circonstances
heureuses, de concours éclairés, d'amitiés désintéressées qui, se conjuguant avec les
efforts persévérants de ses habitants, l'ont mise dans le cas de jouer un rôle non
négligeable en plusieurs domaines essentiels.
Je ne saurais oublier, Monsieur le Ministre, qu'il y a six ans déjà, je vous ai trouvé
attentif aux besoins de la Capitale de la Bretagne quand s'est posé le problème de lui
fournir l'énergie qui lui était nécessaire et que ne pouvait plus lui assurer une usine à
gaz hors de proportion avec son développement. Au sortir d'un long entretien dans votre
Cabinet de Ministre de l'Industrie, vous m'avez dit :"Je ne vous fais qu'une promesse,
celle d'étudier avec objectivité et lucidité votre dossier, d'apprécier les besoins de votre
ville et de les satisfaire si les disponibilités en gaz naturel apparaissent telles que l'on
puisse, sans danger pour l'avenir, assurer la conversion souhaitée". Vous avez été, dix
mois plus tard, l'artisan du décret autorisant la création du feeder Nantes-Rennes.
Permettez-moi de vous remercier publiquement dans la ville même qui a été bénéficiaire
de votre compréhension et de votre sens élevé de l'intérêt général.
Vous êtes aujourd'hui venu comme Ministre des Affaires Sociales - accompagné de
Madame Jeanneney à laquelle je voudrais présenter nos respectueux compliments consacrer une réalisation originale, capitale pour tout ce qui - de près ou de loin - se
rapporte à la Santé Publique.
Personne, plus que vous, n'était susceptible de donner à l'Établissement public national
dont l'administration est désormais confiée à Monsieur le Docteur Cayla, ses véritables
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dimensions ; personne - sans aucun doute - ne pouvait, d'autre part, mieux que vous,
admettre que l'ancien rapporteur à l'Assemblée Nationale, de la loi portant création de
l'École, puisse tenir, en ce jour, à associer au nom du Ministre des Affaires Sociales
actuellement responsable de la Santé Publique et à celui de Monsieur Marcellin, votre
prédécesseur pour ce département, ceux des hommes qui furent les promoteurs de
l'institution, ceux, aussi, de ceux qui veillèrent à sa réalisation : Messieurs Robert et
Michel Debré, Bernard Chenot et Joseph Fontanet, ceux, enfin, de leurs collaborateurs
respectifs : Messieurs Pierre Racine, Max Querrien, Antoine Veil.
Je ne puis m'empêcher, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, d'évoquer - en un
tel instant - les premiers échanges de vues relatifs à cette création, les obstacles sans
cesse renaissants qu'il fallut franchir, les difficultés de tous ordres et les plus inattendues
qui durent être surmontées.
Il fallut, pour que la loi produisit tous ses effets, la ténacité exemplaire du Premier
Ministre d'alors, auquel je ne dirai jamais assez notre gratitude, et le soutien, affirmé et
unanime, des membres des deux assemblées dont l'intérêt ne se dément pas puisque
nous avons la joie et l'honneur non seulement de compter à cette table les
parlementaires de l'Ille-et-Vilaine mais encore les rapporteurs des commissions
compétentes, Messieurs Bisson et Mainguy pour l'Assemblée Nationale, Monsieur le
Sénateur Lemarié pour le Sénat. Je voudrais les remercier, au nom de tous, de la
manière la plus amicale et la plus chaleureuse.
Nous avons, à ce moment-là, appris à connaitre combien il est difficile, en ce pays,
d'innover et, plus encore, de faire entrer dans les faits le principe - cependant
généralement admis - de la décentralisation en matière de recherche et
d'enseignements spécialisés.
Il reste que l'École Nationale de la Santé Publique est devenue une réalité bien vivante
dont la renommée et le crédit s'étendent - comme d'ailleurs il avait été prévu - bien audelà de nos frontières et qui - dans le cadre de l'Organisation Mondiale de la Santé dont
je tiens à saluer les éminents représentants ici présents - apporte une contribution non
négligeable à l'application d'une politique sanitaire d'ensemble, cohérente et efficace.
C'est avec un grand plaisir que nous avons, les uns et les autres, appris récemment que
le Symposium des directeurs d'Écoles européennes de Santé Publique avait adopté les
statuts d'une Association des Écoles de Santé Publique et des institutions responsables
de l'enseignement avancé de la santé publique en Europe et que le siège de cette
association avait été provisoirement (car l'Association est à ses débuts) fixé à I' École
Nationale de la Santé Publique à Rennes dont le directeur est devenu secrétaire
général du Comité provisoire lequel comprend, en outre, Monsieur le Professeur
Harmsen, Directeur de l'Institut de Médecine Tropicale de Hambourg, et Monsieur
Doeleman, Professeur de Médecine Sociale à l'Institut de Médecine Préventive de
l'Université de Leyde.
Comment aurait-il pu en aller autrement, Monsieur le Président, puisque, depuis des
années, tous vos soins ont tendu - sous des formes diverses - à faire de cette École le
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creuset dans lequel doivent être formés à des disciplines, parfaitement élaborées et
complémentaires de celles qui sont dispensées dans nos Facultés de Médecine et de
Pharmacie et dans nos écoles d'ingénieurs, tous ceux qui, sur des plans différents,
doivent concourir au maintien ou à l'établissement de l'hygiène et de la santé publiques,
à la lutte contre les grands fléaux sociaux, à la solution des grands problème posés
maintenant à l'échelle des États et des Continents, tels, par exemple, ceux de la
nutrition envisagés aussi bien du point de vue clinique que pathologique ou
démographique.
L'École Nationale de la Santé Publique, telle qu'elle est devenue, telle qu'elle
fonctionne, est, tout à la fois, la concrétisation d'une méthode et l'expression d'un esprit.
Vous avez puissamment aidé à la création de celui-ci et à sa définition. Le Président Le
Gorgeu avait, fort pertinemment, saisi dans quelles perspectives vous aviez souhaité
voir naitre et se développer cette grande École et son passage à la tête du Conseil
d'Administration a été marqué par sa volonté affirmée de ne trahir, d'aucune façon, la
pensée sous-jacente à la fondation.
La famille du Président Le Gorgeu - qui nous fait l'honneur et l'amitié de sa présence
aujourd'hui - ne m'en voudra pas d'évoquer ainsi sa mémoire et de révéler ce que
furent, dans le domaine qui nous occupe, ses convictions profondes.
Cet esprit, cette méthode, cette volonté de coopération toujours plus étroite avec
l'Organisation Mondiale de la Santé, ce désir d'associer toujours plus intimement la
recherche et l'enseignement, vous nous en entreteniez, en cette Ville, il y a près de dix
ans déjà, Monsieur le Président, quand avec infiniment de perspicacité, vous nous
traciez à grands traits ce que devait être, selon vous, le nouveau complexe hospitalier
rennais. Ils ont été à l'École de la Santé Publique - sous votre inspiration - le fait de
l'équipe constituée autour de Monsieur le Professeur Sénégal qui reçut la lourde et
épuisante mission d'assurer, dans des conditions matérielles et parfois psychologiques
difficiles, le démarrage des enseignements en même temps que la construction des
immeubles. Plusieurs de ceux qui formèrent l'armature la plus solide de ce groupe
d'avant-garde ont disparu, prématurément arrachés à leurs travaux, victimes, comme
celle qui les réunissait souvent autour de son mari, comme celui, aussi, qui conçut
l'architecture aérée et puissante à la fois des nouveaux locaux, de leur immense et
impérieux souci de servir, sans réserve et parfois sans mesure, les hommes.
Monsieur l'Inspecteur Général Cayla, en apportant à l'École le fruit de sa grande
expérience administrative, ne modifiera certainement pas les grandes orientations de
ses activités de telle sorte que l'avenir de notre nouvel Établissement National se
dessine de manière de plus en plus précise et s'inscrit dans les limites d'une grande
politique nationale de la Santé.
L'École Nationale s'insère, désormais, physiquement au sein de notre Ville entre le plus
vieux quartier de la Cité - le Bourg l'Évêque, en cours de rénovation totale - et le secteur
le plus organiquement constitué et le plus moderne, Villejean-Malifeu, comprenant le
Centre Hospitalier nouveau, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, la Faculté de
Médecine et de Pharmacie et nombre d'institutions collectives originales. Cette insertion
est, en quelque sorte, symbolique de la manière dont nous avons conçu, au cœur de la
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Bretagne du XXe siècle, la place que doit avoir, chez nous, cette École, nationale par
ses statuts et internationale par vocation.
Bien que soucieux de ne point sembler tracer de notre cité et de ceux qui l'animent un
portrait trop flatteur, je ne voudrais pas, néanmoins, omettre de remercier au nom de la
Cité les hautes autorités régionales qui, en aidant à l'implantation et au fonctionnement
de l'École à Rennes ont beaucoup servi la cause de notre province en même temps que
celle de la Santé : Monsieur Stirn, Préfet de Région, qui ne cessa de s'intéresser au
projet et à son exécution et dont l'appui nous est toujours utile et souvent nécessaire ;
Monsieur le Recteur Le Moal, qui se priva longtemps d'une partie de ses propres locaux
pour permettre le fonctionnement de l'École à ses débuts ; Messieurs les Doyens
Lamache et Leroy, qui ouvrirent leurs amphithéâtres et laboratoires à leurs collègues et
à leurs étudiants, les Conseils d'Administration et Surveillance des divers hôpitaux, le
Conseil Général qui joignit ses efforts à ceux du Conseil Municipal de Rennes et auquel
je tiens à dire ma très vive gratitude.
Je voudrais me tourner maintenant vers Messieurs les Membres du Conseil
d'Administration de l'École et les très hautes personnalités présentes et les remercier
pour le grand honneur qu'ils nous ont fait en acceptant de répondre, ce midi, à. notre
invitation. Je sais tout ce que notre assemblée compte d'esprits éminents, de savants,
de membres de plus grands corps de l'État, de représentants les plus qualifiés des
Conseils et des professions les plus respectés. Je retrouve, parmi vous, Mesdames et
Messieurs, beaucoup de visages amis qui m'ont accueilli souvent avec sympathie,
intérêt et confiance.
J'aurais aimé pouvoir exprimer à chacun, d'une manière personnelle et originale, mes
compliments et ceux de l'Assemblée Municipale.
Laissez-moi vous remercier tous à travers ceux qui sont venus de très loin applaudir à
une initiative française de haute portée humaine et sociale et tout particulièrement à
travers Monsieur Van De Calseyde, Directeur, pour l'Europe, de l'Organisation Mondiale
de la Santé, et dire aux dames combien je leur suis reconnaissant d'avoir, par leur
présence, paré ce repas de grâce et de gaieté.
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