De l`aventurier au campeur : les mutations du tourisme

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De l`aventurier au campeur : les mutations du tourisme
De l’aventurier au campeur :
les mutations du tourisme
Table ronde avec Saskia Cousin,
Sylvain Pattieu et Sylvain Venayre*
Emmanuel Laurentin – L’idée de démocratisation du tourisme est-
elle plus ancienne qu’on ne l’imagine actuellement ? On se figure
volontiers que ce mouvement démarre après la Seconde Guerre mondiale, est-ce exact ?
Saskia Cousin – Il me semble qu’un premier discours sur la
démocratisation commence à se développer dans les années 1930,
mais l’on n’emploie pas alors l’expression « démocratisation du tourisme ». Il s’agit plutôt à cette époque de la question du loisir, ou de
l’accès au grand air. En termes de pratiques, la « démocratisation du
tourisme », à ma connaissance, arrive plutôt après la Seconde Guerre
mondiale. Mais je laisse la parole aux historiens sur ce point…
Sylvain Venayre – En bon nominaliste, je considère que la
« démocratisation » du tourisme commence dès lors qu’on en parle,
c’est-à-dire aux alentours de 1860 en ce qui concerne la France.
Ainsi émerge un discours relatif à une nécessaire « démocratisation » du voyage d’agrément qui s’incarne dans un certain nombre
de figures. Parmi elles se trouvent les « plaisirains » – ceux qui
* Saskia Cousin est anthropologue au Centre d’anthropologie culturelle de l’université
Paris Descartes, et membre de l’Institut universitaire de France. Elle a notamment publié, avec
Bertrand Réau, Sociologie du tourisme (Paris, La Découverte, 2013).
Sylvain Pattieu est maître de conférences en histoire à l’université de Paris VIII. Son dernier ouvrage paru est Bons Baisers de Paris. 300 ans de tourisme dans la capitale (Paris, Paris
bibliothèques/Comité d’histoire de la ville de Paris, 2015).
Sylvain Venayre est professeur d’histoire contemporaine à l’université Grenoble Alpes. Il a
notamment publié Panorama du voyage, 1780-1920 (Paris, Les Belles Lettres, 2012).
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Juillet-août 2016