Les Femmes savantes, Acte I, scène 4 Qui est Bélise? • La sœur de

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Les Femmes savantes, Acte I, scène 4 Qui est Bélise? • La sœur de
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Les Femmes savantes, Acte I, scène 4
Qui est Bélise?
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La sœur de Chrysale: âgée.
Célibataire.
Grande lectrice de romans.
Persuadée qu'elle est irrésistible.
Quand Bélise parle d'amour...
"soupirez"
"brûlez"
"flammes
secrètes"
"exiler"
Souffrance
(adulation
devant
une
femme
inaccessible, adorée comme une déesse). Cf. "mes
autels".
La passion consume le cœur de l'homme.
La femme est un souverain qui peut chasser un
sujet.
"des
vœux Bélise refuse le mariage, et n'admet que l'amour
épurés"
platonique.

La femme doit dominer l'homme comme un
souverain et comme une déesse. On a reconnu
l'idéal des précieuses.
Cette vieille fille doit souffrir, au fond d'elle-même, d'avoir laissé
passer le temps de se marier. Elle voudrait devenir une héroïne de
roman et ne vieillir jamais. L'impossibilité de communiquer est un signe
de folie: le personnage se replie sur ses obsessions.
En fait, Bélise vit dans ses romans, elle ne voit pas la réalité, elle
est proche de la folie - peut-être aussi a-t-elle peur de vieillir et de
mourir. Ses conceptions étant celles d'Armande, on comprend aussi que
Bélise montre ce que pourrait devenir la sœur d'Henriette, si elle
persiste à s'écarter de la nature et du juste milieu. Dans le cadre étroit
imposé par les 24 heures que réclamaient les doctes, Molière sait jouer
avec le temps.
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Bilan de la scène 4 de l'acte I:
Le premier intérêt de cette scène est le comique: le spectateur est
heureux de se détendre après un début plein d'amertume. Le
quiproquo est amusant, et rend Bélise ridicule, en révélant son idée
fixe, poussée jusqu'à la folie.
Par ailleurs, la sœur de Chrysale emploie le vocabulaire de l'amour
précieux, fort plaisant à entendre dans la bouche de cette vieille
bourgeoise. On comprend ici que le rire peut, chez Molière, sanctionner
ceux qui s'écartent de la norme: si l'on admet volontiers que des
mariages mêlant les générations ne sont pas dans l'ordre naturel, on
regrette en revanche que Bélise représente l'échec d'une bourgeoise qui
a voulu imiter les manières des aristocrates. Toute perspective de
"promotion sociale" semble étrangère à Molière, qui voue les bourgeois
à l'échec dans ce domaine.
En outre, l'expression "les romans où j'ai jeté les yeux", nouvelle à
l'époque, était prise au sens propre et faisait rire - tout en révélant un
aspect essentiel du caractère de Bélise: ses lectures l'ont rendue
aveugle à la réalité, elle ne voit plus le monde réel, mais de
personnages et des intrigues de roman. Clitandre s'estompe et
Céladon (1) prend sa place...
Au point de vue de l'action, cette scène représente un retard
fâcheux.
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1. Céladon: Personnage de L'Astrée (1607-1627), roman pastoral d'Honoré d'Urfé.
Incarnation de l'amour platonique, Céladon se montre un amant délicat et fidèle, soumis aux
caprices d'Astrée.
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Les sources du comique dans la scène
I. Un comique de situation :
Clitandre vient chercher auprès de Bélise, la tante d'Henriette, une
aide dans ses projets de mariage : il a besoin d'une alliée qui parle pour
lui à Philaminte, la mère d'Henriette.
Or, Bélise est persuadée que Clitandre est amoureux d'elle, et le
specteur assiste à un véritable dialogue de sourds, chaque personnage
restant enfermé dans ses idées.
Situation :
Clitandre cherche une alliée - il ne trouve qu'une "folle avec ses
visions".
La situation est absurde : Bélise - qui pourrait être la mère de
Clitandre - se comporte comme une jeune fille - ou, mieux, l'héroïne d'un
roman d'amour de l'époque.
II. Un comique de caractère :
Bélise est perdue dans un rêve éveillé ; en dépit de tous ses
efforts, Clitandre ne parvient pas à lui faire admettre la réalité.
Le caractère de Bélise est caricatural ; il permet à Molière de faire
la satire des précieuses.
Traits dominants du caractère :
Certaine de plaire (en dépit de son âge) ;
Refus du mariage - mais plaisir d'être courtisée.
Goût pour les intrigues romanesques.
Goût de la domination, également (principes de l'amour précieux).
III. Un comique de mots :
Langage qui se veut raffiné : les yeux deviennent le "truchement",
les muets interprètes...
Goût de l'hyperbole : Aimez-moi, soupirez, brûlez pour mes
appas...
+ Une expression nouvelle à l'époque : les romans où j'ai jeté les
yeux...

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