journal 2012-2

Transcription

journal 2012-2
2012
NUMERO 23
Ce bulletin est rédigé et diffusé par la Pharmacologie Médicale et le CHU de Montpellier sans aide de l'industrie pharmaceutique.
PHARMACOVIGILANCE
Quoi de neuf depuis Janvier au niveau de l'Afssaps?
•
Nitrofurantoïne : Restriction d’utilisation en raison d’un risque de survenue d’effets indésirables
graves hépatiques et pulmonaires. En raison du risque potentiel grave immunoallergique (hépatique et
pulmonaire) les traitements répétés doivent être évités ainsi que leur utilisation en traitement
prophylactique des infections récidivantes.
•
Risque de survenue d'évènements cardiovasculaires et rénaux chez les patients diabétiques de
type 2 présentant des facteurs de risque cardiovasculaires et rénaux traités par Rasilez®
(aliskiren): L'aliskiren est un antihypertenseur désormais contre indiqué en association avec les IEC ou
les ARAII chez les patients présentant un diabète de type I ou II, une insuffisance rénale (DFG < 60
ml/min/1,73 m2) en raison d'un risque d’événements indésirables (hypotension, syncope, accident
vasculaire cérébral, hyperkaliémie et modifications de la fonction rénale, incluant insuffisance rénale
aiguë).
•
Protelos® (ranélate de strontium) : réévaluation du rapport bénéfice-risque Protelos® est désormais
contre-indiqué chez les patientes immobilisées et chez celles atteintes ou eu des troubles thromboemboliques veineux.
•
Rappel sur les risques d'ulcérations sous nicorandil : L’Afssaps, à la suite de notifications de
nouvelles localisations d’ulcérations graves attribuées au nicorandil, souhaite informer les professionnels
de santé sur le risque d’ulcérations cutanées et muqueuses associé au traitement (muqueuses buccales
mais aussi anales, rectales, génitales, ulcérations de stomies ou de cornée)
•
Victrélis® (bicéprévir) et interaction pharmacocinétique : le Victrélis® utilisé pour le traitement de
l'hépatite C pourraient avoir une interaction avec les antiprotéases utilisées dans le traitement du VIH, en
réduisant l'efficacité de ces traitements quand ils sont co-administrés.
•
Primpéran® métoclopramide contre-indiqué chez l'enfant. Contre-indication des spécialités à base de
métoclopramide (Primpéran® et génériques) chez l’enfant et l’adolescent et renforcement des informations
sur les risques neurologiques (dyskinésies) et cardiovasculaires (↑QTc)
•
Gilenya® (fingolimod) et renforcement de la surveillance cardio-vasculaire lors de l'instauration du
traitement chez les patients présentant une forme très active de sclérose en plaques rémittente-récurrente
en raison de son effet bradycardisant.
Directeurs de la Rédaction : Dr HILLAIRE-BUYS, Dr. V. PINZANI-HARTER
Ont participé à la rédaction de ce journal : Dr C. CONDEMINE-PIRON, C EIDEN, Dr HILLAIRE-BUYS, H. PEYRIERE,
C. PHILIBERT, Dr. V. PINZANI-HARTER.
Service de Pharmacologie Médicale et Toxicologie Hôpital Lapeyronie 34295 MONTPELLIER Cedex 5
Tél. : Secrétariat : 04.67.33.67.57 – Internes : 04.67.33.67.56 Fax : 04.67.33.67.51
Mails: [email protected], [email protected], [email protected]
Site internet: http://www.chu-montpellier.fr/fr/vigilance/
1
Attention aux allergies croisées avec le kétoprofène
Une réaction croisée se manifeste lorsqu’un patient allergique à une substance présente une
récidive avec une autre substance. On parle alors de co-sensibilisation. La photosensibilisation au
Kétoprofène est documentée depuis plusieurs années (alertes de l'Afssaps à ce sujet). L’octocrylène,
molécule largement utilisée, en cosmétique peut également induire des photosensibilisations.
Le kétoprofène, AINS, dérivé de l’acide arylcarboxylique est utilisé à la
fois par voie topique (gel) et systémique. Entre 1987 et 2010, 855 cas de
photosensibilisation concernant le Ketum® et le kétoprofène gel ont été
déclarés aux différents CRPV en France. Ce sont des réactions de
photosensibilisation ou photoallergiques dans 89% des cas. Ces
photoallergies ne sont pas dues au radical aryl propionique, mais au
noyau diphénylcétone. Elles se présentent le plus souvent sous forme
d’eczéma vésiculo-bulleux pouvant se généraliser, persister deux à quatre semaines, même après l’arrêt
du traitement. L’exposition solaire est un facteur déterminant puisque le plus grand nombre de cas est
observé entre juin et septembre. Une photosensibilisation persistante peut être possible ; la réaction se
déclenche de nouveau sur la même zone lors d’une nouvelle exposition solaire jusqu’à deux ans après
l’arrêt du médicament. Les personnes présentant une photoallergie de contact au kétoprofène ont
souvent une réaction photo-induite également positive à d’autres allergènes de structure chimique
équivalente ou non, comme par exemple l'acide tiaprofénique, le fentichlor, l’octocrylène, le fénofibrate,
et les dérivés du noyau benzophénone.
L’octocrylène est un filtre chimique organique utilisé dans les produits solaires et
cosmétiques depuis plusieurs années. Sa partie acrylate lui confère une protection
contre les UVB et UVA courts. Sa partie éthylhexanol (alcool gras) lui donne son
pouvoir émollient et sa résistance à l’eau. Ce composé est sur le marché depuis
1995. Il possède des propriétés de photostablilité, serait non allergène, non irritant et
essentiellement hydrophobe. Cependant, depuis 2003, de nombreux cas de
photosensibilisation à cette molécule ont été déclarés avec des allergies de contact
et principalement des photoallergies de contact avec des photopatch-tests positifs. L’utilisation des
produits de protection solaire a remarquablement augmenté avec la prévention de la carcinogénèse et
du photovieillissement. Les enfants affichent plus souvent des allergies de contact à l'octocrylène car ils
sont généralement soumis à des quantités plus élevées de crèmes solaires avec un grand nombre
d'applications renouvelées et un rapport surface corporelle/poids assez important. De plus, les crèmes
solaires destinées aux enfants sont en général plus chargées en octocrylène pour obtenir un indice de
protection plus élevé. Nous remarquons également que les patients avec des allergies ou photoallergies
de contact aux filtres UV présentent aussi des allergies de contact positives aux conservateurs et
parfums (fragrance mix), utilisés dans les produits solaires ainsi que dans les produits contenant du
kétoprofène.
Dans une étude italienne, (1), de 2004 à 2006, des patch-tests et photopatch-tests sur 1082 patients ont
été réalisés. L'octocrylène a donné des réactions positives pour 23 des patients. Il est capable d’induire
à la fois des allergies de contact (20-40%), des photoallergies de contact (60-80%). En 2010, des études
Françaises et Belges ont rapporté jusqu'à 50 cas de patchs et photopatch-tests positifs à l'octocrylène
chez des patients réagissant de façon positive au kétoprofène ou aux produits solaires. La plupart de
ces patients avaient des antécédents de photoallergies de contact au kétoprofène (2). C'est pour ces
raisons qu'il est important de réaliser des patch-tests et photopatch-tests en UVA avec toute une batterie
standard et avec tous les filtres solaires lors de l'exploration d'une photosensibilisation supposée au
kétoprofène. Un débordement fréquent des lésions du site d’application est observé lors d’une
photosensibilisation au kétoprofène en photopatch-tests.
Des hypothèses intéressantes ont été formulées concernant principalement les structures chimiques et
photochimiques du kétoprofène et de l’octocrylène. On ne sait pas si l'octocrylène lui-même pourrait
provoquer une photoallergie au kétoprofène et ainsi induire un phénomène inverse. Le principal produit
de photodégradation du kétoprofène, dans une solution aqueuse neutre, est le 3-éthyl benzophénone.
La benzophenone pourrait être un dénominateur commun à la co-sensibilisation octocrylènekétoprofène. Une autre hypothèse serait que l'octocrylène peut causer des réactions allergiques en
générant en autre un complexe immunogène qui peut également être formé avec le kétoprofène en
2
présence d'UV (Photoallergie de contact octocrylène/kétoprofène).
supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Cependant,
des
études
Liste non exhaustive des dérivés contenant de l'octocrylène.
ACM : données 2011
Depiwhite S
AVENE : données 2011
Cleanance solaire
Crème SPF 20
Crème SPF 30
Crème SPF 50+
Crème SPF 50+ sans parfum
Crème teintée SPF 20
Crème teintée SPF 50+
Emulsion SPF 50+
Lait SPF 30
Lait SPF 50+
Lait enfant SPF 50+
Spray SPF 10
Spray SPF 20
Spray SPF 30
Spray SPF 50+
Spray enfants SPF 30
Spray enfants SPF 50+
Stick SPF 30
Stick SPF 50+
Hydrance optimale riche SPF 20
Hydrance optimale légère SPF 20
BIODERMA: données 2011
Gamme PhotodermMAX
MAX crème 40ml, SPF 50+
MAX crème teintée 40ml; SPF
50+
MAX fluide 40ml, SPF 50+
MAX ultra fluide, SPF 50+
MAX ultra fluide teinté claire,
SPF 50+
MAX ultra fluide teintée dorée,
SPF 50+
MAX stick 4g, SPF 50+
MAX lait 100ml, SPF 50+
MAX spray 200ml, SPF 50+
MAX spray 400ml, SPF 50+
CLINIQUE : données 2010
Crème corps SPF 40
Crème corps SFP 30
Crème visage et corps SPF 15
Crème visage SPF 30
Crème visage SPF 40
Stick protection ciblée SPF 35
Even better hydratant anti-taches
correction teint SPF 20
Superdefense hydratant protecteur
anti-âge peau mixte à grasse SPF 25
Youth surge anti-rides hydratant
peau très sèche à sèche SPF 15
DAYLONG (Laboratoire SPIRIG)
: données 2011
Daylong Sun & Snow stick SPF
30
DERMACEUTIC : données 2010
Sun Ceutic SFP 50
EUCERIN : données 2010
Sun fluid visage SPF 50+
Sun crème visage SPF 50+
Sun spray SPF 50+
Sun lotion peau sèche SPF 50+
Sun crème teintée SPF 50+
Sun lotion SPF 50
Sun spray kids SPF 50+
Sun LEB SPF 25
Huile sèche soyeuse corps
protection moyenne SPF 15
Spray ultra léger corps et visage
protection moyenne SPF 15
Compact teint éclat visage très
haute protection SPF 50+
Gloss scintillant lèvres protection
faible SPF 10
Crème correctrice rides profondes
SPF 15
EUGENE PERMA : données 2010
Chen Yu sun control teint crème
SPF 50
GARNIER AMBRE SOLAIRE :
données 2011
UV sensitive très haute protection
SPF 50+ lait protecteur peaux
intolérantes
UV sensitive très haute protection
SPF 50+ crème protectrice peaux
intolérantes
Enfants très haute protection SPF
50+ lait hydratant
Clear project + SPF 50+ spray
corps protecteur transparent
GALDERMA : données 2011
Cetaphil UVA/UVB SPF 50
GALENIC : données 2010
Crème légère visage très haute
protection SPF 50+
Spray ultra léger corps et visage
très haute protection SPF 50+
Lait velouté corps haute
protection SPF 50
Fluide extrême visage haute
protection SPF 30
Crème légère visage haute
protection SPF 30
Gamme Photoderm SPF 30
Crème 40ml
Fluide 40ml
Spray 200ml
Spray 400ml
Gamme Photoderm SPF 15
Crème 40ml
Spray 200ml
Spray 400ml
Gamme Spécifiques
Ski 20ml + 2g, SPF 50+
Photerpes 4g, SPF 50+
Laser 30ml, SPF 50+
Kid spray 200ml, SPF 50+
Kid lait coloré 100ml, SPF 50+
AR crème teintée 30ml, SPF 50+
AKN spray 100ml, SPF 30
AKN Mat fluide 40ml, SPF 50+
Gamme Photoderm BRONZ
BRONZ crème 40ml, SPF 50+
BRONZ spray 200ml, SPF 50+
BRONZ crème 40ml, SPF 30
BRONZ spray 200ml, SPF 30
BRONZ crème 40ml, SPF 15
BRONZ spray 200ml, SPF 15
CENTRALE DES PEELINGS :
données 2009
Sun ceutic haute protection solaire
FPS 50
Spray ultra léger corps et visage
haute protection SPF 30
Lait velouté corps haute
protection SPF 30
GUINOT : données 2010
Large Ecran UV
Stick Anti-UV
HYSEKE (Laboratoire
BAILLEUL BIORGA) : données
2010
Hyseke Solaire SPF 25 moyenne
protection
Hyseke Solaire SPF 50 haute
protection
LA ROCHE POSAY : données
2011
Gamme Anthélios :
Fluide extrême SPF 50+
Fluide extrême teinté SPF 50+
Fluide extrême corps SPF 50+
Spray SPF 50+
Lait SPF 50+
Stick zones sensibles SPF 50+
Stick lèvres SPF 50+
Dermo-Pediatrics spray aérosol
SPF 50+
Dermo-Pediatrics spray multipositions SPF 50+
Fluide extrême AC SPF 30
Lait SPF 30
Spray SPF 30
Spray SPF 20
Autres gammes :
Derm Aox soin multi-correcteur
rides éclat peaux normales à mixtes
Derm Aox soin multi-correcteur
rides éclat peaux sèches
Mela-D
Mela-D mains
Redermic XL
Rosaliac XL
Rosaliac XL riche
Substiane UV
LIERAC : données 2010
Gamme solaire :
L011 - L012- L013 -L014 Soin de
teint, fluide lissant mat
NOREVA LED : données 2010
Soladerm HP crème solaire SPF
30
Soladerm HP crème solaire SPF
50+
Soladerm HP spray solaire SPF
50+
PIERRE RICAUD (Docteur) :
données 2009
Anti-âge fondamental visage
solaire SPF 20 intelligence soleil
(ref. 52785)
Anti-âge fondamental corps SPF
20 intelligence soleil (ref. 11702)
ROC (Laboratoire JOHNON &
JOHNSON) : données 2009
Minesol triple défense lait spray
solaire SPF 30
Minesol triple défense lait spray
solaire SPF 20
Minesol triple défense crème
fluide SPF 50+
Minesol triple défense soin antitâches brunes SPF 50+
Minesol triple défense crème
fluide anti-brillance SPF 30
Minesol protect and bronze lait
velours SPF 50+
Minesol protect and bronze lait
velours SPF 30
Minesol application express SPF
20
Minesol application express SPF
30
Minesol application express SPF
50
SAINT-GERVAIS (Laboratoire
RIVADIS) : données 2010
Crème soin soleil très haute
protection
Spray solaire haute protection
VICHY : données 2011
Crème protectrice visage SPF 25
Crème protectrice visage SPF 50
Huile solaire SPF 20
Huile solaire SPF 40
Spray protection cellulaire
profonde SPF 30
Lait protecteur corps SPF 50+
Lait SPF 30
Spray protecteur corps SPF 50+
Stick ultra protection zones
sensibles SPF 50+
Lait visage et corps enfants SPF
50+
Spray enfants SPF 50
Spray multi-position enfants SPF
30
1-Karlsson I, Vanden Broecke K, Mårtensson J, Goossens A, Börje A. (2011) Clinical and experimental studies of octocrylene's allergenic potency. Contact
Dermatitis. 64:343-52
2-Avenel-Audran M, Dutartre H, Goossens A, Jeanmougin M, Comte C, Bernier C, Benkalfate L, Michel M, Ferrier-Lebouëdec MC, Vigan M, Bourrain JL,
Outtas O, Peyron JL, Martin L. (2010) Octocrylene, an emerging photoallergen. Arch Dermatol. 146:753-7
3
Que peut-on conseiller aux patients ?
- Sachant que l’octocrylène est susceptible de provoquer des allergies
cutanées sévères chez l’enfant, il est donc préférable d’utiliser des écrans
minéraux.
- Les patients présentant une photoallergie au kétoprofène doivent éviter toute utilisation
de produits solaires contenant de l’octocrylène, mais également des parfums et de
l’oxybenzone.
- Il faut informer les patients sur les produits solaires ne contenant pas d’octocrylène, de
benzophénones et de parfums. Se référer à la liste d’éviction des produits solaires
contenant de l’octocrylène.
- Eviter la prescription de gels anti-inflammatoires en période ensoleillée sur les zones
photo-exposées devant la fréquence des allergies et surtout des photoallergies de
contact.
- Pendant un traitement au kétoprofène et les deux semaines suivant l’arrêt, éviter de
s’exposer au soleil et aux UVA, protéger les zones traitées par le port d’un vêtement.
- Arrêter immédiatement le traitement de kétoprofène en cas d’apparition d’une réaction
cutanée y compris les réactions cutanées apparaissant après co-application de produits
contenant de l’octocrylène.
- Procéder à un lavage soigneux et prolongé des mains après chaque utilisation du gel
afin d’éviter tout contact involontaire avec des zones susceptibles d’être exposées au
soleil.
- En cas d’antécédents d’allergie cutanée au kétoprofène, à l’acide tiaprofénique, au
fénofibate, à un produit solaire, aux parfums ou même aux excipients, il est contreindiqué d’utiliser l’un de ces produits.
Docteur V. Pinzani (d'après le mémoire de L. Aububert)
NE VOUS LAISSER PAS ABUSER
LA CHIMIE C'EST FACILE "DU NOUVEAU AVEC DU VIEUX!!"
Carbamazepine (TEGRETOL) Oxcarbazepine (TRILEPTAL)
Eslicarbazepine (ZEBINIX)
Eslicarbazepine : ASMR V , commercialisation en France prix 93,65 Euros les 30 cp, Coût
journalier 3,12 euros (minimum 2 à 3 fois plus cher que les "vielles molécules" chimiquement
apparentées!!!).
NOUS COMPTONS SUR VOUS POUR EVALUER LA TOLERANCE CAR IL N'EXISTE AUCUNE ETUDE COMPARATIVE VERSUS
CARBAMAZEPINE OU OXCARBAZEPINE
ATTENTION AU RISQUE DE REACTIONS CROISEES EN PARTICULIER AU NIVEAU CUTANE
Docteur D. Hillaire-Buys
4
Du nouveau du coté des gliptines
Onglyza® (saxagliptine) : Risque de réaction d'hypersensibilité grave et de
pancréatite aiguë. Onglyza (saxagliptine) est un inhibiteur de la dipeptidyl
peptidase 4 (DPP4) indiqué dans le traitement du diabète de type 2. Des réactions
d’hypersensibilité graves incluant angioedème et réaction anaphylactique, et des
pancréatites aiguës ont été rapportées.
Ces effets sont répertoriés pour les autres gliptines commercialisées.
Un effet "classe" potentiel ?
DANS LA RUBRIQUE "AVEZ-VOUS DES CAS A DECLARER"
Il existe à ce jour 3 cas publiés de rhabdomyolyse avec la sitagliptine.
Age/Sexe
Délai par rapport au
début de la gliptine
M 76
F 75
4 semaines (1 semaine
après le passage de 50
mg à 100 mg/j)
2 semaines
M 75
6 mois
Délai par rapport
au début de la
Statine
4 mois
Evolution
Autres éléments
Les 2 médicaments arrêtés
Résolution en 7 jours
Hypothyroïdie
Autres médicaments donnant des
problèmes musculaires
Hypothyroïdie
Autres médicaments donnant des
problèmes musculaires
Les 2 médicaments arrêtés
Résolution en 3 mois
12 ans
Les 2 médicaments arrêtés
Résolution en 3 mois
5 ans
Les 2 médicaments arrêtés
Résolution en 13 jours
Mécanisme(s) potentiel(s): Potentielle interaction pharmacocinétique [au niveau rénal et/ou
métabolique (niveau CYP et/ou PgP)]. Il est envisageable qu'il existe aussi par ailleurs une interaction
pharmacodynamique (de mécanisme inconnu) pouvant augmenter le risque de troubles musculosqueletiques avec l'association statine/sitaglipine.
Moralité: Attention : Une sous-notification vraisemblablement très forte du fait de la
Une statine
"notoriété" des statines dans les effets indésirables musculaires.
Peut cacher
Une gliptine
Kao et al,Renal failure and rhabdomyolysis associated with sitagliptin and simvastatin use, Diabet Med, 2008 ;
25 (10):1229-30.
DiGregorio R et al. Rhabdomyolysis caused by a potential Sitagliptin-Lovastatin Interaction: Pharmacotherapy
2009;29(3):352-356.
Bhome R, et al. Rhabdomyolysis precipitated by a Sitagliptin-atorvastatin Interaction Diabet Med. 2011, 29(5): 693-4.
Docteur D. Hillaire-Buys
Phytothérapie et pharmacovigilance : déclarations sur le riz rouge
Ces derniers mois, deux cas d'effets indésirables après consommation de
Levure de Riz rouge. L'un des cas concerne une hépatite auto-immune et
l'autre cas concerne la survenue de douleurs musculaires.
La levure de riz rouge est issue d'un champignon microscopique, Monascus
purpureus, par fermentation du riz produisant un pigment rouge caractéristique. Ce
produit vendu comme complément alimentaire contient une substance nommée
monacoline K ou lovastatine naturelle. La levure de riz rouge est préconisée en
cas d'hypercholestérolémie, de dyslipidémie, de risque d'accident cardiovasculaire
et même de douleurs musculaires dues aux statines. L'analogie structurale marquée de la monacoline K
avec les statines permet d'expliquer la survenue d'effets indésirables rencontrés communément avec
cette classe pharmacologique.
Notre propos n'est pas ici de déconseiller l'utilisation de la phytothérapie pour améliorer la santé
et le bien être des patients mais de vous informer sur l'existence d'effets indésirables potentiels.
Une grande prudence est de règle quant à l'achat sur des circuits parallèles en dehors du
contrôle pharmaceutique de compléments alimentaires ou de plantes médicinales.
C. Philibert
5
Antenne Médicale de Prévention du dopage
Evaluation de l'opération "Prévention du risque de dopage accidentel" par diffusion
d'une fiche d'information médicale auprès des clubs sportifs régionaux Octobre
2011-Avril 2012
Notre expérience auprès des sportifs que nous recevons dans le contexte d'une
consultation après sanction fédérale pour dopage, en vue de la délivrance d'une
attestation de passage nécessaire à la restitution de leur licence nous a conduits à
considérer le dopage accidentel en contexte thérapeutique comme un risque majeur de contrôle positif
aboutissant à une suspension de licence. Il nous apparaît désormais que ce risque doit être pris en
charge en priorité, parce qu'il est fréquent, parce qu'il crée une confusion entre dopage (au sens d'une
intention délibérée de se doper) et infraction réglementaire, parce les personnes touchées sont le plus
souvent inconscientes de commettre une infraction au moment des faits. Le dopage accidentel peut être
combattu par une simple diffusion extensive de l'information aux licenciés sportifs, puisqu'il ne suppose
aucune "résistance" de la part des sportifs, à la différence du dopage intentionnel.
L'opération d'"information médicale en prévention du dopage accidentel" s'est inscrite dans la
perspective d'un partenariat entre l'antenne médicale régionale de prévention du dopage et les
représentants régionaux du monde sportif. Nous avons proposé d'informer les sportifs licenciés par
l'intermédiaire des différentes ligues olympiques et non olympiques de la région Languedoc Roussillon
sur les bonnes pratiques d'utilisation du médicament et des compléments alimentaires, ainsi que sur les
dispositifs d'information permettant d'éviter un dopage involontaire dans un contexte de soin médical ou
de supplémentation nutritionnelle.
Nous avons testé un modèle d'interaction institutionnelle qui devait permettre de faire circuler
l'information médicale de l'antenne vers les ligues régionales, afin qu'elles la diffusent aux clubs qu'elles
coordonnent, à charge pour ceux-ci de la distribuer à l'ensemble des licenciés des clubs. Si ce modèle
fonctionnait, par effet de levier cette fiche aurait pu atteindre, via 56 ligues régionales et 3900 clubs
environ, quelques dizaines de milliers de sportifs licenciés.
Un total de 53 ligues olympiques et non olympiques (sur 56 ligues répertoriées)
ont accepté de participer à l'opération d'information médicale de prévention du
dopage accidentel. La fiche a été diffusée via les ligues aux clubs régionaux en
octobre 2011. Trois mois après l'envoi du premier courrier (janvier 2012), les
ligues ont été re-contactés par message électronique et invitées à diffuser auprès de leurs clubs un
questionnaire court que les présidents de clubs devaient renseigner afin d'évaluer l'impact de la fiche
d'information médicale.
Le questionnaire était destiné aux présidents des différents clubs de la région. Les réponses aux
questions s'effectuaient en cochant des cases oui/non. Ainsi, le questionnaire pouvait nous renseigner
sur une participation active des clubs et l’utilité même de l’opération d’information médicale en
prévention du dopage accidentel. Seulement trois clubs ont renvoyé le questionnaire renseigné à ce jour
(avril 2012).
Au final, il nous est difficile de nous prononcer sur les raisons de ce faible retour. Il est possible que cette
fiche ait été largement diffusée et utilisée et que nous ne puissions le savoir, comme il est possible
qu'elle soit restée lettre morte.
Il n'en reste pas moins que la fiche d'information médicale reste accessible en lecture et téléchargement
sur le site de l'antenne: http://www.chu-montpellier.fr/ampd
Nous remercions les ligues régionales qui ont bien voulu s'associer à cette opération, dans leur grande
majorité, et faire diffuser l'information auprès des clubs. Nous remercions également les clubs qui ont
joué le jeu et ont répondu à notre sollicitation, nous invitons tous ceux qui le souhaitent à se manifester
pour témoigner de leur engagement dans cette opération de prévention.
Docteur C. Condemine-Piron
6
ADDICTOVIGILANCE
Abus, et mésusage de dextrométorphane (DXM) chez les adolescents
Nous sommes alertés depuis plusieurs mois par la consommation abusive de médicaments à base de
dextrométhorphane, antitussif dérivé des opiacés, disponible en pharmacie sans ordonnance.
Cet abus de déxtrométorphane par les adolescents a été rapporté dès les années 1960 aux Etats-Unis. En France
quelques cas sporadiques étaient régulièrement rapportés, mais la prévalence de cet abus restait marginal.
Depuis quelques mois, la diffusion par des séries américaines ou par Internet des propriétés psychoactives du
dextrométhorphane a coïncidé avec une augmentation des cas de déclarations d'abus et de mésusage de cette
molécule par les jeunes (14-18 ans).
Cet abus est observé chez des lycéens qui consomment de grandes quantités (plusieurs comprimés) en
association à de l'alcool dans une visée euphorisante et planante. Récemment, plusieurs de ces adolescents ont
été pris en charge dans des services d'urgence.
Chimiquement proche de la codéine, la molécule possède une action agoniste sur les récepteurs opïodes sigma-1,
et antagoniste sur les récepteurs N-methyl-D-aspartate (NMDA). A fortes doses, le dextrométhorphane est
métabolisé en dextrorphan. Les effets pharmacodynamiques du dextrorphan et dans une moindre mesure du
dextrométhorphane sont similaires à des molécules telles que le LSD, la kétamine, ou la psilocybine, appartenant
donc au groupes de substances provoquant des effets dissociatifs et hallucinogènes. Cette molécule possède
également un potentiel d'addiction et peut induire chez les patients abuseurs chroniques des syndromes de
sevrage.
En France, le potentiel d'abus et de dépendance du Dextrométhorphane est en cours d'évaluation par l'Unité des
Psychotropes et des Stupéfiants de l'Afssaps afin de prendre des mesures pour limiter ces abus.
Si vous êtes confrontés à ce type d'abus, n'hésitez pas à nous contacter.
Actualités en Addictovigilance
Suboxone

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•
•
•
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La Suboxone, association buprénorphine/naloxone a été récemment commercialisée (début 2012) en
France, après avoir obtenu une Autorisation de mise sur le Marché en 2006.
Traitement substitutif des pharmacodépendances aux opiacés, dans le cadre d'une thérapeutique globale
de prise en charge médicale, sociale et psychologique, cette association s'inscrit dans le cadre
thérapeutique des patients qui mésusent le produit (buprénorphine) par voie intra-veineuse.
La naloxone antagoniste des récepteurs aux opiacés possède une très faible résorption sublinguale, alors
qu'elle antagonise l'action de la buprénorphine si le patient consomme le médicament par voie
intraveineuse.
Les conditions de prescription sont identiques à celles de la buprénorphine.
Deux dosages sont disponibles: 2 mg buprénorphine / 0.5 mg naloxone et 8 mg buprénorphine / 2 mg
naloxone
Cette forme est commercialisée depuis quelques années dans d'autres pays, et des articles font état d'un
mésusage de cette spécialité. Par exemple, une étude australienne de surveillance post-AMM qui trouve
une prévalence de l'injection dans les six derniers mois par les patients pour la buprénorphine 28% [IC95%
20-36] versus 13% [IC95% 7-19, p < 0.05] pour l'association [1].
[1]. Larance B. et al, Post marketing surveillance of buprenorphine-naloxone in Austria: Diversion, injection and
adherence with supervised dosing. Drug Alcohol Dependance 2011; 118: 265-273.
La déclaration d’un effet indésirable médicamenteux (EIM) ou d'une dépendance est une obligation légale qui permet de
détecter et d'évaluer la fréquence de survenue de ces effets (Décret du 13 mars 1995). Il faut considérer cette déclaration
obligatoire non pas comme une contrainte administrative, mais comme un devoir de santé publique dont les patients et le corps
médico-pharmaceutique sont les bénéficiaires directs.
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Harmonisation des conditions de prescription
L'Afssaps a publié sur son site Internet un document explicatif qui fait suite à la publication de
l'arrêté du 9 mars 2012 publié au JO du 20 mars concernant l'harmonisation des conditions de
prescription des médicaments administrés par voie orale à base de flunitrazépam, buprénorphine,
clonazépam et clorazépate dipotassique.
Flunitrazépam
par voie orale
Buprénorphine Clorazépate
> 0,2 mg par
dipotassique
voie orale
≥ 20 mg par
voie orale
Statut
Clonazépam
par voie
orale
Buprénorphine
≤ 0,2 mg par
voie orale
Liste 1
Conditions de prescription
Ordonnance sécurisée
Rédaction posologie
en toutes lettres
Durée maximale de
prescription
Prescription avec
délivrance fractionnée
Renouvellement de
prescription
Obligatoire
Obligatoire
14 jours
28 jours
28 jours
12 semaines
12 mois
Oui∗
7 jrs au max
Interdit
Oui∗
7 jrs au max
Interdit
Non
Non
Non
Autorisé sur
indication du
prescripteur
dans la limite
de 12 sem
Interdit sauf mention du prescripteur
Chevauchement de
prescription
Interdit
Autorisé sur
indication du
prescripteur
dans la limite
de 12 sem
Autorisé
Conditions de délivrance
Délai de présentation
de l'ordonnance
Fractionnement de la
délivrance
Durée de traitement
délivrable
Enregistrement du
nom et de l'adresse du
porteur de
l'ordonnance si ce
n'est pas le patient
Justificatif d'identité si
le porteur
d'ordonnance n'est
pas connu du
pharmacien
Conservation de
l'ordonnance pendant
3 ans
Absence de délai de carence
Oui
Oui
Non
Non
Non
7 jours maximum sauf mention
28 jours
30 jours
30 jours
du prescripteur
Obligatoire en plus de l'inscription du nom et de l'adresse du patient
Obligatoire
Obligatoire
∗ Toutefois, le prescripteur peut pour des raisons particulières tenant à la situation des patients, exclure le
fractionnement en portant sur l'ordonnance la mention "Délivrance en une seule fois".
http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/6f16dacc3b89d66c0021946b9181c5f6.pdf
C. Eiden, H. Peyrière
Un sujet particulier à traiter vous interresse, n'hésitez pas à nous en faire part….
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