Voyage à pied dans les Corbières Narbonne – Lagrasse 115 km
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Voyage à pied dans les Corbières Narbonne – Lagrasse 115 km
Voyage à pied dans les Corbières Narbonne – Lagrasse 115 km 13-19 novembre 2008 Jeudi 13 novembre St Julien-en-Genevois - Narbonne Voyage en train. A la gare de la Part-Dieu je retrouve Jacques qui vient de Bourgoin. Correspondance à Montpellier pour Narbonne où nous arrivons à 15h30. Hôtel le Régent très correct, Repas à la pizzéria « La jument verte ». Tour dans le centre ville dominé par la cathédrale et le château. Vendredi 14 novembre Narbonne - Villesèque-des-Corbières 30 km. .Beau temps avec grand vent froid. 8h de marche. Nous prenons le bus urbain numéro 2 pour nous éviter de traverser les zones commerciales du sud de Narbonne. A 8h, nous voilà partis à l'assaut de la garrigue. Rien n'est balisé mais notre carte est précise et malgré de nombreux carrefours nous arrivons en deux heures au fond d'un trou où se trouve les énormes bâtiments de l'ancienne abbaye de Fontfroide. Nous poursuivons à travers les garrigues en direction du sud et finalement nous jugeons que Villesèque est un objectif raisonnable, nous appelons le seul hôtel (à un kilomètre du village) et nous réservons une chambre. Le chemin et encore long et traverse continuellement un maquis. Avant de redescendre sur la Berre, rivière qui nous a obligé à un détour, nous traversons une zone qui a du brûler récemment. Le sol très caillouteux est inapte à toute A l'assaut des garrigues et maquis culture. Une fois la Berre traversée en dessous de Cléon nous montons au col du même nom par un large chemin, puis de là redescendons sur le village. Il suffit de le traverser et après un kilomètre de route nous arrivons à l'auberge du château de Bonnafous, établissement municipal tenu en gérance par un jeune couple savoyard..... . Ce qui caractérise cette journée, outre la force du vent c'est que nous n'avons pas rencontré âme qui vive. Par ailleurs nous avons presque sans mettre le pied sur le bitume, ce qui est plutôt rare. Le soir nous faisons un repas très correct au restaurant de l'auberge. Par Zone calcinée récemment chance, notre hôtesse nous donne une photocopie de la zone que nous allons traverser le lendemain matin, ce qui nous évitera le désagrément de se retrouver sans carte précise. Samedi 15 novembre 2008 Villesèque-des-Corbières - Tuchan 20 km. Environ 500m de dénivelé positif. 6h de marche. Même temps qu'hier mais avec un vent un peu moins violent. Aujourd'hui samedi est un jour de chasse donc un jour où on fait gaffe ! Nous allons jusqu'à Durban-les-Corbières en longeant la route. Le village dominé par les ruines d'un château longe une rivière où coule un filet d'eau mais les 12-13 novembre 1999 une crue exceptionnelle est monté 2 m au-dessus du quai. A la sortie de Durban nous prenons le sentier des Cathares jusqu'au sommet d'un col où nous accédons par une sente forestière très raide puis nous tirons plein ouest et descendons sur Villeneuve-les-Corbières. En face du monument aux morts qui voisine avec une sorte de beffroi hideux tout en béton nous trouvons une place équipée de bancs, c'est l'idéal pour pique-niquer au soleil. Repartis sur la route de Cascatel nous traversons quelques vignes bordées de haies d'amandes amères avant de rejoindre la piste qui monte au col de Tauleplette à travers les maquis et quelques vignes. Ensuite nous redescendons jusqu'au Pas de la Griffe. Il nous suffit alors de suivre la petite route qui mène à Tuchan. Un chien de chasse harassé nous tient compagnie un moment. A notre droite la serre de Quintillan supporte un groupe d'éoliennes, c'est le quatrième ou cinquième groupe d'éoliennes que nous voyons dans les Corbières. A Tuchan un poilu martial surmonte le monument aux morts. Nous trouvons dans le bas du village l'hostellerie du Mont Tauch où nous avons réservé une chambre. Il nous faut attendre le retour d'un chasseur qui occupait précédemment la chambre pour pouvoir en disposer. Aujourd'hui le passage des cols nous a donné de beaux points de vue sur les Corbières. Le long des vignes nous avons grapillé un raisin sucré et très bien conservé. Rue de Tuchan Dimanche 16 novembre 2008 Tuchan - Cucugnan 18 km. 700m de dénivelé. 6h de marche. Beau temps avec vent violent. Nous retraversons Tuchan pour prendre la direction de Padern. Après le cimetière le chemin serpente sur les coteaux où subsiste une seule culture : la vigne. Jusque vers 1850 c'était plutôt les céréales et l'élevage des chèvres qui étaient les principales activités agricoles. Notre chemin se dirige vers un défilé étroit : splendide. Le chemin est extrêmement caillouteux car il se situe en contrebas de grandes falaises calcaires. Padern, à l'ombre de son château s'étale tout en longueur au bord du Verdouble. L'arrêt que nous faisons au Café des Sports est surprenant. En poussant la porte j'ai failli m'excuser, croyant entrer sans prévenir chez des particuliers. Heureusement que la vieille dame qui fait sa couture sur la table la plus proche de l'entrée me Monoculture de vigne précise que l'établissement est ouvert. Au centre du café, près d'un poêle à mazout, son mari, un homme âgé, en pantoufles, se repose dans son fauteuil. La patronne revient de la cuisine avec nos deux tasses de café et proteste mollement lorsque Jacques fait une photo. la café des sports à Padern, années 60 Nous repartons pour Quéribus, le nid d'aigle au rôle mal défini pendant la croisade contre les albigeois. Après le château de Padern nous montons progressivement par une sente à travers le maquis au prieuré de Molhet. Au dessus, le chemin s'élargit et vers midi nous découvrons enfin la crête à contre jour où se perche Quéribus. Après un pique-nique frugal à l'abri d'un buisson qui nous a protégé du vent nous repartons en direction de la forteresse. Le vent, au niveau du porche d'entrée, est incroyable : on se croirait au cul d'un turbo-réacteur. La vue sur la plaine de Maury, sur le Roussillon et sur les P yrénées est magnifique. Nous descendons sur Cucugnan par un chemin très accidenté et par un dernier raidillon nous arrivons au Vue sur la plaine de Maury depuis Quéribus centre du village. Après avoir trouvé un hôtel et deux chambres d'hôtes fermés, nous trouvons finalement le gîte et le couvert à l'auberge de Cucugnan. Au théâtre Mir nous assistons au sermon du fameux curé de Cucugnan récité par Henri Gougaud. Lundi 17 novembre 2008 Cucugnan - Peyrepertuse - Laroque de Fa. 21 km, 900 m de dénivelé positif et 700 m de dénivelé négatif. Vent extrêmement violent. Ciel plutôt couvert. Nous démarrons la journée courbés dans un vent extrêmement violent. Nous avons l'impression d'être cobayes dans la soufflerie de chez Boeing ! A Dhuilac (124 habitants) l'agence postale communale est ouverte et nous tombons dessus par le plus grand des hasards. En discutant avec l'employée, nous voyons bien que notre logement pour la nuit est loin d'être assuré. Mais en appelant la mairie de Laroque-de-Fa Jacques obtient deux adresses. La première, avec quelque réticence, accepte de Cucugnan et son site magnifique nous réserver une chambre non chauffée. Le parcours jusqu'à Dhuilac s'était fait à travers les vignes mais la montée au château de Peyrepertuse se fait à travers le maquis et par une sente très pentue. Nous arrivons en sueur à la billetterie du château dont nous sommes les premiers clients de la journée. Balayé par un vent infernal le château est finalement assez sinistre. Trempés de sueur dans ce vent glacial nous ne ferons pas le tour complet et préférons descendre sur Rouffiac-les-Corbières. La descente sur la face nord est une Peyrepertuse (intérieur) auberge providentielle voie très directe, encore plus raide que la montée, les bâtons sont très utiles pour éviter la chute. A Rouffiac, au milieu des maisons à vendre, j'aperçois la minuscule enseigne d'une auberge . Par chance, l'établissement qui vient d'être repris par une nouvelle gérance est ouvert depuis le 1er novembre. Nous buvons un verre, puis décidons de manger quelque chose. On nous apporte l'estouffade, une sorte de potée locale avec choux, pommes de terre, carottes, bœuf et saucisses. Nous terminons le repas par une bonne crème anglaise accompagnée d'un succulent pain d'épices maison. Bien requinqués, nous repartons dans le vent par un large chemin, genre draille, en direction du col de Cédeillan (594m). Au delà la végétation change, le chêne pubescent et le hêtre deviennent fréquents. Les buis sont plus verts et beaucoup plus hauts. Le chemin, assez large, redescend 550m près d'une belle maison puis monte encore à 743 m. Près de Borde Grande nous rejoignons un chemin goudronnée qui nous rappel le chemin des Granges à Chanousse. Nous arrivons à Laroque-de-Fa où monsieur Claude Azeau nous ouvre un gîte non chauffé mais qui nous dépanne bien ! Merci Monsieur Azeau, cuisine glaciale à Laroque de Fa Courageusement Jacques prend une douche dans un local glacial. L'épicerie étant fermée le repas du soir sera frugal... à Mardi 18 novembre Laroque-de-Fa - Lagrasse 26 km, 7h de marche, 400 m de dénivelé positif et 550 m de dénivelé négatif. Temps très couvert sans pluie ni vent. La soirée a été glaciale car le radiateur à bain d'huile ne chauffait guère plus que la télé où nous avons regardé "Tenue de soirée". La nuit qui a suivi quoique très fraîche dans une chambre non chauffée n'a pas été trop mauvaise. Il a plu en fin de nuit et c'est sur un sol humide que nous partons en direction de Félines-Termenès. Nous rejoignons le col de Bedos à travers bois. Heureusement, un concept rare en France, l'élevage de bovins dans les maquis, nous simplifie la tâche, car les bestiaux tracent des sentes à travers le maquis. S'ensuit une longue descente à travers les terres abandonnées et désormais incultes. Le village de Félines est mignon avec sa petite église qui jouxte un cimetière un peu sommaire : beaucoup de tombes sont à peine marquées. Nous longeons la route qui monte au col de la Tranchée jusqu'au village de VillerougeTermenès. La grise de l'Aude ! (race non officielle) Contrairement à Quéribus et Peyrepertuse, véritables nids d'aigle, le château n'est pas sur une éminence mais au cœur du village, dans un vallon. Après une halte dans le bistrot et un repas pris sur un banc de pierre nous remontons vers le nord en suivant le GR36 car nous n'avons pas la carte au 1/25000. Le GR passe sur les crêtes et nous embarque à 547m au sommet du Mt Major dans la serre des Blanes. Nous trouvons la descente sur St Pierre-desChamps interminable. De là nous suivons la route jusqu'à Lagrasse. Chemin faisant nous rencontrons un cueilleur d'olives qui nous explique qu'il faut 7kg d'olives pour faire 1L d'huile. Pour adoucir les olives, absolument immangeables sur Au sommet du Mt Major l'arbre, il faut les mettre à la saumure ( 70g de sel par litre). De Lagrasse il n'existe aucun transport public pour aller sur Lézignan. Comme le seul hôtel est fermé, nous tentons le stop. Une femme nous dépose à Fabrezan et là, par chance nous sommes sur la route de Nicole et Marie-France, deux randonneuses du club « les zigzagueurs ». Nicole nous dépose à la gare où le train pour Narbonne passe dans une demie-heure. Elle était prête à nous offrir l'hospitalité. Merci à ces marcheurs solidaires ! A Narbonne nous retrouvons une chambre à l'hôtel le Régent. La pluie fine s'est mise à tomber lorsque nous nous rendons à la "Jument verte". Mercredi 19 Novembre Narbonne-Lyon en TGV. Il fait de nouveau beau. Nous croisons dans le TGV une lorraine dont la faconde peut en remontrer aux méridionaux ! Conclusion Une fois de plus nous n'avons pas sortis nos vêtements de pluie du sac ! Nous avons eu plusieurs fois de la chance : hôtel ouvert à Villesèque, bureau de La Poste ouvert à Dhuilac, auberge bienvenue à Rouffiac, M. Azeau à Laroque, stop avec « les zigzagueuses » et nous n'avons croisé aucun chasseur !. Cette chance fait partie du voyage, nous devons compter dessus ! Les Corbières, du moins dans la partie que nous avons traversée, sont un pays de vent mais aussi une sorte de désert : il est frappant de voir le recul des cultures autour de la plupart des villages, le nombre impressionnant de maisons fermées et le grand nombre de maisons à vendre.